Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Respire

Je tourne sur moi-même et scrute les recoins de la salle, cherche un serveur différent des autres ou encore une hôtesse avec un peu plus de rose aux joues que ses collègues.

Rien.

Le Léopard a parfaitement su utiliser ses capacités de camouflage. Luc me tend une coupe de champagne et je bégaie un remerciement inaudible.

Et si on laissait tout le monde en plan et qu'on se tirait chambre 237 ?

Et si on se faisait accueillir par Brittany ?

Va pour Brittany en entrée : je suis prêt à avaler n'importe quoi.

Je t'en supplie, laisse-moi encore un peu de temps, laisse moi assurer ce soir au moins.

Tu vas réussir à ne plus penser à ce mail ?

Je n'y pense déjà plus : je pense au prochain.

Hugh revient vers nous, accompagné d'un couple âgé resplendissant. DHA, Acide Hyaluronique et vitamines, un peu de running, des oranges bio de Floride et un couturier sans émotion leur prolongent une jeunesse perdue depuis des décennies.
Mes seins entrent en compétition avec ceux de Madame. Soixante-dix ans au bas mot, j'ai un peu honte de bomber le torse mais je suis incapable de me retenir. Le champagne entame sur mon physique un processus de changement sur lequel j'ai peu de contrôle.
Mes yeux brillent, ma bouche reste entrouverte et molle, je ne regarde les gens que d'une œillade en coin vulgaire. Je suis le fantasme racoleur parisien de Jack, il ne me manque qu'une clope aux lèvres.

D'ailleurs j'ai envie de sortir fumer.

— Saah, viens par ici, mon chou. Laisse-moi te présenter Lionel et Sophia Heidenmann. Ils possèdent trois librairies, dont une à Manhattan, ils t'ont a-do-rée. Sophia se fait une fête de ta venue pour dédicacer et Lionel veut te rencontrer depuis des semaines. Sois charmante, s'il te plaît.

Je salue avec le sourire d'une commerciale en implants dentaires​ en appuyant mes secondes syllabes avec excès :

— 'Am sooo, glaaaad to meet you ! I'm fond of your city !

— On adooOoore "La Queue du Léopard", Saah. Tous nos clients veulent vous rencontrer ! Tous.

— Vraiment ? Vous me flattez, Sophia, vous êtes une flatteuse, dis-je en la taquinant de l'index.

— Non, on a a-do-ré ! La communauté gay est "just in love " avec ton livre, on a plus que hâte que tu viennes dédicacer à la librairie, renchérît son mari.

Hugh me sourit d'un air entendu pour que je rajoute un coup de langue. Le Dragon s'en charge à ma place aussi sec.

— Je vais vous laisser alors, il faut que je me le remette bien en bouche pour vous en parler avec émoi dès demain.

Sans perdre son ignoble rictus, le monstrueux bestiau s'éloigne d'un pas chaloupé, à l'intention de Lionel, vers le buffet. Lorsque je retrouve Luc je suis en pleine possession de mes moyens.

— Dans une autre vie, je vous aurais fait des propositions indécentes. Dans celle-ci nos boulots prennent le pas sur tout, même sur nos envies.

— Dans cette vie j'arrive à dealer avec ça, j'espère que vous y arriverez avant la prochaine vous aussi. Vous avez ma carte, Saah. Ma secrétaire sera ravie de me déranger pour votre appel.

— J'essaierai de travailler là-dessus. Vous avez mon mail si jamais vous devez reprendre l'avion.

— Vous quittez déjà la soirée en votre honneur ?

— Vous savez garder un secret ?

— Jamais.

— Je ne vous en aime que d'avantages, sachez que je ne suis jamais venue ici pour cette soirée.

— Vous êtes venue pour quoi, alors ?

— Et bien, comme tout le monde : pour La Queue du Léopard.

Luc sourit et feint de comprendre quelque chose qui échappe à l'assemblée. Cet homme me plait et me terrifie : il me ressemble. Je récupère mon téléphone pour répondre au chaton taché.

Un nouveau mail est arrivé entre temps.

De : [email protected]
À : [email protected]
Objet : Votre dossier est accepté.

Bonjour Saah,

J'ai le plaisir de vous annoncer que votre dossier est accepté, l'appartement est à vous. Il faudrait que nous puissions nous revoir au plus tôt à votre retour pour signer tous les documents.
Cordialement,
Christophe Millot

P.S : Dans un second temps j'aimerai signer moins formellement et vous revoir même sans documents. Amicalement,
Christophe.

Mais qu'est-ce qu'ils ont tous ce soir ? Est-ce New-York ? Le décolleté du smoking ? Le plaisir de partager une bière avec moi ou l'idée de me faire signer des papiers ?

J'ai le Dragon en poupe et le foc en manque, mon excitation décuplée par les coups de rames de mes galériens.
Je suis un drakkar sans gouvernail sur une mer de possibilités. Drakkar contre braquemard.

Et bien moi je suis prêt ! Allez, hop, hop, hop, chambre 237 !

Non, attends, je réponds d'abord.

C'est ton truc ça, hein : écrire.

Huuumm.

De : [email protected]
À : [email protected]

Je ne te vois pas. Je m'ennuie. Sors-moi d'ici si tu es encore là.

En attendant sa réponse ou son arrivée, je réponds avec amabilité et froideur à mon agent immobilier.

Le décalage horaire commence à me peser, si je reste dans cette salle je vais dire n'importe quoi et boire n'importe comment. D'ailleurs je vide d'un trait ma coupe de champagne en regardant mon portable de façon compulsive pour vérifier que je n'ai pas reçu de réponse.

Serrage de mains.
Sourires appuyés.

Hugh me reprend en main et m'exhibe à ses clients avec un air satisfait. Les invités ne tarissent plus d'éloges convenus et hypocrites, mon patron s'est transformé en mon premier fan. Ses commentaires me comblent, ses compliments achèvent d'endormir le Dragon, complètement absorbé par l'effet de ses écailles sur la gent masculine.

Plus de contention, plus d'inhibition.

D'une flûte à l'autre, de poignées de main en plaisir forcé, je virevolte au gré des choix de mon éditeur. À chaque fois que j'essaie de le prendre en aparté, il me présente une nouvelle personne ou relance la conversation. Les questions fusent de toutes parts et il ne relâche jamais la pression sur mon avant-bras.

—Le tome 2 sortira bientôt ?

— Il y a une explosion dans l'édition des romances gay en ce moment, vous en avez écrit d'autres ?

— Certaines scènes sont... Très épicées, dirons-nous, vous vous êtes basée sur quoi pour les écrire ?

— Vous connaissez Dylan O'Brien ?

— Je vous ai vu en photo avec lui à Londres !

—La voisine de mon frère est très amie avec Brittany, vous savez ?

— Vous jouez au golf ?

— Il FAUT venir dîner cette semaine.

— Heureusement que vous n'avez pas utilisé la métaphore du lynx, ça aurait été moins glorieux pour l'acteur, huhuhu...

— Vous aimez les chiens ? J'adore les animaux moi aussi, vous savez. J'ai un chien et...

Pour répondre j'utilise la méthode José Garcia, je ne parle plus, je mime, souris, écarquille les yeux. Le Dragon revient chuchoter, hilare, dans ma tête.

Imposteur, imposteur, imposteur... Tu ne t'assumes toujours pas. Ni dans ce que tu es, ni dans ce que tu écris

Hugh, Hugh, il faut que je te parle, s'il te plaît, il faut que je te parle, écoute moi...

Mais les mots restent collés au fond de ma bouche, je cherche à accrocher le regard de Luc pour qu'il me vienne en aide mais ses yeux sont déjà partis loin sur les formes d'une des serveuses. En désespoir de soutien, je m'empare de ma dernière excuse pour quitter les lieux :

— Veuillez me pardonner, un vieux défaut français qui ne passe pas, dis-je en agitant les doigts devant mes lèvres.

Je traverse le hall à vive allure. De l'air, de l'air frais. Le mois de février s'engouffre dans mon pharynx à peine dehors, je ressens les picotements de l'hiver sur ma gorge comme une bénédiction.
Ma respiration reprend un rythme normal. Le Dragon a encore disparu et me laisse à nouveau seule sur un tas de cendres à peine tiède.

Je tire une taffe sur ma cigarette. Une seconde aussi. Et puis je me décide à vérifier que ma messagerie fonctionne bien.

De : [email protected]
À : [email protected]

Objet : Demain soir

Je suis bloqué dans une soirée de travail moi aussi. Je suis parti juste après être venu te saluer incognito. On boit un verre ensemble demain soir ? 21H ? Il y a un endroit où je voudrais t'emmener.

Je respire. Je respire. Je respire.

Il faut que j'appelle Xavier, mais ça va : je respire.

******************************************************************************************

Hello les lecteurs,

Les anciens, les nouveaux, je suis vraiment heureuse de vous retrouver après une petite absence prolongée.

Je tenais à vous remercier pour votre soutien, grâce à vous Saah boit moins, ne cède pas à la tentation, ne couche -toujours- pas avec les hommes qu'elle rencontre et achète des sous-vêtements au lieu de les vendre : vous êtes formidables ! Qui sait, avec un peu de chance on va réussir à la marier à un Charle Ingalls d'ici un ou deux chapitres : ce serait génial, non ?

Le petit jeu du chapitre est le suivant : une référence littéraire et cinématographique s'est glissée dans le texte... De quel film/livre s'agit-il ?

Si vous trouvez, vous gagnez un point bisou.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro