Chapitre 10
Ne pas savoir quand l'ennemi allait arriver ou même s'il allait arriver. Rester sur le pied de guerre, armes jusqu'aux dents, sans pouvoir rien faire d'autre qu'attendre encore et encore. Des heures durant. Des jours et même des semaines. Le pire c'était le silence. Ce silence, on entendait que lui, ou plutôt personne ne parlait. La base était pourtant prête à subir l'assaut, mais rien ne venait. L'horizon restait obstinément vide. Aucun vaisseau, aucun robot.
Et moi j'étais là, à attendre le début d'une bataille qui n'allait peut-être pas avoir lieu. Pratiquement toutes les bases rebelles éparpillées dans le monde à étaient en état d'alerte. Mon rôle c'était de protéger les femmes et les enfants, au péril de ma vie. On m'avait tout de même donné une arme. Et à mon plus grand bonheur, je n'étais pas seule (en même temps une seule pauvre fille avec un GUN n'allait pas pouvoir faire grand-chose) devant ce hangar noir qui, je l'avoue, me faisait presque plus peur que la bataille imminente, peut-être n'avais-je pas encore réalisé que je pouvais mourir ? Vraiment mourir.
Arrête de penser, arrête de penser Al, pensais-je justement.
Je me mis à faire les cents pas devant la porte du hangar derrière laquelle se trouvaient les civils. J'avais le cerveau qui se rongeait lui-même de l'intérieur à cause sur stress et des questionnements.
-Un, deux, trois. Un, deux, trois, quatre, comptai-je à haute voix.
Mon "coéquipier" me regarda bizarrement. Enfin, peut-être qu'il ne me regardait pas particulièrement, il faisait tellement sombre que je pouvais à peine distinguer mes pieds et mes mains. Le hangar était situé en sous-sol. Le résultat, c'était que seule une minuscule fenêtre à barreaux, qui donnait sur la cour, laissait passer la lumière. Je me retournai vers mon compagnon, je connaissais quelques trucs sur lui. Déjà, il faisait partie de mon escadrille. Ensuite, il s'appelait Dani McEnsor, il était plus agé que moi de trois ou quatre ans et avait grandi ici (quelle joie !). Pour le reste je le trouvais grognon, silencieux et grand ! Il avait au moins deux têtes de plus que moi, qui ne suis pourtant pas si petite. Un vrai géant ! Il était tellement grand que je me surpris à penser qu'il était peut-être le fils d'Alexandre, qui sait, Dani-le-grand-fils-d'Alexandre-le-Grand.
Pfff... n'importe quoi, soupirai-je mentalement. Et voilà, je deviens complétement marteau et ennuyeuse. À vrai dire je m'ennuie très bien toute seule. Pas besoin d'aide.
Soudain, une voix de haut-parleur interrompit mes réflexions :
Rendez-vous, et aucun mal ne vous seras fait. Nous ne voulons pas vous causez de tort.
Inutile ne précisez que les rebelles ne décidèrent point de se rendre. Et que même s'ils le faisaient ils deviendraient des esclaves et mouraient quelques années plus tard. À choisir, je suppose que la première option est la plus rapide et donc le mieux.
-Allez vous faire foutre les boîtes de conserves !
-À mort les tas de ferrailles !
-Votre indulgence vous pouvez vous le mettre où je pense !
Ces quelques commentaires de soldats me parvinrent aux oreilles. Cela me fit sourire. Au moins, ils avaient la force de se battre.
Des robots de combat, pas très futés mais suffisamment pour être bien alignés sortirent d'un vaisseau IA (bon moi qui étais dans le sous-sol je n'ai rien vu mais Kil et les autres m'ont raconté)
Et la bataille commença...
Des cris nous sont parvenus, plus des hurlements de douleurs. Je cherchai à regarder par la lucarne mais j'étais bien trop petite, je sautais mais ne réussissais à apercevoir des bouts du combat.
-Arrête, s'il te plaît. Tu me donnes mal au cœur à t'échiner ainsi, me réprimenda mon partenaire.
Mais, je voulais voir et je continuais de sautiller comme une abrutie.
Il soupira.
-Pas croyable, dit-il. On m'avait dit que tu étais entêtée, mais à ce point-là, ça relève de la maladie, marmonna-t-il dans sa barbe. Arrête, tu vas t'épuiser, garde tes forces pour combattre. On le fera sûrement.
-Je... Han !... veux... voir !
-Bon, monte sur mes épaules.
-Quoi ? haletai-je en arrêtant un instant de sauter mes trois pommes de hauteur.
-Si tu veux voir, monte sur mes épaules et décris-moi ce que tu vois, je veux aussi savoir ce qu'il se passe, reprit-il comme si j'étais une demeurée. Allez, reste pas béate comme ça tu vas finir par avaler des mouches.
Il s'accroupit pour que je puisse monter sur ses épaules, et se releva. Je tanguai un instant et agrippai les barreaux.
-C'est moche. Il y a pleins de vaisseaux qui sont arrivés, lui dis-je.
-Combien ? grogna-t-il.
-Cinq ou six, je crois.
-La vache. Ils ont amenés tout leur armada ou quoi ?
-Dani, on devrait sans doute y aller, non ? fis-je en me mordant la lèvre face au spectacle qui s'étalait sous mes yeux.
-Non ! On doit surveiller le hangar.
-D'accord, acquiesçai-je à la fois soulagée et inquiète.
Mais quelques minutes plus tard...
-Dani, ils ont pénètres dans la cour !
Une pointe de peur perçait dans ma voix. Les robots avaient forcé le passage.
-On doit aller les aider !
Je n'y tenais plus.
-Non ! On doit garder le hangar et protéger les civils qui sont là-dedans, répéta-t-il mais je sentais son envie d'y aller.
-On pourra pas les protéger si on est tous seuls face à un million de bouts de fer sur pattes ! Faut y aller, bouge-toi, chef. Fais-moi descendre, commandai-je.
-Non, on doit rester, s'obstina-t-il.
(Il voulait la jouer fête de mule, lui ! Face à moi !)
-Ils se font massacrer !
Cette fois, j'avais hurlé.
-Heu...
Je voyais bien qu'il était coupé en deux les ordres ou l'instinct.
-Punaise !
(Whaaa, la méga insulte)
-Qu'est-ce qu'il se passe ?
-Je vois plus rien ! Y'a un cadavre devant la fenêtre
-Hein, pousse-le !
-T'es cinglé, il est mort ! C'est un des nôtres. On n'a pas le droit !
-Bébé !
-Toi-même ! (mental : deux ans)
Je le poussais, surmontant mon dégoût et ma peur de voir. Et découvris que pendant les quelques itinérants où je ne voyais plus rien, la cour avait pris une teinte rouge.
-Putain ! ON DOIT VRAIMENT Y ALLER, OÙ LE NOMBRE DES REBELLES VA SE RÉDUIRE À DEUX ! ILS ONT BESOINS D'AIDE !
-Et cette aide elle va venir de nous peut-être ? m'a t-il charriée.
-Lâche ! T'es qu'un lâche comme tous les autres !
J'avais touché la corde sensible de pratiquement tous les mecs. Il sortit immédiatement hors de ses gonds.
-Oh... et puis d'accord, on fonce !
Il me reposa et nous courûmes à toute allure vers la sortie.
Je poussai la porte d'un geste brusque.
La bataille faisait rage. Non, ce n'était plus une bataille, c'était un massacre, un pur carnage ! Des corps traînaient d'un bout à l'autre de la cour. Les cris et les ordres se mêlaient entre eux. Pour chaque robot tué, trois défenseurs tombaient, et un nouveau le remplaçait. Je n'avais jamais vu la guerre sous cette forme-ci ! Non, là, la pitié n'existait pas et la mort rôdait, prenant les vies les unes après les autres.
Je restais là bêtement plantée devant ce terrible hécatombe. Soudain, un robot se rua sur moi.
-Paveeeeeeel ! hurlai-je.
Je balançai des coups de feu au hasard vers le robot, dont un fini par le toucher et le mettre à terre en pièces détachées
Le jeune garçon avait été́ blessé à ma place. C'était sous mes yeux que le robot lui avait tiré́ une balle qui aurait dû me transpercer, avait déchiqueté́ le torse de mon ami. Moi, j'étais bloquée. Complétement incapable de faire quoi que ce soit. Du sang et des morts partout, c'était trop pour moi, la petite simplette qui se croyait guerrière. Pendant ce temps, un enfant mourait et je ne fis rien. Rien du tout. Je pris conscience de ce qui c'était passé et m'agenouillai par terre à ses côtés. Mortifiée.
-Pa...Pavel, je t'en prie, reviens. Tu ne peux pas mourir, sanglotai-je.
-Al... faut pas que tu pleures, j'ai réussis, je t'ai sauvé. Et puis, ça fait pas mal... pas vraiment, fit la voix de Pavel.
Elle n'était guère plus qu'un râle. Mais ça me redonna de l'espoir.
-Tu veux bien chanter ?
Chanter ? Pourquoi ? Ce n'était vraiment pas le moment ! Mais c'était, lui qui était allongé au sol.
-S'il te plaît ?
J'enlevai ma veste et la pressait contre sa blessure, réagissant enfin.
-Al ? Je suis heureux que tu sois ici. Avec moi.
Il avait fermé les yeux.
-Tu sais tu as été ma seule véritable amie. Ces quelques semaines passées avec toi, ont été vraiment cool.
-J...Je...
Je ne savais pas quoi dire.
-Ne parle pas, chante.
-Je suis désolée. Je n'aurais pas dû remis-je à pleurer.
-Chante.
Sa voix était faible, presque un murmure.
-D'accord, dis-je en inspirant.
Et je commençai à chanter un air mélancolique, l'histoire d'un frère et d'une sœur qui ne pouvaient vivre ensemble, car la fille était accusée d'être maléfique. Et finalement elle finit par mourir dans les bras de son frère. Je mis tout mon cœur dans cette chanson. Lucas, Pavel, et tous ces morts. Autour de moi, les corps s'amoncelaient. Le rouge couvrait tout. Les robots n'avaient aucune pitié.
Je n'avais pas voulu ça. Mais c'était moi qui les avais poussé à se battre. C'était ma faute.
-C'était beau, merci Al...
Ce furent ses derniers mots.
Et c'est ainsi qu'au terme d'une trop courte vie, alors que je ne le connaissais pas encore assez, qu'un jeune soldat âgé d'environ quatorze ans, perdit la vie. Et surtout, il la perdit pour moi. Pour moi. Il s'était fait tué à cause de moi.
Ces mots résonnaient dans ma tête. C'était ma faute, tout était de ma faute.
L'horreur se peignit sur mon visage.
Je l'avais tué.
Tout autour, de moi des gens continuaient à tomber, à mourir. Des gens qui avaient une famille, un espoir, un but, des gens qui ne verraient plus le soleil se coucher. Des gens dont les voix ne résonneraient plus dans la base. Ces gens, je ne les connaissais pas, et pourtant d'une certaine manière il faisait partie de ma famille, ils étaient ma famille. Et je les avais tué.
Si personne ne les arrêtaient, les IA détruiraient tout ce qu'il y avait de bon dans ce monde. Elles le rongeraient jusqu'à ce qu'il s'éteigne de la même façon que tous ces gens. Connus ou inconnus. Tous finiraient par périr.
Ma colère, celle qui brûlait dans mon intérieur, celle qui habitait tout mon être, enfla, grossit jusqu'à atteindre des proportions gigantesques et pour finir elle
EXPLOSA !
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro