Chapitre 3
Alice se leva, et épousseta son pantalon, plein d'une étrange poussière bleuâtre. Elle se redressa, cherchant du regard l'étrange chat qui l'avait amenée ici.
- Le chat ? Où...
Alice ne trouva pas celui qu'elle cherchait. Elle tourna la tête à gauche, à droite. Les yeux jaunes farfelus du chat du Cheshire ne brillaient pas ici.
- Ce n'est pas drôle. Je n'ai pas le temps de jouer à cache-cache, dit Alice avec un peu de mécontentement.
Rien. Le chat ne jouait pas à cache-cache, il était définitivement parti.
- C'est malin ! tempêta Alice. Comment je rentre chez moi ? Comment expliquerai-je à ma gouvernante mon comportement ?
Seuls les bruissements de feuilles de la forêt répondirent à la jeune femme. Avec un soupir, elle se décida à marcher. L'herbe était orange, tout comme le ciel, mais dès qu'elle s'avisait de ne pas la regarder, elle devenait rouge, ou bleue, virant parfois sur des tons violets.
- Il faut bien que je rentre à la maison...
Elle regarda distraitement un nid avec des oisillons. Tout roses et menus, ils auraient pu se frayer aux oisillons du monde normal, s'ils n'avaient pas sur leur tête des chapeaux napoléoniens. Leurs cris aigus achevèrent de faire partir Alice, qui trouva ses tympans forts dérangés par ces quémandeurs.
Elle entendit alors, avec étonnement, des voix qui semblaient partir du sol. Regardant par terre, quelle ne fut pas sa surprise, lorsqu'elle vit trois minuscules gâteaux blancs, sur le bord d'un rocher !
Elle s'accroupit, et put observer ces étranges pâtisseries. Des bras et des jambes dépassaient de la crème, ainsi que plusieurs têtes. Celle d'un homme, à la moustache fort longue, d'une femme et d'un timide enfant.
Ils ne prêtaient pas attention à la géante qui les observaient, trop occupés à essayer de monter sur le rocher, qui était beaucoup trop grand pour eux. Par des gestes ridicules, des ronds de jambes et de grands cris, ils laissaient sur le monceau gris des traces blanches crémeuses fort amusantes. Sans aucun point d'attache, les hommes gâteaux glissaient, mais recommençaient, manège incessant, et bien étrange.
Alice prit son pouce et son index, et prit délicatement les épaules de la femme-gâteau. Doucement, elle la souleva du sol, pour la mettre sur le rocher. Alors qu'avec des cris étonnés, elle se mettait debout sur le rocher, elle cria à l'homme, son mari, qui essayait toujours en bas de grimper sur le rocher :
- Gare au volcan !
L'homme gâteau, s'arrêtant de monter, se retourna pour demander :
- Quel volcan ?
- Il m'a projeté par ici. Vous, passez par notre chemin, ne vous faites pas projeter en l'air ! cria-t-elle pour se faire entendre d'en bas.
L'homme gâteau regarda avec interrogation et incompréhension sa compagne, avant de recommencer vainement à monter sur le rocher, ce qui amusa fort Alice.
Celle-ci sourit :
- Vous êtes bien trop petit pour monter sur ce rocher tout seul. Laissez-moi vous aider.
Avec délicatesse, sous les cris émerveillés de l'homme, elle l'emporta sur le rocher à son tour. Contente de sa bonne action, Alice regarda tendrement les deux époux réunis, qui découvraient leur avancée miraculeuse avec des hurlements.
- Je vous assure, ma chère, j'ai eu l'impression qu'il m'a secoué jusqu'au bout de mes favoris, fit l'homme à sa femme, en lui prenant les mains.
Alice prit l'enfant gâteau, et le posa juste à côté des parents, bien que celui-ci se fût effondré comme une poupée de chiffon bien avant.
- Vous appelez cela des favoris ?! demanda la femme.
- Oh, l'horreur insoutenable... Je ne pourrai jamais l'oublier... se lamenta encore une fois l'homme.
- Vous pourriez l'oublier si vous ne le notez pas sur votre pense-bête, articula mécaniquement sa femme.
Avec un soupir, l'homme sortit d'une de ses poches en crème pâtissière un énorme bloc note, faisant assurément deux fois sa taille. La femme sortit de même un énorme crayon, que l'homme prit en main, et s'assura qu'il marquât sur le papier. Mais après quelques secondes, sous les yeux attentifs d'Alice, l'homme-gâteau dit :
- Il me faudrait un crayon plus fin, je n'arrive pas à mener celui-ci, il écrit de différentes façons dont le sens m'échappe.
La femme tourna la tête, sévèrement, et lut ce que son mari avait noté sur le carnet :
- La reine... blanche pourrit... dans une autre dimension dimensionnelle ? Ce n'est certainement pas vous qui avez pu marquer cela ! se fâcha-t-elle soudainement, sourcils relevés.
- Voyons, mon petit chou à la crème, répondit le mari, tandis qu'il semblait se ratatiner sur lui devant le courroux soudain de sa femme, les renards vont arranger la chose. Vous savez bien qu'ils sont carnivores !
Alice observa de plus près l'enfant-gâteau, silencieux jusque-là. Celui-ci, bras croisés, semblait bouder, énervement enfantin qu'Alice connaissait bien. Dérangé par ce regard, qui le fixait, le petit gâteau leva la tête vers Alice, et dit soudainement à ses deux parents tapageurs :
- Voilà le volcan qui nous écoute.
Les deux parents cessèrent immédiatement de se disputer, pour se tourner à l'unisson vers l'étrangère géante qui était courbée sur eux.
- Petite roulade, tous ensemble, petite roulade rouge ! cria soudain la femme, la terreur se peignant sur son visage blanc, le tordant de ses petites mains sucrées.
Les trois gâteaux sur pattes enroulèrent leurs bras autour de leur taille, formant une petite ronde, et commencèrent à tourner en rond.
Alice resta silencieuse, sans comprendre le but des petits bonshommes. À la vitesse de l'éclair, la petite ronde s'éloigna du rocher, laissant la blonde seule.
- Tiens, voilà qu'ils s'en sont allés, remarqua Alice, étonnée. Et bien vite. C'est impossible pour des bonshommes si petits, pourtant.
Elle regarda l'herbe, maintenant violette, avant d'éclater d'un rire mi amer, mi amusé :
- Il est vrai qu'il n'y a pas de logique, ici.
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