
Une seconde fois
Jace repoussa Clary le plus fort qu'il le put.
— Ne recommence jamais ça ! Je suis gay Clary. Il n'y aura jamais de nous. Et puis il semble qu'Alec n'attend que ça t'embrasser. Vas donc le voir... tu auras beaucoup plus de succès.
Clary quitta la pièce en pleurant. Elle ne supportait pas que son amoureux la repousse depuis qu'ils étaient tous arrivés dans ce monde. Magnus et Alec étaient encore entrain de discutés des sentiments de chacun et ne virent pas la jeune femme sortir. Ce fut le moment que choisit Sébastien pour prendre à part l'archéologue.
— Vous êtes vraiment passés à travers le miroir ?
— Malheureusement.
— Je comprends ce que tu ressens au fond de toi. Quand j'ai choisi de revenir ici, c'était parce que je voulais me réapproprier mon corps. Si tu m'aides à sortir d'ici, je peux t'aider à retourner d'où tu viens.
— Ah oui ? Et comment ? Tu as dit que le livre était dans notre monde.
— Oui, il l'est, mais celui que vous avez ramené fera aussi bien. Où le gardez-vous ?
— Je ne sais pas moi ! Probablement que c'est Magnus qui l'a. Il est, semble-t-il, le dernier à avoir traversé. C'est vrai qu'on pourrait repartir avec lui, demanda-t-il en chuchotant.
— Oui, bien sûr ! Je dois absolument ramener Maryse. Ce n'est pas vrai qu'elle va mourrir. Je l'aime trop pour cela. Je voulais préparer notre maison et ensuite je serais retourné la chercher, mais Jonathan n'est jamais passé dans le miroir. Je croyais que nous pourrions le faire à deux, mais malheureusement c'est impossible. Il aurait eut sa vie et moi la mienne...
— Je vais trouver le livre et nous irons chercher ta Maryse.
— Fais attention, mon ami. Ils ne doivent rien savoir, sinon, ils t'en empêcheront.
— Mais tout le monde a gardé son pendentif, répondit Jace en soulevant le sien. Tu ne pourras pas passer sans le médaillon.
— J'ai bien une petite idée. Il faudrait que tu sois gentil avec Clary et que tu voles celui de mon père quand tu sera là-bas.
— Ta soeur est beaucoup trop... douce pour que je lui fasse ça. Elle ne voudra plus me parler quand elle comprendra. Moi, je veux rester, s'exclama le Jace de ce monde.
— OK, mais tu veux que l'autre reparte, alors fais ce qu'il faut, mon ami. Quand je reviendrai, je n'aurai qu'à prendre ton médaillon pour Maryse.
— Jace ! On part, soupira Alec au loin. Ce n'est pas ici que nous trouverons une solution. Sébastien ne fait que nous diviser.
Le jeune homme avait, en effet, eu le temps de parler plus longuement avec Magnus et ils avaient compris que Sébastien, avec quelques mots, avait réussi à rendre tout le monde sur la défensive. Il n'était pas question d'essayer de négocier avec un homme comme lui.
Comme s'il n'y avait rien eu, Jace se dirigea vers son frère et Magnus. Il trouverait bien un truc pour s'emparer du livre de Magnus.
— Dites-moi ? Le livre que nous avions pour venir ici, il est bien en sécurité n'est-ce pas ?
— Oui, je l'ai mis dans notre coffre-fort, répondit Magnus un peu sceptique.
— C'est parfait! Avec Sébastien, il ne faut pas prendre de chance, continua Jace en cachant sa déception.
— Tu as totalement raison. C'est pourquoi j'ai changé la combinaison pour notre anniversaire de mariage. Sébastien ne s'en souvient jamais, alors c'était parfait comme code.
— Bien entendu, ce n'est clairement pas le genre de chose qui l'intéresse, finit le blondinet.
Ils retrouvèrent Clary qui s'était assise dans le gazon en les attendant. C'est à ce moment qu'il vint une idée géniale à Jace. Elle voulait ravoir son petit ami, elle l'aurait. Du moins, jusqu'à ce que son stratagème fonctionne.
— Viens poulette, laissons les gars tranquilles et allons piquer une tête dans ta piscine, s'exclama-t-il le plus joyeusement possible.
Les yeux de Clary s'illuminèrent en entendant Jace l'appeler par son petit surnom. Son Jace était toujours là et, présentement, il réclamait sa présence. Elle ne laisserait pas passer son tour puisque l'autre était imprévisible et pouvait revenir à tout moment. Elle lui prit la main et lui offrit son plus beau sourire, qu'il lui retourna.
Magnus et Alec les regardèrent s'éloigner. Jace semblait bi-polaire avec ses deux personnalités qui ne voulaient décidément pas laisser leur place à l'autre. L'instant d'avant, il les agresse verbalement et l'instant d'après, il joue les jolis cœurs. Bah au moins, Clary n'avait qu'à supporter ses sautes d'humeur que la moitié du temps. Quand ils étaient dans leur monde, c'était inévitablement le Jace grincheux alors qu'ici, elle avait un peu de répit.
— Tu sais Magnus, j'ai réfléchi et, tant que je serai parmi vous, je vais garder mes distances avec les femmes. Clary m'a un peu pris de court tout à l'heure, mais je suis prêt à faire des efforts. Comme ça, quand je repartirai avec Jace, tu n'auras pas eu à te demander si Alec t'a été fidèle. Je le serai, je te le promets, termina le noiraud en prenant la main de Magnus. Je n'ai jamais vraiment eu de relation stable, mais je comprends maintenant comment tu as dû te sentir. Ça n'arrivera plus.
— Merci, Alec. Mais tu crois vraiment que c'est une bonne idée de repartir ? Tu vas perdre une vie d'éternité.
— Oui, je dois dire que je suis de moins en moins certain, mais Jace a perdu Lewis et, ça, c'est sans compter mon père dont je n'ai aucune nouvelle. Le pire sera de quitter Izzy. Je n'ai pas beaucoup d'affinités avec elle, mais j'aurais aimé voir mon neveu ou ma nièce grandir. D'ailleurs je ne comprends toujours pas comment elle a pu s'enticher de Lewis.
— C'est Simon maintenant, Alec. Si tu l'avais vu avec lui tout à l'heure, tu aurais compris ce qu'est la vraie fusion. Elles sont en harmonie. Ce serait, de toute manière, bien trop dangereux, pour le bébé, que Isabelle reparte.
— Tu crois qu'elle aurait voulu revenir ?
— Il n'y a qu'elle pour le savoir, mais moi je sais que je vais m'ennuyer de toi. Tu complètes Alec tellement bien. Ne te méprends pas, il est l'amour de ma vie, mais tu as ce petit quelque chose qui lui donne cette étincelle dans les yeux. Tu réussis à me faire voir ses sentiments intérieurs qu'il a toujours eu de la difficulté à exprimer.
— Je sais, je dis tout ce que je pense à voix haute et ce n'est pas toujours gagnant. En fait, je voulais m'excuser pour tout ce que je t'ai dis quand on était dans mon monde. Je n'ai pas été le plus diplomate et quand on sait ce que tu as vécu, je me trouve plutôt ingrat.
— Eh ! La majorité des choses que tu as pu me dire se sont envolées avec mon hôte. C'est oublié depuis longtemps, rigola l'asiatique en s'arrêtant. Promets-moi que tu vas vérifier comment il va. Je ne suis pas certain qu'il sera capable de se débrouiller seul. Il est pris d'Alzheimer et, en plus, il connaît notre monde. Les gens vont le prendre pour un fou s'il vient qu'à tout raconter.
— Je suis désolé Magnus ! Sincèrement désolé ! Mais crois-moi quand je te dis que tu avais l'air d'un fou, même si tu étais avec lui, ricana à son tour le libraire.
Magnus lui asséna un coup dans l'épaule en riant franchement cette fois.
— Hé ! Je t'ai dit que j'étais désolé, répondit-il en attrapant la deuxième main de l'asiatique au vol. Il emprisonna ensuite la première main qui recommençait. Désolé monsieur le commandant, continua-t-il dans un fou rire en rapprochant Magnus pour l'empêcher de se déprendre.
— Tu ne penses rien de tout ça, tenta-t-il en essayant de ne plus rire.
— Pardon ? Tu oublies que ton Alec m'aide à devenir meilleur. Je suis offusqué que tu ne me crois pas.
— Tant que tu seras dans ce corps, vous serez mon Alec. On ne sait jamais, répondit Magnus. Peut-être que tu comprendras que des gens t'aiment ici aussi et que tu vas leur manquer, continua doucement l'asiatique en penchant la tête tout en appuyant ses bras sur le torse du libraire.
Alec eut un pincement au cœur en voyant que Magnus semblait avoir beaucoup de difficultés à s'imaginer qu'il reparte. C'est vrai que, au fond, il avait une très bonne chimie avec lui et que ses yeux extraordinaires lui manqueraient énormément. Est-ce qu'ils étaient si beaux que ça ? Sans y penser, il releva le menton de Magnus de ses deux doigts et les contempla longuement. Un autre pincement au cœur s'empara de lui. L'homme devant lui avait les yeux plein d'eau, ce qui voulait dire qu'il pensait réellement ses dernières paroles et qu'il s'incluait dans les personnes qui regretteraient son départ.
— Magnus... s'il te plaît, ne fait pas cette tête. Maintenant je me sens coupable.
— Je n'y peux rien. Je ne comprends pas ce qui m'arrive, répondit-il. C'est presqu'aussi difficile que lorsque j'ai laissé Alec pour aller dans ton monde.
— Mais je suis lui aussi. Aujourd'hui, je n'ai pas trop compris ce qui s'est passé, mais j'ai senti que Alec et moi c'était moins difficile. Je n'ai eu aucune migraine et... j'ai eu des moments où je n'étais pas totalement certain de qui j'étais. En ce moment, je pourrais t'embrasser tellement j'ai le goût de t'enlever ta mine triste. En fait, c'est plus fort que moi, continua le libraire avant de fondre sur les lèvres de Magnus.
Quoi ? Mais qu'est-ce qu'il était entrain de faire ? Il avait été incapable de résister à l'envie de l'embrasser. S'il ne le faisait pas, ses entrailles le consumaient d'une douleur sourde qui ressemblait étrangement au manque. Dans ce cas précis, son manque était les bras de Magnus autour de lui et qui l'embrassait tendrement. Dès qu'Alec eut touché la bouche sucrée de Magnus, toutes ses contractions d'estomac s'arrêtèrent pour laisser place à une sensation plus enivrante, plus légère. Est-ce qu'il était entrain de changer à ce point que même d'embrasser un homme était devenu presqu'une drogue à laquelle il prenait goût un peu plus à chaque fois ? Pour le moment, il se sentait bien dans cet état et, par la manière dont Magnus venait de l'attirer à lui, il savait que ce baiser était plus qu'une simple embrassade. Malgré lui, il avait laissé sa gorge s'exclamer sous l'agressivité du rapprochement de Magnus. Alec en voulait plus, mais comment pouvait-il être à deux endroits en même temps ? Sa vie commençait à se déchirer entre deux mondes et il n'avait aucune idée lequel des deux serait le meilleur choix.
D'un côté, Magnus avait Alec qu'il garderait, peu importe ce qu'il déciderait et Izzy avait Simon. De l'autre côté, Robert et Jace resteraient seuls. Le choix était pourtant des plus simples. Alors pourquoi était-ce si dur de penser à retourner de l'autre côté du miroir ? Était-ce Magnus qui le mettait dans cet état de doute. C'est alors qu'il comprit. Il comprit qu'Alec avait gagné et qu'il était sur le point de fusionner et de l'aimer, lui, cet homme qu'il embrassait désespérément.
*********
Magnus avait penché la tête pour ne pas qu'Alec voit comment ses paroles le rendaient aussi déprimé. Bien sûr qu'ils avaient ri, mais au final, l'important c'était qu'Alec quitterait ce monde pour ne jamais revenir. Cela le frappa en plein visage. La personnalité des deux âmes avait lentement fait surface et franchement, cela rendait Alec encore plus mystérieux que lorsqu'il l'avait rencontré des siècles plus tôt. Il était toujours lui, mais avec ce petit plus qui lui permettait d'exprimer ses sentiments. Franchement, si on lui avait demandé s'il aurait aimé le voir autrement, il aurait certainement refusé, mais maintenant, il savait que le miroir ne s'était pas trompé. Son mari avait pris une place encore plus importante dans son cœur. Quitter ce nouveau Alec lui serait extrêmement difficile car son époux se renfermerait à nouveau dans sa coquille. Il savait qu'il l'aimait, mais la sensation d'être le roi du monde en présence du nouveau Alec était merveilleuse. Ses yeux lui exprimaient bien plus que tout ce qu'il avait pu espérer.
Oui, ces yeux, même s'ils appartenaient à son mari, lui manqueraient. Il ne reverrait jamais à quel point il était autant aimé. Cette pensée termina de lui serrer la gorge et c'est le moment que choisit Alec pour lui relevé le menton. Il lui disait qu'il était en partie son mari et qu'il devait l'embrasser car il ne supportait pas sa tristesse. Et tout à coup, il s'était pratiquement jeté sur lui, lui volant le plus beau des baisers qu'il avait partager avec son époux. Magnus ne voulait pas que cela s'arrête et dès qu'il sentit que son mari se détachait à peine de lui, il l'attira si fort que leur dents s'entrechoquèrent. Qu'à cela ne tienne. Si cela s'avérait être la dernière fois qu'il embrassait ainsi, il voulait en profiter au maximum. Ce n'était pas tous les jours qu'on pouvait tomber amoureux de son mari une seconde fois.
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