Épilogue - « Et c'est ce que je fis avec ce baiser. »
La même ambiance. La même discipline. Le même sweat-shirt. Le même sourire. Le même coup d'œil. Le même coup de sifflet. Le même départ.
Une compagnie différente. Un lieu différent. Une équipe différente. Une compétition différente. Un enjeu différent.
Mais la même passion.
Tout était exactement pareil, mais tellement différent. Comme trois ans en arrière, je me retrouvais sur les gradins à attendre le verdict final. Sauf que cette fois-ci ce n'était pas n'importe quelle compétition de natation pour débuter la saison. Il s'agissait des jeux olympiques.
Percy avait réussi. Après de nombreux efforts, de grandes joies comme des coups au moral, il avait réalisé son rêve de se rendre aux jeux olympiques sous les couleurs des États-Unis. Cela avait été une surprise pour tout ceux qui ne le connaissaient pas. C'est vrai, sélectionner un nageur aussi jeune et sans grande expérience dans les compétitions internationales au côté de grands champions avait de quoi être surprenant. Mais Adam Spencer, le directeur d'USA Swimming, avait tenu sa promesse et avait suivi son évolution pendant ses deux premières années d'université jusqu'à décider de le sélectionner officiellement pour les jeux olympiques de Paris.
Il y avait eu beaucoup de coups bas, mais Percy avait toujours pu compter sur ses proches et sa famille pour le soutenir et lui remonter le moral. C'est ce qui lui avait permis de se tenir ici, en position à attendre le départ.
Pour ma part, j'étais au bord de la syncope. Après tout, ce n'était plus la petite compétition entre lycées avec des concurrents qui considéraient la natation comme un loisir, mais Percy n'était plus le petit lycéen qui s'entraînait comme il le pouvait. Il avait grandi, mûri et s'était endurci. Toutes les cartes étaient de son côté.
Sally essayait désespérément de me calmer pendant que Paul et Poseidon entretenaient une petite discussion tout en gardant les yeux rivés sur leur fils. Estelle, maintenant âgée de deux ans et demi, ne comprenait pas trop ce qui se passait et regardait tout autour d'elle. Malheureusement, le coup de sifflet annonçant le départ ne fit rien pour arranger mon état.
Je regardai Percy s'élancer, toujours aussi admirative de sa capacité à ne faire qu'un avec l'eau. C'était d'autant plus impressionnant maintenant qu'il avait disposé de vrais entraînements avec les meilleurs nageurs du monde.
Un deux cent mètres avait-il toujours été aussi long ? J'avais de plus en plus de mal à tenir en place et je serrais tellement les rebords de mon siège que les jointures de ma main étaient devenues blanches. La course était vraiment serrée et Percy se trouvait à la deuxième place lors de la dernière longueur. Il commençait peu à peu à remonter le nageur français, mais est-ce que ça allait être suffisant ?
Je me levai en même temps que Sally en le voyant toucher le mur, incapable de dire lequel des deux était premier. Dès qu'il sortit la tête de l'eau et qu'il enleva ses lunettes et son bonnet, nos regards se croisèrent avant qu'on ne tourne la tête vers l'écran. Je retins ma respiration en attendant les résultats qui semblaient mettre une éternité à arriver.
La première chose qui me sauta aux yeux fut le drapeau américain placé devant le drapeau français. Des cris éclatèrent et Sally me prit dans ses bras avant même que je ne puisse réaliser ce que ça voulait dire. Quand elle me relâcha, Estelle s'accrochait à moi, effrayée par le bruit soudain alors je la pris dans mes bras et me retournai vers la piscine, la réalisation s'abattant peu à peu sur moi.
Percy regardait toujours l'écran la bouche grande ouverte et c'est son coéquipier qui courait dans la même catégorie que lui qui le sortit de son choc. Il se retourna vers nous avec le plus grand sourire que je n'avais jamais vu et nous fit un cœur avec ses mains.
Quelqu'un vint nous chercher pour nous emmener en bas où nous pourrons le féliciter. Quand on arriva, il était en train de donner une interview pour la télévision américaine. Par chance, on entendait parfaitement ce qu'il était dit.
« Percy Jackson, quelle est votre réaction de devenir champion olympique à seulement dix-neuf ans ? » Demanda la journaliste avec un grand sourire.
« Je ne sais pas trop, » répondit-il en se passant une main dans les cheveux, « je ne réalise pas encore enfaite. J'avais toujours rêvé d'aller aux jeux olympiques alors gagner une médaille d'or dès ma première course et ma course de prédilection en plus de ça, c'est un peu magique, inespéré, incroyable ? »
J'étais impressionnée de le voir aussi professionnel.
« Avec ce titre vous devenez le plus jeune nageur américain à gagner une médaille olympique lors de ses premiers jeux. »
« Je suppose, » dit-il en haussant les épaules, « c'est ce qui rend l'expérience encore plus dingue. »
« Dites-moi, il y a une question que se posent toutes les jeunes filles du pays, » la journaliste arborait un sourire narquois, « est-ce que vous êtes célibataire ? »
Les oreilles de Percy devinrent écarlates, signe qu'il rougissait. « Euh non, je ne suis pas célibataire. »
Et c'est ce qui me faisait plaisir. Même après trois ans, notre relation ne s'était pas dégradée, il était même possible de dire qu'elle s'était renforcée. Elle était permanente, comme je l'avais toujours voulu.
« Aurons-nous bientôt la chance de connaître l'heureuse élue ? » Il haussa les épaules ce qui fit rire la journaliste. « Quand les résultats ont été dévoilés, vous vous êtes tourné vers le public et avez fait un cœur avec vos main. Pour qui était-il destiné ? »
« Pour les trois femmes les plus importantes de ma vie. » Répondit-il tout simplement.
« Vous parlez de votre mère et de votre sœur, n'est-ce pas ? » Il hocha la tête. « Peut-on déduire que la troisième concernée est votre bien-aimée ? »
Percy resta silencieux et se contenta de sourire malicieusement alors que quelqu'un venait le chercher. Il salua une dernière fois la journaliste avant de s'approcher de nous. Dès qu'Estelle aperçue son frère, elle se débattit alors je la laissai courir dans ses bras.
« Estelle Blofis ! » S'exclama-t-il avec un sourire ne quittant jamais son visage. « Comment va ma petite princesse ? »
L'intéressée gloussa et fit un bisou sur sa joue. Percy était un grand frère génial et ils entretenaient une relation très spéciale qu'eux seuls pouvaient comprendre. Il la reposa par terre après quelques secondes et prit son père dans les bras.
« Je suis fier de toi mon fils. » Murmura Poseidon.
Durant ces dernières années, ils s'étaient davantage rapprochés et entretenaient désormais une véritable relation père/fils.
« Merci d'être là papa. »
Je pouvais voir dans son comportement qu'il était heureux de pouvoir partager cette expérience avec lui. Il étreignit ensuite Paul pendant quelques secondes avant de se tourner vers sa mère.
Il la serra dans ses bras comme si sa vie en dépendait. On pouvait avoir l'impression qu'ils communiquaient même sans un mot. J'avais toujours envié la relation qu'il entretenait avec sa mère, mais j'étais tellement heureuse qu'il l'ait. Pour Percy, Sally était la chose la plus précieuse qu'il avait dans sa vie et il lui devait tout. C'était un vrai fils à maman, mais dans le bon sens du terme.
Toujours sans rien dire, il se recula et se tourna vers moi.
« Alors Cervelle d'Algues, » mimais-je un micro avec ma main, « comment réagissez-vous au fait que votre merveilleuse petite-amie, incroyablement intelligente si je puis dire, avait raison en ce qui concerne votre victoire ? »
« Oh la ferme. » Répliqua-t-il en levant les yeux au ciel et en me tirant par la main pour me plaquer contre lui.
Il m'embrassa comme si c'était la première et la dernière fois. J'étais sûre que Percy embrassait mieux que personne, même si c'était le seul garçon que j'avais embrassé dans ma vie.
Je me reculai et lui souris. « Tu l'as fait Percy, t'as réussi. »
Ses yeux étincelaient d'un millier d'émotions que j'aurais été incapable d'identifier. Comment est-ce qu'on en était arrivés là ? Le changement était important et pourtant mes sentiments étaient toujours les mêmes depuis que je l'avais sauvé de Buck le premier jour de notre dernière année de lycée.
Je passai mes bras derrière sa nuque et enfouis mon visage dans son cou, bien plus émue que je l'aurais voulu. « Je t'aime Perce. »
Il me serra un peu plus fort. « Je t'aime aussi. »
__________
« Où est-ce que tu m'emmènes Cervelle d'Algues ? » Rigolais-je alors que Percy m'entraînait vers dieux seuls savent où.
Nous venions tout juste de terminer de dîner avec sa famille pour fêter sa victoire et il avait décidé de me faire faire un petit tour de Paris puisque nous n'avions pas pu visiter étant arrivé il y a seulement deux jours. Sauf qu'il avait apparemment un endroit bien précis en tête.
« Tu le sauras dans environ trente secondes. »
Et il avait raison. Quelques secondes plus tard, il enlevait ses mains de devant mes yeux et me présentait une vue magnifique sur le Sacré-Coeur illuminé dans la nuit noir. L'architecture de Paris était exceptionnelle, mais celle de la basilique était jusqu'à présent celle qui m'éblouissait le plus. Des tonnes d'idées pour les différents projets que mes profs nous avaient assignés me venaient à l'esprit rien qu'en la regardant.
« C'est somptueux Percy ! » Je regardais tout autour de moi avec de grands yeux. « Comment est-ce que tu as eu cette idée ? »
Il mit ses mains dans ses poches en m'observant faire. « Tu sais, même si ça ne se voit pas, je t'écoute quand tu parles architecture. » Je rigolai et secouai la tête. « J'ai donc fait quelques petites recherches et ce lieu ressemblait pas mal à un des styles que tu m'avais décris il y a quelques temps, j'espère juste que je ne me suis pas trompé. »
Je le rassurai et continuai à observer tous les petits détails qui faisaient la particularité du lieu.
« Je peux te dire quelque chose ? »
Je me retournai vers lui avec un air interrogateur car, généralement quand il me disait ça, il me sortait une blague stupide.
« Tu es la personnification d'un dictionnaire. »
Je fronçai les sourcils, ne m'attendant pas du tout à ça. « Quoi ? J'ai encore beaucoup de choses à apprendre alors pourquoi est-ce que tu me dis ça ? »
Il me servit son petit sourire en coin. « Tu donnes du sens à ma vie. »
Il avait prit cette fâcheuse tendance de me sortir des expressions niaises, mais mignonnes, juste sous prétexte qu'il aimait me voir rougir. Évidemment, ça marchait à chaque fois et je devenais écarlate en un quart de seconde.
Il rigola et me prit la main pour m'emmener près du bort où on avait une vue imprenable sur Paris de nuit.
« Non plus sérieusement, je voulais te donner quelque chose. »
Il sortit une petite boîte de sa poche et me la tendit. Je la regardai avec curiosité et l'ouvris pour y découvrir une magnifique bague sertie de cinq diamants de différentes tailles. Elle me rappelait un peu le bracelet qu'il m'avait offert lors de notre premier Noël ensemble, un bracelet dont je ne me séparais jamais.
« Avant que tu ne me poses la question, non ce n'est pas une bague de fiançailles, je sais qu'on est encore un peu trop jeune. Considère-la plutôt comme une promesse, la promesse que je te fais de ne jamais te laisser seule, de construire quelque chose de permanent et de te passer un jour une vraie bague au doigt. Je t'aime Annabeth et je ne veux te perdre pour rien au monde. »
J'étais sans mot, je ne savais pas quoi dire. Percy avait toujours eu l'habitude de me surprendre quand je ne m'y attendais pas et son romantisme avait fini par déteindre sur moi. Pour une fois, au lieu de m'exprimer avec des mots, je laissai les actes parler d'eux-mêmes et pris la bague pour me la passer sur l'annulaire de la main gauche en me disant qu'un jour elle passera sur l'autre main pour laisser sa place à une vraie bague de fiançailles.
Je levai des yeux humides vers lui pour voir qu'il me regardait de la même façon que le jour de notre premier rendez-vous quand il m'avait demandé de le laisser entrer pleinement dans ma vie. Je me perdis dans ses yeux en me remémorant tous les souvenirs heureux qu'il m'avait aidée à forger, me sauvant de mes propres sentiments quand tout allait mal et me prouvant que l'amour existait, même dans les situations les plus désespérées. Je l'embrassai en y mettant tout mon amour, en espérant qu'il recevrait le message.
Il était temps que je mette un point final à ce chapitre de ma vie en effaçant toutes les barrières qui avaient pris place au fin fond de mon esprit, attendant avec impatience de refaire surface au moindre problème. Et c'est ce que je fis avec ce baiser.
Mon renouveau avait démarré trois ans auparavant et il n'était pas prêt de se conclure.
Renouveau : Retour de vigueur, fait de retrouver son énergie physique ou morale.
Nombre de mots : 2154
On se revoit pour la note finale.
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