Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Pour l'amour d'un souvenir

Il est temps que je vous avoue quelque chose.

Si, si, je dois le faire maintenant. Ne m'en veuillez pas, je vous prie...

Voilà : il y avait une chose qu'Aladdin ne savait pas. Que vous ne savez pas non plus, pas encore.

C'est que le brave voleur d'Agrabah avait passé bien plus de temps dans les ténèbres qu'il le pensait. Beaucoup, beaucoup plus.

Jafar avait bien remis la main sur sa clef, mais il s'était vite rendu compte qu'il lui faudrait du temps pour la finaliser. Après tout, il avait été interrompu, vingt ans plus tôt, avant de pouvoir mener son expérience à terme.

Il avait donc gardé le corps inconscient d'Aladdin dans la pièce cachée de son laboratoire.

Six mois durant.

Six mois durant lesquels il s'était tout à fait désintéressé des intrigues de la cour, accordant juste à la Sultane ce qu'il fallait pour la garder sous son emprise.

Six mois qu'il avait utilisé pour retrouver le chemin jusqu'à la caverne merveilleuse, et réfléchir au meilleur endroit où placer sa Clef, afin qu'elle se rende d'elle-même jusqu'à la grotte. Jusqu'à la lampe.

Six mois durant lesquels Jasmin, du plus profond de son deuil, n'était pas resté inactif...

~

La lune dardait son œil à demi fermé sur les rues d'Agrabah. La nuit était de retour, trainant dans son sillage sont lots d'ombres malveillantes, de voleurs et d'assassins.

Mais depuis quelques mois, quelque chose d'autre rôdaient dans les rues. Ce n'était qu'une rumeur, bien sûr. Une légende. Une silhouette entrevue, un racontar entendu de la sœur du cousin de la femme d'un ami. C'était certainement absurde. Ce n'était certainement qu'une histoire.

Mais il en fallait bien moins pour bâtir un espoir.

-Vous êtes sûr de vous ? s'inquiéta Joël en vérifiant que la porte de la chambre était bien verrouillée. Ce n'est pas un peu trop dangereux ?

-Depuis quand t'inquiètes-tu de ma sécurité ? Plaisanta le Jasmin en enfilant le manteau d'Aladdin, son seul souvenir tangible du voleur de son cœur.

-Depuis que vous avez cessé d'être insupportable.

-Idiot ! Rétorqua Jasmin en lui donnant un coup sur l'épaule.

Le visage du serviteur se fit plus sérieux.

-Depuis que je suis devenu votre ami, reprit-il.

Jasmin se figea, les yeux grands ouverts, stupéfait. Son cœur se serra. Un ami ? Joël le considérait comme un ami ? Il avait un ami, lui ?

-Et depuis, reprit le serviteur roux, que je crois en vous. Vous devez monter sur le trône, Jasmin. Tous le monde, au Palais, tout le petit peuple, n'attends que ça.

Jasmin, touché, rabattit la capuche noire pour donner le change.

-Ben voyons. Ce n'est pas l'idée que m'a donné Yasmina, l'autre jour, lorsqu'elle m'a frappé avec ma propre épée de bois.

Joël avait révélé à Jasmin que la femme de chambre, Yasmina, était une excellente escrimeuse, et le prince avait tout de suite insisté pour lui demander des cours. Ce dont il se repentait environs trois fois par jours.

-Même Yasmina, sourit Joël en se remémorant la dernière séance d'entraînement. Pourquoi ne pas attendre, tout simplement ? Vous allez accéder au trône un jour ou l'autre, Jasmin, c'est inutile de prendre des risques...

-Attendre, Joël ? Alors que les gens meurent de misère juste devant ma porte ? Non, la situation n'a que trop durée. Il faut agir maintenant. De toute façon, je leur ai déjà envoyé un message, je ne vais pas les faire poireauter pour rien...

-Dit celui qui a déjà une heure de retard.

-Mais, c'est pas ma faute ! Se plaignit le prince en sortant par la fenêtre de sa chambre, un exercice auquel il était tout à fait accoutumé, à présent, puisqu'il le réalisait toutes les nuits depuis six mois. Le Conte Constance ne voulait plus me lâcher. Qu'y puis-je, si ma silhouette est irrésistible ?

-Si sa silhouette irrésistible voulait bien se bouger les fesses, railla Joël, on arriverait plus vite !

-Ce que tu peux être rabat-joie...

Les deux compères se glissèrent parmi les ombres du jardin, en direction de la maison des domestiques, où brillait, comme chaque nuit depuis six mois, une petite lampe à l'entrée, pour les guider.

Yasmina les attendait, adossée à la porte, son impressionnante carrure découpant une ombre menaçante sur le sol.

-Vous êtes en retard, souffla-t-elle en les voyant s'approcher.

-Son Altesse était occupée à se faire reluquer le fessier.

-Laissez mon fessier où il est, répliqua Jasmin. Nous sommes en retard, je vous rappelle.

-Je viens avec vous, affirma Yasmina.

-Non, répliqua Jasmin, nous avons besoin de discrétion ! Moins nous seront, mieux ce sera.

-Je ne laisse pas sortir mon prince tout seul dans les rues d'Agrabah, avec un rigolo comme seul défenseur.

-C'est moi le rigolo ? Râla Joël.

-Oui, c'est toi. Allons-y.

Jasmin ne dit rien et suivis sa maîtresse d'armes. Il était toujours incroyablement stupéfait de la loyauté que les domestiques avaient développés à son égard en si peu de temps. Joël avait bien essayé de lui expliquer tout ce qu'il représentait pour eux, le nouvel espoir d'un souverain juste, mais Jasmin avait bien du mal à penser que quiconque pouvait croire en lui, l'apprécier, ou lui accorder sa confiance. Après tout, c'était entièrement de sa faute si Aladdin...

Il chassa de sa mémoire le doux visage du voleur et se concentra sur les ruelles insalubres, qu'ils parcouraient tous les trois d'un pas rapide.

Le lieu du rendez-vous se situait en plein quartier méca. La plupart des hommes-machine étant mercenaires, personne ne s'inquiéterait de voir des inconnus masqués en arpenter les rues.

-Par ici, souffla Joël en tirant son prince dans une petite ruelle insalubre, qui tenait plus de l'interstice involontaire entre deux maisons que d'un véritable passage.

Jasmin faillit faire une remarque dans ce sens – en ajoutant un adjectif peu glorieux sur le parfum qui allait imprégner ses cheveux, qu'il avait pourtant lavé à l'eau de lavande – lorsque son ami l'interrompit d'un geste pour lui désigner un espace plus sombre, derrière une pile de caisses pourrissantes. Au premier abord, on avait l'impression qu'il ne s'agissait que d'un creux, accentué par l'ombre des caisses. Pour le détromper, Joël s'avança et plongea son bras dans l'obscurité. Une porte.

-Je passe devant, souffla Yasmina sans prendre la peine de leur demander leur avis.

-Je passe derrière ! Répliqua aussitôt Joël, comme s'il s'agissait de sa décision, et que c'était lui qui avait permit à Yasmina d'entrer en première.

Jasmin leva les yeux au ciel.

-Eh bien, votre glorieux prince se situera donc au milieu, puisque tout le monde est si pressé de lui demander son avis sur notre position.

-Si son Altesse a cessé ses jérémiades... commença Yasmina.

-Ça va, ça va ! Ronchonna Jasmin. Tu as vu comme elle me manque de respect ? Gémit-il à l'attention de Joël. Je vais te faire fouetter tout ça, moi, tu vas voir...

Mais le pli boudeur de sa bouche lui enlevait toute crédibilité, et Joël se contenta de le pousser en avant.

Après quelques marches d'un escalier descendant – et glissant – ils débouchèrent tous les trois dans une vaste salle, étonnamment haute de plafond, emplie de murmures.

Au premier pas que Jasmin posa dans la pièce, le silence tomba sur la petite assemblée. Il devait y avoir une petite cinquantaine d'individus de tout genre et de toute taille, serrés les uns contre les autres autour d'un amas de pierre faisant plus ou moins office de table.

Une femme d'une trentaine d'années s'avança vers eux. Elle avait les cheveux longs, bleu clair, comme le haut serré et le pantalon bouffant qui faisait ressortir sa silhouette aux courbes généreuses. De petites lunettes, sur le bout de son nez – bien rare objet, dans les rues d'Agrabah – venait atténuer la sévérité de ses traits en lui conférant un air mutin.

-Votre Majesté, dit elle en s'inclinant.

Et, devant les yeux effarés de Jasmin, toute la salle fit de même. Yasmina et Joël compris.

L'héritier donna un coup de coude dans les côtes de Joël pour qu'il se redresse, mais le roux fit semblant de ne pas avoir saisi le message.

-Relevez-vous, pour l'amour des fées ! Soupira Jasmin.

L'assemblée se redressa enfin – avec quelques craquements de dos.

-Vous savez donc qui je suis ? Interrogea le prince.

-En effet, répondit la femme aux cheveux bleus. Je suis la Doctoresse Denys Volplume, votre Altesse. Vous savez, les rumeurs courent vite à Agrabah. Lorsqu'on a appris qu'un homme masqué arpentait les rues, la nuit, pour rendre justice, donner de l'argent à qui en avait besoin, ou promettre à quelques personnes une arrestation qui avait bizarrement lieu le lendemain, on a commencé à poser des questions. Il était évident qu'il s'agissait d'un noble. Et puis une rumeur venant du palais nous a appris qu'il s'agirait du prince Jasmin en personne...

Jasmin foudroya du regard Joël, qui peignit sur ses traits un air d'innocence pas très convainquant.

-C'est pour ça que nous sommes ici, intervint un homme, qui ressemblait de façon frappante à un renard, en s'approchant. Je m'appelle Mickaël Yasme, votre Altesse. Je suis, ou du moins j'essaie, d'être professeur dans la ville basse. En recevant votre message, j'ai cru à un piège, ou une plaisanterie. Mais l'idée qu'il y ait ne serait-ce qu'une possibilité que la rumeur dise vrai, et qu'il se trouve à Agrabah, pour la première fois, un prince qui se soucie de son peuple...

Jasmin sourit, extrêmement gêné. Il n'avait pas l'impression de mériter le moindre éloge. En fait, il avait plutôt le sentiment qu'on lui devait du mépris, des reproches, voire des insultes, pour n'avoir pas agit plus tôt, et être resté si longtemps dans le camp des oppresseurs.

Il se reprit. L'heure n'était pas à l'apitoiement.

-Avant que nous commencions, intervint Joël, je me suis permis de lancer une invitation de plus...

Le prince lui jeta un regard interrogateur.

-Il semblerait que le petit Jas ait pris de la graine, finalement ! Lança une voix qu'il n'avait entendu qu'une fois, des mois auparavant, mais qu'il n'avait jamais oublié.

-Yubaba ! Joël, je t'avais dit de ne pas lui dire...

-Te fatigue pas, mon petit, rétorqua la vieille dame en s'approchant de lui. Je lui ai extorqué la vérité le premier soir, lorsqu'il est venu nous apporter le remède.

Jasmin sentit une boule douloureuse grandir dans sa gorge. Il avait évité Yubaba, dans ses sorties nocturnes. Il n'avait pas eu le courage de lui faire face, après...

-C'est ma faute, souffla-t-il, si bas que seule la vieille dame l'entendit. Pour Aladdin. C'est ma faute. Je suis...

Le mot se coinça dans sa gorge.

-Ce n'est pas ta faute, petit prince, rétorqua la forte dame en posant une main sur son épaule.

Ses lèvres tremblaient, et ses yeux brillaient de larmes. Mais sa main était solide.

-Ce n'est la faute que de ceux qui ont prononcé le verdict. Mais il serait fier de toi, Jasmin. Il serait fier de nous...

L'héritier au trône sourit vaillamment et puisa dans une force qu'il ne savait pas posséder pour recomposer son visage et faire face à l'assemblée.

-Mes amis, déclara-t-il tout haute, l'écho de ses paroles portant jusqu'au bout de la cave. Vous êtes ici parce qu'au cours de mes pérégrinations nocturnes de ces six derniers mois, j'ai entendu parler de vous, de chacun d'entre vous, comme des personnes essayant d'améliorer les choses, dans cette pauvre ville d'Agrabah. Vous êtes des médecins, des chercheurs, des professeurs, des protecteurs, des alchimistes, des pharmaciens, des conteurs, des libraires, des artistes, des architectes... Et vous avez tous essayé, à votre mesure, d'aider votre prochain. Aujourd'hui, je vous propose de vous unir. Je ne suis pas encore sur le trône, et j'ai hélas bien peu de pouvoir sur la Sultane ma mère, mais je reste le prince héritier, et j'agirais dans l'ombre s'il le faut. Pour Agrabah.

Pour Aladdin, faillit-il ajouter, mais se retint au dernier moment.

-Mais Votre Altesse, si vous le permettez... intervint la Doctoresse aux cheveux bleus. Faire quoi, exactement ?

-C'est pour ça que nous sommes ici ce soir. Nous ne pourrons pas changer tout d'un coup. Agrabah est vaste, incroyablement vaste, si grande que dans les quartiers les plus lointain, on parle presque une autre langue, et d'autres pouvoirs et hiérarchie se sont mis en place. Nous changerons les choses en nous y prenant petit à petit, quartier par quartier, problème par problème. À vous tous, vous représentez presque tous les corps de métier de cette ville.

Il fit une pause dramatique avant de reprendre :

-Je veux que vous fassiez une liste de tout ce qui ne va pas à Agrabah, du plus urgent ou moins pressé.

Il y eut un instant de silence.

-Une liste ? Balbutia quelqu'un dans l'assistance. Mais... Mais... C'est impossible ! Il y a les rues, les déchets, l'insalubrité, les mafias, les quartiers cloisonnés, les gens qui crèvent de faim, de maladie, les...

-Je sais, l'interrompit Jasmin, avec plus d'autorité qu'il n'en avait jamais possédé. Je veux que nous nous réunissions de nouveau la semaine prochaine, et la semaine d'après, et celle d'encore après, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Je veux que vous me fassiez cette liste. Puis nous regrouperons les problèmes les plus importants. Puis nous trouverons des solutions. Puis des moyens de les mettre en action. Je me charge du reste. Puis-je compter sur vous ?

Une vague de murmures parcouru la foule.

-La question, lança une voix anonyme, c'est plutôt, si vous le permettez, votre inestimable Altesse, est-ce que nous pouvons compter sur vous ? Qui nous dit qu'il ne s'agit pas d'un piège élaboré afin de déterminer qui sape le pouvoir de la Sultane, et mieux nous faire taire ? Est-ce que vous irez jusqu'au bout de vos promesses ? Pour nous, il s'agit d'une question de vie ou de mort. Pour vous, ce n'est qu'un petit jeu de noble qui se prends soudain pour un justicier, alors qu'il a passé le reste de sa vie à se nourrir sur notre dos. Vous me pardonnerez si je n'ai pas vraiment confiance.

-Je vous pardonnerai, répondit Jasmin. Je vous comprends. Mais il ne s'agit pas d'un jeu pour moi. Ça, au moins, je peux vous l'assurer.

Le souvenir d'Aladdin fit dérailler sa voix, et l'assemblée, surprise, perçut son émotion.

-J'ai trop longtemps laissé Agrabah dans la misère, j'ai trop longtemps détourné le regard, en pensant que le reste du monde avait des devoirs envers moi, parce que j'étais prince. Mais j'ai enfin réalisé qu'en tant que prince, c'est moi qui aie des devoirs envers vous. Je découvre Agrabah petit à petit, et elle devient aussi ma maison, ma patrie. Alors je me battrais pour Agrabah. Et je mourrais pour Agrabah s'il le faut.

Ses derniers mots s'étirèrent dans un silence profond.

Celui qui venait de parler fendit la foule et se dressa devant le prince. C'était un méca dont les bras de fer doublait le volume de ses épaules crénelés d'engrenages, et dont la moitié du visage était cousu d'un masque métallique, percé d'un œil à la lentille verte. La source de son énergie pulsait d'une lumière verte, dans un petit bocal attaché à sa ceinture. De la magie pure.

Il faisait trois têtes de plus que Jasmin.

Le prince soutint son regard sans broncher.

Puis le méca mit un genou à terre et posa une main sur son cœur.

-Pour Agrabah, dit-il.

Et Jasmin cru qu'il allait pleurer de joie.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro