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Chapitre 8

- Vous êtes en retard, Dr. Caligari.

- Excusez-moi, Docteur Sally... bredouilla Morgan en enfilant sa blouse, j'ai eu une panne de réveil...

Sans lui laisser le temps de s'expliquer, elle passa son chemin, perchée sur ses éternels talons. Son regard de fer le dévisagea longuement, lui laissant le temps d'appréhender des représailles qui n'existaient que dans son esprit.

- Vous passerez le bonjour à votre femme de ma part, fit froidement la femme. Je l'ai vue à la télévision hier.

Avec un mouvement de recul, il répondit platement :

- Si je la croise.

Avec un soupir, il enfila des crocs, et emprunta le long couloir blanc parsemé de portes.

- 249... 249... La voici.

Déverrouillant la porte, il entra dans la salle cautérisée, où l'infirmier roux, seul, était planté devant l'ordinateur.

- Bonjour.

- Bonjour.

Il s'installa dans le fauteuil en face, savourant ce silence matinal.

- Vous êtes en retard.

- Merci, vous n'êtes pas le seul à me l'avoir fait remarquer.

- Je parie 10 euros sur le docteur Sally.

- Pari gagné, soupira Morgan.

Ils pouffèrent ensemble, vieux camarades d'expériences.

- Elle fait toujours autant peur...

- C'est toi, qui es trop timide, le reprit l'infirmier.

- Tu as vu comment elle s'est arrangée, la dernière fois, pour faire virer Jean ? Pas envie de finir comme lui. Non ! Non ! Non !

- Jean, c'était un extrême... soupira le roux.

- Oui, c'est vrai, concéda-t-il.

Fatigué, il se leva pour mettre en marche la machine à café.

- Comment va notre cher EL ?

- Tu devrais lui demander son nom, soit dit en passant. Écoute, il a fait une crise d'asthme nocturne, puis de la paralysie. Son corps n'est pas habitué à ce brusque changement. On a dû plusieurs fois lui injecter un tranquillisant mais, si on continue comme ça, cela le tuera.

- Banale situation pour un malade. Je parlais plutôt de son mental.

- Oh, souffla l'infirmier, si tu espères qu'il s'est guéri tout seul de sa maladie mentale, tu es toi-même malade. Il n'a pas dit ni fait la moindre chose depuis 5 heures du matin. Parfois, il agite ses doigts dans le vide, mais rien n'est cohérent, tout est dans sa tête.

- Je vais aller le voir. Rester trop seul, c'est rester dans sa folie.

- Et rester avec les autres, c'est les tuer, pour ceux-là, rétorqua l'homme.

Il ouvrit la deuxième porte, pour laisser passer le docteur Caligari :

- Voici la bête.

- Je t'en prie, ne sois pas vulgaire, le réprimanda son supérieur hiérarchique.

Se tournant respectueusement vers EL, il l'examina, tandis que le roux fermait la porte et revenait derrière la vitrine pour finir de boire son café.

EL était prostré sur son lit, ses cheveux mi-longs devant son visage. Il semblait marmonner quelque chose. Un léger drap gisait à côté du lit. La pièce silencieuse happait, de ses mousses anti-cris, tous les bruits dans la pièce, donnant à Caligari l'impression d'être dans l'espace, ou dans un trou noir.

- Bonjour, comment allez-vous ?

Lentement, il releva la tête.

- Bonjour.

- Vous avez l'air d'être plus en forme qu'hier, se força à dire Caligari.

- Pas besoin de me rappeler ma condition. Animal en cage.

Un petit silence passa dans l'air, rempli de gêne de la part de Morgan. Que répondre ... Il n'était pas libre de ses mouvements, lui dire le contraire serait lui mentir, mais la mention "animal", surtout dans une "cage", n'était pas ce que le médecin voulait que ses patients ressentent ici.

- Condition, c'est un mot assez dur, non ? dit Morgan en toussotant.

- Vous êtes mal à l'aise parce que vous vous sentez comme un bourreau.

Le médecin réfléchit quelques instants à ces paroles. Oui, il se sentait coupable de voir cet homme seul et silencieux dans une pièce seul, comme s'il était fautif. Oui, il n'aimait pas savoir que EL ne pouvait pas dormir sans être agité de cauchemars et de crises. Oui, il se sentait inutile en tant qu'homme et médecin de savoir que ses années d'études n'étaient pas utiles pour aider Esther. Oui, il n'aimait pas voir un homme refuser son aide alors qu'il en avait besoin.

- Je me demande ce que j'ai mérité pour que vous me parliez ainsi, dit simplement Morgan, laissant taire ses pensées défaitistes.

Le détenu laissa quelques instants planer ses iris noires calmes sur la pièce, avant de replonger dans un vide absolu. Quelques mots s'arrachèrent à sa bouche :

- Vous n'avez rien fait. Félicitations.

Morgan se tut un instant, insatisfait. Sous un autre angle de vue, dans un autre lieu et avec un autre interlocuteur, cette phrase aurait pu être gratifiante, mais sonnait très péjorative dans la bouche d'EL.

- Félicitation.

Son ton était colérique, chargé d'éclairs. Morgan sentit que le sentier qu'il avait pris était encore trop glissant, et qu'il valait mieux en prendre un plus sûr.

- D'accord, d'accord, dit le médecin, d'une voix très calme pour apaiser le détenu, qui semblait fâché. Parlez-moi de votre famille.

- Je n'ai rien à vous dire là-dessus.

- Vous n'avez rien à dire ? tenta-t-il de continuer.

- Rien. Qu'est-ce que vous voulez savoir, de toute façon ? Une mère colérique ? Un père violent, absent, des sœurs folles ? J'ai eu tout ça, mais vous raconter est impossible.

Le docteur plissa les yeux, incapable d'interpréter comme il se devait ces paroles dures.

- Je... Je les haïssais ! murmura EL.

- Calmez-vous. Calmez-vous, et recentrons-nous sur votre nom, puisque parler de votre famille a l'air de vous contrarier.

Esther se tut et regarda son interlocuteur avec une tête de chien de garde.

- Comment voulez-vous que je vous nomme ?

- Le rêveur. C'est un titre, un nom, Lerêveur. Là-bas, ils m'appelaient Esther Lerêveur, le rêveur fou.

- Le rêveur, donc ? Pourquoi ?

- Je rêve... Beaucoup, répondit Esther évasivement.

- Mh. marmonna Morgan, mécontent de cette réponse. Très bien, Lerêveur, je vous laisse pour aujourd'hui, j'ai d'autres patients sur le feu. Vous avez tenu une conversation pendant 15 minutes, bon début.

- Ce n'est pas à vous que je parlais.

Caligari n'entendit pas ce que venait de dire EL, il était sorti.

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