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Les Enfers ont de la concurrence





-Ne bouge surtout pas pendant le transfert, a répété Sadie Kane. Si tu le faisais...

-Ouais ouais, réduit en cendres, j'ai compris l'idée...

Pour des raisons d'espace, on avait dû faire ca dans le jardin. Je me tenais au centre d'un pentacle dont chaque ligne était faite de hiéroglyphes alignés les uns après les autres peints à l'encre dans l'herbe. Au bout de chacune des cinq branches il y avait Sadie, Walt, Bastet, et les deux professeurs les plus puissants du Nome après eux, une femme qui s'appelait Jaz et Félix, le gars qui avait été envoyé chercher les trois crétins que j'avais lourdé et était heureusement revenu bredouille. Ca en ferait trois de plus à ramasser, ils avaient choisi le bon jour pour être chopés par l'OMEGA.

Tout autour du rituel les élèves de tout âge s'étaient massés en dehors du pentacle en une foule compacte de quelques centaines de gamins, autant pour alimenter l'incantation avec leur propre Magie quand il le faudrait que pour regarder. J'espérais qu'ils seraient suffisamment, ils étaient encore plus nombreux que l'intégralité des pensionnaires de la Colonie, mais d'après ce que j'avais pigé personne ici n'avait jamais utilisé un sort qui réclamait tellement de magie.

-On va pouvoir commencer, a annoncé Walt en faisant craquer ses jointures. Ca pourrait brûler un peu, on va devoir te faire traverser l'espace mais aussi le temps.

J'ai hoché la tête en frissonnant légèrement dans mes vêtements en lin. Ils m'avaient fourni un pyjama comme le leur, une tenue blanche et ample qui me donnait des airs de moine guerrier de jeux vidéo, soi disant parce-que les autres matières faisaient obstacle à la magie, une connerie comme ca. Si j'arrivais à atteindre Hélèna, c'était tout à fait possible qu'elle refuse de suivre quelqu'un d'aussi mal habillé.

Ouais, finalement j'avais accepté. J'allais aller chercher Hélèna, et après direction Olympie. Pas à cause du discours faussement nonchalant et totalement cliché de Sadie Kane, non, cette fille avait lu trop de shonens. A cause de Jack. De ce qu'il avait dit. Il ne s'était pas attaqué aux trois égyptiens parce qu'il était à leurs trousses, non, c'était moi qu'il recherchait, et la seule raison pour laquelle j'en avais réchappé c'était parce-que j'avais réussi à voler un tapis volant. Mais si j'avais été seul ? Si Sarah et les deux autres n'avaient pas été là, quand des plantes ont commencées à pousser dans le wagon, quand la végétation avait envahie la gare ?Je serais mort. Parce-que j'avais beau être plus perfide que le diable je ne savais toujours pas me battre, pas réellement, je gagnais toujours par la ruse ou en fuyant. Au moins deux d'entre nous devraient mourir pour que le dernier puisse vivre, la prophétie le disait. Mais si je continuais mon chemin tout seul, je n'atteindrais peut-être jamais Olympie. C'était comme ca que j'avais décidé d'interpréter ce qu'avait dit Sadie. Ouais, ca ne servait à rien de continuer sans Hélèna, parce-que sans ses pouvoir et son expérience du monde grec j'arriverais sûrement jamais à destination, la magicienne avait raison, tout seul j'étais trop faible, même si ca me tuais de le reconnaître. J'avais besoin de cet outil pour atteindre la Grèce, pour atteindre le Mont Olympe des origines. Et là, Hélèna deviendrait inutile.

-Vous êtes vraiment sûr que le portail ne pourra téléporter qu'une seule personne ?, ai-je encore demandé.

-Tu veux arriver aux QG de l'OMEGA en petits morceaux carbonisés ?, a rétorqué Sadie.

-Heu... non.

-Alors ce portail n'a assez de puissance pour téléporter qu'une seule personne. Tu as bien la casquette sur toi ?

J'ai sorti la casquette d'invisibilité en boule de ma poche pour la lui montrer. Une très vieille casquette des Yankees toute dégueulasse qui avait appartenu à Annabeth Jackson. Elle l'avait offerte à Sadie juste avant de partir sans le Livre, en cadeau d'adieu, ce qui d'après moi était totalement stupide.

-Parfait. Met-la sur ta tête dés que tu auras été téléporté, c'est capital. Souviens-toi, nous pouvons créer un lien entre ta page et le reste du Livre, mais on n'aura pas la précision nécessaire pour t'envoyer près du bouquin, ne le cherche pas. Ton but est de trouver les douze égyptiens qui ont été capturés au fil des années ainsi que ton amie – et vaut mieux faire vite, cette casquette est vieille, et sa magie peut-être presque éteinte. Tu vas apparaître quelque-part dans le QG, ca pourrait être n'importe-où, même sous le nez d'un Agent, c'est pourquoi il faut à tout prix...

-Que je devienne invisible à la seconde où j'apparaîtrais, ouais ouais, c'est pigé.

Un dernier éclair de doute est passé dans son regard, ce qui était pas hyper rassurant pour moi qui était censé mettre le plan à exécution.

-Tu es sûr de pouvoir le faire ?, a-elle insisté. Le plan B ?Tu ne tiendra que quelques heures, ce sera de plus en plus douloureux.

-Vous avez dit qu'il fallait que ce soit quelqu'un qui n'était pas magicien, pas vrai ?Quelqu'un qui pourrait supporter les tatouages sans qu'ils entrent en conflit avec sa propre magie ?

Vous pigez rien, hein ?Hé bien je ne vous dirais pas de quoi je parle, pour la simple et bonne raison... que j'en ai pas envie. Vous verrez bien.

-C'est la seule raison pour laquelle c'est toi qu'on envoie et pas l'un des nôtre, a craché Bastet que j'avais fini par apprendre à ignorer.

-On comptait envoyer Khéops, a expliqué Félix depuis sa pointe du pentacle. Il n'est pas magicien non plus. Une fois arrivé il n'aurait eu qu'à utiliser le plan B tout de suite, et...

-C'est qui, Kheops ?, ai-je coupé.

-C'est notre babouin domestique.

-... Ok, si c'est moi ou un babouin, j'aime autant m'occuper de ca tout seul.

-C'est vraiment un babouin très intelligent, tu sais.

-C'est moi qui fais, je vous dis !

-Très bien. Alors c'est parti.

Sadie s'est tournée vers l'assistance.

-Tenez-vous prêts !

D'un même mouvement, tout autour de nous, les élèves ont levés la main droite.

-Je sais que vous n'y arriverez peut-être pas tous. On ne vous apprend pas des sorts de ce niveau avant la sixième année, c'est tout à fait normal. La chose en elle-même est élémentaire, les plus expérimentés soutiendront la forme, vous n'aurez qu'à laisser brûler votre magie. C'est de cette dépense d'énergie que vient le danger. Surtout, si vous vous sentez faiblir, quel que soit votre âge ou votre niveau d'apprentissage arrêtez tout de suite d'alimenter le cercle !Gardez à l'esprit que si nous parvenons à envoyer notre... visiteur au milieu de la base ennemi, nous pourrons faire la différence !Nombreux sont parmi vous ceux qui brûlent d'agir, de faire quelque-chose pour ce qui se passe en ce moment dans le monde, je le sais bien. Je ne peux pas encore tout vous expliquer, la situation est plus complexe que vous ne pouvez l'imaginer, mais c'est maintenant !Si nous pouvons ramener le professeur Carter et les autres, alors nos actions contribueront à remettre les choses en ordre.

-Alors c'est bien ca, a crié une voix dans la foule. Le monde est en danger, pas vrai ?Encore une fois ?

-Oui, c'est vrai. Et je sais que vous êtes tous en colère de savoir qu'on doit vous cacher une partie de la vérité.

-C'est rien de le dire, a fait une autre voix. Quelqu'un pourrait me dire pourquoi le mec qu'on envoie chercher les copains a des cheveux en métal ?Et une queue ?!

Bientôt d'autres questions et bien plus encore de protestations se sont élevées dans la foule dans un inquiétant brouhaha. Je les comprenais un peu, à leur place les pensionnaires de la Colo auraient réagit pareil.

-S'il n'est pas magicien, comment il va se défendre une fois qu'il sera dans la base ennemi ?!

-Comment ca peut être un visiteur d'un autre Nome s'il n'a pas de pouvoirs magiques ?!

-Si le monde est en danger on a le droit de savoir pourquoi, dîtes-nous où aller, dites-nous ce qui se passe !

-Ca veut dire que pendant tout ce temps on vous nous disiez que pour retrouver Carter il fallait retrouver la partie manquante du Livre de Thot c'était des mensonges ?!

-J'ai une crampe au bras, là !

-Kheops est bien plus qualifié pour cette opération !

-Ouais, on veut téléporter le babouin !

-C'est loin d'être aussi simple que ca l'était dans le temps, a tranché Sadie d'une voix qui s'est fait entendre au-dessus de toutes les autres. Vous voulez sauver le monde ?C'est maintenant !Tout ce que vous avez besoin de savoir, c'est que si ce sort devait échouer, alors nous aurons perdu.

Tu m'étonnes, si ce sort devait échouer je resterais coincé entre ici et là-bas et je cesserais d'exister !

Finalement, Sadie a levé le bras et y a fait surgir un long bâton qu'elle a planté dans le sol devant elle en le tenant à deux mains. Les autres professeurs l'ont imités, sauf Bastet et Walt qui étaient des dieux et se sont agenouillés en posant une main à terre. Tous ont fermés les yeux. Puis d'une même voix, ils ont prononcés un mot en égyptien.

Aussitôt, les hiéroglyphes sur le sol se sont illuminés d'une lumière bleue comme une guirlande de Noël, jusqu'à ce qu'on les voit nettement. La lumière a augmenté encore, puis encore. Je me suis placé très exactement au centre de l'immense étoile bleue à la hâte : partout ailleurs, le sol était brûlant.

Sadie parlait dans ce qui devait être de l'égyptien ancien ou quelque soit la langue qu'utilisait ces mecs en pagne de l'époque, j'en savais rien. Mais Anubis et Bastet employait une langue qui ne m'était pas inconnue. Cette même langue que j'avais trouvée dans le grimoire durant le combat contre Iris et avec laquelle j'avais invoqué mon ombre. Iris l'avait appelée la langue des dieux. Leurs mots se mêlaient aux formules de Sadie dans un accord parfait, comme un chant.

-A travers l'espace, à travers le temps, revêtant mille visages en un unique instant, j'implore le pouvoir, j'implore les tout puissants. En ces lieux et au lointain, par ces vingt milles mots divins, en ces temps et par-delà, entendez chanter nos voix. Pour une seule seconde et mille ans ici-bas, pour une âme solitaire, jadis et au-delà...

Et ca continuait comme ca, encore et encore, sans jamais s'arrêter. Bientôt, des hiéroglyphes bleutés de plus en plus nombreux ont commencés à flotter dans le cercle, tout autour de nous, comme des moucherons. J'en ai touché un du doigt, fasciné, et j'ai aussitôt reçu une terrible décharge électrique qui m'a mit à genoux. Ok, pigé, pas bougé.

C'est alors que la scène s'est assombrie. Le vent s'est levé. J'ai levé les yeux, inquiet. Des nuages noirs s'amassaient au-dessus de nous en grondant dans ce qui semblait être le début d'une tempête un peu trop centralisée pour être une coïncidence.

Des fleurs ont poussées sur les hiéroglyphes de lumière restés au sol qui formaient l'étoile, des fleurs lumineuses indigo, ce qui a eu le temps d'être magnifique une poignée de seconde avant qu'elles ne s'embrasent toutes en même temps. J'étais maintenant entouré de flammes bleues. Et soudain, tout autour de moi, les professeurs ont prit feu. J'ai hurlé, horrifié, persuadé qu'ils avaient raté un truc, mais personne n'a paniqué. Ils flambaient tranquilles, sans se déconcentrer pour arrachés leur bâton du sol et l'ont brièvement fait tournoyer entre leurs mains avant de mettre un genoux à terre, leur arme à l'horizontale devant eux, et ont prononcés un autre mot. Puis, des piliers verts émeraude ont surgi de la terre derrière chacun d'entre eux en faisant trembler le sol, pointus au bout. Des obélisques. Elles semblaient faites d'une matière semblable à de la glace, de la glace verte qui a commencée à luire.

-Maintenant !, a soudain crié Sadie.

Aussitôt, j'ai jeté en l'air la page du Livre que j'avais à la main. Dans le même temps, la lumière a quitté la main de chacun des centaines d'élèves et s'est élevée dans les airs au-dessus du pentacle dans une seule et même spirale qui a entouré la page en suspension dans l'air de milles rubans de lumière dorée. Presque immédiatement, j'en ai vu une bonne trentaine parmi les plus jeunes dans la foule perdre connaissance. Rassurant, vraiment.

Les rubans de lumière se sont resserrés autour du papier, puis il les a absorbés. Pendant un instant, la page a brillé de mille feux en commençant à brûler. J'ai vu le dessin de mon propre visage source de milles questions disparaître dans les flammes et la lumière, juste avant qu'elle explose en un nuage de lumière comme une gigantesque nuée de luciole qui ont formés un pentacle à l'identique de celui sous mes pieds au-dessus de nous tandis que les obélisques derrière chacun des profs viraient au doré eux aussi. Les élèves ont tous levés les bras. Des hiéroglyphes que j'étais incapable de comprendre brillaient dans leurs paumes levées vers l'immense étoile dans le ciel, pour maintenir leur création je suppose. Les yeux des cinq magiciens autour de moi étaient entièrement jaunes, ils brillaient de l'intérieur tandis qu'ils continuaient de psalmodier. Avec un frisson d'horreur, j'ai eu l'horrible intuition que s'ils arrêtaient de parler une seule fraction de seconde, j'étais mort.

D'autres élèves se sont évanouis, plus nombreux encore, alors qu'un second pentacle se superposait au premier dans le ciel. Il n'en restait plus qu'un tiers environ.

-Ne vous surmenez pas !, a hurlé la voix de Bastet dans nos esprits à tous alors qu'elle continuait à entonner ses incantations avec les autres. Vous pourriez vous tuer, le danger est réel !

Les ordres étaient clairs : abandonner dés qu'ils se sentaient faiblir. Pourtant personne ne baissait les bras avant de s'effondrer, ils voulaient tous aller jusqu'au bout. Je comprenais le dilemme auquel les professeurs faisaient face. Ils avaient besoin de l'aide des gamins pour y arriver mais ils ne voulaient pas risquer leurs vies, et ils ignoraient totalement quand exactement leur dire d'arrêter parce que personne n'avait jamais fait ca auparavant. S'ils les stoppaient trop tôt j'aurais assez d'énergie pour partir mais pas assez pour arrivé à destination, s'en serait fini de moi et de tous ceux que notre marché m'engageais à libérer. J'ai résisté à la tentation de fuir, de sortir de ce cercle infernal avant d'y laisser ma peau. C'était trop tard de toute façon, et même si je tuais un des participants pour arrêter la magie du pentacle les autres me buteraient dans la seconde.

Soudain, une des cinq magiciens autour de moi, Jaz, a frissonné et mit un genou en terre, les mains tremblantes sur son bâton alors que les flammes qui l'entourait s'affaiblissaient. Les autres ont récités plus fort, comme pour compenser sa faiblesse, mais aussitôt Félix a faillit s'effondrer à son tour, le corps fumant. Même Sadie semblait au supplice alors qu'une sueur doré coulait sur son front. L'intégralité du Nome de Memphis était en train d'atteindre ses limites.

Donc pour résumer, j'étais au centre d'un pentacle de feu bleu entouré de cinq barjots en transe en train de brûler à chacune de ses pointes enflammées, encerclé par des obélisques lumineuses, des centaines de hiéroglyphes phosphorescents électrifiés flottant autour de moi en suspension dans l'air, le tout re-encerclé par quelques centaines de jeunes les bras levés vers le ciel qui s'efforçaient de maintenir les pentacles de lumière au-dessus de tout ca. Vous inquiétez pas c'est bientôt fini.

Comme vous, j'étais sûr que ca pourrait pas être plus bizarre, quand soudain j'ai pris feu à mon tour, des flammes vertes. J'ai poussé un long hurlement de terreur (oui ben j'aimerais bien vous y voir...) avant de réaliser que je ne sentais absolument rien. Et les professeurs ont achevés leurs incantations dans un hurlement alors que la foudre grondait au-dessus de nous.

- En réponse à nos rites, oh dieux bénissez, la magie interdite dans ce cercle sacré !

Tous les éléments de ce tableau psychotique ont brillés plus fort que jamais, d'un éclat aveuglant, puis tout s'est comme... stabilisé. Les lumières ont arrêtés d'osciller sous les efforts de tous pour les maintenir, comme si elles vivaient dorénavant d'elles même. Tout ce qui restait de la foule a perdu connaissance, littéralement. Ne restait debout qu'un ou deux rares adolescents particulièrement doués, une poignée d'étudiants dans la vingtaine et quelques professeurs. C'est là que j'ai mesuré le désir, le besoin qu'avait tout ces gosses d'agir, de faire quelque-chose. Personne n'avait abandonné avant l'évanouissement, pas même les plus jeunes. Quelle bande de pigeons. 'Fin bref, donc j'ai pris feu, et là j'ai achevé de paniquer quand j'ai senti mes pieds quitter le sol alors que je flambais toujours. Ca ressemblait à cette scène dans frère des ours où le mec se fait changer en ours mais avec une bonne dose de satanisme et des obélisques tout autour. Et que j'étais en pyjama. Sadie m'a crié ses dernières recommandations alors que je m'envolais toujours plus haut parmi les hiéroglyphes :

-Tous ceux d'entre nous qui ont été emprisonnés là-bas connaissent mon frère, tu n'aura qu'à leur demander s'il est parmi eux ! S'il y est, j'ignore comment l'OMEGA réprime ses pouvoirs, mais une fois que tu l'auras libéré plus rien ne pourra vous arrêter, il saura vous faire sortir ! En fait, quand tu devras fuir accompagné d'une douzaine d'évadés diminués, il sera peut-être ta seule chance d'y parvenir !N'essayez pas de libérer la totalité des prisonniers, ce serait impossible, on reviendra plus tard avec plus d'informations !

-Et s'il est pas là ?!Si Carter est pas là ?!

-Dans ce cas votre seule chance consistera à...

Mais c'était trop tard. Le pentacle de feu s'est élevé au-dessus du sol tandis que ceux en l'air s'abattaient sur moi, ils se sont déformés alors que l'énergie qui les composaient m'enveloppais tout entier dans une bulle qui m'a coupé du monde, j'ai cessé de savoir où était le haut, où était le bas, il n'y avait plus que moi au milieu d'un océan d'éclair de lumière et de flammes bleues à perte de vue. Et – enfin ! – je me suis senti exploser.

Je ne suis pas arrivé à destination tout de suite (oui ben laissez-moi deux secondes, moi aussi ca me saoule !). Pendant un instant, j'ai flotté dans un entre-deux, en moi, hors de moi, décomposé, réduit à un simple esprit n'ayant plus conscience que de lui-même. Un bref souvenir m'est apparu, flottant parmi les autres comme un fantôme.

Je me suis réveillé lentement en grognant. C'était encore la nuit. J'avais froid. Je me suis redressé en passant une main dans mes cheveux métallique, agacé. Les volets ouverts laissaient entrer la lumière de la lune, une lueur argenté qui découpait la silhouette d'une jeune fille qui enjambait la fenêtre. Sasha.

Ce n'était pas la première fois que je la voyais partir toute seule. Elle aurait pu juste être en train de faire le mur. Elle aurait pu partir faire un cambriolage en solo. Mais elle m'a regardé. Et j'ai su qu'elle ne reviendrait pas. Je ne me suis pas levé d'un bond. Je n'ai pas crié pour la dénoncer. J'ai simplement demandé :

-Tu t'en vas, pas vrai ?

Elle n'a pas cherché à nier. Elle n'a pas essayé de s'enfuir. Simplement, elle a regardé la lune.

-Ouais.

-Il fait froid. T'as rien emporté.

-Je me débrouillerais.

Pendant un instant, plus personne n'a rien dit. Puis, finalement, elle a lâché d'une voix neutre, comme si ca n'avait pas la moindre importance :

-Tu veux venir ?

-Non. Pas vraiment.

-On serait libre. Fini les familles d'accueils, le collège, on pourrait aller où on veut. Faire ce qu'on veut.

-C'est pas déjà le cas ?On fait ce qu'on veut, Sasha. On vole ce qu'on veut, on va où on veut. Et la seule chose qu'ils peuvent faire pour avoir l'impression de nous en empêcher, c'est nous changer de famille d'accueil.

-J'en ai assez. Je veux être la seule à décider de ce qui fait ma vie. C'est ca, pour moi, la véritable liberté. Toi tu n'as jamais eu besoin de t'attacher à quelque-chose. Tu ne décides pas où on t'emmène, mais tu t'en fiches, alors c'est tout comme. Je veux trouver un véritable foyer.

J'ai souris.

-A plus, sœurette.

J'avais détesté chacune des personnes avec lesquelles on m'avait collé en famille d'accueil. Mais elle avait été différente. Elle était comme moi. Je n'allais pas essayé de la retenir. Si elle avait été capable de se laisser persuader, elle n'aurait pas été l'unique personne à qui j'avais jamais porté un peu d'affection.

Le souvenir a prit fin, ne laissant qu'un kaléidoscope de couleurs mystérieuses derrière-lui. Tout aurait pu s'arrêter là. J'aurais pu ne jamais la revoir, ne jamais plus recroiser son chemin. Si ca avait été le cas, alors elle serait encore en vie. Elle m'aurait accompagné à la Colonie des Sang Mêlés, mortelle ou pas. Elle aurait envoyé toutes les règles se faire foutre et elle serait venue avec moi pour la quête que je le veuille ou non. Elle aurait fuit la Bibliothèque avec moi. Tout aurait été différent. Et tout ca n'arriverait jamais simplement parce-que...

Et soudain j'ai ouvert les yeux. Contrairement au départ, l'arrivée s'est faite sans le moindre son et lumière, dans la discrétion la plus totale. J'étais pas là, et soudain j'y étais.

Aussitôt j'ai mis la casquette d'invisibilité sur ma tête, je ne suis resté visible qu'une fraction de seconde. Et heureusement. Soudain, je me suis retrouvé nez à nez avec un lion absolument gigantesque aux yeux révulsés, sa gueule écumante garnie de deux rangées de crocs effilés comme des rasoirs, qui a rugit si fort que j'aurais juré sentir mes oreilles commencer à saigner. J'ai hurlé de terreur, un cri totalement couvert par son abominable mugissement, un instant avec que soudain un coup de feu ne retentisse, puis un autre. Des étincelles ont ricochés sur son pelage comme sur du métal, sans même le chatouiller. Une voix a retentie au plafond, une voix qui semblait sortir d'un haut-parleur :

-On ne bat pas un lion de Némée en s'en prenant à son impénétrable défense, bien des monstres ont la peau si dure que nos balles ne leur feraient rien. Si nous n'avions que les balles, rien ne nous différencierait des forces militaires en matière de force de frappe.

J'ai reculé sur les mains, à moitié fou de terreur, et enfin j'ai pu comprendre la situation. Je me trouvais dans une grande salle aux murs métallique, sans fenêtres. Il y avait quatre personnes avec moi, deux garçons et deux filles d'un peu moins d'une vingtaine d'année qui portaient tous des flingues et qui encerclaient l'énorme lion.

Le mur du fond, en revanche, était une vitre derrière laquelle se trouvait une sorte de poste de contrôle avec un long panneau de commande derrière lequel se tenait trois hommes en costumes cravates. Devant l'un d'eux, il y avait un micro. Il s'est penché dessus, et a dit, très calme :

-Il vous reste quarante trois secondes. Ceux d'entre vous qui auront échoués repasseront cette épreuve, seuls et sans armes.

Un des garçons dans la salle, un asiatique, a serré les poings. Il avait l'air épuisé, ses vêtements étaient trempés de sueurs et tout froissés, et encore plus que les trois autres il avait un regard de bête traquée.

-Formation têta, Elvis en appât.

Aussitôt, ils se sont élancés. L'autre garçon, un roux, a dégainé un second revolver et a fait feu sur le lion de Némée en visant sa gueule et ses yeux. Agacé, le monstre s'est jeté sur lui alors que les deux filles se déployaient sur ses flancs et que leur meneur se plaçait à l'arrière. Le roux a fait volte-face, et il a entreprit se s'élancer vers le mur d'en face. L'espace d'une seconde, sa forme s'est flouté... puis il est réapparu et s'est étalé par terre, entre les pattes du monstre qui l'a rattrapé une seconde plus tard, prêt à le croquer. Soudain, le leader s'est jeté en avant et a glissé sous le ventre du lion avant de se rétablir d'un saut périlleux arrière qui dans le même mouvement lui a permit de frapper le menton du monstre de ses deux pieds. Ca n'a même pas suffit à l'étourdir, mais une fraction de seconde il a levé la tête, la gueule entrouverte. Ca a été suffisant pour l'une des deux jeunes femmes : pendant que leur chef sauvait la mise à celui qui était à terre, elle s'était élancée à son tour vers le mur du fond et s'était propulsé dans les airs en sautant dessus avec l'aisance d'une acrobate. Quand le lion a levé la tête, elle était en l'air, son regard d'aigle froid comme la glace braqué sur sa cible. Et soudain, elle a tiré quelque-chose de ses deux poches et les a jetés dans la gueule du monstre, la tête en bas. Il a été agité d'un violent soubresaut, comme s'il avait explosé de l'intérieur, puis il a basculé sur le flanc, inerte. Et puis il a disparu. Pas comme un monstre, non, pas tombé en poussière, il est juste devenu transparent puis s'est lentement désintégré en petit cubes qui se sont évaporés dans l'air. Comme un hologramme très sophistiqué. Je m'étais invité dans une salle d'entraînement de l'OMEGA. L'entraînement des juniors, manifestement, sûrement la raison pour laquelle ils ne portaient pas de costume cravate. Ils étaient tous les quatre alignés face au mur vitré à présent, essoufflés, attendant un verdict. Le roux qui avait tout gâché tremblait, livide.

L'un des Agents derrière la vitre s'est une nouvelle fois lentement penché sur le micro :

-Le pas fantôme est une technique à ne pas utiliser en combat réel avant de l'avoir parfaitement maîtrisée, Mr Blake. Vous le saviez. Une erreur comme celle-ci est synonyme de mort.

-Personne n'est mort, a rétorqué le leader à la place de l'accusé, haletant. On a...

-... la stratégie la plus ingénieuse consistait à laisser Mr Blake se faire dévorer. Si vous aviez mieux révisé vos leçons, vous sauriez que le lion de Némée lorsqu'il goute au sang humain et momentanément bien assez étourdi pour un enchaînement de tirs bien placés dans la bouche. Après sa tentative stupide de Pas Fantôme, c'était ce qu'il y avait de mieux à faire face à un monstre de classe aussi élevé, au lieu de ca vous vous êtes mis en danger à votre tour, Mr Lawton. Vous avez agi comme des amis, pas comme des Agents. Demain, chacun d'entre vous sera réaffecté à une nouvelle unité. Quand à Mr Blake un séjour en cellule d'isolement lui fera sans doute le plus grand bien, allons-y pour six jours. Sans nourriture. Ce sera tout pour aujourd'hui.

Une porte dans le mur a coulissé pour ouvrir un passage. Les ados s'y sont dirigés d'un pas fatigué, sans une seule protestation. Je me suis vite précipité derrière-eux avant de rester piégé dans la salle. Mais à l'entrée, j'ai bien failli oublier de sortir avant que la porte ne se referme. A peine sorti, l'une des quatre recrues, Blake, s'est presque effondré, pâle comme la mort, mais je l'avais déjà oublié. Je ne pouvais plus détacher les yeux de ce que j'avais devant moi.

C'était une sorte d'immense salle de contrôle circulaire, clairement le cœur de la base, une pièce trop grande pour mériter ce nom, vaste comme plusieurs stades de foot. Il y avait là plus d'Agents que je n'en avais jamais vu, des hommes et des femmes en costumes tous terriblement occupés qui déambulaient dans tous les coins chargés de dossiers en lançant des instructions. Il y avait des drones, aussi, qui parcouraient la salle au plafond en passant parfois sur un Agent un rayon de lumière rouge, comme pour l'identifier. A un moment, une porte s'est ouverte pour livrer le passage à une dizaine d'Agents qui tentaient de tenir en respect une énorme chimère enfermée dans une cage en bronze céleste qui volait au-dessus du sol sur une plateforme flottante. C'était bizarre. C'était la toute première fois que je me sentais en quelques sortes du même coté qu'un monstre. Tout le long des murs des Agents pianotaient sur d'immenses ordinateurs, certains parlaient dans des micros en observant des cartes où se déplaçaient des points rouges ou des vues aériennes sur des villes, des forêts, des montagnes. Ils étaient en train de superviser des opérations en cours à travers tout le pays. Des enlèvements, des camouflages, des éliminations, des missions d'espionnages et de nettoyage. L'un d'eux était sûrement en train de diriger des Agents chargés de convaincre aussi bien la presse que les autorités qu'il y avait une explication parfaitement rationnelle au fait que la gare de Knoxville se soit changée en jungle, et le plus flippant, c'était qu'il y parviendrait.

Au centre de la salle, un gigantesque hologramme qui représentait la planète toute entière tournait lentement sur lui-même au-dessus de tout ca. J'ai sursauté. Au-dessus du globe, il y avait huit photos holographiques, énormes et rectangulaires, qui tournaient lentement surmontées de la mention « cible prioritaire ». Et je les connaissais. Thalia Grace, Léo Valdez, Clarisse Larue, Piper Grace, Grover Underwood, Hazel Levesque et Jason Grace. Les membres du Conseil de la Colonie, identifiés au fil des années par leurs interventions contre les projets de Persée – sûrement la raison pour laquelle Connor Alatir n'y figurait pas, il était trop faible pour l'avoir combattu et s'être fait remarquer. Je n'y avais jamais réfléchi avant. S'ils n'avaient pas encore été abattus alors que l'OMEGA connaissait leurs identités, les membres du Conseil étaient encore beaucoup plus forts que je ne l'imaginais. Sauf Connor... Soudain, je me suis aperçu qu'il y avait une neuvième image. Sadie Kane. Il n'y avait pas de nom au-dessus de la photo, mais ils l'avaient repérée elle aussi. J'ai souri. Il n'y avait pas de dixième photo. Vous pigez ?Sadie était une cible prioritaire, mais son frère, Carter, n'en était pas une alors qu'elle me l'avait décrit bien plus fort qu'elle. Ou ne l'était plus. Soit il était mort, soit il était peut-être bel et bien ici.

Et le globe... le globe tout entier était constellé de petits points rouges – non, pas des points. Des omégas. Mon sang s'est glacé dans mes veines. C'était l'OMEGA. Toutes ses bases à travers le monde. Il y en avait des centaines, peut-être des milliers, dans tous les continents, tous les pays, comme une maladie. Un cancer qui rongeait la planète toute entière, déjà trop avancé pour pouvoir encore être guéri. C'est là que j'ai compris que je n'avais plus la moindre idée de comment vaincre l'OMEGA. Que même le plan de Nicolas Di Angelo n'aurait jamais fonctionné. On aurait peut-être pu au début, avant qu'ils ne deviennent aussi puissant, mais à présent ? Depuis que j'avais entendu parler d'eux comme un gamin naïf j'avais été persuadé que d'une manière ou d'une autre en tuant Persée Jackson on tuerait l'OMEGA, mais les organisations sont parfois bien plus difficiles à détruire que les titans. Est-ce qu'on pouvait détruire les USA en butant leur Président ?On ne pourrait pas démanteler l'OMEGA, pas en se contentant de taper sans réfléchir. C'était la grande force des mortels, leur force existait au-delà de la puissance d'un seul individu, ils étaient capables de s'unir, et eux étaient incroyablement nombreux. Ca n'avait rien à voir avec le genre d'ennemis que la Colonie pouvait affronter tout simplement parce que l'Organisation d'Eradication du Greco-Anormal était puissante au-delà de la simple force brute. Limite je me suis senti comme un simple barbare : c'était les cow-boys contre les indiens, et ont étaient les indiens. Mais ce serait un problème pour plus tard. Je devais trouver l'endroit où ils retenaient leurs prisonniers, à supposer que comme ont l'espéraient l'OMEGA fasse des prisonniers.

Je me suis glissé parmi les mortels, toujours invisible, avec l'impression de marcher dans un champ de mine. Plusieurs fois, j'ai effleuré l'un d'eux avec la certitude qu'il allait tout comprendre et me saisir par la gorge pour me tordre le cou. Je me suis souvenu de ce qu'avait dit Persée dans le rêve que j'avais fais à la Colonie. La mort n'est rien sinon la fin de la souffrance. Si j'étais découvert dans cette base les agents ne me tueraient pas, peut-être jamais. Ce serait infiniment pire. Partout sur mon chemin, j'entendais les discussions les plus folles et les plus glaçantes.

-Les nouveaux arrivants ont été identifiés, des EG de Zeus, faites-les déplacer au niveau 9, on manque depuis trop longtemps de spécimens pour expérimenter la tolérance aux électrochocs.

-On a perdu Campée, elle n'a pas survécue à la vivisection, mais on a pu malgré sa mort maintenir la cohésion moléculaire du bras qu'on avait prélevé plus tôt ce qui tend à prouver que le clonage est bel et bien possible.

-La décision a été rendue, il faut faire éliminer le Président du Népal. Il en sait beaucoup trop, depuis beaucoup trop longtemps. Envoyez un fils d'Hadès, je veux cette affaire réglée en toute discrétion, un vol d'ombre pour entrer, un autre pour ressortir, et qu'il se débrouille pour que cela semble être l'affaire d'un détraqué, surtout pas une opération de l'étranger.

-Préparez deux EG fonctionnels à un combat à mort, il est grand temps de faire passer un examen à nos recrues en fin de formation. Et faites en sorte que ce soit des pyrokinésistes.

-L'extraction s'est d'abord parfaitement bien passée, une piqure discrète, comme prévu, l'enfant a perdu connaissance, l'appel aux urgences a bien été détourné et l'ambulance qui est venue le chercher était conduite par nos hommes, cependant par la suite le convoi a été attaqué par un petit groupe de satyres, on pense que la jeune fille était déjà suivie par l'un des leurs. Ils sont morts, mais il nous faut quelque-chose pour la presse, cette histoire a fait beaucoup plus de bruit que prévu. Pour ce qui est de l'enfant, en revanche, ca renforcera la véracité de la version officielle selon laquelle elle serait morte pendant le trajet jusqu'à l'hôpital.

Comment des demi-dieux pouvaient travailler dans cet endroit ?Les Repentit, c'est comme ca que les avaient appelés l'Agent dans le rêve que j'avais fais quand j'étais encore à la Colonie. Comment ces mecs pouvaient croire qu'ils auraient une place dans le nouveau monde de Persée, parmi des gens capables de faire ca à leurs semblables ?Quand j'ai enfin atteins le bout de la salle, j'avais l'impression d'étouffer. Je voulais partir. Je voulais m'en aller d'ici, je n'aurais même pas dû venir, c'était trois fois pire que les Enfers. J'avais beaucoup trop peur.

Mais c'était trop tard, maintenant. Je devais trouver Hélèna et les égyptiens, et là seulement je pourrais m'échapper. Je me suis écarté alors que les immenses portes automatiques s'ouvraient pour livrer passage à deux hommes qui traînaient un satyre inconscient et couvert de bleus, puis je me suis glissé hors de la salle d'opérations. Dieux merci j'avais la casquette d'invisibilité, il y avait des caméras de surveillance partout. Et les détecteurs de chaleur ?Et de mouvements ?Elle cachait quoi exactement cette casquette ?Je devais trouver l'endroit où ils retenaient leurs prisonniers. Mais comment ?Cet endroit était un véritable labyrinthe de couloirs métalliques. L'espace d'un instant j'ai envisagé de me laisser prendre pour être mené aux cellules puis me servir du plan B, mais j'ai aussitôt laissé tomber cette idée : j'avais un avantage que jamais aucun sang mêlés n'avait eu à l'OMEGA, si j'étais découvert je serais comme tous les autres, avec autant de chances de pouvoir m'enfuir que n'importe-quel prisonnier. Et ce n'était sans doute pas pour rien que personne n'avait jamais pu s'échapper d'ici.

-Il fallait tourner à droite, a fait une voix sympathique dans mon esprit.

J'ai bondis sur le coté si violemment que je me suis presque démis l'épaule en heurtant le mur de gauche, toute la peur que je tentais de réprimer explosant dans mes entrailles alors que je dégainais mes poignards enchaînés dans des gestes frénétiques. Mais il n'y avait personne dans le couloir aux murs métalliques, seulement moi. C'était impossible. Ca ne pouvait pas être lui. Il était mort, je l'avais vu mourir.

-Fait moins de bruits !Tu n'auras pas la moindre chance de leur échapper si tu es repéré maintenant.

Non. C'était une voix de femme. J'ai serré les mains sur mes armes, prit d'un sentiment nouveau et désagréable. Ce n'était pas Peter.

-Inutile de parler, pense c'est tout. Comme tu le faisais avec Peter.

-Sortez de mon cerveau, y a erreur, je suis un Agent, je...

-Mais arrête de paniquer, par les dieux !Si je voulais te livrer, pourquoi je serais là à papoter avec toi ?Je pourrais aller chuchoter dans la tête du directeur, aussi !Bon, attends, ca demande un peu plus d'efforts mais si ca peut te rassurer...

L'air a ondulé autour de moi. La lumière a prit une teinte différente, plus sombre. Verdâtre. Juste en face de moi, la réalité a semblé s'altérer, une fumée émeraude surgi de nulle-part a commencée à s'enrouler sur elle-même comme un serpent. Et lentement, elle a prit la forme d'une femme. C'était juste une femme, avec de très longs cheveux roux en bataille et un regard un peu fou et absent. Non, pas de la folie. Il y avait une distance dans ses yeux, un mur entre elle et le réel, mais pas parce qu'elle était coupée du monde. Plutôt comme si elle en voyait trop, bien plus que moi, et qu'elle n'employait qu'une partie de son attention à ce qui se trouvait devant ses yeux. Elle portait un jean et un pull vert foncé sur lequel elle avait certainement renversé du café à plusieurs reprises, comme si elle s'en foutait. La femme a souri, un sourire tout de même un peu cinglé.

-J'aurais pu faire beaucoup mieux, j'ai un diplôme en art dramatiques, mais je crois que là il valait mieux privilégier la discrétion pas vrai ?Arrête de regarder partout autour de toi comme ca, tu es la seule personne qui peut me voir et m'entendre !

-Vous êtes qui ?Vous êtes quoi ?

-Moi c'est Rachel, mon bonhomme. Rachel Elisabeth Dare, professeur d'Art Moderne à l'université Brown, Oracle de Delphes...

-Oracle de quoi ?!

-Décale-toi un peu sur la droite.

Je lui ai obéis sans trop savoir pourquoi, et soudain un Agent a surgi à coté de moi un bref instant avant de s'élancer à nouveau en courant si vite qu'il a à nouveau disparu une seconde plus tard. Si j'avais été sur son chemin il m'aurait renversé.

-Tu vois ?Je suis du bon coté.

-Vous êtes du... bon sang mais qu'est-ce qui se passe ?!

-Je suis votre parcours à vous trois depuis le début de votre quête, en esprit. Je vous ai observé tout du long, ca faisait longtemps que je n'avais rien eu d'aussi intéressant à faire. J'ai presque eu peur que tu ne reviennes pas chercher Hélèna, c'était tout à fait possible. Et puis, quand tu es entré ici, j'ai enfin pu pénétrer ton esprit.

Soudain, je me suis souvenu.

-Rachel Elisabeth Dare. L'Oracle, la meuf des prophéties. Y a plusieurs mois vous avez eu le temps d'envoyer un message iris à la Colonie et de nous donner une partie de la prophétie avant que Persée Jackson ne vous capture.

-Voilà. J'ai été emmenée ici, ensuite, et placée dans une sorte de... capsule, je crois. L'OMEGA me retient prisonnière quelque-part dans ce bâtiment, ils tentent d'extraire l'esprit de Delphes de mon corps.

-Vous n'êtes pas dans une capsule, vous êtes ici !Vous... oh bon sang ca y est j'ai perdu la tête, c'est sûr, je suis en train de parler avec...

-Si si, je suis dans la capsule, calme !... Enfin, pas tout à fait. Ils ne parviennent pas à comprendre comment fonctionne l'esprit de Delphes, c'est de la très vieille magie, une des plus mystérieuses. Ils m'exposent à toutes sortes de radiations, font des expériences... Cependant, ce faisant ils influent sur mes pouvoirs. Même moi, je serais bien incapable de dire comment, mais pour le moment ils les rendent plus puissants, j'ai acquis la capacité d'échapper à mes entraves corporels, le voyage astral. Je peux aller n'importe-où, mais mon corps reste prisonnier, ca fait bizarre. Je vois l'avenir plus clairement que jamais, j'explore des chemins que jamais les dieux ne m'auraient laissés fouler... mais si on doit tous mourir, je respecterais le Destin, bien-sûr.

-De quoi ?!

-Quoi ?NON NON NON oublie ca, je l'ai pas dis, je l'ai pas dis d'accord ?Surtout t'y penses plus, ca va tout gâcher, oh mes dieux, on va vivre, ok ?

-Vraiment ?Alors on va y arriver, on va sauver les Parques et...

-Sauver les... NON NON, c'est pas ce que je voulais dire, on va mourir, je te jure qu'on va mourir !Jusqu'au dernier !

-Mais vous venez de dire que...

-Mais en fait ah oui ah mais ce que je voulais dire c'est qu'on ne va pas mourir mais qu'on vas tous mourir du coup vous êtes embrouillés et puis en fin de compte... oooh, arrête, d'accord ?!Arrête !Par les dieux, je demandes à Apollon le pouvoir d'effacer les mémoires depuis des décennies !Tu sais à quel point c'est chaud d'obtenir une promotion en priant une statue de ton boss ?Oublie tout, tout ce que je viens de dire !Donc, je disais que... je crois qu'ils espèrent se servir de l'Oracle pour obtenir une sorte d'omniscience, et offrir à leurs agents des donc de prémonitions, un truc comme ca. Et Percy avait peur que j'en dévoile trop à la Colonie, bien-sûr, il préfère son petit secret bien gardé. De toute façon ils n'arriveront à rien.

-Alors c'est ca, ai-je raillé. Vous voulez m'aidez pour que je vous libère aussi.

Elle m'a regardé d'un air interloqué, comme si l'idée ne lui était même pas venue à l'esprit.

-Non. Je ne veux pas m'en aller, pas encore. Le chemin qui s'ouvre devant nous si je suis laissée ici semble préférable, et il n'y en a aucuns où vous pouvez survivre en m'aidant moi aussi. Je vais rester là, et aider comme je peux. J'entre dans l'esprit des enfants et dans leurs rêves pour les rassurer après les expériences, ca ne marche pas du tonnerre, mais c'est grâce à moi qu'ils ne sont pas tous devenus complètement fou. Ils m'appellent la Fée Emeraude. J'aime bien.

-Oui, je suis sûr qu'entendre la voix d'une femme fantôme résonner dans leur crâne les rassure beaucoup sur l'état de leur santé mentale. Maintenant admettons que tout ca n'est pas un piège, si vous ne voulez pas de mon aide qu'est-ce que vous foutez dans ma tête ?!

-Je suis là pour t'aider toi. Ce bâtiment est immense, je l'ai visité cent fois en esprit, vraiment absolument gigantesque, et comme tu es censé y mourir...

Elle a violemment sursauté.

-NON NON NON je voulais dire que t'allais y mourir SANS MOI, du coup je m'en mêle et tout et puis... mais tu vas... enfin tu PEUX... ce que je vais dire c'est qu'y a beaucoup d'avenirs où... bon sang petit j'ai pas le droit de parler de ca, moi !Arrête de poser des questions !

-Mais j'ai rien demandé !C'est vous qui spoilez tout !

-N'importe-quoi !Donc, je disais, entre les salles d'interrogatoires, d'expériences, d'entraînements, les bureaux des hauts gradés, les salles de réunions, les chambres des Agents en faction ici, les salles d'exercices de tir, de méditation, les garages, l'arsenal, la piste de lancement et les cellules tu vas avoir besoin de moi pour trouver ton chemin et EVENTUELEMENT ne pas mourir. Tu les trouveras peut-être sans mon aide, mais jamais avant d'user les dernières miettes de magie qui subsiste dans cette casquette d'invisibilité. Je vais te guider jusque là bas, c'est tout ce que je peux faire, ensuite il ne me restera certainement plus assez de force pour faire davantage.

-Et vous croyez que je vais vous croire ?Que je vais gentiment vous suivre comme un môme à qui on promet des bonbons ?

-Il y a quelques futurs où tu ne me crois pas et meurt dans d'indicibles souffrances, mais tu ne les aimeraient pas beaucoup je crois. Je suis l'Oracle de Delphes, petit, je suis une alliée de la Colonie bien plus que tu ne le seras jamais – certes j'ai tendance à lâcher ces petites comptines qui mènent mes amis à la mort, mais c'est vraiment pas de ma faute. Les Trois de la prophétie ne peuvent pas être stoppés ici, au moins un doit atteindre votre destination ou nous sommes tous perdus, c'est quand même moi la première à l'avoir dit, ca ! Et de toutes façons, encore une fois, si c'était un piège, l'OMEGA t'aurais déjà repéré, et pourquoi ils t'enverraient des hallucinations ?Tu serais déjà mort, c'est une évidence. Allez maintenant en route, je vais te guider.

Et à ma propre surprise, je me suis remis en marche. Après tout, son raisonnement était un peu indiscutable, et j'étais un peu totalement perdu. Et heureusement. A dire vrai je crois que seul j'aurais pas eu la moindre chance, aucuns êtres humains, même invisibles, ne pouvait s'introduire aussi facilement dans cette base. Rachel m'a indiqué ma direction à travers les couloirs en m'empêchant d'ouvrir les mauvaises portes. Deux fois, j'ai faillis entrer dans le bureau d'un « haut responsable » qui m'aurait dégommé aussitôt. A maintes reprises elle m'a ordonné de m'arrêter juste avant qu'une patrouille ne passe en trombe ou de me jeter sur le coté à l'instant où un drone de passage balayait la zone où je me trouvais un instant plus tôt. Quand elle était sur le chemin d'un homme en costume, elle le traversait comme de la brume, ce qui était mon seul rappel qu'elle n'était pas vraiment là.

-Dans le message iris, ai-je finalement dit au bout de quelques minutes. Vous avez dit qu'une fois à Olympie je saurais quoi faire, que je saurais comment nous rendre en Grèce avec le temps qu'il nous resterait. Qu'est-ce que ca voulait dire? Comment je dois faire, vous le savez pas vrai ?

-J'ai dis ca ?, a-elle distraitement répondu sans cesser de marcher à pas pressé. Aah oui. J'avais dis peut-être. Il y a une petite chance, une éventualité, mais faut pas rêver. Même si tu avais le temps il faudrait que tu acceptes de te rappeler, et ca... mouais non, le monde est foutu je pense, c'est presque sûr. Tourne à gauche.

Je n'ai même pas essayé d'insister, ca ne marchait jamais. Thalia, Tirésias, Robin des Bois, Nicolas, Sadie Kane, tout le monde avait au moins une partie de la vérité et personne ne voulait rien dire. Ce serait inutile de demander, je le savais, si je voulais ce secret alors je devrais le voler.

J'ai tourné à gauche sur la pointe des pieds. C'était dingue, tout se ressemblait, de larges couloirs métalliques et des portes plus ou moins grande. Je me suis plaqué contre le mur en retenant ma respiration alors que passait sous mes yeux une file d'ados et même de simples gamins tremblants de la tête aux pieds, les yeux bandés, portant aux poignets des bracelets métalliques, conduits par des agents en costume imperturbables, mais aussi des hommes bien plus étrange, voûtés, à la démarche traînante, vêtus de sweat-shirt gris et sale, un torrent de dreads locks sales et emmêlées jaillissant de leurs larges capuches. Leur regard était vide, éteint. Au lieu de les traverser Rachel les a prudemment contournés.

-Des Repentis d'Hécate. L'OMEGA a élaboré une drogue qui les rends complètement accrocs mais booste leurs pouvoirs, ils sont bien plus puissants que ceux de la Colonie, leurs illusions sont parfaites. Ils accompagnent presque toujours les prisonniers hors de leurs cellules pour insinuer continuellement dans leur esprit l'idée que toute résistance est inutile et qu'ils n'ont pas la moindre chance de s'échapper. Et ils savent faire des choses bien plus terribles encore.

Des larmes ruisselaient sur les joues des gamins. Dés que l'un d'eux laissait échapper un sanglot ou murmurait pour appeler sa mère, il recevait un violent coup de matraque. Les plus petits se mordaient les lèvres jusqu'au sang pour réprimer leurs gémissements de douleur. Ils étaient dans un état tel qu'ils parvenaient tout juste à marcher, couverts de bleus ou de bandages, comme des enfants battus. J'ai pas été ému, pas vraiment. La compassion c'était pas mon truc. Pourtant, même moi j'ai ressenti quelque-chose. De la colère. Jamais j'aurais emmené tout ce monde avec moi mais si j'avais pu je les aurais sûrement tué, au moins pour faire chier l'OMEGA. J'avais envie de vomir. Même moi, j'avais envie de vomir.

-Beaucoup ne savent même pas ce qu'ils sont, a dit Rachel d'une voix sombre. Les sang-mêlés les plus faciles à capturer sont ceux qui sont encore étrangers à leur propre monde, qui ignorent tout de la Colonie comme de l'OMEGA. On leur a fait un prélèvement de sang lors d'un examen médical à l'école ou à l'hôpital, ou alors on les a repérés grâce à leur dossier scolaire : TDAH, renvoyés à maintes reprises... certains sont même identifiés grâce à leurs étranges démêlés avec la justice causés par des monstres. Percy avait mit ce système en place en usant de tout ce qu'il savait de la manière de reconnaître un sang-mêlé, pour pouvoir les repérer et les protéger. Il avait placé des agents infiltrés dans l'éducation national, la police, les services médicaux, tous les lieux stratégiques. Va tout droit puis à gauche, on va devoir passer par les salles d'expérimentations, j'en suis désolé mais c'est le chemin le plus court.

-Mais comment tous ces gens ont pu disparaître sans que ca n'alerte les mortels ?!, ai-je demandé en me mettant à courir. Ca veut dire plusieurs centaines de disparitions d'enfants, personne ne peut camoufler ca !

-Comment, hein ?Tout est possible. Parfois ils simulent la mort de leur nouveau prisonnier, mais ils ne peuvent pas le faire trop souvent. Peut-être que l'OMEGA manipule la presse, peut-être qu'il ont les moyens de faire oublier à tous ceux qui l'ont connus l'existence même de leur victime, les Repentis d'Hécate ont vraiment poussés leur art jusqu'à la perfection. Et les prisonniers ne sont pas si nombreux, les sang-mêlés sont rares, la Colonie en repère une partie avant eux et bien d'autre meurent pendant les expériences, ils ne sont qu'une cinquantaine.

J'ai tourné à l'angle. Et soudain, je me suis retrouvé face au Minotaure, les deux poings levés au-dessus de sa tête. J'ai hurlé alors qu'il abattait ses immenses paluches sur moi pour me broyer le crâne, quand soudain, elles se sont écrasées sur une vitre entre nous. J'ai reculé, une main plaquée sur la bouche. Quel idiot !Si quelqu'un m'avait entendu crier j'étais déjà mort ! Dans un autre cube, l'Hydre frappait le verre de ses huit têtes en sifflant de fureur. C'était tous des monstres. Des dizaines, peut-être des centaines de monstres. Ils étaient prisonniers à l'intérieur même des deux murs du couloir, des murs en verre creux, chacun dans un cube exigu. Il y en avait jusqu'au plafond loin au-dessus de ma tête, comme une gigantesque collection. Qui avait trouvé amusant de faire de ces couloirs un palais des glaces monstrueux ?! Le Minotaure a frappé des deux poings contre le mur de verre si fort qu'il l'en a fait trembler quand on est passés devant lui. Il y avait là plus de monstres que je n'en avais jamais vu. L'Hydre, le Lion de Némée, d'étranges hommes chiens, des femmes serpents, ce qui ressemblait à des vampires, une femme aux cheveux reptiliens qui tentait vainement avec ses griffes d'arracher les bandages métalliques posés sur ses yeux. Soudain, je me suis rendu compte que beaucoup étaient les même que ceux que j'avais vu au Madison Square Garden. On leur avait fait faire une belle prise sur ce coup là. Certains étaient blessés. De leurs plaies béantes s'échappaient des filets de poussière dorée. Il n'y avait pas une créature là-dedans qui n'était pas folle de rage.

-Qu'est-ce qu'ils font avec tous ces monstres ?Pourquoi ils ne les tuent pas ?

-Ils prennent les monstres vivants quand ils le peuvent, pour des raisons de productivité, déjà. Tu tue un monstre, il s'évapore, il revient un an plus tard... des gens aussi bien organisés et méthodiques que l'OMEGA y ont vite vus un problème. Remplacer le Tartare et retenir les monstres ici pour toujours était déjà un projet du temps où l'OMEGA était pacifique, le Projet Sauce Tartare.

-Le... quoi ?

-Percy choisissait tous les noms. Bien-sûr maintenant ils expérimentent leurs armes sur eux, font des expériences. Parfois ils forcent leurs recrues à en combattre un ou deux sans armes.

Je suis passé en-dessous d'une grande entrée où trônait une plaque qui annonçait : « salles d'expérimentions humanoïdes prioritaires ». Et à partir de là, j'ai cessé d'écouter Rachel. Mes entrailles se sont comme liquéfiées dans mon estomac. J'ai compris pourquoi le hurlement d'un ado n'avait alerté personne tout à l'heure. C'était un large couloir, avec des box manifestement insonorisés de chaque coté, dotés de larges fenêtres en verre. Et dans chacun de ces boxs, on faisait subir à de simples gamins comme à des monstres des choses qui allaient au-delà de l'inhumain. Il y avait une fille allongée sur une table, sanglée de partout, avec des électrodes sur la tête, qui convulsait sous le regard attentif de deux gars en blouse blanche alors que des éclairs jaillissaient violemment de sa peau. Il y avait un garçon plus jeune, allongé et sanglé lui aussi, les bras tout entiers percés d'un nombre inhumain de perfusions où flottait des trucs gluants, les yeux débordants de larmes, la bouche ouverte comme si elle allait se scinder en deux sur un long hurlement de douleur... et qui était tout simplement en feu. Un homme penché sur lui prenait lentement des notes, très calme. Je n'ai jamais su si le gosse était ou non un faiseur de feu, comme Léo. Je ne voulais pas le savoir. Et ceux-là étaient les chanceux. J'aurais même sauvé les monstres, si j'avais pu. Tous n'étaient pas simplement attachés avec des sangles, tous ne subissait pas simplement la douleur sur une table. Il y avait bien plus imaginatif, bien plus effroyable, des choses sorties de l'esprit pervers d'un fou se régalant des hurlements et de la souffrance, des ignominies qui ne pouvaient pas avoir d'intérêt scientifique. Tout ce sang. Ce que j'ai vu dans ce couloir, je serais incapable de le décrire, je ne veux que l'oublier. Rated M, un film d'horreur. Se retrouver ici sans même savoir pourquoi, c'était sûrement un coup à devenir cinglé pour de bon.

J'ai essayé de me concentrer sur les paroles de mon guide. Je savais qu'elle parlait pour tenter de me distraire de ce que j'avais devant les yeux, mais ce qu'elle disait était comme la terrible mélodie qu'il manquait à cet infâme spectacle insonorisé.

-Peut-être même qu'ils manipulent la Brume pour persuader la famille qu'ils ont envoyés leur progéniture dans une école privée à l'étranger et qu'ils y sont tout à fait bien, qu'il est inutile de s'inquiéter pour eux. Quelque-chose d'absolument invisible aux yeux du monde, en tout cas. Si ca se trouve, si l'un d'eux parvenait à s'échapper, ses parents encore sous le coup de l'hypnose le renverrait ici. Mais personne n'a jamais réussi à repartir. A la Colonie, les pensionnaires sont jeunes parce-que peu de demi-dieux atteignent l'âge adulte. Ici, les prisonniers sont presque tous des enfants parce qu'encore moins survive jusqu'à leur majorité. Ne regarde pas, Derek. Ne regarde surtout pas, contente-toi d'avancer. Il y a un ascenseur au bout du couloir, prends-le. Les cellules sont au niveau neuf.

Et soudain, il s'est produit la pire chose qui pouvait se produire à cet instant précis. Je suis réapparu. Je me suis aussitôt plaqué contre une porte, terrorisé, en enfonçant frénétiquement mon couvre-chef sur ma tête. Je me voyais. Mes bras, mes jambes, j'étais réapparu. La magie de la casquette d'Annabeth avait cessé de faire effet pour de bon, je n'étais plus qu'un gamin coiffé d'une vielle casquette des Yankees crasseuse tout frais pour les expériences. Cette pensée m'a terrorisé. Je me suis élancé dans le couloir en courant à toute vitesse, laissant tomber la casquette derrière-moi, haletant, priant de toutes mes forces pour qu'aucuns des scientifiques dans les salles ne lèvent les yeux de son macabre travail. S'il le fallait, je préférais mourir que terminer allongé sur une de ces tables, enchaîné sur un de ces murs. Ne comptait plus que l'ascenseur au bout du couloir. Je l'ai atteins, beaucoup plus vite que je ne m'en serais jamais cru capable. Je cherchais le bouton pour appeler l'ascenseur quand soudain c'est arrivé. Il s'est ouvert, lentement. Sur Robin des Bois.

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