— Tu ... tu ne veux pas t'habiller ? Sérieusement ! me demande-t-il en indiquant ma tenue de la main d'un air exaspéré.

Et je ne peux m'empêcher d'éclater de rire. Finalement, j'ai l'air de lui faire de l'effet. C'est bien la dernière chose à laquelle je m'attendais. Et bizarrement, je ressens une petite pointe de fierté à l'idée de pouvoir le manipuler aussi facilement. L'envie de l'emmerder prend le dessus, alors je ramasse le torchon qui est tombé, et ça juste sous son nez. Je le vois se raidir lorsque je me redresse, et je croise son regard qui m'ôte tout envie de rire. Je déglutis péniblement sans pouvoir décrocher les yeux de ses iris devenues plus noirs que les ténèbres. Je secoue la tête pour rompre ce moment étrange, me sentant rougir comme une adolescente, puis je replonge dans l'humour et le dédain, c'est tellement plus facile à gérer :

— Essuie ta bouche Cameron, tu baves.

— Je n'ai jamais dit que tu n'étais pas attirante, me répond-il sur un air de confidence.

La petite fossette au creux de son menton s'accentue, et il se rapproche dangereusement de moi en remettant en place une mèche de cheveux qui lui tombait dans les yeux. Je sens mon pouls s'accélérer et me recule doucement.

— Tu es très attirante, Princesse, me susurre-t-il en laissant son regard s'attarder sur le haut de mon top. Seulement, tu ouvres la bouche, et là je me souviens d'à quel point tu es insupportable, conclut-il avec son sourire arrogant.

Cameron fait un pas en arrière, fier de son effet.

— Crétin ! Si tu crois que je te laisserais me toucher ou m'embrasser, même juste devant les caméras, tu te fourres le doigt dans l'œil, jusqu'au coude !

— C'est un défi que j'accepte volontiers.

Ses lèvres se retroussent, je lève les yeux au ciel. Je suis persuadée qu'il dit ça pour m'embarrasser et je ne lui ferai pas ce plaisir.

— Qu'est-ce que tu fous là, Cameron ?

Son sourire se fane, laissant place un sérieux que je ne sais interpréter ; un petit pli soucieux creuse l'espace entre ses deux orbes pétrole. Il hésite, semble chercher ses mots, à mille lieux de son image habituelle d'homme sûr de lui. Il détourne le regard, pour l'accrocher à nouveau au mien quelques secondes plus tard, redevenu lui-même.

— OK, voilà comment je vois ça. On veut, je pense, tous les deux garder notre job. Donc pas d'autre choix que d'obéir sagement à Brian et de bosser le scénario de notre palpitante histoire d'amour fictive.

Devant mon air détaché, il croise les bras, les dents serrées. Sur le papier, tout paraît simple, mais une petite alarme clignote dans ma tête. Cette alarme, elle s'appelle Alex. Suis-je prête à risquer ma relation avec lui pour un travail ? Je suis paumée, tiraillée. Puis je pense à ma carrière, à celle de mon collègue, et aux conséquences vis-à-vis d'Hailey. Alors, je fais semblant de réfléchir, histoire de torturer Cameron un peu plus.

— OK, de toute façon, on n'a pas réellement le choix !

Je vais adorer expliquer ça à Alex...

— Et pour les fans ?

— Quoi, les fans ? Laissons-les croire ce qu'ils veulent !

— Mais j'ai un petit ami putain !

Cameron grimace sans ajouter un mot, ce que je n'arrive pas à interpréter.

— Il est hors de question qu'on confirme ces rumeurs ! On n'a qu'à... leur faire croire qu'on est proches, et je répéterai aux journalistes que j'ai un copain, mais qu'on est les meilleurs amis du monde.

— Heureusement qu'on est acteurs, hein ? plaisante-t-il en retrouvant tout son aplomb.

Je me mords la lèvre en songeant à Alex, pourtant je sais que je prends la bonne décision. Le temps que je me ressaisisse, Cameron a investi le canapé.

— Je ne crois pas t'avoir invité à t'assoir.

Il lève les mains en l'air et se relève.

— C'est bon Princesse, je m'en vais !

Je me dirige avec entrain vers la porte après avoir noté un texto arriver de la part d'Alex. J'ai hâte qu'il s'en aille. Mais lorsque j'ouvre la porte... je la referme aussi sec.

Merde...

Derrière le battant se trouve Hailey et Lane, dans les bras l'un de l'autre, s'embrassant comme deux adolescents... Je me tourne vers Cameron avec un sourire embarrassé.

— Je t'offre une bière ?

Est-ce que j'ai l'air aussi peu convaincante que je le pense ?

C'est le moment que choisit Hailey pour franchir le seuil de la porte.

— Ne fais pas ta prude Ed... Cameron, qu'est ce que tu fais ici ?

Je cache mon sourire derrière mon verre d'eau. Hailey a l'air mortifiée, comme une ado qui se serait fait prendre la main dans le sac par son père. Personnellement, je trouve la situation hilarante, mais je me retiens pour ne pas vexer ma colocataire. Elle lâche brutalement la main de Lane, qui se frotte le crâne de façon nerveuse.

Quant à Cameron, il dévisage son ami d'un air furieux.

— Qu'est ce que tu fais ici Lane ?

Question purement rhétorique et stupide, vu que le mot « baise » est affiché sur leurs traits à tous les deux ! Néanmoins, je remarque vite que l'heure n'est pas à la taquinerie. Je n'ai qu'une envie, faire descendre la tension ambiante et trouver une issue.

— Je raccompagnais ta sœur, indique calmement Lane, sans lâcher Cameron des yeux.

Comme s'il était une bête sauvage et que lui tourner le dos serait une grave erreur.

Cameron et Lane se connaissent depuis tout petit, quant à Hailey, elle est vite tombée sous le charme du meilleur ami de son frère, malgré la différence d'âge, moins flagrante désormais. Mais à l'époque de l'adolescence, elle était complètement transparente à ses yeux, chose qui a changé au cours de ces dernières années ! Et leur histoire ne date pas d'hier ! Ils ont commencé à se fréquenter quelques semaines après mon arrivée, tout cela, en cachette de Cameron, ce que, personnellement, j'ai toujours pris pour une grave erreur. La preuve en est le regard meurtrier du frère protecteur.

Je pose une main sur l'avant-bras de Cameron, sentant ses nerfs à fleur de peau, et l'implore d'une voix plus douce qu'à mon habitude :

— Calme-toi...

— Écoute Cam..., commence Lane, ne t'énerve pas.

— Ne me donne pas d'ordre, gronde la voix de l'acteur.

— Je pense que tu devrais rentrer, intervient Hailey.

Lane soupire, résigné.

— Tu es sûre ?

Elle hoche la tête, puis l'embrasse sur la joue, au grand dam de son frère, qui ne peut réprimer un grognement.

— C'est ça, fiche le camp espèce de lâche, souffle-t-il les dents serrées.

Bon, cette histoire ne me concerne pas, et j'imagine que Cameron ne va pas étriper sa sœur, du moins pas en présence de témoin dans l'appartement !

— Je vais me doucher !

Je m'esquive, un sourire aux lèvres, sans attendre une quelconque réponse. Hailey est suffisamment grande pour affronter son frère, même si je me sens légèrement inquiète vu leurs deux caractères...

J'ai à peine le temps de franchir la porte que mon portable se remet à sonner.

— Alex... Tu as changé d'avis ?

— Qu'est-ce que tu foutais bon sang !

OK, il perd les pédales, lui habituellement maître de lui-même en toutes circonstances.

— Calme-toi s'il te plaît... Tu sais que tu peux me faire confiance Alex, je t'aime !

Je ferme les yeux, tente moi aussi de me calmer pour ne pas envenimer la situation.

— C'est lui ou moi, Eden.

— Mais qu'est-ce que tu racontes ! Il n'y a rien entre Cameron et moi !

— Lui ou moi Eden.

— Tu m'emmerdes Alex ! Réfléchis posément à tout ça, et on en reparle demain !

— Donc c'est lui que tu choisis, très bien !

— Mais...

Je n'ai pas le temps de répliquer, que la sonnerie morne du téléphone prend le relais. Merde ! Il m'a raccroché au nez ! Je passe un temps fou à regarder l'objet entre mes doigts. Il m'est impossible de réfléchir à tout ça ! Deux fois dans une journée, c'est un peu trop pour moi.

J'arrive finalement à me hisser jusqu'à la douche.

Sentir la chaleur de l'eau couler sur ma peau me fait un bien fou, pourtant, l'image d'Alex ne cesse de me hanter. Et si je faisais une énorme connerie ?

J'ignore combien de temps je reste sous la douche, mais lorsque j'en sors, je n'entends que le silence. Au moins, ils ont fini de s'entretuer... Je retourne au salon, où Hailey gise sur le sofa. Je la dévisage d'un air interrogateur sans poser une seule question.

— Je ne veux pas en parler, m'indique-t-elle. Ça va, ne t'inquiète pas Eden. Discutons d'autre chose ! Dis donc, tu n'as pas l'air en pleine forme toi non plus...

— Je crois que Alex et moi venons de rompre.

Le dire me fiche un sacré coup au moral, mais étrangement, je ne me sens pas effondrée. Sans doute le choc...

— Sans déconner ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

Le temps pour moi de raconter les derniers évènements à mon amie, dont les émotions défilent sur son visage : la surprise, le rire, l'ahurissement, et le voile de tristesse qui reflète sans doute le mien.

— Désolée pour toi Ed...

— Tu n'as jamais aimé Alex...

— Ce n'est pas ça, c'est seulement... peu importe !

— Non, dis-moi !

— Je trouve juste que vous n'êtes pas fait l'un pour l'autre, mais ce n'est pas ce qui compte. Toi seule compte, ajoute-t-elle en m'enlaçant.

Je me recule et hausse les épaules, je sais qu'Alex et moi sommes différents. Mais j'ai vraiment besoin de lui ! Je me remotive, et me promets de le rappeler demain pour arranger les choses.

***

Hello ! Les intrigues se lancent doucement, comment croyez-vous que ça va se poursuivre ?

Bon dimanche !