Panique
Coucou! Avant toute chose, je propose une seconde de silence pour Alonzo, mon téléphone, qui a décidé que la vie était trop cruelle, et a brusquement renoncé à l'existence. RIP en paix, valeureux compagnon.
Et ensuite un super trop cool fanart de ibtissem03! (Que j'ai oublié de poster la dernière fois... désolé...) :3
D'ailleurs, j'ai oublié de le préciser, mais si vous voulez m'envoyez vos dessins, vous pouvez le faire à l'adresse ChocolatMashmalow gmail.com
biz! :3
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Aladdin se précipita au chevet du prince inanimé.
-Jasmin ? Appela-t-il, angoissé, en le retournant sur le dos, la tête sur ses genoux. Jasmin ? Jasmin !
Les paupières du prince papillonnèrent. Soudain prit de convulsions, le dos du jeune homme s'arqua tandis que ses pieds labouraient le sol. Aussitôt, Aladdin referma son emprise sur lui, pour l'empêcher de se blesser.
-JASMIN !
Le prince ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais ses paroles se firent soudain solides, et se bloquèrent dans sa gorge. Il pencha sa tête sur le côté et commença à tousser, paniqué, pour extirper de son corps ce qui était en train de l'étouffer. Il avait chaud. Vraiment chaud. Et froid. Tout était tellement confus...
Derrière le voile brûlant qui déformait sa vision, il aperçut des taches rouges sur le tapis, là où il venait de tousser. Quelque chose lui faisait mal, en travers de sa poitrine. Comme une barre chauffée à blanc.
Soudain, des mains froides se posèrent sur ses joues, le ramenant à la réalité.
-Jasmin ! Appelait une voix familière. Jasmin ! Pour l'amour des fées, réponds-moi !
Aladdin ! C'était Aladdin...
Il ouvrit la bouche pour prononcer le nom de celui qu'il aimait, mais les mots l'étranglèrent une fois de plus, et il s'étouffa. Avec horreur, il vit de petites taches rouges consteller le beau visage d'Aladdin, tout prêt du sien.
Confus, il voulut tendre une main pour effleurer sa peau, mais il ne savait plus très bien comment faire. Pourtant, il désirait tellement... Mais peut-être que se perdre dans ses yeux était suffisant... Ils étaient si beaux... Comme c'était étrange, il était certain de ne jamais les avoir vu aussi brillants...
-JASMIN ! Hurla de nouveau Aladdin en secouant doucement le visage qu'il tenait dans ses mains. JASMIN ! JASMIN !
Le prince toussa de nouveau. Avec une horreur absolue, Aladdin vit une goutte de sang perler au coin de ses lèvres et rouler vers le sol.
Le temps sembla soudain s'étirer, lent, trop lent.
Le sang se frayait un chemin sur la peau halée du prince, sa peau si lisse, sa peau si douce d'ordinaire, qui luisait à présent d'une sueur maladive.
La traînée rouge s'étira encore, et encore.
Il semblait au voleur qu'au fur et à mesure qu'elle progressait, elle amenait dans son sillage une certitude, une abominable certitude : Jasmin était en train de mourir.
La goutte de sang progressait.
Et avec cette certitude, avec cette goutte de sang, quelque chose d'autre était en train de gonfler dans la poitrine d'Aladdin, quelque chose d'énorme, quelque chose de gigantesque, d'inconcevable.
Jasmin était en train de mourir. Jasmin. Son Jasmin. L'unique Jasmin de tout cet univers. De toute la création, passé, présente, futur. Jasmin.
L'idée était trop absurde. Jasmin ne pouvait pas disparaître. Pas lui. Le monde ne pouvait pas se permettre un tel vide.
Aladdin sentait la panique mordre son âme, une panique plus profonde qu'il n'en avait jamais ressentit. Il tremblait, il tremblait de tout son être, il pleurait en même temps, et il ne savait pas quoi faire, quoi faire avec ce corps dans ses bras, et ce visage, ce visage si cher, entre ses mains.
Lorsque la goutte de sang heurta le sol, elle lui sembla produire le son d'un boulet de canon.
Le monde rattrapa tout d'un coup sa vitesse normale, comme un élastique tendu qu'on lâche sans préavis.
La main d'Aladdin se glissa dans les cheveux du prince, qui essayait vainement de dire quelque chose.
-A... Al...
-Je suis là, souffla le voleur en le serrant contre lui, je suis là...
Il regarda l'horloge.
Jafar avait dit minuit.
Il restait cinq minutes.
-Al... tenta de nouveau Jasmin, le visage collé à la poitrine d'Aladdin.
Il s'était détendu. Il ne se convulsait plus, il ne battait plus des paupières pour chasser les larmes qui lui brouillaient la vue. Il les laissait couler, comme des torrents chauds, piquants, amers, le long de ses joues.
-Ne parle pas, répondit Aladdin, la voix étranglée. Pour l'amour des fées, Jasmin, reste avec moi...
Jasmin frissonna. Son corps s'affaissa un peu plus.
-JASMIN ! Non, non, non... Il reste encore trois minutes... Trois minutes...
Soudain, c'était une énorme, trois minutes. C'était une différence immense. Presque inconcevable.
Et il aurait tout donné, absolument tout, pour que ces trois minutes soient une éternité.
Jasmin soupira et ouvrit les yeux. Il n'avait plus chaud, ni froid. Ni rien. Plus qu'un grand vide, une immense lassitude.
-Aladdin, dit-il.
Et cette fois, sa voix sortie sans encombre, comme si, au seuil du grand départ, son corps s'autorisait enfin à dire adieu.
-Aladdin, répéta-t-il, tout doucement. Je crois que je vais mourir.
Il avait l'impression qu'il venait de dire quelque chose d'horrible, qui aurait dû le terrifier. Mais il ne ressentait qu'une immense fatigue.
-Non, répondit Aladdin, la voix entrecoupée de sanglots hachés, douloureux. Tu ne peux pas.
-Pourquoi ? Demanda tout, tout doucement Jasmin.
-PARCE QUE JE NE VEUX PAS ! Hurla Aladdin, la voix cassée de larmes. Tu ne peux pas me laisser là, comme ça ! Tu ne peux pas ! L'idée de continuer à vivre sans t'avoir à mes côtés, sans savoir que tu existes quelque part, m'es insupportable, Jasmin ! Je t'interdis de partir !
Au fur et à mesure qu'il prononçait ces mots, la force qui poussait dans sa poitrine grandissait encore, comme une vague qui enflait, en détruisant tout sur son passage.
Quelque que soit ce sentiment, il commençait à prendre trop de place dans ce petit cœur de pierre étriqué qui ne pouvait s'agrandir, il commençait à faire pression de l'intérieur, comme une boite qu'on essaie de remplir d'une chose deux fois trop grande pour elle.
-JE T'AIME ! Hurla Aladdin.
Jasmin sourit, et ferma les yeux.
~
Quinze minutes plus tôt
Joël arpentait les couloirs à la suite de Iago, la lampe serrée sur sa poitrine.
Il fallait qu'il s'en aille... Loin du Palais...
Mais à chaque pas qu'il faisait, sa conscience se réveillait peu à peu, enfin libéré du voile de la panique. Il était en train de prendre la fuite. Lui. De prendre la fuite.
Ses pensées, confuses, prenaient un tour de plus en plus amer.
Il prenait la fuite. Après avoir volé un ami.
Ce n'était pas un ami ! Lui cria la partie de sa conscience qui était encore sous le choc de son agression. Jasmin est un noble ! Comme tous les autres !
Jasmin... Joël marchait mécaniquement à la suite de Iago, son attention concentré sur son dilemme interne.
Qu'avait vraiment fait Jasmin contre lui ? Après tout, il ne savait pas, si Jasmin l'avait vraiment renvoyé... Et ce n'était pas ma faute du prince, si Rapace lui avait mit la main dessus... En fait, Jasmin ne savait certainement rien de tout ce qui s'était passé. À ses yeux, il avait certainement disparu sans laisser de trace...
Le pas de Joël se fit plus lent.
Depuis quand était-il devenu un fuyard ? Un traitre ? Un voleur ?
Son regard se posa sur l'oiseau qui le pressait du regard, deux pas devant lui.
Depuis que son frère était revenu.
Son frère.
Et qu'avait-il fait pour lui, celui-là ?
Joël s'arrêta.
-Qu'est-ce que tu fais ? s'inquiéta Iago. Il faut se dépêcher ! Il y a une sortie par là, derrière le laboratoire de Jafar ! Vite !
-Je n'ai jamais entendu parler d'une sortie dans cette direction, répondit sèchement le serviteur.
-Fais-moi confiance, Jo !
-Pourquoi ? Cracha presque Joël. Pourquoi te ferais-je confiance, Iago ? Pourquoi ? Où m'emmènes-tu ? Et que faisais-tu dans la chambre de Rapace, d'abord ?
-Tu peux me faire confiance, enfin ! Je suis ton frère ! Je suis de ta famille, de ton sang...
Joël recula encore de quelque pas, la gorge serrée, la lampe toujours plaquée contre sa poitrine.
-Tu es de mon sang... répéta Joël. Mais ça ne veut rien dire. Rien du tout.
-Mais enfin, Jo... Tu sais bien qu'il n'y a rien de plus sacré que la famille ! protesta l'oiseau d'une voix qui ressemblait tant à celle qu'avait son grand frère, si longtemps auparavant, qu'il faillit tout laisser tomber et le suivre à nouveau, comme lorsqu'ils étaient gamins.
Mais le temps de l'insouciance était bel et bien terminé.
-Je pensais ça, aussi, répondit Joël. Et j'aime mes petits frères et sœurs de tout mon cœur. Mais la famille n'excuse pas tout. La famille n'excuse pas la manière dont la sultane se comporte avec son fils. La famille ne m'explique pas ce que tu faisais dans la chambre de Rapace lorsqu'il m'a agressé. Ni pourquoi tu n'as pas agis plus tôt. Ni pourquoi tu n'as pas appelé la garde...
-Tu ne peux pas rejeter toutes nos valeurs comme ça ! Protesta l'oiseau. Tu es encore secoué, Joël...
-Je ne rejette pas nos valeurs ! Cria presque le serviteur. Je ne rejette pas l'importance de la famille ! Mais tu sais quoi, Iago ? Plus j'en vois, et plus je suis persuadé que les liens du sang n'ont rien à faire dans l'histoire. Oui, Jasmin est bien plus de ma famille que tu ne l'a jamais été depuis ton départ. Même Aladdin, même Abu, même lae génie, sont plus de ma famille que toi !
-Un prince, un voleur, un dragon idiot, et un prisonnier ? Railla l'oiseau. Enfin, Joël, écoute ce que tu dis...
Le serviteur recula encore.
Iago se posa sur le rebord d'une fenêtre. Un nuage passa devant la lune, et soudain, son visage fut mangé par l'ombre.
-Réfléchis, Joël, dit-il d'une voix soudain grave. Tu peux encore te sortir de cette histoire à bon compte. Donne-moi la lampe.
-Non ! Je vais...
-Tu vas quoi, Joël ? À l'heure où nous parlons, Jasmin est en train de mourir. Les gardes s'apprêtent à débarquer dans sa chambre pour emprisonner Aladdin. Ils sont fichus, petit frères, ceux que tu viens d'appeler ta « famille ». Choisis bien ton camp.
Joël tituba sous le choc.
-De mourir... balbutia-t-il.
Iago leva la tête pour estimer la place de la lune dans le ciel.
-Il ne lui reste pas plus de cinq minutes, si ce n'est déjà fait.
-Je... balbutia Joël. Je...
À cet instant, de nombreux bruits de pas se firent entendre, en cadence. Cinq hommes armés apparurent au bout du couloir.
Joël se tourna de l'autre côté.
Il était cerné.
Jasmin est sur le point de mourir... se répéta-t-il. Par ma faute ! Tout est de ma faute !
Il serra les mâchoires, et bondit en avant.
À travers la fenêtre.
Au même instant, la paume de sa main se referma sur la lampe, qu'il frotta avec l'énergie du désespoir.
Il n'était qu'au deuxième étage, mais la chute lui sembla durer des heures.
Une fumée bleue s'échappa de la lampe, pour former un nuage, une forme...
-GÉNIIIIIIIIIIIIIIIIE ! Hurla Joël en se sentant tomber comme une masse, toujours plus près du sol, plus près, plus près, plus...
Rien.
Il ne bougeait plus.
Un soupir relâcha d'un coup tout l'air de ses poumons, tandis qu'une vague de soulagement parcourait tout son corps. Il leva la tête. Lae génie le tenait dans ses bras gigantesques. Iel le fixait d'un air stupéfait.
-Je suppose que je n'ai pas dormis plusieurs décennies, cette fois, railla-t-iel finalement. Je peux savoir ce qu'on fait suspendu en l'air, et pourquoi les gardes nous lancent des bâtons dessus ?
-JASMIN ! Hurla Joël. Génie, vite ! Il faut sauver Jasmin ! Pourvu qu'on arrive à temps, mes fées, pourvu qu'on arrive à temps...
~
Dans la chambre du prince, Jasmin venait de fermer les yeux.
Aladdin serra son corps contre lui. Et soudain, la vague qui grandissait à l'intérieur de sa poitrine se fit trop grande, trop puissante. Et son cœur de cristal implosa.
Il se reçut le monde en pleine face. Toutes les sensations envahirent en même temps sa conscience, à une intensité qu'il n'avait jamais encore expérimentée. Son être se trouva emplie de crainte, d'angoisse, de douleur, et d'une pulsion animale, à la fois brute et délicate, à la fois tendre et désirable, douloureuse et exaltante, qui le poussait à serrer le corps inanimé du prince contre le sien.
Dans ce nouvel état de confusion, où tout était soudain démesuré, l'idée de la mort, associée à Jasmin, lui causa un tel désespoir qu'il lâcha un hurlement rauque, inintelligible, plus animal qu'automate. Plus humain que machine.
À cet instant, une ombre obstrua la fenêtre, et deux silhouettes firent irruptions dans la pièce.
-JASMIN ! Hurla Joël en se précipitant vers les deux corps enlacés. Jasmin !
Aladdin eut un mouvement de recul pour l'empêcher de se pencher sur le prince.
-La lampe... balbutia-t-il. Génie... Joël, la lampe...
-Je suis désolé, je suis tellement désolé... C'était moi, Aladdin... J'ai pris la lampe... Je suis désolé... Mais on en reparlera après. Génie ?
-Aladdin, dit gentiment l'être fantastique, qui n'avait pas besoin de l'avis du serviteur pour intervenir. Lâche-le.
-Non.
Lae génie soupira et claqua des doigts. Aussitôt, les bras d'Aladdin se resserrèrent sur le vide. Le manque de ce corps contre le sien lui fit si mal qu'il gémit, les larmes aux yeux.
Lae génie lui jeta un regard surprit. Quelque chose a changé, chez lui.
Mais d'abord, le plus urgent.
Iel posa ses mains sur la poitrine du prince, et ferma les yeux.
-Il vit, lâcha-t-iel. Mais tout juste.
-Tu vas le sauver ? S'enquit Joël.
-Oui, répondit lae génie d'un ton sans équivoque. Mais taisez-vous. Guérir est bien plus compliqué que détruire, surtout s'il s'agit d'un sortilège malveillant.
La nouvelle terrassa Aladdin et Joël d'une énorme vague de soulagement. Le serviteur se contenta de s'asseoir sur le sol, rassuré. Mais le pauvre Aladdin, qui n'était pas habitué à l'intensité des sentiments humains, tomba proprement à la renverse.
La tête contre le sol, il perçut un son étrange, répétitif. Un bruit sourd, qu'il n'avait jamais entendu auparavant. Jamais chez lui.
Son cœur battait.
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