Chapitre deux : Rencontre.
« - J'avais été fascinée à l'instant même où j'avais entendu sa douce voix lire ces vers. »
~
« - Il est hors de question que tu parte travailler comme une mal propre ! Tu es ma fille, tu dois te trouver un mari et faire un bon mariage, puis porter des enfants, c'est ton seul rôle !
- Si vous le dites ! »
La jeune femme se dirigeait vers la porte d'un pas pressé. Elle allait être en retard si son père continuait à raconter ce genre de sottises.
« - Joëlle ! Revient ici tout de suite ! »
La jeune femme sourit et se tourna pour lui envoyer un baiser avant de fermer la porte sur elle et se fondre dans la foule des rues sur son vélo. Le père était fou de rage.
« - Je vous jure, les femmes depuis qu'elles ont le droit de vote... Tendez leur la main, elle vous prend tout le bras !
- Ne soit pas dure avec elle chéri. Elle se rangera un jour ou l'autre. Elle veut simplement te rendre la vie un peu dure pour le moment, mais les femmes sont toutes les mêmes... »
Toutes les mêmes ? Joëlle n'en était pas si sûre. Elle haïssait profondément le fait d'être née ainsi. Elle ne voulait pas être un homme pour autant, elle devait cependant avouer qu'elle ne pouvait que les envier.
Les hommes avaient les femmes. De belles femmes, douces et délicates. Ils avaient tout. Tout ce qu'elle voulait.
Joëlle ne voulait pas être un homme, non. Mais elle voulait une femme. Une jolie femme qui lui ferait à manger en rentrant du travail, avec qui elle passerait des heures à parler de tout et de rien, avec qui elle pourrait broder joliment leurs vêtements, avec qui elle passerait des heures à faire des gâteaux pour les enfants du quartier.
Une femme qui l'aimerait, et qu'elle aimerait en retour.
Les hommes n'aimaient de toute façon personne.
Au retour de son travail, tandis qu'elle roulait, les rêveries de Joëlle la guidèrent devant un salon de thé, dans lequel elle entendit une douce voix réciter des vers tout aussi doux et légers.
Elle ralentit un peu, et s'arrêta finalement devant la vitrine du salon de thé, posant un pied à terre. Un petit groupe de femmes de bonnes familles s'était réuni dans le salon, et toutes écoutaient une très jolie brunette lire une poésie qu'elle avait certainement écrite elle-même.
Joëlle resta là un moment, à écouter passionnément cette jolie voix tout en regardant la belle jeune femme qui possédait cette voix. Elle semblait un peu plus jeune qu'elle, avait de longs cheveux presque noirs réunis en une jolie natte qui passait sur son épaule. Joëlle ne voyait pas vraiment bien ses yeux qui semblaient un peu foncés mais elle admirait ce visage harmonieux et délicat aux traits fins comme sur une peinture de maître.
Cette jeune femme était comme une véritable œuvre d'art, et Joëlle sentait son cœur trembler à sa vue.
Bientôt, le petit groupe sorti du salon de thé, et la jeune femme qu'avait vu Joëlle resta un instant debout devant à ne rien faire, puis elle souffla un peu. Joëlle s'approcha doucement d'elle, poussant son vélo d'un pied.
« - Vous allez bien ? »
La jeune femme se tourna vers elle et la regarda un instant, surprise.
« - ... Oui... Mes pieds me font juste souffrir... Mes chaussures sont un peu trop serrées. »
Joëlle baissa le regard pour jeter un œil aux dites chaussures, de belles chaussures à petit talon noires, vernies avec soin. De magnifiques chaussures, mais Joëlle ne doutait pas une seconde qu'elles devaient être terriblement inconfortables.
De son côté, Anne regardait un peu timidement Joëlle. Même si c'était autorisé pour faire du vélo, il jetait était rare de voir une femme vêtue d'un pantalon et d'une chemise large, comme les hommes.
« - Ah, vous pourriez vous asseoir sur le porte-bagage, je vous ramène chez vous si vous le désirez. »
Anne fut surprise par la demande. Elle regarda un instant le vélo de l'autre jeune femme, puis elle, se demandant quelles intentions elle pouvait avoir.
Finalement, elle hocha doucement la tête.
« - Bien... Merci. Je vous indique le chemin. »
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