
Les nouveaux Lightwood
— MAGNUS ! Aide-moi, hurlait le libraire qui tentait de se libérer des griffes du félin.
L'asiatique courut vers Alexander et tenta de tirer le lion qui ne voulait pas bouger. Au contraire de ce qu'Alexander croyait, le lion se mit à lui lécher les mains et le visage.
— Président Miaou ! Tasse-toi ! Tu vas écraser Alec. Tu vois bien qu'il n'aime pas ce que tu fais !
Comme s'il comprenait ce que Magnus lui disait, le lion se tourna sur le dos, les quatre pattes dans les airs. Il frotta ensuite son dos contre l'herbe fraîche. Il se mit à ronronner et Magnus sauta dans ses pattes en riant.
— Espèce de petite fripouille. À toi aussi Alec t'a manqué, hein ? Mais, tu dois être prudent, car Alec est maintenant aussi Alexander. Il ne sait pas comment tu peux être doux.
Il lécha le visage de Magnus et l'entoura de ses pattes, l'emprisonnant joyeusement, alors qu'Alexander se relevait maladroitement.
— Il ne te fera aucun mal, rigola Magnus tandis que le félin roulait avec lui. C'est Président Miaou.
— C'est supposé me rassurer, demanda Alexander encore plus inquiet. Je te rappelle qu'il m'a griffé à plusieurs reprises et, Clarissa aussi, au cas où tu aurais oublié.
— Oui, tu as parfaitement raison, se reprit l'asiatique en se relevant. Ce que tu dois savoir, c'est qu'il ne supportait pas qu'on le traite de chat de gouttière et encore moins d'avoir atterri dans un corps de chaton. Ses sautes d'humeurs sont définitivement terminées. Tu verras, c'est comme mon bébé éternel. Excuse-le de t'avoir accueilli comme ça, mais Alec lui avait énormément manqué, à lui aussi.
— Tu veux dire que vous êtes tous éternels ?
— Mais oui, toi aussi d'ailleurs, ainsi que tous ceux qui entre dans ce royaume.
Le jeune homme se prit la tête et grimaça longuement de douleur.
— Président Miaou ? Tu es enfin de retour avec papa, se mit à crier Alec. Vous m'avez tellement manqué tous les deux.
Le lion se releva et vint mettre ses pattes avant sur les épaules d'Alec qui enfouit sa tête dans sa crinière, tout en le flattant vigoureusement.
— C'est un bon bébé, oui, un beau gros bébé.
Les ronronnements redoublèrent et il lui lécha tout le dessus de la tête en guise de satisfaction.
— Oh hem, je vais m'arrêter là pour le moment, laissa tomber Alexander en reculant. J'ai comme l'impression de sauter d'une personnalité à l'autre.
— Oui, tu comprends maintenant. Mon hôte que j'avais dans ton monde était en début d'Alzheimer. Je gardais ma tête, mais ses caractéristiques se mélangeaient aux miennes, alors désolé pour avoir eu l'air du fou de service. Sérieusement, j'ai de la difficulté à comprendre comment il pouvait encore être commandant en chef. Bref, cela était quand même bien car je pouvais faire mon enquête sans paraître trop louche.
— Magnus ? Est-ce que ma famille et mes amis sont aussi dans ce monde ? Je veux dire. Comment on fait pour les retrouver maintenant ?
— C'est une excellente question à laquelle je n'ai aucune réponse. Ils peuvent avoir atterri n'importe où dans notre monde. Il va falloir faire des recherches sérieuses. Comme nous sommes entrés ici en urgence, je n'ai pas pu vous dire comment cela allait se passer. Il faudra faire confiance à la vie.
— Ils sont sérieusement les pires frères et sœurs qu'on puisse avoir. J'imagine que de partager le corps d'un autre sera bénéfique. Ma sœur n'aura pas le choix de partager son espace et mon frère aura peut-être un peu plus d'échine.
— N'oublie pas que leurs hôtes doivent avoir des traits communs. Reste à savoir qu'est-ce qui aura été déterminé. Bien, s'exclama l'asiatique. Prêt pour le petit-déjeuner ?
Président Miaou rugit, comme pour approuver, ce qui fit reculer Alexander. Magnus rit de bon cœur en entrant dans la luxueuse demeure. Évidemment, quand on vivait éternellement, il était plausible qu'on ait l'éternité pour se payer un tel luxe.
*******
— Jonathan Christopher Herondale! Depuis quand arrêtes-tu de te battre, alors que tu as le dessus, demanda une voix de femme autoritaire.
Jace venait d'entrer dans le miroir. Il ne savait pas du tout pourquoi il avait une épée à la main. La surprise l'avait bloqué dans son mouvement et il reçut un coup dans les côtes qui l'obligea à s'agenouiller sous la douleur. Une vieille dame était maintenant au-dessus de lui et fronçait impitoyablement les sourcils vers lui.
— Je... suis... désolé, se contenta-t-il de répondre, ne reconnaissant ni la femme, ni celui avec qui il semblait s'entraîner quelques secondes plus tôt.
— Ce n'est pas en étant faible que tu accéderas à mon poste. Tes parents auraient tellement eu honte, en ce moment. Ne plie pas l'échine et regarde-moi quand je te parle! Tu ne dois jamais lâcher ton interlocuteur du regard, il pourrait croire que tu es faible.
— Oui madame...
— Tu as vraiment l'air malade... Viens Joch, ta grand-mère va te donner un petit remontant. Meliorn vous pouvez disposer. Joch tu as une journée pour te reposer. Je te veux prêt pour l'arrivée de Magnus et Alec Bane.
— Magnus Bane ? Il va venir ici ? Je le connais celui-là.
— Tout le monde connais les Bane. Tu t'es frappée la tête quelque part ?
— Je ne sais plus, grand-mère.
— Définitivement, tu n'es pas dans ton état normal. Imogène ! Tu m'appelles toujours Imogène !
Comme si les paroles d'Imogène l'avaient sorti de sa transe, Joch répondit à sa grand-mère.
— Je le sais! C'est bizarre. J'étais là, mais pas là à la fois. On aurait dit que quelqu'un parlait à ma place. Je me sentais comme une vieille lavette prête à être jetée aux ordures. C'était assez contrariant. Je déteste quand les gens ont le dessus sur moi.
— L'important, c'est que tu sois de retour parmi nous. Je te laisse quand même ta journée. Vas donc voir ta petite idiote. Ça te redonnera un peu de confiance en toi.
— Imogène ! Clary n'est pas une idiote. Elle est très intelligente, et un jour, tu seras époustouflée par ce qu'elle offrira à notre monde. Elle tente par tous les moyens d'éviter une guerre depuis que son frère a enfreint la règle du miroir.
— Pour ça, elle sait comment s'y prendre, en t'attirant dans ses filets. Sébastien ne changera pas pour autant. Fais attention, un jour elle te décevra. Il ne peut en être autrement avec le nom qu'elle porte.
— Ça y est, je suis complètement remis Imogène, grogna Joch. Je pars avant de dire quelque chose que tu ne veux pas entendre.
— Depuis quand te soucies-tu de ma réaction ? Tu perds vraiment ton aplomb, fiston.
— La diplomatie est peut-être entrain de m'atteindre, répondit sérieusement le jeune homme en soulevant les épaules, ne se comprenant pas lui-même.
— Grand Dieu ! Ce serait fantastique, rétorqua la grand-mère en tournant les talons. Pense à revenir pour souper, nous avons des invités.
Joch ne lui répondit même pas, se contentant de se diriger vers sa chambre afin de changer sa tenue de combat pour quelque chose de plus civilisé. En entrant dans la chambre, il redevint Jace. Ce dernier, qui était resté derrière pendant la conversation trop intense avec sa grand-mère, se sentit plus libre en étant seul et reprit le contrôle, bien involontairement. Il toucha à tout ce qu'il voyait. Il lui semblait être chez-lui. Ses frustrations entre sa sœur absolument abominable et son petit ami infidèle semblaient l'avoir presque abandonné. Il n'avait aucune idée de comment il avait pu répondre aussi fermement à sa supposé grand-mère, mais au fond, ça lui plaisait bien.
Il chercha à comprendre ce qui pouvait bien se passer en ce moment. Dix minutes avant, il était devant un miroir et il se retrouvait ensuite dans une chambre qu'il savait la sienne, mais sans pour autant rien reconnaître. Il marcha jusqu'à une baie vitrée et crut voir se refléter un autre visage que le sien. Il chercha rapidement un miroir et dut se retenir au pied du lit.
Bon Dieu !
Il était toujours blond, mais sa carrure était totalement différente. Il était plus grand et beaucoup plus musclé. Wow, Lewis ne pourrait pas lui résister avec ce corps parfait. Mais... qu'est-ce... Il avait un œil brun et un œil bleu. Quel étrange phénomène. Un flash-back lui revint en pleine figure. Une jeune femme rousse lui disait qu'elle adorait ses yeux et, ensuite, elle l'embrassait. Whow, whow, whow, il aimait Lewis et... cette jolie rousse ? Une ROUSSE, c'était insensé. Il détestait tellement Clarissa qu'il ne pourrait jamais tomber amoureux d'une rousse. Et pourtant, il avait une chaleur dans son ventre en repensant à ce visage fascinant.
Donc, il était maintenant une autre personne, mais ça ne le dérangeait pas vraiment. Il aimait une rousse et Lewis, mais ça ne le dérangeait pas trop. En plus, il avait beaucoup plus de répartie. Wouaip, ce rêve, ou ce quelque chose d'autre, était très particulier.
*******
Isabelle se réveilla sous les remontrances d'une vieille femmes qui lui disait de faire attention aux verres de cristal. Sans qu'elle ne sache comment, elle s'était retrouvée avec un chiffon dans les mains et portait l'uniforme noir et blanc d'une servante. Elle regarda son accoutrement, puis, la vieille dame et finalement son chiffon. Comme si tout allait de soit, son corps commença à nettoyer sans qu'elle ne puisse rien y faire. Sa main se baladait partout sur les bibelots à la vitesse de l'éclair. On aurait dit qu'elle avait fait cela toute sa vie, alors qu'habituellement, elle laissait faire Jace ou Lewis. Après tout, elle n'y était qu'une invitée. Oui, une invitée prolongée, mais une invitée pareil. Enfin, c'était ce qu'elle leur avait fait gober.
Une vieille horloge sonna 16h00 et, automatiquement, sa main tira le ruban derrière sa taille qui tenait son tablier en place. C'était la fin de son quart de travail et elle ne resterait pas une seconde de plus dans cette demeure, alors qu'elle pouvait décidément faire bien mieux dans le bar le plus branché en ville. Elle détacha son chignon et laissa rouler ses longs cheveux noirs jusqu'à ses reins. Quoi ? Mais depuis quand ses cheveux étaient aussi longs. Jamais ils n'avaient dépassé ses épaules et surtout, elle les coiffait systématiquement en les lissant. Elle n'oserait pas les laisser onduler. Cela ne faisait pas du tout professionnel. Elle rangea ses souliers plats et attrapa, dans l'armoire, sa paire de talons aiguilles rouges. Elle les regarda curieusement, se demandant combien de temps elle pourrait marcher sans se fouler une cheville. N'ayant le choix qu'entre cela et ses chaussons de bonne, elle opta pour le rouge, se disant qu'elle aurait bien quelque chose d'autre à porter rendue à la maison.
La maison... Mais où était donc sa maison ? C'est à ce moment qu'elle se rendit compte qu'il y avait réellement quelque chose qui clochait. Elle n'avait aucune idée où elle était et où elle s'en allait. Elle tourna sur elle-même à plusieurs reprises avant qu'elle ne se décide à prendre le chemin pavé jusqu'à la route. Décidément, ce domaine était exactement le genre qu'elle se réservait pour le futur. Ce n'était pas pour rien qu'elle avait fait en sorte de ne jamais payer le loyer chez Jace et d'emprunter, lorsque c'était nécessaire, leurs voitures à lui ou Alexander.
La voiture, bien sûr... Elle y avait laissé les toiles qu'elle devaient présenter à un certain Jonathan Verlac, quand Alexander l'avait appelé pour l'agression de leur père, Robert. Il faudrait penser à rappeler ce Verlac, avant qu'il ne se décide à regarder vers une autre galerie d'art. Il avait d'ailleurs une idée très précise de ce qu'il recherchait. Comme par hasard, une toile, qui correspondait exactement à ses demandes, dormait depuis des siècles dans l'entrepôt. Elle se souvenait de l'avoir déjà vu quand elle était toute jeune et que son père avait tenté d'y faire du ménage sans grand succès. Elle s'était félicitée de s'être souvenue de l'œuvre alors qu'elle l'avait trouvée, très loin, derrière des centaines d'autres.
Un léger mal de tête l'assaillit, mais cela ne lui déplut pas le moins du monde, au contraire. Elle se sentit revivre, comme si une autre personne la poussait à être joyeuse et pleine d'entrain. Isabelle suivit son instinct et se rendit à l'endroit qu'elle savait être sa maison. Pourtant, elle n'avait jamais acheté de logement. Elle prit machinalement ses clefs en sifflotant et entra à l'intérieur.
— Je suis là mi amore ! Tu voudrais aller danser ce soir, cria-t-elle.
Une voix masculine, qu'elle ne reconnue pas, lui répondit.
— Je chante au Pandémonium. Tu pourrais venir me voir, Izzy ?
— Oui bien sûr. Je vais me laver et ensuite je vais te faire un bon petit repas.
— Izzy ? Tu ne préférerais pas que je te rejoigne à la place ?
Isabelle s'arrêta net. Quoi! Non ! Il n'était pas question qu'un homme la suive sous la douche. Et puis, pourquoi il l'appelait Izzy ?
— Non ! J'y vais seule aujourd'hui, répondit-elle immédiatement.
Elle ferma derrière elle, la porte de la salle de bain, et souffla de soulagement. L'homme n'avait pas relevé. Parfait ! Maintenant, il était temps de voir sa tête avec des cheveux longs.
Mais non !
Elle avait un maquillage extrêmement provocateur et des lèvres pulpeuses rougeoyantes. Tout cela n'était pas le pire. Sa silhouette de six pieds six, où était-elle disparue ? Elle ne devait plus mesurer qu'un faible cinq pieds. Seule la couleur de ses cheveux lui correspondait. Qui était cette femme sulfureuse, prénommée Izzy, qui se tenait devant elle, dans le miroir ?
LE MIROIR !
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