✧ 1. Le Bernin
∗.⋆༄
21 Mars, Perséphone venait d'arriver sur Terre.
Le printemps était là.
Les premiers jours des cent printemps qui précédaient celui-là, elle les avaient passés dans un parc anglais, remplie de verdure, d'arbres vêtu de quelques bourgeons, et les quelques marguerites courageuses qui montraient le bout de leur nez. Chaque début de printemps, elle les avaient passés là, sur le banc en bois de ce parc à attendre. Sa motivation était loin d'être à sa summum, de même pour sa joie de vivre habituellement contagieuse. Perséphone était éteinte depuis cent printemps. Cent printemps que la gelée persisté jusqu'à fin mars.
Chaque année, elle croisait La Mort qui passait et venez récupérer des innocents perdus pour ensuite les guider au paradis ou alors les guider à son mari. Perséphone aimerait courir vers La Mort et la serrer dans ses bras pour lui demander pourquoi il n'était plus là ? Pourquoi cela faisait cent printemps qu'elle était là, à l'attendre et qui du jour au lendemain avait cessé de venir. Elle aurait tellement aimé pouvoir lui parler, mais les obligations professionnel faisait que La Mort ne pouvait pas entrer en contact avec La Reine des Enfers, ou le Roi, de même que pour le Dieu régent tout là-haut.
Ce printemps-là, Perséphone avait décidé de se rendre à La National Gallery, le Musée des Beaux-Arts de Londres. Elle ne savait pas réellement ce qui l'avait poussé mettre les pieds ici, mais se fondre dans la masse, se fondre à travers ces jeunes humains semblait une bonne idée pour se fondre au paysage. Vêtu de son long manteau couleur crème, d'un pull léger style marin et de son jean bleu, Perséphone faisait face à une statut de marbre.
Elle était la seule dans cette immense pièce à fixer cette sculpture. Un homme et une femme, figé dans le temps et la pierre. La sculpture devait bien faire deux fois sa taille avec le socle. Les mains plongées dans ses poches, Perséphone laissait ses yeux couleurs noisettes d'une intensités incroyable, défilés le long des jambes musclés de l'homme pour remonter jusqu'au drapés d'un réalisme exceptionnel, couvrant ses parties génitales. Ce drapés, couvrait aussi le bas du corps de la femme qui se trouvait appuyé contre cet homme, essayant de le maintenir à distance d'elle. Sur ses hanches pleines, les grandes mains de l'homme enfoncés dans sa chair, la maintenant avec fermeté. Un frisson lui parcouru l'échine. Elle avait encore l'impression de sentir cette main sur son corps.
Elle continua de promener ses yeux jusqu'à voir le visage de cet homme. Il n'avait rien à voir avec son mari. Cet homme là avait un visage rond, une bonne barbe mais des traits très doux et peu prononcés. Cela aurait pu être la texture du marbre qui rendait cette pureté et cette innocence au visage de son mari. C'était ce que Perséphone pensait. C'était plus simple de penser cela plutôt que de s'imaginer le sculpteur vouer un culte pour cet homme des enfers en plein pêché.
Elle laissa glisser une larme sur sa joue sans s'en rendre compte.
La femme. Perséphone posa ses yeux sur son visage. Elle était belle et malgré la représentation de la scène, son visage n'avait rien d'une jeune fille qui venait de se faire enlever par le roi des Enfers. Cette fois-ci, elle ne pu s'empêcher de penser que c'était une représentation malsaine de la situation. Le sculpteur pensait-il vraiment que rendre cette oeuvre romantique serait la représentation de la vérité ? Rien ne lui ressemblait.
— Devant vous, Mesdames et Messieurs, vous pourrez trouver la sculpture du Rapt de Proserpine, réalisé en 1622 par Gian Lorenzo Bernini.
Un groupe d'humain de toute origine s'approcha de la sculpture accompagné d'une guide à l'air hautain et une gestuelle insupportable, s'approcha. Perséphone fut ramené à la réalité et décida de tendre l'oreille.
— Cette sculpture est la représentation parfaite de la diagonale de l'époque baroque, ainsi que ses courbes féminines, et ses détails dans le drapé. La stabilité de la composition est donnée par le jeu des verticales et des diagonales tout en la rendant très dynamique. C'est une représentation très naturaliste, notamment dans le traitement des chairs. Comme vous pouvez le voir, les mains de Pluton dans la Mythologie romaine ou Hadès pour les Grecs, s'enfoncent dans les cuisses charnues de Perséphone.
Les mains d'Hadès s'enfoncent dans les cuisses charnues de Perséphone. Elle ne pu retenir un nouveau frisson. Elle se souvenait parfaitement de la sensation que la poigne de son ravisseur avait provoquait en elle. Pour elle, c'était la représentation du jour ou elle avait été retiré à ses parents d'une violence inouïe pour être condamné à passer le restant de ses jours en Enfer. Ce jour-là n'avait pas lieu d'être romantique, c'était ce qui la mettait hors d'elle. L'imbécilité de l'humanité face aux mensonges racontés sur l'histoire de la Grèce Antique. Tout n'était pas tout beau, tout n'était pas que Dieux et Déesses musclés, aux corps luisants, faisant la taille des titans, assit sur un trône nommé l'Olympe. Son père avait beau être Zeus restait un homme, et un père avant tout. La vie avant n'avait rien avoir avec celle d'aujourd'hui. Le consentement à cette époque là n'existait pas et elle aurait apprécié connaitre se terme ou même l'inventer, peut-être que sa vie aurait été bien différente. Meilleure, sûrement.
— Perséphone ou Proserpine, selon les croyances s'est marié très jeune à Hadès et suite à cela est devenu la Reine des Enfers au côté de son mari.
— Vous pensez qu'elle a été heureuse un jour ?
Perséphone ne put s'empêcher de se joindre au groupe et de poser sa question, qui visiblement dérouta la guide.
— Je vous pose la question selon votre ressenti personnel, pas selon les mythes.
— J'imagine que... quatre retiré à sa famille si jeune pour régner sur les enfers, ne doit pas être facile. Mais je pense aussi que cet accord passé avec son père, Zeus et son mari Hadès, de pouvoir sortir des Enfers 6 mois par an pour le Printemps, a du lui faire le plus grand bien et lui a permis de se sentir moins prisonnière et plus Reine.
Ce que la guide venait de lui dire, l'aida à calmer ses ardeurs. Perséphone acquiesça d'un simple sourire avant de remercier la guide et s'en aller plus loin. Finalement, elle se sentit comprit. Entre les dires des mythes et les pensées des humains, il y avait un très grand vide qu'ils arrivaient à enjamber pour se mettre à sa place.
Elle se posta devant une nouvelle oeuvre, un tableau cette fois-ci. Un Rembrandt, lui aussi essayait de retranscrire ce qu'elle avait vécut. Au vu du coup de pinceau de cet homme, Perséphone ne pu s'empêcher de penser qu'il était bien déranger. Tout était globalement flou, tout était sombre hormis le visage pale de Perséphone qui essayait de repousser son ravisseur, sur un char de de course romaine. Perséphone haussa les sourcils.
— Je n'ai jamais trouvé l'histoire aussi convaincantes que lorsque les mots sortent de ta bouche.
Cette voix. Elle la connaissait parfaitement. Une voix bien trop grave pour être réel. C'était un rêve. Du moins elle appartenait à un rêve. Ce rêve, elle l'avait bien trop souvent imaginé ces cent dernières années pour être réel aujourd'hui. Elle n'osait pas tourner la tête. Elle sentait simplement sa présence à côté de lui, et plus rien n'existait d'autour d'elle. Il n'y avait que lui et personne d'autre. Comment un homme pouvait-il faire autant d'effet ? Ce n'était pas un homme, voilà la réponse.
Perséphone ravala ses larmes autant qu'elle pu, bien qu'une larme solitaire décida de se montrer. Il n'aimait pas la voir pleurer et si il avait pu lui essuyer, il l'aurait fait à la seconde où il l'avait remarqué. Mais ce geste était déplacé, il n'avait pas le droit, tout comme il n'avait pas le droit de revenir ainsi comme une fleur —bien que cela soit le premier jour du printemps— et simplement l'an border comme n'importe qu'elle humain. Le Seigneur des Rêves n'avait pas le droit d'aborder la Reine des Enfers de cette manière, il devrait être puni pour cela.
Elle tourna les talons des qu'elle pu. Jamais elle n'avait couru aussi vite que depuis qu'elle s'était fait enlever par Hadès. Il fallait qu'elle le fuit, quitte à retourner dans son royaume et laisser mourir le printemps pour cette année.
Alors elle ouvrit un portail, en plein milieu d'un rue Londonienne.
— Les branches fournissent la fraîcheur, la terre humide des fleurs pourprées ; c'est le printemps perpétuel.
Encore sa voix qui l'a poursuit, récitant une ligne de l'ouvrage d'Ovide comme si elle était la seule à le comprendre.
— Je suis là maintenant.
Elle lui en voulait et pourtant, il y a des années de cela, Morpheus et Perséphone se donnait rendez-vous dans ce fameux parc anglais où elle l'attendait chaque 21 Mars. Depuis leur rencontre hasardeuse dans en Enfer, ils avaient décidés de ne jamais perdre contact. Chacun vivant dans son royaume, ils se réunissaient sur terre le 21 Mars de chaque année. Sauf que les cent dernières années, Morpheus avait manqué à l'appel et Perséphone ne savait pas pourquoi. Il était le seigneur des Rêves, lui avait-il fait rêver de cette amitié ? Morpheus était-il réellement fiable après tout, il faisait ce qu'il voulait des personnes à partir du moment où ils étaient assoupis.
Mais non, le fait qu'il soit là devant elle, en détresse, lui prouvait bien qu'elle n'avait pas rêvé.
Un siècle qu'elle n'avait pas croisé ce regard azur, au bord rouges. Un siècle qu'elle n'avait pas vu cette imposante carrure élancé et si fine. Ces cheveux brun couleur geais en batailles, et ce long manteau noir qu'il ne quittait jamais peu importe la saison. Perséphone n'avait pu s'empêcher de mettre tout son cœur dans cette amitié, puisqu'au fond d'elle, si sa disparition si soudaine et si longue l'avait affecté à ce point, c'était parce qu'une part d'elle, s'était attaché à lui plus qu'il ne l'était permis.
Et ça jamais elle ne l'avouerait, d'une part parce qu'aujourd'hui il ne le méritait pas et d'une autre part parce qu'il était Morpheus, Rêve, Le Seigneur des Rêves et des Cauchemars, et qu'elle était Perséphone, Proserpine, La Koré, La Reine de Enfers.
Même le printemps ne pourrait pas le supporter.
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