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Chapitre 27 : Petite Jeanne

Trois jours avaient passé depuis leur départ de la forteresse abritant le camp des Indisciplinés. Les deux nuits dans les tentes n'avaient pas été si mauvaises. En tout cas, Charlotte ne regrettait pas du tout son confort perdu. Elle avait même ressenti du soulagement en s'éloignant de ce lieu devenu cauchemardesque.

En revanche, le dos et les épaules de la jeune femme la faisaient énormément souffrir. Le sac, bien qu'un peu moins lourd chaque jour après leurs repas, semblait toujours peser une tonne. Il appuyait avec violence sur le haut de son corps. Elle n'osait même pas regarder sous son t-shirt pour connaître l'état de sa peau. Bientôt, elle n'en pourrait plus. Et pourtant, ils devraient marcher encore un moment avant d'arriver au prochain camp. Charlotte ravala donc ses larmes, serra les mâchoires jusqu'à s'en faire mal à la tête, et continua, sans rien dire. Sans avouer sa faiblesse à celui qu'elle détestait plus que tout au monde actuellement.

Tandis qu'ils passaient près d'un canal, Renard crut apercevoir quelque chose au loin. Un être vivant bougeait dans les fougères, mais il n'arrivait pas à distinguer ce que c'était. Cette couleur rosée ne lui rappelait rien de ce qu'il pouvait connaître.

— Attends ! fit l'ex-militaire en stoppant Charlotte. Il y a quelque chose là-bas.

Il pointa le buisson en question.

— C'est quoi ? demanda la jeune femme.

— Aucune idée, on est encore trop loin pour que je puisse en distinguer la forme. Avançons avec prudence, c'est peut-être un piège.

Le duo s'en approcha doucement, aux aguets. Peu à peu, ils crurent commencer à percevoir des pleurs. Des pleurs d'enfant.

Arrivés à côté du buisson bruyant, Renard s'agenouilla auprès d'une petite fille rousse qui sanglotait dans la verdure. Elle ne semblait pas avoir plus de 6 ans. Sa robe était déchirée et sa peau griffée par les branchages. Son corps et ses vêtements étaient maculés de boue. Elle semblait toutefois être en bonne santé.

— Bonjour, commença l'ex-militaire peu à l'aise face à une enfant. Tu es toute seule ?

La petite fille jeta un regard apeuré dans sa direction avant de s'accrocher à celui de Charlotte. Renard fit signe à sa coéquipière de prendre son relais. L'éducatrice accepta avec grand plaisir, fière de se sentir réellement utile pour une fois.

— Bonjour, dit la jeune femme. Comment tu t'appelles ?

— Je m'appelle Jeanne.

— Moi c'est Lapine, et lui, c'est Renard.

— Comme les z'animaux ?

— C'est ça, comme les animaux.

— C'est rigolo.

— Quelqu'un t'accompagne ?

— J'étais avec ma maman. Papa nous a chassées de la maison pour nous protéger. Sauf que le méchant monsieur nous a retrouvées. Alors maman m'a cachée dans le buisson, et elle m'a dit de l'attendre sans bouger et sans faire de bruit. Elle m'a dit qu'on jouait à cache-cache et qu'il fallait absolument gagner. Sauf que ça fait longtemps, et j'ai peur qu'elle oublie de venir me rechercher. J'ai faim, j'ai soif, je veux faire pipi, et j'ai mal partout sur mon corps, mais surtout sur mes jambes. Regarde, le vilain buisson il m'a toute abîmée.

— Ma pauvre petite ! J'imagine que tu dois avoir très peur. Tu sais depuis combien de temps tu attends ?

— Non je sais pas. Je sais pas lire l'heure, et puis de toute façon j'ai pas de montre.

— Elle ne devrait pas être si loin que ça, ta maman. On va t'aider à la chercher. Tu peux nous faire confiance, on est gentils.

— Ça se voit, vous z'êtes plus souriants que les méchants monsieurs qui sont venus rechercher ma maman. Et toi tu es très belle.

Sourire aux lèvres, rose aux joues, Charlotte tendit sa main à Jeanne qu'elle attrapa avec hâte. Ce contact chaud et rassurant était porteur pour elle de l'espoir de revoir sa maman. De son côté, Renard prit sa gourde d'eau et deux barres de céréales hyperprotéinées qu'il tendit à la petite fille qui ne traîna pas pour les avaler goulûment et se rincer la bouche avec l'eau fraîche.

— Par où est partie ta maman ? lui demanda doucement Charlotte.

— Par là-bas, pointa Jeanne en direction d'un petit bois.

Sans attendre plus longtemps, le duo devenu désormais un trio, se mit en route. Ils pénétrèrent dans la forêt avec la petite Jeanne. Aussitôt, ils furent confrontés à la première difficulté. Quel chemin prendre ? Le sentier se séparait en trois voies différentes. Pourvu que la petite connaisse cet endroit.

— Tu sais quel chemin ta maman a pu prendre ? demanda Charlotte avec espoir.

— Je crois qu'elle est partie par la droite, fit la fillette en pointant la gauche.

Perplexes, mais n'ayant pas d'autre piste à suivre, les deux adultes entraînèrent Jeanne dans la direction désignée par le doigt. Foutus pour foutus...

Ils marchèrent longtemps, longtemps, longtemps. Sans croiser âme qui vive.

De sa petite main, Jeanne interpella Charlotte en tirant sur son t-shirt.

— Oui ? interrogea la jeune femme la tête embrumée par la douleur.

— J'ai trop trop mal aux jambes. J'ai encore soif, et je commence à avoir encore faim.

— Tu as raison, il est temps de faire une pause. J'ai mal au dos à cause de mon gros sac, et j'ai aussi faim et soif.

— Je veux aussi faire pipi.

— On va s'occuper de tout ça.

Le trio, qui ressemblait à une petite famille en promenade dans les bois, s'arrêta un instant. Avec une grimace de douleur, Charlotte fit glisser son sac jusqu'au sol, imitée par Renard.

— Ça va ? lui demanda ce dernier en apercevant son expression torturée.

— Oui. Ça va très bien. Quatre jours de marche avec ce sac sur le dos m'épuisent un peu, mais je suis encore en forme. Je suis encore capable d'avaler des dizaines et des dizaines de kilomètres comme ça.

Arrête d'abuser, se disputa-t-elle intérieurement, le mensonge est trop gros pour passer, et il est hors de question qu'il s'inquiète pour toi. Il ne va quand même pas se saisir de cette faille pour revenir comme une fleur après ce qu'il a fait.

Renard n'était pas dupe. Il avait compris qu'elle mentait. Mais il ne releva pas. Ce n'était pas le moment de déclencher une dispute devant la petite fille abandonnée.

Renouant un instant avec son ancien métier, Charlotte aida la fillette à satisfaire ses différents besoins. Une fois que ce fut chose faite, elle la laissa se reposer le temps de s'étirer et d'apaiser son dos et ses épaules douloureux.

Quatre longs jours que cette infernale torture durait. Et d'après Renard, il leur en restait au moins autant. Jamais elle ne tiendrait le coup. Elle était bien trop endolorie pour ça. Elle se trouvait dans une impasse.

— On continue à avancer ? fit la voix de la fillette qui tira Charlotte de ses pensées. Sinon on va rater ma maman.

— Oui, lui répondit la jeune femme, on y retourne.

— Tu connais ce chemin ? demanda Renard qui commençait à être sceptique quant à leurs possibilités de remettre la main un jour sur la mère.

— Pas du tout. Mais c'est très joli.

Les deux adultes durent prendre sur eux pour ne pas montrer leur dépit à l'enfant qui comptait sur leur soutien. Trop tard pour faire demi-tour, il fallait qu'ils continuent sur leur piste. Ils finiraient bien par trouver d'autres humains qui sauraient les guider un peu plus efficacement que la fillette.

La nuit les rattrapa finalement. Ils étaient presque sortis de la forêt quand ils décidèrent de planter leurs tentes. Après un bref repas froid partagé sur l'une de leurs dernières rations, ils étaient prêts à aller se coucher.

— Je vais dormir avec Jeanne, annonça Charlotte. On se tiendra chaud dans le sac de couchage.

— Je vous laisse le mien, fit Renard. Il fait suffisamment doux, je n'en ai pas besoin.

— Les nuits sont encore fraîches, hors de question que tu t'exposes autant au froid. Si tu tombais malade ou si... si... bref, on a besoin de toi. Je ne suis pas une survivaliste ni même une ancienne militaire, je ne saurais pas survivre seule dans la nature.

Ça avait coûté moralement cher à Charlotte d'avouer sa faiblesse. Mais elle ne voulait pas non plus le laisser faire l'imprudent. Leurs vies en dépendaient.

— Vous aurez assez de place dans un seul sac sage de couchage ? s'assura-t-il avec méfiance.

— Oui, lui répondit Charlotte. Ne t'en fais pas, on aura la place. Allez, bonne nuit.

Tous trois allèrent se terrer dans les tentes. La jeune femme était toujours froide et distante. Même s'il ne voulait pas se l'avouer, cela blessait profondément l'ex-militaire. Il voulait lui parler, s'excuser, lui expliquer, renouer. Il ne voulait surtout pas qu'elle reste avec cette image du monstre sans cœur qu'elle s'était sûrement forgée. Mais en même temps, cette image n'était-elle pas plus proche de la réalité qu'il n'osait se l'avouer ?

Aussi désagréables soient-elles, ces émotions péniblement retrouvées faisaient du bien à Renard. Il avait l'impression de renouer avec son humanité. Il se sentait capable de faire la paix avec son passé. Mais le chemin était encore long avant que la résilience ne soit réellement efficace. À présent, il en était certain, Charlotte n'y était pas pour rien dans ce renouveau.

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