Chapitre 11
- À l'aide ! Par la sainte gloire de la mère d'Alcatraz !
- Qui est-ce ? demanda Alice, ne pouvant qu'apercevoir la silhouette qui dansait sur l'horizon.
- Un... Oh, une fourchette ! fit, attendrie, le petit loir, qui était totalement passée à autre chose.
Il regarda sa cuillère avec admiration, avant de la jeter sur le bois de la table avec un petit cri guerrier.
Mettant sa main en visière devant ses yeux, Alice regarda le petit point à l'horizon, qui se rapprochait dans un nuage de poussière marron. Le bruit d'un petit trot, comme celui d'un cheval, se faisait entendre.
- Est-ce un incatsoin ? demanda tranquillement le Lièvre en remuant bruyamment dans sa tasse de thé une petite cuillère en argent.
Alice fronça les sourcils et demanda:
- Qu'est-ce qu'un incatsoin ?
- Oh, fourchette, c'est bien simple, un incatsoin, c'est ce qui n'est pas un tsoin...
Le Lièvre adressa un sourire indulgent à la jeune femme, en lui tendant une tasse de thé qu'il reprit aussitôt qu'elle tendit la main.
- Mais pour ne pas l'être, il faut l'être ! dit le loir.
- Mais non, pour... Voyons, il faudrait être bleu !
- Bleu ? C'est racial...
- Table en vue !
Un clairon sonna, et Alice se retourna pour voir qui était arrivé:
- Monsieur Lapin ! s'exclama t'elle, surprise.
Le Lapin, qu'elle avait pourchassée il y a quelques années, était là, chevauchant un étrange chien dont les babines pendaient presque à terre. Sa tenue, composée d'une carte de coeur, était chiffonnée, et il semblait être partit en catastrophe. Son clairon, qu'il portait à sa ceinture, pendait lamentablement au rythme du trottinement du chien. Ils paraissaient essoufflés, et le chien se laissa tomber à terre au pied de la table du Lièvre.
- Bonjour Alice, bonjour bonjour... fit le lapin, lorsqu'il fut pied à terre. Excusez-moi, continua-t-il dans un souffle, mais il n'est pas temps aux retrouvailles.
- Vous vous souvenez de moi ? coupa Alice, surprise.
- Comment cela, que je ne me souviens pas de vous ?! Bien sûr... Bien sûr... Mais nous avons un problème, Alice.. Un problème, répéta le rongeur, nerveux et haletant.
- Serait-ce celui qui a emmené le Chat du Cheshire à me kidnapper ici ?
- Le chat ? Le chat est au courant ? Quel chat ? fit le loir, très intéressé par sa tasse, qui s'enfuyait parmis les soucoupes.
- Plus tard, plus tard ! fit nerveusement le rongeur, Alice, il est arrivé un grand malheur à la reine !
- Votre reine, pas la reine, rectifia le Lièvre en léchant goulûment la table.
- De ma reine. Elle a perdu la déraison.
Le lièvre leva soudain ses pupilles folles vers le nouvel arrivant. Toute trace de joie avait disparu de ses yeux. Le loir, quand à lui, s'était réfugié dans la carafe la plus proche, dans un bruit d'éclaboussures.
- Perdu la déraison ?! s'exclama le Lièvre, tremblant.
Alice demanda, un peu inquiétée par le tempérament nouveau qui planait sur la table de thé:
- Que signifie "perdre la déraison" ?
- Oh, mon enfant... Cher Alice, c'est bien compliqué à comprendre... dit le Lapin, en s'épongeant le front.
- Perdre sa déraison, c'est retrouver la raison, fit sombrement le Lièvre.
- Ah, vous paraissez moins fou, fit remarquer la blonde avec un petit sourire. Avez-vous perdu aussi la déraison ?
Le lapin blanc eut un mouvement de recul, ainsi que le Lièvre. Ses pupilles jaunes grossirent, pour devenir rouges:
- Perdre la déraison ?! Moi ?!
- Vous n'êtes pas sérieuse, j'espère, lui dit le Lapin.
- Mais, enfin, je ne comprends pas ce que j'ai dit de mal... dit tout doucement Alice, intimidée par les yeux du Lièvre.
- Partez de ma table. Vous, vous et vous, dit-il en montrant le lapin, le chien et Alice.
Le lapin fit un signe de tête respectueux envers le lièvre fâché, et monta sur le chien.
- Suis, Alice ! cria t'il lorsque le chien bondit pour s'en aller.
- Je... J'arrive, répondit Alice, troublée.
Alors que le Lièvre levait son regard vers l'horizon, le ciel s'assombrit et une pluie de crabes tomba sur un arbre posté non loin de là. Le loir, claquant des dents, s'évanouit.
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