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53. Diane

— Je suis désolée, c'est trop tard.

Lorsqu'elle avait entendu tambouriner à la porte, Diane avait craint un débarquement de l'armée. Si les Valgrians étaient prisonniers de leurs murs, pourquoi pas les Tymyriens, après tout, la source de toute obscurité ? Mais il ne s'agissait que de Brendan Devlin. Peut-être, à la réflexion, était-ce pire.

Le voir surgir sous son porche, à toute heure, devenait une habitude. Elle se demanda furtivement ce qu'en pensaient les voisins. Le Mivéan avait toujours eu la réputation d'être un homme imprévisible, mais le voir pactiser avec la Nuit devait en inquiéter plus d'un, surtout au lendemain du sac de son Temple.

Heureusement, tant la garde que l'armée avaient d'autres chats à fouetter, plus dangereux, plus puissants. Devlin, comme elle, errait en marge des dynamiques qui formaient l'essence de Juvélys. Petits joueurs, négligeables. À l'heure où la ville entière ne parlait plus que du blocus placé autour du temple de Valgrian, de la mort probable d'Hector, étalée dans les journaux, sans doute pas un agent officiel n'avait-il le temps de filer le train d'un Mivéan blessé.

Il reposa sa tasse de thé dans un soupir contraint.

— Dans ce cas... est-ce qu'un Kintaan pourrait défaire ce que tu as tissé ?

Diane écarquilla les yeux. Brendan ruait sous la bride qu'elle avait placée à sa divination, l'empêchant de révéler ce qu'il avait vu, à quiconque.

— Brendan, nous avons placé ce garde-fou pour des raisons qui me sembl...

— J'ai passé la journée entière à chercher...

Sa bouche s'ouvrit mais se referma sans qu'il puisse dire quoi, muselé par le sortilège, et il sublima sa frustration d'un poing frappé sur la table.

— Le temps presse, Diane. Le fils de Melantheria est en danger. J'ai toujours une prêtresse et une novice entre leurs mains, plus celle d'Agathe. Marcus a disparu.

— Marcus ? Ils ont attaqué les Valgrians ?

Brendan secoua la tête, lèvres pincées. Diane devina qu'il en avait dit plus qu'il n'en avait eu l'intention, mais il était trop tard.

— Brendan !

— C'est... non. Marcus a été enlevé en ville.

— Comme Albérich.

Les yeux du Mivéan se figèrent une seconde et Diane perçut l'aveu qui menaçait de perler, que son invité tentait de contenir. Mais Tymyr était la déesse du secret, et Diane savait reconnaître quelqu'un qui brûle de partager ce qui le dévore. Nul sortilège ne l'en empêchait, cette fois. Elle ne dit rien, serra sa tasse, attendit ce qui ne manquerait pas de sortir. Brendan se carra sur son siège, se massa les yeux d'une main rageuse.

— D'après les Valgrians, Albérich a survécu et il se serait rallié aux Obscurs.

La brume que Diane avait canalisée jusqu'ici se leva comme un rideau, l'emprisonnant soudain dans un cocon de blancheur, dissimulant sa stupeur. Brendan ne se laissa pas impressionner et poursuivit. Le voile se leva doucement, à mesure que la Primitive reprenait le contrôle de ses émotions.

 — Mais je n'en sais pas grand-chose de plus, Othon me l'a raconté hier, pendant leur Veillée, puis les choses se sont précipitées, je pense l'avoir vu dans la nef – Albérich, je veux dire – nous l'avons cherché et nous avons trouvé... la tête d'un Flambeau... leur chevalier gris...

— Urbain.

Le Mivéan releva des yeux surpris.

— Urbain vénérait Valgrian mais venait de temps en temps chez nous, prier, murmura Diane avec un sourire triste. Tymyr est la déesse de l'ombre... et Urbain vivait dans les ombres. Il avait besoin, parfois, de trouver un réconfort auprès de celle qui veille sur les parias.

Elle chercha le choc dans les yeux du Mivéan, mais il se contenta d'acquiescer, compréhensif. La grisaille avait tout envahi.

— De ce que j'ai compris, Urbain était parti avec Marcus, reprit-il. Pour rencontrer Albérich. Je n'en sais pas beaucoup plus. Je comptais retourner voir Othon aujourd'hui, mais le Temple est... scellé, comme tu le sais.

— La face obscure de Tymyr préside à la vengeance, murmura Diane.

— Franchement, ses motivations, je m'en fiche complètement, lâcha alors Brendan, durement. Je veux le trouver, le coincer, l'éliminer. Les Valgrians auraient dû envoyer une force de frappe beaucoup plus conséquente, mais ils ont voulu étouffer l'affaire, exactement comme Maelwyn le fait depuis le début. Je suis certain qu'il sait, ce salopard, à qui il a affaire, et que c'est la raison pour laquelle il cherche à régler les choses avec une bande de guignols qui n'ont jamais connu Albérich, ni les événements d'il y a deux ans.

Cela avait du sens, bien sûr. La survie d'Albérich remettait en question le récit que le général avait servi au conseil, puis à la population, lors de la résolution de la crise. Sans doute était-il le seul, avec le principal intéressé, à savoir ce qui s'était réellement produit. Quelque chose qui méritait le silence, la dissimulation, une répression brute. 

Pendant un fragment de seconde, Diane songea à gagner le fort, avertir Maelwyn de ce qu'ils savaient, lui proposer qu'ils s'allient contre l'ennemi. Mais la pensée disparut aussi rapidement qu'elle avait jailli. Les risques dépassaient l'hypothétique chance que le général saisisse la main tendue.

— Une part de moi brûle d'avertir la presse, de me glisser dans chaque temple pour prévenir les autres, Agathe, Mauro, Eidwen, d'interpeler le conseil en pleine séance, devant la population rassemblée, poursuivit Brendan d'une voix rauque. Mais ce serait faire le jeu des Obscurs. Provoquer une crise majeure, la chute du conseil, à l'heure où cette bande d'ordures circule encore en toute impunité... et je sais que c'est ce qui nous pend au nez. Mais c'est pour ça qu'il faut agir vite, juguler cette crise avant qu'elle n'éclate... et vu ce qui se passe au Temple de Valgrian... J'ai l'impression qu'il nous reste à peine quelques heures... quelques jours, peut-être, si les choses se passent pacifiquement. Mais les Obscurs vont profiter de cette escalade... je le sais, je le sens. C'est ce que je ferais, si j'étais à leur place...

Il secoua la tête.

— Je dois les trouver.

Diane poussa un bref soupir.

— Un Kintaan pourrait percer ma barrière, oui, admit-elle. Mais tu sais que les Kintaans de Juvélys sont, pour la plupart, esprins. Et les Esprins aspirent à notre chute. S'ils peuvent précipiter une guerre civile, ils n'hésiteront pas.

Il acquiesça, pensif.

— Pourrais-tu placer un sceau de secret sur un Esprin, dans ce cas ?

Cette fois, Diane s'offrit un rire bref, en se carrant sur sa chaise branlante. Brendan, face à elle, paraissait le plus sérieux du monde.

— Mélanger les flux de la sorte... n'est jamais sans risques. Même si les dieux sont tous issus de la même source, même si leurs essences s'entremêlent parfois... Nous avons placé un cadenas tymyrien sur un sortilège mivéan. Y adjoindre le flux de Kintaa puis à nouveau celui de Tymyr... Je n'en sais rien. Je suppose que cela pourrait fonctionner, par juxtaposition, mais... Urielle dirait sans doute le contraire. D'autant que Tymyr et Kintaa sont des principes presque opposés.

La toute puissante haute-prêtresse de Gallud détestait quand ses collègues jouaient aux apprentis sorciers. De son point de vue, les flux incarnés devaient se contenter de soutenir la pratique ordinaire des religieux, et non se substituer à la véritable magie, celle du Flux inerte, à la puissance supérieure.

— Nous n'allons pas lui poser la question, observa sobrement Brendan.

Diane acquiesça.

— Mais donc, c'est possible.

Il n'en retiendrait bien sûr que ce qui allait dans son sens. Diane n'avait pas espéré autre chose.

— L'alternative étant de le jeter dans le port après qu'il nous ait appris ce que nous cherchons, ajouta le Mivéan.

La Tymyrienne le dévisagea, à la recherche d'un trace d'humour, mais il n'y en avait ni dans son ton, ni dans son expression. Elle chercha quelque chose à dire pour désamorcer la tension insidieuse qu'il avait générée par cet aveu.

— C'est possible, finit-elle par concéder.

Il acquiesça, lèvres pincées. Il semblait déjà ailleurs, sans doute en compagnie du Kintaan qu'il comptait impliquer dans son plan.

— C'est très risqué, répéta Diane, pour faire bonne mesure.

— La situation l'exige.

Elle pouvait refuser, mais elle avait la sensation – la certitude – que Brendan se passerait alors de son aide et tuerait le Kintaan pour préserver Juvélys. Il avait raison : la situation les avait menés dans ces allées ténébreuses, où la fin justifiait les moyens. Pour un homme qui avait perdu tous ses novices de la plus brutale des façons, le petit sacrifice d'un étranger devait sembler trivial. Le Devlin d'hier avait été un homme inconséquent, peut-être superficiel, animé par une flamme fantasque. Cette même flamme le rendait aujourd'hui dangereux.

Diane aurait pu fermer les yeux. C'est ce que faisaient les Tymyriens, après tout. Accepter que certaines choses ne doivent pas se savoir, pas se chercher, que la vie en société repose aussi sur des secrets, des mystères, de menus compromis.

— Brendan.

Il la fixa sans rien répondre, les yeux rétrécis derrière la vapeur de sa boisson.

— Tymyr, sous sa face obscure, est la déesse de la vengeance. Souviens t'en. Ne laisse pas ceux qui t'ont blessé te faire basculer... comme ils ont fait basculer Albérich.

Il s'était redressé, piqué au vif, insulté, par ses insinuations, mais elle pressa son avantage.

— L'obscurité peut se comprendre à l'échelle d'une ville, d'un gouvernement, mais elle menace chaque coeur. Et les Obscurs se félicitent de chaque petite victoire, aussi insignifiante puisse-t-elle paraître. Leur dessein est multiple.

— Je ne cherche pas la vengeance, lâcha Brendan avec morgue. Je cherche la justice.

Et pourtant, as-tu seulement franchi les portes de la chapelle de Muksun pour lui demander son conseil et sa bénédiction ? songea-t-elle.

Mais finalement, c'était sans doute une chance, qu'il se réfugie chez elle : elle connaissait Tymyr, sous toutes ses facettes, et pouvait sans nul doute la comprendre mieux que quiconque. Elle pourrait le surveiller et l'en protéger. Sauf si elle se l'aliénait par des paroles maladroites. 

— Alors tout va bien, offrit-elle, apaisante.

Il se radoucit, même s'il n'était pas homme à recouvrer son calme en un instant.

— Je sais où le trouver. Demain. Je viendrai te chercher.

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