Réalité ?
Barbara entra dans la salle de commande.
Et sursauta.
Seule, allongée sur la table, Béatrice avait perdue connaissance.
Elle s'approcha et ouvrit sa chemise. Aucun voyant n'était allumé sur sa poitrine.
- Elle a oublié d'aller se brancher.
Elle devrait s'en occuper, mais là, elle n'avait pas le temps.
Une sonnerie de téléphone retentit. Béa hésita une seconde puis décrocha.
- Allô ?
- Ah, vous répondez enfin. Quelle est la situation chez vous ?
- Qui est-ce ?
Un bref boucan résonna de l'autre côté du fil.
- Je suis la secrétaire de la centrale numéro deux, répondit l'autre. J'ai eu une brève discussion avec une certaine Sophie. Elle m'a brièvement expliqué votre situation. Chez nous aussi, nos humains organiques ont succombé au bonheur. Notre production électrique est devenue complètement nulle.
- Vous aussi ?
Barbara se figea à cet instant, frappée par l'évidence. Tous les humains étaient connectés. Pas seulement ceux d'une même centrale.
- Vous savez quelle est la situation des autres centrales ?
- La une, la trois et la cinq sont dans le même état. Je n'ai pas réussi à contacter les autres. Dans la deux, je suis une des dernière encore éveillés. Tous les autres se sont effondrées, incapable de se recharger.
Un frisson glacial se répandit dans le corps de Barbara. Son pressentiment se confirmait.
- Vos réserves électriques ?
- Elles se sont épuisés pendant qu'on tentait de sauver la situation. On s'en est rendu compte trop tard. Et...
- Je dois raccrocher.
Sans attendre de réponses, Barbara claqua le téléphone. Elle jeta un coup d'œil à la salle de stockage sur les caméras.
Elle avait l'impression que le nombre d'ouvriers s'activant à débrancher les centaines d'humains emplis d'espoir avait drastiquement diminué.
- Non... Non... C'est pas possible.
Quatre jour. Quatre jours que tout ça avait commencé. À l'échelle d'êtres ayant vécu plusieurs millénaire ce n'était rien.
Un problème qui perdurait moins d'une semaine était futile. Inutile de prévenir le monde extérieur.
Ils avaient oublié une règle essentielle.
Une catastrophe irréversible peut se produire en un éclair.
Elle jaillit de la pièce en courant. Elle devait en avoir le cœur nette. À cet instant elle percuta quelqu'un.
- Taylor ? Qu'est-ce que tu fous là ?
- Je m'inquiètais de ne pas te voir revenir. Est-ce... La situation est vraiment catastrophique hein ?
Sa voix était fatigué.
- ...Ouais. Ouais, on peut dire ça.
- Ce qu'on fait là... Ça sert à quelque chose au moins ?
Barbara se tû un instant. Puis, les mots quittèrent finalement ses lèvres.
- Je dois aller vérifier quelque chose. Retourne là-bas.
Il soupira.
- D'accord j'y retourne. Il me reste environ une quarantaine de minutes d'autonomie.
Cette phrase fit l'effet d'une claque à Barbara.
Combien de temps lui restait-il ?
Moins d'une heure. À peine une soixantaine de minutes.
- ...Je te fais confiance.
Ils se séparèrent.
Barbara prit la direction de la chambre de chargement.
‡‡
Elle s'arrêta devant la porte. Elle ressentait une appréhension immense à l'idée de ce qu'elle pourrait y trouver.
- Allez. Cette salle est la deuxième priorité du système d'alimentation électrique, juste après la salle de stockage. La réserve ne peut pas être utilisée depuis suffisamment longtemps pour ne plus pouvoir l'alimenter.
Elle inspira et poussa la porte.
Devant elle, un tas de corps inerte s'étalait.
Les diodes des casiers n'était plus rouge ou noir mais éteinte. Les ventilateurs au plafond était parfaitement silencieux.
Elle s'avança avec horreur dans cette salle noyé dans la chair.
Elle percuta un corps. Dimitri.
La jeune femme quitta immédiatement la pièce. Une image lui revint. Lorsque les humains organiques mourraient, ils étaient envoyé dans une immense salle spécialisée dans la destruction des corps.
Cet amoncellement de corps inanimé...
C'était exactement comme ces tas de cadavres.
Complètement perdue, elle sortie de la pièce et se mit à avancer vers la salle de stockage.
- Tu perds la tête ma pauvre. Ils ne sont pas morts, juste déchargés. On va éliminer les derniers porteurs d'espoirs, utiliser l'électricité restante pour la démultiplier grâce au désespoir, rétablir le courant dans la centrale, puis la ville, le pays et le monde...
Elle continua son monologue tout en avançant d'une démarche titubante.
Elle déboucha finalement dans la salle de stockage.
Une masse de cadavres organique et de corps électroniques s'étalaient devant ses yeux. Il était impossible de différencier les uns et les autres dans cette masse informe.
- Que... Que s'est-il passé ?
- On est pas complètement imbécile tu sais. Ils ont compris qu'il n'y avait plus d'électricité ailleurs. Que s'ils s'effondraient ils ne rouvriraient probablement pas les yeux. Alors ils ont décidés de lutter jusqu'au bout.
- C'est toi Taylor ?
Il était assis contre un mur, immobile.
- Ouais. Moi, j'ai abandonné. Du coup, j'ai perdu moins d'énergie qu'eux et je suis toujours là. Mais plus pour longtemps.
- Ne... Ne dit pas ça. On va s'en sortir.
- Ouvre les yeux, ma chère Barbara. C'est foutu. Tout est foutu. On a été complètement con. On aurait dû éteindre cette foutu centrale dès le premier cas. Mais on s'est cru capable de tout contrôler et on s'est condamné.
Hebetée, Barbara se mit à observer les alentours, à la recherche de la moindre chose à laquel se raccrocher. Son regard s'arrêta sur une paire d'yeux plus foncée.
- Selena... Et Celia...
- Tu devrais pas regarder. C'est glauque.
Elle détourna le regard de la masse informe.
- Il me reste une minute. Dis, tu peux me faire une faveur ? Éteint cette foutu centrale.
Éteindre ? Un geste totalement inutile. Insensé. Pourtant...
- C'est promis.
- Ouais. J'ai pas envie que ces foutus trucs continues de me regarder avec cette expression raviiiieeee....
Dans un crissement étrange, sa mâchoire se bloqua. Son corps cessa tout mouvement et il s'effondra.
Barbara prit une grande inspiration et se mit en chemin vers le bureau du directeur de la central.
Il lui restait quinze minutes.
Dix.
Neuf.
Huit.
Elle atteignit son objectif.
Sur le bureau, un homme s'était effondré, un câble inutile branché au cœur.
La jeune femme jeta à peine un regard au directeur de la centrale et se mit à fouiller la pièce, à la recherche du système d'arrêt de l'usine.
Sept.
Six.
Cinq.
Quatre.
Elle trouva.
Sur la console de contrôle, une manette à l'écart des autres.
Trois.
Sa main tremblait.
Elle inspira.
Deux.
Elle baissa la manette.
Un silence absolu s'installa dans l'usine.
Un.
Zéro.
Elle s'effondra.
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