Quand j'ouvre les yeux, il fait grand soleil. Je suis dans un lit bien confortable, allongée sur le dos. Je tourne la tête lentement et reconnais ma chambre. Je décide de me relever, mais la douleur qui se répand immédiatement dans mon épaule m'en empêche. Je retombe lourdement sur le coussin, regarde mon bras en écharpe et grimace. Les derniers événements me reviennent subitement en mémoire et je commence à paniquer. Si je suis dans ma chambre, c'est que notre moyen de transport a été débarrassé de ses assaillants et que nous ne nous sommes pas écrasés, c'est déjà une bonne chose. Quelqu'un toque, mais je n'y prête pas attention. On entre.

- Alix, tu es réveillée ?

Je tourne doucement la tête pour croiser le regard inquiet de Steve. Un soupir de soulagement m'échappe et je souris.

- Steve. Ils sont tous partis ?

- Oui, c'est fini pour le moment. Comment te sens-tu ? me demande-t-il en s'asseyant au bord de mon lit.

- Je crois que ça va, réponds-je en baissant les yeux sur mon bras. Tu peux m'aider à me redresser ?

- Bien sûr.

Le beau blond passe ses mains fermes sous mes aisselles et me place en position assise. Ce simple contact déverse une vague de chaleur dans mon corps, mais m'arrache aussi un cri de douleur.

- Oh, pardon, excuse-moi.

- Ce n'est rien, souris-je une nouvelle fois.

Il ne porte plus son costume et c'est une des rares fois et je le vois habillé "normalement". Ça lui va bien..

- Bon, je suis juste venu voir si tu étais réveillée. Les autres vont être ravis d'apprendre que c'est le cas. Repose-toi.

- Attends !

J'attrape son poignet avec force avant qu'il se lève. Il se retourne et me fixe de ses magnifiques yeux bleus. Pendant une seconde, je ne me rappelle plus quelle question je voulais lui poser, je suis comme hypnotisée. Je me ressaisis finalement et le lâche.

- Depuis combien de temps je suis inconsciente ?

- Seulement deux jours.

- D'accord... Je suis encore désolée de ne pas avoir réussi à tenir.

Mon visage s'assombrit et mon regard se voile. Je baisse la tête pour qu'il ne voie pas les larmes se former aux coins de mes yeux. J'ai encore été minable. Comme la dernière fois, je n'ai pas réussi à rester consciente, tellement la douleur m'a affectée, assez longtemps pour les aider comme j'aurais dû. Une main chaude se pose sur ma joue et me relève la tête. Steve essuie une des larmes qui a roulé sur ma joue du pouce et me sourit tendrement.

- Arrête, tu as fais du très bon travail. L'important c'est que tu ailles bien.

Mon regard passe de ses yeux à ses lèvres en une fraction de seconde avant de détailler son visage d'ange. Quand il rompt le contact et se lève, une vague glaciale se répand dans tout mon corps. J'expire lentement comme si je n'avais plus respiré depuis un moment. J'hoche la tête et le regarde partir. Quand la porte se referme, je me sens seule, vidée.

~~#~~

Deux semaines plus tard, mon épaule est comme neuve. J'ai repris mon entraînement, seule cette fois-ci. Ça ne fait qu'une semaine que je suis sortie de ma chambre et dès que je l'ai pu, je me suis rendue à la salle de tir pour m'exercer au pistolet. Cela me ferait un atout supplémentaire de manier les fusils. Durant ma semaine de rétablissement, Natasha est souvent venue me rendre visite pour me donner des nouvelles de Clint. Elle a réussi à l'assommer suffisamment longtemps, pendant le combat, pour l'enfermer et l'enchaîner. Depuis, il dort et elle ne sait pas s'il va se réveiller. J'avoue que je suis aussi inquiète, je me demande s'il va revenir parmi nous en tant que Clint Barton ou encore en tant que partisan de Loki.

Je frappe dans le punching-ball comme si ma vie en dépendait. Mes articulations commencent à me faire mal, mais je continue pour éviter de penser une nouvelle fois au regard de Larkoff posé sur moi. Les Avengers sont au courant de ma petite altercation avec l'assassin de mes parents et ils savent que je ferai tout pour le tuer quand je le retrouverai. Cette fois-ci, hors de question que je le laisse partir, je ne me le pardonnerai pas. J'aurais dû m'en douter qu'il avait rejoint les rangs du frère de Thor. Ce type ferait tout pour avoir le pouvoir et exterminer la terre entière. Ma colère se libère au fil des coups que je donne au pauvre défouloir. 

Quelqu'un entre et j'arrête quelques secondes le temps de voir qui est là. Une fois que j'ai assimilé que c'est Nick Fury qui se tient devant moi, je continue ce que j'étais en train de faire. Mon débardeur noir me colle à la peau tellement je transpire et des mèches brunes, échappées de ma queue-de-cheval, collent sur mon front. Je respire bruyamment et essaie de ne pas me mordre la langue quand je saute pour donner un autre coup violent. L'homme se place à côté de moi et me regarde déverser ma colère en souriant. Je décide de m'arrêter, j'ai le souffle court et il est temps de reposer mes mains. Je me dirige vers ma bouteille d'eau et en verse le contenu sur ma tête après avoir bu quelques gorgées. C'est fou comme ça fait du bien.

- Je suis content que ton épaule soit en bon état, lâche Fury.

Je me retourne vers l'homme et le toise, étonnée.

- Merci, mais ce n'était pas grand-chose.

- Pas grand-chose, tu t'es quand même pris une balle dans l'épaule Alexandra.

- C'est Alix. Et ce genre de blessures cicatrise vite.

- Surtout quand elles te sont infligées.

Je fronce les sourcils, qu'est-il en train de raconter ? Il est vrai que Bruce et Tony ont aussi été très étonnés de ma si rapide guérison, mais moi j'ai toujours trouvé ça normal. Mes blessures n'ont jamais été assez graves pour être longues à cicatriser.

- Que voulez-vous dire ? m'enquiers-je.

- Je veux dire qu'une personne normale ne devrait pas cicatriser si rapidement.

- Mais je ne suis pas normale, vous le savez très bien, soupiré-je en m'asseyant sur le banc situé derrière moi.

- Non, c'est vrai. Mais même un super-héros ne peut pas guérir si rapidement. Je pense que ce sont tes pouvoirs qui font ça.

- Mes pouvoirs ? Que voulez-vous dire.

- Et bien, commence-t-il en me rejoignant. Un être humain est composé de 60 % d'eau, mais toi, étant Hydrokinésiste, tu es composée presque entièrement d'eau. Ce qui fait que tu te régénères rapidement quand tu es en contact avec de l'eau. J'imagine que tu as pris des douches tous les jours ?

- Euh, oui. Je ne comprends pas vraiment où vous voulez en ven...

- Ton élément permet de régénérer tes tissus plus rapidement que la moyenne, ce qui veut dire qu'une blessure guérit plus vite chez toi que chez un humain normal... ou un super-héros, me coupe-t-il.

- Mais je ne savais pas que je pouvais faire ça.

- Comme quoi, on en apprend tous les jours. Cette information pourrait beaucoup te servir pour la suite. Si tu guéris rapidement en contact d'eau, tu pourrais faire des ravages, Alix.

- Je dois m'entraîner à me régénérer alors ?

- Oui, ça peut être extrêmement utile. Je pense aussi que tu pourrais guérir les blessures d'autres personnes en utilisant l'eau que contient leur corps. Mais ça ne sera pas pour maintenant, je pense que ce genre de pratique demande un grand entraînement.

Fury se lève et se dirige vers la porte. Il se retourne une dernière fois et un sourire apparaît sur son visage.

- Tes parents seraient extrêmement fiers de toi, Alexandra.

La porte claque. Pendant plusieurs minutes je reste assise en silence. Si je peux me régénérer, je pourrai rester dans le feu de l'action et aider mes congénères autant que je voudrais.

~~#~~

Je passe le reste de la journée dans ma chambre avec un couteau. J'enfonce à chaque fois la lame dans ma peau et attends quelques secondes que le sang coule avant de rincer ma plaie qui se referme instantanément à chaque fois. Au fil de la journée, la guérison se fait plus rapide et je me fais des plaies plus profondes pour réussir à guérir une blessure plus importante.

Soudain, quelqu'un toque à la porte. Je regarde l'heure, il est vingt-et-une heure passées. J'ai raté le dîner sans m'en rendre compte.

- Entrez ! lancé-je.

La porte s'ouvre alors que j'enfonce une nouvelle fois la lame dans ma cuisse.

- Mais qu'est-ce que tu fabriques ? entends-je crier.

Une main s'empare de mon arme et la pose sur la table de chevet rapidement avant de se rendre dans la salle de bains. Je redresse la tête et vois Captain America se ruer vers moi avec du coton et du désinfectant.

- Tu es dérangée ou quoi ?

Je stoppe Steve dans son élan alors qu'il s'apprête à appliquer le coton sur ma plaie béante.

- Ecoute, je sais que tu t'en veux, mais tu es géniale ! Tu n'as pas besoin de t'infliger ça, tu es une super-héroïne !

J'éclate alors de rire. Le blond hausse un sourcil. Agenouillé comme ça près de moi, avec son coton et son tube de désinfectant à la main, on dirait un père soucieux. Je ris une nouvelle fois et, quand je suis calmée, je fais glisser un filet d'eau sur ma plaie qui se referme instantanément, nettoie le sang et ne laisse aucune cicatrice. Le soldat se relève et recule, surpris.

- Tu vois ? J'arrive à me régénérer en présence d'eau. J'ai fais ça toute l'après-midi, tu n'as pas à t'inquiéter !

J'éclate de rire une nouvelle fois alors que Steve pose ce qu'il a dans les mains sur la table de chevet avant de s'asseoir à côté de moi. J'essuie les larmes de rire qui perlent aux coins de mes yeux et le regarde.

- Tu aurais pu me prévenir, j'ai eu peur ! s'énerve-t-il.

- Le héros de l'Amérique aurait-il peur du sang ? raillé-je.

- Non, mais il a eu peur que tu te fasses du mal !

Je reprends mon sérieux. Il s'est vraiment inquiété pour moi. Vu la façon dont il respire, son cœur doit battre la chamade.

- Je... je suis désolée, bégayé-je.

Son visage s'adoucit et ses traits se font moins durs. Il me sourit doucement.

- Ce n'est rien, mais préviens avant de faire ce genre de chose. Bon, comme ça tu peux te régénérer ?

- Oui, c'est Fury qui m'a fait remarquer ça. En fait je ne m'étais jamais rendue compte que je guérissais plus vite que la normale.

- C'est vrai que c'est un bon atout.

- Oui, au moins, je ne m'évanouirai plus sous le coup de la douleur maintenant que je peux me faire guérir et je ne vous abandonnerai pas.

- Tu ne nous abandonnais pas ! C'est normale que tu perdes conscience avec ce qu'ils t'infligent. Tu es une bonne personne. Tu es forte, déterminée et admirable.

Je le fixe intensément dans les yeux. Ce qu'il dit est adorable. Il a toujours été si gentil avec moi. J'ai le malheur de baisser les yeux. Ses muscles sont visibles sous son t-shirt moulant. Je rougis et tourne la tête pour scruter mes jambes. Mes joues s'enflamment de plus belle quand je me rends compte qu'elles sont nues. J'ai complètement oublié que j'avais enlevé mon pantalon pour lacérer mes jambes et refermer les plaies et que j'étais maintenant en petite culotte.

- Bon, je vais y aller, souffle le bond.

Je le regarde rougir à son tour. Il semble avoir lui aussi remarqué que je ne porte pas de bas. Il se lève et se dirige vers la porte.

Je cherche une excuse à toute vitesse pour essayer de le retenir. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne veux pas qu'il parte, je veux qu'il reste encore un peu. Mon cerveau bouillonne, mais je ne trouve rien de potable.

Je me lève subitement, oubliant mes jambes dénudées et crie :

- Attends !

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Ecrit le 13 Juin 2016, corrigé le 16 Octobre 2021.