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Chapitre 1

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Enroulée dans mon plaid pilou pilou, une tasse de chocolat chaud fumant à la main, je profite de ces derniers instants de parfaite félicité. Dès demain, je dois prendre mes valises direction le Canada. Mon boss veut que je tâte le terrain avant la construction du complexe hôtelier « All Nature » sur lequel je bosse depuis des mois. D'après ses dires, certains habitants seraient réticents à l'idée de cette construction sur les plaines alentours.

« Angèle, c'est votre projet. Allez le défendre. En plus vous n'avez pas pris de congés depuis des lustres, vous ne m'avez pas dit que vous aviez de la famille au Canada ? Vous pourriez aller les voir et passer les fêtes de Noël avec eux comme ça ! »

Comment dire à mon patron, qui est très famille, que moi je ne le suis pas ? Depuis mon déménagement du Canada à 18 ans pour aller poursuivre mes études sur le vieux continent, je n'ai eu que de légers contacts avec ma mère, seule famille qu'il me reste. Elle m'en veut d'être partie loin d'elle et me l'a suffisamment reproché à chaque retour que j'ai fait à la maison. Elle s'est remariée depuis trois ans, sans m'inviter d'ailleurs, et n'a de cesse de me parler de ses beaux-enfants qui sont formidables les rares fois où je l'ai eu au téléphone. A vrai dire, cela m'a permis de ne plus y retourner du tout et à 27 ans, j'ai l'impression d'être libérée d'un grand poids. Je sais déjà qu'elle va me faire des remarques et que je vais devoir me taire, comme toujours. Je n'ai jamais eu le dernier mot avec elle, et je ne vois pas pourquoi cela commencerait maintenant.

Je plisse des yeux avant de les fermer totalement. Calme Angèle, calme. J'entends la porte derrière moi et Pierre, mon compagnon depuis trois ans, rentre dans l'appartement. J'ai décidé de passer ma dernière nuit chez lui pour des raisons pratiques : il vit plus près de l'aéroport que moi. Il m'embrasse sur le front et je sens à ses lèvres fraiches que la température extérieure a encore chuté.

–Hum, tu sais que tu peux augmenter le chauffage même quand je ne suis pas là. Il fait un froid de canard.

–Mais non ! Je vais bousiller ta note d'électricité !

Pierre me coule un regard étrange et finit par s'asseoir près de moi. Il attrape ma main avant même de retirer son manteau.

–Il serait peut-être temps que tu envisages de déménager totalement ici, tu ne crois pas ? Je sais que tu as ton appartement, que tu es entrain de le payer, mais, tu pourrais le mettre en location et vivre ici. Je ne te demanderais rien du tout. Pas de loyer, pas de charge, même pas le paiement des courses.

–Hum, la veille de mon départ, tu penses que c'est vraiment le moment de m'en parler ?

–Oui, je veux que tu y songes et que tu me donnes ta réponse. On est pas du tout pressé, ceci dit, mais... être loin pourra te permettre de réfléchir, non ?

Il retire son manteau et file pour ranger la vaisselle, me laissant avec ma tasse et une sensation un peu étrange. Je me sens un peu prise au piège. En vérité, j'aime ma petite vie où de temps en temps je peux rejoindre mon appartement pour y dormir, remplir mes papiers. J'ai besoin parfois de solitude et j'ai peur de ne plus l'avoir si nous emménageons ensemble pleinement. Je savais que cette discussion allait venir mais je ne pensais pas qu'elle serait venue aussi vite. Pierre chantonne dans la cuisine et moi je me recroqueville sous mon plaid. Je finis par me lever, mon breuvage terminé et je pose la tasse dans l'évier. J'entoure Pierre de mes bras.

–Je vais y songer.

C'est la seule réponse sincère que je peux lui donner sans avoir l'impression d'être une égoïste sans cœur. Il se tourne pour embrasser mes lèvres et me prendre dans ses bras. Pierre a toujours été très doux avec moi et en réalité, je m'en veux de le faire souffrir en repoussant le jour où je vivrais avec lui. Il m'attrape dans ses bras et me murmure que je vais lui manquer quand je serai au Canada. J'ai l'impression de partir à l'autre bout du monde alors que je retourne dans mon fief natal. Je n'ai même pas prévenu ma mère que je revenais pour quelques semaines. Je vais devoir le faire rapidement.

Je m'échappe de l'étreinte de Pierre pour prendre mon téléphone et je lui envoie un message rapidement pour l'informer de ma présence- pour le travail- non loin de la maison. Je pose mon cellulaire dans un coin pour continuer notre soirée tranquillement. Pierre a mis la première chaine qui passait et un téléfilm de Noël passe. C'est parfait pour réfléchir à la liste des trucs à ne pas oublier avant de partir. Je dois me lever tôt le lendemain et même si j'appréhende le retour au foyer, je me sens comme une aventurière. J'adore prendre l'avion.

D'ailleurs c'est avec un large sourire sur les lèvres que je quitte l'appartement après avoir déposé un baiser furtif sur la joue de mon compagnon. Je regarde mes indications de vol alors que je suis dans le taxi me menant à l'aéroport. J'ai une escale à Montréal comme prévu, mais quand je regarde l'heure du second départ, je soupire. J'ai deux heures et demi à tirer. J'envoie un message à mon amie Thea qui habite là-bas pour qu'elle me rejoigne. Je la connais depuis le lycée et elle est hôtesse de l'air. Nous avons pris l'habitude de nous rencontrer dans les aéroports devant un café de grandes chaines. Je sais que cet intermède va me détendre. Le complexe est un énorme projet et il pourrait catapulter ma carrière au sommet. J'ai cru comprendre, d'après les bruits de couloirs, qu'un poste d'associé pourrait se libérer.

Je descends du taxi, file enregistrer mes bagages avant de me diriger vers le salon de la business class. Je me commence à me plonger dans mes dossiers et au moment de l'embarquement, je suis encore pleinement dedans. Les gens du coin sont butés, presqu'autant que moi et je sais que mon projet tombera à l'eau si je n'arrive pas à les convaincre. Je fixe l'extérieur du hublot pendant le décollage et mes yeux se ferment doucement.

Je me réveille quelques heures plus tard alors que nous sommes au dessus de l'Atlantique. Je m'étire et je tente de me remettre au travail en vain. Je suis toute excitée à l'idée de revoir Thea , et elle est clairement la première personne que je vois en sortant de l'avion. C'est avec un immense sourire sur les lèvres que je cours me fourrer dans ses bras aussi vite que me le permettent mes talons aiguilles. Elle me jette un regard à la fois tendre et envieux.

– Et bien tu as vraiment une dégaine de cliché de Parisienne, maintenant. Quand je t'ai quitté y'a un an, tu ne portais pas des talons aussi vertigineux ! Et ce rouge à lèvres rouge, wow, canon !

– Je dois t'avouer que je porte mes escarpins juste pour te les montrer. Regarde un peu !

Je soulève un peu mon pantalon pour qu'elle puisse les admirer. Elle m'attrape par le bras direction une grande chaine locale de café. Je la trouve changée moi aussi. Elle qui d'ordinaire laissait ses longs cheveux bruns bouclés en liberté, elle les a lissés.

– Tu as trois heures et je veux tout savoir de ta vie Thea !

– J'ai eu envie de changer radicalement de vie, alors... j'ai accepté un job dans l'entreprise de ma mère. Je suis en formation pour devenir organisatrice d'évènement !

– Vraiment ? m'étonnai-je.

– Absolument. Disons que suite à ma rupture avec Carl, j'en ai eu marre de tout et j'ai décidé de me ranger. D'ailleurs... je vais retourner vivre à la maison.. enfin pas loin en tout cas. Je suis à Montréal juste le temps de la formation.

Elle rayonne et je ne peux pas lui dire le fond de ma pensée : j'ai l'impression qu'elle va gâcher sa vie en rentrant dans notre patelin. Comme me l'a toujours dit Pierre, la vie des autres ne nous regarde pas.

–Ta formation se termine quand ? demandé-je.

– Dans moins d'une semaine. J'ai déjà commencé à envoyer mes affaires pour le déménagement. Et toi ? Toujours avec le beau Pierre ? Il n'est pas venu d'ailleurs ?

–Je suis là pour le travail, je dois rentrer à Paris ensuite. Il n'est pas prévu qu'il vienne. Je serai de retour avant les fêtes de Noël.

Thea se penche vers moi, un sourire en coin.

– Je te propose de te réfugier chez moi si ta mère te saoule. Je t'enverrai l'adresse par message.

–Je vais en avoir besoin rapidement.

Mon amie sourit de manière démesurée et un air mutin s'affiche sur son visage. Elle est toute mignonne et en réalité, la revoir me permet de relativiser. Ma mère ne pourra pas m'atteindre, je ne suis plus une enfant désormais. Nous sommes pratiquement des étrangères l'une pour l'autre. Elle ne m'a pas revue depuis trois ans et manifestement, cela ne l'a pas dérangé plus que ça. Néanmoins, mon côté voyeur aimerait bien savoir si ses beaux enfants sont aussi bien qu'elle le prétend. Elle ne m'a jamais donné leur nom, pas plus que celui de mon nouveau beau-père.

Au moment de quitter Thea pour me rendre à l'embarquement, je reçois un message de ma mère. « Derek viendra te chercher à l'aéroport ». Cette nouvelle me réjouit. Derek Marshall tient le seul restaurant digne de ce nom du patelin où je suis née et il m'a nourrie bien des fois avec mes amies moyennant des petits services comme ramasser les feuilles devant la porte. C'était le saint Graal si un date de lycée cassait sa tirelire pour nous emmener dîner là-bas. Je suis contente de le revoir et de savoir qu'il est toujours dans la ville.

Le trajet entre Montréal et Calgary n'est pas long par rapport au précédent et j'en profite pour avancer la lecture de mon ebook. J'allonge légèrement le siège et je me tourne sur le côté. Le sommeil finit par me prendre, preuve que j'en manque, et une hôtesse me réveille pour m'informer que le vol est terminé. Je m'étire, attrape mes affaires et je file chercher mes bagages. Ma valise n'a pas l'air endommagée et je me rend vers l'entrée de l'aéroport. Je trouve Derek immédiatement.

Il faut dire qu'il détonne un peu avec son air de bûcheron gigantesque. Il porte déjà un bonnet et c'est vrai qu'il fait froid dans cette partie du pays. Je regrette presque de ne pas avoir déjà enfilé mes bottes fourrées. Il me parait un peu différent une fois que je l'ai vu et quand j'arrive vers lui, je sens qu'il est un peu mal à l'aise. Je lui fais un immense sourire et le sien finit par étirer son visage.

–Et bien Angèle ! Tu es très élégante !

–Merci Derek, lâché-je alors qu'il enfonce ses mains dans sa doudoune.

Il me prend dans ses bras et insiste pour prendre ma valise. Rien n'a changé, même pas sa camionnette rouge pétante. Il pose ma valise à l'arrière et je me précipite dans l'habitacle. Il a mis le chauffage et je frotte mes mains les unes sur les autres pour les réchauffer un peu. Je regrette de ne pas avoir pris une infusion avec moi pour le voyage. Nous avons environ une heure

–Tu n'as pas d'habits plus adaptés ? Tu as oublié ce qu'était le froid, toi ! Je pense que ma fille doit faire environ ta taille, tu pourras lui en emprunter.

–Mais non ne dérange pas Sabrina ! J'ai tout ce qu'il me faut dans mes affaires. Je voulais juste une tenue confortable pour le voyage, qui soit en accord avec la classe business. Alors, quoi de neuf, Derek ? Dis-moi tout.

–Je commence où ? Hum. Vu que je suis marié, je...

J'hurle dans la voiture. Un vrai cri de fangirl sort de mes lèvres et il écarquille un peu les yeux.

–Comment ça ? Le vieux bourru que tu es a trouvé chaussure à son pied ?! Raconte-moi tout, je la connais ?

Il me fixe d'un air sérieux alors qu'il est déjà à l'arrêt, tant les bouchons sont importants.

–Tu plaisantes ?

–J'en ai l'air ? Arrête de prendre ton air mystérieux, dis-moi ! Exigé-je.

–Je suis marié avec ta mère.

Il laisse sa phrase en suspens et j'éclate de rire jusqu'à ce que je comprenne qu'il est sérieux. Mon univers vrille en un seul instant. Elle a osé. J'ai l'impression que le ciel vient de me tomber sur la tête. 

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