Quand Gabriella Monverdit passa dans le hall principal pour se rendre dans la salle de repos où se trouvait la machine à café, elle vit Madame Calcino entrer dans son bureau. La jeune femme regarda sa montre. Il n'était que huit heures ? Avec tout ce qui c'était passé, elle avait l'impression que plusieurs jours étaient passés, ce qui était bien évidemment impossible.

Gabriella se fit un café. Elle se dit que Raffaelo en voudrait peut-être un aussi.

– Il ne vous a pas tout dit.

La jeune femme sursauta et se retourna. C'était la secrétaire, Madame Calcino.

– Qu'avez-vous dit ?

– Monsieur Raffaelo ne vous a pas dit qu'il aimait le café corsé. Prenez-lui un expresso sans sucre.

– Ah... Merci.

Gabriella prit les cafés et partit précipitamment. Elle sentait sur son dos le regard insistant de la secrétaire. Et les mots qu'elle avait prononcés résonnaient dans sa tête. ''Il ne vous a pas tout dit.''. Parlait-elle seulement du café ? Et si non, est-ce qu'elle devait la croire ? Mais pourquoi Raffaelo lui cacherait-il des informations importantes ?

– Mademoiselle Monverdit. Je vois que vous m'avez apporté un café.

Gabriella sursauta pour la seconde fois de la journée. Elle réussit l'exploit de ne pas renverser du café brûlant sur son employeur. Pierre se saisit de l'expresso sans attendre de réponse.

– Vous marquez des points. Comment avez-vous su que je ne buvais que du café fort ?

– En fait...

– Vous savez quoi ? Cela n'a pas d'importance. Mettons-nous au travail.

Gabriella rentra chez elle après une longue journée de travail. Elle s'assit à son bureau et sortit de sa poche une clé USB verte avec un autocollant dessus. En regardant de plus près, on reconnaissait le symbole de la médecine : deux serpents entremêlés. Et cette petite clé contenait toutes les informations qu'avait rassemblé Raffaelo. Sa jeune assistante l'avait prise sans lui demander, dans l'espoir d'en apprendre plus sur le N4. Et aussi... Gabriella voulait s'assurer le scientifique ne lui cachait rien. Madame Calcino avait réussi à semer le doute dans son esprit. Alors elle passa la nuit à lire des rapports, des centaines et des centaines de données. Malgré l'atrocité de telles expériences, Gabriella ne put qu'admirer le travail de l'équipe de scientifiques. Il fallait une grande connaissance de la chimie et de la médecine pour comprendre ces fichiers. Et beaucoup de temps pour réaliser toutes ces expérimentations. Quand le N4 avait-il été créé ? Les rapports dataient de l'année dernière.

À deux heures du matin, la jeune femme se fit un rapide sandwich au fromage et un café. Elle finit par arriver à la fin du dernier des rapports vers quatre heures et demi. Et elle découvrit enfin quelque-chose d'intéressant. La liste des scientifiques qui avaient participé à la création du Némésis 4. Ils étaient seulement quatre : Horril Alexander, Lyzt Sandra, Ossvar Bernard, Raffaelo Pierre.

Gabriella Monverdit arriva au travail à huit heures pile. Elle n'avait quasiment pas dormi. La jeune femme entra précipitamment dans la salle où Raffaelo était. Il observait des substances au microscope et prenait des notes. Son calme irrita Gabriella. Comment osait-il être aussi tranquille alors que partout dans le monde un mal encore caché détruisait des vies par sa faute ?

– Mademoiselle Monverdit, je vous ai fait une fiche pour les tâches de la journée. Si vous avez des questions, gardez-les pour vous, car je ne souhaite pas être dérangé. Déclara Pierre en faisant un petit geste de la main.

– Quel dommage, j'avais préparé des milliards de questions juste pour vous.

Gabriella brandit la clé USB comme une accusation.

– Commençons par celle-ci : comment se fait-il que vous soyez l'un des quatre scientifiques à avoir créé le Némésis 4 ?!

– Attendez, vous avez volé ma clé USB ? S'étonna Pierre Raffaelo.

– Répondez à ma question !

Le grand scientifique soupira et se rapprocha de Gabriella de façon menaçante, comme pour l'acculer face à ses responsabilités et dos au mur de la vérité.

– Gabriella, je vous faisais confiance, et vous, vous avez pris sans m'en parler des données d'une importance capitale.

– Vous m'avez menti. Comment puis-je vous être d'une quelconque aide si vous me cachez des informations ? Répliqua la jeune femme.

– Vous savez très bien ce qu'il va se passer maintenant.

– Et qu'allez-vous faire ?

– Je suis dans l'obligation de vous renvoyer. Répondit Pierre.

– Vous avez besoin de moi.

– Vous êtes remplaçable.

– J'en sais beaucoup trop pour que vous puissiez vous débarrasser de moi sans conséquences.

– Peut-être devrais-je vous tuer pour vous taire. La menaça-t-il.

– Vous n'êtes pas comme ça.

– Qu'en savez-vous ? Vous ne me connaissez même pas.

– Quel genre de personne met au point une bactérie mortelle pour ensuite changer d'avis et chercher le moyen de détruire sa propre création ? Je vais vous le dire. Vous êtes le genre de personne qui a des regrets, alors jamais vous ne pourrez tuer quelqu'un de sang froid.

Gabriella rendit à Raffaelo sa clé USB tandis que celui-ci la fixait d'un regard mécontent.

– Très bien. Je vais tout vous raconter. Mais pas ici.