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29. Diane

« Désolé. Je n'ai pas réfléchi. »

Diane gratifia Brendan d'un sourire apaisant, malgré la brume qui l'environnait et l'humidité qui lui voilait encore le regard. Le Mivéan l'avait tirée du lit, comme bien souvent le faisaient ceux qui ne vénéraient pas Tymyr et oubliaient que ses prêtres dormaient le jour et vivaient la nuit.

Elle étouffa un bâillement et se leva pour récupérer la bouilloire qui sifflait désormais sur l'âtre ranimé. Après avoir ouvert les portes, Jost était retourné se coucher en maugréant. Diane songea au panneau reprenant leurs horaires, qu'on leur avait à nouveau volé, puis se servit une tasse d'eau brûlante. Son visiteur refusa d'un geste fébrile.

« Dis-moi », lui proposa-t-elle simplement.

Il soupira et passa les paumes sur son visage.

« Il reste des Obscurs dans la nature, annonça-t-il. Je suis navré. Nous n'avons pas réussi. »

Le brouillard de la Primitive s'amplifia brutalement : le monde devint blanc, en reflet de son émotion vive. En elle-même, elle demeura cependant très calme. C'était l'avantage indirect de cette manifestation extérieure : la nervosité se sublimait dans le nuage qui l'environnait, lui permettant de conserver son sang-froid.

« C'était trop simple, souffla-t-elle.

— Ils ont dû comprendre que c'était un piège. Ou diviser leurs forces. Je n'en sais rien.

— Il peut y avoir plus d'une cellule, avec des liens ténus...

— Les Valgrians sont au courant, comme les autorités. Je ne pense pas qu'ils aient l'intention de communiquer... avant d'avoir véritablement réglé le problème.

— Si les Obscurs ne se manifestent pas avant cela...

— Je pense qu'ils ont décimé un groupe de Preux Épris. Cinq d'entre eux. Ils étaient rentrés pour secourir Soren et ils se sont volatilisés. »

La brume s'opacifia et Brendan disparut complètement. Diane prit plusieurs longues inspirations, relâcha son souffle, frotta ses mains glacées l'une contre l'autre, puis reprit sa tasse brûlante. Les contours du Mivéan reparurent. Il n'avait pas bougé, pas bronché, et elle se sentit reconnaissante qu'il accepte sa particularité avec un tel flegme. C'était un homme qui avait beaucoup voyagé dans sa jeunesse, elle devinait qu'il avait assisté à plus d'un prodige dans la Vallée Fertile. Peut-être avait-il fréquenté d'autres Primitifs, peut-être était-il, simplement, ouvert d'esprit.

« À quoi penses-tu ? demanda finalement Diane.

— Mon sentiment est que... nous devons agir à nouveau. Autrement. Blanche... ma novice... n'a pas perçu grand-chose, pendant sa détention... Je l'ai interrogée en détails.. mais elle est très jeune, et elle a perdu... le fil, je pense, des jours, du temps... Son vocabulaire ne suffit pas pour me décrire ce qu'elle a vu. Et je pense que les Obscurs ont placé certains voiles sur sa mémoire.

— Je peux les dissiper.

— Même s'ils ne sont plus actifs ?

— Que veux-tu dire ?

— Je crois qu'ils l'ont ensorcelée quand ils l'ont déplacée de leur planque jusqu'au Parc. Tout est obscurci. Elle ne se souvient de rien. Un moment, elle peut évoquer ses geôliers, le suivant, elle a les pieds dans l'herbe humide.

— Je peux lever ce voile. Mais ça ne veut pas dire qu'elle se souviendra de ce qui s'est produit.

— Elle le pourra, avec de l'aide. »

Diane fronça les sourcils.

« Tu songes à un Kintaan. »

Brendan acquiesça, le regard défiant.

« Je ne laisserai pas ces crapules s'en sortir, Diane.

— Je comprends. »

Son expression s'adoucit mais Diane ne pouvait cacher sa méfiance. Qui disait Kintaan, disait Esprin. Tymyr, qui aimait les choses cachées, se défiait par essence de la déesse du savoir. Indiscrète et glacée, elle exposait sa vérité sans jamais se soucier des conséquences. De surcroît, les Esprins, dans leur quête de la connaissance, traquaient les spécimens rares, qu'ils étudiaient sous toutes leurs coutures, sans honte et sans mesure.

Le sacro-saint savoir.

Si les elfes avaient été leurs victimes principales, bien des Primitifs avaient subi leurs attentions. Diane savait, depuis toute petite, qu'elle devait surveiller ses arrières. La distance était sa meilleure protection, mais elle n'avait aucune sympathie pour ces fanatiques. Ils n'hésiteraient pas à lui ouvrir le ventre pour voir de quoi elle était constituée.

« Mais j'ai une autre piste, peut-être plus prometteuse. »

La Tymyrienne ne dit rien, le laissant poursuivre.

« Une double-piste, en fait. Tu te souviens de Sam, l'elfain qui me servait de messager ?

— Oui. Le fils de l'aubergiste de l'Ombre de l'Arbre.

— Il a disparu pendant les hostilités. »

Elle ferma les yeux à l'abri de son cocon glacé, les rouvrit.

« Je pense que je dois pouvoir ouvrir un pont.

— S'il est encore vivant, rétorqua la prêtresse.

— Oui.

— Pourquoi ne pas l'avoir fait avec tes novices ? Avec ta prêtresse ?

— Parce que... je n'en avais pas la force. »

L'aveu était stupéfiant. Par réflexe, Diane tendit la main et attrapa celle de son vis-à-vis. Il accepta son contact, pinça les lèvres, et elle devina son émotion.

« Je n'avais aucune idée...

— Personne ne l'a perçu. Moi-même... J'ai puisé assez vite... mais j'ai compris que... c'était hors de ma portée, hors d'atteinte... Nous n'avons pas vaincu les Obscurs, dans ce Parc, mais... j'ai au moins retrouvé ça. Ma capacité à canaliser sans barrière. Je pense que je peux ouvrir un pont. Mais je préférerais le faire avec ton aide. Tu sais que le destin doit rester caché. Si tu m'assistes, nous pouvons minimiser les répercussions.

— Frôler l'avenir le modifie toujours, murmura Diane.

— Je sais. Mais je veux juste savoir où ils sont. Ensuite, évidemment, nous changerons leur futur. C'est l'objectif. »

Le sourire revenu sur ses lèvres lui ressemblait davantage, teinté de cette effronterie qui l'avait défini depuis toujours.

« Ta seconde piste ? le relança Diane.

— La garde se balade avec des portraits. Sam en fait partie, mais il y a aussi trois autres personnes, deux hommes et une femme. Et j'en ai reconnu un des trois. »

Diane haussa les sourcils.

« Les cas ne sont peut-être pas reliés, murmura-t-elle.

— J'en suis conscient. Mais je ne perds rien à vérifier.

— Tu ne l'as pas dit à la garde ? »

Son expression se crispa une seconde et Diane reconnut l'adolescent compliqué qu'il avait été autrefois, rebelle et revêche, avant l'appel salvateur de sa déesse.

« J'en ai marre de gaspiller ma salive. Je leur ai parlé d'Amray, pour tout le bien que cela lui a fait. »

La Primitive songea au plus célèbre des chevaliers himéites et frissonna malgré elle.

« Les Himéites... commença-t-elle.

— Nous ne pouvons pas penser aussi loin. »

S'ils avaient perdu leurs chevaliers et Soren, comment se reconstruiraient-ils ? Elle songea au ridicule de ces pensées : Brendan avait perdu bien davantage et la flamme de la lutte n'était pas encore éteinte.

« Nous devrions rallier davantage de soutien, reprit Diane.

— Dans un second temps. Quand nous saurons ce qu'il en est. Nous n'avons besoin de personne d'autre pour réaliser ce rituel. Toi et moi.

— S'il est mort...

— Nous parlerons à Ella. Mais tu sais ce qu'elle dira : que le trépas frappe quand il le doit et qu'il n'est pas de notre ressort de nous y opposer. Rodrigo et Urielle se rangeront du côté des autorités. Mauro et Micah ne voudront pas s'en mêler. Agathe peut nous servir de soutien... Je ne sais pas ce que ferait Eidwenn.

— Elle nous offrira a minima un support technique, j'en suis sûre. En prêt. Sans rien dire.

— Et je m'efforcerai de rallier les Valgrians. Mais pas d'emblée. L'échec de l'opération du Parc... Bref...

— Hector n'est toujours pas rentré », murmura Diane.

Brendan s'éclaircit la gorge et elle sut, tout de suite, qu'il cachait quelque chose. Experte des secrets et de la dissimulation, la Tymyrienne avait l'habitude des mensonges, qu'elle tolérait avec bienveillance, car ils étaient indispensables à la bonne entente parmi les humains.

« Il ne rentrera pas, annonça le Mivéan. Les Obscurs l'ont tué. »

La pièce vira instantanément au blanc, comme la brume de Diane s'opacifiait à l'extrême. À l'abri de son cocon, elle ferma les yeux derrière ses paumes pâles.

« C'est un secret, ajouta Brendan, d'une voix incertaine.

— Bien sûr », murmura Diane.

Mais elle comprenait pourquoi il avait eu besoin de le partager. Ce genre de vérité affreuse pesait lourd sur une seule conscience.

« Les Valgrians viennent de l'apprendre. Je ne sais pas comment ils vont gérer la situation... Ce qu'ils vont annoncer... C'est un coup terrible. Je ne suis pas censé être au courant mais...

— Ton ami Flambeau a eu besoin de te le dire.

— Il voulait calmer mes ardeurs. Ça a eu l'effet inverse, mais je ne l'impliquerai plus dans l'immédiat. Si nous avons quelque chose de concret... Je suis sûr qu'ils répondront à l'appel. »

Diane voyait à nouveau Brendan plus clairement. La lumière du jour le rayait de bandes scintillantes en se glissant entre les fentes des rideaux. Elle reprit son thé et acquiesça. Jamais elle n'aurait imaginé devenir l'acolyte de cet individu fantasque. La fièvre qui l'habitait révélait les blessures profondes, infectées désormais, que lui avaient infligées les Obscurs. La Primitive était bien placée pour savoir que c'était dans ce genre de plaies que se développait le pire, le fiel de l'ombre, les racines de la haine. Que Brendan vienne la chercher était une bonne chose, à chérir. Elle ne pouvait pas lui refuser son aide car elle était la seule barrière qui se dressait entre le Mivéan et le gouffre.

Certains auraient craint qu'il vienne chercher du réconfort dans la nuit, mais ceux-là ne comprenaient rien à la doctrine de Tymyr. Il existait mille moments dans la vie où se replier dans le noir pour se ressourcer était nécessaire. Sans ténèbres, il n'y avait pas d'étoiles et pas d'espoir.

« Quand et où ? »

C'était la seule chose à dire.

« Bientôt. Je reviendrai. Merci. »

Elle hocha la tête. Le sourire débordant de chaleur du Mivéan étouffa un instant la brume.

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