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88. La Nuit de Saule et Mysgari (3) - Kerun et Darren

Kerun prit la mesure de ce qui s'était produit en suivant le prêtre et le Flambeau jusqu'à la butte où les hostilités avaient débuté. Le sol crépitait encore d'énergie par endroits, étincelles flamboyantes ou argentées ; à d'autres, l'herbe était noirâtre, pourrie ou grillée sur place, l'humus éventré. On avait aligné des cadavres dans l'herbe — huit, en comptant celui que Brendan Devlin tirait derrière lui, et les lieux étaient envahis de prêtres et de chevaliers : Marcus et Diane, Armand et Céleste, Florent, Rachel, d'autres encore, près d'une quinzaine, que l'elfe connaissait de près ou de loin. Des Valgrians, des Mivéans, une Tymyrienne.

Comment une telle chose était-elle possible ?

Puis la lumière se fit dans son esprit et il se tourna vers Brendan, stupéfait, sans plus réfléchir au fait qu'il ne portait pas son déguisement de jeune humain et qu'il lui apparaissait sous des traits qui lui étaient inconnus. Mais face à lui, le prêtre ne semblait nullement surpris de son identité réelle.

« Vous m'avez menti... Vous saviez... Vous leur... vous leur avez tendu un piège. Et vous m'avez sciemment raconté n'importe quoi. Je vous avais demandé... »

Le Mivéan se contenta de sourire et ce sourire rendit Kerun encore plus furieux.

« Je vous faisais confiance, Devlin !

— C'était pour la bonne cause.

— La bonne cause ?

— Et cela a payé. La lumière a triomphé de l'ombre.

— Je n'ai jamais été votre ennemi. »

Il ne comprenait pas. Pourquoi le prêtre l'avait-il aussi froidement écarté, lui qui s'était donné sans compter pour cette affaire depuis des jours et des jours ?

« Vous m'avez menti.

— Vous vous en remettrez. »

Sans autre forme de procès, Brendan l'abandonna pour rejoindre Céleste et Diane, qui devisaient près des cadavres. Mais Kerun n'était pas prêt à se laisser marginaliser de la sorte, pas après ce qui s'était produit, et lui emboîta aussitôt le pas. Son élan fut coupé par l'arrivée, un peu hors d'haleine, d'une jeune prêtresse.

« La garde ! » s'exclama-t-elle.

Ce qui bourgeonna sur le visage du grand prêtre mivéan inquiéta alors grandement l'elfe : une expression de triomphe, mais aussi de défi. Devlin était prêt à en découdre : avec la garde, avec l'armée, avec son général et conseiller.

Mais comment lui en vouloir ? N'avaient-ils pas vaincu les Obscurs, là où les efforts des autorités avaient été vains ?

Ce qui était certain, c'est qu'il ne valait mieux qu'on ne le trouve pas sur les lieux : être associé à cette initiative spectaculaire était la dernière chose dont Kerun avait besoin. Aussi, malgré son choc, quitta-t-il la butte au plus vite, filant entre les arbres comme un voleur dépité.

***

Darren Flèche-Sombre déboucha sur les lieux de l'embuscade, de très méchante humeur. Gareth Maelwyn était déjà dans son sillage : garde et armée avaient été averties de concert, par les patrouilleurs nocturnes mais aussi par le feu d'artifice. Difficile d'ignorer les gerbes d'énergie qui s'étaient élevées du Parc, surtout quand on les contemplait depuis le poste d'observation privilégié qu'était le fort. L'elfe n'avait pas eu besoin de s'habiller, aussi précédait-il le général de quelques minutes. Mais il n'aurait pas le temps de déclarer quoi que ce soit et de toute façon, ça aurait probablement été malavisé. Autant laisser la tempête déferler dans toute sa splendeur.

L'escorte du conseiller déboucha quelques secondes plus tard dans la clairière et Gareth descendit de son cheval, les traits congestionnés par une fureur sans limites. Il était échevelé, la barbe hirsute, les vêtements froissés, l'image même d'un homme qu'on a tiré de son lit pour lui annoncer une mauvaise nouvelle.

Mais il était tellement hors de lui que, curieusement, aucun mot ne sortit. Il resta là, immense et bouillant de colère, debout dans l'herbe, comme sur le point d'exploser – au sens propre.

