Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Seul




Le temps a semblé s'arrêter. J'ai vu Peter tomber en arrière, comme au ralentit, une page arrachée du Livre dans la main. Ca ne pouvait pas être réel. Rien de tous ca ne pouvait être réellement en train de se produire, rien n'avait de sens. C'était forcément une illusion, quelque-chose. Une ruse, une méprise. Mais quelque-part en moi, la parcelle encore lucide de mon esprit ne pouvait trouver d'échappatoire à l'impossible vérité. Peter Jackson venait de prendre une balle en pleine tête, sous nos yeux. Peter était mort. Peter était mort.

Les Trois fileuses du Sort, garantes de l'Harmonie

Tuerons leurs sauveurs, ou trancheront toutes vies

Hélèna n'a pas hurlé. Elle ne regardait plus que Peter étendu sur le sol face contre terre, comme si plus rien d'autre n'avait d'importance, les yeux écarquillés par l'épouvante, ses mains secouées de tremblements convulsifs plaquées sur la bouche. L'espace d'un instant, plus rien n'a bougé. Et puis soudain, l'air a vibré. Les bras d'Hélèna sont retombés mollement le long de son corps agité de soubresauts. Et sans un cri, la fille d'Héra a explosé.

De son corps tout entier a jailli un océan de fureur sauvage et incontrôlable qui m'a brutalement projeté en arrière, une lumière semblable à la fureur du soleil qui s'est déchaîné à travers le bâtiment, peut-être à travers toute la ville, tandis qu'un colossale pilier de lumière s'élançait vers le ciel en tournoyant sur lui-même et que des aurores boréales toutes entières s'échappaient de son corps par vague. Et au centre de ce déchaînement d'énergie, une créature que je ne connaissais plus, la tête rejetée en arrière. Ses cheveux flottaient autour de son visage. Ses yeux exorbités étaient devenus entièrement blancs. C'était Hélèna, et en même temps ca ne l'était plus. Il n'y avait plus que la Colère d'Héra. Et lentement, sans un bruit, elle a tourné la tête vers l'homme qui venait de tuer son unique ami.

-Carlton sera très intéressé, a simplement observé celui-ci à une dizaine de mètres de là. C'est un spécimen unique, comme on nous l'avait dit.

-Oui, a répondu la fille tout aussi calme. Mais elle n'a aucun contrôle.

-Montre-moi.

Là-dessus, alors même qu'une étoile semblait être en train d'exploser au milieu de la salle, la mortelle s'est avancée calmement. Le garçon à coté du Tatoué, lui, n'a pas bougé. Son regard était vide. Une étrange pensée a traversé mon esprit en état de choc, le temps d'une fraction de seconde. Je les avaient déjà vus. Le garçon et la fille, leurs visages m'étaient étrangement familiers, je les connaissais.

Ce qu'était devenue Hélèna a penché la tête sur le coté comme un fauve. Et soudain, elle s'est élancée vers notre ennemi si vite qu'elle a semblée disparaître en ne laissant qu'un cratère derrière-elle, elle s'est jetée sur elle les deux poings levés, ses yeux révulsés écarquillés par une colère dénuée de nom. Bien des demi-dieux seraient mort, s'ils avaient dû affronter un tel monstre. Mais nous étions face à l'OMEGA.

Au même moment, la mortelle qui jusque-là marchait calmement a commencé à courir. Et tout comme l'avaient fait les Agents que j'avais vus au collège, elle a tout simplement disparu. Pendant une fraction de seconde, entre la rapidité irréelle de l'Agente et celle d'Hélèna qui s'était jetée sur elle dans le même instant, elles ont toutes les deux tout simplement semblées s'être évaporées. Et puis, aussitôt, elles sont réapparues face à face l'une à l'autre, encore en train de courir. J'ai vu Hélèna toujours nimbée de lumière lever le poing en poussant enfin un hurlement de bête sauvage qui a fait trembler les murs, prête à arracher la tête à son adversaire. Un coup que jamais une mortelle ne saurait éviter.

Soudain, alors que le coup allait lui défoncer le crâne, la fille aux cheveux blonds a fait quelque-chose. Elle n'a pas tenté d'arrêter le poing d'Hélèna, elle a frappé son avant-bras du plat de la paume pour le dévier sur le coté, puis elle lui a attrapé le bras pour la faire passer par-dessus elle.

Une personne normale emportée par sa propre force basculait en avant. Mais la force d'Hélèna n'avait rien d'ordinaire. Alors que son hurlement de rage devenait un cri de terreur, elle fit un terrible vol plané aussi sûrement que si la blonde avait possédé elle aussi une force herculéenne et s'est écrasé contre un mur de la salle en y creusant un profond cratère. J'ai hurlé :

-HÉLÉNA !

La lumière irisée a cessé d'émaner de tout son corps, et sans un bruit, elle est tombée sur le sol comme une poupée de chiffon. Hélèna venait d'être vaincue par une simple mortelle. Une fille ordinaire, une collégienne.

Je me suis tourné vers la fille aux cheveux blonds. J'ai ouvert la bouche pour commencer à négocier, faire des propositions, assurer ma propre survie comme je l'avais toujours fais. Trahir. Mais les seuls sons qui ont su en sortir ont été un cri de haine :

-TU VA ME LE PAYER !

Lentement, la fille s'est tournée vers moi.

-Il ne reste plus que toi, a-elle conclut.

Aussitôt, j'ai attracté une des dernières étagères encore debout et je l'ai laissée s'écraser au sol avec fracas. Rien. La terreur m'a envahi, j'ai senti des larmes d'horreur me monter aux yeux. J'avais peur, terriblement peur. Parce-que cette fois-ci personne ne viendrait nous sauver.

-C'est très rusé, a-elle dit sobrement. Mais tu ne les réveilleras pas. Les esprits de l'air ont des ordres, comme tous les sentinelles. Protéger un lieu magique veut aussi dire ne pas en révéler la magie en présence d'éléments extérieurs classifiés par leur instinct comme inaptes à la perception et à l'acceptation du monde divin, aussi longtemps que des mortels seront présents et n'endommageront pas leur territoire d'eux même, les esprits ne feront rien, et ce qu'importe les dégâts que subira cet endroit.

-Perdre du temps est une erreur de débutant si évidente qu'elle en frôle la trahison, Agent, est sèchement intervenu le Tatoué. Et tes capacités d'analyse laissent encore à désirer.

J'ai compris ce qu'il voulait dire une seconde plus tard, quand soudain l'air a commencé à trembler et que des voix que jamais je n'aurais cru être un jour content d'entendre ont résonnées au plafond.

-MORTELS.

Tout autour de nous, jusqu'à l'horizon, les grimoires ont commencés à trembler, animés par une force invisible. Les esprits de l'air. Leur existence avait pour unique but de protéger cette bibliothèque ca voulait dire ne pas se manifester en présence de créatures extérieurs au monde grec pour ne pas trahir la Magie, mais ca signifiait aussi éliminer toutes menaces potentielles. Et pour une raison ou une autre, les Agents venaient de passer de la première catégorie à la seconde. Chacun des livres s'est élevé dans les airs en tournoyant lentement, tous les livres de la Sixième Section, à perte de vue. Le seul encore à terre était le Livre qui gisait à coté de Peter, comme si les esprits eux-mêmes en connaissaient les dangers.

-MORTELS.

D'un seul mouvement ils se sont tous ouverts, des centaines et des centaines de livres de magie noire qui ont entrepris de tourner autour de nous dans un immense cyclone de papier, et une cacophonie de formules magiques s'est élevée vers le ciel. Le résultat a été instantané : la foudre, le feu, l'eau, la glace, la roche, le fromage et les ténèbres, un terrible déluge de sortilèges a fusé sur l'Agente sous des formes tellement diverses que la scène en rivalisait avec un délire de drogué. Mais ca n'a duré qu'un instant. Au moment même où chacun des milles sorts allaient frapper la fille immobile simultanément, le garçon qui jusque là n'avait encore rien fait s'est avancé et a levé le bras mollement, le regard fixe et éteint. Aussitôt, les maléfices ont changés de cibles et ont frappés le gamin dans une assourdissante explosion de magie qui m'a aveuglé un instant. Quand j'ai pu rouvrir les yeux, je n'ai pu retenir un sursaut d'horreur. Le gosse n'avait rien fait. Je veux dire, il n'avait pas absorbé les sortilèges, il ne les avait pas déviés, simplement il les avait pris en pleine tronche. Ses vêtements en lambeaux pendaient sur son corps fluet couvert de brûlures, de coupures, de blessures que j'ai même pas la force de décrire, jamais il n'aurait dû pouvoir l'encaisser, il n'aurait même pas dû pouvoir tenir debout. Pourtant son visage ne trahissait aucune souffrance, ses jambes ne tremblaient même pas. Il avait simplement l'air endormi, comme un enfant qu'on aurait tiré du lit à quatre heure du mat'. Son visage... c'est là que j'ai compris. Liam. Il était un peu plus âgé, sa coiffure était différente, mais à un ou deux détails près c'était le portrait craché de Liam, le seul fils d'Hadès de la Colonie des Sang-Mêlés. Liam avait un frère que l'OMEGA avait capturé des années plus tôt, j'étais presque sûr d'avoir déjà entendu cette histoire. Et c'est comme ca que je suis devenu le premier sang-mêlé à avoir une vague idée de ce que l'OMEGA faisait de ceux qu'ils kidnappaient.

Pour info, un esprit de l'air, c'est pas méga persévérant. Aussi vite qu'ils s'étaient élevés tous les livres sont retombés en pluie sur le sol avec des bruits mats. C'était le moment. Le moment de choisir qui je voulais être. J'ai regardé Hélèna, étendue sur le sol un peu plus loin. Elle n'était pas inconsciente. Elle a levé une main tremblante de douleur vers moi, trop faible même pour bouger un muscle, et elle a articulé deux mots silencieusement. « Aide-moi ».

Ce que j'ai fait ensuite, ca va étonner personne. J'ai tendu la main à mon tour... et j'ai vivement attracté la page que Peter avait encore dans la main, celle qu'il avait eu le temps d'arracher du Livre, puis je l'ai fourré dans ma poche. J'ai arrêté de penser à Hélèna. J'ai arrêté de penser à Peter. Et je me suis enfuis. Ce n'était pas un plan, pas une stratégie, c'était juste fini, j'ai fais volte-face et je me suis mis à courir aussi vite que mes jambes me le permettais. Pas parce que je ne serais d'aucunes utilité aux deux autres si on se faisaient tous capturer, pas parce-que je voulais aller chercher de l'aide n'importe-où ailleurs, non : je me suis enfuis pour sauver ma peau, le cœur battant si fort dans ma poitrine que j'étais sûr qu'il en jaillirait à tout moment, des larmes de terreur dans les yeux, parce que ce que je voulais c'était vivre, et que si pour ca je devais laisser mes alliés derrière-moi je le ferais sans la moindre hésitation. Et si en lisant ses lignes vous jugez que votre réaction aurait été différente, si vous croyez une seule seconde qu'à l'âge de 13 ans vous auriez fait face dans pareil situation, alors félicitation : vous êtes un héros, et vous serez mort bien avant moi. Je les entendais encore discuter calmement dans mon dos tandis que je détalais, comme si ma fuite n'avait aucune importance.

-Tes fanfaronnades viennent de nous coûter un atout précieux, a simplement mentionné le Tatoué. Tu as abimé un fils d'Hadès.

-Il fonctionne encore, a rétorqué la fille avec une terrible indifférence qui suggérait un haussement d'épaule. Et puis, c'est à ca qu'il sert non ?

-Il suffit. Tu parles beaucoup trop et tu laisses bien trop de temps à ta cible, surtout pour une mission d'un tel niveau. Voilà comment on neutralise un EG.

Et ca a recommencé. Le mec était à vingt mètres de moi, j'en suis persuadé. Et soudain, un instant plus tard, il était à coté de moi, la jambe levée. Je n'ai même pas vu le coup partir : soudain, une terrible douleur m'a déchiré l'estomac alors que le mollet de mon adversaire s'encastrait dans mon abdomen avec une force à peine humaine. J'ai ouvert la bouche sur un hurlement de douleur muet, mes poumons vidés du moindre soupçon d'air alors que la force du coup me projetait plusieurs mètres en arrière aussi sûrement que si j'avais été heurté par un autobus, et je me suis effondré au beau milieu du tas de sable qu'avait été Iris. J'ai essayé de me relever à l'aide de mes bras tremblants, mais ils ont aussitôt cédés sous moi dans un terrible éclair de douleur. J'avais si mal que j'aurais pu jurer qu'il m'avait ouvert le bide, si mal que j'arrivais tout juste à penser, mes jambes refusaient de m'obéir. Qu'est-ce qu'il m'avait fait ?!

-C'est un mâle de 13 ans, a exposé l'Agent comme un prof donnant un cours de biologie tout en marchant vers moi à pas rapides. Etant donné sa nature, il est doté de la même constitution interne qu'un enfant humain du même âge. Un coup au plexus solaire comme celui que je viens de lui donner ne suffirait pas à empêcher de bouger un homme adulte, mais peut immobilise un jeune EG pendant plusieurs minutes et provoque d'indicibles souffrances sans pour autant entraîner la mort ou des lésions internes. Un seul coup, aucunes paroles, une seule seconde, voilà ce qu'est une procédure de neutralisation.

-Je suis en fin de formation, a rétorqué la blonde d'un ton tranchant. Je sais tous ca.

-Ah oui ?La femelle que tu a neutralisé a sans aucuns doutes une commotion cérébrale. Nous devions l'avoir en bonne état, et elle va peut-être mourir.

-Tu as bien tué le plus petit, toi.

Soudain, à seulement quelques mètres de moi, l'Agent s'est figé. Pour la première fois, l'incompréhension s'est peinte sur son visage taillé dans le marbre.

Ce qui s'est passé ensuite, c'est tout simplement la preuve que le monde était devenu complètement fou, que le Destin était littéralement mort. Tout pouvait arriver, les pires malheurs... et les plus incroyables coups de chances. L'Agent aurait pu m'envoyer valser dans n'importe-quel direction, j'aurais pu atterrir n'importe-où, mais il m'avait projeté précisément sur les restes d'Iris, en plein dans le tas de sable. Du sable qui maintenant commençait à briller d'une lumière irisé.

En fait, je crois que personne ne saura jamais vraiment ce qu'il s'est produit – on en sait si peu sur la mort des dieux. Peut-être qu'Iris était encore là, quelque-part. Peut-être que ce qu'il restait de son corps physique avait conservé un peu de sa magie. Peut-être que ca n'avait rien à voir avec elle et que c'était un dernier sort des esprits de l'air. Toujours est-il que la poussière a commencée à briller, tout autour de moi, sur mes vêtements et à mes pieds, comme autant de minuscules étoiles irisées. L'Agent a reculé d'un bond face à la donnée imprévue, pour se donner le temps d'évaluer la nouvelle situation.

Soudain, les grains de sables ont semblés se multiplier, de plus en plus vite, en quelques secondes seulement un tourbillon de lumière de plusieurs mètres de diamètre s'est formé juste sous moi... et j'ai commencé à sentir mes pieds s'enfoncer dans le sol. J'ai précipitamment roulé hors du tas de sable, terrorisé, alors que la lumière s'intensifiait pour prendre la teinte si particulière d'un portail-iris. En temps normal, la couleur m'aurait suffit, et j'aurais sauté. Mais quelque-chose me retenait. Une pensée incongrue, ridicule, qui ne me lâchait pas. Ce n'était pas grec. Ce truc, ce tourbillon de sable, quoi que ce soit, n'aurait pas dû pouvoir se trouver là. Ca n'avait rien à voir avec moi, c'était ce que je sentais au plus profond de mon être, dans mes gènes. C'était pas grec. Les dieux soient loués, ca ne m'a retenu qu'un instant. Ces quelques secondes de stupeur passées, mon regard a croisé celui de l'Agent à seulement quelques mètres de moi. Chacun a compris exactement ce que l'autre avait en tête alors qu'il faisait un pas vers moi. Et alors, avant qu'il ne puisse me saisir, j'ai mobilisé la moindre parcelle de mes forces, j'ai réussi à me mettre à genoux une unique seconde, et je me suis laissé tomber dans le tourbillon de sable.

A l'instant où je me suis enfoncé dedans, j'ai senti avec horreur chaque particule de mon corps se détacher les unes des autres, comme si j'étais en train de me décomposer. J'ai essayé de hurler, mais je n'avais déjà plus de cordes vocales. C'est seulement là que j'ai envisagé que peut-être ce truc allait me tuer, que peut-être ce n'était pas un téléporteur quelconque mais bien un puits de sable sans fond. Mon essence était ballotée dans tous les sens, encore et encore, le maelstrom me déformait, me reformait avant de me déchirer à nouveau. Il ne voulait pas de moi, je le sentais d'une façon ou d'une autre, ce qui se passait maintenant n'aurait pas dû pouvoir se produire. C'était comme être broyé dans un mixeur alors que le mixeur lui-même essayait de vous recracher sans parvenir à se débarrasser de vous. Soudain, j'ai senti une main saisir ma cheville, une seconde avant qu'elle se désintègre une nouvelle fois. Une nouvelle essence est entrée en collision avec la mienne, comme si elle essayait de l'avaler, de s'en saisir. L'espace d'une fraction de seconde, j'ai pu entrapercevoir dans le chaos un visage décidé. La blonde. Elle m'avait suivi !Elle s'était jetée dans le tourbillon avec moi !Merde !J'arrivais à peine à réfléchir. Chaque fois que mon corps parvenait à se reformer plus d'une unique seconde une terrible douleur secouait tout mon être au supplice. Oubliez tous les films que vous avez vus : se faire dématérialiser, ca fait mal.

Je saurais pas dire si le voyage a duré quelques minutes ou des heures entières, j'étais pas assez lucide pour ca. Mais soudain, au bout d'un temps impossible à déterminer, j'ai enfin senti mon corps se reformer avec plus d'assurance, pour de bon, et brutalement j'ai été recraché par les sables mouvants, du sable plein les yeux et la bouche.

J'ai roulé sur un sol dur et lisse alors que le froid m'enveloppait brutalement, les oreilles bourdonnantes, haletant et vidé de mes dernières forces. Le passage était peut-être encore ouvert, je n'en savais rien. Je ne pouvais pas rester là. La blonde. Elle allait arriver. Je devais bouger. Mais je sentais à peine mes jambes, j'étais même incapable d'ouvrir les yeux : l'adrénaline retombait, et avec elle tout ce qui restait de mes forces.

Soudain, l'air a vibré, et quelque-chose est tombé non loin de moi.

-Vous les demi-dieux !Toujours un tour dans votre sac !

Puis un autre bruit, que je connaissais des films : celui d'un pistolet qu'on apprête à tirer. Ca a réveillé quelque-chose en moi. Une dernière étincelle d'énergie, de volonté de vivre. Je voulais gagner. Brutalement, j'ai ouvert les yeux et j'ai saisi malgré son hurlement de douleur le poignet de l'Agente sur le point de me mettre une balle. Elle a fait feu et raté son coup sans parvenir à se dégager, soudain terrifiée, alors que mon corps se remettait debout lentement. Ce n'était pas moi qui me relevait, pas plus que ce n'était Hélèna qui avait combattu tout à l'heure. C'était quelque-chose d'animal. De sauvage. J'avais presque l'impression d'assister à la scène depuis l'extérieur de mon corps. Sans pitié, je l'ai saisi par la gorge, impatient de la broyer entre mes dents. Elle a tenté d'articuler quelque-chose, privée d'air, les pieds battants vainement au-dessus du sol alors que je la soulevais à bout de bras. Peter n'avait pas eu le temps de parler, lui. On ne lui avait laissé aucunes chances.

J'ai levé mon autre main, une main tremblante d'impatience et de soif de sang, avec la certitude absolue qu'un seul mouvement suffirait pour la plonger dans la cage thoracique de ma victime et lui arracher le cœur. Et j'adorerais ca. J'adorerais senti son pouls s'arrêter secondes après secondes entre mes doigts tandis que la vie la quitterait lentement.

Soudain, l'humain en moi a eu comme un sursaut de lucidité. Un souvenir qui m'appartenait à moi, Derek, et pas à la bête qui avait prit le contrôle, tentait de remonter à la surface. Derek. Derek Anderson. C'est comme ca que je m'appelais. J'ai rapproché du mien son visage terrifié et furieux alors qu'elle se débattait de plus en plus faiblement. Je l'avais déjà vu. Ce visage.

J'ai murmuré, d'une voix qui n'était plus la mienne :

-Je... te connais...

Et puis la soif de sang m'a abandonnée, aussi brutalement qu'elle était apparue. J'ai soulevé la fille plus haut encore, et je l'ai jetée dans le tourbillon de sable qui n'avait toujours pas disparu. Elle a poussé un cri de terreur en s'enfonçant dans ses profondeurs direction la Bibliothèque du Congrès, juste avant qu'il ne disparaisse comme s'il savait avoir terminé sa mission.

Dés que j'ai été seul, je suis redevenu moi-même, à nouveau sans force. Je me suis laissé retomber sur le sol comme un arbre abattu, le nez dans la poussière.

Il y a eu un instant de silence parfait. Ou une minute. Ou une heure, pour ce que j'en sais j'ai peut-être même perdu conscience. La douleur disparaissait peu à peu, comme l'Agent l'avait annoncé. J'ai enfin rouvert les yeux et recraché du sable pour découvrir un long quai d'embarquement dallé, dans le prolongement d'un sombre tunnel où s'étendaient des rails. Un quai de gare. Iris – ou ce qu'il en restait – m'avait envoyé dans une gare, sur un quai à l'abandon. Le message était clair : pars, continue seul. Je n'étais certainement pas celui qu'elle aurait voulu sauver – c'aurait été Hélèna – mais la déesse avait fait ce qui était en son pouvoir à ce moment-là.

Seul. J'étais seul. J'étais seul parce qu'on avait été vaincus, parce qu'on avait perdus. A cette pensée, une terrible colère a explosé dans mon estomac, incontrôlable, pire encore que la douleur. Ils m'avaient battu. Ils m'avaient battu.

J'ai ouvert la bouche pour pousser un cri de fureur, la queue battante, mais ce qui en a jaillit c'est un rugissement bestial, titanesque, qui a fait vibrer chaque os de mon corps, les murs, même le sol sous mes pieds. On aurait dit le hurlement d'un monstre. J'ai aussitôt plaqué une main tremblante sur ma bouche, horrifié. Mais qu'est-ce que j'étais ?Putain, qu'est-ce que j'étais ?! Mon cri a emporté toute mon énergie en même temps que ma fureur.

J'aurais pu passer encore des heures entières dans cet état, à genoux dans le sable, à revoir la scène qui venait de se jouer sous mes yeux. Que faire juste après un truc pareil ?Je n'arrivais pas à simplement continuer ma route, à passer à la suite. C'était juste trop incroyable, trop terrifiant, j'étais incapable de poursuivre comme si de rien n'était. Ils avaient tués Peter. Pas de combat, pas de magie, juste une balle. Soudain, j'ai réalisé que j'aurais juste voulu pouvoir en parler à quelqu'un, n'importe-qui, juste que quelqu'un sache. Si j'avais eu juste un an de moins – et si j'avais été ce genre de gars – j'aurais même pu en pleurer.

Quand soudain j'ai entendu un son léger, à peine audible, derrière-moi. Comme si un oiseau venait de se poser.

-Vous le saviez, pas vrai ?, ai-je simplement demandé sans me retourner ni même me relever. Vous saviez que ca se passerait comme ca. C'est vous qui nous avez livrés à l'OMEGA.

-En effet, je le confesse, a fait la voix enjouée d'Arsène Lupin dans mon dos. Ils étaient sur vos traces depuis l'incendie du Madison, juste comme le jeune Tristan l'avait souligné. Tôt ce matin, l'OMEGA a reçu un message anonyme accompagné d'une rose rouge, un message qui leur assurait que les demi-dieux de la prophétie seraient à la Bibliothèque du Congrès à l'heure dites.

-Vous nous avez piégés. Vous nous avez mentis.

-Mentis ?Mais comment donc ?Le Livre était bel et bien à la bibliothèque, n'est-il pas ?Vous seul avez prit la décision d'aller l'y quérir, vous écartant par là même de l'objet de votre périple au mépris des réticences de la demoiselle que vous venez d'abandonner à la mort. La demoiselle Harper, j'entends, et non celle que la bête en vous s'impatientait de dévorer, cela va de soit !A l'heure qu'il est ils doivent plus que certainement la faire sortir de la Sixième Section sur un brancard, avec de faux infirmiers, avant de la charger dans une ambulance plus vraie que nature sous les yeux de mortels qui devant ses nombreuses contusions ne croiront alors qu'à un quelconque accident, une chute dans les escaliers. Et alors, une fois ce véhicule au loin, personne jamais plus ne la reverra.

-Ils nous auraient retrouvés, tôt ou tard. Mais vous, vous vouliez que l'OMEGA nous coince là-bas, à la bibliothèque. Vous vouliez que le Livre tombe entre les mains des mortels avec nous.

-Vous avez décidemment l'esprit des plus aiguisés, lorsqu'il s'agit de tromperies. Cependant, ici vous vous fourvoyez. Je vous ai aiguillé vers le Livre car vous le vouliez, rien de plus, mon souhait était avant-toute chose que vous, Majesté, tombiez entre leurs mains. Il me fallait vous placer en un lieu où le temps lui-même se jouerait de vous afin que ceux qui vous traque aient tout loisir de vous y confiner, et de vous capturer. Malgré cela, vous avez su en réchapper à grandes pertes. Je saurais bien-sûr vous envoyer dans leurs bras d'un élégant mouvement, mais vous avez gagné cette manche de notre jeu par votre félonie, chose que je respecte. En les circonstances vous rencontrerez sans nulles doutes la personne que j'ai besoin de voir parmi vos connaissances en temps voulu. Qu'allez-vous faire, à présent ?

Sans que je sache vraiment pourquoi, la question a fait exploser toute la colère en moi. D'un seul mouvement, j'ai fais volte-face et j'ai jeté mon poignard, qui est allé se planter dans le mur d'en face. Lupin n'était nul-part.

-Savez-vous ?, a fait sa voix enjouée à mon oreille. Je vais vous accorder une question, Majesté. Une seule. Je jure sur le Styx de répondre avec honnêteté à votre prochaine question quelle qu'elle soit, je vous dirais ce que vous voudrez savoir sans le moindre mensonge.

-Quel est votre objectif ?, ai-je aussitôt demandé en me retournant une nouvelle fois.

Je n'ai pu qu'entrapercevoir sa cape du coin de l'œil alors qu'il filait sur ma droite. Il essayait de me rendre dingue.

-Qu'est-ce que vous voulez ?Qu'est-ce que vous voulez vraiment, pourquoi vous faites tous ces trucs insensés ?!

Lupin a éclaté d'un rire cristallin. Je me suis retourné une nouvelle fois, mais il n'y avait personne. C'était à devenir fou. Maintenant, sa voix semblait provenir de partout à la fois.

-Vraiment ?Parmi toutes les questions que vous auriez pu me poser, tous ce que vous auriez pu demander, c'est cela qui vous est venu à l'esprit ?!J'aurais pu vous révéler n'importe-quoi, seigneur. Votre véritable identité, votre ascendance, tous mes secrets, les lois du monde elle-même me tenait dans le devoir, et c'est ainsi que vous vous jugez opportuniste ?A l'instant, je vous ai dis avoir envoyé un message à l'Organisation d'Eradication du Greco Anormal. Vous êtes trop bon stratège pour ne pas avoir saisit que cela impliquait nécessairement que je connaisse la position de vos amis. J'aurais pu vous dire où trouver la ravissante Hélèna Harper, sir. Mais vous l'avez abandonnée.

Il est enfin apparu devant moi, sa cape noire claquant au vent, un sourire amusé étiré sur ses lèvres. Pour lui, tout ca n'était qu'un jeu. Une fureur animale a explosé dans tous mon corps, si primitive que seule la certitude qu'il disparaîtrait aussitôt m'a empêché de me jeter sur le voleur pour l'éventrer de haut en bas. Il l'avait fait exprès. Il savait précisément ce que j'allais demander. Et le pire, c'était qu'il avait raison. Je l'avais abandonnée. Il m'avait fait ca simplement pour me voir renoncer à Hélèna. Pour me prouver que j'étais ce que j'étais.

-Vous avez juré, ai-je craché entre mes dents. Sur le Styx.

-Je veux vous renvoyer à votre trône, a simplement répondu Lupin en rabattant le bord de son haut de forme sur ses yeux. Je veux vous ramener là où tous a commencé pour vous comme pour moi, à l'entracte de notre tragédie.

Une lueur qui n'avait plus rien à voir avec la lueur enjoué qui animait d'ordinaire son regard a surgie dans ses prunelles dissimulées dans l'ombre. Son sourire s'est élargi, à peine, presque imperceptiblement, tandis qu'il concluait :

-Je veux vous rendre votre couronne.

Un vers de la prophétie a résonné dans mon crâne, comme en écho : « la couronne invisible reniera son souverain ». Mais j'étais bien trop furieux pour y prêter véritablement attention.

-Vous avez juré !, ai-je répété en tremblant de fureur, VOUS AVEZ JURÉ! Dite-moi la vérité, sans énigme, sans tour de passe-passe, dites moi pourquoi vous avez fait ca pauvre cinglé de fils de chienne !

Lupin a gentiment secoué l'index, l'air de beaucoup s'amuser.

-Ho ho, une seule et unique question, votre altesse. Ne soyez donc pas si mauvais perdant. Peut-être aurait-il alors fallut mieux poser votre question, n'est-il pas ?

-ENFOIRÉ !

-J'ai toujours grand plaisir à jouer avec vous, majesté. Voici des siècles que vivre ne s'était pas avéré tant amusant !Le dénouement est si proche...

Là-dessus, il s'est incliné d'un geste parfaitement maîtrisé, avec élégance. J'ai compris qu'il allait disparaître. Et ca m'a mis dans une telle rage que l'espace d'un instant tout ce qu'il y avait d'humain en moi a foutu le camp à nouveau. Je me suis jeté sur lui avec un hurlement animal, la queue battante. Et bien entendu, à l'instant même où j'allais le saisir pour le mordre sauvagement, il a disparu sans laisser de traces. Je me suis effondré au sol, soudain seul.

Je croyais que tout était fini, quand soudain, quelque-chose m'est tombé sur la tête, une large feuille de papier. Je l'ai écarté avec agacement et aussitôt une autre l'a remplacée, puis une autre, et encore une autre. J'ai levé les yeux, médusé. Il pleuvait des pages de journaux. Littéralement, les journaux apparaissaient au plafond comme surgis de nul-part, à la manière d'Arsène Lupin, puis ils descendaient lentement jusqu'au sol. J'en ai attrapé une page au hasard. C'était la une. C'étaient toutes la une. Elle parlait de l'incendie à l'Empire State Building. Mais ce n'est pas ca que Lupin voulait que je regarde, je l'ai compris tout de suite.

« Il me fallait vous placer en un lieu où le temps lui-même se jouerait de vous afin que ceux qui vous traque aient tout loisir de vous y confiner, et de vous capturer »

C'était la date. La date qui mettait en évidence un problème tout nouveau, peut-être plus grave que tous les autres, et auquel en gros débutant qu'ont étaient aucuns de nous trois n'avaient prit garde quand on avait décidés d'entrer dans la Bibliothèque. La Sixième Section de la bibliothèque était un lieu magique. Et j'y avais passé huit jours.

Très vite, j'ai réussi à comprendre que j'avais été envoyé à Louisville, une ville à plusieurs jours de voyage de Washington. Iris m'avait fait gagner un temps précieux en m'envoyant si loin, surtout dans une gare. Juste à temps, je me suis souvenu de ce que Thalia avait dit sur l'OMEGA surveillant tous les transports. J'aurais pu voler un billet, mais je ne voulais prendre aucuns risques, pas maintenant. Alors je me suis glissé jusqu'au quai d'embarquement, et à l'insu des mortels qui allaient et venaient en masse partout dans la gare, je me suis hissé dans un wagon qui ne contenait que de lourdes caisses. C'était dangereux, mais j'étais à bout de forces. J'ai passé tout le trajet assis sur l'une d'elle, dans le silence le plus total. D'abord, j'allais rejoindre la prochaine ville. Ensuite je verrais bien comment m'y prendre pour continuer – je pouvais pas me permettre de rester dans les transports en commun, surtout le train, tôt ou tard l'OMEGA viendrait me cueillir sur le quai. C'était l'important, continuer en direction d'Olympie. Si je comptais bien, il ne me restait que cinq jours, j'en avais foutu en l'air une bonne moitié.

C'était étrange de retrouver ce silence, un silence de cambriolage. Ca faisait des jours que les piaillements d'Hélèna m'avaient accompagné partout, j'en étais presque venu à oublier ce qu'était la solitude. Et, pour la première fois, je me suis rendu compte qu'à chaque fois que j'étais avec Peter je sentais sa présence dans mon esprit, de façon diffuse, presque inexistante, mais elle était là. Il n'y avait plus rien de tous ca, maintenant. Peter était mort. J'étais pas sûr de ce que je ressentais à ce propos. C'était la première fois que cette pensée prenait une vraie réalité dans mon esprit, maintenant que j'avais enfin le temps d'y penser. Aussitôt, j'ai décidé de cesser d'y penser. J'étais un pro, à ce jeu là. Aller de l'avant, se concentrer sur l'essentiel – sur moi. Ouais, un vrai pro. Ca allait passer, comme d'habitude. Après tout, c'était prévu. J'avais réussi.

C'était exactement ce que je voulais. Peter et Hélèna avaient remplis leur utilité, désormais j'avais peut-être une chance de survivre à cette histoire. Seul, comme je le voulais. Alors quoi ?Pourquoi j'y pensais encore ?C'était quoi, ce truc au fond de ma poitrine ?Ca faisait mal. Je détestais ce qui faisais mal et que je ne pouvais pas tuer, et je détestais encore plus ne pas savoir qui était mon ennemi. Pourquoi je pensais à tous ca ?

« Tait-toi et cours ! »

« Ta famille, c'est nous. On est cousins, Derek. »

« Si tu sais que le courage est le seul moyen de survivre, tu n'as plus aucunes raisons d'avoir peur. »

« On doit le retrouver. Il est tout seul, c'est sa première quête !»

« -Qu'est-ce que tu peux être de mauvais poil, le matin... »

« J'avais tellement peur que tu ne te réveilles pas! »

C'était juste des souvenirs. Voilà ce qu'était ces deux là, des souvenirs. Il me suffisait d'arrêter d'y penser et puis voilà, c'était fini ! J'arrivais pas à comprendre pourquoi je n'étais pas satisfait. Pourquoi j'étais pas... heureux. Alors que tous s'était passé exactement comme prévu, hein ?J'avais eu ce que je voulais, enfin tranquille, un coup de maître sur mon échiquier diabolique : Peter et Hélèna m'avaient permis de m'enfuir, j'étais débarrassé d'eux et la prophétie suivait son cours : j'étais le Traître Aux Cheveux d'Argent. Je les avais trahis, j'avais abandonné Hélèna. Pour une fois pas de sens caché, de confusions, non, le traître aux cheveux d'argent était un putain de traître avec des cheveux faits en argent. C'est juste que c'était si... tôt. Je n'avais pas pensé que ca arriverait si vite, qu'ils mourraient si facilement. J'étais déstabilisé, c'est tout.

-De toutes façons je sais pas où elle est..., ai-je grogné pour moi-même.

C'était vrai, après tout. Personne ne savait où était basé l'OMEGA, ce n'est pas pour rien qu'on ne retrouvait jamais ceux qu'ils emmenaient.

Soudain, la porte du compartiment s'ouvrit dans un grincement, me tirant de mes pensées. Je me suis jeté derrière la caisse, aux aguets. Est-ce que je parviendrais à assommer un contrôleur ?J'allais pas tarder à le savoir. Je m'apprêtais à jaillir de ma cachette quand une voix s'est élevée. Une voix d'enfant, un garçon plus jeune que moi, dix ou onze ans :

-Tu vois ?C'est ridicule, il n'y a rien ici.

-Cette magie, tu l'as ressentie comme moi, non ?, a répliqué un autre.

J'ai sursauté. Les intonations étaient différentes, mais c'était presque exactement la même voix. Elle a continué :

-On a retrouvé les traces, quelqu'un a ouvert un portail !Y avait du sable. Et j'ai ressenti le Livre !Donc si on est pas trop bêtes, quelqu'un a ouvert un portail et il a embarqué le Livre avec lui hors de l'endroit où il se trouvait. P'têtre que finalement c'est moi le frère intelligent.

-Oui bon, que toi tu ressentes le Livre... tu suis la Voie d'Horus, quoi !La Voie de Thot...

-Je suis un double cursus, d'accord ?J'ai plus de mal avec la Voie de Thot, mais je cherche l'énergie du Livre depuis bien assez longtemps pour la reconnaître à la moindre émanation, et ca, c'était carrément une explosion d'énergie, comme si elle pouvait enfin se répandre après avoir été longuement enfermé dans un lieu où elle était confinée !Je suis catégorique, je l'ai senti.

-Sur le quai, oui. Ca ne veut pas dire qu'il a prit le train. On aurait dû prendre le temps de fouiller la gare ou au moins attendre pour faire ce sort de localisation, comme je l'avais dis.

-Le Livre de Rê est sorti de la Bibliothèque, et toi t'aurais voulu attendre ? Pour qu'il se carapate à nouveau ?Franchement, Julius !T'es vraiment comme Papa...

J'ai cru que l'autre allait répliquer, mais seul un silence tendu lui répondit. Au bout de quelques secondes, le dernier reprit la parole d'un ton gêné :

-Désolé... enfin...

-C'est rien. On est ici pour ca.

-Mais comment on va faire ?Il était ici, quelque-part, c'est sûr !Je sens son pouvoir, comme...

-...comme à la Bibliothèque de Washington, a coupé une troisième voix, celle d'une fille plus âgée. On y est allés des millions de fois pour te regarder raser les murs, des hiéroglyphes tracés sur les mains, en jurant que tu sentais son pouvoir ! Mais on n'a jamais rien trouvé d'autre que cette mécréante de bibliothécaire qui nous fout toujours dehors après une heure ou deux. Pourquoi penses-tu que je suis la dernière à accepter de vous accompagner ?T'es aussi fiable qu'un diseur de bonne aventure, Amos !

-Cette fois-ci il faut qu'on y arrive, on peut pas rentrer sans rien !Si on échoue encore on va vraiment achever de ridiculiser le nom des Kane, la seconde partie du Livre de Rê est ici je le jure !

Je comprenais rien, mais une chose était claire : quelqu'un d'autre que moi cherchait le Livre. Un troisième camp qui n'avait sûrement rien à voir avec la Colonie ou l'OMEGA, des gens qui le traquait depuis peut-être bien plus longtemps sans succès, qui avaient été mit au courant de mon arrivée sur le quai, et qui étaient convaincus que le Livre y était venu avec moi. Sauf que ce n'était pas le cas, dans ma terreur je n'avais même pas pensé à l'attracter, le Livre était entre les mains de l'OMEGA maintenant, ils n'avaient pas pu manquer de le voir sur le corps de Pet...

Et alors, je me suis souvenu. Peter. La page qu'il avait arraché juste avant de... de tomber en arrière. Les yeux écarquillés par l'horreur et la révélation. J'ai plongé une main dans ma poche, lentement, et j'y ai aussitôt trouvé ce que je cherchais. Une boule de vieux papier. Une page du Livre. Celle que Peter lisait, ce qu'il avait essayé de me dire, de me hurler. C'était ca que les deux gamins à seulement quelques mètres de ma cachette étaient en train de pister. J'avais une page du Livre, bordel !Aussitôt, j'ai eu terriblement envie de la lire. J'ai ressenti ce qu'avait ressenti Peter, ce qu'avait ressenti sa mère des années plus tôt. J'avais envie de savoir ce qu'il y avait dessus. J'avais envie de le savoir maintenant, sans attendre, même si je devais mourir les yeux sur ce papier. Je l'ai déplié, les mains tremblantes d'excitation et d'impatience.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro