Mission (réellement) impossible
Après le flash de lumière, il m'a fallut quelques instants pour retrouver l'usage de la vue.
Je n'entendais plus rien. Les hurlements des Agents, les cris de terreurs de mes alliés, les coups de feu assourdissants, tout avait cessé. J'ai senti presque à regret l'essence de Cronos s'extirper hors de mon corps dont il était trop affaibli pour prendre possession, furieux mais ivre d'une joie mauvaise devant sa liberté retrouvée.
Et ce que j'ai compris en ouvrant enfin les yeux, c'est que si j'avais fais un pacte avec n'importe-quoi d'autre au monde que le seigneur du Temps, j'aurais clamsé.
Il y avait une bonne trentaine de balles qui fusaient vers nous. Ce que je veux dire c'est qu'elles fusaient encore vers nous, le temps qu'il me restait avant d'y passer était très en-dessous d'une seconde. L'une d'elle était à trois centimètres de mon front, deux autres de mon ventre, une dernière de mon cœur. Même les fragments brisés de la bulle d'énergie n'avaient pas eu le temps de s'évaporer, ils flottaient autour de nous comme autant d'éclats de verres dans de l'eau. Cronos avait arrêté le temps. Non, pas arrêté. Les balles avançaient encore, terriblement lentement. Les hommes de l'OMEGA qui nous encerclaient se mouvaient comme dans de la mélasse.
Le Seigneur des Titans flottait maintenant à travers la pièce sous la forme de multiples volutes de lumières jaunâtres. Je m'attendais à carrément pire, je dois dire. Il avait juré sur le Styx de m'aider à m'échapper, ce qu'il avait fait dans une certaine mesure. Et maintenant ?
Pendant un instant on est tous restés coïts, tellement stupéfaits que j'ai presque cru les autres figés aussi. Puis, lentement, j'ai ouvert une main et attracté toutes les balles en suspension dans l'air avant de les balancer par terre, juste au cas où.
-Il faut qu'on se casse, j'ai comme l'impression que ca va pas durer longtemps.
-Mec... qu'est-ce que t'as fais ?, a murmuré Jeoffrey.
-C'est quelle sorte de magie ?, a renchérit Laetitia en me détaillant comme si elle cherchait un hiéroglyphe je ne sais où.
-J'ai très certainement voué à l'extinction la race humaine, ai-je résumé. Mais la bonne nouvelle c'est que je l'ai fais juste à temps, si j'ose dire.
-Tu as... quoi ?
-Ouais bon, le risque zéro n'existe pas !
Je venais de faire une horrible, terrifiante bêtise, trop énorme même pour mériter ce nom. La Colonie avait combattu Cronos par deux fois à grandes pertes, les deux fois il avait faillit détruire le monde. Cinq ans pour le vaincre, cinq secondes pour le relâcher dans la Nature. Mais je n'avais aucuns remords. Cronos risquait de détruire le monde mais je me foutais bien de protéger ce foutu univers si je devais crever pour ca. J'allais mourir fusillé, rien d'autre ne comptait.
Un instant avant de partir j'ai regardé Pandore dans sa boîte fixée aux Portes de la Mort loin au-dessus de nos têtes. Cronos ne posséderait jamais son corps à présent, il était trop affaibli pour le faire sans aide. Et je souhaitais de toutes mes forces que ca signifie qu'elle n'ouvrirait jamais les yeux.
Soudain la main d'Aurore s'est abattue sur mon épaule :
-LA PORTE !
J'ai cru qu'elle parlait des Portes de la Mort avant de m'apercevoir qu'elle désignait l'immense porte coulissante sur le mur par laquelle j'étais entré, en train de s'abaisser, à vitesse normale, pour nous enfermer dans la pièce. Une alarme plus perçante encore que celle des exercices d'alerte incendie au collège a retentit à travers le QG de la division américaine tout entier.
-Mais comment...
J'ai regardé Elric Harper. Son visage presque figé déformé par tout un monde d'émotions boueuses. Il avait un petit boitier à la main, et j'étais prêt à parier qu'il avait appuyé sur ce bouton dans sa fureur juste avant que Cronos ne déforme le temps. Par simple prudence il avait activé l'état d'urgence. J'ai hurlé :
-MAGNEZ-VOUS LE CUL !
Ont étaient beaucoup trop loin de la porte, jamais on y serait à temps. Mais le temps et moi, ont avaient passés un marché. Ramon a prit Hélèna toujours inconsciente dans ses bras, Jeoffrey a chargé l'égyptien évanoui sur son épaule, et soudain on s'est élancés à une vitesse fulgurante.
-Parlesdieuxmaisc'estquoicommemagie ?!, a glapit Scarlet à toute allure en s'empêtrant presque dans ses jambes qu'il ne voyait plus.
On était rapide. Pas réellement, pas physiquement, mais... temporellement. Cronos nous faisaient accélérer de la même manière qu'il avait ralentit les Agents. Mon esprit peinait à assimiler, c'était presque douloureux, en un instant on a parcouru la moitié de la distance jusqu'à la porte et pourtant je me souvenais de chaque pas, chaque respiration haletante.
Sauf que j'étais pas James Bond. Et soudain, comme un con, déstabilisé par cet étrange sortilège, j'ai trébuché. Je me suis étalé sur le sol de roche, au pire moment possible, alors que deux secondes plus tard les autres passaient la porte à la vitesse Cronos. Je me suis relevé avec précipitation et j'ai aussitôt recommencé à courir... à la vitesse d'un mec de treize ans qui aime pas le sport.
-C'est quoi ces conneries ?!
Je sentais l'esprit de Cronos flotter aux alentours, s'attardant, se moquant de moi. Il avait respecté sa part du marché, il était réellement trop faible pour en faire plus aujourd'hui. Et ca l'amusait.
-Je reviendrais, petit prince..., m'a susurré la voix avec délectation. Je reviendrais reprendre ce que tu m'as volé...
Et là-dessus, sa présence s'est évaporée. Le temps a reprit son court normal, la porte a commencé à s'abaisser encore plus vite et les hurlements des agents et les coups de feu ont recommencés à retentir dans mon dos comme si on avait arrêté la pause.
Je me suis remis à cavaler, à ce qui me semblait maintenant au ralentit, désespéré.
-ARRÊTEZ-LE !, a hurlé Harper hystérique derrière-moi. ARRÊTEZ CE PUTAIN DE MONSTRE !
Une balle a effleuré ma tête et ripé sur mes cheveux en argent dans une petite pluie d'étincelle. Les égyptiens me hurlaient des encouragements, agenouillés pour me voir derrière la porte presque close. Trois mètres. Deux mètres. Je ne voyais plus que leurs mollets, maintenant.
-NEUTRALISEZ-LE MEEEEERDE !
Je me suis jeté sous la porte déjà trop basse pour laisser passer qui que ce soit accroupi en glissant dans un tacle avec l'énergie du désespoir, terrorisé à l'idée de rester seul avec les Agents, et un seul centième de seconde avant qu'elle ne s'abatte sur le sol ma dernière mèche de cheveux est passée.
Je me suis redressé sur mes genoux tremblants, ma vision teintée de rouge. J'ai cru un instant que j'allais mourir avant de comprendre qu'il s'agissait de la lumière écarlate des sirènes alignées tous les dix mètres sur les murs qui hululaient à travers tout le QG. Des centaines de costumes-cravates surentraînés étaient lancés à notre recherche, fallait pas traîner. Marco et Aurore ont tentés de m'aider à me relever mais j'ai aussitôt vomi le peu que j'avais eu le temps de manger avant de partir avec des borborygmes à fendre l'âme. C'était beaucoup trop de pression, beaucoup trop de peur. J'aurais voulu être absolument n'importe-où sur Terre sauf ici.
Il y a eu un instant de silence.
-Hé ben quoi ?!Vous vous croyez en sécurité ?!Faut qu'on se casse !
-Pas sans les nôtres, a rétorqué calmement Ramon.
-Mec, t'es sûr de m'avoir compris ?!C'est l'alerte rouge là, j'm'entends à peine penser, toute l'OMEGA est en train de nous chercher, d'une seconde à l'autre ils vont...
-Ont avaient un accord, on t'aide à sauver ta copine si tu nous aide à sauver nos amis. On a besoin de toi pour ouvrir les menottes et les cellules. Y a ma petite sœur dans le lot, c'est clair ?
J'ai failli lui hurler que notre accord ne tenait plus, que maintenant qu'ils étaient sortis de mon corps ont avaient qu'à se séparer mais, ils étaient tous plus grand que moi, Ramon faisait deux fois ma taille et n'avait pas l'air d'humeur à négocier, je n'arriverais jamais à porter Hélèna sur tout le chemin ni à sortir de là sans aide, j'avais méga la trouille et cette base était le dernier endroit au monde où je voulais rester seul. Finalement j'ai poussé un hurlement de rage et je me suis précipité en avant, sans savoir si j'essayais de les semer ou si je courais à leurs cotés.
-La grande magie c'est fini, m'a informé Ramon en haletant. Un bouclier à la limite, mais les explosions et les métamorphoses... on n'est pas des hôtes.
J'ai répondu par un vague grognement.
On n'est pas allés bien loin. Dés le prochain tournant, on est tombés nez à nez avec pas moins de dix agents en train de descendre un large escalier flingues braqués sur nous. Et à leur tête, il y avait le Tatoué. Il avait ramené des renforts.
-Lâchez vos armes et allongez-vous par terre à plat ventre. Je veux voir vos mains.
-C'est pas... vous étiez avec les autres !, me suis-je étranglé. Dans la caverne !
-PAR TERRE, MAINTENANT.
On n'a pas idée de la force de persuasion d'un flingue braqué sur vous. A moins d'être préparé à ca, entraîné, y a comme une partie de votre cerveau qui décroche. Cette fois-ci pas moyen de faire le con, je me suis mis à genoux avec les autres, lentement, furieux.
-J'ai dis à plat ventre, a craché le Tatoué. Maintenant. Quand à toi petit il suffirait d'un mot, ouvre la bouche même pour dire « maman » et ce sera ta dernière ruse.
Il avait tout compris. On a obtempéré, beaucoup plus vite encore, en laissant gire à coté de nous Hélèna et le cadet des égyptiens tout deux inconscients. On avait perdu. On n'avait même pas pu aller plus loin que le troisième virage. C'était ca, le monde réel. Une poignée d'ado dans les locaux d'une organisation plus puissante que le gouvernement, on n'avait jamais eu la moindre chance.
-C'est ca. J'ai besoin que vous soyez à terre, à plat ventre. Parce-que je veux être sûr qu'aucuns de vous ne prenne une balle.
Vous trouvez ces paroles insensés ?Attendez la suite. Soudain, le Tatoué a retourné son arme contre l'homme à sa droite. Avant même de tourner la tête l'Agent s'est prit une balle, puis celui à gauche, et un troisième. Le temps que les hommes en costume comprennent ce qui était en train de leur arriver la moitié d'entre eux étaient tombés raides morts au-bas des marches. Le Tatoué a saisit le poignet d'un de ses derniers subalternes stupéfaits alors qu'il pointait son arme sur son propre boss et lui a cassé le bras tout en se servant de lui comme bouclier humain tandis que les quatre autres sortaient enfin de leur stupeur pour tirer presque à bout portant sur leur propre pote au bras pété, jusqu'à ce que deux d'entre eux s'effondre à leur tour de quatre balles dans la poitrine et d'une en pleine tête, puis notre sauveur a balancé le corps qui l'avait protégé jusque-là dans les bras d'un des deux survivants tandis qu'il flinguait l'autre et a exécuté le dernier. Le tout dura en tout et pour tout dix secondes et fut la cause de bien de mes cauchemars pour le restant de ma vie.
-J'ai peut-être oublié de charger mes armes avec des balles en orichalque, aujourd'hui, a simplement fait le Tatoué.
On est restés allongés par terre, sidérés, incapable de donner un sens à ce qui venait de se passer.
-Vous devriez vous relever. La prochaine patrouille ne devrait plus tarder.
-Pou... pourquoi ?, a simplement demandé Aurore en se relevant en tremblant.
-Parce-que c'est mon grand-père, a dit une voix dans nos têtes. Paul Blofit.
Quelqu'un est apparu en haut des escaliers. Une seconde j'ai été incapable de dire qui j'avais devant les yeux. Je me suis relevé, sans même m'en rendre compte, oubliant tout le reste.
Il avait encore ses deux épées à la taille, mais il avait remit ses lunettes et enlevé sa cravate. Ses cheveux naturellement ébouriffés avaient reprit leur apparence normale, comme s'il s'était décoiffé dés qu'il en avait eu l'occasion. Il arborait un petit sourire supérieur qui ne pouvait appartenir à personne d'autre, pas même à son alter-aego maléfique. C'était pas Delta, au sommet de ces marches. C'était Peter Jackson.
Il nous a rejoins en quelques bonds. Les égyptiens hésitaient à reprendre leurs armes, leur regard allant de Peter au pistolet dans la main du Tatoué. Moi, j'étais incapable de dire quoi que ce soit qui ait du sens. Soudain, son bras est parti en arrière et il m'a envoyé un grand coup de poing dans la gueule qui a fait sursauter tout le monde.
-Ca c'est pour avoir vendu Hélèna à Iris. Je l'oublierai jamais.
J'étais tellement stupéfait que j'étais incapable de me mettre en colère, ni même de réagir. C'était irréel.
-Alors, dis-moi, ca fait quoi à un fils d'Hermès de s'apercevoir qu'il a été dupé par un gamin de dix ans ?
-Tu... t'as jamais...
-Oh, j'ai été assommé par la balle en orichalque à la biblio, ca oui. Mais tout le reste, c'était...
-C'est pas possible. C'est pas possible, tu peux pas être...
-On n'a absolument pas le temps pour les explications, a coupé le Tatoué. Vous parlerez en marchant. En courant.
-Très bien.
-Pourquoi on vous ferait confiance ?, a coupé Ramon en pointant son bâton sur le Tatoué.
-Parce-que je viens de sauver vos vies, a rétorqué l'adulte. Parce-que toutes les portes du niveau neuf sont équipées de serrure à empreinte digitale ou vocale et que je suis une des seules personnes à avoir le bon niveau d'accréditation. Parce-que vous vous apprêtiez à monter dans les quartiers des officiers.
Je n'ai pas pu m'empêcher de regarder autour de nous. Dix hommes gisaient là dans une mare de sang. Je me suis rendu compte que malgré toute la violence à laquelle j'avais été confronté jusqu'à maintenant je n'avais jamais vu ca. Un homme mort. C'était aussi ca l'OMEGA, toute la barbarie et la violence du monde réel, des morts qui ne tombaient pas en poussière comme des ennemis dans un jeu vidéo.
-Vous... vous les avez tous tués ?, ai-je murmuré bêtement en oubliant Peter une seconde.
-Bienvenu dans le monde des adultes, si je m'étais contenté de les assommer ils se seraient fort bien souvenus de ma trahison une fois réveillés. Et c'est la première fois que je n'ai aucuns regrets en appuyant sur la gâchette.
-C'était vous, pas vrai ?Le mec qui a tué l'Agent qui allait me casser le bras, tout à l'heure. Vous... vous m'avais sauvé la vie.
-Juste avant de m'éclipser avec Peter, oui. Dans le chaos personne ne s'est rendu compte de rien. Si vous êtes ici je suppose que vous avez gagné la bataille ?
-Vous éclipser avec... Peter a jamais été...
-Ce que t'as fais, amener des gens armés ici, c'était l'occasion rêvé pour un truc prévu depuis longtemps. On pouvait pas intervenir, on a été obligé de compter sur vous pour trouver un moyen de vous sauver par vous-même – les dieux soient loués vous l'avez fait. Ont étaient en train de revenir après avoir réglé un dernier détail quand l'alarme a retentit, et on a croisé la patrouille en chemin. Au passage, quand on sera sortis d'ici j'aimerai comprendre où tu as trouvé ce charmant pyjama et de nouvelles marionnettes dont les pouvoirs, j'en suis sûr, n'ont rien à voir avec ceux des demi-dieux.
-Il faut partir, maintenant, a reprit le Tatoué. Mes hommes sont en train de compliquer autant que faire se peu la traque menée par les hommes d'Elric Harper, vous avez été soit disant repérés à plus de sept étages différents depuis le début de l'alerte, mais ils ne convaincront personne bien longtemps.
-Parce que y en a d'autres comme vous ?!, ai-je balbutié.
L'homme en costume a fait volte-face et s'est mit à courir sans plus attendre. On s'est élancés derrière-lui, peut-être parce-que c'était la seule décision logique. Il venait de tuer pour nous après tout.
-Nous devons libérer nos amis !, a précisé Ramon de sa voix de héros par-dessus le hurlement des sirènes.
-Nous allons aux cellules. Ensuite je vous ferai sortir d'ici.
-Je comprends toujours pas, ai-je haleté. On va vraiment se contenter de ca ?!Ca n'explique rien !(j'ai regardé Peter qui avait presque l'air de s'amuser) T'as pas été embrumé ?!Et le mec qui t'a tiré dessus c'est... ton grand-père est un membre de l'OMEGA ?!Pourquoi tout le monde a un membre de l'OMEGA dans sa famille sauf moi ?!Et... il a essayé de te tuer, putain il t'a tiré dessus !
-Tu crois vraiment que j'aurais froidement abattu mon petit-fils pour ne pas mettre en danger ma couverture ?Quand j'ai reçu l'ordre de vous capturer à la Bibliothèque je n'ai pas pu faire autrement que d'obéir, mais si j'ai exigé d'y aller en personne c'était pour vous protéger – ils voulaient vous envoyer Jack l'Eventreur.
-Vous... vous avez tiré sur lui !
-Pour lui sauver la vie. Nous avions ordre de prendre Peter et Hélèna morts ou vifs, et mes recrues, les deux enfants qui m'accompagnaient, étaient bien assez forts pour les éliminer. Surtout Dray, le garçon, je ne voulais pas lui laisser le temps d'utiliser ses pouvoirs. C'est à cause d'eux que je n'ai pas eu d'autre choix que de tuer Iris. J'ai voulu vous neutraliser avant qu'ils ne le fassent et ne tue tout le monde dans le feu de l'action, j'ai tiré sur Peter en pleine tête pour simuler une intention de tuer clair et nette en sachant pertinemment qu'à cette distance il ne ferait que perdre connaissance. Etant donné son âge je savais que l'Organisation voudrait en faire un Embrumé. Juste après que tu te sois enfui, j'ai laissé penser à mes recrues que j'allais vérifier son poult et je lui ai discrètement fait avaler une pilule de moly alors qu'il était inconscient.
-C'est une plante magique, a explicité Peter. Portée en talisman elle préserve des sortilèges mais si on en ingère elle protège des effets de la Brume, c'est ca qui permet aux Agents de voir à travers. Quand je me suis réveillé j'étais en cellule. Papy est passé me voir seul avant qu'on m'emmène en séance d'hypnose et il m'a expliqué la situation et ce que j'allais devoir faire. J'ai fais mine de résister aux Repentis d'Hécate assez longtemps pour que ce soit crédible, puis je me suis comporté comme si j'étais un Embrumé. Je dois bien dire que j'ai presque cru qu'ils allaient y arriver, la moly a failli ne pas être suffisante, je les sentaient dans ma tête. Je crois même qu'ils ont réussis à m'apprendre à faire ce truc, le Pas Fantôme, rien qu'en manipulant mes pensées.
-Mais pourquoi tu m'as rien dis ?!T'avais qu'à m'expliquer tout ca par télépathie bon sang !
-Derek, à la bibliothèque tu as balancé la vérité sur Hélèna à Iris simplement pour l'échanger contre le Livre. J'avais aucune confiance en toi, le seul moyen d'être sûr que tu t'en tiennes à mon plan sans y mettre ton grain de sel c'était que tu l'exécute sans en avoir conscience. Il fallait que tu te comporte normalement, que tu sois persuadé que j'étais un de tes ennemis. Mais à vrai dire avant que tu te pointe on t'avait complètement abandonné le plan c'était d'attendre l'occasion de nous faire évader Hélèna et moi puis continuer sans toi, puisqu'après tout t'es un gros connard qui a abandonné Hélèna à l'OMEGA.
-Mon grand..., a grommelé Paul Blofit.
-Mais c'est vrai !Tu le connais pas, c'est le pire connard que...
Soudain la porte d'en face s'est ouverte sur deux agents qui avançaient à pas rapides flingue braqués sur nous. Le temps qu'ils soient capables de donner un sens à ce qu'ils avaient sous les yeux et de tirer sur leur patron ils étaient mort, une balle dans le crâne. Blofit n'a même pas eu l'ombre d'une hésitation. Soudain, j'ai presque été content que le bronze céleste soit incapable de toucher les mortels, de les blesser. De les tuer. C'était pas comme à la télé. C'était violent, même sans trop de sang. Le bruit assourdissant du coup de feu, ces gars qui tombaient raides morts. Ils avaient sans doute commis plus d'horreurs que les criminels les plus recherchés, et j'avais voulu les tuer moi-même, mais pourtant je détestais ca. A chaque fois que Paul Blofit tirait je sentais disparaître une bribe de mon enfance que je ne retrouverais jamais. Et on continuait d'avancer, en enjambant leurs cadavres. Les monstres, c'était différent. Les monstres ne laissaient pas de cadavres.
-En... ensuite, t'as débarqué, a poursuivit Peter d'une voix mal assurée sans pouvoir s'empêcher de regarder en arrière, incapable de faire comme si rien ne c'était passé. C'est vrai ce qu'a dit le père d'Hélèna, c'est moi qui ai capté ta conversation télépathique avec Rachel et qui t'ai dénoncé.
-Mais... pourquoi ?!
-Parce-que t'avais aucunes chances !Putain Derek, c'est l'OMEGA !Toi tout seul avec tes pouvoirs t'aurais peut-être pu t'enfuir, mais personne ne s'échappe de cette base en portant à moitié quelqu'un sur son dos !Vous seriez morts tous les deux. Avec Papy on a décidé que le mieux c'était de te faire prisonnier puis de te faire évader en même temps qu'Hélèna et moi, mais là encore ca a foiré parce qu'il s'est avéré que son père voulait en faire une mortelle.
-Et tu l'as laissé faire.
Soudain, je me suis jeté sur Peter et je l'ai plaqué contre un mur, furieux.
-Tu l'as laissé faire !C'est pas mon nom qu'elle a hurlé en premier quand ils l'ont traînée dans cette saloperie de machine, c'était le tient !T'es resté planté là, le regard vide, pour pas griller ta putain de couverture de merde !Et t'es censé valoir mieux que moi ?!T'es censé...
Peter m'a repoussé avec une force insoupçonnée et a presque hurlé dans mon esprit :
-Je savais plus quoi faire, d'accord ?!Qu'est-ce que j'aurais dû faire ?!J'avais tellement envie de me jeter sur les Agents que Paul a presque dû me briser le poignet pour m'empêcher de dégainer, j'étais fou de rage !Si j'avais fais quoi que ce soit ils m'auraient tués et ca aurait rien changé !Tout ce que je pouvais faire c'était espérer que tu ais un plan tordu et calculateur comme à chaque fois, et les dieux soient loués t'en avais un !
-Et t'as failli le foutre en l'air !Tu t'es jeté sur moi, tu...
-JE TE PARLAIS, IMBÉCILE !JE CONNAISSAIS LES COMMANDES POUR DÉSACTIVER LA MACHINE, SI TU T'ÉTAIS CONCENTRÉ SUR MA VOIX ET PAS LES MURMURES MAGIQUES DES PORTES DE LA MORT QUE TU LAISSAIS ENTRER DANS TA TÊTE TU L'AURAIS SAUVÉE !A LA PLACE T'ESSAYAIS DE PÉTER LE PANNEAU DE COMMANDE AVEC UN FICHU MARTEAU !
-SI ELLE MEURT CE SERA TA FAUTE !
-SI ELLE MEURT T'EN AURAS RIEN A FOUTRE PARCE QUE T'ES QU'UN MONSTRE !
Paul nous a séparé avec une telle violence qu'il nous a chacun envoyé contre un mur.
-Ca suffit !Vous croyez avoir le temps de...
Soudain pas moins de quatre Agents ont fondus sur nous des deux cotés du couloir étroit avant que Blofit, concentré sur nos chamailleries d'enfants, ait eu le temps de tirer. Des gens rapides, mais cette fois-ci assez lents pour que je puisse les voir : c'était l'équipe de débutants qui combattait dans la salle d'entraînement où j'étais arrivé. En un instant ils nous ont encerclés. Le mec qui les menait, Lawton, a braqué son flingue sur Paul qui le regardait calmement. Il tremblait.
-C'est insensé. Vous... vous êtes...
-Le bras droit du directeur Harper. Le beau-père du directeur général Jackson. Et encore un être humain, comme toi Nathan.
-Vous savez ce qu'ils vous feront !, a crié une des deux jeunes femmes d'une voix où perçait le désespoir en tenant Paige et Scarlet en joue. Si vous nous trahissez, vous savez que... qu'ils...
Elle a laissé échapper un sanglot. Un fin sourire de prédateur s'est étiré sur mes lèvres alors que je restais sagement immobile. C'étaient des mauviettes, aucuns d'eux ne tirerait, c'était clair. Et maintenant qu'ils savaient pour Blofit, il allait être obligé de les buter. Il hésitait, mais il n'avait plus le choix.
-Quand ils en auront fini avec votre formation plus un seul d'entre vous ne sera capable de verser une larme, a-il dit à la fille. A l'instant vous auriez pu tirer, je n'aurais rien pu faire, mais Nathan a été incapable de donner l'ordre. A la place il a engagé une mesure de neutralisation, pas d'élimination.
-On vous veut vivant, a rétorqué Drake, le roux. Savoir si vous êtes seul et pourquoi vous faites ca.
-Je ne suis pas seul. Et l'Organisation que je tente de créer est celle-là même que vous espériez intégrer. Je sais pour ton petit-frère, Drake. Je sais qu'il était un demi-dieu, un fils de Zeus, et qu'il a tué vos parents humains par accident en découvrant ses pouvoirs. Je sais aussi que tu as voulu le haïr, que tu l'as voulu de toutes tes forces, mais que tu n'y es jamais parvenu. Et le temps que tu sois capable de lui pardonner, tu étais déjà ici. Il faisait partie d'une mission d'extraction du directeur Harper le mois dernier, je l'ai saboté et j'ai expliqué au petit comment rejoindre la Colonie des Sang-Mêlés. Il y sera en sécurité.
Toute la terreur qui avait envahi Drake quand Paul avait parlé de l'extraction l'a abandonné si brutalement à ces derniers mots que j'ai cru qu'il allait perdre connaissance. Il a baissé son arme, imperceptiblement. Personne n'a eu le cœur d'empêcher Paul de poursuivre :
-Chacun d'entre vous est ici parce qu'il veut protéger ceux auxquels il tient ou empêcher ce qui leur est arrivé d'arriver à d'autres mortels. Cette mission a cessé d'être celle de l'OMEGA il y a bien longtemps déjà. Ils ne veulent plus que détruire ce qu'ils ne comprennent pas, par tous les moyens. Et je vous jure que j'y mettrais un terme.
A une vitesse comparable à celle d'un Pas Fantôme il a dégainé son flingue et l'a braqué sur Nathan Lawton. Il n'avait d'autre choix que de les tuer.
Soudain Erica a hurlé un mot magique et ils se sont tous effondrés face contre terre, pliés en deux, morts de rire. Puis elle a tourné de l'œil et a basculé en arrière comme un pantin dont on aurait coupé les fils, à bout de force. J'ai juré. Ca ne changeait rien !Il faudrait les tuer quand même, ce serait juste encore plus dur et j'avais perdu une magicienne !Marco a chargée Erica sur son épaule et a retenu Paul Blofit qui visait déjà la tête de l'un des jeunes agents hilares.
-Ils se souviendront de rien de ce qui ce sera passé dans les dix dernières minutes, juste du rire. Arrêtez de buter tout le monde s'il vous plait.
-Comme tu voudras. (il nous a jeté un regard noir à moi et Peter) J'assommerais le prochain qui osera faire une chose pareille. C'est tout à fait sérieux, je le ferais.
-Désolé..., a marmonné le petit blond en serrant les poings.
Et on a recommencé à cavaler dans les couloirs. Les sirènes hurlaient si fort que j'aurais été à peine surpris que mes oreilles se mettent à saigner. Ca semblait sans fin, seul la terreur d'être rattrapé la plus primitive me donnait encore la force de courir.
-Je comprends toujours pas, ai-je répété. Peut-importe que vous soyez le grand-père de l'un de nous, vous êtes membre de l'OMEGA !Pourquoi vous nous aidez, juste pour sauver votre petit-fils par alliance ?!
-Je n'ai jamais été un membre de l'OMEGA. Je suis et je resterais membre de l'Organisation Mondiale de Défense Contre le Divin. Mais avant sa mort, j'ai fais une promesse à la grand-mère de Peter, Sally.
Sally Jackson. Je n'avais jamais envisagé que Persée Jackson puisse avoir eu une mère comme tout le monde. Elle avait vraiment fait un travail de merde, tient.
-Quand Percy a sombré dans les ténèbres elle a commencée à dépérir. Je crois qu'elle est morte de chagrin. Elle m'a fait promettre de veiller sur lui, de le sauver de lui-même. J'ai tenté de le ramener sur le droit chemin quand je pensais que c'était encore possible, mais... ca n'a pas fonctionné. Je pensais que si j'avais suffisamment de temps à ses cotés, je pourrais... le changer. Retrouver le garçon qu'il était autrefois. Le suivre dans les ténèbres était le seul moyen de ne pas le perdre, d'avoir une chance de le ramener dans la lumière avec moi. Mais j'avais tord. Je n'ai réussi qu'à être le témoin de sa descente aux Enfers, depuis deux ans. J'ai failli à ma promesse, j'ai été incapable de le protéger contre lui-même. Mais peut-être que vous, vous le pouvez encore.
Enfin, après une dernière porte, on a atteint les cachots. A ma grande surprise, elle a coulissé pour révéler une adolescente d'à peu près mon âge, en haillons de jean et de t-shirt, hirsute et manifestement sous tension. L'une des prisonnières.
-C'est lui ?, a-elle demandé aussitôt en laissant son regard nerveux papillonner un bref instant sur moi. C'est bon, on peut y aller ?
-C'est quoi ce plan ?!, ai-je grogné.
-C'est pour elle que je me suis glissé hors de la bataille avant de vous rejoindre, a fait Blofit. J'ai libéré Lara et je lui ai demandé d'attendre ici. J'aurais voulu pouvoir faire sortir tout le monde moi-même, mais je n'en avais pas le temps – personne ne l'aurait, ca mettrait au moins une bonne heure pour tous les détacher.
-Nous sommes ici pour libérer nos amis, a rappelé Ramon. Qu'est-ce que vous nous cachez ?
-Rien du tout, a rétorqué Paul en entrant dans les cachots suivi de la fille. Pourquoi croyez-vous que je vous emmène aux cachots ?J'ignorais totalement que vous aviez des gens à sauver avant que n'en faisiez mention. Mais vous allez bel et bien libérer vos amis.
Soudain, je me suis arrêté net. Je sentais d'ici l'odeur putride et mortelle de la gentillesse et de l'héroïsme.
-Non.
-Derek...
-Non. Non non non non, non on va pas faire ca. Je veux même pas savoir comment vous comptez procéder ca a jamais été le plan, on prend les magiciens et je vous jure qu'on se casse, je refuse de...
-Jamais plus ils n'auront une telle occasion, j'attends une chance pareille depuis des années, il existe un moyen de...
Soudain, il a dégainé un second revolver et a tiré d'un même mouvement à sa droite comme à sa gauche pour abattre deux Agents en plein Pas Fantôme qui arrivaient si vite sur lui que je ne les aient vu qu'une fois qu'ils ont été à ses pieds, morts. J'ai reculé, médusé. Paul a soupiré.
-Ca, c'était la première patrouille. La prochaine sera là sous peu.
-Qu'est-ce qui se passe à la fin ?!, a presque crié Tyler.
-Il veut qu'on emmène tous les prisonniers avec nous, a éclaircit Peter.
-Il n'existe aucuns moyens de faire sortir tous ces enfants sans se faire repérer, a précisé Paul. C'est pourquoi le chaos que vous avez provoqué est une occasion en or, la seule qu'ils auront, vous êtes déjà repérés. Jamais plus personne ne créera un mouvement de panique pareil. Vous devez les prendre avec vous, il le faut. Dés que j'ai vu les pouvoirs de Derek dans son dossier, j'ai eu cette idée.
N'importe-quel personne censée aurait répondu non. S'échapper à quinze était ultra délicat, s'échapper à quatre vingt relèverait de l'impossible. Mais les héros ne sont pas des gens rationnels. Pour mon plus grand malheur, j'étais accompagné d'une dizaine de héros avec les pouvoirs magiques et le courage qui va avec. Après une hésitation, Ramon a hoché la tête, l'air grave.
-Comment on procède ?
-Toi tu ne fait rien, a rétorqué Lara la nerveuse en regardant de tout cotés.
Elle a posé le regard sur moi.
-J'ai besoin de lui.
-C'est ballot, parce-que moi je refuse de faire une telle connerie.
La main de Ramon s'est abattue sur mon épaule frêle. Jeoffrey m'a saisi par le bras.
-Je sais pas ce qui tourne pas rond chez toi petit, mais faudrait être un monstre pour juste envisager de laisser tous ces gens ici. On voyait par tes yeux, quand ont étaient dans ton corps on a vu les expériences nous aussi.
-Sadie avait dit qu'on reviendrait plus tard avec plus d'informations, que c'était impossible en l'état actuel des...
-...C'était avant qu'on voit cet endroit de nos propres yeux, et avant qu'on soit repérés. On sera leur seule chance, le Nome de Memphis peut pas attaquer ca. Tu vas faire ce qu'il faut ou je te garantis que tu seras le prochain gamin à hurler sur ces tables d'opération, pigé ?
-Ou tu me lâche, ou je vais te tuer. Et pour une fois je dis la vérité.
Il m'a poussé en avant sans ménagement. Je détestais être malmené par des mecs plus grands que moi, j'avais une furieuse envie de me jeter sur ce déchet pour le mordre jusqu'au sang. Mais dans l'immédiat je ne pouvais rien faire d'autre qu'obéir.
-Qu'est-ce que je dois faire ?
-Prends-moi la main, a simplement répondu Lara.
Je lui ai broyé les doigts sans ménagement. Elle a prit une lente inspiration.
-Ici, on a tous subis des trucs terribles. Des trucs que personne ne pourra jamais comprendre. Ils ont fait des expériences sur nous, ils nous ont injectés des saloperies, ouverts et refermés, greffés. Eux-même ne savent pas comment ils s'y prennent, mais presque à chaque fois ils ont obtenus un résultat différent. Ils ont modifiés nos capacités. Et moi...
Soudain, ses yeux tous entiers ont irradiés d'une lumière blanche et mon estomac a explosé. J'ai hurlé. C'était comme mettre les doigts dans une prise électrique tout en prenant une torche enflammé dans la gueule le tout en avalant dix tasses de café. Je me sentais débordant d'énergie, de puissance, j'ai pris conscience de ce truc qui tournoyait en moi, mes pouvoirs si faibles d'ordinaire que je ne les avais jusqu'alors jamais perçus. Elle amplifiait mes capacités.
-Ouvre les cellules. Utilise ton pouvoir, tout simplement.
Sans lâcher la main de la fille, les yeux lumineux à mon tour j'ai ouvert mon autre main, comme si je tenais quelque-chose dans ma paume. J'ai senti les verrous. Je sais, c'est nul comme pouvoir mais j'ai senti les verrous, j'ai senti tous les verrous. Ceux de chacune des cellules à travers le donjon, de la moindre menotte en orichalque, de la dernière des chaînes. Soudain, j'ai fermé le poing. Et dans un claquement absolument assourdissant, précisément au même instant, j'ai libéré tous les prisonniers de l'OMEGA et j'ai pu estimer une fraction de seconde la valeur totale de tout ce qu'ils portaient – une misère.
Au hurlement des sirènes s'est aussitôt joint le bruit de dizaines de gémissements de peur et de cavalcades. A mon grand étonnement, ils ont tous accourus sur nous à travers les couloirs sans la moindre hésitation, tremblants de peur pour la plupart. La grande majorité avait plus ou moins l'âge de Peter, un peu moins d'un tiers seulement était des adolescents et je ne comptais que trois ou quatre adultes. Avec ses moyens l'OMEGA les repéraient très vite, donc très jeunes, et les tuaient ou les embrumaient tout aussi rapidement avant d'aller en chercher de nouveaux. Et Carter Kane n'était pas là. Il n'y avait qu'un gars d'une quarantaine d'année qui tenait à peine debout qui n'avait rien à voir avec sa description, le mec aux longues moustaches avec le chapeau de mousquetaire dans la cellule d'Hélèna et un vieux pépé tout rabougri beaucoup trop vieux pour être Carter qui se soutenait à un ado sur des jambes tremblantes. Jamais on fuirait avec ca.
Une demi-douzaine d'ado et d'enfants sont passés parmi les autres pour aller se jeter dans les bras des magiciens que j'avais emmenés, probablement les égyptiens prisonniers.
Les autres enfants sont restés silencieux, attendant les ordres.
-Pourquoi on dirait qu'ils savent ce qu'ils font, là ?, ai-je marmonné alors qu'ils me fixaient tous comme une meute de chiots en quête d'attention.
-La Fée Emeraude, a répondu un gamin d'une dizaine d'année. Elle a parlé dans la tête de tout le monde. Elle a dit de vous de suivre, que c'était toi qui allait nous faire sortir. Elle a dit que c'était fini, maintenant.
Rachel avait finit par s'avérer utile, finalement.
-Ouais ben maintenant il faut s...
Soudain, un garçon aux cheveux teints en blanc a fendu la foule et s'est jeté sur moi comme un démon fou de colère pour me frapper en plein visage en hurlant des insultes en égyptien.
-T'as frappé mon frère !J'aurais ta peau même si on doit tous y passer, espèce...
-Amos !, a hurlé Julius en se frayant un chemin entre les prisonniers. Amos, arrête !
-ENLEVEZ-MOI CA !, ai-je beuglé alors que le foutu gamin entreprenait de me manger les cheveux cramponné à mes épaules. ENLEVEZ-MOI CA BORDEL !
Julius l'a tiré en arrière tant bien que mal alors qu'il se débattait.
-Il t'a frappé !, criait toujours Amos, il a volé le tapis volant !
-Peut-importe, Amos par les dieux !Si on règle ca maintenant on va tous y laisser nos vies !
-C'est parce-que tu penses tout le temps comme une grosse victime qu'il faut que je te défendes, abruti !Ce gars nous a envoyé en enfer, je vais le...
-On s'occupera de ca quand on sera en sécurité, je t'en supplie !
-La ferme !
-Toi la ferme !
-NON TOI LA F...
Soudain, Sarah a surgi derrière-eux et a calmement posé les mains sur leurs épaules. Puis elle a articulé, de sa voix la plus sombre, un sinistre éclairage projeté sur son visage par le flamboiement des torches :
-Vous la fermez tous les deux.
Et personne n'a moufté.
-Vous croyez qu'on a le temps pour ses conneries ?!, ai-je haleté. Y a quelqu'un qui pige ce que ca veut dire alerte rouge, vous l'entendez cette sirène qui hurle au-dessus de nos...
SBAAAAAF Sarah m'a administré un coup de poing à faire chialer, un uppercut sous le menton qui m'a envoyé valser en arrière.
-Ca c'est pour m'avoir jetée dans le vide. D'abord on sort, ensuite je te tue.
-MAIS Y EN A MARRE !
Je me suis relevé en essayant de me remémorer mes plus belles saloperies de la semaine, histoire d'être sûr que personne d'autre dans cette prison n'avait une raison quelconque de m'en voulSBAAAAAAAAAAF Tristan a surgi de nul-part, hagard, hors de lui, et après un premier coup de poing il s'est jeté sur moi pour me rouer de coups :
-ON VA VOIR QUI C'EST LE PLUS BALÉZE MAINTENANT PUTAIN D'ENFOIRÉ DE TA MÉRE LA PUTE J'VAIS TE FOUDROYER PUIS TE FOUDROYER ENCORE QUAND J'AURAIS FINI J'TE COGNERAIS SI FORT QUE...
Paul Blofit a tiré en l'air, un coup retentissant malgré le chaos et les sirènes qui continuaient de hululer. Tout le monde s'est immobilisé.
-Vous allez mourir, a-il tonné. Si vous êtes incapable de comprendre l'urgence de la situation, vous allez mourir !Chaque minutes compte, vous devez partir maintenant, avant que les Agents dispersés ne vous localise avec précision. Si vous voulez vivre, arrêtez vos chamailleries sur le champ.
Là-dessus sans plus attendre Blofit m'a refilé une carte magnétique, celle qui lui avait permit d'ouvrir les portes jusqu'ici.
-Vous devez monter encore et encore, jamais descendre, par le toit c'est votre seule chance, Peter vous expliquera la suite une fois là-haut. Montez les étages aussi vite que vous le pouvez, n'essayez pas d'utiliser les ascenseurs vous êtes trop nombreux, vous devrez prendre les escaliers. Et ne cherchez pas à différencier les véritables Agents de ceux que je dirige, ils ne se dévoileront pas, il est trop tôt, sachez simplement qu'ils feront tout pour ne jamais vous blesser. Foncez.
Incapable de résister, Peter s'est jeté dans les bras de son grand-père en réprimant des sanglots. Il se la pétait tellement avec ses grands airs que j'en oubliais parfois qu'il avait que dix ans. Paul l'a enlacé sans rien dire en passant une main dans ses cheveux blonds. Quelques enfants ont fondus en larmes dans la foule. Je crois qu'à cet instant on aurait tous voulu avoir un adulte pour nous serrer dans ses bras. Sauf moi, je veux dire. Moi j'avais besoin de personne. Et puis de toute façon j'étais trop grand.
-Vous venez pas ?, lui ai-je simplement demandé.
-Non, je suis le bras droit du directeur Harper, mon absence serait aussitôt remarquée. Et elle compromettrait la discrétion de tous les autres dissidents, l'OMEGA ne doit se douter de rien. Le neuvième étage est le seul qui n'est pas équipé de caméras de surveillance, à cause des cachots archaïques qui ont rendus impossibles l'installation électrique adéquate. Si je vous suis plus loin on découvrira mon secret.
-Alors c'est tout ?Vous allez rester ici jusqu'au bout, juste parce-que vous avez promis à une meuf morte de faire un truc impossible ?
-Non, pas jusqu'au bout. Nous étions des centaines à avoir intégré l'ODCD non pas par esprit de vengeance mais pour protéger l'humanité, pour que ce qui était arrivé à des proches de beaucoup d'entre nous ne se reproduise jamais plus, pour que nos enfants demi-dieux soient enfin en sécurité. Quand il a décidé de changer nos méthodes Persée a organisé une grande conférence, nous a exposé ses projets et a demandé calmement s'il y avait des objections. Presque un tiers des Agents rassemblés là par centaines ont commencés à hurler des protestations. Alors, deux cent d'entre eux se sont élevés au-dessus du sol, principalement des hauts responsables, et... il les a tués. Il a fait exploser l'eau à l'intérieur de leur corps, leur sang s'est répandu sur tout le public. Puis il a ajouté qu'il n'accepterait aucunes démissions, et il a attribués leurs postes à des Agents fidèles à sa cause. Il a agit de la même façon dans plus d'une vingtaine de grandes bases à travers le monde, avec un peu moins de résistance à chaque fois. Les demi-dieux Agents sont devenus ce qu'on appelle aujourd'hui des Repentis, toutes nos missions en cours ont été annulées, nos programmes d'identifications des sang-mêlés ont commencés à être employés pour les capturer et les amener ici.
Pour la première fois, Paul Blofit a sourit.
-Mais même lui n'a pas pu éliminer tout le monde. Ces gens sont encore là, des Agents qui ne peuvent quitter l'OMEGA mais réprouve chacun de ses actes. Je les identifie et les contacte depuis des années, l'un après l'autre. Je monte une Organisation dans l'Organisation. Très bientôt, nous seront prêts.
-Prêts pour quoi ?
-On a déjà perdu beaucoup trop de temps, foncez maintenant.
Il n'en a pas fallut plus aux prisonniers terrifiés pour s'élancer dans le dédale de pierre. J'allais accourir derrière eux quand le Tatoué m'a rappelé.
-L'OMEGA a cinq Châtiments.
-Quoi?
-Si tu continue d'évoluer dans un monde où l'OMEGA prend tant de place, c'est quelque-chose que tu dois comprendre à tout prix. Percy a cinq lieutenants, les directeurs, dispersés à travers le monde qui dirige l'Organisation à ses cotés, un pour chaque continent. On les surnomme les Cinq Châtiments. Harper ne leur arrive pas à la cheville, si le véritable directeur de la division américaine avait été là aujourd'hui nous n'aurions pas cette conversation.
Hélèna avait dit quelque-chose dans le genre dans la cellule, que son père n'était directeur que par interim, temporairement.
-Ils ne sont pas humains, certains n'utilisent même pas d'armes à feu, la majorité sont des Infernals.
-Des... des mecs ramenés des Enfers ?
-Ils sont plus puissants que tout ce que tu peux imaginer. Si jamais pour une raison ou une autre tu te retrouve face à l'un d'entre eux, ne cherche pas à te battre, ne cherche même pas à utiliser tes Ruses – c'est ca que tu dois comprendre. Tu ne pourras les vaincre ni par la force ni par la ruse, ni seul ni en équipe. Face à l'un d'eux, cours sans te retourner. Le Châtiment américain est le pire.
J'aurais voulu avoir le temps d'avoir cette conversation, le temps de demander qui était le Châtiment américain, mais j'avais déjà perdu de précieuses secondes. Sans même savoir si Paul Blofit avait fini de parler, j'ai fais volte face et je suis parti en courant.
J'ignore comment je me suis retrouvé à la tête du groupe. Je veux dire, je courais devant eux dans l'espoir de les distancer, mais aux yeux d'un observateur extérieur on aurait dit que c'était moi qui menait le truc, et donc que c'était sur moi qu'il fallait tirer en premier. Génial, vraiment. Une ou deux fois on est tombés sur des détachements de cinq ou six Agents qui ont aussitôt été engloutis par notre supériorité numérique et ont été laissés dans un état qui me poussait à m'interroger : est-ce qu'ils avaient une mutuelle à l'OMEGA ?
-On va où là ?!, a couiné Tristan.
-Mais chais pas moi, on monte, c'est tout !
-Je vous expliquerais quand on sera en haut !, a rétorqué Peter.
J'ai grimpé quatre à quatre les marches d'un nouvel escalier en me demandant avec terreur combien d'étage il y avait encore dans ce bâtiment souterrain. C'était forcément un bâtiment souterrain, non ? Pourquoi Blofit m'aurait dit de monter encore et encore pour sortir, sinon ?
Une enfant a trébuché et ne s'est pas relevé, terrassée par la fatigue. D'Artagnan pourtant à bout de force l'a prise sur son dos et a continué de courir.
-Ma foi si une lame d'acier venait de bonne aventure à s'abandonner à mon modeste usage peut-être saurais-je malgré mes forces amoindries tailler moult occurrences au sein même de ces murs qui environnent notre audacieuse compagnie !Nul autre en pareil cas ne saurais guerroyer mais je me tient cependant devant vous comme d'Artagnan, mousquetaire du Roi, et je...
-Il est MORT le Roi !, a gueulé Tristan. On n'a pas d'acier, que du bronze céleste, ca passe à travers de ces mecs là !
C'est alors qu'Amos, parmi les premiers, a freiné des quatre fers.
-Je pars pas. Pas sans Papa, pas si près du but !
Y avait trop de personnages, bordel !J'avais totalement négligé d'anticiper la réaction que pourraient avoir les enfants de Carter Kane s'ils se retrouvaient au QG de l'OMEGA, sans quoi je les auraient assommés.
-Il est pas là, ton père, ai-je craché sans aucune pitié. Ca fait presque trois ans que l'OMEGA l'a chopé, et encore ca c'est s'il est bien venu ici, ca a jamais été qu'une supposition débile !Et ca vaut mieux. Tu crois que quelqu'un peut survivre ici trois ans ?!
-Tu... tu raconte n'importe-quoi. C'est le plus fort. Y en a plein qui sont là depuis plus longtemps, il est quelque-part, c'est juste que comme il est méga puissant ils n'ont pas pu le mettre avec les autres prisonniers, faut le trouver et pi...
Julius a posé une main sur l'épaule de son frère et secoué la tête, les larmes aux yeux. Amos a serré les poings sans rien ajouté, furieux contre moi, contre lui-même, contre la vérité. Si on prenait le temps de faire quoi que ce soit d'autre que chercher la sortie, on allait mourir.
-T'a qu'à le chercher si ca te fais kiffer, ai-je ajouté pour être sûr de briser sa volonté. Moi je me casse.
J'ai fais passé le passe de Blofit dans un autre boitier pour faire coulisser une grande porte et on est entrés en cavalant dans un immense couloir assez large pour laisser passer une demi-douzaine de camions côte à côte avant de tous nous figer, tétanisés. Les murs étaient morcelés en cube de verre dans lesquels rugissaient des monstres. C'était les cellules des monstres emprisonnés, là où j'étais passé à l'allée. Les plus vaillants s'acharnaient encore à les briser.
-Ils ne peuvent pas sortir, ai-je bredouillé avec appréhension. On risque rien.
J'allais m'élancer à nouveau quand soudain la porte dans mon dos s'est abattue sur le sol avec fracas, suivie aussitôt de celle en face de nous tout au bout du couloir. J'ai à peine eu le temps de comprendre qu'ont avaient été repérés que des panneaux ont coulissés au plafond pour livrer passage à des boules de fer, chacune de la taille d'un ballon de foot. J'ai eu le temps d'en dénombrer sept au total avant qu'elles ne commencent à flotter au-dessus du sol en en se déplaçant le long des murs ou dans les airs. Ca paraissait presque inoffensif jusqu'à ce que des rayons rouges jaillissent des sphères en grésillant pour balayer les murs, se croisant et s'entrecroisant dans tous les sens imaginables, tissant une toile écarlate infranchissable entre nous et le chemin de la sortie.
Tout le monde a reculé.
Chacune en diffusait une dizaine, des traits rouges fins comme des fils à couper le beurre, si nombreux que même une souris n'aurait pu atteindre la porte de l'autre coté du couloir sans être touchée. Cliché, mais mortel. J'ai jeté un regard rageur aux caméras de surveillance du couloir avant de les Attracter toutes les deux pour les piétiner. Les Agents en salle de contrôle essayaient de nous acculer, de nous forcer à attendre docilement nos poursuivants. Et s'ils nous rattrapaient, c'était fini. Un brouhaha de gémissements de détresse a parcouru le groupe.
-C'est pas seulement des détecteurs de mouvements, pas vrai ?, a fait Peter près de moi.
-Qu'est-ce que tu crois ?
Si on s'était jetés en avant ont auraient été coupés en morceaux l'un après l'autre, c'était clair.
J'ai tendu la main pour tenter d'Attracter une boule de fer, histoire de voir ce que ca ferait. Elle n'a même pas bougé. Quel que soit la force qui les maintenait en l'air, c'était plus fort que mes petits pouvoirs. Scarlet s'est avancée et a prononcé un mot égyptien. Un hiéroglyphe a resplendit dans sa paume un instant avant que n'en surgisse une boule de flammes rougeoyante qui a traversé les lasers incapables de la trancher et a explosé sur une sphère. Pas même une éraflure.
J'ai regardé Ramon.
-Ha-di ?
-Je te l'ai dis. On est à bout de forces.
Une adolescente aux longs cheveux noirs et à l'air déterminé s'est avancée et a tendu la main vers une sphère au hasard pour en faire surgir un éclair qui s'est abattu dessus en grondant sans lui faire le moindre mal. C'est seulement là que j'ai reconnu avec certitude l'éclat discret et métallique de l'orichalque.
-Stop !Arrêtez ca tout de suite, si ces trucs aspirent de la magie ils vont devenir plus solides avec vos conneries !
Ont étaient coincés.
Un silence atterré s'est abattu sur l'assistance comme le couperet sur la nuque du condamné. Tout ca pour ca. L'espoir, les cris, la fuite. Arrêtés par des traits rouges dans le couloir.
-A moins d'avoir été entraînés pour le casse du siècle, on est foutus, a ricané amèrement quelqu'un dans la foule.
Le casse du siècle. J'ai regardé à nouveau les rayons de lumière qui se déplaçaient le long du couloir en diagonale, à l'horizontale, à la verticale, par dizaine, puis la porte de l'autre coté. Un casse.
Un cambriolage. A peine ce mot a-il résonné dans mon esprit que tout a semblé changer face à moi. Je comprenais. Les trajectoires répétitives exécutés par les lasers, les brusques altérations de la vitesse de chacun, les treize schémas aléatoires mis en marche par les sphères pour surprendre celui qui n'en aurait vu qu'un, les passages qui s'ouvraient et se refermaient dans le maillage complexe. Ca, c'était un système de sécurité. Et moi, j'étais un voleur. Mais il y avait sept sphères, si je pouvais y arriver je serais trop lent. J'ai pris une grande inspiration.
-J'ai besoin des enfants d'Hermès !
Il y a eu un mouvement de la foule, puis un adulte que j'avais vaguement l'impression d'avoir déjà vu, trois adolescents et deux enfants de huit ou neuf ans se sont avancés avec une certaine réticence, tous blonds. Juste le nombre qu'il me fallait, les dieux soient loués. Il y en avait peut-être davantage, peut-être deux ou trois fois plus, mais ceux-là étaient les seuls qui savaient ce qu'ils étaient. Trois d'entre eux, dont l'adulte, portaient même un t-shirt déchiré de la Colonie des Sang-Mêlé.
-Vos noms, ai-je lâché.
Je voulais savoir qui je commandais, par pur plaisir mégalomaniaque et pour les mettre en confiance l'espace de trois mili-secondes. Soren, Jeff et Amy (manifestement faux jumeaux), Austin, Mélodie et Travis.
Je me suis arrêté sur le dernier. L'adulte. Je l'ai regardé, un homme avec une barbe de hipster et un t-shirt orange en lambeaux. Et j'ai compris où je l'avais déjà vu. Travis Alatir. C'était le frère jumeau d'un des membres du Conseil, Connor Alatir, ce frère qui avait été kidnappé plusieurs années auparavant lors d'une attaque de l'OMEGA. C'était un membre du Conseil. A bout de force, puant et ankylosé par deux ans de captivité, mais quand même. Pourtant, il m'a regardé simplement regardé avec calme, sans chercher à prendre les commandes. Parce-que dans la tête de ces stupides gamins c'était moi qui m'étais retrouvé malgré moi meneur de la fuite, sans doute. J'aurais préféré qu'il le fasse, parce-que j'allais sans doute tuer tous mes frères et sœurs et que j'avais surtout envie de me mettre à pleurer.
-Imaginez que ces boules sont des trucs que vous voulez voler, ai-je balancé comme si j'étais sûr de ce que je faisais. Chacun la sienne. Ils ont verrouillés la porte d'en face mais ils savent pas qu'on a la carte de Blofit, on pourra l'ouvrir, la seule chose qui nous empêche de passer c'est... c'est ce champ de rayon laser.
-Tu... tu veux qu'on..., s'est étranglé Mélodie. Tu veux qu'on passe ?
-Oubliez tout ce qu'on vous a dit sur vos pouvoirs inutiles. Dans les bonnes circonstances, vous en avez. Fixez votre attention sur ces boules, là, persuadez-vous que vous avez besoin de les chourer – c'est le cas. Pas juste de les prendre, il faut que vous vouliez les voler.
Si la légende du Roi des Voleurs maudit par une sorcière était vraie, alors j'étais pour une raison ou une autre le dernier Hermès à abriter des pouvoirs. L'Attraction, ouvrir les serrures. Mais les enfants d'Hermès n'étaient pas des gamins normaux pour autant. Ils avaient l'instinct du voleur autant que moi, je l'avais vu à la Colonie, quelque-chose qu'aucune malédiction n'avait pu leur prendre, profondément enfoui en eux parce-que bien plus qu'un pouvoir c'était ce qui faisait d'eux des demi-dieux.
-Et si on ne peut pas les détruire, qu'elles sont trop solides ?, a osé Jeff, un garçon d'une quinzaine d'année maigre à faire peur.
-On mourra. D'une façon ou d'une autre on sera sortis d'ici. On est sept, il y a sept sphères, si l'un de nous manque son coup il s'fait couper en deux.
-Comment on fait ?, a demandé le gamin le plus jeune, Austin, en tremblant. On... on les active comment ?Nos pouvoirs ?
-Vous activez que dalle, bordel. Vous réfléchissez pas non plus, vous faites rien, c'est comme respirer, ta gueule ! Atteignez les sphères et pétez-les, l'orichalque se solidifie au contact de la magie, c'est pour ca qu'on doit les défoncer à coup de poings, sans bronze céleste ni pouvoirs cheatés. Si l'un de vous essaye de penser, de se concentrer ou quoi que ce soit d'autre en chemin il va crever coupé en putains de rondelles, je vous demande d'être vous-même, tout simplement, de laisser sortir ce truc que la société vous apprends à réprouver et à condamner, de laisser s'exprimer votre nature profonde – j'ai pas le temps pour ca tu viens ou tu clamse !
Travis Alatir a émit un petit rire de grande personne, comme si j'avais principalement raconté de la merde mais que l'essentiel y était et qu'il n'avait pas le temps de rectifier.
Là-dessus à ma grande surprise je me suis élancé comme un loup, à quatre pattes, la queue battante. C'était ce que j'étais quand je ne pensais plus à rien. Mes frères et sœurs se sont élancés derrière-moi. Alatir mit à part leurs premiers pas ont été hésitants, maladroits, des pas d'enfants apeurés. Puis, l'instant d'après, ils sont devenus des voleurs. A leur propre stupéfaction chacun savait exactement ce qu'il devait faire, comment il devait le faire. C'était en eux.
C'est comme respirer, me suis-je répété.
J'ai fais le vide en moi et j'ai évité le premier rayon horizontale en glissant en-dessous sur les genoux avant de brutalement fléchir les jambes pour sauter comme un animal et passer entre deux autres lignes rouges qui montaient l'une vers l'autre comme déterminés à se rejoindre sur mon cou. On n'avait pas le temps d'être précautionneux, ce système de sécurité n'était qu'un moyen, il devait nous coincer dans le couloir pour nous retenir, les Agents pouvaient arriver d'une seconde à l'autre en si grand nombre qu'ont seraient aussitôt maîtrisés. Ont devaient le faire en courant.
Le petit Austin a fait un formidable bond en avant et a pivoté en plein saut, dans les airs, pour passer entre deux lasers à la trajectoire oblique prêts à le trancher en deux, avant d'atterrir dans une roulade juste avant la fermeture du passage qu'il avait repéré, si stupéfait qu'il a faillit s'arrêter une seconde et être décapité. Dans le même temps, Amy et Jeff se déplaçaient dans un schéma commun, s'appuyant chacun d'un pied sur un mur pour ensuite se propulser au centre du couloir en effleurant presque chaque rayon sur leur passage. Ils auraient dû être tués par quatre lasers verticaux qui venaient se rejoindre précisément sur leur point de chute, mais soudain, en plein atterrissage ils ont prit appui sur les pieds l'un de l'autre et poussé sur leurs genoux pour se séparer à nouveau et se poser à pieds joints chacun de leurs cotés avant de séparer pour de bon leurs trajectoires respectives, en exploitant la régularité des lasers horizontaux pour lui, et en continuant de jouer de la similarité du rythme des diagonaux pour elle. Soren s'était décidé pour une trajectoire exclusivement au sol qui le forçaient à rouler quasiment en permanence et à presque courir sur les mains à des instants qui exigeaient une parfaite maîtrise de l'équilibre de son corps mais le préservait du manque de contrôle sur ses mouvements dans les rayons obliques au-dessus de nous d'un parcours aérien comme celui des jumeaux ou alternatif comme l'avait plus ou moins inconsciemment décidé Austin.
Mélodie, une fille pourtant un peu plus jeune que moi, était sans doute la plus douée du lot. Une pom-pom girl indéniablement. Elle prenait des risques que seuls nos pouvoirs rendaient concevables et enchaînait roues, poiriers, culbutes et sauts périlleux en misant non pas sur les failles des schémas des lasers mais sur les ouvertures laissés par la transition entre chacun d'entre eux, ce qui rendait son parcours si risqué qu'aucune de ses réceptions ne pouvait durer plus d'un simple appui. Pire encore elle ne cherchait pas une ouverture dans laquelle se glisser, elle en exploitait trois ou quatre à la fois pour s'en ouvrir une elle-même en changeant de positions une demi-douzaine de fois dans les airs, on aurait presque cru qu'elle volait, que les rayons s'écartaient d'eux même sur son passage pour ne pas déranger cet étrange ballet aérien. Le moindre de ses mouvements m'aurait foutu un arrêt cardiaque si j'en avais eu quoi que ce soit à branler de cette nana.
Quand à Travis, on aurait même douté qu'il y avait une sécurité quelconque. Il courait, tout simplement, droit sur sa sphère, avec une aisance et une agilité qui me laissait moi-même sans explication, en se glissant dans des failles dans les trajectoires des lasers qui ne durait qu'une demi-seconde et que j'étais incapable de voir avant qu'il ne s'y engouffre au dernier instant avec la célérité d'un serpent.
Au bout de quelques instants j'ai cessé de m'intéresser aux autres en manquant perdre un bras alors que je gardais un œil sur Austin, et j'ai fermé les yeux. Ca se passait en moi. Tout ce qui se trouvait entre moi et ce que je voulais voler, je pouvais le sentir. J'ai pivoté sur moi-même et glissé sur la droite avant de faire un saut périlleux arrière que je n'aurais su exécuter dans aucunes autres circonstances au monde pour me glisser dans l'espace offert deux mètres au-dessus du sol par cinq rayon un instant qu'il ne se referme, un instant avant d'être coupé en sept morceaux, puis je me suis réceptionné à quatre patte avant de me jeter sur le coté en rasant le sol, puis, faute de temps, de passer entre deux lasers diagonaux qui semblaient faits pour me trancher la tête en bondissant tout simplement. Le plus dur c'était de ne pas prêter attention aux monstres dans les murs de verre qui rugissaient dés qu'on passait près d'eux. C'est en atterrissant une nouvelle fois que je me suis retrouvé le nez face à un laser horizontal qui avançait vers moi pour m'ouvrir le crâne alors qu'un autre avançait vers mes jambes à une vitesse totalement différente. Je me suis plié en arrière tout en sautant pour épargner à mes pieds une dure séparation avec mes chevilles dans un saut que, bien-sûr, personne n'a pensé à filmer, tout en pivotant dans ma chute pour pouvoir faire un appui pied-main juste avant le croisement de rayons diagonaux. Je devais faire plus attention que les autres, à cause de ma queue.
L'ensemble a duré une quinzaine de secondes de pirouettes de ninjas, quinze secondes où j'emmerde celui qui aurait voulu se la ramener avec ses pouvoirs d'enfants de Zeus ou sa magie égyptienne. J'ai rouvert les yeux. Il aurait suffit que je m'attarde une seconde sur la folie de ce que j'étais en train de faire pour que j'y reste. Presque au même instant, chacun d'entre-nous a enfin été à porté d'une sphère de métal, les centres les plus délicats du schéma que décrivaient les appareils parce qu'ils étaient les points d'origines des lasers.
-PETEZ-LES !
Les positions qu'il a fallu prendre pour toucher les sphères ont été plus invraisemblables les unes que les autres. Austin a fait un pas sur le mur pour se propulser dans les airs en tournoyant pour éviter les rayons et a atteint la sienne d'un coup de pied retourné qui l'a ratatinée et éteinte aussitôt dans des crépitements électriques, Soren s'est enfin relevé, sur les mains, et a brutalement fléchi les bras avant de se retourner dans les airs pour saisir sa sphère comme un basketteur et la fracasser contre le mur, Jeff et Amy ont trouvés une trajectoire qui leur a permit de balancer leurs sphères encore actives l'une sur l'autre pour qu'elles s'entredétruisent sans nous faire tous découper au passage pour autant, Mélodie a fait un quadruple salto arrière en profitant d'un minuscule passage entre une vingtaine de rayon qui s'entrecroisaient mais généraient toutes les trois secondes dans leurs mouvements un tunnel pendant un bref instant et a tout simplement atterri à pieds joints sur sa sphère qui a cédé sous son poids bien avant de heurter le sol. J'ai saisi la mienne entre mes deux pieds en plein salto tout en prenant soin de ne pas être touché par les traits de lumière qui jaillissaient de l'appareil et je l'ai écrabouillé sous mon talon dans mon atterrissage.
Travis... a prit son temps pour découvrir en quelques instants le moyen d'ouvrir le dessous de la sienne et découvrir un boitier de commande muni d'un bouton rouge bien pratique sur lequel il a appuyé pour l'éteindre, tout ca en se déplaçant imperceptiblement pour éviter distraitement les lasers. Putain de frimeur.
Tout le monde a atterri, s'est relevé, s'est redressé, au même instant. Il y a eu une seconde de silence sidéré, pas même troublé par un seul gamin dans la foule stupéfaite. Le passage était libre.
Les enfants d'Hermès se sont entreregardés, ravis un court instant malgré la terrible situation par leur numéro de haute voltige. Pour ce qui devait être la toute première fois de leur vie, je voyais briller dans leurs yeux à tous la fierté toute simple d'être des enfants d'Hermès, les sangs mêlés soit disant sans pouvoirs. Sauf Travis, qui rajustait calmement ses lambeaux comme s'il faisait ca tous les jours.
Bon, ok, moi aussi j'étais fier.
-On n'a déjà plus le temps !, ai-je crié à la cantonade. Grouillez-vous.
Les enfants ont poussés une immense clameur où vibrait un espoir nouveau. Je peinais à y croire. J'avais réussi. On pouvait peut-être y arriver.
C'est alors que j'ai fais volte-face pour m'élancer vers la sortie et que je me suis heurté à quelqu'un derrière-moi. Travis. Il me regardait, souriant, l'air amusé. Le groupe s'est arrêté derrière-moi sans comprendre.
-Quoi ?!Faut se grouiller merde, c'est pas encore la fête là !
Travis a ris, un rire léger, insouciant, presque enfantin, en posant une main froide sur ma tête pour me caresser les cheveux. Quelque-chose n'allait pas.
-Ce langage de chartier... jamais je n'ai vraiment compris d'où vous était venu ce manque certain d'élégance.
-... Quoi ?
Mon estomac s'est liquéfié. Mes jambes ont presque cédés sous moi alors que j'étais brutalement prit de tremblements incontrôlables. J'ai reculé.
-Non. Non, pas ca.
Cette fois le fils d'Hermès a franchement éclaté de rire, un rire bruyant et élégant qui a même couvert le hurlement des sirènes qui nous environnaient. J'ai bondis en arrière comme un animal.
-RECULEZ !ECARTEZ-VOUS DE LUI, RECULEZ !
Les enfants terrifiés par la panique hystérique dans ma voix se sont amassés en un groupe compact qui sans comprendre a reculé contre tout instinct de survie, comme effrayé par le feu. La voix de Peter parmi eux a retenti dans mon esprit :
-Derek, qu'est-ce que...
-C'EST LUI !, ai-je simplement hurlé en déployant à nouveau mes poignards.
Travis n'en finissait pas de rire. Vous l'aurez compris, ce n'était pas Travis Alatir. Ou plutôt, ca ne l'était plus. Il a fait une extravagante révérence, puis soudain son œil droit a brillé de mille feux d'une lueur grise cendre, une explosion de pouvoir a secoué l'air environnant et la lumière l'a enveloppé tout entier un cours instant. Quelque-chose s'est détaché de lui. Et quand enfin j'ai à nouveau pu le regarder en face, Arsène Lupin se tenait devant-nous, le bord de son haut-de-forme rabattu sur les yeux et Travis Alatir inerte à ses pieds.
-Bravo !Oui, Bravo !Absolument splendide, mes jeunes amis !Je me dois de vous l'avouer, vous m'avez impressionné. J'ignorais jusqu'alors qu'il subsistait des pouvoirs aux enfants maudits. Il y a donc quelque-chose au fond de nous que même le mauvais sort n'a su étouffer ?C'est fascinant. Oui, absolument fascinant !
Lupin avait prit possession du corps de Travis depuis le tout début, il était avec nous, parmi nous, depuis le premier instant. Il avait sûrement prit le contrôle du frère de Connor, un prisonnier de l'OMEGA, dés qu'il m'avait laissé seul après que je me sois enfui de la bibliothèque. Il savait que j'allais venir ici, au QG, il n'avait qu'à m'y attendre. Mais pourquoi ?
Des cris de terreur et d'incompréhension ont explosés dans la foule massée derrière-moi alors que seul Peter s'avançait à mes coté, ses deux épées en mains.
-Arsène Lupin, je présume ? (la haine a déformé son visage) On a un compte à régler, vous et moi.
Lupin l'a regardé en souriant. Soudain, avant que j'ai pu faire quoi que ce soit, il a disparu sans un artifice, est réapparu derrière Peter et a frappé sa nuque du tranchant de sa main gantée de blanc. Avant même que le petit blond se soit effondré sur le sol, inerte, le gentleman cambrioleur se tenait à nouveau à quelques mètres. J'ai hurlé, terrifié :
-ENFOIRÉ !
-Je n'apprécie guère de frapper les enfants, mais je me défie des télépathes, même novices en la matière. J'ai bien des secrets comme vous le savez. C'est aussi pourquoi c'est lui que j'ai entrepris de posséder à notre première rencontre. Mais au fait, pourquoi ne toujours pas lui avoir demandé ce qu'il a lu, dans ce fameux Livre, à la Bibliothèque du Congrès ?L'urgence de la situation, c'est cela ?
J'ai senti quelques prisonniers s'avancer à mes cotés, prêts à se battre malgré leur confusion, dont Sarah :
-Derek, dis-nous ce qui se passe.
Si je le savais !Arsène Lupin nous avait aidé à désactiver le système de sécurité, bordel !J'ai pris une longue inspiration. Personne ne savait quoi faire, personne ne savait comment réagir, et Lupin lui-même semblait attendre la suite. Je devais utiliser mes pouvoirs, comprendre la machination, mais en quelques secondes ca relevait de l'impossible. La première fois que j'avais vu Lupin il possédait Peter alors que l'OMEGA s'apprêtait à nous capturer, la seconde fois il avait tenté de me faire attraper à la bibliothèque toujours en s'assurant que l'Organisation aurait toutes les chances de m'attraper. Son but restait un mystère mais Lupin me voulait ici-même, au QG de l'OMEGA, à l'instant où j'avais fais un pas dans cet endroit je savais déjà que je jouais son jeu. Il devait se passer quelque-chose dans cet endroit. Il était resté près de moi dans l'attente de voir arriver cet évènement, et s'il apparaissait maintenant, ca signifiait qu'il ne s'était pas encore produit. Il devait donc influencer le cours des choses de manière à mener la situation là où il la voulait. Le problème, c'est qu'à présent, il ne disait plus rien et me laissait réfléchir, en souriant. Toutes les données menaient à une seule conclusion.
-Il gagne du temps !, ai-je craché. Il veut donner aux Agents le temps de nous choper !
-Pourquoi ?!, s'est étranglé Tristan en tremblant. C'est qui merde ?!
-Hé bien voyez-vous, je suis fatigué, a éclaircit Lupin. Oui, fatigué. Le jeu est pour moi un art dont je suis seul maître, mais mes pions manquent parfois de discipline. Aussi, je triche !Je me vois forcé d'intervenir afin d'un peu mieux les placer.
Son sourire s'est élargi. D'un mouvement magistral il a pointé son index sur moi.
-Cette histoire est la nôtre, Majesté !La vôtre, la mienne. J'ai besoin tout comme le jeune monsieur Jackson de vous voir atteindre certains de vos objectifs, mais je ne peux me permettre de vous voir réussir avec trop de succès. Aussi, vous venez de libérer le Seigneur du Temps. Cela pourrait devenir source de problème, très vite !Mes intérêts divergent quelque peu des siens, voyez-vous, et tout deux nous vous voulons pour nous même. Seul un vers de la prophétie m'intéresse.
Je n'ai même pas écouté. Malgré la peur et la fureur, une partie de moi-même s'embrasait d'une joie mauvaise. Lupin n'était qu'un mortel, un demi-dieu. Contre combien de personnes pouvait-il se battre simultanément ? J'ai hurlé :
-Les Agents vont arriver d'une minute à l'autre !Ne cherchez pas à comprendre. Ce mec est avec eux, c'est tout ce qu'i savoir !Il est comme les autres !BUTEZ-LE !
Tous les gosses ne l'ont pas fait. La situation était trop folle, trop insensée. Mais une quinzaine d'ados, principalement les membres de la Colonie et les magiciens, ceux qui avaient des notions de combats, se sont jetés en avant à mes cotés.
Lupin s'en moquait. Il a saisi le pied du premier arrivé et l'a jeté sur un autre avant de disparaître tandis que je lui jetais un poignard au visage. J'ai entendu sa voix à mon oreille :
-Mes chaînes m'interdisent de vous porter préjudice, Altesse, d'aucunes façons.
Ses chaînes ?Il a réapparut un peu plus loin, juste devant Sarah qui, surprise, lui est rentré dedans avant qu'il ne se baisse subitement pour esquiver Amos et Julius qui avaient tentés de se jeter sur lui et sont alors tombés pêle-mêle sur Sarah.
-Tient dont, les enfants de Carter Kane !Une variable qui ne faisait que bien peu partie de mon plan, bien qu'elle n'y change rien !
Il s'est plié en deux pour éviter un coup d'épée de Ramon et lui a fait un croche-pied pour le laisser tomber sur les trois autres.
-Ayant moi-même amené l'œil d'Horus à sa perte je suis on ne peut plus étonné que le Destin vous mène si près de lui.
Amos et Julius ont écarquillés les yeux, le souffle coupé, alors que Lupin continuait de s'amuser avec ses adversaires sans les quitter des yeux.
-Vous... vous mentez !, a hurlé Julius en se jetant sur lui à nouveau.
-Oh, il n'est pas mort !Non, Carter Kane est bel et bien ici. A mon instar il est bien plus proche encore que ne saurait le dire la coquille qui l'abrite !Pour en revenir à notre bal, si vous n'agissez point de concert, votre nombre devient MON avantage !, s'est exclamé le gentleman cambrioleur avec amusement.
C'était ridicule. Il nous laissait nous marcher les uns sur les autres, allait de l'un à l'autre en distribuant ici un croche-pied ici une simple gifle, se servant de temps à autre de l'un de nous comme bouclier pour contrer les coups des autres, disparaissant juste avant l'impact pour nous laisser nous frapper entre nous, enchaînant des téléportations si rapides qu'il semblait un bataillon à lui tout seul.
-Quand on y réfléchis, qu'ai-je donc fais qui mérite la mort ?Certes je me dresse entre vous et votre liberté, mais m'avez-vous déjà vu blesser qui que ce soit ?
Tristan tentait maladroitement de le suivre, éclair bleu aveuglant qui parcourait le couloir en grésillant, mais même s'il en avait eu la force Lupin était beaucoup plus rapide qu'il ne le serait jamais. Et tout ca n'était qu'une manœuvre pour donner aux Agents le temps d'arriver.
Au terme d'un enchaînement de téléportations aussi complexe que les mouvements de la chaîne de mes poignards, il s'est soudain posé parmi nous, simplement, au beau milieu de ses ennemis. Tous ont saisis l'occasion : on s'est jetés sur lui d'un même mouvement. Aussitôt, il a saisi son chapeau et fait une autre révérence tout en projetant autour de lui son aura, l'aura du plus puissant des enfants d'Hermès. Plus forte que celle de Clarisse, de Nico, de Jason, une aura si puissante qu'elle en était matérielle. L'air a vibré, ondulé, puis soudain, il a explosé : tous mes alliés ont été projetés en arrière par une force invisible comme autant de chatons heurtés par un camion. Moi aussi, mais alors que j'allais décoller, une force contraire m'a maintenant en suspension au-dessus du sol, juste en face de notre adversaire. Lupin tendait la main vers moi, doigts écartés.
Pour comprendre la terreur qui a ravagé mon esprit à cet instant, il faut avoir utilisé l'Attraction ne serait-ce qu'une fois. C'était impossible. Un être humain ne pouvait être assujettit à l'Attraction, ni aucune créatures vivantes. Si je pouvais l'être, alors ou Arsène Lupin était dans un état loin au-delà de la folie où son orgueil de fils d'Hermès était devenu si absolu qu'il en était venu à ne plus considérer toutes choses que comme des biens inertes qu'il pouvait acquérir ou délaisser, il ne me considérait pas existant comme un être vivant, ou je n'étais ni plus ni moins qu'une possession, quelque-chose qu'il voulait de toute ses forces et n'avait qu'à tendre la main pour obtenir. Et cette simple idée m'emplissais d'une terreur qui empêchait même l'oxygène d'atteindre mes poumons et les larmes de couler hors de mes yeux.
J'ai poussé ce même rugissement de bête sauvage que j'avais poussé après ma fuite dans le portail-iris, un hurlement de fureur et d'impuissance qui a fait trembler les murs trop monstrueux pour pouvoir être émit par un garçon de treize ans, ou même par quelque-chose d'humain. Lupin a sourit, tout en me maintenant figé au-dessus du sol.
-Avez-vous progressé dans la découverte du secret de votre ascendance, de votre véritable Nature ?J'ai omis à notre dernière entrevue de féliciter l'élégance de cette queue qui s'agite derrière-vous. Le monstre que vous abritez ne devrait plus rester tranquille encore longtemps, savez-vous ?
-BATTEZ-VOUS COMME UN HOMME !
-Tant de sauvagerie... j'aurais aimé avoir tout loisir de vous garder à mes cotés afin de vous inculquer des notions de bonnes manières. D'aucuns considéreraient que cette mission me revenait – après tout, je reste votre père.
Je me suis statufié, sous le choc. Mon...
Soudain, le voleur a éclaté de rire.
-Je plaisante, bien entendu, je plaisante !Ou peut-être est-ce ici que prends racine la facétie ?La vérité, la fourberie, saurez-vous cette fois-ci desceller qui est qui ?Cela n'a à vrai dire que bien peu d'importance, d'une façon ou d'une autre c'est bel et bien à moi que vous devez la vie. Nombre sont ceux à présent qui vous voudrait mort ou sous leur contrôle, mais c'est à moi qu'il revient, moi à qui vous devez vie et conception !A présent, que commence le second acte de notre tragédie !
Et là-dessus, il a disparu. Je suis retombé au sol libéré de son pouvoir, ivre de rage, les poings serrés à m'en briser les os. On n'entendait plus que les sirènes qui hurlaient sur les murs. Personne ne tenait assez à moi pour accourir à mes cotés s'assurer de mon état. Du moins, j'ai cru que c'était ca. J'ai levé les yeux, pour réaliser que tous regardaient derrière-moi en silence. Je me suis retourné, lentement.
De l'autre coté du couloir, tout au bout, une nouvelle porte s'ouvrait lentement avec des bruits mécaniques, large et haute de plusieurs mètres. Pour livrer passage à plus d'une centaine de costumes cravates armés jusqu'aux dents.
Lupin avait eu ce qu'il voulait, il leur avait donné tout le temps nécessaire. Ils étaient deux fois, peut-être trois fois plus nombreux que nous, et le temps qu'on les atteigne ils nous auraient fusillés l'un après l'autre, ont étaient une cible parfaite. J'ai tout de suite reconnu l'une d'entre eux à l'avant. C'était la blonde de la bibliothèque, celle que j'avais failli tuer.
-C'est terminé les enfants, a crié celui qui les menaient d'une voix qui se voulait apaisante. Soyez raisonnable. Si vous ne vous rendez pas maintenant, vous allez tous mourir.
Si cet abruti avait fermé sa grande gueule les choses auraient peut-être prises une tournure tout à fait différente. Heureusement, il a prononcé précisément les mots qu'il ne fallait pas. Mourir, c'était ce que tous ici avaient attendus pendant des heures sur des tables d'opération. Je n'avais pas besoin de me retourner pour voir l'expression sur le visage de chacun, peut-être même sur celui des plus petits. Ils avaient cessés d'être des enfants des années auparavant. Et d'une façon ou d'une autre, quoi qu'il advienne, pas un d'entre eux ne retournerait dans sa cellule. Jamais.
-Les mains sur la tête !, a tonné un autre Agent.
Je me suis rappelé la salle d'expériences prioritaires, le petit garçon qui brûlait. S'il était avec nous, je l'avais pas vu. Et alors j'ai compris qu'il n'avait jamais été un faiseur de feu. Juste un gamin gavé de nectar en perfusion jusqu'à ce qu'il en crève.
Je n'avais pas envie de m'enfuir ou de me rendre, non. J'avais envie de taper sur quelqu'un. L'une des évadées, une des plus âgées, s'est avancée à mes cotés. Puis un ado. Et une fille d'une douzaine d'année seulement. Et un autre, et encore un, et encore. On s'est mit à marcher l'un après l'autre, de plus en plus vite, comme si c'était l'unique chose à faire.
-Ne soyez pas stupide, MAINS SUR LA TÊTE OU JE TIRE !
C'était ce qui se passait quand on blessait des gens et ceux qu'ils aimaient, quand on les forçait à souffrir ou regarder souffrir les leurs pour une raison stupide, impuissants. Ils avaient peur ouais, immensément. Mais ils étaient aussi en colère. L'OMEGA avait créé quelque-chose qui n'avait plus rien à voir avec la terreur que l'Organisation voulait inspirer.
Personne n'a rien dit. On a juste commencés à courir, puis à courir plus vite encore. Droit sur eux. Quelqu'un a poussé un hurlement furieux, suivi par plusieurs dizaines. Un dernier bouclier d'énergie bleue presque aussi large que le couloir et qui avançait en même temps que nous a surgi du néant sur l'ordre des égyptiens, en même temps que les premiers coups de feu des Agents qui nous tenaient en joue en face, puis aussitôt des centaines de balles ont ricochés dessus en vain tandis qu'on se ruait en avant toujours plus vite.
Ce qui voulait pas dire que j'avais envie de crever si y avait peut-être une autre solution.
Je me suis concentré de toutes mes forces sur mon unique pouvoir, et j'ai attracté. Attracté de toutes mes forces, les deux mains écartées, les bras tendus des deux cotés du couloir, jusqu'à ce que la douleur tinte à mes oreilles. J'ai juré. Ca ne marchait pas, je n'étais pas assez puissant et je ne m'étais jamais attaqué à une surface solide auparavant. Soudain, un garçon d'une quinzaine d'année à mes cotés a ouvert la bouche... et il a hurlé. Un rugissement assourdissant, suraigu, tout juste supportable, on voyait l'air lui-même onduler sous les fréquences qui jaillissaient de sa gorge. Il avait comprit ce que j'essayais de faire, sans doute parce-que c'était l'unique solution. Un autre s'est joint à lui en hurlant, puis un troisième, mais ca ne fonctionnait toujours pas. Puis une fille a largement écarté les bras et violemment frappé dans ses mains en répandant une terrible onde de choc. Et enfin, les vitres ont commencées à se fissurer. J'ai attracté plus fort encore, de toutes mes forces, les évadés sont montés d'une autre octave rejoins par d'autres qui comprenaient à leur tour, la fille a frappé dans ses mains, encore, encore et encore. Et soudain, sous l'effort conjugué de l'Attraction qui tirait le verre vers moi, des hurlements qui le fissurait et des ondes de chocs qui frappait contre elles, les prisons qu'étaient les murs ont explosés dans un incroyable tourbillon de verre brisé, à travers tout le couloir et jusqu'au plafond, il pleuvait des monstres, littéralement, des créatures de cauchemars par dizaines qui ont jaillis de leurs cages la bave aux lèvres et assoiffées de vengeance.
En n'importe-quel autre circonstances ils se seraient saisis du moindre être-vivant pour le dévorer, ils nous auraient taillés en pièces. Chacun d'entre-nous savaient qu'ils n'en feraient rien aujourd'hui, qu'il existait une chose qui serait encore bien plus forte que leur faim. Parce qu'à cet instant précis, les monstres comme les demi-dieux étaient unis par la même haine.
Et pour la première fois en trois millénaires, alors que la mythologie grecque se jetait sur l'OMEGA, les hurlements des monstres qui cavalaient parmi nous se sont mêlés aux cris des sangs mêlés dans un formidable rugissement de fureur.
13885 mots
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro