Discussion
Magnus avait encaissé la dernière phrase d'Alexander. Bien sûr qu'il repartirait. Malgré ses gros efforts pour l'aider dans sa nouvelle vie, la famille était, semblait-il, quelque chose d'extrêmement important pour le libraire.
— Je ne veux pas briser les rêves de Jace, mais nous devons avoir la permission de la consul Herondale pour avoir le droit de retourner dans le monde des mortels. Le but est de ne pas ébruiter tout cela afin de garder notre monde secret. Plus il y a de gens à traverser, plus il y a de chances d'être découvert. Crois-moi, Alexander, je comprends profondément Jace. J'ai vécu beaucoup trop d'années sans mon Alec et si cela était à recommencer, j'hésiterais à repartir, ne sachant pas dans quel homme ou femme je pourrais atterrir.
— On peut se retrouver dans un autre sexe ?
— Mais oui, rien n'est exclus. Vous avez eu la chance d'avoir des hôtes qui vous ressemblent physiquement, mais comme je l'ai dit, parfois il y a très peu de similitudes. Regarde Président Miaou. Tu crois qu'il appréciait son corps d'emprunt ?
— C'est deux là étaient clairement incompatibles. Et comment a-t-il put survivre aussi longtemps dans notre monde ?
— Il a utilisé ses vies de chats, voyons...
— Ouais, il aura au moins eut ça de positif, répondit Alexander en baillant.
— Le miroir ne se trompe jamais.
Voyant qu'il ne recevait aucune réponse, Magnus éteignit la lampe du bout des doigts et recouvrit leur deux corps avec la couette. Ressassant ses derniers jours, Magnus partit aux pays des rêves, tout en passant sa main dans les cheveux de son mari.
Au matin, c'est un rayon de soleil resplendissant qui réveilla Alexander. Il n'avait pas encore ouvert les yeux, mais il sentait le poids de Magnus qui l'écrasait de plus en plus. Mais, cette homme svelte devait avoir une musculature d'enfer pour qu'il soit aussi lourd. Alors qu'il tentait de repousser gentiment l'asiatique, il le sentit bouger brusquement, l'écrasant encore d'avantage.
— Magnus ! Pousse-toi tu m'étouffes, ronchonna le libraire.
Les mouvements encore plus vigoureux terminèrent de le mettre en colère et, cette fois, il donna une gigantesque poussée à son amant. Quel ne fut pas son étonnement de sentir sur son visage ce qui lui sembla être du papier sablé détrempé dans l'eau tiède que l'asiatique lui étendait du cou jusqu'à ses cheveux.
— Je n'ai vraiment pas le goût de jouer à ça, ce matin. J'ai un mal de crâne carabiné.
— Tu ne veux pas jouer à quoi, demanda Magnus qui arrivait tout juste de l'extérieur de la chambre.
C'est à ce moment qu'Alexander ouvrit les yeux et qu'il rencontra le museau de Président Miaou. En voyant que son second maître était enfin réveillé, le lion lui lécha une seconde fois le visage avant de sauter à nouveau sur lui pour lui souhaiter un joli matin. Trop occupé à vouloir enlever la bave qui dégoulinait de ses cheveux, il n'entendit pas que Magnus discutait avec son félin qui devenait de plus en plus agité.
— Ça suffit Président Miaou. Alexander n'est pas habitué à tes câlins matinaux.
Se tournant vers Magnus et voyant qu'il venait de démolir le repos du libraire, le lion pencha sa tête vers l'avant et ses oreilles descendirent, en signe d'excuse.
— Couchez, maintenant.
Bien évidemment, Président Miaou ne fit ni une ni deux et écouta Magnus sur le champs. Malheureusement pour Alexander, le lion posa négligemment son postérieur sur l'oreiller ou se trouvait déjà la tête dégoulinante du libraire.
— Magnus ! J'étouffe là dessous, souffla-t-il faiblement en tentant de ne pas avaler de poils.
— Allez mon mignon, papa a besoin d'air et toi aussi. Vas voir s'il fera beau aujourd'hui.
L'immortel ouvrit la porte de la baie vitrée et Président Miaou lâcha un feulement pour rouspéter avant de disparaître en courant vers le fourrage.
— Excuse-le, sunshine. Président Miaou aime autant que nous faire la grasse matinée dans le lit, et parfois, il peut vraiment être casse-pieds. Ce n'est pas pour rien que nous avons un aussi grand lit. Parfois nous réussissons à éviter ses coups de pattes pendant la nuit.
— Qu'elle joie de l'apprendre, bougonna Alexander en mettant son oreiller par dessus sa tête.
— Je viens tout juste d'aller le chercher chez Imogène. Je crois qu'il espérait pouvoir jouer un peu avec toi. Il aime beaucoup les jeux d'Alec.
— Je ne suis pas Alec !
— Oui, je crois qu'il a compris, mais il est bientôt midi. Tu ne crois pas qu'il serait temps de te lever ?
— J'y songeais, avant d'être écrasé, piétiné, détrempé et finalement étouffé par notre chaton.
À nouveau, l'asiatique ne releva pas le fait qu'Alexander avait utilisé le mot « notre », indiquant clairement qu'il s'adaptait à petit pas à son hôte.
— Alors c'est parfait car aujourd'hui, j'aimerais me rendre à la prison pour interroger Sébastien Morgenstern. Maintenant que nous avons retrouvé l'un des précieux livres, il n'aura plus aucune raison de nous dissimuler l'endroit où il a caché l'autre.
— Est-ce qu'on peut amener Jace avec nous ? S'il y a bien quelqu'un qui veut avoir ce livre, c'est bien lui.
— Si ton frère se présente devant lui, il va le détruire consciencieusement. Tu veux vraiment prendre ce risque ? D'ailleurs, je me demande si je ne devrais pas y aller seul. Vous êtes tous déracinés de votre monde. Il sentira votre faiblesse et il l'exploitera à son avantage ou tout simplement pour faire du mal.
Alexander se leva et se dirigea vers la salle de bain, mais avant, il bifurqua légèrement de sa trajectoire, pour planter un baiser sur la joue de Magnus.
— Pour le moment, c'est Alec. Donc, tu sais que je ne te quitterai pas d'une semelle. On pourra vérifier avec les Lightwood s'ils désirent venir, tout en sachant ce qui les attendent. On n'a aucun droit de leur refuser cela s'ils en sentent le besoin.
— Je me disais aussi que tu ne pouvais pas te pavaner nu devant moi, tout en étant Alexander. Comme d'habitude, mon chou, tu as raison. Comment j'ai pu me séparer de toi aussi longtemps ?
— Ce n'était pas prévu que Sébastien revienne sans toi. Moi aussi j'aurais un ou deux mots à dire à cet ordure, conclut-il en refermant derrière lui.
La dernière phrase d'Alec lui avait semblé glaciale, tout comme si elle lui était destinée personnellement, et non à Sébastien. Rarement il pouvait dire qu'Alec s'était levé du mauvais pied, mais aujourd'hui, il avait cet air déterminé et presque enragé qu'il ne lui connaissait pas. Avait-il fait quelque chose de mal ? Bien sûr Président Miaou s'était assis sur lui, mais c'était Alexander. Il réfléchit d'avantage et finit par comprendre qu'est-ce qui rendait Alec d'aussi mauvais poil.
Il ouvrit tranquillement la porte de la salle de bain et découvrit Alec, assis sur le bord du bain, qui tentait de camoufler ses larmes. Oui, ce qu'il croyait semblait se concrétiser. Comment lui faire comprendre... Il se rapprocha de son mari et lui entoura l'épaule.
— Mon chou ? Tu peux me dire ce qui se passe dans cette jolie tête ?
— Je n'ai pas le goût d'en parler.
— Pourtant tu sais que je suis incapable de te voir dans cet état.
— T'as qu'à rester avec Alexander. Lui au moins, il ne t'empêche pas d'être heureux.
— Voilà... Tu l'as dit.
Alec se remit à pleurer sans pouvoir arrêter une seconde. Il avait toujours cru que leur amour était assez fort pour résister à tout. Puis, Alexander s'était pointé avec son caractère beaucoup plus affirmé que le sien. Magnus aimait qu'il danse avec lui, qu'il boive et même qu'il lui fasse l'amour. Son mari savait qu'il couchait avec Alexander, hier, mais ça ne l'avait pas empêché de le faire, ce qui lui tordait le cœur à en avoir mal. Mais comment Magnus avait pu lui faire une telle chose ?
— Tu sais mon chou, je me doutais bien qu'un jour nous aurions cette discussion. Tu as été la plus belle chose qui me soit arrivé dans la vie. Oui, même si tu en doutes en ce moment, je peux t'assurer que je t'aime plus que ma vie et que chaque jour à tes côtés est un autre jour heureux. Je sais ce que tu crois... Tu t'imagines que je préfère Alexander et que je vais en tomber amoureux. Bien... c'est possible qu'un jour cela arrive. Cela te bouleverse, mais je n'en tomberai jamais amoureux tant qu'il n'aura pas complètement fusionné avec toi car tu seras la plus belle partie de lui.
— Mais... tu as couché avec lui, hier, et tu savais que c'était lui.
— Mon amour, si tu savais... Alexander n'est pas un être vulnérable et, hier, il me faisait tellement penser à toi quand je suis parti de l'autre côté du miroir. La seule fois où je t'ai vu me regarder de cette manière, tu étais en larmes, en me suppliant de rester avec toi. Puis, tu vois, avant qu'on le fasse, il m'a dit à deux reprises combien cela lui faisait mal tellement tu m'aimais. Il désirait me montrer ce que tu ressentais pour moi. Quand il m'a pris, c'est toi que je voyais et non Alec. Je te le dis, il n'y aura jamais que toi dans mon cœur et si je peux avoir deux versions différentes de toi, mais tout aussi magnifiques à l'intérieur, alors ce serait avec le plus grand bonheur que je t'épouserais à nouveau. Saches enfin que s'il venait qu'à repartir, il n'y aurait aucune chance que je le choisisse; non aucune. Tu m'entends? Jamais il ne pourra t'arriver à la cheville à moins de devenir toi.
— Oh bébé, je suis désolé d'avoir pu croire que tu le préférais à moi. Il... il est... si... ouvert... et tellement plus insouciant. Je sais que je ne suis pas comme ça et c'était terrible, pour moi, de t'imaginer l'aimer. Je suis tellement ingrat... Comme si tu avais choisi qu'il fusionne à moi. Le miroir ne se trompe pas, n'est-ce pas ? Il doit avoir une bonne raison. Alors pardon, pardon d'avoir douté.
Les larmes d'Alec se remirent à couler et Magnus ne put retenir d'avantage les siennes. Cette discussion était loin d'être terminée. Il fallait qu'Alec sache comment lui se sentait dans tout cela.
— Mon cœur est totalement à toi, Alec. Tu sais qu'il arrive à Alexander de parler comme toi, de penser comme toi et même de m'embrasser comme toi. J'ai parfois l'impression qu'il est toi et j'ai de plus en plus peur de vous vexer toi ou lui. J'ai besoin que tu me crois et que tu comprennes mon point de vue. C'est pareil, quand je crois qu'il me parle, mais que je me rends ensuite compte que c'est toi. S'il te plaît, je ne veux pas qu'on s'embrouille chaque jour parce que vous devenez de plus en plus une seule et unique personne. Tu sais qu'il m'a dit qu'il aurait besoin de voir des filles hier ? J'ai bien failli mourir de peine en sachant que tu me tromperais, enfin lui, mais tu comprends ou je veux en venir. C'est une autre des raisons qui m'a incité à faire l'amour avec lui. J'espérais qu'il n'aurait pas besoin de voir ailleurs et que je te garderais pour moi tout seul. Mais c'était sans savoir que tu aurais cette réaction, que maintenant, je comprends totalement.
— Je peux comprendre Magnus que tu m'aimes et que tu souhaites que nous trouvions une fusion parfaite, mais s'il te plaît, je te demande une seule chose. Même si tu crois ou sais que c'est Alexander, j'aimerais que tu l'appelles par mon prénom. Comme ça, je n'aurai pas autant l'impression de te surprendre quand j'aurai le plein contrôle. De toute manière, si nous sommes appelés à fusionner, il faudra bien choisir, entre nos deux prénoms?
— D'accord, je lui en parlerai et je ne lui laisserai pas le choix.
— Merci bébé...
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