Amelia n'aime pas que je commence sa fiche par l'appeler Amelia : elle n'aime pas son prénom et ses consonances princières. Ce qu'elle est, pourtant.

Princesse Amelia Locks. Cela a l'effet de la faire entrer dans une rage folle - c'est si facile, malgré les airs détachés qu'elle se donne. Fille du Roi Armand et de Boucle d'Or, illustre personnage de conte de fée dont la notoriété ne vient que du fait qu'une fois dans sa vie, elle a fait preuve de curiosité et s'est retrouvée confrontée à des ours. Sa survie a pour origine la mansuétude de ces derniers, et non le talent de « l'héroïne ». Ce que n'a de cesse de lui rappeler sa fille.

En effet, mère et fille entretiennent des relations conflictuelles. Amy - diminutif par lequel elle préfère se faire nommer - déteste tout ce qu'est et représente sa génitrice. Une vie prévisible, un mariage sans amour, un bonheur illusoire et le tout dans les convenances. Quand à Boucle d'Or, elle se désole de voir son unique fille prendre un comportement rebelle et vulgaire ; elle refuse néanmoins de la considérer comme un échec, par amour, et continue d'essayer de la "remettre sur le droit chemin". Mais Amy aimerait bien qu'on la voit comme un échec plutôt qu'une erreur à réparer - ou pire, juste une adolescente en pleine crise. Ce qu'elle est, du haut de ses quinze ans.

Sa hantise serait de finir comme sa mère, femme au foyer, occupée à organiser des évènements - des repas entre anciennes camarades de Never Ever, mais seulement celles qui ont réussi après leur scolarité à avoir le rôle principal d'un conte grandiose - et superviser les rénovations du château - un peu de piment dans son quotidien monotone. Amy, elle, veut une histoire à son image ; elle exige de l'action, des monstres et de la magie - qualité dont elle n'est, à son plus grand désarroi, pas dotée. Et surtout, elle voudrait que son conte soit immensément connu, plus encore que Cendrillon ou Blanche-Neige.

Amy doute de finir comme Boucle d'Or ; ses aspirations, son physique, sa mentalité ; tout diffère. Sa mère n'avait pas son ambition ; elle voulait réussir, sans essayer d'aller plus haut - et en considérant la réussite comme un mariage, une royauté et un château dans un village perdu au fin-fond de la Contrée ou tout le monde l'admire.

Elle n'a hérité des traits ni de son père, ni de sa mère. Elle ne voit même pas quelqu'un qui lui ressemble sur les portraits austères qui ornent les murs - elle verrait bien l'option de la tromperie, mais sa mère ne l'aurait jamais fait ; ses moeurs sont beaucoup trop importantes pour elle. Quand à l'adoption, elle l'a envisagé pendant un bon moment mais a vérifié, et n'a rien trouvé. Au fond, cela a-t-il une importance ?

Un trait distinctif notoire et sa plus grande fierté - aussi pathétique que cela puisse paraître - se résume en sa chevelure. Amy a les cheveux longs, très longs, tombant en cascade sur ses épaules pâles. Leur roux éclatant, dans une famille dont tous les représentants ont le crin blond est une sorte de victoire pour Amy - la victoire de sa différence.

Elle a un petit nez, des sourcils broussailleux, des lèvres fines et des prunelles noisettes. Un peu d'acné, qui se confond avec ses tâches de rousseur. Une corpulence moyenne.

Amy a tendance à se vêtir en noir - comme les jamais, pour effrayer sa mère dont la hantise et de la voir choisir ce camp là - et à mettre des pantalons larges. Elle aime les robes ; c'est pour elle un plaisir coupable. Mais l'obligation d'en mettre la fait fulminer alors, par pur esprit de contradiction, elle n'en met jamais - elle possède, effectivement, un esprit de contradiction très développé.

Comme vous l'aurez compris, Amy est rebelle, en désaccord avec ses parents, défiant toute forme d'autorité, se considérant comme réfractaire au système, voulant que l'on la traite comme une adulte mais se comportent comme un enfant ; en bref, la définition et le stéréotype de l'adolescente, vue par les adultes. En la réduisant à cela, on passe aussi à côté de ses qualités les plus remarquables, pourtant ; Amy est loyale, fidèle jusqu'au bout. Brave, elle n'hésite pas devant le danger - à vrai dire, on pourrait argumenter que son courage se rapproche plus de la témérité. Elle est naturellement sociable, drôle et plutôt sarcastique.

Amy est aussi terriblement têtue. Elle obtient tout ce dont elle a envie et refuse le contraire. Elle ne baisse jamais les bras, ce qu'elle voit comme une marque de faiblesse : elle a des idées très claires sur ce qui est faible et ce qui ne l'est pas.
Elle fait preuve d'égoïsme, trop préoccupée par elle même pour penser aux autres ; à vrai dire, elle ne pense aux autres que par leur relation avec elle. Ce qui ne lui permet pas de voir quand ses amis vont mal.

Concernant ses relations amicales, justement, Amy est de ce genre de personnes qui s'entendent avec tout le monde - ou presque tout le monde - de par son attitude nonchalante et sa capacité à pouvoir éterniser chaque discussion. Néanmoins, son nombre d'amis est très restreint. Elle ne s'ouvre pas aux gens et les gens ne s'ouvrent pas à elle, parce qu'elle ne s'intéresse pas souvent à eux. En définitive, beaucoup la voient comme une "huit heures - dix-sept heures", une personne avec qui rigoler la journée mais sans intérêt pour avoir une vraie relation hors des cours.

Pour finir, il convient d'ajouter qu'Amy est rancunière aussi bien que jalouse, une alliance dangereuse ; ce qu'elle n'appréciera pas ou considérera comme une trahison, en revanche, sera dangereux pour la personne concernée.