Chapitre 2
Trois hommes et deux femmes. Ils avaient tous la même tenue noire de la tête au pieds et rapprochée du corps pour faciliter les mouvements. L'une des femmes s'approcha. Elle était au moins aussi vieille que le monde mais pourtant elle se déplaçait avec une grande agilité. Ses cheveux blancs étaient attachés en un chignon extrêmement tiré. Ses yeux bleu ciel se fixèrent sur moi et la peau ridée de ses joues pâles s'étira tandis que sa fine bouche formait un sourire rassurant.
-Je suis Shi-Waer, se présenta-elle. Ne t'inquiète pas, tu es hors de danger.
-Comment t'appelles-tu ? me questionna un garçon, sans d'un ou de deux ans plus vieux que moi.
Ses yeux rieurs m'observaient comme si j'étais un animal de foire. Ils étaient eux aussi bleus mais d'un bleu différent... océan aurait dit ma mère. Moi je ne pouvait pas comparer. Je n'avais jamais vu l'océan. Ses cheveux bruns en bataille étaient plus qu'ébouriffés et une mèche lui tombait devant le visage jusqu'à son nez droit. Il avait une peau dorée, bronzée, tannée par le soleil. Il avait la carrure d'un acrobate. Musclé et élancé. Bien en appui sur ses jambes. Il ne devait avoir aucun mal à sauter ou voltiger. Ses lèvres étaient incurvées en un sourire malicieux et faisaient apparaître une petite fossette au niveau de sa pommette.
Évidemment je ne répondis rien, je n'étais pas complètement naïve. Je me souvenais des recommandations de mes parents que j'avais moi-même tant de fois répétées à Lucas après leur disparition : "Ne parle pas aux inconnus, ne leur dévoile rien."
-Elle doit être encore sous le choc, dit la femme qui disait s'appeler Shi-Waer, elle paraissait âgée, mais son sourire doux apportait une sérénité rassurante à son visage.
-Tu crois ? demanda un autre jeune homme.
Il devait avoir le même âge que l'autre ou être un peu plus âgé. Pourtant il semblait moins fanfaron, plus sérieux. Il avait l'attitude d'un soldat : se tenant droit un peu comme une position de défi, la main posée sur une arme, un GUN-XO-9856 probablement, les plus courantes des armes vendues de nos jours. Il devait suffisamment musclé pour pouvoir porter au moins deux ou trois moi (même si j'étais petite et maigre, je devais peser au moins 45 kg). Sa peau à lui aussi était tannée par le soleil mais elle avait du être plus claire que celle de l'autre. Mais contrairement à l'autre, il avait des yeux verts et des cheveux caramels coupés courts, au ras de son crâne.
-Elle dort depuis 5 jours quand même, quelle flemmarde ! se moqua-t-il gentiment et maintenant qu'elle est réveillée, elle ne parle pas.
-Soit patient, lui demanda un autre homme, le dernier âgé d'une cinquantaine d'année.
Il avait lui aussi des cheveux coupés ras mais les siens étaient grisonnants aux tempes et quelques cheveux blancs se perdaient dans la masse de cheveux sombres. Ses yeux marrons reflétaient une autorité sans pareille. C'était le type d'homme qui dirigeaient ses hommes dans l'action même. Je me demandai s'il était le chef de cette unité de... de quoi au fait...
Il resta là pensif, me détaillant...
Soudain, le premier garçon, le malicieux, prit la parole:
-Salut, moi c'est Kilian et l'autre abruti c'est Rayan (il désigna le "soldat"). Fais pas attention à lui, il est toujours aussi sympa que moi.
-Fais gaffe à ta peau Kil, elle pourrait être accidentellement abîmée, plaisanta ledit Rayan avec une voix tellement sérieuse qu'on aurait pu croire qu'il allait mettre sur pieds sa menace.
-Quoi ? Mais t'es cinglé ! s'écria "Kil".
-Ouais, comme tous les autres tarés de ce trou de mer...
La fin de sa phrase disparut en un gargouillement peu ragoûtant sous la main de Kilian. Rayan lui jeta un regard noir.
-Chut, tu vas lui faire peur avec ton langage de naze.
-Quoi ! t'es gonflé, lui répliqua aussitôt Rayan, passablement indigné.C'est ta face qui va la terrifier, tu t'es regarder !
-Eh ! C'est pas cool, ça. La jalousie est un vilain défaut, Ray. Philosopha, le jeune homme appelé Kilian, un sourire goguenard aux lèvres.
Ils continuèrent à se chamailler pendant quelques minutes, jusqu'à que je toussote, signe que je voulais prendre la parole. Ils semblèrent alors se souvenir que, hé oui, j'étais malheureusement là.
-Bon...bonjour, articulai-je difficilement, je m'appelle Alysiora.
-Ouais ! Victoire, hurla Kilian, et je me sentis devenir toute rouge.
-Bon, vas-y, lâche-toi, continue, m'enjoignit Rayan.
Et, soudain prise d'une envie d'être écoutée, comprise, je leur racontai toute ma vie.
Depuis le début. Tous sauf Lucas. Je ne savais pas quelle envie m'avait prise de faire confiance à ces inconnus, mais je le fis. Et quand j'eus fini, je me dis : "J'ai transgressé la règle." Quelle pensée idiote.
-La vache, qu'est-ce que ton histoire est triste, me plaignit Kilian, ce dont je ne lui en tins pas rigueur.
-Je suis désolée, Alysiora, me dit Shi-Waer qui semblait avoir mystérieusement retrouvé la parole.
Mais elle resta ensuite dans ses pensées et je me dis que leur vie avait dû aussi être dure que la mienne si ce n'était plus. Après tout moi j'avais été logée, nourrie, aimée et eux n'avaient pas l'air d'avoir vraiment de chez eux.
J'en profitai pour observer la dernière femme, celle qui n'avait pas desserré les dents une seule fois. Grande, fine et faite pour le combat. C'était les mots qu'on pensait en la voyant. Elle devait avoir trente ans maximum. Une mâchoire carrée, un visage dur, méfiant et glacial aux yeux gris clairs et encadré de cheveux blond platine lisse comme du verre, attachés en queue de cheval. Elle avait un GUN à la ceinture et deux poignards accrochés aux cuisses. Et sans doute d'autres dans ses bottes qui lui montaient jusqu'aux mollets. Voyant que je l'observais, elle me jeta un regard glacé et je me détournai, intimidée.
-Je vous ai TOUT dit, affirmai-je, me sentant tout de même coupable pour ce petit mensonge. Maintenant où sommes-nous ? leur lançais-je à la figure, pour cacher ma culpabilité.
L'homme d'âge mûr prit la parole :
-Tu es chez nous, cela ne te suffit pas de le savoir, jeune fille ?
-Whooo, du calme, lui dit Kilian, Al, ça te dérange pas que je t'appelle "Al" ?
-N...non, t'inquiète, bafouillai-je.
-Formidable ! s'exclama-t-il avec un peu trop d'enthousiasme à mon goût. Bon, Al, voici le "the Big boss" de la maison: Tadadam ! Il se nomme : ... Alexandre.
-Hein quoi ? fis-je, pas très réveillée.
-Heu... il s'appelle Alexandre, répéta Kilian comme s'il parlait à une demeurée.
-Tu n'aimes pas mon nom, fillette ? Me demanda t-il d'une voix posée, mais où je décelais une certaine animosité.
-Non, c'est pas ça, me récriai-je, gênée, je m'attendais juste à quelque chose d'un peu plus... heu... je sais pas moi : intimidant..
.
Rayan leva les yeux au ciel et Kilian tomba par terre, plié en deux.
-Ça va ? s'inquiéta Shi-Waer.
-Kil ?
Son rire se répercuta sur les parois. Il se releva toujours mort de rire et dit:
-Haa haaa hi hihihihi ! Comment elle a fait ! Sans problème en plus ! La "fillette" a tenu tête à "Alex le Grand, l'Intimidateur" ! Haaaaaaaa, et il s'écroula à nouveau de rire.
Shi-Waer sourit et me confia :
-Entre nous, Alex peut être vraiment intimidant.
Kilian se tapait toujours la cuisse et cela commença à m'irriter. D'accord, j'avais fait une gaffe mais pas la peine d'en faire autant !
-Bon, laisse tomber, elle est avec nous maintenant, dis-le lui, soupira Rayan alors que son camarade redevenait subitement sérieux.
Silence total, tous les yeux rivés sur Alexandre.
Ce fut Shi-Waer qui me mit au courant:
-Bienvenue chez nous. Nous sommes la bande de quelques centaines de fous qu'on appelle "Les Libérateurs".
Ah.
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