Chapitre 29 - « La mauvaise nouvelle ? Ce n'était pas fini. »
Lorsque l'on arriva devant l'aquarium, la presse était déjà présente. Mais ce n'était pas la seule. Plusieurs dizaines de personnes s'étaient regroupées pour protester contre sa fermeture comme m'en avait informée Poséidon. Quand on descendit de la voiture, tous se tournèrent vers nous et je ne pus m'empêcher de me sentir très mal à l'aise. Des sifflets commencèrent à se faire entendre et je baissai la tête en me cachant le plus possible derrière ma mère qui, elle, marchait avec la tête haute. On se dirigea vers l'estrade qui avait été installé pour l'occasion et elle commença à parler avec son équipe pour voir comment l'événement allait se dérouler et régler deux-trois petits détails de dernière minute.
Pendant que ma mère faisait ses affaires, j'observai discrètement la foule des manifestants en espèrent y apercevoir, malgré moi, Percy. Malheureusement, j'étais très mal placée et je ne pouvais pas voir l'ensemble de la foule. Je soupirai et regardai par terre en attendant qu'on me dise quoi faire.
Quelques minutes plus tard, ma mère m'expliqua que son attachée de presse allait m'annoncer pour que je fasse mon discours et, qu'après ça, elle monterait elle-même sur scène pour exposer son projet. J'acquiesçai et fis ce qu'elle me demandait.
Plus le temps passait, plus l'angoisse montait. Des milliers de questions et de doutes tourbillonnaient dans mon esprit, mais je faisais tout pour les repousser car c'était bien trop tard pour faire marche arrière. Rien ne pouvait mal tourner, la situation étant déjà catastrophique en elle-même et je n'avais plus rien à perdre. Du moins, c'était ce que je me disais pour me rassurer.
Quand l'attachée presse de ma mère monta sur l'estrade, mon rythme cardiaque s'accéléra et je déglutis. Ma conscience me criait de partir en courant le plus vite et le plus loin possible et je l'aurais écoutée si ce n'était pas pour les applaudissements qui retentirent et mes jambes qui me conduisirent toutes seules sur la scène. Je pris une grande inspiration pour me calmer et m'arrêtai devant le micro.
Je commençai à parler, mais d'une voix rauque alors je m'éclaircis la gorge et repris, plus confiante. « Bonjour. Voyez-vous, quand ma mère m'a demandée de faire un discours je n'ai tout d'abord pas compris pourquoi. C'est vrai, qu'est-ce que la population de New York pourrait bien avoir à faire du discours d'une lycéenne de 17 ans ? À l'heure où je vous parle, je n'ai toujours pas la réponse mais j'ai quand même décidé de tenter ma chance. »
Quelques rires fusèrent chez la presse, mais pas chez les manifestants. J'observais d'ailleurs plus attentivement ces derniers.
« Alors oui, je vais vous dire que ma mère a de très bonnes idées pour cette ville et qu'elle ne reculera devant rien pour rendre vos vies meilleures. » Mon regard se posa enfin sur Percy et ma respiration se coinça dans ma gorge. Il était en colère, en colère contre moi. C'était le moment, la phase décisive de mon plan. « Mais tout d'abord laissez-moi vous raconter une histoire. »
Ma mère fronça les sourcils et m'interrogea du regard, mais je l'ignorai.
« Il y a quelques temps on m'a racontée des anecdotes sur l'aquarium. Il y a environ 10 ans, un petit garçon qui habitait au coin de la rue cherchait un endroit pour échapper à l'enfer qu'il vivait chez lui. Un jour, il a franchit les portes qui se trouvent derrière moi et a découvert un autre univers. Cet univers l'a rapidement fasciné et il est revenu régulièrement. Les employés ont commencé à le prendre sous leurs ailes et à lui apprendre des choses sur la vie marine. Toutes les années qui suivirent, il passa minimum une fois par semaine. Cet endroit l'a beaucoup aidé sur plusieurs points. Il ne l'a pas seulement sauvé de son quotidien, mais l'a aussi instruit et créé une nouvelle vocation, il a fait naître un futur biologiste marin. Maintenant, ce petit garçon effrayé par le monde extérieur est devenu un jeune homme loyal, confiant et brillant dans son domaine. »
Mon regard dévia sur Percy qui m'observait sans comprendre. C'est à ce moment que je me demandai si j'avais pris la bonne décision. Choisissant d'ignorer cette voix horripilante qui me criait d'arrêter, je continuai sur ma lancé.
« Cet aquarium a réalisé des rêves alors, au risque de surprendre beaucoup de monde, je décide de ne pas soutenir le projet de ma mère. »
La concernée écarquilla des yeux quand elle comprit où je voulais en venir et me supplia du regard de ne plus rien dire. Sous le choc, Percy avait la bouche grande ouverte.
« Un lieu comme celui-ci mérite d'être préservé pour continuer à créer des personnes en devenir, comme ce petit garçon. Je m'adresse à toi maintenant maman. » Je me tournai légèrement vers elle. « Tu as peut-être de grands projets d'aménagement pour cette ville mais tu ne peux pas te permettre de détruite des institutions comme celle-ci. Tu t'attendais certainement à ce que je te suive à 100%, mais je refuse d'être témoin d'une telle cruauté. Alors j'espère que tu écouteras les paroles de ta chère fille, après tout, tu ne voudrais pas te la mettre à dos, n'est-ce-pas ? »
Je lui adressai un faux sourire quand elle s'approcha de moi, visiblement furieuse, alors que la foule s'agitait.
« Mais qu'est-ce que tu as fait ? » Me demanda-t-elle les dents serrées en éloignant le micro.
Je lui répondis d'un ton froid en la regardant droit dans les yeux. « J'ai fait ce qui devait être fait et ce qui me semblait juste. Peu m'importe ce que tu penses ou ce que les autres pensent, j'en ai marre de jouer à la petite fille parfaite, c'est terminé. »
Je la contournai en la bousculant avec mon épaule et descendis de l'estrade. Je ne restai pas assez près pour entendre comment elle allait calmer les choses et allai m'installer sur un banc. Je me pris la tête dans les mains et commençai à réfléchir.
Voilà, maintenant que c'était fait, qu'est-ce qui allait se passer ? Comment est-ce que Percy allait réagir ? J'avais fini par me ranger de son côté... Ma mère allait certainement m'en vouloir pour le reste de ma vie et ce n'était pas une idée facile à accepter. Je m'étais sans cesse répétée qu'elle n'avait jamais été une véritable mère et qu'elle m'avait blessée à de multiples reprises, mais maintenant que c'était fait, je me rendais compte que je n'étais pas prête à l'accepter. Ne vous méprenez pas, je ne regrettais absolument pas d'avoir fait ce que j'avais fait, je restais persuadée que c'était la seule solution raisonnable, mais ça ne rendait pas la situation plus facile à accepter.
« C'est du grand spectacle que vous nous avez servis aujourd'hui Mademoiselle Chase. »
Je levai la tête vers Percy et son père qui s'approchaient de moi. Poséidon avait un grand sourire sur le visage tout en me parlant et je ne pouvais pas dire ce que Percy pensait puisque je faisais tout mon possible pour ne pas le regarder directement, mais il restait dans tous les cas silencieux.
« Contente qu'au moins une personne l'ait apprécié. »
« Oh je suis sûr que tu as ravi plus de personnes que tu ne le penses. » Rigola-t-il.
« Qu'est-ce qui va se passer maintenant ? » Demandais-je enfin en soupirant.
« Ta mère va organiser une réunion d'urgence avec son équipe pour discuter de la suite des événements et je vais essayer d'obtenir un rendez-vous avec elle pour être tenu au courant. » Il me sourit avec gratitude. « Mais grâce à toi, il y a de grandes chances pour que le projet soit abandonné. »
« Tant mieux, » acquiesçais-je avec un petit sourire, « ça m'ennuierait d'avoir fait tout ça pour rien. »
J'appuyai malgré moi sur le dernier mot, sachant pertinemment que je ne parlais pas uniquement de l'abandon du projet.
Quelqu'un appela Poseidon un peu plus loin et il s'excusa pour s'y rendre. Seulement, avant qu'il ne soit trop loin, je l'interpellai.
« Vous saviez que c'est ce que j'allais faire, n'est-ce pas ? »
Pendant un instant, il eut le même sourire en coin que son fils. « Je savais que tu avais pris la bonne décision, je ne savais juste pas laquelle. » Et il s'éloigna.
Ce qui fait qu'il ne restait que Percy et moi. Un silence s'installa entre nous deux, un silence bien trop pesant à mon goût, mais je n'étais pas celle qui allait le rompre.
« Il était bien écrit ce discours. » Finit-il par dire.
Je le regardai pour la première fois dans les yeux depuis qu'il était arrivé et ne pus pas lire ce qui s'y trouvait.
« J'ai cherché les mots les plus appropriés pour décrire la situation. »
Le fantôme d'un sourire apparut sur ses lèvres, mais avant qu'il ne puisse répondre, son téléphone sonna.
Il fronça les sourcils en regardant l'écran et décrocha. « Paul ? » Il écouta la réponse, écarquillant les yeux au fur et à mesure. « Quoi ? Maintenant ? » Il sembla encore plus anxieux. « D'accord, j'arrive tout de suite. »
Il raccrocha et se tourna vers moi, visiblement éberlué par cet appel. « Il faut que j'aille à l'hôpital. »
Je me levai immédiatement. « Sally est en train d'accoucher ? » Il hocha doucement la tête, mais ne bougea pas pour autant. « Percy vas-y ! »
Il sortit de sa léthargie et, après m'avoir regardée une dernière fois avec des yeux immenses, partit en courant vers son père. De mon côté, je soufflai et me frottai les yeux. C'était une journée riche en émotions. La mauvaise nouvelle ? Ce n'était pas fini.
_________
Je déambulai pendant des heures dans les rues de New York jusqu'à ce que je trouve enfin le courage de rentrer chez ma mère. Je savais qu'elle y serait car elle voudrait absolument une explication. Est-ce que je voulais la lui donner ? Pas du tout.
Arrivée devant la porte, je pris plusieurs grandes inspirations pour calmer mes nerfs qui menaçaient de me lâcher à chaque instant. Quand j'entrai, je la trouvai assise à la table de la cuisine avec un verre de vin posé devant elle. C'était très rare quand elle consommait de l'alcool, généralement c'était du champagne pendant des soirées ou alors quand elle en avait beaucoup sur le cœur. En l'occurrence, c'était le cas aujourd'hui.
Je m'arrêtai sur le seuil de la porte et attendis en jouant avec mes mains jusqu'à ce qu'elle lève les yeux vers moi. Je n'arrivais pas à lire ce qu'il y avait dans son regard, mais une chose est sûre, de la déception s'y trouvait.
« Le contrat a été rompu, l'aquarium va rester ouvert. » Elle reporta son attention sur son verre. « J'espère que tu es contente. » Pourtant, je n'arrivais pas à m'en réjouir. « Pourquoi tu as fait ça ? »
Je baissai les yeux et secoua la tête. « J-je... »
« C'était pour lui, n'est-ce pas ? »
Je pris une inspiration tremblante. « En partie, mais c'est juste que- »
Mes nerfs étaient définitivement en train de lâcher. Je n'arrivais plus à continuer, les mots se mélangeant dans mon esprit en synchronisation avec mes émotions.
« Tu es partie alors que je n'étais qu'un bébé, » murmurais-je en fermant les yeux, « et je ne comprends pas pourquoi. » C'est la première chose qui se détacha de l'orage qui s'était formé dans mon esprit et certainement le fond du problème. « Je ne sais pas si c'était parce que tu ne voulais pas que je sois un poids pour ta carrière ou alors parce que tu ne m'aimais pas. »
« Annabeth- » Commença-t-elle d'une voix à peine audible, mais je continuai sur ma lancée.
« Mais tu es revenue et c'est sûrement parce que j'étais assez grande pour comprendre qu'il ne fallait pas que je t'embête dans ton travail. Et puis plus le temps passait, plus tu m'exposais comme ton trophée. La petite fille parfaite que tout le monde rêverait d'avoir. » Un peu de rancoeur passa dans ma voix, mais elle s'évanouit aussi vite qu'elle était venue, surpassée par mon chagrin. « Je crois que si j'ai fait ça c'était pour montrer que ce n'était pas le cas et pour attirer ton attention sur moi et seulement sur moi. »
J'avais mis du temps à identifier la petite part de moi qui me poussait à soutenir Percy pour une autre raison que lui.
« Tu passes ton temps à travailler ou alors à ne pas me porter d'attention et parfois j'aimerai juste passer un peu de temps avec toi. » Ma voix tremblait et mes larmes étaient à deux doigts de couler. « Quand tu t'intéresses à moi c'est pour t'assurer que mes notes sont excellentes et que ma réputation est parfaite. Je sais que tout ça est très important, mais tu m'en demandes tellement. Je suis pas sûre de pouvoir être à la hauteur. »
Je la sentis bouger, mais ne levai pas les yeux. Je me sentais pleurer et je détestais me sentir aussi faible. Sauf que c'était tout ce que j'avais envie de lui dire depuis des années et mon cœur n'avait pas envie que je m'arrête là.
« J'aimerai savoir ce que j'ai fait pour que tu réagisses comme ça, il y a bien une raison et je m'en veux tellement. » Je parlais de manière tellement basse que je n'étais pas sûre qu'elle puisse m'entendre. « C'est comme si tu m'abandonnais une deuxième fois, sauf que c'est pire maintenant car j'en suis consciente. »
Ma voix se brisa à la fin de ma phrase et je me laissai glisser sur le sol, un peu comme mes larmes le faisaient sur mes joues.
« Annabeth. » Dit-elle d'une voix douce en venant s'installer à côté de moi et en me prenant dans ses bras.
Je me laissai aller contre elle et enfouis mon visage dans le tissu de sa chemise. « Je suis désolée, tellement désolée. Je ne voulais pas te décevoir. »
« Non, tu n'as pas à t'excuser de quoi que ce soit. » Répliqua-t-elle de la même voix douce, bien différente de son habitude. « C'est de ma faute, tout a commencé quand je suis partie à ta naissance et c'était certainement la plus grosse erreur de ma vie. Seulement, j'avais déjà abandonné ton frère et je pensais que si je n'avais pas été une bonne mère pour lui, alors je ne pourrais pas être une bonne mère pour toi. »
Je fermai les yeux en écoutant ses mots avec une attention toute particulière.
« Il ne se passait pas un jour sans que je regrette ma décision, c'est pour ça que j'ai fini par trouver le courage de revenir dans ta vie. Je voulais voir ma petite princesse grandir et être présente dans sa vie, mais apparemment j'ai lourdement échoué. » Elle soupira. « Je suis vraiment désolée Annabeth, je pensais qu'en t'achetant tout ce que tu voulais et en te poussant dans tes études ça allait suffire. Je suis juste une terrible mère. » Dit-elle en lâchant un petit rire. « Sache juste que je suis fière de la jeune femme que tu es devenue aujourd'hui, même si ce n'est pas grâce à moi ou à ton père. » Il y eut un petit silence pendant lequel aucune de nous deux ne bougea, puis elle reprit la parole. « Pourquoi est-ce que tu ne m'as jamais dis tout ça plus tôt ? »
Je me redressai légèrement et m'essuyai les yeux. « Je ne sais pas trop, peut-être parce que je pensais que ça n'allait rien changer. »
Elle se recula pour me regarder dans les yeux et me sourit d'un sourire que je n'avais jamais vu chez elle. Un sourire sincère et plein d'amour, et il m'était destiné. Elle replaça ensuite une mèche de cheveux derrière mon oreille. « Et si on allait faire un peu de shopping toutes les deux un de ses jours ? »
Je repensai à la garde robe qu'elle me faisait faire depuis toutes ces années. « J'ai déjà tout ce qu'il me faut dans mon armoire. »
Elle haussa un sourcil et une lueur malicieuse passa dans son regard. « Qui t'as dit que je parlais de vêtements ? »
Un sourire prit progressivement sa place sur mes lèvres en comprenant ce qu'elle entendait par là et j'hochai vigoureusement la tête. Elle allait parler quand mon téléphone sonna. Il s'agissait d'un message de Sally qui me demandait si je voulais venir rencontrer le nouveau membre de la famille Blofis.
Je regardai ma mère avec espoir. « Euh, la mère de Percy vient d'accoucher et elle me demande si je veux passer à l'hôpital. »
« Je t'emmène ? » Me demanda-t-elle en prenant ses clés.
Un véritable sourire apparut sur mon visage et je la suivis à l'extérieur. D'habitude, les seuls trajets en voiture qu'elle me proposait c'était pour aller à des événements et encore c'était Argus qui me conduisait.
On arriva devant l'hôpital environ quinze minutes plus tard. Je la remerciai en lui disant que je rentrerais sûrement pour le dîner et pénétrai à l'intérieur, me dirigeant directement vers la chambre que m'avait indiquée Sally. Je toquai doucement à la porte pour prévenir que j'étais arrivée et entrai en faisant le moins de bruit possible.
La vue qui se présenta devant moi était si attendrissante que je m'arrêtai immédiatement pour regarder. Contrairement à ce que j'avais pu penser, le petit bébé, qui d'après la couleur rose du bonnet était une fille, n'était pas dans les bras de sa mère ou de son père, mais dans les bras de son frère. Percy la tenait avec une grande délicatesse et la regardait comme si c'était la chose la plus la précieuse au monde. Ce qui était certainement le cas. Il avait les yeux qui brillaient et ne la lâchait pas du regard. Mon cœur était littéralement en train de fondre dans ma poitrine.
« Annabeth. »
Je m'arrachai à cette scène et m'avançai vers Sally en souriant de plus belle. « Comment vas-tu ? »
Elle semblait rayonner. « Plus heureuse que jamais. »
« Mais fatiguée. » Ajouta Paul, qui était assis à côté d'elle, avec un regard insistant.
Elle leva les yeux au ciel. « C'est mon deuxième enfant, je sais ce que je fais. »
« Ton deuxième en effet, mais avec dix sept ans d'écart. » Soupira-t-il alors qu'elle le poussait gentiment.
Je rigolai en regardant le couple avant de me tourner vers Percy qui tenait toujours la petite dans ses bras en la dévorant du regard. « Comment est-ce qu'elle s'appelle ? »
« Estelle. Tu veux la prendre ? »
Je me retournai vers Sally avec les yeux écarquillés. « Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, je n'ai jamais tenu un bébé dans mes bras et j'aurais trop peur de la... casser. »
Elle fronça les sourcils et pencha légèrement la tête sur le côté. « Tu as deux petits frères, comment est-ce que ça se fait que tu ne les aies jamais tenus dans tes bras ? »
« Hélène ne me faisait pas confiance, elle avait trop peur que je leur fasse du mal. » Répondis-je en haussant les épaules.
L'expression de Sally affichait son choc, mais avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, Percy se trouvait devant moi et me tendait sa sœur. « Tiens lui bien la tête. »
Contrainte, j'abdiquai et la pris avec précaution. Je jetai un dernier regard affolé à toutes les personnes présentes dans la pièce avant de le fixer sur le petit être qui dormait dans mes bras. Estelle avait les yeux fermés, comme la plupart des nouveaux nés et puisqu'elle était endormie, donc je ne pouvais pas voir la couleur de ses yeux. En revanche, un léger duvet de cheveux bruns se trouvait déjà sur sa tête. Je ne pus m'empêcher de sourire en regardant la pureté que pouvais dégager un bébé. Ils ne connaissaient encore rien de la vie, minuscule et innocent. C'était beau.
On discuta pendant quelques minutes durant lesquelles j'osais à peine bouger de peur de la réveiller, mais je finis par rendre Estelle à sa mère.
« On peut parler ? » Me demanda Percy une fois que je m'étais un peu éloignée.
Mon estomac se noua. Je savais que ce moment allait arriver, mais ça n'empêchait pas le fait que je le redoutais. J'acquiesçai tout de même et on sortit de la chambre. Aucun de nous ne parla pendant quelques secondes.
« Boston t'a offert une bourse c'est ça ? » Lui demandais-je pour rompre le silence pendant qu'on s'éloignait dans le couloir.
Il hocha la tête avec petit sourire, mais il ne resta pas très longtemps. « Tu as pleuré. »
J'haussai les épaules. « J'ai parlé avec ma mère. »
« Et ? » Dit-il visiblement inquiet.
Je penchai la tête sur le côté, dubitative. « Et bien je crois que ça s'est bien passé. En fait, je pense que notre relation va prendre un nouveau départ. »
Ses épaules se relaxèrent immédiatement et on continua à marcher dans un silence confortable. C'était très frustrant d'être à ses côtés, mais de ne pas pouvoir le toucher de quelques manières que ce soit, même si c'était juste pour lui tenir la main. On s'assit sur un banc à l'extérieur, observant les différentes personnes se rendant à l'hôpital. Certains étaient heureux, d'autres préoccupés et quelques-uns dévastés. Je suivis du regard un homme d'environ 70 ans qui passait les portes avec un bouquet de fleurs à la main. Je me demandais pour qui il était destiné.
« Écoute, je- » Commença Percy avec les coudes appuyés sur les genoux. « Je crois que je te dois des excuses. »
« Pourquoi ? » Lui demandais-je d'une voix neutre. « C'est moi qui suis en tord, pas toi. »
« Et pourtant. J'ai mal réagi, j'aurais dû faire la part des choses. J'étais tout à fait conscient que j'avais la mauvaise réaction, je n'aurais jamais dû t'en vouloir pour l'aquarium. » Il semblait vraiment s'en vouloir.
Je secouai la tête. « Mais c'est normal. Cet endroit c'est un peu ton paradis, tu ne pouvais que le prendre mal en apprenant qu'il allait fermer. »
« Peut-être, mais ce n'était pas une raison pour t'en vouloir à toi. Ce n'est pas de ta faute si ta mère a pris cette décision. Je n'avais pas à t'en porter garante. » Il hésita quelques secondes avant d'ajouter, « Je t'ai fais la seule chose que je m'étais promis de ne jamais te faire, je t'ai blessée. »
Mon cœur fit un petit bond dans ma poitrine. « Tu avais quand même raison. Même après tout ce que ma mère m'avait fais subir, je n'étais pas prête à lui tenir tête. J'espérais toujours qu'elle me remarque. »
Il fronça les sourcils. « Alors pourquoi avoir fait ce discours ? »
Je soupirai et baissai les yeux en me mordillant la lèvre inférieure. « Je te l'ai déjà dit plusieurs fois Percy, et tu as tout à fait le droit d'en douter, mais je t'aime et je ne voulais pas qu'on t'enlève quelque chose qui te rend heureux. Je ne sais que trop bien ce que ça fait. »
Un silence s'installa pendant lequel aucun de nous ne savait quoi dire. Comment est-ce qu'il pouvait autant s'en vouloir alors qu'il n'avait que très peu de tords dans cette histoire ?
« Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? » Dis-je en rompant le silence.
« Je ne veux pas te perdre. » Murmura-t-il et je n'étais pas sûre que j'étais censée l'entendre. « Tu penses que ça pourra redevenir comme avant entre nous ? »
Je secouai la tête. « Je ne crois pas. » Il déglutit et me regarda avec de grands yeux. « Ce n'est pas ce que tu crois Percy, c'est juste que ... j'ai eu le temps de réfléchir et j'ai réalisé beaucoup de choses. Nous ne sommes plus des enfants et, » je fixai mon regard sur mes mains, « je n'ai pas envie de me réveiller dans dix ans en me disant que tu n'es qu'un bon souvenir. » Je le sentis bouger à côté de moi. « Tu sais que je déteste tout ce qui est éphémère et je n'ai pas envie de souffrir en bout de course. » Je le regardai enfin dans les yeux. « La question qui se pose c'est, toi, qu'est-ce que tu veux ? »
Il ne me répondit pas tout de suite et se contenta de me regarder d'une expression impénétrable. Pendant quelques secondes j'ai cru que j'avais tout fait foirer, encore. Génial Annabeth, maintenant tu l'as effrayé ! Tu ne peux pas faire comme tout le monde et profiter de l'instant présent au lieu de te préoccuper du futur ? Le truc c'est que je ne pouvais pas. Je ne voulais pas continuer à m'investir dans cette relation et à m'attacher de plus en plus à Percy si c'était pour que tout s'arrête dans deux mois et que je termine avec le cœur brisé. Il fallait que je sache s'il pensait comme moi.
« Tu sais pourquoi l'université de Boston était mon premier choix ? » Demanda-t-il brusquement, me sortant ainsi de ma réflexion.
Je fronçai les sourcils, prise de court par sa question. « Tu m'as dis que c'était parce qu'elle avait le meilleur programme de biologie marine. »
« Oui et non. À vrai dire, son niveau équivaut à celui de l'université de San Francisco. La seule différence entre les deux, c'est que celle de San Francisco est beaucoup plus simple d'accès. » Il évita mon regard et se passa une main dans les cheveux. « La vrai raison c'est qu'Harvard est à Boston et, puisque j'étais persuadé que tu allais être prise, je me suis dis que moi aussi j'irais à Boston comme ça tu serais toujours près de moi. » Je dus me retenir à grand peine de ne pas sourire bêtement. « Donc, si tu voulais savoir si j'imaginais un futur avec toi, alors oui. C'est d'ailleurs une de mes principales motivations. » Conclut-il.
J'avais la tête qui tournait dut aux centaines d'émotions qui me brouillaient l'esprit. J'étais littéralement prête à sauter de joie, mais je me suis retenue, tenant encore à garder ma dignité.
Il recommença à parler d'une voix douce et calme. « Je sais que ça ne sera pas comme avant, mais tant mieux. Je ne veux pas que ce soit comme avant puisque je veux que ce soit encore mieux. On y va doucement ? »
Il me regarda dans les yeux avec espoir en me tendant la main. En effet, rien ne serait comme avant, mais ça ne voulait pas dire que les choses seraient différentes en mal. Est-ce que j'étais prête à reprendre le risque d'être vulnérable ? De lui redonner le pouvoir de me blesser si cela lui en prenait l'envie ? Absolument.
Je lui pris la main et souris faiblement. « Doucement. »
Un sourire immense éclaira son visage et je ne pus m'empêcher de mimer son expression. Le soulagement se propageait à vitesse grand v dans mes veines. C'était la première fois que je me sentais aussi bien et aussi heureuse en deux semaines.
« Au fait ! » S'exclama-t-il brusquement en me faisant sursauter. « Je crois que tu as perdu quelque chose. »
Je fronçai les sourcils en le questionnant du regard, mais, au lieu de me répondre, il se contenta d'enlever le sweat qu'il portait. Il s'agissait de celui de l'équipe de natation.
Je le pris et rigolai sincèrement pour la première fois depuis des semaines.
Nombre de mots : 4470
Holà chicos !
Et un chapitre 29, un ! Alors, content ou pas de la fin ? Après il y en a qui oseront dire que je suis sadique tiens ! En tout cas, sachez que j'avais tout un plan de prévu dans ma tête, donc Annabeth aussi. Le plan c'était de faire croire à tout le monde qu'elle choisissait sa mère, mais en faite que dal ! Je suis désolée si la partie avec Estelle vous déçois, mais il faut savoir que j'ai horreur des bébés et des enfants, donc ce n'était pas facile à écrire.
Enfin bon, je suis contente.
N'hésitez pas à commenter, dire ce que vous en pensez, donner des idées et poser des questions.
Peace Out🤙🏼
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro