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Mélancolie et plans machiavéliques

Jasmin se réveilla en sursaut, le visage baigné de larmes.

Il avait rêvé de lui. Six mois, déjà. Et pourtant, son esprit n'en finissait plus de le voir, lui, et d'imaginer sa fin. Est-ce qu'il avait souffert ? Est-ce qu'ils l'avaient fait longtemps croupir dans une geôle sale et sombre, lui qui aimait tant la liberté ? Est-ce qu'ils l'avaient frappé, est-ce qu'ils l'avaient torturé ?

Jasmin se leva en chancelant pour se diriger vers son balcon.

Les images de son cauchemar continuaient à tourner dans sa tête, encore, et encore.

Aladdin hurlait lorsque le capitaine des gardes abaissait son sabre sur son corps ployé. La lame pénétrait la chair. La tête roulait sur le sol. Et Aladdin, si beau, si doux, Aladdin le regardait lui, avec des yeux emplis de douleur et de haine. « C'est de ta faute », répétait-il. « C'est de ta faute. C'est de ta faute... »

Jasmin agrippa de toutes ses forces la balustrade, le corps dangereusement ployé au-dessus du vide.

Du vide. C'est ce qu'il y avait dans son cœur, à présent. Du vide.

Il avait vaguement espéré que le temps passerait, effacerait sa douleur, adoucirait sa peine, emporterait au moins une partie de sa culpabilité.

Mais c'était pire, chaque jour de plus. Bien pire.

Dans chacun de ses reflets, il lisait une accusation. Chaque bruit le faisait se retourner, dans l'espoir de surprendre un intrus. Ses yeux fouillaient machinalement les ombres, avant de se souvenir qu'aucun voleur ne pourra jamais s'y tenir. Les aliments avaient un goût de cendre abominable, si bien que Joël avait déjà dû plusieurs fois le forcer à avaler quelque chose.

Jasmin traversait les journées en faisant semblant d'exister. Comment oser se regarder dans une glace lorsqu'on a la certitude d'être un abominable salaud ? Lorsqu'on a appris qu'on ne valait rien, qu'on était juste bon à être méprisé, et que notre existence, notre simple existence, s'était nourris de la peine et de la souffrance de tant d'autres ?

La mort d'Aladdin avait fait plus que lui briser le cœur. Elle avait définitivement fait disparaître son assurance, elle avait complètement fêlé son estime de lui-même. Il se dégoutait. Il se haïssait en secret. Lorsque la nuit tombait, lorsqu'il était enfin seul, Jasmin s'asseyait dans l'ombre, fermait les yeux, et laissait son esprit vagabonder sur les chemins noirs de sa culpabilité.

Il essayait de rattraper ses erreurs, il essayait désespérément d'être quelqu'un de bien. Certains avaient même l'air d'y croire. Mais il savait, lui, que c'était un mensonge, et que sous son masque courageux, il n'y avait rien qu'un imposteur, une personne horrible, qui avait fait mourir l'être le plus beau de tous l'univers. Il le savait.

Il plaisantait tout de même, il essayait de faire bonne figure, pour tromper la cour et la Sultane, quoiqu'elle soit bien moins qu'observante. Mais il y avait cette noirceur qui lui collait à la peau... Plus il essayait d'en sortir, et plus il s'enfonçait dans la mélasse de ses sentiments poisseux.

Parfois, il se réveillait la nuit, le cœur battant à se rompre, le corps couvert de sueur. Il ne pouvait pas bouger, pas parler, pas appeler. Il pouvait juste laisser les spectres qui l'entouraient lui hurler qui il était réellement. Coupable. Mauvais. Imposteur.

Trois coups discrets, à sa porte, le firent sursauter en le ramenant brutalement au présent. Il sécha rapidement ses larmes et lissa le pantalon bouffant, plein de plis, qui faisait office de pyjama. Il faisait bien assez chaud dans le palais, en cette saison, pour ne pas avoir à porter de haut la nuit. Et puis cela faisait un certain temps qu'il ne se souciait plus de dissimuler sa cicatrice.

-Entre, souffla-t-il en direction de la porte des domestiques.

Un carré se découpa dans le mur, habilement dissimulé entre les moulures. La silhouette familière de Joël apparue. Jasmin puisa désespérément dans la petite joie que lui apportait cette présence pour sourire. Il ne fallait pas que Joël, son premier et seul véritable ami, comprenne qui il était, et l'abandonne.

-Vous devriez être en train de dormir ! Rouspéta l'objet de ses pensées en s'avançant vers lui, un gros livre calé sous son bras. C'est le seul jour de la semaine où vous ne vagabondez pas par-delà les murs, à la défense du veuf et de l'orpheline !

-Je n'ai pas sommeil, répliqua Jasmin du ton de l'enfant borné.

Joël soupira et leva les yeux au ciel.

-Ben voyons... Enfin, je m'en doutais un peu. Moi non plus j'arrivais pas à dormir, pris d'insomnie...

-Et je suppose que ce garçon de cuisine que tu as passé les deux derniers jours à reluquer était tout aussi pris d'insomnie ? Railla le prince en s'asseyant sur un coussin.

-Vos insinuations me blessent, répliqua Joël d'un ton outré en prenant place sur le coussin d'en face. Bref, en traversant les jardins pour rentrer, je vous ai vu sur votre balcon, et je me suis dit que vous apprécieriez peut-être un peu de compagnie, ne serait-ce que pour ne pas sauter !

Jasmin esquiva la plaisanterie.

-Qu'est-ce que c'est ? Demanda-t-il en désignant le livre que transportait son ami.

-Haha ! s'exclama l'autre. Figurez-vous que je suis tombé par hasard sur le registre de l'intendant !

-Je suis absolument certain qu'il s'agit d'un malheureux concours de circonstances, railla Jasmin.

-Je vous assure, une suite de coïncidences extraordinaire... Et me voilà avec le registre des invités de marque sur les bras ! N'est-ce pas croyables ?

Jasmin rejeta la tête en arrière pour rire. Ah, comme ça faisait du bien ! Joël sourit.

-Pauvre, pauvre, prétendant.es, obligés d'être relogés en quatrième vitesse, parce que l'intendant ne savait plus où il avait rangé son registre... continua l'impertinent domestique avec un clin d'œil. Avec un peu de chance, quelques-uns rentreront chez eux, outrés !

-Si seulement ! Soupira le prince. Je n'en peux plus, de voir ces pans enfarinés me faire la cour ! Figure-toi que la princesse de je-ne-sais-plus-ou, l'autre jour, a par mégarde fait une tâche si malencontreuse sur son haut qu'elle a du le retirer, et, bien entendu, elle ne portait rien en dessous, et, bien entendu, elle avait « oublié » que j'étais là, et elle a trébuché...

-La princesse Svetlany, du quartier au Nord-nord-ouest ? Pas un mauvais morceau, pourtant !

-Peut-être, mais j'apprécierai un minimum de dignité ! Je ne suis même pas sûr qu'elle ait regardé à quoi je ressemblai avant de me sauter dessus ! Non qu'elle aurait été déçue, mais tout de même, c'est vexant !

-Enfin, reprit Joël, ce n'est pas pire que le prince Koukourbinou, du quartier d'extrême-sud, qui s'est mis à danser « lascivement » sur la table pendant le désert...

Jasmin s'étrangla de rire.

-C'était le spectacle le plus embarrassant de mon existence !

Joël ouvrit le registre.

-Je suis certain que ceux qui viennent nous réservent quelques surprises ! Tenez, regardez celui-là, on dirait qu'il a essayé d'enfoncer sa tête dans le derrière d'une autruche, et que les plumes de la pauvre bête sont restées accroché à son crane !

-Et celui-là ! s'exclama Jasmin. Un croisement entre un orang-outan et un canari déplumé !

Joël fit mine d'examiner attentivement l'image.

-Un poulet rôti, plutôt.

Jasmin arbora à son tour une mine faussement sérieuse.

-Non, je maintiens mon canari.

Son visage esquissa un sourire avant de s'assombrir à nouveau.

-Comment ma mère peut-elle imaginer que je vais épouser un de ces princes et princesse à la mangue ?

Joël ne dit rien. Il y a quelques mois, vous auriez couché avec la plupart de ces pans enfarinés, songea-t-il, car, à l'époque, les frasques du prince étaient célèbres. Avant que votre cœur ne s'ouvre. Et ne se brise dans la même foulée.

Il savait, bien sûr, que même si Jasmin apportait toujours autant de soin à son apparence, il n'avait plus tenté le jeu de la séduction avec personne depuis son « enlèvement », et que même s'il continuait à plaisanter sur sa beauté – qui n'était pas feinte, tout le monde se l'accordait – il avait plutôt tendance à éviter les miroirs qu'à les rechercher.

Joël s'était habitué au regard triste de son ami, lorsqu'il se perdait dans le vague, entre deux conversations. Il n'avait jamais demandé à Jasmin de lui dire ce qui s'était passé, et qui lui avait ainsi brisé le cœur, mais il l'avait assez souvent réveillé au milieu d'un cauchemar pour connaître au moins le nom d'Aladdin.

C'est étrange, je me serais réjoui, autrefois, de le voir ainsi. Et maintenant, le sourire brave de Jasmin, qui menaçait toujours de se briser, lui serrait le cœur.

-Regardez celui-là, reprit-il en désignant un nouveau personnage, dans le registre.

Mais la légèreté de l'instant s'était brisé. Le prince ne répondit pas, l'esprit ailleurs.

-Jasmin ?

-Oh, pardon, s'exclama l'intéressé en sursautant. Je me demandais simplement si la petite compagnie que nous avons réunie hier s'était déjà mis au travail. Tu crois que ça marchera ?

Joël sourit et le regarda dans les yeux.

-Jasmin, je suis persuadé qu'ils n'ont pas dormit de la nuit, et qu'ils se sont mis au travail immédiatement. Vous leur avez donné un espoir immense, vous ne vous rendez pas compte...

Le prince haussa les épaules.

-Je n'ai pas fait grand-chose. C'est eux qui abattent tout le travail, pendant que, comme d'habitude, je me la coule douce au château...

-Jasmin...

Le prince se leva et plongea un bras sous son lit pour sortir sa cape noire.

-Tu veux bien m'accompagner dehors ? Puisque je n'arrive pas à dormir, autant me rendre utile.

Joël hésita, le cœur serré. Comment faire comprendre au prince qu'il n'avait pas à se sentir coupable de tous les maux d'Agrabah ? Comment lui dire qu'il n'avait pas besoin de mettre sa vie en danger toutes les nuits, sans repos, pour venir en aide à tous ceux qui en auraient besoin ?

-Bien sûr que je viens, répondit-il doucement. Vous seriez capable de vous perdre à deux rues d'ici.

Jasmin posa la cape sous ses épaules et laissa l'ombre de la capuche avaler son visage.

Soudain, il se rendit compte que l'odeur d'Aladdin s'était effacé, remplacé par la sienne. La douleur de ce minuscule détail fut si grande qu'il faillit pleurer. Parce que l'odeur ne reviendrait jamais.

Parce que Aladdin, l'homme de ses songes, était mort.

Parce qu'il l'avait tué.

Parce qu'il avait l'absolue certitude qu'il ne saurait plus jamais aimer.

~

-Ça va mal, commenta Iago en voyant son maître entrer dans son laboratoire, couvert de poussière, les cheveux et les habits en pagailles, et le regard brûlant de rage et de frustration.

Le sorcier claqua des doigts, et une gifle d'air envoya valser l'oiseau à l'autre bout de la pièce.

Requinqué par son acte de mesquinerie, Jafar retira se servit un vert d'alcool et se laissa tomber sur une chaise.

-La lampe m'a échappé, dit-il enfin. Elle m'a échappé...

Dans un sursaut de rage, il explosa son verre dans son poing fermé, insensible aux plaies qu'il s'infligeait.

-Le Pouvoir m'échappe ! Grogna-t-il. Iago !

-Présent, bredouilla son séide ailé en remontant sur son perchoir.

-Au rapport.

-Comme prévu, prince a repoussé tous les prétendants. Il est de moins en moins sociable, et de moins en moins apprécié par les courtisans. La Sultane s'impatiente...

-Bien. Au moins, ce point est réglé. Il suffira de glisser un mot au bon moment pour qu'elle abroge la loi donnant le choix de son partenaire à l'héritier... Et le beau Jasmin, lui, ne pourra m'échapper.

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