Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Une chatte raciste me jette par la fenêtre





Avant de voyager dans le temps, j'ai d'abord cru à une erreur.

Le tapis est descendu de plus en plus vite sur la ville en-dessous de nous, jusqu'à ce qu'il devienne évident qu'il visait une maison en particulier, immense. Un manoir en fait. Il avait dû être magnifique, mais il y a très longtemps : aujourd'hui, ce n'était plus qu'une ruine. On aurait dit la maison de la famille Adams laissée à l'abandon : la moitié de la bâtisse était un amas de gravas et de pans de murs écroulés les uns sur les autres qui tenait plus du cadavre d'un château de sable que de l'habitation, et le lierre avait envahi ce qui subsistait de la façade ainsi qu'à peu près tout ce qui tenait encore debout, ce truc pouvait s'effondrer à tout moment. Aussitôt, je me suis souvenu de ce qu'avait dit Jack :

« Vous êtes dur à choper, vous, les demi-dieux de Memphis! Dés que vous entrez dans cette vieille maison, vous disparaissez ! »

J'allais pas tarder à comprendre ce que ca voulait dire, à moins que je parvienne à descendre avant. Mais aussitôt que j'ai été assez bas pour envisager de sauter du tapis pour atterrir sur l'un des toits de la ville, la saloperie de carpette a prit de la vitesse. Beaucoup trop de vitesse. Je me suis cramponné aux bords du tapis alors que le manoir en ruines se rapprochait à toutes allures et que les immeubles défilaient en-dessous de nous toujours plus vite. Et soudain, j'ai compris qu'il ne s'arrêterait pas. J'ai tiré sur les coutures, tapé dessus désespérément, sans résultat. Et un instant plus tard, le tapis a foncé sur les vieilles ruines et à traversé une fenêtre de ce qui restait du premier étage dans une tornade verre brisé et de poussière. J'ai roulé au sol en manquant me briser le cou, sonné, mais vivant. Aussitôt que j'ai ouvert la bouche pour aspirer un souffle d'air la puanteur de la moisissure et de l'humidité m'ont prit à la gorge.

-Une seule fenêtre, ai-je hoqueté en recrachant de la poussière. Il restait une seule fenêtre à cette maudite baraque et il a fallu que tu fonce dedans, enfoiré !

J'étais de très mauvaise humeur, vraiment. Le tapis volait encore au-dessus de la pièce en décrivant de lent cercles maintenant qu'il avait atteint sa destination. Il m'avait fait crasher dans ce qui avait dû être une grande pièce à laquelle il ne restait plus que trois murs aux papiers peint grisâtre qui pendouillait lamentablement comme les lambeaux de la peau d'un écorché. Seuls quelques meubles couverts de crasse gisaient encore ca et là dans le sinistre. Ca ressemblait terriblement à un décor de film d'horreur.

C'est alors que le tapis volant s'est immobilisé. Et soudain, il est tombé au sol, comme brutalement dépouillé de sa magie, et est parvenu à se glisser sous mes pieds. Aussitôt, des lumières ont surgies sur les murs : des hiéroglyphes. Tous différents, comme ceux que les trois types à qui j'avais faussé compagnie faisaient apparaître. Des rayons d'énergie ont fusés de chacun d'entre eux pour éclairer le tapis volant, qui a commencé à luire. Le temps que je pense à m'écarter, c'était trop tard : un surpuissant éclair de lumière doré a envahi la pièce, puis tout le bâtiment, une énergie inconnue qui s'est propagée dans les murs comme un système sanguin pour lui donner une nouvelle vie, puis j'ai dû fermer les yeux. La terre a semblé trembler avant que soudain je ne sente plus rien sous mes pieds, les odeurs ont disparues, une à une, j'ai eu incroyablement chaud, puis terriblement froid, et finalement je me suis senti comme exploser de l'intérieur.

J'ai ouvert les yeux, avec l'étrange impression d'avoir dormi pendant des heures, peut-être des jours. Un étrange fourmillement me parcourait tout entier, comme si j'avais failli me décomposer. J'étais toujours debout, mais c'était la seule chose dans la pièce qui n'avait pas changé. Désormais c'était une sorte de dortoir luxueux avec six lits à baldaquins tous défaits, un papier peint tout neuf d'un rouge écarlate parcourus de tâches et de brûlures comme si on s'était amusés très récemment à se balancer de la bouffe et des choses encore bien plus dangereuses, et un bordel monstre. L'odeur de moisi avait disparue remplacée par les fragrances des vêtements sales partout par terre, de la nourriture qui achevait de moisir. Il y avait aussi des bds qui traînaient, et des cahiers de cours. Une chambre d'enfants ou d'adolescents, sans aucuns doutes, et habité en ce moment. Il n'y avait tout simplement aucunes explications rationnelles. Le même endroit, métamorphosé par quelque-chose. Est-ce que ce que j'avais vu en arrivant était une illusion, de la Brume ?Pourquoi le tapis l'avait levée, dans ce cas ?

J'ai tapé du pied sur la carpette, je me suis écarté avant de me replacer au centre, mais l'endroit est resté tel quel.

Peut-importe ce qui était arrivé au manoir, je devais en partir, c'était tout ce qui comptait. J'ai risqué un œil dans le couloir, avant d'aussitôt me plaquer contre le mur, blanc comme un linge. Un tigre est passé sans me voir devant la porte en gambadant et a continué son chemin, l'air très pressé, aussitôt suivi d'un canard qui portait des sandales. D'accord. Maintenant, il fallait vraiment que je m'en aille. Je me suis glissé dans le couloir. Aussitôt, j'ai entendu les cris et les piaillements, à l'étage en-dessous. Des enfants qui jouaient. Et apparemment, il y en avait partout. L'étage tout entier était à l'image de la chambre, luxueux, moderne, et clairement envahi par les gosses : des jouets, des ballons et des armes meurtrières traînaient dans tous les coins, ce qui n'était pas sans me rappeler la Colonie. Et tellement de pièces !Un véritable hôtel. Sans tous ces jouets, ca ressemblait presque à un cambriolage que j'avais fais une fois. Avec ma sœur.

« Un de nos premiers entraînements, une maison dans laquelle ont étaient presque sûrs de ne rien trouver d'intéressant.

Ont est entrés sans faire de bruit dans l'obscurité avant de se glisser de chaque coté de la porte de la salle à manger. Sasha, tapi d'un coté de l'encadrement, m'a jeté un regard sans un mot, mi-agacée mi-impressionnée.

-Quoi ?, ai-je articulé sans ouvrir la bouche. On les entend à peine, tes pas.

C'était une technique qu'on avait élaborée ensemble. Il ne fallait jamais dire un mot pendant un vol dans une maison habitée, à aucuns prix. Alors ont s'étaient entraînés à articuler des mots silencieusement et à les lire sur les lèvres avec une telle précision qu'émettre des sons était devenu inutile.

-Mais les tient, on les entend pas, m'a-elle rétorqué de la même façon. Je t'entends même pas respirer. Et y a plus que ca, t'as pas de... de présence. Si t'étais pas visuellement devant moi, je jurerais que t'es même pas là.

-Je suis le Roi des Voleurs, ai-je raillé. Grouilles-toi, faut y aller.

-Tu te souviens de ce qu'on a dit, hein ?Si jamais l'un de nous deux se fait prendre...

-L'autre le laisse dans la merde, ouais je sais. Mais si une fois chez les flics ca m'aide de tout te mettre sur le dos, j'hésiterais pas une seconde.

-Je sais, c'est bien normal. Mais comme je suis une fille je n'aurais sûrement aucun mal avec quelques larmes à prétendre que tu m'as forcé à venir ici avec toi, ce sera bien plus crédible, surtout si on est chopés tous les deux.

Ont étaient sérieux l'un comme l'autre. Ca n'avait rien d'une plaisanterie, ont se seraient trahis avec la même aisance qu'ont en parlaient. Pourtant, Sasha a sourit dans la semi-obscurité.

-On est des gens horribles, hein ?

-Ouais, abjects. Mais même toi t'es pas aussi mauvaise que Derek Anderson. Aller on se magne.

J'allais ouvrir la porte, mais Sasha a eue comme un instant d'hésitation. Elle m'a jeté un regard étrange.

-C'est quoi ton vrai nom, Derek ?

-Que... quoi ?Non mais t'es cinglé ?Tu crois que c'est le moment de me demander ca, en pleine opération ?!On a chronométré le truc pour quoi faire, tu crois ?!

-Tu gueule sur les profs jusqu'à ce qu'ils t'appellent Derek Anderson quand ils font l'appel, tu dis à tout le monde que c'est ton nom comme si tu l'avais toujours porté, mais t'en a forcément un, n'est-ce pas ?Un vrai je veux dire, celui que les services sociaux t'ont donné ?Smith, peut-être ?

-Personne a le droit de me nommer comme on baptiserait un chien ok ?Je vole mes noms les uns après les autres parce que c'est ce que je suis, un voleur, pas un putain de clébard avec un collier ! Le simple fait de piquer tous ces noms de famille ca reflète totalement mon identité, bien mieux que le truc merdique d'orphelin qu'ils m'ont inventé. Maintenant qu'on a perdu dix-sept secondes entières, on peut s'y mettre ?!»

Soudain, l'ombre de quatre personnes s'est profilé au tournant. Aussitôt, j'ai plaqué ma paume contre le verrou d'une porte au hasard et je suis entré sans un bruit en la laissant entrouverte. Qu'est-ce qui m'arrivait en ce moment ?!Laisser mes pensées dériver en pleine infiltration !C'était des adolescents cette fois, un peu plus grands que moi.

-Après le professeur Félix nous a apprit à invoquer des manchots, juste avec un mot magique. Les siens ils sont énormes, gros comme des ours !, racontait l'un d'eux en s'esclaffant.

-Vous avez entendus la rumeur, sur les Kane ?Paraît que ce matin ils ont fugués en embarquant Sarah Rashid dans la foulée.

-Genre ils ont passés la frontière ?

-Ouais ouais, a affirmé un troisième, ils ont volés un tapis volant et ils se sont cassés, personne sait pourquoi. Sadie est furieuse, elle les cherche partout avec son bol de divination !Paraît qu'elle les avaient engueulés juste avant, et...

Dés qu'ils ont tournés à l'angle et que leurs voix se sont éloignées, je suis sorti de ma cachette. J'ai traversé encore plusieurs couloirs aux murs couverts de tags et de dessins d'enfants avant d'enfin trouver un escalier en marbre blanc, qui descendait dans une demi-spirale. Soudain, une explosion a secoué le manoir. Je me suis tapi contre la balustrade, aux aguets. Il y avait en bas une dizaine de jeunes, de tous les âges et des deux sexes, en train de regarder la télé sur un grand écran plasma, dans un immense salon tout en désordre. Ils regardaient les infos, comme tout le monde. L'explosion ?Assise près deux, une petite fille d'un ou deux ans s'amusait à babiller des mots incompréhensibles en agitant les mains vers le mur d'en face à moitié fondu et calciné. De temps en temps, un hiéroglyphe y surgissait et repeignait encore un peu le décor. Mais qui étaient ces gens, bordel ?Des monstres, clairement, mais quel genre de monstres occupaient un endroit pareil ?Et puis ils avaient l'air si... humains. Mais le seul endroit où j'aurais trouvé des dieux en tel nombre, c'était l'Olympe. Et j'étais à peu près sûr que les dieux grecs n'avaient pas besoin de hiéroglyphes.

Je me suis secoué. J'avais pas le temps. Sans hésitation, j'ai sauté par-dessus la rampe de l'escalier et me suis rétabli sans dommage tout en bas sans produire un seul son avant de rouler derrière un canapé un peu à l'écart (j'étais peut-être pas capable de produire des éclairs mais j'étais encore un des meilleurs cambrioleurs du monde, non mais...). Aucuns des ados n'a tourné la tête, trop omnibulés qu'ils étaient par les infos.

Au passage, j'ai appris que les nouvelles du monde n'étaient pas bonnes. Le présentateur a d'abord parlé du mystérieux incendie du Madison Square Garden, ca je le savais déjà, puis il est passé à plus inquiétant. Des changements de températures improbables, des animaux qui devenaient violents en masse, le cours de la bourse qui s'effondrait ou s'affolait à la suite de concours de circonstances jamais vus qui faisaient chuter et grimper les actions de dizaines de points à chaque heures qui passaient. Des gens devenaient riche sans même être sûrs de comment ils s'y étaient pris, d'autres perdaient tout du jour au lendemain, des gens bien portants tombaient subitement malades à la suite d'un simple rhume et on comptait plus d'accidents mortels mais aussi plus de miraculés dans les hôpitaux que jamais auparavant. Les mortels comprenaient très bien qu'il se passait quelque-chose, mais les évènements étaient tellement sans rapport les uns avec les autres qu'ils étaient incapable d'y déceler un dénominateur commun, tout simplement parce-que c'était l'univers lui-même qui perdait la tête. Les Parques avaient perdus le contrôle du Destin, c'était ce qu'avait dit Hélèna : les choses les plus dingues avaient autant de chances de se produire que les plus évidentes. A ce rythme le monde serait détruit bien avant que Persée ne puisse s'en occuper, combien de temps avant que la Terre ne se prenne la Lune dans la gueule ?

-Faut qu'on fasse quelque-chose, a grogné l'une des filles sur le canapé d'un ton qui exprimait une frustration qui ne datait pas d'hier.

-Et quoi ?, a rétorqué un gamin plus jeune assis par terre. T'irais où, si on pouvait partir sans se faire choper ?

-Mais regardez, putain !C'est pas naturel, même les mortels le savent, il se passe quelque-chose. Il faut enquêter, interroger les dieux !Quelqu'un sait forcément ce qu'il y a, d'où ca vient !Si on ne fait rien, qui d'autre le fera ?!

-Les problèmes des mortels, si c'était ca le plus grave..., a grommelé un troisième, un grand d'environ 18 ans.

Il a ouvert une main au-dessus de laquelle de petits hiéroglyphes sont venus flotter. Presque aussitôt, la moitié ont disparus en crépitant comme des ampoules grillées.

-Si ca continue comme ca même la Magie des profs tiendra plus le coup à Memphis, ce sera un nouveau lieu Déserté. Et si jamais on retourne dans le présent... y aura plus nul-part où se cacher.

-Chut, a grogné une autre.

Je me suis faufilé derrière-eux, plaqué contre le mur bien au fond, en prenant garde que mon image ne se reflète nul-part et que personne n'ai l'occasion de voir un mouvement du coin de l'œil. En passant, j'ai jeté un coup d'œil par une immense fenêtre. Ce que j'ai vu m'a laissé bouche bée. Pas seulement parce-que la pelouse verdoyante et les arbres touffus qui entourait le domaine me confirmaient que j'avais fais bien plus que changer de manoir, mais surtout à cause des gens qui s'y trouvait. C'était des adolescents, encore, au moins une cinquantaine. Ils étaient habillés comme ceux du train, des vêtements amples et blancs serrés à la taille par un lacet. Et ils s'entraînaient. Par deux, ils s'affrontaient armés d'épées recourbées semblables à celles des gens à qui j'avais volé le foutu tapis volant, de grands bâtons, d'étranges boomerang ou en se balançant des trucs aussi variés que des boules de feus, des éclairs ou encore des moufettes explosives. Dans la piscine remplie à ras-bord juste derrière-eux, une bonne demi-douzaine de crocodiles albinos s'ébattaient gaiement. Un peu plus loin, une femme d'une vingtaine d'année se tenait devant un groupe d'adolescent en cercle autour d'elle et semblait expliquer quelque-chose avec énergie, les poings sur les hanches. Soudain, elle s'est élevée dans les airs à l'intérieur d'un immense hologramme d'énergie qui représentait une guerrière géante à tête de tigresse, comme Amos. Les gosses ont essayés de l'imiter, chacun avec plus ou moins de succès. Cet endroit était un mélange entre la Colonie des Sang Mêlés, l'Institut des X-men, et peut-être un peu de Poudlard. Mais pour entraîner quoi ?J'ai frissonné. Si jamais c'était des monstres, si jamais pour une raison ou une autre ils s'entraînaient dans le but de monter une armée, alors je n'étais pas sûr que la Colonie ai la moindre chance, surtout en ce moment.

Très vite, c'est devenu presque impossible de traverser les couloirs sans se faire prendre. Il y avait des garçons et des filles de tous les âges qui déambulaient en bavardant des derniers potins, de qui sortait avec qui, des pièces qui avaient explosés, des cours. D'autres étaient plus pressés et transportait des livres et ce qui semblait être des rouleaux de papyrus dans leurs bras. Quelques adultes aussi, une poignée, de la même façon qu'il y avait beaucoup plus d'élèves que de professeurs dans un collège. Il y avait plusieurs cuisines, plusieurs salons, des salles de jeux, et toujours ce bordel monstre propre à l'enfance – pas que j'essayais de faire la visite, mais croyez-le ou non j'arrivais pas à trouver un moyen de descendre au rez-de-chaussée.

J'entendais sans arrêt des noms qui éveillaient quelque-chose en moi sans que je sois jamais sûr de rien. « Thot », « Horus », « Nout »... est-ce que ca venait de la mythologie grecque ?Plusieurs fois, j'ai dû céder à la bonne vieille technique de l'anonymat et continuer calmement de marcher, le visage tourné de coté ou dans l'ombre pendant que des jeunes sans doutes capables de me changer en crapauds passaient à coté de moi. A chaque fois, ils tournaient la tête, l'air intrigué, mais comme je le pensais ils étaient sans doute tout juste assez nombreux pour ne pas tous se connaître. Sauf que si j'avais pris soin de cacher ma queue dans le dos mon t-shirt, mes cheveux en métal, eux, passaient difficilement inaperçu, même dans un endroit où des manchots jouaient du jazz dans les couloirs (je vous jure, ils jouaient du Barry White).

J'ai traversé encore plusieurs pièces tout aussi loufoques sans jamais me faire remarquer, où les gosses vivaient comme dans un immense remake de Sa Majesté des Mouches, me cachant quand je le pouvais, passant inaperçu quand c'était possible. Mais où étaient les escaliers, bordel ?!J'allais quand même pas sauter par la fenêtre, c'était un coup à se rompre la nuque et le lierre qui courait sur la façade avait disparu avec tous les autres trucs moches !J'ai précautionneusement ouvert une porte au hasard, juste pour vérifier. Mauvaise porte. C'était une bibliothèque, immense – autant vous dire que les bibliothèques je voulais même plus en entendre parler. Il n'y avait personne. Personne à part un lion, absolument énorme, couché par terre, qui lisait un gros bouquin. Impossible ?Bien-sûr que non, il avait ses lunettes. Il a levé les yeux de sa lecture et haussé un sourcil d'un air interrogateur. Aussitôt, j'ai claqué la porte et je me suis précipité dans le couloir sans plus prendre aucunes précautions, déjà parce-que le lion m'avait repéré, ensuite parce-que si je ne trouvais pas très vite le moyen de sortir d'ici, j'allais devenir fou. Et j'allais sortir. Mais peut-être pas comme je l'avais espéré.

Soudain, en tournant à l'angle du couloir, je me suis retrouvé nez à nez avec un chat. Juste un chat normal, assis sur son arrière-train, qui levait la tête vers moi en ouvrant tout grand d'immenses yeux en amandes. On aurait juré qu'il m'attendait. Il m'a regardé d'un air louche avant de venir se frotter contre mes jambes en ronronnant, mais je l'ai repoussé d'un coup de pied, agacé.

-Dégage !

Le chat a ouvert grand les yeux, l'air absolument outré. Est-ce qu'on pouvait vexer un chat ?Il m'a détaillé de haut en bas d'un œil déjà plus critique, et soudain il a semblé pris d'un doute. Je vous jure. Le chat a semblé pris d'un doute. Du coup il a miaulé la question, juste pour être sûr, avec la voix d'une femme d'une trentaine d'année :

-Dit donc toi... tu fais parti des nouveaux arrivants de la semaine dernière ?

J'ai rien répondu. Je veux dire, vous auriez fait quoi ?J'ai rien répondu, la bouche grande ouverte, les yeux écarquillés, le cœur en mode arrêt total. Le chat avait parlé. Le chat venait de me poser une question, tranquille, sans pression. Il a penché la tête sur le coté et reniflé. Aussitôt, ses pupilles se sont étrécies.

-Cette odeur... je vois.

Ce qui s'est passé ensuite, j'en ai jamais été bien certain. Le chat a souri (attendez, ca c'est encore rien).

-Grec, c'est ca ?

Et soudain, j'ai été projeté à travers la fenêtre qui se trouvait à l'autre bout du long couloir avec la violence d'un tout petit lapin heurté de plein fouet par un autobus sur la voie rapide. J'ai à peine eu le temps de réaliser que je faisais une chute depuis le premier étage, un vol plané incroyablement loin, un véritable home-run, que soudain, avec une violence inouïe, je me suis écrasé... dans la piscine. Je sais, on dirait une bonne nouvelle. J'ai coulé jusqu'au fond, les yeux écarquillés, en cherchant vainement un souffle d'air dans l'eau bleutée. J'ai levé la tête pour remonter vers la lumière du jour, par réflexe, et c'est là que je les aient vus. Les crocodiles. Cinq ou six crocodiles albinos, en surface ou nageant autour de moi, qui me fixaient de leurs yeux de reptiles en se demandant quel était ce nouveau jouet qu'on leur avait envoyé. J'ai hurlé, dans l'eau, oubliant totalement l'absence d'oxygène, et je suis remonté à la surface avec des mouvements frénétiques et désordonnés, prêt à me pisser dessus. Les crocos n'ont rien fait pour m'en empêcher, sereins. Je suis remonté à la surface et j'ai rampé jusque sur le bord, haletant, tremblant et frigorifié dans mes vêtements trempés. J'ai essayé de me relever... et aussitôt je me suis retrouvé nez à nez avec la pointe d'une épée recourbée prête à me percer la gorge si je respirais juste un peu trop fort et une demi-douzaine d'autres prêtes à la remplacer.

Tous les ados qui s'entraînaient là au combat étaient massés autour de moi, une foule compact de mecs armés qui me laissait en tout et pour tout comme seule échappatoire de replonger avec les crocodiles. C'était une fille qui me tenait en respect, d'à peu près mon âge, les cheveux roux en pétard et pas du tout l'air d'avoir envi de rigoler. Finalement, au bout d'un instant dans le silence tendu, j'ai fini par lâcher :

-...Ah donc la fête c'est pas ici ?Ok. Pas de problèmes, j'me suis trompé d'adresse. Désolé de vous avoir dérangé, maintenant je vais...

La rouquine a appuyé un peu plus fort sa lame contre ma gorge sans un mot en tentant de dissimuler sa stupéfaction sous un masque de sérieux, comme si elle ne comprenait pas tout à fait ce qu'il se passait mais me reconnaissait comme un ennemi par le simple fait que j'étais arrivé en valdinguant depuis le premier étage. Et puis certes, j'avais des cheveux métalliques. Oui bon, moi aussi à leur place j'aurais pas su comment accueillir le truc.

C'est alors que quelque-chose s'est glissé entre les combattants qui s'écartaient respectueusement pour le laisser passer. Le chat. J'ignorais totalement comment il avait pu parvenir jusqu'ici aussi vite. Vous l'aurez compris, le chat était tout sauf un chat : soudain, il s'est dressé sur ses pattes arrières et il a commencé à grandir, à changer de forme, sa fourrure a entreprit de disparaître à l'intérieur de sa peau qui prenait une teinte chocolat, des courbes qui n'avaient plus rien d'animal ont commencées à modeler son corps, il lui a poussé des cheveux. En seulement quelques instants, trois secondes, le chat a laissé place à une femme, grande, le teint mat, en tenue de sport à imprimé léopard. Seuls ses yeux avaient gardés quelque-chose de félin, ce qui lui conférait un regard carrément inquiétant.

Une déesse. Ou pas, je ne savais plus.

-Désolé pour la voltige. J'ai horreur qu'on entre sur mon territoire sans ma permission, et j'ai horreur de... ce que tu es.

-Je veux quitter votre territoire, ai-je dis aussitôt. J'ai jamais voul...

La fille a appuyé sa lame un peu plus fort contre ma gorge et s'est tourné vers la femme chat.

-Qui est-ce, Bastet ?C'est... ce n'est pas...

Il m'a fallut un moment pour comprendre qu'ils étaient décontenancés par ma queue, qui avait ressurgie et se dressait dans mon dos aux yeux de tous. Ils ne savaient pas si j'étais un monstre, un dieu ou un demi-dieu. Moi non plus, d'ailleurs...

-C'est un magicien, a aussitôt imposé Bastet avec fermeté. Je sens ses choses-là. Quand à la façon dont il a pu entrer ici...

Elle a reniflé.

-Je sens l'odeur de Julius partout sur lui, même après sa baignade. Je suppose que si on va dans la Salle du Temps, on trouvera son tapis volant. Sans Julius, manifestement.

Avant même qu'elle ait fini sa phrase, l'un des mecs en pyjama a fait volte-face, s'est changé en oiseau et s'est dirigé à tire d'ailes vers le manoir, probablement direction la Salle du Temps. J'étais vraiment, vraiment mal. Finalement, j'ai enfin rouvert la bouche, malgré l'épée :

-Je peux tout vous expli...

Bastet a levé une main griffue.

-En premier lieu, tu vas nous dire ce que tu as fais à Julius, ainsi qu'à Amos et Sarah je suppose.

-Je viens de la Colonie, la Colonie des Sang-Mêl...

Soudain, Bastet a écarquillé les yeux et projeté son aura autour d'elle, une puissance qui ne pouvait émaner que d'un dieu qui a forcé tout le monde à reculer de trois pas, une puissance écrasante et bestiale qui labourait mon esprit comme mille coups de griffes par sa seule présence, certains des plus jeunes dans la foule se sont même évanouis. Je suis tombé en arrière, manquant replonger avec les crocodiles, secoué par de terribles nausées et des sueurs froides. C'était la première fois que je faisais face à l'aura d'un dieu. Et c'était terrifiant. Elle avait tenté de m'empêcher de parler de la Colonie, elle avait comprit qui j'étais c'était une évidence. Et elle ne tenait surtout pas à ce que la petite cinquantaine de gosses qui nous entouraient l'apprennent.

La déesse a sourit, comme sourirait un chat juste avant de commencer son repas.

-Nous faisons clairement face à une situation complexe. Et si nous réglions ca plus proprement ?

Le temps qu'on me fasse regagner l'immense manoir avec quelques épées dans mon dos, j'étais absolument frigorifié, et j'avais largement appris à mes dépends que ce n'était pas la peine de demander une couverture, où on allait, ou ne serait-ce que l'heure. Bastet avait ordonné à tous les autres de « reprendre l'entraînement » et n'en avait gardé que quelques uns pour me tenir en respect, parmi les plus âgés, comme si j'avais pu tenter quoi que ce soit. Ils m'ont fait traverser la moitié du manoir sous les regards curieux des élèves qui s'arrêtait dans les couloirs en murmurant sur leur passage de notre joyeux cortège. J'étais prêt à parier qu'en dix minutes la rumeur se répandrait dans tout le château que Bastet avait capturé un étrange monstre avec une queue de loup.

Finalement, ils m'ont fait entrer dans un grand salon, avec un écran plat encore plus géant que celui de tout à l'heure qui prenait l'espace d'un bon tiers du mur au-dessus d'une grande cheminée où brulait un feu de couleur blanc. Il y avait un homme assis dans un canapé, une tasse de thé dans les mains, qui s'est levé à notre arrivée. Il avait l'air sympa, une trentaine d'année lui aussi, il portait des lunettes de soleil qui lui donnait un petit air cool, et était tout de noir vêtu sans que ca lui donne l'air inquiétant pour autant : jean noir, t-shirt noir, blouson de cuir noir... en fait il me rappelait un tout petit peu Nicolas Di Angelo. Seul fait étrange, malgré sa jeunesse il avait déjà les cheveux gris. Pas gris comme la vieillesse peut les rendre ou faits d'argent comme les miens, non, gris sombres comme de la cendre.

Soudain, l'espace d'une unique fraction de seconde, le temps d'un chatoiement des flammes dans l'âtre, j'ai vu autre chose, comme une vision qui se superposait sur lui. Un homme bien plus grand, musclé, à la peau noire comme une nuit sans lune, habillé d'un long pagne blanc. Et il avait une tête de chacal. Je veux dire, un vrai chacal, ce truc moche qui ressemble à un loup. Mais le centième de seconde suivant, c'était à nouveau l'homme que j'avais devant les yeux. Ok, là c'était plus cool du tout.

-Jaz m'a prévenu, Sadie va arriver. Il est entré ici avec le tapis de Julius, c'est ca ?

-Oui. Félix est en route, il est allé les chercher, lui, son frère et Sarah.

Quand on m'avait demandé sur le chemin où étaient les trois abrutis que j'avais lourdé, mon mensonge était déjà prêt, un subtil mélange de vérité et de conneries :

« -Knoxville, avais-je lâché aussitôt. Ils sont à la gare de Knoxville, ils ont des problèmes. J'ai réussi à en réchapper, ils m'envoient vous prévenir, mais vous devriez faire vite et y aller, genre, en très grand nombre.

-Ah oui ?Et quelle est la menace ?, avait demandé Bastet sans en croire un mot.

-On a été attaqués par Jack l'Eventreur. Et je vous jure que c'est vrai. Vraiment, je pense qu'il vous faudra, pfou, au moins la moitié des forces que vous avez ici. »

J'avais espéré réduire le nombre de garde dans l'éventualité où je serais forcé de m'échapper, mais ils n'avaient envoyé qu'une seule personne là-bas, ce gars qui s'appelait Félix, soit parce qu'il était vraiment très puissant soit parce qu'ils ne me croyaient pas. J'espérais de tout cœur qu'ils n'aient pas un quelconque système de téléportation. Ca faisait des heures que je les avais abandonnés en leur volant leur seul moyen de s'échapper, soit ils étaient en vie et en route pour cet endroit et alors là j'étais dans la merde, soit ils avaient été embarqués ou tués par Jack et là ma vie ne tiendrait plus qu'au mensonge selon lequel je n'avais rien à voir là-dedans. Mieux valait que je sois parti quand Félix reviendrait. On pourrait croire qu'une fois que je leur aurais dit pour Knoxville ils auraient jugés qu'on n'avait plus rien à se dire et m'auraient relâché, mais clairement, ils n'en avaient pas fini avec moi.

Je me suis assis sur le large canapé devant le feu sur lequel on m'a poussé. Bastet a congédié les ados, qui m'ont laissés seul sans protester avec la déesse qui mourait d'envie de se faire les griffes sur mon visage et l'homme à tête de chien. Ce dernier m'a détaillé de la tête au pied, haussant à peine les sourcils à la vue de ma queue.

-Etrange apparence. C'est un hôte ?

-On en est loin, a rétorqué Bastet après s'être assurée que les gosses avaient refermés la porte. Tu ne le sens pas ?C'est un grec.

Je me suis préparé à me lever, persuadé qu'il allait faire un truc genre, m'envoyer à l'autre bout du monde comme l'autre cinglée, mais le premier instant de surprise passé, il m'a simplement souri. Puis il a posé une tasse de thé devant moi, ce qui m'a rappelé le chocolat chaud que m'avait filé Thalia à mon arrivée à la Colonie, et avant que j'ai le temps de me dérober il a posé deux doigts sur mon torse tout en marmonnant quelque-chose. Un hiéroglyphe lumineux a surgi sur moi à ma grande horreur, puis soudain je me suis senti comme réchauffé de l'intérieur. L'espace d'un horrible instant j'ai cru qu'il voulait me faire cramer, puis j'ai réalisé que je n'étais plus trempé de la tête aux pieds. Il avait juste fait sécher mes vêtements. Puis il m'a souri.

-Je m'appelle Walt. Enfin, en quelques sortes. Tu peux boire le thé, je te jure sur... comment vous dites ?Je te jure sur le Styx qu'il n'est pas empoisonné.

-Ne lui adresses pas la parole, Anubis, a maugréé Bastet. Il faut attendre Sadie, c'est elle qui a la Plume en ce moment.

-Dépasse ta Nature, enfin, Bastet !Ce n'est qu'un enfant, il n'est pas...

-Un enfant grec !Mon hôte à moi est un chat, d'accord ?Les humains dépassent leur Nature, les dieux et les chats savent reconnaître leurs ennemis naturels.

Vraiment, cette façon de rien piger à ce qu'on me racontait, ca me rappelait terriblement mon arrivée à la Colonie. Maintenant que je n'avais plus aucunes chances de m'enfuir j'avais un million de questions au bord des lèvres bien-sûr, mais dés que je faisais mine d'ouvrir la bouche, Bastet me jetait un regard qui signifiait clairement qu'elle ressentait une violente envie de m'arracher la gueule. Pour autant, c'était beaucoup trop tentant.

-On est où, ici ?, ai-je finalement lâché à toute vitesse.

Bastet a feulé :

-Je t'ais dis de...

-Tu te trouve au Nome de Memphis, a coupé Walt. Un Nome est une sorte de base régionale de l'organisation dont nous faisons partie, la Maison de Vie, comme l'OMEGA qui a des repères partout dans le monde. Il y a trois cent soixante et un Nome à travers le monde, mais le nôtre est l'un des plus puissants, nous avons plus d'élèves que tous les autres. Les nouveaux initiés viennent ici pour apprendre la Magie auprès de magiciens expérimentés, apprendre à survivre dans le monde extérieur, combattre les monstres... ils ne vivent pas tous au manoir toute l'année, certains ne viennent que pendant les vacances d'été.

Ca me rappelait quelque-chose, pas vous ?Walt a continué, sans faire cas de mon trouble :

-La grande particularité de notre Nome est qu'il se trouve caché dans le Passé. Le 16 Juin 2016, pour être exact. Si tu es grec, tu n'es pas sans savoir que l'OMEGA traque et capture tous les demi-dieux, pas vrai ?Ils ont pu avoir quelques uns d'entre-nous, mais ils ne comprennent pas ce que nous sommes, comme toi en ce moment. Pour eux, nous sommes des spécimens très intéressants, et très rares, de demi-dieux. Un jour, notre Nome de Brooklyn, celui où tous ceux qui sont maintenant ici se trouvaient auparavant, a été attaqué par l'OMEGA qui croyait venir y chercher des sangs mêlés. Nous avons repoussés leur attaque sans mal, mais nous avons compris qu'il nous fallait nous cacher mieux que ca, comme la Colonie des Sang-Mêlés. Si nous ne faisions rien... on ne pouvait pas laisser nos deux mondes s'entrechoquer. Alors, les dirigeants de notre Nome, Carter et Sadie Kane, ont eu cette idée. L'OMEGA avait les moyens de nous trouver n'importe-où, nous le savions. Mais peut-être pas n'importe-quand. Nous avons trouvé cet endroit, la maison où a vécu Elvis Presley, Graceland. En 2016 un milliardaire en a fait l'acquisition puis l'a fait très largement agrandir en rasant tout le quartier. Depuis, comme tu as pu le voir, ce milliardaire s'est lassé de l'endroit et l'a laissé à l'abandon, dans le présent ce n'est qu'une ruine. Sadie, Carter, Bastet et moi avons utilisés la Magie pour créer un pont entre le présent et le 16 juin 2016, juste avant que ce milliardaire n'emménage, un jour où la construction était finie mais où il n'y avait absolument personne sur la propriété. Techniquement, nous vivons dans la même journée encore et encore, à une époque où l'OMEGA n'avait même pas encore été créée. Si jamais tu sors de la maison puis du domaine tu atteins les limites de notre sortilège et tu es rejeté dans le présent. La seule façon de parvenir jusqu'à nous c'est en utilisant un des tapis volants que nous avons ensorcelés. En gros, c'est la cachette parfaite. Quelques Nomes ont imités cette technique, mais très peu ont des magiciens capables de la maintenir indéfiniment.

-Jusqu'au jour où Anubis en a parlé à un petit prisonnier grec qui est allé tout raconter à l'OMEGA..., a maugréé Bastet.

-L'OMEGA chasse les grecs, Bastet par les dieux !Et il n'est pas notre prisonnier, nous devons simplement nous assurer qu'il a dit la vérité à propos de nos trois fugueurs.

-Mais il est grec enfin, je te parie qu'il les a tués !

J'ai fini par boire une gorgée de thé.

-Les grecs. Vous n'arrêtez pas de me traiter de grec. Comme si vous... comme si vous ne l'étiez pas. C'est pas possible, pas vrai ?

Bastet a ouvert la bouche pour me menacer de mort, mais soudain, les grandes portes du salon se sont ouvertes à la volée pour laisser le passage à une femme essoufflée – Sadie, ai-je supposé. Ses cheveux bouclés étaient entièrement teint en rouge écarlate, mit à part une mèche blonde (en souvenir ?), et sa tenue en lin blanc contrastait avec les bottes militaires qu'elle avait aux pieds. Bref, elle ressemblait vraiment à rien.

-Il le sait ?Il sait où sont Julius et Amos ?Et Sarah ?

-Il prétend qu'ils ont été attaqués à Knoxville, l'a informé Walt. Félix est en route. Si le combat n'est pas fini il n'aura aucun mal à... geler le problème.

-J'ai attrapé un grec, a précisé Bastet la déesse raciste juste pour que ce soit bien clair.

L'expression de Sadie s'est décomposée. Toute la couleur s'est retirée de son visage tandis qu'elle me détaillait comme si elle découvrait un monstre dans son lit.

-... tu en es certaine ?

-J'ai empêché les élèves de comprendre d'où il venait, ils pensent que c'est un magicien.

-...Parfait. C'est vraiment pas le moment pour un scandale mythologique, mais alors vraiment pas. Et la piste d'Amos ?Est-ce qu'ils ont réellement trouvé ?...

-On t'attendait pour commencer l'interrogatoire ma grande, s'ils ont eu le temps de trouver quelque-chose alors ce grec putride sera au courant. Tu as la Plume de Vérité ?

-Ouais je l'ai.

Elle a sauté par-dessus le canapé et s'est approché de moi. J'ai aussitôt reculé précipitamment. La Plume de Vérité ?Ca sonnait comme un truc qui allait pas me plaire, mais alors vraiment pas. Pourtant elle n'avait rien dans les mains. Elle m'a souri nerveusement, l'air pressée, ce qui a la lueur tremblante des flammes lui donnait un air un peu inquiétant.

-Ne la dit surtout jamais devant mes élèves, mais maintenant, je ne veux plus entendre de toi que la vérité, ok ?

J'ai bien failli en éclater de rire. Quelle idiote !Je lui ai serré la main en lui rendant à la perfection son sourire niais. Je n'avais plus qu'à mentir à nouveau.

Ou pas. Soudain, elle a serré beaucoup plus fort. J'ai hurlé de douleur mais c'était trop tard : une violente lumière dorée a surgi entre nos paume plaquées l'une contre l'autre, me brûlant littéralement de l'intérieur, de la tête aux pieds, une douleur insupportable. Et puis elle m'a lâché. J'ai reculé en tremblant, le bras tout entier en feu, furieux. Sadie n'avait même pas arrêté de sourire.

-Ouvre la main.

J'ai obtempéré. Aussitôt, quelque-chose y a surgi dans un éclair doré, en suspension au-dessus de ma paume. Une longue plume blanche, magnifique, dont émanait une légère lueur et une incommensurable puissance.

-Si tu savais à quel point c'est dur de trouver une Plume de Maât !On l'appelle aussi la Plume de Vérité. Il ne peut en exister qu'une seule en même temps, tout ca... désolé pour la brûlure, je n'avais jamais essayé de la donner à quelqu'un contre son gré. Que je t'explique : cette plume est celle dont se sert Anubis, le dieu des morts, pour peser l'âme des morts.

Walt a fait un signe de main, comme s'il était concerné. Ou est-ce que Bastet ne l'avait pas appelé Anubis, justement ?Non, rien de tout ca n'avait de sens, c'était impossible. Hadès était le dieu des morts.

-Il mets le cœur du défunt dans l'une des coupelles de la balance, et cette plume dans l'autre. Mais ce qui est important là tout de suite, c'est que aussi longtemps que tu l'auras, tu n'auras d'autres choix que de dire toute la vérité sous peine d'être réduit en cendres. Et inutile de fermer la main, elle est en toi.

J'ai essayé de ne pas hurler malgré ma fureur. Ce serait inutile, de toute façon. Mais je me suis juré de le lui faire payer. Me faire piéger, la douleur, la vérité... tout ce que je détestais. Je me suis rassis en tremblant de colère. Walt et Bastet se sont tus, attentifs. Sadie a croisé les bras.

-Bon, commençons. Où as-tu eu ce tapis volant ?

-... je l'ai...

J'étais sur le point de dire « trouvé », mais aussitôt j'ai senti une chaleur dangereuse commencé à m'envahir. Ok, pigé, c'était pas un truc en trois chance, la Plume me grillerait à la première erreur.

-Je l'ai pris.

-Prit à qui ?

-Je ne sais pas exactement.

C'était vrai. J'ignorais l'identité exacte des trois personnes à qui j'avais volé ce tapis, tout simplement parce-que je ne pigeais absolument pas ce qu'était cette bande de malade. je Mais Sadie n'était pas dupe.

-Moi non plus, je suis pas mauvaise en mensonge. Quel était le nom des gens à qui t'as piqué ce tapis ?

-...

-Bien-sûr si tu te contentes de ne rien répondre je peux aussi te réduire en cendres moi-même, manuellement tu vois ?

-Amos, Sarah... et cet abruti de Julius.

-Je vois. Comment est-ce arrivé ?

-Je ne leur ai pas fait de m...

J'ai fermé la bouche juste à temps. J'avais assommé Julius et jeté Sarah dans le vide, quand même.

-On s'est rencontrés dans le train pour Knoxville. On a été attaqués par un... un Infernal comme vous dites, Jack l'Eventreur, et ils se sont battus pour me protéger. Finalement, c'est devenu évident qu'ils allaient perdre. Sarah a dit « prépare le tapis volant ». Julius l'a fait apparaître, mais ensuite il a été assommé – Jack était assez fort pour les combattre tout les trois à la fois. Amos et Sarah se battait encore contre lui. Je suis monté sur le tapis sans savoir qu'il décollerait si je prononçais le mot « vole », ce que j'ai découvert tout à fait par hasard, et il est parti en laissant les trois autres sans que j'ai aucuns contrôle dessus.

J'avais eu super, super chaud, surtout en racontant comment Julius avait perdu conscience. Mais lisez bien attentivement. Je n'ai dis que la stricte vérité. Sadie a plissé les yeux, hésitante et suspicieuse. Mais j'avais raconté une histoire qui semblait plus que convaincante en portant la Plume de Maât. Et puis qui serait assez monstrueux pour laisser des gens mourir comme ca, hein ?

-C'est cohérent, est intervenu Walt. Les enfants se sont enfuit ce matin après qu'on aient refusés de les laisser sortir, et ce malgré le fait qu'Amos ait juré avoir senti l'énergie du Livre.

-Parlons-en, justement !, a renchérit Bastet. Ils étaient sur les traces de l'énergie du Livre. Pourquoi cette trace les a menés jusqu'à toi ?

Je me suis crispé. La Plume, cette connasse, tournoyait toujours au-dessus de ma paume sans faiblir.

-... parce-que... je suis en quelques sortes en rapport avec... j'ai d'une manière ou d'une autre...

-Quelle que soit la vérité que tu caches, elle vaut sûrement mieux que ce que te feras la Plume si tu nous mens, fit calmement remarquer Walt.

J'ai renoncé.

-Parce-que j'ai une page du Livre sur moi. Je suis un demi-dieu de la Colonie des Sang-Mêlés, je suis parti en quête pour sauver l'Existence avec deux autres pensionnaires mais sur le chemin on a eu une piste sur l'emplacement du Livre, elle a nous a menés jusqu'à une section secrète de la Bibliothèque du Congrès de Washington, là-bas on a trouvé le Livre mais avant qu'on puisse partir l'OMEGA est arrivé, l'un d'entre nous a été tué et l'autre a été capturée je crois, j'ai réussi à m'enfuir grâce à un tunnel de sable magique fait des restes d'une déesse qui s'appelait Iris et j'ai continué vers notre premier objectif, atteindre la ville d'Olympie, j'ai pris un train pour Knoxville et c'est à ce moment là que j'ai rencontré les trois magiciens je ne sais quoi là, ils voulaient ma page mais j'ai refusé de la leur donner, là on a été attaqués par Jack.

-Un tunnel de sable magique..., a répété Sadie dans un murmure songeur. C'est de la magie, de la magie de chez nous. Ca expliquerait que Amos et Julius aient pu sentir l'ouverture d'un portail.

Elle s'est tourné vers Bastet.

-C'est possible, tu crois ?

-Techniquement oui, un dieu grec doit pouvoir ouvrir un portail, surtout dans un lieu empli de Magie c'est un tour assez élémentaire. Mais ca revient à enfreindre les lois du monde, à trahir leur propre Nature grec en utilisant un pouvoir d'un autre camp, un pouvoir qui ne leur appartient pas. Si elle ne l'avait pas fait, je pense que cette Iris aurait pu se reformer – ca aurait peut-être mit des siècles, mais il subsistait d'elle quelque-chose. En utilisant la magie de notre peuple, elle a achevé de se détruire. Je n'aurais jamais cru pouvoir un jour dire une chose pareille d'une déesse, mais... mais elle est morte. Morte à tous les niveaux. C'est incroyable.

Mais je n'avais pas terminé. Mes vêtements commençaient à fumer. J'avais chaud, de plus en plus chaud, je ne disais que la vérité et j'arrivais plus à m'arrêter ni même à la déformer, les mots jaillissaient par flots de ma bouche :

-Je comprends rien à ce qui est en train de se passer tout se passe comme si vous étiez ni grec ni romain mais ca se peut tout simplement pas et je piges pas comment vous pouvez connaître la Colonie des Sang Mêlés alors qu'elle vous connaît pas ni pourquoi vous parlez sans arrêt comme si vous étiez magicien, je m'appelle Derek Anderson, je...

J'ai continué pendant dix minutes. Oui oui, si longtemps que ca, dix longues minutes où je ne pouvais plus rien faire d'autre que dire la vérité, se taire n'était plus une option, ce truc m'a littéralement forcé à raconter toute ma vie, même celle d'avant la Colonie, les familles d'accueil, j'ai tout déballé en suant à grosses gouttes en retraçant ensuite toutes nos aventures dans les moindres détails, la même histoire que celle que je vous raconte en ce moment.

-... et j'ai toujours pas compris ce que c'était que la Maison de Vie j'ai plein de questions à poser mais l'autre connasse féline menace de me faire la peau à chaque fois que je pose une question tout à l'heure l'autre gars qui s'appelle Walt ressemblait à un chacal et comment vous pouvez être au courant de l'existence du Livre alors que...

-Reprenez lui la Plume, a murmuré Walt soudain inquiet. Sadie reprends lui la Plume !

Finalement il a lui-même vivement serré ma main dans la sienne, et aussitôt la brûlure m'a quitté en même temps qu'une abominable sensation que je n'avais jusque là qu'à peine remarqué, comme si on essorait mon estomac.

-Putain !, ai-je haleté. Mais le temps qu'il vous a fallut !Vous aviez besoin que je vous en parle, de la fois où j'ai fais pipi au lit quand j'avais huit ans ?!

-Désolé. On aurait dû s'en douter. Faire entrer la magie de Maât dans le corps d'un grec... désolé. Il était grand temps que je reprenne cette Plume, de toute façon.

-Mais on a apprit plein de choses intéressantes, a rétorqué Bastet. Vous l'avez entendu ?Amos avait raison, c'était vraiment le Livre. Je crois comprendre ce qui s'est passé. Jusqu'à maintenant, il était caché dans un lieu magique, un lieu grec. C'est pourquoi notre Magie ne pouvait pas le retrouver. I peine quelques heures, ce misérable petit salopa...

-Bastet !

-Oui bon, ce gosse l'a fait sortir de la Bibliothèque. Et aussitôt, Amos l'a à nouveau perçu. On aurait dû le croire, les accompagner au lieu de compter sur le fait qu'ils ne fileraient pas en douce. C'était quand même sa seule chance de retrouver son père.

Walt a tendu la main vers moi en souriant. J'ai grogné comme un loup avant de sortir la boule de papier de ma poche pour la lui fourrer dans la main. De toutes façon cette page ne me servait à rien, elle n'était qu'une question de plus. Le visage de l'homme aux cheveux gris s'est décomposé quand il a fébrilement déplié le papier. Son regard est allé de la page à moi, de moi à la page. Bastet a regardé derrière son épaule et feulé, puis Sadie a écarquillé les yeux.

-Tu étais au courant de ca ?, a craché la déesse chatte.

-... Non. Bien-sûr que non !Carter m'avait arrêté avant cette page, forcément. Je ne l'avais jamais vu.

Ils ont tous les trois levés les yeux vers moi.

-Hé, je sais pas ce que ca fait là, ok ?, ai-je protesté. J'ai rien à voir là-dedans !Je vous ai dis ce que vous vouliez savoir, je vous ai dis où étaient vos trois élèves machins, et je vous ai donné ma seule page du Livre alors que franchement vous avez pas la moindre idée d'à quel point ce bouquin est dur à emprunter, alors maintenant à vous de répondre à mes questions !C'est quoi cet endroit ?Ce... Nome, comment vous faites tous ces trucs avec les hiéroglyphes ?!Et...

-Tu crois qu'on joue à un jeu, mortel ?!, a recraché Bastet.

-Non, il a raison, a rétorqué Sadie. Il faut tout lui dire.

-Sadie non, a aussitôt protesté Walt. Cette rencontre ne devrait même pas être possible !

-Il a raison, a renchérit Bastet. C'est un secret naturel ! Seuls les plus hauts sont sensés être au courant, aucuns de nous ne devrait savoir, même pas moi !C'est pour ca que les Livres ont été écrits. On ne peut pas dire ca à un enfant.

-J'étais une enfant quand je l'ai découvert. Vous ne comprenez pas ?Il en a déjà trop vu. S'il part maintenant on ne pourra jamais l'empêcher d'en parler, c'est en ne lui disant rien qu'on fera se propager le secret. Et je crois aussi qu'il pourrait nous être utile pour retrouver Carter, si l'OMEGA est en possession du Livre en ce moment même. De toute façon il en sait trop.

-On pourrait le tuer !

-Sans compter que...

Son regard s'est assombri.

-Comme tu le dis, c'est pour ca que les Livres ont été écrits, pour servir de lien. C'est clair, non ?Il sont en train de nous réunir. Grec, égyptien... et peut-être les autres, plus tard. Le moment est peut-être venu, le Sortilège s'éveille. Nous devrons combattre et espérer qu'il ne soit pas déjà trop tard. S'il cherche le Livre, alors il doit savoir.

-Oui mais si on le tue...

-Bastet !, on criés en même temps Sadie et Walt.

-D'accord, d'accord, qu'il vive !Pfff...

-Excuse Bastet, m'a dit Sadie dans un soupir. Elle n'est pas du tout comme ca, d'ordinaire. Les égyptiens et les grecs ne sont pas faits pour s'entendre. Ils ne sont pas sensés se croiser, ni même exister dans le même monde. Alors comme c'est une déesse égyptienne...

-Je déteste les grecs. Et les romains. Et les scandinaves. Et les celtiques. Et...

Elle a subitement fermé la bouche, comme si elle réalisait soudain qu'elle en avait trop dit.

-Enfin bref. Ton odeur infecte m'insupporte, ton énergie... ce n'est pas quelque-chose qu'un mortel peut comprendre. Tout en toi me repousse, jusqu'à ton existence. Si tu n'étais pas qu'un jeune mortel, j'irais jusqu'à dire que nous sommes des ennemis naturels.

Mais je n'écoutais plus, depuis un moment déjà. Les égyptiens et les grecs. Par ces simples mots, Sadie avait confirmé ce qu'une partie de moi savait depuis le début. Mes théories les plus folles. Les égyptiens. Mais c'était impossible. Insensé.

La femme aux cheveux rouge s'est assise dans un canapé et a posé les pieds sur la table basse. A la lueur du feu, il me semblait voir briller dans ses yeux une lumière qui n'avait rien de naturelle. Elle a fait apparaître une cigarette qui s'est embrasée toute seule avant de la coincer entre ses lèvres. Puis elle a prononcé une phrase qui m'était vaguement familière.

-Que sais-tu des dieux égyptiens, Derek ?

-... Vous vous foutez de moi

8668 mots

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro