Chapitre 19
Ça faisait plusieurs minutes que mon père examinait la mallette à code. Il triturait les numéros vainement. Même si on se doutait que le scientifique n'était pas bête au point de mettre des chiffres logiques et connus, ça valait le coup de vérifier.
- Alors ?
Papa leva les yeux vers moi en haussant les épaules.
- Faut qu'on trouve un moyen de trouver la bonne combinaison.
Kim me jeta un coup d'œil déterminé.
- Il doit forcément avoir des indices quelque part.
Elle regarda rapidement les pages griffonnées sur le grand bureau.
- Mais on connaît si peu de choses sur lui... Il va falloir fouiller un peu.
Papa posa la mallette à côté du bureau et commença à analyser les appareils qui se trouvaient à proximité.
- Je vais essayer de trouver de quoi alerter les secours, m'expliqua-t-il en se dirigeant vers un coin de la pièce.
- Bonne idée, fit Kim en commençant ses recherches.
Je la rejoignis aussitôt. Il fallait faire vite et en même temps nous devions trouver. Je me pinçais les lèvres. J'étais toujours nerveux que la porte de la pièce s'ouvre sur le Professeur. Mon regard glissa vers cette dernière. Elle était bien fermée. Il n'y avait aucun risque. De l'autre côté, il y avait une énième porte. D'après Kim, elle amenait dans le couloir. Si quelqu'un venait, nous l'entendrons immédiatement. Je poussai un long soupir et repris ma lecture sur les feuilles accrochées au mur.
- Alain Saguier, lâcha tout à coup Kim, brisant le silence pesant.
- Quoi ?
Je me retournai vers elle brusquement. Elle leva les yeux vers moi, blême.
- C'est son nom, Alain Saguier.
Puis elle se concentra à nouveau sur la feuille qu'elle tenait entre les mains.
- "... scientifique de renommée, il est connu pour ses recherches inconditionnelles en étude des comportements animaliers par rapport aux humains. C'est un passionné depuis tout jeune..."
Elle s'arrêta subitement de lire et regarda les pages qui suivaient.
- Il y a pleins d'articles sur lui, murmura-t-elle abasourdie.
- Quel type, à part un megaloman, garderait ça chez lui ? raillais-je en me penchant au-dessus de son épaule.
Je la vis se tendre quasiment suite à notre proximité soudaine. Je fis mine de ne pas le remarquer et me concentrai sur les documents qu'elle tenait entre les mains.
- Peut-être a-t-il quelque chose à prouver ? Regarde !
Elle me désigna un nouvel article.
- "Le professeur, pourtant si apprécié dans le milieu scientifique, attaqué en justice après avoir utilisé les gênes de son chien sur sa..."
Kim émit un hoquet de surprise. Je lui pris la feuille des mains et lus à sa place.
- "... sur sa nièce..."
Un goût âcre envahit soudainement ma bouche. Quel salaud, quel monstre putain ! A sa propre famille en plus !
- C'est pire que ce que je pensais...
Kim parcourait diverses pages le mentionnant. Les gros titres révélaient les unes après les autres, les horreurs qu'il avait commises.
- C'est horrible...
Mon amie lâcha la feuille qui voleta doucement jusqu'au sol. Je la ramassais doucement et la déposais sur le bureau. Je vis alors qu'une larme roulait sur sa joue.
- Oh Kim...
Sans hésiter, je la pris contre moi. Elle se laissa faire et m'enlaça à mon tour. Son petit corps me serrait fort contre elle. Je ne pensais pas qu'elle avait autant de force, remarquais-je en sentant la pression de ses bras contre moi. Je la fis lever son visage vers moi en mettant délicatement ma main derrière sa tête. Nos nez se frôlaient, je pouvais distinguer chaque détail de ses magnifiques yeux bleus. Je sentis son souffle chaud contre ma bouche. Je déglutis. Elle me fixait intensément. Elle semblait vouloir me dire quelque chose...
Je la vis fermer les yeux et se mettre sur la pointe des pieds pour arriver à ma hauteur. Sans réfléchir, je l'attirai à moi, fermant les yeux pour commettre l'irréparable sur ses petites lèvres roses qui m'attiraient inexorablement.
- Alex ! Kim !
Je sursautai violemment et me détachai rapidement de Kim afin de créer une distance raisonnable entre nous. Cette dernière détourna le regard pour que je ne vois pas ses joues prendre une teinte rouge. Trop tard. Je souris. Mais en sentant la chaleur qui montait sur mon visage, je me rendais compte que j'étais dans le même état.
- Il y a un téléphone satellite, nous apprit papa alors que nous nous approchions de lui.
Je tentais tant bien que mal de réfréner les battements irréguliers de mon cœur. On était à deux doigts de s'embrasser, merde ! Je sentais un sentiment de frustration m'envahir et me rendais compte que ça faisait un moment que j'attendais ça. Je serrai les poings, l'air de rien et me concentrait sur ce que mon père avait trouvé.
- Ta mère aurait dû venir, soupira-t-il alors en regardant les boutons. Elle aurait su comment s'en servir.
Malgré ma volonté d'ignorer Kim, qui restait tout de même proche de moi dans cette pièce, je ne parvenais pas à ne pas la regarder. Ressent-elle la même chose que moi ?
- Alex ? Tu m'écoutes ?
Je baissai les yeux vers mon père qui s'était assis sur une chaise et essayait de lancer l'appareil.
- Euh oui pardon, marmonnais-je en évitant le regard de Kim.
Je la sentais me regarder, une sensation que j'appréciais particulièrement, mais dans la situation actuelle, elle me déconcentrait plus qu'autre chose.
- Ah ! Je crois que j'ai réussi.
Un bip sonore retentit.
- Hum... Ici, Antoine Brailly, nous sommes sûr une île inconnue après être tombé à l'eau de notre bateau de croisière le vingt-huit juillet. Si quelqu'un nous entend, aidez-nous, d'autres jeunes sont avec nous. Ils ont besoin de soins immédiats.
L'appareil émit à nouveau un son après que papa aie fini de parler. Je retins mon souffle. Mais aucune réponse, seulement le silence. Il répéta le même message une nouvelle fois mais toujours rien. Je le regardais dépité.
- L'essentiel c'est qu'ils reçoivent notre message, affirma mon père en reposant l'appareil dans sa boite.
J'acquiesçai doucement avec une pointe de déception malgré tout. Être en contact avec quelqu'un m'aurait grandement rassuré.
- Vous avez trouvé des infos le concernant ?
Nos regards se croisèrent. J'essayais de rester le plus impassible possible malgré l'image de nos presque baiser qui s'imposait à mon esprit.
- Ouais.
Kim tendit une feuille à mon père.
- Là-dedans, il y a une série de numéros concernant une des premières expériences qu'il a faite. J'imagine que ça devait être important pour lui s'il l'a gardé.
Papa la récupéra immédiatement, lui arrachant presque des mains pour s'éloigner un peu de nous afin d'essayer la combinaison de chiffres.
- Pourquoi tu ne me l'as pas dit plus tôt ? lâchais-je stupéfait par ce qu'elle avait trouvé.
Elle croisa les bras sur sa poitrine et parut un instant déstabilisée par mon regard. Elle se ressaisit rapidement.
- Ça m'a un peu chamboulée ce que j'ai lu, je viens juste de m'en souvenir.
Je la fixai longuement. Elle finit par lever les yeux au ciel.
-Pas la peine d'en faire tout un fromage...
- Les enfants !
La voix de mon père coupa court à notre échange. Nous nous précipitâmes vers lui, qui était assis sur le sol. Je me figeai. La mallette était ouverte dévoilant diverses flacons.
- Ça a marché. On a le code.
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