Le Parfum des fleurs blanches
Le personnages de Lila-Fanny, je dois vous l'avouer, est un mix entre Dora dans le Château dans le ciel et Iroh dans Avatar Last Airbender... ;)
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Aladdin parvint enfin à fausser compagnie à la bande de gamins qui lui tenaient la jambe depuis le début de l'après-midi et se mit en quête de Jasmin. Le prince s'était éclipsé, quelques heures auparavant, en profitant de l'héroïque sacrifice du voleur, qui avait fait diversion.
Ce noble héros fit le tour de ceux qui parlaient ou mangeait autour du feu, sans trouver trace du visage aimé. Pourtant, il était certain que Jasmin l'attendait quelque part, après tout, Jasmin l'avait toujours attendu quelque part...
Soudain, alors qu'il frôlait la « maison » de Lila-Fanny, son oreille accrocha une voix familière qui fit battre son cœur un peu plus vite. Tiens donc, son prince était monté sur le toit ! Mais de qui a-t-il bien pu développer une telle habitude ? songea le voleur, amusé, en escaladant lestement la coupole. Son statut d'humain avait changé beaucoup de chose en lui, mais pas sa capacité à se déplacer sans bruit.
Soudain, alors qu'il grimpait, une entendit une seconde voix. Logique, Jasmin ne parle pas tout seul... C'était la voix de Lila-Fanny. Le voleur se trouva soudain hésitant. Pour une obscure raison, il avait l'impression que la conversation qui se jouait là-haut était intime, et que Jasmin ne serait pas forcément ravie qu'il l'interrompe. Mais d'où me vient un pareil raisonnement ? Ah, ça doit être ça, l'instinct...
Il hésita un long moment, et, finalement, se laissa tomber au sol. Il n'allait pas s'imposer.
Boudeur, il retourna au coin du feu.
Il savait que c'était ridicule et injustifié, mais il se sentait seul et... abandonné. Jasmin était sa seule ancre, dans ce monde qui n'arrêtait pas de lui sauter à la figure pour le renverser. Il avait du mal à s'habituer aux sensations qui jaillissaient aux moments les plus étranges, et aux sentiments qui le prenaient et le transportaient comme une mer déchaînée renverse une coquille de noix. Il ne savait pas très bien où aller, ni comment, ni pourquoi.
-Eh bien, en voila une triste mine ! s'exclama une voix.
Aladdin sursauta et se retourna pour tomber nez à nez avec Mercure, un sourire amical aux lèvres. Bien rare étaient ceux qui pouvaient s'approcher du voleur sans être entendus ! Mais, quelque part, cette vieille dame paraissait si légère que l'idée ne le choquait pas.
-Quitte donc ces yeux de chien battu, Aladdin ! Que dirais-tu de visiter ma serre ?
Visiter une serre ne faisait actuellement pas partie des désirs les plus urgents du jeune homme, mais il ne voulait pas se montrer impoli et, de toute façon, puisque Jasmin l'avait « abandonné », il n'avait rien de mieux à faire.
-Avec joie, répondit-il donc.
La vieille dame eut un sourire amusé, comme si elle avait suivit l'enchaînement de ses pensées, et lui fit signe de la suivre. Elle se dirigea vers la plus petite des coupoles, la seule à ne pas s'être ouverte de la journée. La porte s'ouvrit sans difficulté, et la vieille dame invita Aladdin a la précéder.
Le voleur ne savait pas exactement à quoi il s'attendait, mais certainement pas à tant de beauté. L'intérieur des parois étaient recouverts de rosiers grimpants qui montaient en sinuant jusqu'au plafond composé de minuscules vitres, dont certaines étaient décorées de vitraux. Des lucioles paresseuses voletaient ici et là, comme des étoiles mouvantes, dispersant leur éclat fugitif au milieu de cette oasis caché. Un arbre était planté au milieu de la serre, dans une couche de terre qui devait être conséquente. Il donnait des fruits ronds, verts clairs, semblables à ceux qu'ils avaient mangés au dernier repas.
-Ce sont des olives, lui apprit Mercure en suivant son regard.
La serre devait faire une trentaine de mètres carrés. D'un côté de l'arbre étaient plantés des légumes et de petits arbustes où traînaient encore quelques fruits, et de l'autre des fleurs.
-Beaucoup sont médicinales, lui apprit Mercure.
-J'aime beaucoup celles-ci, souffla Aladdin en se penchant vers de petites fleurs blanches au parfum capiteux.
-Ben voyons, s'amusa Mercure.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-C'est du jasmin, Aladdin.
-Oh ! s'exclama le voleur, surpris, en caressant les pétales blancs du bout de ses doigts. Je ne savais pas que le jasmin était une fleur. Le sorcier qui m'a créé n'a pas dû juger utile de mettre cette information dans mon esprit...
-Beaucoup de personnes juge les informations selon qu'elles soient « utiles » ou non, acquiesça tristement Mercure. Comme si tout ce qu'on apprenait devait absolument nous servir dans l'application. Comme s'il n'y avait pas de plaisir à simplement comprendre une autre facette du monde.
-C'est certainement pour ça que je ne connaissais pas non plus l'existence des Nomades, Jafar n'a pas dû trouver ça utile...
Mercure eut un sourire étrange. Une lueur mystérieuse éclaira fugitivement son visage, qui sembla soudain être âgé de plusieurs centaines d'années. Puis la sensation disparue, fugace, et Aladdin se demanda s'il n'avait pas simplement rêvé. (Ce qui, bien entendu, est une phrase commune utilisée par la plupart des narrateurs pour sous-entendre que non, bien entendu que tu n'as pas rêvé, idiot !)
-Certainement, répondit doucement Mercure.
-Et... Euh... Donc... Vous faites quelque chose, avec ces plantes ?
-Des parfums, parfois. Sinon, je les cultive pour le plaisir des yeux. Les amoureux viennent de temps en temps m'en demander pour offrir à leur dulciné.e... Tu peux en prendre, si tu veux.
-Merci, répondit Aladdin en contemplant pensivement les fleurs. Mais je ne sais pas si Jasmin apprécierait vraiment de simples fleurs...
-Baliverne, répondit Mercure. L'important n'est pas la fleur en elle-même, mais le fait que tu aies pensé à lui en la voyant, et ça, mon cher, n'importe quel amant en serait ravi !
Aladdin rougit en entendant la dénomination, mais ne releva pas.
Une main se posa sur son épaule. Mercure s'était agenouillé à côté de lui, devant le buisson de jasmin.
-Aladdin, ce n'est pas parce que Jasmin a envie d'être seul, ce soir, qu'il ne t'aime plus !
-Je sais, répondit le voleur d'une voix légèrement boudeuse. Enfin, ma raison le sait... Raaah, pourquoi c'est si compliqué ? Le cœur humain ne peut-il pas réagir rationnellement, juste une fois de temps en temps ?!
Mercure éclata de rire.
-J'ai bien peur que ce ne soit jamais arrivé, dans toute l'histoire de l'humanité !
Aladdin soupira et cueillit délicatement deux fleurs blanches.
-Tu sais, reprit Mercure, Lila a une théorie.
-Une théorie ? Sur quoi ?
-Elle pense que tous ceux qui viennent au désert sont perdus, et que le désert les aides à trouver le bon chemin.
-Mais Jasmin et moi sommes arrivé là par hasard !
-Qui sait... Peut-être le narrateur de votre histoire voulait-il vous faire comprendre quelque chose ?
-Le narrateur ? J'ai déjà entendu ce terme dans la bouche de Lila-Fanny, lorsque nous lui avons raconté notre périple, tout à l'heure...
-C'est à cause de la religion du peuple Nomade, lui apprit Mercure. Nous envisageons la vie comme une histoire, parce qu'au fond, au bout du compte, nous ne sommes que ça : des histoires. L'important, c'est d'en faire une bonne, une qui ait du sens. Et toutes les histoires ont un narrateur. Des fois il est invisible, il se cache. Parfois, on le devine rire en arrière-plan. Parfois il pleure, aussi, parce qu'il est triste d'écrire ce qu'il écrit. Mais il ne peut s'en empêcher : il faut que l'histoire aille jusqu'au bout. Notre narrateur est notre dieu à nous. Certaines personnes partagent le même narrateur, lorsqu'elles font partie de la même histoire. D'autres ont des narrateurs différents, qui se croisent, parfois...
-Mais... Personne ne décide à ma place ! Je suis libre !
-Là, mon cher, tu rentres dans un débat compliqué... Est-ce le narrateur qui décide ou les personnages ? Je ne pense pas que nous trouverons la réponse cette nuit...
-De toute façon, pour ce que ça change... soupira Aladdin.
Mercure sourit.
-Tu veux un peu de thé ? Proposa-t-elle en se dirigeant vers une petite table de bois qu'Aladdin n'avait pas vu, au pied de l'olivier.
-Heu... Oui, merci. Dites-moi, Mercure, pourquoi Lila-Fanny pense-t-elle que ceux qui viennent au désert sont perdus ?
-Parce qu'ils sont tous à la recherche de leur voie, répondit-elle comme si c'était la chose la plus évidente du monde. Tu sais, pour une vieille dame telle que moi, ou Lila, certaines choses finissent par apparaître assez clairement.
Elle lui tendit sa tasse avant de continuer.
-Jasmin, par exemple, à besoin de confiance en lui. Il a besoin de surmonter sa culpabilité, et de décider de la route à prendre pour devenir le Sultan qu'il désire.
-Oh, murmura Aladdin.
-Et toi, Aladdin, toi qui, d'une certaine façon, viens juste de venir au monde, tu as besoin de savoir qui tu es, et qui tu veux être.
-Je veux être avec Jasmin, répondit aussitôt le voleur.
Mercure sourit, attendrit.
-Je n'en doute pas. Mais tu ne peux pas te construire en fonction d'un autre, peu importe combien tu l'aimes. Tu dois trouver qui tu es toi, et exister pour toi, avant tout.
Aladdin sourit.
-Vous savez, j'ai una ami.e qui vous répondrais : « Vous n'avez pas plus compliqué, pour commencer ? Non parce que là j'ai toute la nuit, alors allez-y... ».
Mercure sourit à son tour et finis sa tasse.
-Un sage à sa façon, conclut-elle, amusée, en se relevant pour étirer son dos fatigué.
Lila-Fanny doit avoir terminé son thé, maintenant, songea-t-elle, elle ne va pas tarder à se pointer... Avec des idées derrière la tête.
Un sourire grivois se dessina sur les lèvres de la vieille dame.
-Je me demande si je ne devrais pas méditer un peu, lâcha-t-elle, mine de rien.
-Oh, je vous laisse, alors, répondit respectueusement Aladdin en se redressant. Bonne nuit. Et... Merci. Pour le thé. Les fleurs. Et le reste.
-Je t'en prie, répondit la vieille dame ne le regardant partir, ses deux fleurs blanches posées au creux de sa paume.
Il était à peine sorti qu'un petit coup résonna dans la serre. Mercure leva les yeux au ciel et se dirigea vers la porte de derrière, qu'elle ouvrit brusquement. Lila-Fanny lui sourit, sa théière à la main.
-Laisse-moi deviner, déclara Mercure, plus de thé ?
-Exactement, ma chère, murmura Lila-Fanny en s'approchant d'elle pour l'enlacer. Tu ne voudrais pas me laisser mourir de soif, tout de même ?
~
Jasmin n'était plus sur le toit.
Chagriné, Aladdin fit le tour de la coupole, dans l'idée de se promener aux alentours. Seul.
Mais Jasmin était là. Le cœur du voleur sauta dans sa poitrine, avec un enthousiasme qui arrivait encore à le surprendre. Il s'approcha en silence de la silhouette emmitouflée dans une large couverture, au pied d'une dune.
-Je peux m'asseoir ? s'enquit-il doucement.
Jasmin sursauta et leva les yeux sur lui. Aussitôt qu'il le reconnut, son visage s'illumina d'un tel plaisir qu'Aladdin se sentit frissonner tout entier. Et pas à cause du froid...
-Oui, bien sûr, répondit le prince en ouvrant sa couverture.
Aladdin s'y glissa. La proximité du corps chaud de Jasmin lui procura un nouveau frisson, d'un genre inédit. Soudain, il devint extrêmement conscient de la présence de leurs deux corps sous cette couverture, loin de tout...
-Qu'est-ce que c'est ? Interrogea Jasmin en désignant ce qu'il tenait toujours dans sa paume ouverte.
-Mmm ? Fit le voleur, brutalement sortit de ses pensées troubles. Oh, c'est du jasmin. Je pensais... Je pensais te l'offrir.
Les yeux du prince brillèrent tandis que ses joues se coloraient légèrement. Il pencha son nez jusqu'à la main d'Aladdin et respira le parfum des fleurs.
Aladdin déglutit. Les lèvres de Jasmin, si près de sa paume, faisaient naître dans son corps des sensations étranges, à la fois plaisantes et presque douloureuse, comme un manque, comme une faim à combler.
Son regard se posa sur la nuque de Jasmin, découverte par sa lourde chevelure qui pendait sur le côté. Les yeux du voleur embrassèrent la peau du regard, la caressèrent, la dévorèrent.
Jasmin se redressa. Et Aladdin prit conscience de chacune des mèches de ses cheveux lorsqu'elles se repositionnèrent autour de son visage, lorsqu'elles glissèrent sur ses joues, lorsqu'elles effleurèrent sa peau...
Puis ses yeux se posèrent sur la bouche de Jasmin, et il eut envie de se pencher sur ces lèvres, comme le prince s'était penché sur les fleurs, quelques instants plus tôt, pour...
-Aladdin ? s'inquiéta l'objet de ses pensées troublées.
-Jasmin, répondit Aladdin d'une voix grave, un peu rauque.
Le ton de cette voix fit frémir le prince, qui déglutit sans trop savoir pourquoi.
-Jasmin... reprit Aladdin en plongeant ses yeux dans ceux de celui qui partageait son histoire. J'ai envie de faire quelque chose d'étrange...
-Quoi donc ? Murmura le prince, bouleversé par l'intensité de son regard.
-J'ai envie de... Je ne sais pas exactement, mais de... Toi... Je...
Ce fut à ce moment précis que Jasmin perdit tout contrôle sur sa volonté et sauta littéralement sur le voleur pour le renverser dans le sable. Il l'embrassa longuement, passionnément, en goutant chaque nuance dans l'arôme de ses lèvres et la texture de sa peau.
-Quelque chose comme ça ? Souffla enfin le prince, haletant.
-Plus que ça, répondit Aladdin en l'attirant pour poser ses lèvres sur la peau douce de son cou, et goûter, enfin, au parfum de sa peau.
Mais ça n'était pas assez. Pas encore... Il ouvrit la veste du prince et laissa les lèvres continuer leur exploration, découvrant dans chaque millimètre découvert un autre sujet d'adoration.
Jasmin, frissonnant, posa soudain ses mains sur les épaules du voleur pour le plaquer de nouveau sur le sol. Ses genoux de chaque côté de la taille d'Aladdin, ses mains crispées dans le sable, son visage à quelques centimètres du sien, il haletait, troublé au plus profond de son être par le désir qu'il sentait gonfler dans sa chair.
Aladdin glissa ses doigts dans la chevelure de Jasmin pour en défaire les attaches. Les longs cheveux noirs, enfin libres, dégringolèrent sur les épaules du prince jusqu'à celui qu'il retenait prisonnier.
-Ça, Aladdin, lui apprit Jasmin en penchant jusqu'à ce que sonnez effleure le sien, ça s'appelle faire l'amour.
-Arrête de parler et apprends-moi, alors, répondit le voleur en agrippant la veste du prince pour la retirer.
Il voulait sentir sa peau sur la sienne, son corps sur le sien, son être, leurs êtres emmêlés... Oh, oui, il n'y avait que lui pour combler le vide que le désir venait de créer !
Les mains de Jasmin retirèrent fiévreusement la veste du voleur pour laisser place à ses lèvres, brûlantes, qui dévorèrent avec un mélange de violence et de tendresse la peau offerte. Puis il descendit plus bas, s'attardant de chaque côté de la poitrine en grognant de satisfaction lorsque le voleur s'arquait pour gémir de plaisir.
Puis Jasmin descendit encore plus bas...
Et bientôt ils furent nus, tous les deux, allongés sur une couverture au milieu du désert, au milieu de nulle part, comme les deux derniers êtres conscients de l'univers.
Le vent emporta les deux fleurs blanches qui gisaient dans le sable pour les emmener haut dans le ciel, jusqu'à ce qu'elles s'emmêlent et oublie l'existence même du monde.
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