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Chapitre 30 : Le piège se referme

   Deux jours étaient passés depuis l'arrivée de Charlotte et Renard au sein de la communauté du Bois Perdu. La jeune femme avait reprit des forces, mais ses épaules étaient encore très douloureuses. Elle avait consenti à se faire étaler une crème douteuse par la soigneuse. Si ça n'avait pas empiré, ça ne s'était pas vraiment calmé pour autant.

   Charlotte vivait recluse dans le piteux logement. Elle passait ses journées en soutien-gorge, les bretelles tombant sur ses bras. Gênée par cette situation incongrue, elle tentait tant bien que mal de cacher sa semi-nudité du regard de Renard. Respectueux malgré tout, il détournait les yeux de lui-même. Il devait bien se l'avouer, même si elle lui sortait par les yeux, cette pudeur maladroite l'amusait un peu.

   L'ambiance restait quand même tendue au sein du binôme. Ils ne se parlaient presque pas, ou avec mauvaise humeur, et s'évitaient le plus possible. Trop préoccupés par leur querelle, ils ne virent pas le chef de la communauté s'insérer petit à petit dans la brèche qu'ils avaient créée.

   Pierre, comme il disait se nommer, perçut parfaitement la douleur partagée, ainsi que l'affaiblissement physique de la jeune femme. Les conditions étaient parfaites, absolument parfaites. Il était temps de passer à l'attaque.

   Un après-midi, le gourou invita Charlotte à prendre le thé chez lui. Trouvant-là une occasion de faire enrager Renard qui clamait haut et fort qu'il n'aimait pas cet homme, elle accepta la proposition. La veille, ils s'étaient encore disputés, et il avait dépassé la limite à ne pas franchir avec sa patience. Quand bien même Pierre serait un dirigeant sectaire, elle se trouvait suffisamment alerte pour éviter le danger.

   Son habitation était à la hauteur de son égo. Pierre avait posé ses valises dans l'église au centre du village. Si toutes les petites maisons étaient en plutôt piteux état, tout le luxe se trouvait dans ce bâtiment saint.

— Bonjour douce enfant, dit le gros homme en ouvrant sa porte à Charlotte.

— Bonjour, répondit-elle un peu intimidée.

— Merci d'être venue aujourd'hui. Je me réjouis de ta visite. Je t'en prie, entre.

   Pierre décala son massif corps pour faire pénétrer la jeune femme dans l'église. Le lieu était absolument somptueux. Décoré de dorures, tableaux et autres fantaisies majestueuses, on ne pouvait que s'y sentir minuscule sous ces hauts plafonds.

   Le gourou à la tenue toujours aussi loufoque entraîna Charlotte jusqu'à l'autel où se trouvait une table dressée avec deux tasses, une théière, et une assiette de biscuits. C'est autorisé de faire ça ? se demanda la jeune femme qui n'avait pas été élevée dans la religion. Mais elle n'osa pas poser la question. Elle ne voulait pas le froisser, pas la peine de jouer avec le feu.

   Pierre servit le thé fumant et, de sa voix douce et traînante à l'accent chantant du Sud, mit les deux pieds dans le plat :

— Je te sens malheureuse depuis que tu es arrivée ici avec ton compagnon de route.

— On s'est disputés, ne lui cacha pas Charlotte intimidée. C'est compliqué...

— Une autre femme, c'est ça ?

— On peut dire ça, oui.

   Pierre la regarda avec un air attendri. Son sourire réhaussait ses joues potelées, comme si elles cherchaient à faire disparaître ses yeux brillants.

— J'ai tout de suite su qu'il n'était pas fait pour toi, reprit-il plus sérieusement. Tu es à la fois fragile et intelligente. Tu as besoin d'attention et d'affection. Lui est une force brute. Il ferme les yeux sur ta douleur, il ne pense qu'à son plaisir égoïste.

— Vous avez peut-être raison... admit la jeune femme.

— Pourquoi es-tu obligée de repartir avec lui ?

— Parce que je n'ai personne d'autre, ni nulle part où aller.

— Plus maintenant.

— Comment ça ?

   Charlotte ouvrit grand ses yeux clairs. Dans sa tête, la petite loupiote nommée "DANGER" s'alluma d'un rouge vif. Pourtant, sa douleur vis-à-vis de Renard, qui lui avait dit pas plus tard que la veille vouloir l'abandonner dans le prochain camp, cherchait à l'éteindre.

   Cette scène qu'elle avait trouvée si violente, si injuste, si effrayante, s'imposa à l'esprit de la jeune femme. Alors qu'ils se disputaient pour la énième fois depuis leur arrivée au sein de cette communauté, Renard avait lâché ces mots en la regardant droit dans les yeux. Elle avait d'abord cru qu'ils avaient dépassé sa pensée mais, même après que l'émotion soit retombée, il ne s'était pas excusé et n'avait visiblement pas changé d'avis. Il était prêt à l'abandonner comme un vieux sac de linge usé après un tri saisonnier.

— Tu nous as nous, maintenant, répondit Pierre avec sa voix toujours aussi douce et enveloppante. On est prêts à t'accueillir, toi et ton histoire. Tu seras en sécurité ici. Lui, il continuera à jouer au résistant, à se mettre en danger. Mais tu n'auras plus à t'en préoccuper.

— Je... J'ai besoin d'y réfléchir.

— Bien sûr, prends ton temps. De toute façon, tu es encore trop fragile pour reprendre la route. Votre départ n'est pas encore prévu pour tout de suite j'imagine.

   La jeune femme ne répondit pas. Elle était perdue. Pierre fit une pause avant d'ajouter, se penchant vers Charlotte, et sur le ton de la confidence :

— Je peux me permettre un conseil ?

— Allez-y.

— Ne lui parle pas de tout ce que nous venons de dire. Il cherchera à t'influencer. Il voudra garder le contrôle sur toi. Un contrôle malsain. Réfléchis par toi-même, et prends ta décision seule. C'est la meilleure chose à faire. Il se croit plus intelligent que toi, il est temps de lui prouver qu'il a tort.

— D'accord, je comprends.

— Oh ! Et une dernière chose avant de passer à des sujets plus légers, quel est ton vrai nom ?

   Charlotte fut à nouveau soudainement méfiante.

— Pourquoi voulez-vous le savoir ? demanda-t-elle avec un air qu'elle voulait détaché pour ne pas altérer la sympathie de Pierre.

— Comment instaurer une relation de confiance si nous ne connaissons même pas ton prénom ? En plus, je suis sûr que c'est une idée à lui. Il a dû te faire croire que c'était pour vous protéger mutuellement. Mais, depuis le temps, il aurait levé le secret, tu ne penses pas ? À mon avis, il fait juste cela pour ne pas s'attacher à toi. Tu es son objet, sa chose. Et c'est bien plus facile de se mettre à distance quand on ignore l'identité de la personne.

   Le poing de Charlotte se serra sous la table. Le discours de Pierre était cohérent. Sa colère envers Renard l'avait aveuglée et reprenait le dessus sur sa conscience et son raisonnement. Par esprit de vengeance envers le grand brun, elle se lança :

— Je m'appelle Ch...

   La jeune femme fut coupée par une longue plainte qui semblait venir des entrailles de la Terre.

— Qu'est-ce qui se passe ? s'affola-t-elle.

   Le visage de Pierre se referma complètement. Les flammes d'une intense colère brûlaient dans ses yeux. Il bouillonnait de rage. Cet élément imprévu était en train de lui ruiner tout son plan. Pire encore, il risquait de perdre l'emprise qu'il commençait à installer auprès de Charlotte. Il fallait la jouer finement.

— Rien, ce n'est rien, tenta-t-il de se faire rassurant. Tu disais donc ?

   Charlotte hésitait à se raviser, mais c'est finalement le nouveau cri déchirant qui choisit pour elle. Il se répandit dans l'église une seconde fois, l'écho rebondissant sur chaque mur et chaque voûte de ce grand espace aussi impressionnant que vide.

— Je suis désolé, fit Pierre en contenant très mal sa rage apparente, mais je vais devoir reporter notre petit goûter. Je ne sais pas ce qu'il se passe en bas, il faut que j'aille jeter un œil. Quelqu'un a l'air de souffrir, je me dois de l'aider.

— Je comprends, bredouilla la jeune femme, je vais vous laisser.

— Encore toutes mes excuses charmante enfant.

   Pierre voulut sourire à Charlotte, mais son expression avait perdu toute bienveillance. Son visage avait presque abandonné son humanité. Un frisson lui parcourant l'échine, la jeune femme quitta l'église à pas précipités.

   Que pouvait-il bien se passer dans son sous-sol ?

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