Le réveil. Ce moment où l'on ouvre difficilement les yeux et où nombre de questions tournoient dans notre crâne. Quelle heure est-il ? Quel jour sommes nous ? Où suis-je ? Qui suis-je ?
Des bases en somme.
En temps normal, on répond à ce genre de questions en quelques secondes. A l'exception de ma personne, visiblement.

  Je plisse les yeux, grimaçant. Les rayons du soleil sont forts. Il fait assez bon dans la pièce, et je suis enroulée dans un drap. Dans un lit, certainement. Mais dans une chambre que je ne reconnais pas, et, jetant un léger coup d'œil par la fenêtre, ce ciel qui ne me dit rien. A vrai dire, tout dans cette pièce me parait étrangers : le lit, les meubles, le tapis, la table de chevet et... Surpris, je tends la main vers le portable posé sur la table de chevet. Peut-être qu'il m'aidera à me rappeler ce que j'ai pu faire la veille. En tendant le bras, je le scrute. Comme un chercheur qui découvre une nouvelle formule, comme un astronome qui découvre une nouvelle étoile, je me découvre moi-même. Un homme, à la vue de la morphologie de ma main. Bah ! Au moins je sais cela.

  J'attrape l'appareil l'allumant vivement. Un fond d'écran bleu, dégradé avec du noir. Je suis quelqu'un de simple, sans doute. Commençant à fouiller dans les messages, le portable vire au noir. Avant de s'éteindre complétement, il affiche un message clair, et précis : Low Battery.

- Foutue technologie, murmurai-je avec un soupçon d'angoisse dans la voix.

  Je me lève, attrapant un t-shirt blanc qui trainait au sol. C'est sans doute le mien, il est pile à ma taille. En me redressant, je sens de multiples courbatures dans mes jambes et mes bras. Je ne me souviens pas avoir fait un marathon la veille. Peut-être que si, de toute manière, je ne sais rien !

Je ferme le store. C'est agréable, la pénombre. Mes yeux semblent y être plus habitués.
Déambulant dans la pièce, je tombe face à une silhouette. Grande, bien proportionnée. Le regard vert, les cheveux bruns dressés dans tous les sens. C'était un homme, visiblement dans la tranche des vingts - trente ans. C'est étrange, j'ai l'impression de le connaître.

  Il me regarde avec une mine paniquée. Le vrai fond du problème n'est pas la façon dont il est bâti, mais surtout... Que fait-il chez moi ?!

  Cette fois-ci, c'est moi qui panique. Un cambrioleur, chez ce qui semble être mon chez moi ? Je rêve. Ou je cauchemarde. Une idée me vient en tête : lui sauter dessus.

  Cependant, il me fixe sans bouger. Il ne semble pas fuir. Je m'approche à pas lents, tendant légèrement la main. Il semble faire de même, sans doute veut-il me la serrer.

  Un arrière goût dans la gorge m'arrête. Mélange de Vodka et de Rhum. Je frissonne de mécontentement. Mauvais mélange. Je devais être vraiment mal dans ma peau pour boire un cocktail pareil.

L'inconnu a lui aussi une mine de dégoût. Dois-je paniqué, ou m'énervé ?

  Face à ce dilemme, je reste pensif longuement. Mais un frisson me parcoure lorsqu'une main vient se poser d'une manière rassurante sur mon épaule. Je ne sais pas qui c'est, et je suis tétanisé.

- Oh non, Pete... Ne me dis pas que tu as encore trop bu...

   La voix est douce, non-menaçante. Elle est suivie d'un soupir las.

Hier, j'ai bu, et aujourd'hui je ne me souviens plus. Je ne me souviens de rien. Néant est la mémoire, suite à une soirée non-raisonnée.