5
– L'alcool, c'est meilleur.
Gabriella ne savait plus quoi penser de son employeur. Peut-être que Pierre Raffaelo n'avait pas toute sa tête.
– Je vois à votre expression faciale que vous êtes inquiète pour ma santé mentale. Je vous rappelle que les quatre tubes à ma gauche peuvent annuler les effet des tubes présents à ma droite. Alors commencez l'expérience.
– D'accord... Comment vous sentez-vous ? Demanda-t-elle après avoir sortit un calepin.
– Très bien.
– Vous seriez capable de commettre un acte violent ? Est-ce que vous détestez quelque-chose ?
– Vous voulez dire, à part mon ex-femme ? Je ne crois pas, mais ça n'a rien de nouveau, je ne ferai pas de mal à une mouche... Sauf si ça peut être utile à mes expériences. Tenez, vous n'avez qu'à essayer de me mettre en colère, pour voir. Proposa Pierre.
– Je déteste votre barbe.
– Vous êtes sérieuse ?
– Oui, ça fait combien de temps que vous n'avez pas touché à un rasoir ?
– Je ne sais plus. Mais si vous pensez me mettre hors de moi avec des attaques sur mon physique, vous vous trompez. Ce genre de choses ne m'atteint pas.
Gabriella était dans une position délicate. Comment faire pour satisfaire son patron sans pour autant vraiment l'énerver ? Elle ne voulait pas que sur un coup de sang il la renvoie. C'est pour cela qu'elle hésitait à vraiment le mettre en colère.
– Attendez, Mademoiselle Monverdit... Vous détestez vraiment ma pilosité faciale, couramment appelée «barbe» ?
– Hé bien, pour être honnête...
– Je le savais ! J'ai été trop bête ! Il faut que je soigne mon apparence, ce n'est plus possible ! Comment ai-je fait pour être aveugle à ce point ! Mon physique répugne ! Il agresse les yeux de mon auditoire ! Je ne suis qu'un moins que rien... J'ai si honte...
– Monsieur Raffaelo, ne vous dénigrez pas ! Vous êtes le meilleur savant que je connaisse, vous avez fait des travaux remarquables, tant en biologie, en chimie expérimentale ou en physique quantique ! Vous êtes...
– Ne dites pas un mot de plus. Je sais ce que vous pensez de moi.
– Vraiment ?
– Oui. Vous, et tous les autres, vous pensez que toute ma carrière repose sur le génie de ma femme. Et je dois l'avouer, sans elle jamais je n'aurais réalisé les plus grandes de mes découvertes... Et elle a finit par me quitter, quand elle s'est rendue compte que je ne valait rien... Et qu'elle en a eut marre de ma barbe mal rasée. Je suis inutile, c'est pour ça que personne n'a jamais voulu de moi.
L'employeur de Gabriella se comportait vraiment étrangement. Elle réfléchit un instant. Pourquoi était-il si différent ? En temps normal, il était imbu de lui-même et tout sauf fataliste. Comment peut-on changer aussi brutalement de personnalité ?
– Monsieur Raffaelo ! Qu'avez-vous bu exactement ?
– Premier échantillon, le bleu. Les molécules et les ions agissent directement sur le système nerveux. Une zone précise du cerveau est stimulée. C'est celle qui contrôle les émotions.
– Quoi ? Vous avez avalé une solution ionique sans test préalable ? C'est dangereux !
– J'ai fait des test sur rongeurs, ils n'en sont pas morts. Mais qui suis-je pour faire des expériences sur des animaux innocents ? Je m'en veux tellement, si vous saviez ! Qu'est-ce qui m'est passé par la tête ?
Pendant que Pierre se lamentait sur son sens moral inexistant, Gabriella prit le tube de gauche qui correspondait à celui avalé précédemment. Elle le tendit à Raffaelo.
– Si vous voulez réparer tout le mal que vous avez fait et enfin servir à quelque-chose, buvez ça.
Il ne se fit pas prier et avala tout le contenu du tube. Ensuite, il s'assit sur une chaise tournante et fixa Gabriella. Il avait repris son air sérieux habituel.
– Conclusion de l'expérience ?
– La solution augmente fortement le sentiment de remord, de manque de confiance en soi et à forte dose pourrait entraîner un état dépressif grave.
– Je vois que vous avez été attentive, je vous en félicite. Maintenant, dites-moi : est-ce que nous avons trouvé le Remède ?
– Non. Nous avons trouvé comment accentuer le mal-être d'un personne, c'est tout. Par désespoir, elle pourrait causer du mal à autrui ou à elle-même.
– Notez tout sur cet ordinateur.
Gabriella Monverdit se mit à taper furieusement sur les touches du clavier. L'inconvénient quand on est assistante, c'est de devoir s'occuper de la paperasse et des rapports d'expérience. Pierre l'observa discrètement en regrettant de s'être comporté comme un idiot sous l'effet du tube bleu. Il devait avoir perdu toute crédibilité devant sa jeune employée. Il avait été à la limite de l'hystérie pour une histoire de... barbe ! Et dire qu'il avait créé un produit qui augmentait la tristesse... Comme si celle qu'il éprouvait depuis que sa femme l'avait quitté ne suffisait pas.
– Bien, passons au tube suivant. Déclara-t-il pour penser à autre chose.
Le scientifique attrapa le second tube et le porta à sa bouche.
– Attendez !
Raffaelo tourna la tête et regarda la jeune femme avec un air de reproche dans les yeux. La science n'attends pas.
– Qu'est-ce qu'il y a ?
– Je... J'aimerais que vous me disiez ce que contient ce tube. Je dois avouer que votre réaction au premier m'a un peu surprise...
– Si je le savais, est-ce que je le testerai sur moi ?
Il l'avala sans hésitation. Les effets furent immédiats. Pierre ressentit une immense douleur à la tête et tout son corps se mis à trembler.
– Notez bien les effets secondaires... Murmura-t-il. Il prit sa tête dans ses mains et tomba sur le sol.
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