Quand j'achève quelque chose, je me sens dans le besoin quelques mois ou années plus tard de le détruire. Réécrire ou fournir d'autres versions, ça me permet de conserver. Pareil pour la correction, ça améliore mon texte et les modifications faîtes sont minimes.

Je garde donc avec efforts, je m'améliore un peu avec le temps. Avant, j'écrivais, je montrais parfois, puis je dissimulais ou je détruisais et je me culpabilisais. Maintenant j'écris, je montre davantage et je modifie. Bien sûr, ça m'arrive encore de détruire mais je travaille sur la prise de conscience. Je me dis: "Attends ! Avant de déchirer ça, pourquoi ne pas se questionner sur les raisons de l'acte ?"

Souvent, il m'arrive de perdre des textes, des toiles, des dessins, parce que je ne parviens pas à me raisonner. Mais je chéris les petites victoires, les parades trouvées pour construire. Je garde en mémoire ces moments où je cesse mon massacre, ces moments où je range au lieu d'entasser puis jeter, ces moments où je cesse de crier "c'est de la merde entière" et où je me dis "ça va servir de compost".  

En voyant, ma production littéraire comme artistique, j'ai envie de la réduire ou de croire aux raisons que tout le monde m'énonce.

Après tout, quand on écrit trop, on est tenté par ces options. Les sous-dossiers dans votre disque dur sont autant de moyen pour dissimuler le nombre énormes de fichiers texte et les tiroirs eux des univers dangereux comme merveilleux où vous découvrez votre vie d'il y a quelques mois ou une année, à plusieurs années. Quand les tiroirs ne sont pas assez, il y a les fameux trieurs professionnels ou les boites. Cela permet de cultiver un certain étonnement. 

Mais il faut accepter sa nature, dans l'écriture on parle de tradition apollinienne et dionysiaque.

L'une pleine d'ordre, de rigueur, de maîtrise et de constance placée sous Apollon. L'autre chaotique, erratique, irrégulière, débridée et inconstante placée sous le signe de Dionysos. Cela résume grossièrement bien sûr, puis ça a été abandonné comme tradition.

Vous comprenez dans quelle catégorie, je me trouve.