En face de lui, les prêtres semblaient se disputer le droit de le défier. Il n'y avait nulle peur sur ces visages, seulement de la morgue. Tout dans l'attitude de Devlin était provocant, son air nonchalant, son sourire satisfait, cette lueur folle dans les prunelles, jusqu'au sang qui maculait sa cotte de cuir grise. A côté de lui, Othon de Fumeterre avait de la boue sur le plastron, de l'herbe dans les cheveux, la main posée sur le pommeau de son épée, et paraissait incroyablement fort, comme le tronc d'un chêne ancien, le gardien inébranlable de la justice en ces lieux. Même Diane – Diane, la Tymyrienne discrète – faisait partie de cet étrange comité d'accueil. Et Armand. Il fallait reconnaître que le commandant des Flambeaux était magnifique, portant pour une fois son armure, les cheveux gris mouillés par l'effort, le visage dur.

Gareth croisa son regard et Darren craignit soudain que les choses ne dégénèrent. Ces deux hommes se haïssaient cordialement, depuis longtemps et l'exécution d'un jeune Flambeau pour haute trahison, alors qu'il s'était opposé avec virulence à un ordre de Maelwyn. De Maleval, Darren se souvenait de lui, un gamin enflammé, qui avait une énergie rare et dans lequel, il le savait, les preux valgrians avaient placé de grands espoirs. Il avait été pendu, en gosse du peuple, un affront supplémentaire. C'était presque vingt ans plus tôt et Armand ne l'avait jamais pardonné. Pourquoi l'aurait-il fait ? Maelwyn n'avait cessé de tenter d'écraser les Valgrians sous sa botte. Malgré la présence d'une bonne vingtaine de soldats, dont certains vétérans, l'elfe était persuadé qu'il ne faudrait pas grand-chose pour que les épées sortent de leurs fourreaux.

Mais Céleste s'interposa, digne et tranquille, défiant le général de porter la main sur elle, ou sur n'importe lequel d'entre eux. Cette femme avait du cran, l'étoffe d'une Flamboyante, si elle n'avait pas été si âgée, et Darren se sentit soulagé de sa présence, source de tempérance au creux de toute cette folie. La misogynie de Maelwyn fit le reste : son mépris lui figea les traits, il frissonna brusquement et se détourna.

« Embarquez-les tous », dit-il finalement, d'une voix tout juste maîtrisée.

Personne ne broncha dans les rangs des prêtres et Darren devina qu'ils l'avaient prévu. Il remercia les dieux. Arrêter quinze prêtres récalcitrants aurait été un cauchemar — et tout bonnement impossible. Soldats et gardes s'avancèrent de concert, hésitants, mais lorsqu'ils réalisèrent qu'ils ne rencontraient aucune résistance, ils s'enhardirent. Ils n'avaient pas assez de fers pour tout le monde, aussi rassemblèrent-ils les prisonniers en quelques petits groupes, se contentant d'entraver ceux qu'ils identifiaient comme les meneurs. Aucun ne se rebella même si quelques regards meurtriers furent échangés.

De son côté, Darren ne donna pas le moindre ordre, laissant le sale travail à Maelwyn : le général avait besoin de se défouler. Le commandant de la garde préféra mettre pied à terre, confier son cheval à Falco, et marcher jusqu'aux cadavres. Mahaut Gardesylve les examinait déjà, accroupie, avec sur les traits cette expression hébétée de l'humain au réveil. Huit corps, dont deux femmes. Tous étaient vêtus de noir, tous avaient connu des morts violentes. Il n'en reconnut aucun, ne s'attarda pas. Gardesylve devait faire son travail, mais Darren pariait qu'ils vénéraient une version dévoyée de la nuit. Comment tous ces gens s'étaient retrouvés ici et s'étaient battus jusqu'à la mort trouverait rapidement une explication. Très rapidement, même.  Il se tourna vers Ermeline qui approchait.

« Ils leur ont tendu un piège, murmura-t-elle. En organisant un rituel. Saule et Mysgari. La lune et le soleil. Les Obscurs détestent la lumière. Vieilles histoires de divinités humaines. Les Obscurs ont mordu à l'hameçon. »

Darren acquiesça et regarda le premier groupe de prêtres quitter les lieux sous bonne escorte. Gareth était remonté sur son cheval et des spasmes animaient ses épaules, signe qu'il était toujours en proie à des émotions extrêmes. C'était vraiment une chance que les prêtres n'aient pas résisté... Une chance immense.

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