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1. Le retour de la revanche

En arrivant chez moi, je vis un korrigan faire le poirier sur mon canapé. Et tout de suite, je sus que la soirée s'annonçait moyennement sympathique. Il faut dire que le reste de la journée n'avait pas été à proprement parler très folichonne. Déjà, parce que la lévitautoroute S8 était complètement bouchée et que j'avais mis 50 minutes à faire un trajet qui en demande normalement 15 ; ensuite, parce qu'arrivée au Sénat Galactique, j'avais appris que ce corniaud de Grand Chambellan avait déposé une proposition de loi sur la taxation des chocopains et que les chocopains, moi, j'adore ça.

Mais alors là, c'était le pompon. Trois mille ans de voyages interstellaires, une science qui dépasse la fiction, une galaxie colonisée, l'humanité à son apogée... tout cela pour qu'un sale petit diablotin – terrien, qui plus est ! – s'introduise dans mon appartement. Je connaissais deux trois personnes au Laboratoire Galactique de Zététique qui en seraient restées sur le cul...

Vous allez me dire, « mais Amanda, comment pouvais-tu donc savoir qu'il s'agissait d'un korrigan alors qu'a priori, un korrigan, tu n'en avais jamais vu puisque ça n'existe pas ? » Alors pour commencer, je me félicite d'avoir une culture suffisamment développée pour reconnaître un korrigan, quand bien même n'existerait-il pas. Et il y avait tout de même de gros indices : la créature était trapue, avait de grandes oreilles pointues, la peau verte et une grande barbe blanche. Ah oui, et elle mangeait un kouign-amann. S'il n'y avait pas là tous les signes indiquant « attention, diablotin breton », je ne sais pas ce qu'il vous faut.

Bref. Lorsque j'entrai dans la pièce, le petit être cessa immédiatement son manège et me regarda intensément. Il me parla d'une voix nasillarde et assez peu agréable à l'oreille :

— Sénatrice Kerlaxigne ?

— Juste Laxigne. Amanda Laxigne. Je peux vous demander ce que vous faites chez moi ?

Je ne savais pas trop ce qui me poussait à rester aussi polie alors que j'aurais été en droit de le foutre dehors à grand coup de pieds dans le train. Ma prestance légendaire, sans doute.

— Je suis ici pour vous tuer, chère madame. Alors si ça ne vous dérange pas qu'on s'y mette, parce que je n'ai pas toute la kerjournée devant moi.

— Dites, j'suis pas à votre disposition, mon petit. Vous permettez deux secondes que je me pose avant de m'embêter avec vos petits problèmes ? J'ai eu une grosse journée.

Sous cet air faussement détaché, j'étais bien sûr tout à fait alerte. En tant que sénatrice, on tente de m'assassiner à peu près une fois par semaine, je ne m'inquiétais donc pas plus que cela : je savais gérer ce genre de situation. D'autant plus que des assassins stupides, j'en avais déjà rencontré deux ou trois, mais que celui-ci m'avait l'air particulièrement gratiné.

— J'suis désolé, m'dame, me dit-il en mâchouillant son kouign-amann – et en salopant le plaid de mon canapé au passage, le petit malotru. C'est que c'est pas simple de trouver un kerboulot qui paie bien de nos jours. Du coup, un assassinat de politicienne, vous pensez, j'ai sauté sur l'occasion. Alors j'suis un peu kerpressé mais faut pas m'en vouloir, m'dame.

— Y'a pas de mal, lui dis-je en posant mes affaires et en réfléchissant à un moyen de me débarrasser de lui. Mais vous savez, le relationnel, c'est important dans votre branche. Surtout si vous faites dans l'assassinat de luxe, vous ne voudriez pas que vos victimes aient pour dernier souvenir celui d'un rustre ?

— Bien sûr, m'dame, bien sûr, fit-il d'un air de plus en plus désolé en s'asseyant sur le canapé. En plus je laisse des kertraces sur votre mobilier...

— Mais oui ! Et mon homme de ménage alors ? Vous y pensez ? Et d'abord, comment comptez-vous vous acquitter de votre tâche ? Pas d'une manière salissante, j'espère ! Un peu de pitié pour lui !

— Un tout petit coup de marteau sur l'arrière de la tête, me répondit-il en me faisant des yeux de glumungf battu.

— Ah bah voilà ! Vous imaginez la scène ? Du sang partout ? Et qui va nettoyer, hein ?

Le korrigan fondit en larmes devant moi et se prit le visage dans les mains. Bien bien bien. J'allais peut-être réussir à m'en débarrasser par la ruse, mais je continuais à réfléchir à un plan B.

— Je n'suis qu'un raté, gémit-il en pleurant à chaudes larmes. Je vais encore me retrouver au kerchômage ! Ah, kerchienne de vie !

— Mais non mais non... ne soyez pas défaitiste. J'essayais juste de vous aider à vous améliorer. C'était une évaluation purement professionnelle, je ne voulais pas que vous le preniez comme une attaque.

J'ouvris le frigo pour me servir un verre d'eau. C'était plié, j'avais détruit la volonté du petit salopard et il ne me restait plus qu'à trouver un moyen de le mettre à la porte.

— C'est vrai ? dit-il en se mouchant bruyamment. Vous voulez m'aider ? Vous voulez bien que je vous tue alors ? Si je nettoie après, votre kerhomme de ménage ne sera pas incommodé, non ?

Et merde. J'avais bien préparé la partie mais j'avais encore une fois trop parlé. Classique. Mon côté politicienne. Tellement habituée à enfumer la galaxie entière avec des formules tarabiscotées que j'avais fini par me piéger toute seule. J'allais devoir passer à la vitesse supérieure. Et là, sous mes yeux, enveloppé dans du cellophane et sagement entreposé dans le frigo, mon plan B se révéla à moi.

— Mmmh, je suppose que c'est une proposition raisonnable, dis-je en refrénant un rire diabolique. Mais avant toute chose, je ne voudrais pas manquer à mes devoirs d'hôte. Puis-je vous offrir quelque chose à boire ou à manger avant que vous ne répandiez mon cerveau sur le sol ?

Le petit korrigan sécha ses larmes et sourit en se levant du canapé. Il allait se jeter droit dans mon piège et je jubilais intérieurement.

— Regardez cela, dis-je d'un air innocent, j'ai justement un reste de crêpes que j'ai cuisinées hier...

— Des crêpes ? glapit-il dans une sorte de soudaine hystérie. Oh oui, oh oui ! J'en veux !

Et en beaucoup de moins de temps qu'il ne m'en avait fallu pour les préparer, le bougre lança son kouign-amann à terre, se jeta sur le plat et dévora une crêpe sous mes yeux ravis. Lorsqu'il se rendit compte que quelque chose n'allait pas, il était déjà trop tard.

— Mais qu'est-ce que... vous n'avez pas mis de... non ! Nooon ! Aaaarrrghhh...

Il se tordit de douleur, poussa quelques gémissements confus et s'écroula sur le sol, mort. J'étais très fière de moi. J'étais certaine qu'un korrigan ne pourrait survivre à des crêpes cuisinées avec de l'huile d'olive à la place du beurre. J'avais un peu honte, mais c'était de bonne guerre. Après tout, ce n'était pas moi qui avait commencé à vouloir occire l'autre.

J'appelai mon escl... pardon, ma dame de compagnie, et lui demandai de nettoyer ce bazar fissa. Une créature imaginaire décédée d'indigestion au milieu du salon, ça faisait désordre.

— Mon Dieu madame, me dit-elle d'un air faussement éploré. Ces assassinats ne cesseront-ils jamais ?

— Ah bah si, répondis-je à cette godiche. Si ! J'suis désolée mais si ! Lorsqu'ils auront réussi, logiquement, ça devrait se calmer ! Je ne sais pas si vous êtes familière avec le concept de la mort ?

— Madame, je vous en prie ! (mais qu'elle m'énervait avec ses airs de vierge effarouchée...) Vous ne devriez pas plaisanter avec ça !

— Relax ma grande... s'ils en sont réduits à aller fouiller du côté des créatures mythologiques régionales de la veille planète Terre, j'ai quand même des chances de mourir de vieillesse avant qu'ils ne trouvent un assassin correct. Et puis on n'va pas se laisser abattre, comme disait Kennedy.

— Madame, j'ai peur pour vous, renchérit-elle avec un ton qui m'aurait fait chialer si je l'avais trouvé crédible. Je vous en prie, prenez au moins un garde du corps !

— Oh non mais ça va... en plus si c'est pour que je me fade un péquenot aussi branque que la moyenne de mes assassins, avec la chance que j'ai, je ne suis pas certaine d'y gagner au change.

— Mais...

— Y'a pas d'mais ! J'm'en sors bien toute seule et j'ai autre chose à faire que de promener un toutou partout. Alors c'est non, merci de ta sollicitude, mais c'est non.

Elle quitta la pièce vexée. Non mais sans blague. Il allait donc falloir que je me justifie auprès de mes domestiques à présent ? Je me décapsulai une bière et je m'affaissai enfin dans mon canapé. « Bière de garde du Nord. » Alors quand ils disent « le Nord », faut savoir qu'ils ne parlent pas du nord de la galaxie vu qu'il faudrait déjà définir où on le placerait. Non, ils parlent encore une fois du Nord d'un des innombrables pays de cette foutue planète Terre. Comme si cela avait encore du sens au moment où l'humanité avait colonisé des milliers d'autres planètes. Bouarf. Un assassin breton et une bière chti à 12 années lumières de la Terre. Quand j'pense que certains avaient peur pour la perte de leur identité déjà à l'époque où on se marchait sur les pieds sur une planète unique... enfin.

J'allumai mon poste de télévision. Quand je dis « télévision », je veux bien sûr parler de sensodorareliefotélévision, mais j'abrège. J'ai toujours du mal à comprendre ce que cela apporte de voir des images en relief, de sentir le chaud, le froid, le vent et tout ce qui peut se passer dans les scènes que l'on regarde... sans parler des odeurs. Ça, l'odorama, je ne m'y suis jamais faite : la dernière fois, je suis tombée sur un reportage sur les éléphants de Proxima du Centaur. Grosse erreur. Même en aérant, mon appart a continué à schlinguer le pachyderme pendant trois jours.

Bon, heureusement, à ce moment de la soirée, je tombai sur un simple *talk show*. À part être étouffée par les odeurs de parfums de luxe, de poudre à maquiller et d'hypocrisie napée d'*after shave*, je ne risquais donc pas grand-chose.

Et bien sûr, je n'avais pas eu le temps de siroter un quart de ma bière terrienne quand mon foutu téléphone se mit à sonner (je vous passe le nom complet et les fonctionnalités délirantes de cet objet). Je baissai le son de ma télé en poussant un juron et décrochai. Un hologramme s'éleva de l'appareil et, après quelques hésitations grésillantes, se modela en un visage connu. Le Grand Chambellan. Ah bah v'là autre chose. Quand le *big boss* galactique t'appelle en dehors des heures de bureau, c'est quitte ou double : ou tu es un héros, ou tu as fait une énorme connerie.

— Sénatrice Laxigne, l'heure est grave, m'annonça-t-il d'un ton apparemment aussi grave que l'heure en question.

Et merde. Qu'est-ce que j'avais donc pu faire comme bêtise ?

— Mes respects, Grand Chambellan, dis-je en attendant l'engueulade.

— Ma chère sénatrice, ce nouvel attentat contre votre vie m'inquiète énormément.

— Aaaaah, m'exclamai-je rassurée.

Devant le visage dubitatif de l'holographique Grand Chambellan, j'ajoutai :

— Il n'y a pas de raison, Grand Chambellan : plus de peur que de mal. L'individu était à la limite de l'incompétence, je l'ai facilement maîtrisé. Mais au fait... comment êtes-vous déjà au courant de cette affaire ?

Il prit un air affecté :

— Un Grand Chambellan doit pouvoir se targuer de tout savoir sur ce qui se passe dans...

— C'est ma suivante qui vous appelé ?

— C'est votre suivante qui m'a appelé.

Ah la petite vicelarde. Appeler mon patron derrière mon dos. Je me promis de la lourder prochainement alors que le Grand Chambellan poursuivait :

— Dans le contexte actuel, il me semble tout indiqué et même nécessaire de vous mettre sous protection permanente. Je vous en prie, Madame, faites-le pour moi. L'idée de vous perdre m'est insupportable.

Il avait mis tellement d'emphase sur ces dernières phrases que je manquai de dégobiller d'ennui. On aurait dit un CM2 qui essaierait maladroitement d'être lyrique. Beurk.

— Ah mais vous n'allez pas vous y mettre vous aussi ! C'est quand même une manie de vouloir me coller un inconnu aux basques pour...

— Justement, sénatrice, justement ! ajouta-t-il précipitamment. Je ne pensais pas faire appel à un inconnu mais plutôt à quelqu'un de votre connaissance. Un vieil ami. Le jeune Mathéo.

Sur le moment, je ne compris pas. Déjà parce que je n'avais pas souvenir d'avoir des gardes du corps parmi mes amis – j'étais sénatrice, pas éduc spé... mais en plus, je ne connaissais aucun Mathéo. Aucun Mathéo... à moins que... non !

— Le jeune Mathéo ?! Attendez, mais vous parlez du petit chiard que je baby-sittai pendant mes études de droit ?

— Lui-même, sénatrice.

— Non mais vous déconnez à plein tube, Grand Chambellan ! La dernière fois que je l'ai vu, il jouait à mettre le feu à ses crottes de nez !

— Il ne fait plus cela maintenant.

— Mais vous êtes sérieux, bon sang ! Vraiment ! Il doit avoir quoi... 18 piges aujourd'hui ? J'espère au moins qu'il a pris du muscle, le môme, parce que lorsqu'il était petit, c'était impossible de lui mettre une baffe : rien que le souffle suffisait à le faire s'envoler. Je sais de quoi je parle.

— Il a beaucoup grandi, m'a-t-on dit.

— Ah ! Tu parles, Charles ! Non mais qu'est-ce que c'est que cette lubie, là, « le jeune Mathéo »... attendez... il est pistonné, c'est ça ? C'est le neveu d'un pote à vous ? Ou alors c'est un de vos hauts fonctionnaires qui veut caser son cousin débile ? Et vous me le collez dans les pattes ?

— Mais pas du tout, pas du tout ! s'exclama-t-il indigné. Il fait partie de l'équipe de sécurité de Mark Renton. C'est lui qui l'a recommandé pour vous. Vous connaissez Mark Renton, non ?

— Mark Renton ? Ce grand con de diplomate écossais ? Encore un qui n'a pas compris qu'on avait quitté la Terre depuis trois millénaires. Bien sûr que je le connais. Il nous avait filé un bon coup de main pendant la Grande Révolte des Boulangers Toulousains il y a dix ans.

— Eh bien alors ? C'est un ami ! De quoi vous plaignez-vous ?

— Eh bah oui, quoi ! fis-je rageusement. Il nous a aidé ! Et alors ? Ça le rend expert en protection rapprochée ? Non ! Un con qui aide, ça reste un con ! La direction assistée sur ma navette spatiale, elle m'aide aussi, mais j'irais pas lui demander des conseils sur la déco de mon appart, voyez-vous.

— Si on pouvait arrêter les *punchlines* cinq minutes... de toute façon je vous rappelle que je n'ai pas besoin de votre approbation. Si je vous dis de prendre un garde du corps, vous prenez un garde du corps et basta. Qu'est-ce que c'est que cette rébellion, sénatrice ?

— Grand Chambellan, avec tout le respect que je dois à votre haut rang et au prestige qui y est associé... VOUS M'EMMERDEZ !

Et je raccrochai rageusement le téléphone. L'hologramme fondit en un petit amas de pixels qui ne me laissa pas le temps d'admirer le rictus désapprobateur du Grand Chambellan. Il avait raison, le fumier. Il pouvait me forcer à me traîner un garde du corps, une sangsue, un *Mathéo*, un orchidoclaste de première, et je ne pouvais rien dire. Les bouchons, la taxation des chocopains, le korrigan et maintenant ça ! Merci la journée !

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