Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 4

- Bonjour, dit calmement le Docteur Caligari, en entrant dans la pièce silencieuse où se tenait EL.

Capitonnée, sombre, et blanche, la pièce ronde n'était que mutisme. L'odeur de désinfectant lui emplissait les narines, et le bruit sourd lui ferma les oreilles soudainement. Après avoir fermé la pièce à clefs, comme à son début, le docteur Caligari se tourna vers son nouveau patient, le surnommé EL.

- Bonjour, fit doucement la voix éraillée de celui-ci.

Bizarrement, bien qu'étant un homme d'une vingtaine d'années, EL avait une voix d'enfant de 15 ans, une voix qui mue. Eraillée, comme celle de la plupart des patients du médecin, qui ne parlaient pas beaucoup, elle était presque un murmure.

- Comment vous portez-vous aujourd'hui ? demanda aimablement Caligari.

Le silence qui suivit cette question fut chargé d'une tension électrique, à laquelle EL mit fin en répondant simplement et platement :

- À part le fait que je ne sais pas où je suis, ni qui vous êtes, vous voulez dire ?

- Prenons le temps de nous présenter l'un à l'autre ? tenta-t-il de le rassurer.

- Pourquoi ? dit plus fort EL, avant de relever la tête pour plonger son regard de braise dans le sien.

- C'est ce que font les gens normaux.

Morgan regretta immédiatement sa dernière phrase. Le principe de normalité était pour ses patient un sujet délicat, à aborder avec précaution.

Il était évident que ces hommes et femmes n'étaient pas normaux, mais Morgan ne se sentait pas supérieur à eux en le formulant ainsi. Malheureusement, son patient se jeta sur sa dernière phrase, comme il l'avait redouté :

- Les gens normaux ?

- Oubliez ça, marmonna le docteur Caligari. Je me présente. Je suis Morgan Caligari, et je serai votre accompagnant durant votre rétablissement.

- Mon rétablissement, dit EL en tournant un œil mauvais vers le médecin.

- Vous avez de forts troubles du sommeil. Je serai chargé de comprendre pourquoi, et de vous aider.

- Je ne pense pas que vous puissiez m'aider.

- Pourquoi ?

EL ne répondit pas. Tournant ses membres serpentins vers le mur, il sembla un moment perdu dans une autre conversation. Ses yeux fixaient avidement le vide, sa bouche semblait murmurer à quelques étoiles des choses que personne ne devait savoir.

- Et vous, présentez-vous.

La voix sans conviction de Morgan ramena soudain EL à la réalité. Son regard sombre et froid glaça le docteur alors qu'il répondait :

- Je n'ai rien à dire sur moi. Je ne suis pas d'ici.

- Vous n'êtes pas d'ici ?

- Non.

Alors que Morgan s'attendait à des explications, le détenu se tut et un silence s'installa entre eux.

- Et c'est quoi votre nom ? dit soudain Morgan, lui-même surpris de son ton farouche.

L'homme ne répondit pas. Il était à nouveau absorbé dans ses pensées.

- S'il vous plaît. Je vous ai dit le mien, renchérit le médecin désemparé.

- Esther. Ils m'appelaient Le rêveur. Esther Le rêveur. Esther... Lerêveur.

Celui-ci égrenait ces syllabes dans sa bouche comme si cela lui était étranger. Le médecin trouva en son for intérieur qu'Esther n'était pas un prénom courant.

- Je sais que c'est un prénom de femme, lui dit agressivement EL, qui semblait entendre les pensées de Morgan.

- Pardon. Je ne me moquais pas du tout de votre prénom. Il n'est pas commun, c'est tout.

- Je ne suis pas commun.

Morgan Caligari demeura pensif. Quel était le sens de cette affirmation ?

Esther ne semblait réceptif à aucune de ses approches. Ses paroles étaient brèves et il parlait peu de lui, mis à part le fait qu'il avait précisé venir "de loin".

Pas commun...

Était-ce un moyen pour le malade de dire qu'il avait des problèmes ? Un égo surdimensionné ?

Vu l'échange peu fructueux et les manières peu agréables de l'homme, il était probable qu'il n'eût pas de famille proche -pas de femme ni d'enfants-. Malheureusement, Morgan ne pouvait vérifier ici le dossier d'EL, car ce dernier se trouvait dans une salle surveillée et réglementée, à l'opposé des salles de détention.

- Bon. Vous avez bien dormi ?

- Non.

- À l'avenir, vous pouvez demander un somnifère lorsque vous aurez du mal à vous endormir.

Le médecin sortit de la poche de sa blouse blanche une petite télécommande rouge.

- Appuyez sur ce bouton pour qu'un infirmier vienne vous aider.

Sans le remercier, EL prit la télécommande, en prenant garde de ne pas toucher la main boudinée que le médecin tendait vers lui. Il regarda la télécommande, puis la laissa tomber sur le matelas, sans bruit.

- C'est l'heure de votre déjeuner, Lerêveur, je dois vous laisser manger. Bon appétit !

Sans demander son reste, Morgan sortit à reculons, craignant le regard scrutateur de son patient. Celui-ci ne vint pas, il était plongé dans le vide. Admirant une dernière fois la silhouette longiligne qui occupait le matelas, Morgan ferma la porte, et expira longuement.

Quel patient !

- Alors ? demanda l'un des infirmiers, qui n'avait sans doute pas raté une seule goutte de cet étrange spectacle, derrière la vitre.

- Je suis en train de me demander s'il n'a pas des troubles mentaux. Quand pourrons-nous lui faire passer le scanner ?

- Demain matin, normalement, répondit-il en feuilletant un petit carnet rempli de dates.

- Parfait.

Morgan salua l'infirmier, récupéra son trousseau de clé et son sac, avant de sortir dans le couloir silencieux.

Comme un agent double, qui alternerait entre deux camps, Morgan sortait du travail, et enlevait avec sa blouse blanche toute l'assurance médicinale qu'il gagnait dans le bâtiment.

Sur les trottoirs de Paris, subissant l'attaque du froid qui lui mordait le visage et le cou, il se hâtait pour rejoindre sa famille qui l'attendait.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro