Chapitre 9 - « Je ne suis pas une nerd. »
Thalia avait fini par mettre les garçons dehors donc il ne restait plus qu'elle, Hazel, Piper et moi.
Après la discussion que j'avais eu avec Thalia, j'avais décidé de profiter du temps qu'il me restait à passer avec elle. Voici qui nous amenait donc à ce moment. Hazel était assise en tailleur sur le sol, Piper sur l'un des fauteuils et j'avais les jambes sur le dossier du canapé et la tête en bas. Thalia, quant à elle, était allée chercher quelque chose qui allait nous "divertir". Je ne savais pas trop quoi penser de cette précision.
« Je l'ai ! » S'exclama-t-elle depuis le haut des escaliers.
Maintenant j'étais vraiment intriguée. Elle revint en courant et si elle n'avait pas une condition physique aussi bonne, elle aurait loupé la deuxième marche et se serait retrouvée au pied des escaliers bien plus rapidement. Elle leva une boîte de dvd, visiblement fière de sa trouvaille.
« Qu'est-ce que c'est ? » Demanda Hazel en se levant et se dirigeant vers la cuisine.
« Ça les filles, c'est le meilleur jeu qui ai été inventé ces dernières décennies ! »
Je fronçai les sourcils. « Fornite ? » Lisais-je tout haut en essayant de lire ce qui était écrit sur la boîte, ce qui n'était pas facile à cause de ma dyslexie et de ma position. « Sérieusement Thalia ? Tu veux qu'on passe nos derniers temps ensemble à jouer à un jeu vidéo ? Et qui n'est pas ludique en plus de ça. »
« Annabeth a raison sur ce point là. » Acquiesça Piper.
« J'ai toujours raison. » Rétorquais-je en la fusillant du regard.
Thalia leva les yeux au ciel. « Ce jeu est en train d'écrire l'histoire ! Et puis vous avez de meilleures idées peut-être ? »
« Bien sûr ! On pourrait lire. C'est divertissant et ludique tout à la fois. » Tentais-je.
« Je t'en pris Annabeth ! » S'esclaffa Thalia. « Nous ne sommes pas tous des nerds comme toi. »
« Et ! Je ne suis pas une nerd, j'apprécie juste les bonnes choses et pour moi c'est un livre ! » Répliquais-je en me redressant.
« J'ai une autre idée. » Intervint Hazel en revenant avec de quoi manger et boire. « Il y a une discussion qu'on doit avoir avant que tu ne partes Thalia. »
Elle échangea un regard avec cette dernière et Piper, et toutes trois semblèrent se mettre d'accord.
« Euh... Est-ce que je pourrais savoir ce qu'il se passe ? »
Elles se tournèrent vers moi avec le même sourire malicieux plaqué sur chacun de leur visage. Oula, ça ne présage rien de bon.
« Il y a une conversation qu'on a soigneusement évité Annabeth. » Commença Thalia.
« En effet, nous ne voulions pas que tu te braques et que tu décides de laisser ton mauvais caractère te contrôler. » Continua Hazel.
« Mais- »
« Sauf qu'il est grand temps de l'avoir et tu ne vas pas y échapper. » Me coupa Piper qui semblait peiner à contenir son excitation.
Je lâchai un petit rire nerveux. « Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que vous aller me donner la conversation que tous les parents doivent avoir avec leurs enfants quand ils entrent dans l'adolescence ? »
Thalia secoua la tête. « Non ce n'est pas ça. »
« En sois, » intervint Piper en réfléchissant, « ça peut avoir un lien direct avec ce dont on veut te parler. »
« Piper ! » S'exclama Hazel en s'épouvantant de la main, clairement indignée par l'insinuation de Piper.
« Ok, je ne sais pas de quoi vous voulez me parler mais si vous alliez droit au but, non ? Ce serait plus simple, vous ne croyez pas ? »
Elles se ressaisirent et me regardèrent toutes les trois droit dans les yeux. Elles ne prononcèrent qu'un seul mot, ou plutôt prénom. « Percy. »
Je me figeai pendant quelques secondes avant de secouer vigoureusement la tête. « Non. Je refuse d'avoir cette conversation avec vous. »
« Quoi ? Mais pourquoi ? » S'écria Thalia visiblement outrée par mon refus catégorique.
« Tout simplement parce que Percy est votre cousin à toi et à Hazel, mais aussi parce que Piper est insupportable quand il s'agit d'amour. » Expliquais-je en croisant les bras.
« Ah ! Donc tu l'admet. Tu es amoureuse de Percy ! » Applaudit Piper en sautant sur son siège.
« Wow ! Tout d'abord je n'ai jamais dit ça. Et puis même si c'était le cas, je ne dirais pas amoureuse. Je le connais uniquement depuis deux semaines. »
« Tu veux dire que tu lui dis plus de deux mots seulement depuis deux semaines. » Corrigea Thalia. « Tu le connais depuis que vous avez douze ans. »
Il est vrai que je connaissais Percy depuis plus longtemps que je ne l'avais laissé paraître. Nous nous étions rencontrés dans un camp de vacances que je fréquentais depuis que j'avais sept ans, là où Thalia m'avait emmenée quand je m'étais enfuis de chez moi. Percy, lui, était arrivé quand il avait douze ans, donc c'est là bas que j'avais appris qu'il était le cousin de Thalia et Jason. Cela faisait peut-être plusieurs années que nous nous connaissions mais nous avions eu, jusqu'à présent, que des conversations polis. Donc ça ne faisait que deux semaines que nous parlions réellement.
« Bon ok, mais je ne savais rien de lui alors ça ne compte pas. »
Hazel soupira. « Si on décide de te croire, alors pourquoi portes-tu son sweat ? »
Je regardai mes bras. J'avais complètement oublié que Percy me l'avait passé. « Et bien parce qu'il est confortable et que je n'avais pas emporté de veste quand je suis partie de chez moi. »
« Allez Annabeth ! » Me pressa Piper. « Tous les éléments jouent contre toi alors admet-le. Tu peux nous le dire, on est tes meilleures amies, non ? » La carte de la meilleure amie, youpi.
À partir de ce moment là, elles commencèrent toutes à argumenter en même temps et il m'était impossible de comprendre ce que l'une disait. Tout ce bruit commençait à me donner mal à la tête. En plus de ça, j'étais vraiment fatiguée à cause des deux mauvaises nuits que je venais de passer alors mes nerfs m'ont lâchés.
« D'accord, d'accord ! » M'écriais-je en levant les mains pour rétablir le silence. « C'est vrai que j'apprécie Percy un peu plus que comme un ami, mais ça ne veut rien dire ! » M'empressais-je d'ajouter en les voyant prêtes à réagir.
« Je le savais ! » S'égosilla Thalia.
« Tout le monde en était sûr. » Rétorqua Hazel. « Sauf Percy et Annabeth évidemment. »
Je levai les yeux au ciel. « Et c'est très bien comme ça. »
« Pourquoi ? » Me demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
« Ce n'est pas réciproque donc Percy n'a pas besoin de le savoir. »
À cette remarque les filles explosèrent de rire.
« Attends, » essaya de se calmer Piper, « tu penses vraiment que Percy ne te voit que comme une amie ? »
Ce fut à mon tour de froncer les sourcils. C'était pourtant évident, non ?
« Ça fait des années qu'il t'observe de loin tu sais, il ne savait juste pas comment te parler. » Expliqua Thalia.
« En plus j'en ai parlée avec Jason. » Ajouta Piper en s'emparant d'une des bouteilles d'eau.
« Tu as quoi ?! » M'exclamais-je en la dévisageant.
Elle ignora ma remarque et continua. « Il m'a dit que les garçons lui en avaient parlé plusieurs fois mais que Percy trouvait toujours un moyen d'esquiver le sujet. Ils ont donc décidé de ne pas lui laisser le choix ce soir et qu'il ne pourra plus se défiler sauf s'il disait la vérité. »
« Olala mais qu'est-ce que vous avez fait... » Murmurais-je en me prenant le visage dans les mains.
« On a fait que t'aider. » Dit Hazel.
« Sauf que vous venez de faire tout le contraire. » M'écriais-je en les regardant droit dans les yeux. « Vous venez juste d'empirer les choses. Tout se passait très bien et maintenant les choses vont êtres bizarre entre nous. »
« Je ne comprend pas, pourquoi est-ce que ce serait bizarre ? Justement, Percy va maintenant passer à l'action. » Affirma Piper avec un sourire.
« Bien sûr que non. Il va faire tout l'inverse. »
« Euh... je ne te suis plus là. » Dit Thalia, confuse.
Je pris une grande inspiration pour essayer de me calmer. « Vous savez très bien comment il est. Si vous le brusquer il aura tendance à se replier sur lui-même, c'est exactement ce qu'il fait avant une compétition. Si ce que vous dites est vrai alors il fallait le laisser s'exprimer et non le forcer à dire ce qu'il ressentait. » Les filles semblèrent comprendre ce que je voulais dire parce qu'elles baissèrent la tête. « Mais enfin c'est votre cousin, vous devriez connaître ses réactions mieux que moi ! »
Je m'adossai au canapé et fermai les yeux. Les choses venaient de prendre un tour auquel je ne m'attendais pas. Ça ne faisait pas parti de mon plan et je n'aimais pas les imprévus. C'est l'inconvénient d'être aussi organisé, je suppose.
« Est-ce qu'on peut changer de sujet s'il vous plaît ? J'ai envie de passer une bonne soirée. » Leur demandais-je.
Elles hochèrent la tête timidement. Je souris.
« Alors on fait quoi ? »
______________
La soirée avait continué dans la bonne humeur. Nous nous étions fait un marathon des films Harry Potter, ce qui était un compromis entre mon envie de lire et celle de Thalia d'utiliser la télévision. Un livre adapté en film. Du moins, l'un de ceux réussi. Aucune de nous n'avait mentionné l'incident Percy. De mon côté, je préférais me concentrer sur Thalia, je me chargerais de trouver une solution plus tard.
Je m'étais endormis au milieu du troisième film, bien trop épuisée par mon manque de sommeil et bercer par l'odeur du sweat de Percy. Malheureusement, cette nuit ne fut pas de tout repos par la faute des cauchemars qui revenaient encore et toujours. Celui-ci était certainement l'un des pires que j'avais connu.
Tout avait commencé sur la patinoire. C'était de nouveau les qualifications et tout se passait bien. J'avais l'esprit léger et j'enchaînais les enchaînements avec une technique parfaite. J'effectuais un triple axel lorsque je me réceptionnai mal et que ma cheville me lâcha. Au lieu de toucher par terre comme j'aurais dû le faire, le sol s'ouvrit et je tombai dans l'obscurité. Après ce qui me parut une éternité, je me retrouvai dans une caverne sombre. Je me sentais observée mais j'avais beau chercher dans tous les coins, je ne trouvais rien.
Je ne pouvais pas me déplacer avec ma cheville ce qui m'angoissait. C'était au moment où j'essayais de me redresser que les murmures commencèrent. Au départ je n'arrivais pas à comprendre ce qu'elles disaient mais plus le temps passait, plus les voix étaient claires. Elles faisaient des commentaires sur moi, elles étaient là pour me juger. Elles critiquaient les moindres faits et gestes que je faisais, ainsi que ma façon d'être et de penser.
Ce qui était effrayant c'est que je commençais à croire ce qu'elles disaient. J'allais fermer les yeux quand elles apparurent. L'objet de toutes mes peurs les plus sombres. Des araignées. Des araignées de différentes tailles. Il y en avait environ plusieurs centaines qui m'entouraient mais aucune n'avançait, comme si elles attendaient l'ordre d'agir. Je ne pouvais plus rien faire et j'étais vraiment au bord du désespoir.
Dans un grand fracas, quelque chose tomba du plafond. Quand l'obscurité se dispersa quelque peu, je pus apercevoir ce que toutes ces petites araignées attendaient. Devant moi se tenait une énorme araignée de la taille d'un chien Saint-Bernard. Ce qui en faisait sa particularité n'était pas seulement sa taille ni le fait qu'elle était hideuse, mais aussi parce qu'elle avait un visage humain et celui-ci prenait l'apparence de mes parents et de mes amis.
Je pensais ne pas pouvoir être plus terrifiée mais apparemment j'avais tord car quand la bête commença à parler c'était comme si tout espoir avait été anéanti et qu'il ne restait plus que la détresse et l'agonie.
Les visages de mon père et ma mère s'alternaient. « Tu penses être digne d'être notre fille ? Tu n'as jamais été assez intelligente et irréprochable. Si nous ne t'avons jamais portée attention c'est parce que tu n'es pas assez bien pour la mériter. Après tout, tu n'as jamais été désiré et tu ne sera jamais à la hauteur de tes frères. Tu es une honte pour notre famille. »
Ils finirent par lâcher un rire sans humour et froid provoquant une vague d'humiliation en moi. La voix, elle, était sifflante et morne. Même si j'avais des problèmes avec mes parents, les voir parler ainsi était déchirant.
Le visage changea une nouvelle fois mais cette fois-ci s'arrêta sur celui de Thalia. « Si je t'ai recueillie quand tu avais sept ans c'était uniquement parce que tu me faisais de la peine. Plus tu grandissais et plus j'éprouvais de la pitié à ton égard. Malheureusement, il était trop tard pour revenir en arrière. Je n'ai pas hésité quand on m'a proposé de partir, c'était une opportunité bien trop précieuse pour m'éloigner de toi. Maintenant je peux enfin oublier mon boulet et commencer ma vie. »
Je ne sais pas ce qui était le pire entre voir Thalia dire ses paroles ou savoir que j'avais toujours pensé ça au plus profond de moi. Savoir que j'avais été un poids pour elle et qu'elle serait finalement libre. Je pensais vraiment avoir touché le fond quand l'araignée prit l'apparence d'une dernière personne.
Percy. Le voir aussi hideux et effrayant était vraiment secouant et l'entendre parler ainsi me brisa le cœur. « Tu penses n'avoir besoin de personne et être une personne indépendante ? Pourtant tu ne fais que compter sur les autres. D'abord Thalia et maintenant moi ? Tu ne t'en sortiras jamais seule, c'est pour cela qu'il faut toujours quelqu'un à tes côtés. Mais sache une chose, je ne t'aime pas et je ne t'aimerais jamais comme toi tu le fais. Tu es juste un lot de consolation pour ce que je ne peux pas avoir. »
Et sur ces paroles, un visage que je ne m'attendais pas à voir apparu quelques secondes avant de reprendre celui de Percy. Celui de Jessica.
Un rire traumatisant s'échappa de ses lèvres avant qu'il ne donne l'ordre aux autres araignées d'attaquer. Il se jeta pas la même occasion sur moi et un cri perçant se fit entendre. Le mien. Tout devint noir.
C'est à ce moment là que je me réveillai en sursaut, complètement désorientée. Je ne savais plus où j'étais ni quelle heure il était. Tout ce que je savais c'était que je n'étais pas chez moi. Les souvenirs de la soirée avec les filles me revinrent en tête quand je posai les yeux sur mes trois amies endormies à mes côtés.
Je n'arrivais cependant pas à me calmer et à reprendre une respiration régulière, je faisais une crise de panique. Ne voulant pas réveiller les autres, je me traînai péniblement jusqu'à la cuisine sur des jambes tremblantes. Je me servis difficilement un verre d'eau avant de prendre de grandes respirations.
Après quelques minutes, je repris enfin ma respiration et mon cœur recommença à battre régulièrement. Je m'assis sur le carrelage froid et posai la tête contre le frigo.
Je ne pouvais pas m'empêcher de repasser en boucle les paroles que cette araignée avait prononcé. Je savais que ce n'était pas réellement les paroles de mes proches mais je pensais, au fond de moi, que c'était ce qu'ils finiraient par penser.
Je savais que ce cauchemar regroupait ma peur des araignées et ma peur d'être abandonnée par les gens que j'aimais pour en faire une métaphore cruelle mais tout semblait tellement réel. Comme si c'était ce que j'avais vécu dans une vie antérieure.
À cet instant précis j'étais plus brisée que je ne l'avais jamais été. Sans espoir. Vide. Seule.
Alors je fis quelque chose que je m'étais empêchée de faire pendant des années. Je le fis jusqu'à en être épuisée et jusqu'à ce que le soleil commence à se lever.
J'ai pleuré.
Nombre de mots : 2606
'Sup Guys !
Chapitre 9 whoop whoop !
Je suis absolument fan, genre mon esprit est en ébullition face à cette petite merveille. J'ai remarqué que dans la première partie il n'y avait pas beaucoup de pensées, alors je me suis dis "pourquoi ne pas rendre Annabeth vulnérable dans la deuxième partie ?". Et BAM ! Le cauchemar débarque et vient lui réduire l'esprit en miette !
Oui je sais, je suis cruelle mais c'est mon état d'esprit du moment alors va falloir vous y faire.
Enfin bon, je suis désolée d'avoir mis autant de temps à l'écrire mais je viens tout juste de passer mes oraux de langues alors je n'avais pas eu trop de temps à moi. Bref le bac est dans un mois alors les postes se feront un peu plus rare.
Je m'arrête là, n'hésitez pas à dire ce que vous en pensez et je vous dis à bientôt pour le chapitre 10 !
Peace Out🤙🏼
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