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28. Lyraël

Réfugiés sous l'auvent d'un bourrelier en travaux, le capitaine Lyraël Falvillion et son escouade se rassemblèrent autour de leur carte du quartier. À pied d'oeuvre depuis l'aube et une visite odorante au marché aux poissons, ils sillonnaient les rues à la recherche de témoignages utiles. La pluie n'arrangeait malheureusement pas leur mission, car les rues s'étaient vidées de leurs promeneurs.

« On va entrer dans les boutiques, on ne peut pas faire autrement », annonça Lyraël à son équipe de cinq jeunes gardes.

Les visages juvéniles acquiescèrent de concert. Recrutés pendant l'hiver, les trois garçons et les deux filles avaient tous moins de vingt ans. Deux d'entre eux revenaient du front jasarin, les trois autres venaient de la campagne, aucun n'était né à Juvélys. Mais l'appel de la capitale était puissant pour ceux qui avaient grandi dans les fermes alentours, auprès des mines ou dans une broussaille qui n'offrait aucune perspective exaltante. Au bout de trois mois d'une courte formation, on les avait confiés à leurs aînés et Lyraël supervisait ce petit groupe deux fois par sixaine, avec une quinzaine d'autres. Il avait sélectionné ceux qu'il espérait les plus discrets, les moins bavards ou les plus naïfs, car Ermeline ne lui avait pas caché que les questions étaient malvenues en ce qui concernait cette enquête.

Le périmètre de recherche s'étendait dans toute la zone portuaire, du bord de l'eau aux frontières du Parc Circulaire, avec un accent sur les rues les plus au nord, non loin de la rade militaire, mais aussi des quartiers plus animés qui englobaient les tavernes, les rues commerçantes et quelques temples, dont ceux de Mivei et de Tymyr.

Les gardes disposaient de quatre portraits, celui d'un disparu et de trois suspects, dont deux étaient déjà décédés. Lyraël savait lesquels et quelques bribes du contexte, mais il n'en avait rien dit à ses acolytes, sur les ordres de sa supérieure. Même si Ermeline n'avait pas prononcé leur nom, le capitaine elfain devinait qu'il s'agissait des Obscurs. Aux portes de la cité, on filtrait les sorties dans le même souci de retrouver quelques pions manquants, même si les bouches restaient cousues et les regards baissés. Tout le monde, parmi les uniformes gris, savait que l'armée était susceptible de reprendre l'enquête sur les otages disparus des Obscurs. Et, mine de rien, de la plus jeune recrue à l'officier le plus expérimenté, tout le monde était terriblement vexé.

Le seul qui semblait peu se soucier de ce déni de compétences, était le commandant Flèche-Sombre, mais personne ne le considérait vraiment comme des leurs. Son inhumanité en faisait, pour certains, une sorte de divinité inatteignable, et les jeunes gardes n'en usaient jamais comme d'une référence. Les officiers intermédiaires, en revanche, constituaient des modèles bien plus évidents, et Lyraël savait qu'il en faisait partie, malgré son sang mêlé.

Le capitaine pointa la carte.

« Bon. Vous deux, vous prenez cette rue-là, du menuisier au dépôt de céréales. Tristan et Marianne, vous faites la rue des chandeleries et les deux apiculteurs. Nous... »

Il se tourna vers une adolescente aux taches de rousseur innombrables.

« On s'occupe de ce secteur, du Temple de Mivei à la cordonnerie.

— Est-ce qu'on entre dans la chapelle de Cefnor ? demanda un jeune gars, le dénommé Tristan. Vu que c'est marée basse...

— Vous pouvez rester un moment à l'extérieur et questionner les gens qui sortent. Mais si ce sont des marins de passage...

— On devrait interroger les capitaines, ils sont peut-être partis par la mer. »

Lyraël croisa le regard de l'adolescent qui venait de faire cette proposition. Casper était le plus novice de leurs recrues, arrivé en ville à peine trois sixaines plus tôt. Le capitaine l'avait intégré à son escouade dans l'idée de lui donner un peu d'expérience sur le terrain entre deux séances de formation souvent austères, mais l'individu semblait un peu plus déluré que prévu.

« Une autre équipe s'en charge », dit posément Lyraël.

Casper parut déçu. Le capitaine n'était pas certain qu'il soit vraiment elfain, mais il avait au moins un grand-parent elfe, certains signes le trahissaient, dans la forme du menton, la courbure de l'oreille, le gabarit général. Ce sang mêlé rendait difficile l'attribution d'un âge précis. Les elfains vieillissaient à un rythme un peu différent des humains : ils restaient physiquement jeunes plus longtemps, mûrissaient tranquillement, puis s'effondraient autour de cent vingt ans, en quelques mois parfois, pour mourir avant le siècle et demi. Sous ses dehors juvéniles, Casper avait peut-être seize ans, peut-être trente. Lyraël ne connaissait pas tous les aspects de son dossier.

« Rappelez-vous que toute information est bonne à prendre, à ce stade.

— Mais on a identifié celui-ci ! protesta Casper en agitant le portrait de Sam, le fils de l'aubergiste de l'Ombre de l'Arbre. Déjà plus de dix fois. Si on continue sans préciser notre pensée, on va ramasser la même info encore et encore. »

Lyraël soupira. Le gamin avait raison, mais cela complexifiait leur tâche.

« Bon. Ecoutez-moi bien. Pour lui, nous cherchons des infos sur ses déplacements pendant la dernière sixaine. Pour les autres, leur identité suffit dans un premier temps.

— Est-ce que les présenter tous ensemble, c'est une bonne chose ? reprit Casper. Est-ce que ça ne risque pas de favoriser celui que les gens connaissent au détriment de ceux qu'ils n'ont jamais vus ? »

Le capitaine posa les poings sur ses hanches et relâcha un bref soupir.

« Manon, va avec Sylvestre. Casper va rester avec moi. Vous pouvez y aller. »

La nouvelle recrue s'empourpra tandis que les quatre autres s'éparpillaient dans la rue au pas de course, désireux de n'offrir leur dos à l'averse que le moins longtemps possible.

« Je suis désolé, je ne voulais pas me montrer... »

Lyraël soupira à nouveau. Il avait mal choisi, s'était basé sur son jeune âge et une origine rurale. La qualité de son vocabulaire trahissait qu'il avait bénéficié d'une éducation bien supérieure à ce que le capitaine avait supposé.

« On va en rester à ce qui était prévu, si tu veux bien. »

Casper acquiesça précipitamment, les yeux baissés, les joues rouge vif.

Mais d'où sors-tu, au juste ?

Le capitaine se garda bien de poser la question mais il se promit d'aller discuter de ce cas avec Rupert, le responsable du recrutement. Un gosse intelligent et bavard ne faisait pas forcément un bon garde, surtout dans les premières années, quand on recherchait avant tout l'obéissance, la diligence et un minimum d'initiatives mal inspirées.

Ils s'offrirent à leur tour à la pluie. Comme Casper était fraîchement arrivé en ville, Lyraël prit la tête de leur duo pour gagner la zone qui leur était dévolue. Une fois dans le bon périmètre, ils se séparèrent. Lyraël s'engouffra dans une chapellerie, Casper dans une taverne.

Le client et l'artisan qui se trouvaient dans la boutique regardèrent attentivement les portraits des trois suspects, mais ni l'un ni l'autre ne les reconnurent. En revanche, ils identifièrent sans mal Sam.

« Il a circulé dans le quartier à plus d'une reprise, ces derniers temps, remarqua la chapelière. Il allait au Temple de Mivei, je pense. C'est ce que m'a dit ma soeur. »

Qui tenait la cordonnerie voisine, Lyraël ne l'ignorait pas.

« Vous savez que sa mère le cherche aussi, n'est-ce pas ? intervint le client, un riche négociant en vins de Belhime. Elle en parle à tout le monde : clients, livreurs... et toute la communauté elfe... »

Le contraire aurait été surprenant : le gamin avait disparu depuis près d'une sixaine.

« Plus il y a de personnes qui le cherchent et plus il y a de chances de le trouver, proposa le capitaine, philosophe.

— Ça n'a pas aidé Soren, lâcha le négociant.

— Espérons que ce pauvre garçon est moins bien caché, murmura la chapelière. Mais... »

Elle parut hésiter. Lyraël l'encouragea d'un signe de tête.

« Il a pu fuguer. Melantheria ne supporte pas qu'on le dise mais... tous ces jeunes qui sont revenus de la guerre... Ils ne sont plus les mêmes. »

L'officier ne pouvait qu'en convenir. La moitié de leurs recrues étaient issues des rangs de l'armée, et les dortoirs étaient agités la nuit, quand les cauchemars et les réminiscences troublaient le sommeil.

« Les autorités militaires auraient dû en tenir compte, mais on s'est contenté de les relâcher dans la nature sans le moindre soutien, grommela le marchand. Après on s'étonne que les choses ne tournent plus rond en ville. »

Le discours sur un lien entre la criminalité et les retours du front était de plus en plus populaire chez les nantis. Lyraël aurait pu informer son interlocuteur qu'il n'y avait eu aucune augmentation du taux de délits depuis la fin des hostilités, mais la récente cabale des Obscurs suffirait à rendre toute rectification caduque. Il se contenta d'un signe de tête neutre.

« Certains sombrent dans les spores, murmura la chapelière, pensive. Et j'ai entendu dire que les Béalites recevaient davantage d'âmes perdues... »

Ce qui était vrai, en revanche. Pire, certains se tuaient avant d'avoir demandé de l'aide. Lyraël ne savait pas s'il existait des chiffres, mais il connaissait personnellement trois cas, et les conversations de réfectoire suggéraient qu'il en existait bien davantage.

Il coupa court à la conversation sur la rengaine habituelle : merci, contactez-nous s'il y a quoi que ce soit. Il regagna ensuite la rue, passablement démoralisé. L'averse était devenue crachin printanier, presque une caresse, un temps que la plupart des Juvéliens auraient qualifié de « bon » à défaut d'ensoleillé.

Au milieu de la rue, Casper brandissait ses portraits sous le nez d'un homme en manteau gris. Lyraël jura à mi-voix et les rejoignit à grands pas.

« Maître Devlin, je suis désolé. Je crains que Casper ne soit nouveau en ville... » intervint-il en se glissant aux côtés de son jeune collègue.

Le prêtre de Mivei secoua la tête, la mine impassible, les joues rosies pas le froid.

« Pas de mal. Je constate que vous n'avez pas encore retrouvé le jeune Sam. »

Lyraël n'ignorait pas que Devlin était, dans ce contexte, une personne d'intérêt. Personne n'imaginait qu'il l'ait fait disparaître, mais tout le monde le suspectait d'en savoir plus que ce qu'il ne voulait bien lâcher.

« Non », répondit l'elfain, sans en dire davantage.

Le Mivéan hocha la tête, lèvres pincées, mais ne répondit rien.

« Nous n'allons pas vous déranger plus longtemps. »

Casper avait reculé et le prêtre poursuivit sa route vers le porche du Temple voisin.

« Désolé, murmura la recrue à mi-voix. Il ne portait pas sa tenue religieuse et...

— Non. Effectivement », répondit l'officier, songeur.

Vu les récents événements, il était difficile de ne pas le comprendre. Être sans cesse reconnu devait être usant.

« Viens, nous n'avons pas terminé. »

Encore une rue et une autre... Ils ne pouvaient pas désespérer. Il suffisait d'une personne, d'un témoin, d'un indice, et tout pouvait se révéler.

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