Fuite
Hello Hello! Avant tout, un super fanart de Joanna!! X3
Et ensuite... Cette histoire s'avère beauuuucoup plus longue que prévue! (est-ce que ça vous plaît toujours, d'ailleurs? Je ne vous barbe pas trop? ^^'') et je l'écris au fur et à mesure (comparé à la plupart de mes histoires dont j'ai déjà un premier jet intégral), donc ça me prends pas mal de temps ^^ Mais mon petit cœur se langui du johnlock et des Royaumes Oubliés, du coup je vais un peu rallonger le rythme de publication ici (genre tous les 2-3 jours au lieux de 1-2 jours), pour pouvoir écrire d'autres trucs à côtés. Voilà voilà...
BIZ! :3
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
La pièce était immense.
Le sol disparaissait sous les tapis bariolés habillant l'espace de couleurs vives, chaudes et variées... qui auraient certainement été accueillantes s'il ne régnait pas dans les appartements de la sultane une telle atmosphère glacée, sinistre, comme un mausolée à la gloire d'une beauté disparue.
-Ils ne vont pas tarder à nous trouver, souffla lae génie. Je pense que Jafar peut sentir ma magie. Après tout, c'est moi qui lui ait confié ses pouvoirs. Je ne sais pas ce que tu veux faire ici, petit prince, mais fais-le vite !
Jasmin hocha gravement la tête et se dirigea sans hésiter vers la porte ouverte, au fond du boudoir, qui donnait sur une chambre au moins aussi luxueuse que la pièce où les autres attendaient en silence.
La Sultane était là. Elle lui tournait le dos, debout devant son miroir, seulement vêtu d'une robe de chambre blanche. Elle avait retiré ses lourds bijoux, rangé les habits extravagants, et nettoyé les couches de son maquillage. Elle se regardait simplement, en silence, finalement débarrassé de tous ses masques. Il se dégageait de sa posture quelque chose de douloureusement triste, comme un remord refoulé, ou la certitude de sa propre vanité. Un vide abominable.
Car, croyez-moi, il n'y a nul besoin d'être automate pour ne pas réussir à se servir de son cœur, et, pourtant, désirer désespérément ressentir sa présence.
Le bruit que fit Jasmin en entrant lui fit tourner la tête, coupant dans un sursaut son accès de mélancolie.
-J'ai ordonné que personne... commença-t-elle, paniquée, avant de se taire en avisant la silhouette droite et fière qui se tenait dans l'encadrement de la porte.
Était-ce vraiment Jasmin ? Elle ne le reconnaissait pas. Pas vraiment. Il y avait sur son visage une gravité nouvelle, et il émanait de son regard une autorité qu'elle ne lui avait jamais connue.
Ils se regardèrent un instant, en silence. Jasmin remarqua que sans ses chaussures à talons, sa mère, qui la surplombait d'ordinaire, faisait la même taille que lui. Elle avait l'air fatigué, aussi. Triste. Et vide. Un peu perdue.
-Il y a du sang sur tes habits, déclara soudain la Sultane.
-C'est parce que j'ai faillis mourir, répondit Jasmin. Mais ne vous inquiétez pas, mère, je m'en suis sortie sans vous.
Il y eut un nouveau silence, empoissé de non-dits.
-Je viens vous dire adieu, dit enfin Jasmin. Je viens vous dire que je vous ai aimé, lorsque j'étais enfant, réellement, malgré votre froideur et votre obsession de l'apparence. En ce temps-là, vous me regardiez. Vous me regardiez vraiment. Vous m'appeliez parfois à vos côtés pour une promenade dans les couloirs du Palais. Vous m'expliquiez votre rôle. Vous me disiez qu'un jour se sera le mien. Et puis vous vous êtes perdue. Moi aussi, je suppose. Vous vous êtes éteinte, petit à petit, comme tous ceux qui errent dans ce palais, tous ces nobles qui ne sont plus animés que par leurs bas-instincts. Vous êtes mortes. Quelque part, vous êtes tous morts, vous tous qui vous traînez sans but dans ces couloirs de marbres, dans ce bâtiment immense, luxueux, si beau en apparence, mais froid, vide, et détesté de tous. Comme vous.
Le visage de la Sultane ne cilla pas. Peut-être avait-il subi trop de modification pour pouvoir encore exprimer des choses tels que des sentiments. Peut-être n'entendait-elle simplement pas, pas vraiment, du plus profond de sa noire torpeur.
-Je suis venu vous dire adieu, mère, reprit Jasmin sans se laisser perturber par l'impassibilité de sa génitrice. Vous dire que j'ai failli vous haïr, mais que, finalement, vous ne m'êtes plus qu'indifférente. Vous dire que vous avez échoué en tout, en tout ce qui importe vraiment. Vous n'êtes pas une bonne sultane. Vous n'êtes pas une bonne mère. Vous n'êtes pas une bonne personne. Et à partir de cet instant, vous n'êtes plus et ne serez plus jamais ma mère. Je reviendrais ici, je ne sais pas encore comment, mais je reviendrai, et je prendrai votre place. Adieu.
Et sans un regard de plus, sans un mot en trop, Jasmin se tourna et sortit.
Aladdin, en le voyant revenir dans la pièce où il se trouvait, songea soudain qu'il avait véritablement l'air d'un souverain. Il marchait d'un air grave mais assuré, avec toute l'autorité et la tristesse du roi qui vient de rendre un jugement. Le petit voleur d'Agrabah se sentit soudain bien petit à côté. Mais qui avait-il donc la prétention d'aimer ?
Jasmin lui sourit et tendit sa main pour prendre la sienne. Aladdin l'imita automatiquement.
-Partons, déclara lae génie.
-Mais pour où ? Intervint Joël.
-Quelque part où nous seront à l'abri de Jafar, répondit gravement Jasmin. Génie, tu as bien dit que ce fichu sorcier pouvait percevoir ta magie ?
-En tout cas, c'est probable, répondit lae génie en question.
-Alors si tu nous téléportes quelque part, il saura aussitôt où ?
-... Certes.
-Alors nous devons fuir par nous-même, convint le prince. Nous devons trouver nos propres solutions à nos problèmes, sans compter sur une puissance supérieure pour nous aider.
Il y eut une seconde de silence.
-Toi, p'tit gars, répondit lae génie, t'as tellement muri que c'en est flippant. Je peux au moins nous téléporter dans la rue, votre majestueuse altesse ?
Trois regards blasés lui demandèrent d'arrêter de faire son malin.
-D'accord, d'accord... soupira l'autre en claquant des doigts.
Un battement de cil. Et ils se trouvaient dans une ruelle sombre d'Agrabah, avec tout ce que cela impliquait de puanteur et de bruits continues de pas, de discussions, et de véhicules électriques, au loin.
-Filons ! s'exclama Joël en sortant de la ruelle.
Aladdin appuya sur la tête d'Abu pour l'empêcher de sortir de sa poche et se saisit de la main de Jasmin pour le suivre, la lampe accrochée à la ceinture. Lae génie se changea en dragon et virevolta à leur côté.
Ils débouchèrent dans la grande rue.
Et s'arrêtèrent net.
En face d'eux : un peloton de gardes armés jusqu'aux dents, présidé par un Jafar à l'air plus sinistre que jamais, Iago sur l'épaule.
Derrière eux : la muraille du Palais.
-Qu'avons-nous là ? s'exclama le premier vizir avec délectation. Un prince de pacotille, un traître, et un sale petit voleur...
Il tendit une main aux longs doigts secs, nerveux. Sa voix se fit dure.
-Donnez-moi la lampe. Et j'envisagerai peut-être de faire preuve de clémence. Dans une certaine mesure.
-Vous ne pouvez pas lui donner la lampe, déclara soudain la voix de lae génie dans la tête des trois protagonistes.
-Je suis d'accord, acquiesça Jasmin. Ce serait trop abominable. Génie, tu peux nous sortir de là ?
-Je ne sais pas. Où que je vous téléporte, il pourra se téléporter aussi, et les gardes avec. Il y aura des victimes, forcément. Et c'est une boucle sans fin... Mais peut-être que je peux essayer de...
-Non, intervint Joël. Nous n'avons pas le temps. Nous sommes là par ma faute. Parce que je vous aie trahis. Rappelez-vous : le plus important, c'est que Jafar n'obtienne jamais la lampe.
-Joël, commença Jasmin, qu'est-ce que...
-Courrez.
Et le serviteur rompit aussi sec le contact mental pour faire un pas en avant, lentement. Il tenait appuyé ses deux mains contre son ventre, comme s'il cachait sous sa veste un objet précieux.
-Joël ! s'exclama Jasmin à voix haute en voulant le suivre.
Mais Jafar, le sourire aux lèvres, leva son sceptre, et le prince fut projeté en arrière.
-JASMIN ! s'exclama Aladdin en relevant aussitôt le prince, un peu sonné.
-Laissez donc ce jeune homme me donner ce qu'il veut, susurra Jafar, les yeux brillant. Tu fais le bon choix Joël, tu sais... Comme te l'as dit Iago, il vaut mieux être dans le camp des gagnants...
Joël jeta un dernier regard en arrière, brillant de larmes.
-Partez, leur envoya-t-il mentalement en s'approchant un peu plus de Jafar.
Jasmin ouvrit la bouche pour protester, mais Aladdin le bâillonna aussi sec avec sa main, et profita que l'attention du sorcier était concentré sur le « traître » pour faire reculer son cher otage, qui se laissa faire, impuissant.
À cet instant, Joël ouvrit sa veste brusquement et jeta au visage de Jafar le petit sachet qui s'y trouvait. À savoir sa réserve d'urgence de poil à gratter.
Le sachet explosa sur la figure du sorcier, qui glapit de douleur en sentant ses yeux le brûler et agita les mains dans tous les sens pour chasser le nuage de poivre qui flottait autour de sa tête.
La situation aurait pu être incroyablement comique : le plus puissant sorcier du monde mis en déroute par un peu de poil à gratter.
Oui, elle aurait pu être hilarante. Si Aladdin n'avait pas profité de l'inattention des gardes pour s'engouffrer dans une ruelle adjacente, la main fermement agrippée au poignet de Jasmin, qui courrait derrière lui en se bâillonnant lui-même, pour ravaler ses sanglots.
Malheureusement, les acteurs de cette scène le pleuraient pas de rire, et leurs larmes silencieuses n'étaient pas de joie.
Pourtant, que c'eut été si drôle.
Si n'avait pas résonné dans la nuit, à cet instant, un long cri de souffrance.
-Joël... hoqueta Jasmin alors qu'Aladdin tirait une vieille porte de bois moisi, au fond d'une impasse.
Il y poussa sans cérémonie son prince à l'intérieur – qui se résumait concrètement à une minuscule pièce vide sentant le moisi – et claqua le battant dans son dos.
-Joël... répéta Jasmin en cherchant instinctivement des yeux une fenêtre, une lumière, quelque chose qui pourrait l'aider à voir dehors, et savoir ce qu'il était advenu de son ami.
Les cadavres étaient revenus le hanter. Ils pulsaient devant ses yeux, les fantômes de tous ceux qui étaient morts par sa faute à l'école. Et Joël...
Aladdin prit son visage entre deux mains pour l'obliger à le regarder.
-Jasmin, j'ai besoin de toi. Avec moi. Maintenant.
-Oui, répondit Jasmin par automatisme, parce que c'était la seule réponse valable à une question posée par Aladdin impliquant sa présence à ses côtés.
-Génie ? Demanda Aladdin. Peux-tu nous aider de quelque manière que ce soit ?
-J'ai horriblement peur que non, répondit lae génie en reprenant sa forme humanoïde. À la moindre étincelle de magie, il se téléportera ici avec les gardes. Que je ne peux tuer. Je pourrais vous donner des armes, à la limite, où les téléporter eux... Mais ils reviendraient, encore et encore... Jafar les ramèneraient...
Il semblait pâle, et ses yeux sans pupille brillaient d'une aura trouble.
-C'est la première fois depuis dix millénaires que je suis impuissant. Dix millénaires...
Aladdin plongea de nouveau son regard dans celui de Jasmin.
« Tu me fais confiance ? » murmurèrent ses yeux.
« Toujours », répondirent les siens.
Alors le voleur se baissa et souleva une trappe, dans un coin de la pièce.
-Par là, déclara-t-il, nous pouvons atteindre le Fleuve Oublié.
-Un fleuve ? Demanda le prince, perplexe.
-Agrabah a originellement été construit autour d'un cours d'eau, lui répondit le voleur. Toute son histoire est gravée dans ma mémoire artificielle. Mais au fil des siècles, le lit du fleuve s'est creusé et les hommes ont commencé à construire par-dessus, jusqu'à ce qu'il disparaisse totalement du paysage, puis des mémoires. Aujourd'hui, il traverse encore la cité, très, très profondément. C'est là que puisent tous les puits de la ville. J'y suis déjà descendu une ou deux fois, par curiosité. Il faut s'enfoncer extrêmement profondément.
-Je te suis, déclara Jasmin d'une voix ferme en posant une main sur son épaule.
-Attendez, soupira lae génie. Attendez. Jafar ne doit pas avoir la lampe. À aucun prix.
-Je suis d'accord, répondit Jasmin avec fermeté.
-Vous devez faire le vœu de la détruire.
-Quoi ?!
-Je ne peux influencer moi-même sur ma prison. Mais vous, vous pouvez. Faites le vœu de me voir disparaître.
-Mais tu mourras ! s'exclama Aladdin, bouleversé à cette simple idée.
-Une vie contre toute l'humanité, répondit calmement lae génie. Un tyran génocidaire de plusieurs millénaires comme un peuple entier. Il n'y a pas à tergiverser.
-En effet, répliqua net Jasmin, coupant la parole à Aladdin. Le fait que tu proposes ce sacrifice prouve que tu ne mérites pas d'être sacrifié, Génie, et nous n'y reviendrons pas. On ne marchande pas une vie. Et je ne tolèrerais pas de perdre... de perdre un autre ami. Aladdin, mon amour, prends cette foutue lampe, et guide-moi dans les ténèbres. S'il te plait.
-À vos ordres, altesse, répondit le voleur avec ironie.
Le cœur pincé de sentiments mêlés – de la peur, de la tristesse, de la fierté envers Jasmin – Aladdin s'engouffra dans la trappe.
Avec un frisson d'angoisse, Jasmin se glissa à sa suite dans les ténèbres les plus complets.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro