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85. La Nuit de Saule et Mysgari (1) - Marcus, Othon, Brendan

La tension était extrême. Marcus entendait le sang pulser dans ses oreilles, ébranler sa poitrine, chaque muscle de son organisme crispé, il avait la bouche sèche, le cerveau en ébullition.

Je ne me souviens plus d'aucune formule, songea-t-il, paniqué un instant.

Dans son ombre se trouvait Urbain, le Flambeau aux méthodes grises. Il avait l'air de pierre, figé, la main sur le manche de son épée gigantesque. L'intendant ne savait pas pourquoi on l'avait associé avec pareille figure. Un hasard, peut-être. Tout semblait basé sur le hasard, la chance, le coup de bol monstrueux qui voudrait que les Obscurs surgissent. Oui, la rumeur avait couru, mais était-ce suffisant ?

Tout le monde en était convaincu.

Albérich avait trouvé l'idée excellente. Il était la lumière.

Mais Marcus avait peur. Hors des entraînements réguliers au temple, il ne s'était plus battu contre quiconque depuis une éternité.

Le groupe cérémoniel s'avançait désormais dans la clairière, vers la petite butte et ses pierres.

Les lieux étaient sanctifiés, des marques de bénédiction invisibles parsemaient la zone, ils étaient près de vingt à guetter l'instant où l'ennemi se révélerait.

Malgré lui, Marcus croisa les doigts, sans savoir s'il priait pour que rien ne se passe ou pour que l'enfer se déchaîne.

Tout irait bien. Les Obscurs devaient être défaits. La Lumière triompherait. Le Bien. Eux. Il était l'un d'eux. Urbain veillerait sur lui, ou pas, Albérich avait promis d'intervenir au besoin.

La cérémonie avait commencé. Marcus frissonna, bien qu'il ne fasse pas froid. Il avait la sensation que s'il desserrait les lèvres, un gémissement en sortirait.

Urbain posa une main sur son épaule, il sursauta légèrement, croisa le regard du chevalier qui posa un doigt sur ses lèvres.

Il n'entendit que les psalmodies, prières inoffensives au dieu de la Lumière, rien d'autre. Urbain, pourtant, avait perçu quelque chose, et Marcus finit par en faire de même, un bruissement, sur leur gauche. Quelqu'un progressait dans les feuilles mortes, petit à petit.

Marcus relâcha son souffle, Urbain retira la main de son épaule. Ils demeurèrent immobiles, leurs auras dissimulées par un sortilège, leurs corps protégés par l'ombre qu'ils entendaient défaire. L'intrus les avait dépassés, Marcus vit sa silhouette s'avancer, circonspecte, vers la butte. Il était toujours protégé par les arbres, pour l'heure, mais dans quelques pas, il déboucherait dans la clairière. Pendant une seconde, l'intendant se demanda ce qui les rendait — lui, ses alliés — aussi peu prudents, à arpenter le parc sans songer au piège qui leur était tendu, mais l'instant suivant il remercia Valgrian et Mivei de leur donner cette chance d'en finir.

Les minutes s'égrenèrent, le sous-bois paraissait figé. Tôt ou tard, cependant, l'un de leurs ennemis tenterait quelque chose.

Mais les ténèbres explosèrent, coupant court à ses interrogations. D'un seul coup, toute la clairière, la butte, les premiers rangs d'arbres, furent envahis par un océan de brume, les plongeant dans le néant.

En réaction immédiate, une vague de lumière étincelante balaya l'ombre, née entre les pierres dressées. Toute la scène s'illumina. Marcus compta les adversaires sans y penser, réflexe de sa charge, huit hommes, dont un juste devant lui. Urbain fut aussitôt au contact, levant sa lame et l'abattant sans frémir. Marcus eut le temps d'apercevoir un visage stupéfait avant que l'étranger ne s'écroule dans l'herbe humide.

La nuit ordinaire reprit ses droits, à ceci près que l'ennemi, désormais, scintillait de mille lueurs. Un sortilège de révélation de courte durée, dont il fallait tirer le meilleur profit.

Plus que sept, songea Marcus, avant de commencer à psalmodier.

Cinq des intrus s'étaient repliés dans les bois, où leurs silhouettes clignotantes tentaient de se perdre. Les deux derniers, peu impressionnés, étaient montés vers le groupe cérémoniel, où brûlaient encore des torches. Rachel se porta vers l'un des agresseurs, tandis que le murmure d'une incantation sourde résonnait derrière elle. Depuis le sous-bois, un éclair rouge fusa et un cri de douleur lui répondit. Marcus se chercha une cible, un homme qui s'était immobilisé sur sa droite, environné de volutes pourpres qui trahissaient les prémisses d'un sortilège.

Un Flambeau – Jacob – se porta à sa rencontre et, par réflexe, Marcus le gratifia d'un bouclier de lumière avant qu'il ne heurte la gangue de brume violacée. Il y eut un crépitement lorsque les deux magies contraires se neutralisèrent. Le chevalier pénétra la protection de l'adversaire, qui lui opposa une lame d'énergie noire. Mais c'était sans compter sur la présence, dans son dos, d'Anton, l'un des prêtres mivéans qui s'étaient ralliés à Brendan Devlin. Ce dernier l'emprisonna dans une toile de filaments gris, à peine visible, et tout en luttant, l'Obscur trébucha. La lame de Jacob le cueillit en pleine poitrine, s'y enfonçant comme dans un fruit trop mûr, et Marcus, dégoûté, se détourna.

***

Othon, de son côté, s'était mis en mouvement dès que l'explosion de lumière relâchée par Florent avait contré les ténèbres. Comme convenu, Kyle et lui-même avaient aussitôt quitté la butte pour courir sus à l'ennemi. Le Flambeau aurait de loin préféré pouvoir user d'emblée de son destrier, mais cacher des chevaux dans la broussaille avait paru illusoire. Malheureusement, il n'était guère taillé pour la course à pied.

Kyle, plus rapide, avait pris la tête et poursuivait une silhouette scintillante qui semblait avoir opté pour le sud. Ils s'enfoncèrent dans le sous-bois et Othon craignit bientôt d'avoir perdu son cadet. Sans la lumière des torches, vu la maigre lune, il n'y voyait plus grand-chose, et se fia au bruit que faisait le jeune chevalier pour se guider. Un craquement plus violent sur sa gauche infléchit sa course et il se garda pour affronter ce qu'il devinait être une de ces fameuses bêtes ombreuses.

Mais rien ne vint. Juste le silence. Il jura à mi-voix : Kyle avait pris le large.

Des volutes de brume commençaient à monter du sol, signe qu'un nouveau maléfice était à l'oeuvre. Othon réalisa qu'il était isolé, sans la moindre idée de la direction à emprunter pour rattraper son compagnon qui avait filé en éclaireur. Il fut tenté de battre en retraite pour regagner la clairière, mais cela signifiait abandonner Kyle seul face à l'adversité.

Indigne. Potentiellement mortel. Il prit une seconde pour invoquer la lumière, et la guider dans son plastron, puis reprit sa marche. Il constituait désormais une cible de choix, mais il avait foi en sa capacité à affronter plus ou moins n'importe qui.

« Kyyyyyle ! » hurla-t-il dans les fourrés.

Derrière lui, la clairière crépitait de sortilèges, l'éclairant en flashes intermittents, comme la lutte s'y nouait. Il s'en désintéressa. Armand, Ève, Céleste, Rachel, les Obscurs trouvaient sans conteste à qui parler.

La brume se diffusait de plus en plus, grimpant désormais à hauteur de genou. Elle semblait émaner de partout, tentaculaire et dense, telle une marée irrépressible. Un sortilège aussi puissant, sur une telle surface, devait demander une dépense d'énergie colossale... et émaner d'un prêtre obscur de grande expérience.

Au loin, sur la gauche, il devina un bref éclair rouge.

Othon avait besoin de son cheval et au diable la discrétion.

Dégainant son épée, il la planta vivement en terre, posa le genou au sol et jeta un ultime coup d'oeil autour de lui. Puis il s'agripa d'une main à la garde, ouvrit l'autre devant lui et prononça les trois mots rituels. Un grand vent se leva, soufflant en tourbillon autour de lui, et Wyverne fut là.

La jument noire s'ébroua et poussa un hennissement rauque. Aussi sombre que la nuit environnante, sa première apparition, quand Othon n'était encore qu'un jeune homme, avait fait beaucoup jaser. Les Flambeaux étaient accoutumés à invoquer des chevaux blancs, gris, roux ou isabelle, à l'image de la lumière, et non des monstres ténébreux. Fraîchement adoubé, Othon s'était demandé si c'était un reflet de son âme, le signe qu'il n'était pas digne de porter le symbole de son dieu, un mauvais présage. Mais après trente ans à chevaucher Wyverne, il savait qu'il ne faut guère se fier aux apparences.

Il l'enfourcha sans plus attendre et prit aussitôt la direction d'où provenait la lueur rouge qu'il avait aperçue un peu plus tôt. Aucun Valgrian ne produisait ce genre d'éclat.

Le large poitrail de son destrier fendit les broussailles sans frémir, son galop résonnant comme le tonnerre tandis que l'animal meurtrissait l'humus humide. Lumineux en selle, Othon était conscient d'arriver comme une étoile filante massive sur les lieux de l'affrontement.

***

Brendan se sentait revivre. Quand l'Obscur avait libéré ses ténèbres, à quelques pas des pierres dressées, il avait eu l'impression de sentir une décharge d'énergie au plus profond de lui-même, le métamorphosant en un être d'exception, l'instrument d'une justice divine, inébranlable, dévastatrice, et il était immédiatement entré en action, libérant la violence de ses propres sortilèges.

Il n'avait pas compté les ennemis tombés. Le Flambeau qui le flanquait avait protégé ses incantations, puis il avait fini par dégainer sa rapière pour profiter du torrent de pouvoir formidable qui faisait rage autour de lui. Rien ne paraissait pouvoir lui résister, aucune protection magique, aucun coup fourré, il anticipait chacun des mouvements de l'adversaire, communiquait avec son partenaire en armure comme s'il avait été une extension de lui-même. Il n'avait pas le temps de se demander d'où lui venait ce sentiment : d'une entité hors de lui-même ou simplement de son individualité enfin retrouvée.

Des hommes fuyaient vers les tréfonds du parc et il courut sur leurs traces, un allié sur les talons. Enguerrand le suivit un moment, puis plus, puis à cheval, offrant un bras secourable pour le prendre en croupe, à deux sur le destrier filant derrière l'ennemi. L'ombre n'avait aucune chance. Comment avaient-ils pu la craindre ?

Les deux ennemis étaient devant eux diffusant leur poussière d'étoiles, puis ils se séparèrent comme ils les rattrapaient. Brendan sauta de selle, roula sur le sol, se redressa et reprit sa course derrière sa proie. L'autre ne chercha pas à fuir très longtemps. Il s'immobilisa dans l'ombre, au pied d'un arbre, et le Mivéan s'avança, l'arme à la main, incroyablement sûr de lui.
Qu'ils soient face à face, à un contre un, ne lui effleura pas un instant l'esprit. Mivei souriait aux audacieux. L'inquiétude était interdite.

« Est-ce que ça avait bon goût ? » demanda l'Obscur, faussement intéressé.

L'estomac de Brendan se contracta comme il comprenait ce à quoi le prêtre démoniaque faisait référence. Mais il ne ressentit pas la moindre peur. Non. A présent qu'il affrontait ses tortionnaires, il se sentait incroyablement fort.

« C'est un peu comme un gros raisin, je suppose. Dur à l'extérieur, puis liquide à l'intérieur. Salé. Délicieusement répugnant. »

Brendan continua à avancer, la lame nue. Il fallait qu'il reste concentré, qu'il ne se laisse pas distraire par les provocations de son agresseur. Oui, ils l'avaient forcé à bouffer ses propres yeux, mais c'était du passé, et aujourd'hui, la roue tournait, définitivement, en leur faveur.

« Est-ce la haine, qui t'habite désormais ? Une envie de vengeance, bien sûr. La nuit. Tout le monde finit par s'y résoudre. Même Mivei t'y mène. »

Brendan s'immobilisa à quelques mètres de l'Obscur et laissa le calme l'envahir. Cela n'avait rien à voir avec la vengeance, rien à voir avec la haine. C'était le combat entre l'ombre et la lumière, rien d'autre. Ce n'était pas pour les novices massacrés, pour les prêtres torturés, pour le sac de son temple. Pas vraiment, pas seulement.

« Où sont ma prêtresse et mes novices ? » dit-il.

Le visage ombré de son ennemi se fendit d'un sourire.

« Pas ici, en tout cas. Ce n'est pas moi qui prends soin d'elles, tu vois. Nous avons chacun nos jouets. »

Brendan songea à Soren, faillit poser la question, mais la pente était glissante, et l'autre ne l'épargnerait pas. Non, celui-là était un gros morceau et il ne lâcherait rien. Les informations menant aux prisonniers viendraient d'un plus petit poisson qui échangerait sa survie contre tout ce qu'il savait. Son adversaire devait mourir et c'était lui, Brendan Devlin, le grand prêtre blessé de la Dame du Destin, qui mettrait fin à son règne.

« Comprends-tu que même dans la mort, je triomphe ?

— Blablabla. Tu raconterais n'importe quoi pour sauver ta peau. Dans la mort, tu seras mort, c'est tout. Un bûcher pour ta carcasse et des cendres au vent. Rien d'autre avant les Enfers. »

L'Obscur haussa les épaules. Brendan vit qu'il était blessé, il gardait une main pressée contre son ventre, et sa respiration était rauque, crépitante.

« Libre à toi de le penser. »

Le Mivéan chercha à nouveau la flamme de sa déesse. Le moment de mettre fin au cauchemar était venu.

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