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Je rencontre Frank le dragon





Ca les enfants, c'est du boulot d'artiste, a déclaré Léo en posant son tournevis. Et je crois savoir duquel.

Dés qu'on avait trouvé le portable, Hélèna avait estimé qu'il valait mieux l'amener à la seule personne à la colonie capable de comprendre un mécanisme aussi compliqué, et ca avant qu'il ne nous explose à la figure ou transmette un signal magique qui aurait attiré tous les monstres de Long Island sur le pas de la porte. S'il y avait bien un objet qu'on ne trouvait pas à la Colonie des Sangs-Mêlés, c'était un téléphone. On l'avait emporté avec d'infinies précautions jusqu'à l'atelier de Léo Valdez, qui pour une raison qui m'échappais était en plein cœur de la forêt. C'était un endroit incroyable, une sorte de hangar absolument gigantesque dont on ne voyait pas le bout. Il y avait des inventions à moitié terminées amassées dans tous les coins, des pièces détachées s'étalaient par terre, des oiseaux robotisés voletaient de-ci de-là, et le papier peint était pour l'essentiel composé de plans couverts de notes incompréhensibles. Des dragons de métal étaient suspendus au plafond comme des avions d'exposition, des fils attachés à leurs ailes déployées les retenant à la voute. Parfois, j'étais certain d'en voir un tousser ou remuer les oreilles.

Mr Valdez avait déblayé un établi enfoui sous des plaques de métal et y avait posé le portable. Il avait absolument tout essayé pour le démonter, y compris tapé dessus à coups de masse d'arme, mais il s'était révélé totalement indestructible. En fait, on aurait juré qu'il était en bronze céleste. Hormis ce détail, il semblait tout à fait ordinaire. C'était un portable tout simple, rudimentaire, le genre carte pré-payée qu'on jetait après utilisation. Le style de portable préhistorique que même moi je volerais jamais et qu'on avait honte de sortir au collège pour envoyé en sms. Seul détail intéressant, ce n'était pas des chiffres qu'on voyait sur les touches, mais des symboles grecs, un sur chacune d'entre elles.

-Alors ?, ai-je finalement demandé. Qui est-ce qui a enfoncé un portable minable dans la tête de la reine des dieux ?Est-ce qu'on a fait, genre, une affreuse bêtise ?

-Non, a rétorqué Mr Valdez avec un grand sourire. Les morceaux de la statue correspondaient parfaitement au dallage du sol, c'est bien ca ?

-C'est ca, a opiné Hélèna à coté de moi. Je vais enfin pouvoir mettre des meubles, cette statue me faisait carrément flipper. Il va me falloir l'aide des enfants d'Aphrodite, mais bien-sûr quand ce sera fini je me moquerais d'elle depuis les fenêtres de mon bungalow hyper tendance.

Le sourire de Léo s'est élargit. Il semblait fou de joie.

-Ok, a-il dit d'une voix tremblante d'excitation. Il n'y a que deux personnes qui ont un jour mit les pieds à la Colonie et qui auraient pu construire un mécanisme aussi complexe. La première, c'est moi bien-sûr. Et la deuxième...

Il a prit le portable et a appuyé sur la touche où aurait dû se trouver le 0. Aussitôt, le portable s'est déployé, si vite que je n'ai jamais compris de quel façon il s'y prenait, et en un instant un poignard de bronze a remplacé le téléphone dans sa main.

-...c'est Annabeth Jackson.

J'ai reculé précipitamment, sidéré. Annabeth Jackson. J'avais beau savoir qu'elle était morte et enterrée et n'avait jamais rien fais de mal, le fait de savoir que cet engin avait été construit par la femme de Persée Jackson, qu'il l'avait peut-être déjà touché...

-Annabeth ?, a répété Hélèna, stupéfaite. La mère de Peter ?

-Ouais, a fait Léo. Il revient de loin, ce poignard, Annabeth l'avait perdu au fond du Tartare puis sa mère le lui avait rendu à l'occasion de son vingtième anniv'. Profané la statue d'Héra, en faire une cachette pour son arme préférée, c'est tout elle. Et c'est bel et bien son poignard. Je me souviens, maintenant, on en avait parlé. Elle était folle de joie de l'avoir retrouvé parce qu'elle pensait pouvoir l'améliorer avec la science de Dédale. Je pensais qu'elle avait laissé tomber le projet, mais je sais qu'un peu avant sa disparition, avant que le Livre ne l'accapare totalement, elle a passé des journées entières dans le bungalow d'Héra en interdisant à quiconque de s'en approcher. Il devait y avoir un mécanisme pour activé la démantelassions de la statue, à tous les coups quelque-chose qui avait un rapport avec l'un d'entre-nous. Peut-être qu'il se serait activé avec mes flammes, comme la porte de cet endroit, ou au contact de Percy, mais le choc l'a sans doute actionné. Y avait une chance sur mille qu'un mécanisme aussi sophistiqué puisse être actionné par un choc, limite c'était impossible, jamais ca aurais dû pouvoir se produire. Mais le Destin fait ce qu'il veut, hein ?

-Mais pourquoi ?, ai-je demandé en daignant m'approché. Pourquoi elle a caché son arme dans une statue ?

Léo a perdu son sourire.

-J'en sais rien. Ca n'a aucuns sens, elle n'avait aucunes raisons de faire ca. On n'a jamais pu comprendre si elle était partie de sa propre initiative ou si elle avait été enlevée, mais j'ai du mal à croire qu'elle aurait laissé son arme derrière-elle si elle avait décidé d'aller dans un endroit craignos... d'un autre coté elle avait pas plus de raisons de s'en débarrassé si elle pensait que rien n'allait se produire. Ou alors ca pourrait signifier qu'elle n'aurait peut-être tout simplement pas eu le temps de le reprendre avant de partir. A moins que...

Sur ces mots, il a fait tournoyer le poignard entre ses doigts et il a reprit la forme d'un portable bon marché, encore une fois si vite que l'arme a juste semblé disparaître pour lui laisser place. Après quoi, il l a levé les yeux au ciel et sifflé. Un cri aigu et métallique a résonné dans l'atelier, et un oiseau de métal a émergé d'un tas de débris métalliques. Non, pas un oiseau. C'était un petit dragon robotisé, de la taille d'une hirondelle. Il a plané quelques instants au-dessus de la table avant de se posé sur son épaule.

-Il est trop mignon !, s'est attendrit Hélèna.

-Je vous présente Boulon, a fait Léo. Il me sert d'assistant, de baby-sitter, et d'aspirateur. Boulon, scanne s'il te plait.

Le mini-dragon a poussé un petit cri métallique avant d'ouvrir grand sa minuscule gueule. Un projecteur de lumière bleue en a jaillit pour balayé le portable quelques instants, avant de disparaître. Puis le robot a commencé à marmonner à l'oreille de Léo, comme s'ils pouvaient se comprendre. Au fur et à mesure du compte-rendu de Boulon, le visage du fils d'Héphaïstos se décomposait. Finalement, il a soupiré. Il semblait terriblement déçu.

-C'est juste une arme. J'ai pensé que peut-être elle avait voulu nous laissé un indice pour la retrouvé, que c'était le début d'une piste. Mais il n'y a rien.

Il l'a prit et me l'a jeté. Je l'ai attrapé au vol sans comprendre.

-Il possède dix formes différentes, a rapidement résumé Léo. Epée, bouclier... c'est un peu comme avoir un arsenal dans sa poche. Chacune correspond à une touche. Les symboles sont des numéros grecs et il est bel et bien en bronze céleste. Il a aussi un système d'adaptation autonome en temps réel – ce truc est censé se transformer en réaction aux informations qu'il trouve dans ton esprit sur le combat que tu es en train de mener – mais je crois que le coup de poing l'a tout de même un rien endommagé, et c'est pas un truc que je peux réparer. Si jamais ton poignard se change en javelot par surprise, t'étonnes pas. En fait, si t'appuie sur la touche du trois et qu'il te sort l'arme de la touche du cinq, t'étonne pas non plus. A part ca il fonctionne super bien. Il y a une commande vocale, pour passer d'une forme à l'autre il suffit de prononcer à haute-voix le nom en grec du numéro qui correspond à la forme recherchée. Exemple : Trie.

Trie. Trois en grec. Aussitôt, en quelques centièmes de secondes, le poignard a reprit la forme d'un portable pour se redéployer et prendre celle d'une épée entre mes doigts.

-Mais encore une fois, là y avait quelques chances qu'il pige mal le message et se change en marteau. Vous pouvez le garder, a conclut le fils d'Héphaïstos. Il ne nous sera d'aucune utilité pour les recherches. Juste un truc : n'appuyez pas sur le signe qui correspond au numéro sept. Jamais, sous aucuns prétextes, et surtout, mais alors surtout pas ici, ou je vous tue tous les deux avant même que... bref. Je sais pas à quoi Annabeth pensait, mais ce que l'analyse de Boulon a pu déterminer, c'est... c'est juste de la folie. Tellement qu'elle a programmé cette fonction de façon à ce qu'elle ne puisse pas être activée par accident en appuyant sur autre chose. Peut-être qu'elle, elle aurait su s'en servir, mais appuyez pas le sept, quoi.

En temps normal, s'il ne m'avait pas donné ce portable, je l'aurais volé, de toute façon. J'avais bien besoin d'une arme, je comptais en piquer une quelque-part. Mais encore une fois, celle-ci, c'était l'arme de la femme de Persée Jackson, je n'étais pas vraiment sûr d'en vouloir. En fait, je ne voulais tout simplement pas accepté. Le bébé par terre a poussé un petit cri ravi en tendant les mains vers le portable. Ha oui, j'allais oublier le bébé. Je n'étais pas bien-sûr de ce qu'il faisait là. C'était une belle petite fille de peut-être 1 ans, avec des cheveux d'un blond brillant et des yeux d'un incroyable bleu. Elle était assise par terre au milieu du fouillis et de la ferraille et s'amusait à assembler des écrous, des vis et un tas de trucs pointus, mais Léo n'y prêtait même pas attention. J'aurais bien voulu lui demander si c'était sa fille, mais honnêtement, cette possibilité était si bizarre que j'aimais autant ne pas savoir.

-Heu, tu devrais l'avoir, ai-je dit à Hélèna en lui tendant le portable. C'est dans ton bungalow qu'on l'a trouvé, c'est toi qui as détruit la statue, tout ca...

-Non, garde-le, a-elle rétorqué en haussant les épaules. J'ai la Colère d'Héra, je n'utilise pas d'armes elles ne vont avec rien. Et puis surtout, je suis vraiment nulle, avec les armes.

-Appuie sur le 0, Derek, a ordonné Léo l'air de rien en griffonnant sur de vieux plans.

J'ai obéis. Le portable s'est déployé dans ma main sous sa première forme, celle d'un poignard de bronze. Aussitôt, vif comme l'éclair, Léo à fondu sur moi tandis que d'une fente dans son poignet robotisé jaillissait une longue lame dans le prolongement de son bras, et a effectué un terrifiant mouvement latéral tandis que la lame s'enflammait. Hélèna a glapit. Le bébé a poussé un cri émerveillé. Soudain, ma main a presque agis d'elle-même et le poignard a stoppé net sa lame effilée alors qu'elle allait me trancher la tête. Je l'ai arrêté. Moi. Le choc a été si violent que je l'ai senti vibrer dans tout mon corps, j'ai cru qu'il allait me briser le poignet et je sentais les flammes brûlantes m'effleurer le visage, un seul coup de plus et c'aurait été fini. Mais je l'ai réellement arrêté.

-Mais..., ai-je balbutié en baissant mon arme tremblant de tous mes membres. Pourquoi vous... Et comment...

-Le poignard est une arme de voleur, Derek, a simplement répondu Léo en faisant de même. Ne cesse jamais d'avoir confiance en ton sang.

-... Vous... vous m'auriez tué! La vache, vous m'auriez vraiment tué !Non mais vous êtes malade ?!

Pour toute réponse, Léo a affiché un léger sourire amusé, et a fait un léger mouvement de la main qui a rétracté sa lame dans son bras de métal.

-Ce portable appartient à Annabeth. Puisqu'elle est morte sans le donné à personne ce sera sûrement le cas à jamais, en d'autres mots il n'est pas vraiment à toi, ce qui veut dire que tu devrais pouvoir utilisé l'Attraction sur lui en cas de besoin. A moins que ca veuille dire qu'il peut être à n'importe-qui puisque son ancien possesseur est décédé, je pige pas trop ces trucs là. En tout cas, garde-le, petit. Le destin prend des chemins bizarres. Ce poignard a peut-être été la toute dernière façon des Parques d'influer sur le Destin. Comme ce sont elles qui décident de l'avenir de chacun des êtres vivants, on pourrait croire que ce sont elles qui ont écrit ce qui est en train de leur arriver, mais c'est pas si simple. Elles laissent beaucoup d'évènements au hasard, et même lorsque ce n'est pas le cas elles sont guidées par un instinct primitif, elles tissent ce qui doit être tissé. C'est pour ca qu'elles avaient tissé le retour de Cronos, puis celui de Gaïa. Si elles doivent écrire la destruction du monde et la leur, elles le feront. Ca a rien d'impossible qu'après avoir perdu leur contrôle sur le Destin elles aient commencé à faire ce qu'elles pouvaient encore pour le retrouver. Pendant p'têtre seulement quelques heures après leur capture, elles faisaient réellement ce qu'elles voulaient, libérées de leur devoir, si ce n'est que Persée a certainement trouvé le moyen de les empêcher d'agir contre lui. Et vous, plus tard, vous trouvez le seul objet qui a peut-être de l'importance pour Persée Jackson. Hasard ?

J'ai observé le couteau. J'avais essayé presque toutes les armes pendant mon entraînement avec Peter, j'avais été nul avec chacune d'entres elles, le poignard y compris. J'étais absolument sûr d'être nul avec un poignard ou n'importe-quoi d'autre. D'un autre coté, j'avais pas vraiment eu l'occasion de me défendre, ce matin. L'arme s'adaptait parfaitement à ma main, comme si elle était faite pour lui. D'un mouvement adroit, presque naturel, je l'ai fais tournoyé entre mes doigts et en un éclair il a reprit la forme d'un portable de bronze, que j'ai mis dans ma poche. Le premier truc que je réussissais depuis qu'on m'avait embarqué dans cette histoire. Léo avait tord, au sujet de la propriété, je pouvais attracté n'importe-quoi, peut-importe à qui il était, du moment que je considérais que ce n'était pas à moi. Etant donné que c'était l'arme de la femme de Persée Jackson, je n'aurais sûrement aucun mal à considéré qu'il lui appartenait à elle et pas à moi. Je pourrais l'attracter. Mais franchement, ce truc me mettait hyper mal à l'aise.

-Ok. Je...

Soudain, quelque-chose a bougé sous une véritable montagne de ferraille dans un coin de l'atelier. Au début, j'ai cru qu'un autre mini robot allait en jaillir, mais j'ai vite compris que c'était beaucoup trop grand. Le tas entier tremblait sous quelque-chose qui semblait grandir au milieu du fouillis, quelque-chose de plus grand qu'un autobus. Un grondement sourd a fait trembler l'atelier, un rugissement de bête. Léo a éclaté de rire tandis que je fouillais frénétiquement ma poche à la recherche du portable, épouvanté, et que la petite idiote par terre tapait dans ses mains frénétiquement. Tandis que j'appuyais sur n'importe-quelle touche d'une main tremblante, la chose a enfin émergé de la montagne de métal en faisant tomber par terre la moitié d'une décharge publique et a déployé ses ailes, déchaînant une bourrasque à travers la pièce par ce simple mouvement. J'ai baissé l'épée qu'était devenu le portable presque sans m'en rendre compte. Parce qu'elle m'aurait été aussi utile qu'un cure-dent. Mais aussi parce-que la créature était magnifique. C'était un dragon.

Pas un dragon de métal comme ceux qui se grattait le museau au plafond, non, c'était un véritable dragon vivant, grand comme trois éléphants, aux écailles écarlates, le menton fièrement levé, ses immenses ailes ouvertes sur toute leur envergure. Il avait des pattes immenses, dotées de griffes presque aussi grandes que moi. Son poitrail se soulevait au rythme d'une lente respiration tandis que ses muscles puissants saillaient sous ses écailles. Ses yeux verts émeraude brillaient de milles-feux. C'était la créature la plus majestueuse que j'avais jamais observé. Et si elle décidait d'éternuer, là tout de suite, j'étais sûr que ce serait la dernière que je verrais.

-Enfin fini de dormir ?, a lancé Léo au dragon. T'as roupillé la moitié de la journée, vieux !

Le dragon a poussé un grognement avant d'atterrir devant nous d'un unique et puissant battement d'aile. J'ai reculé quand il a tendu le coup pour renifler Hélèna avant de darder une langue grande comme un boa pour la lécher de la tête au pied. Elle a poussé un cri de protestation, outrée.

-Mr Zang, non !Par les dieux, la bave de dragon ca part pas au lavage !

Le dragon a émit ce qui ressemblait à s'y méprendre à un rire avant de poser les yeux sur moi. J'ai préféré reculer, prudent. La bave de dragon, ca part pas au lavage. L'animal a poussé un petit grognement en direction de Léo.

-Ouais, a répondu l'intéressé. C'est celui-là, il a survécu en fin de compte.

J'ai encore reculé de trois pas quand « Mr Zang » s'est penché sur moi.

-Vous comprenez ce qu'il raconte ?, ai-je murmuré à Léo.

-Bien-sûr. Tu vois, je me suis rendu compte que les sons qu'émettaient les dragons robotisés étaient très proches des véritables cris de dragons. Ca a prit des années, mais j'ai fini par réussir à les interpréter. N'ai pas peur de Frank. C'est lui qui t'as transporté jusqu'ici, tu sais ?Après que tu te sois évanoui, il est arrivé avec les renforts. S'il voulait te bouffer, il l'aurait fait pendant le trajet – je te jure, on a eu des petits soucis du style.

Soudain, je me suis souvenu de ce que m'avait dit Mme Grace peu après mon réveil : « Au collège, tu t'es évanoui. Après ca, quand Frank est arrivé, nous n'avons pas eu le choix, on t'a fait monté sur son dos est on t'a emmené avec nous ». C'était donc lui, Frank.

Le dragon a poussé un nouveau rugissement qui a fait trembler les murs. J'ai fini par comprendre qu'il n'était pas spécialement en colère, c'était juste sa façon de s'exprimer.

-J'arrive, a répondu Léo. Ca sera pas long.

Le dragon a hoché la tête d'un mouvement étonnamment humain et est reparti se rouler en boule dans un coin de l'atelier.

-J'ai besoin de lui pour prendre les mesures de ses ailes, a expliqué Léo. Il m'a aidé à concevoir tout les dragons que vous voyez-là, avoir un modèle c'est hyper pratique. On n'était pas trop copains quand il était encore humain, mais bizarrement c'est devenu beaucoup plus facile depuis qu'il est sous cette forme.

-Quand il était encore humain ?, ai-je répété, incrédule.

Thalia avait mentionné quelque-chose comme ca, mais bizarrement ca restait totalement irréaliste. Le regard de Léo s'est assombrit. Il a passé une main sur son cache-œil, le regard dans le vague. Il avait le même regard que Thalia, que tous les autres quand ils évoquaient Persée.

-On en a tous bavé pendant nos recherches de Persée. Moi, j'ai perdu un œil pendant un combat avec lui. Mais Frank est sans doute celui qui a le plus perdu. On ne sait pas exactement ce qu'il s'est passé. Avant, c'était un sang-mêlé, comme nous. Un fils de Mars. Ca me tue de l'admettre, mais il était devenu bien plus puissant que moi. Il était incroyable, plus fort que les enfants des Trois Grands. Il avait le pouvoir de se transformer en n'importe-quel animal qu'il avait déjà vu, il avait fait un tour du monde avec Hazel – ils sortaient ensemble, ces deux là, tu sais ? – et en revenant il était devenu capable de prendre la forme d'absolument n'importe-quoi. Il maîtrisait ses pouvoirs à la perfection, même les transformations partielles. Il avait un immense point faible, mais il avait fini par comprendre que c'était d'abord et avant tout parce qu'il avait un pouvoir incommensurable. T'as déjà vu un léviathan capable d'utiliser la Bénédiction d'Arès? Ca foutait la trouille. Mais un jour, on a eu une alerte Persée au Mexique, dans une ville à l'abandon, il y a un peu plus d'un an. On n'a jamais su pourquoi il générait un tremblement de terre là-bas. Quand Peter l'a senti, Frank et Hazel étaient avec lui. Frank a dit au petit d'aller prévenir les autres, et il a décidé de partir devant. Il voulait en finir. Il était plus fort que nous tous, et la vérité c'est qu'en tombant sur Persée tout en même temps, et même à chaque fois qu'on avait combattus côte à côté, on ne pouvait que le gêner. Il était trop fort pour se battre autrement que seul. Et il avait pas le temps d'attendre de savoir qui serait joignable. Donc il a persuadé Hazel de l'emmener là-bas en vol d'ombre, dé qu'ils sont arrivés sur les lieux il lui a hurlé de retourner chercher des renforts, il s'est jeté sur Persée... et il s'est changé en dragon. Personne sait ce qui s'est passé ensuite. Quand Hazel est revenue avec Jason, Piper et Clarisse, la ville toute entière était un champ de ruine, plus que des cendres et du petit bois. Au milieu de tout ca, il y avait un dragon à moitié mort.

-Je croyais que Persée Jackson était un fils de Poséidon ?J'aurais pigé qu'il puisse le changer en vache marine, quelque-chose comme ca, mais... un dragon ?Pourquoi ?Et comment ?

-Il a le Trident. Il n'a pas transformé Frank en dragon, mon pote est resté sous cette forme parce-que c'est celle qu'il avait quand Persée lui a prit ses pouvoirs. A moins qu'il les ait scellés en lui, ou il l'a forcé à oublier comment les utiliser. En tout cas, c'est quelque-chose qu'un Artefact du pouvoir est capable de faire. Si on savait exactement ce qu'il lui a fait, on pourrait le guérir, mais c'est pas si facile de communiquer avec un homme changé en dragon. Heureusement, à l'époque Persée n'était pas assez puissant pour le tuer. Mais Frank n'a jamais plus pu se retransformer, que ce soit en humain ou autre chose. Il est piégé dans ce corps, peut-être pour toujours.

-Grave... au moins, ca vaut mieux que d'être resté coincé sous sa forme humaine.

Hélèna m'a jeté un regard atterré. Léo a plissé les yeux, sans se départir de son calme.

-Hé, ai-je protesté, tout ce que je veux dire, c'est qu'il est resté puissant. C'est un dragon. Il a peut-être perdu ses pouvoirs, mais il est toujours invulnérable, quoi.

-Il s'y est habitué, en tout cas. Il n'est plus si malheureux. C'est pas donné à tout le monde, de pouvoir voler à volonté. Je crois qu'il n'aime pas qu'Hazel le voit comme ca, alors il vient ici. C'est un des seuls bâtiments assez grand pour qu'il puisse s'y abriter, et il sait que je lui ficherais la paix. La plupart des gens qui l'ont connu cherchent sans arrêt à communiquer, à retrouver en lui un peu du Frank qu'ils ont connus. Moi, je me contente de bosser, il sait que je ne le dérangerais pas. Je suis tellement obsédé par mon boulot que j'en viens parfois à oublier sa présence. Et puis, comme ca, il se sent utile, c'est grâce à lui que j'ai perfectionné mes robots. Mais malgré tout, la vie d'humain lui manque, j'en suis sûr. C'est aussi pour ca qu'il faut qu'on retrouve Persée. Il doit nous rendre Rachel, payer pour ses crimes, et libérer Frank de son sortilège même s'il faut le tuer pour ca.

-Ca marcherait? Si vous pouviez tuer Persée, le dragon redeviendrait comme avant ?

-D'après les enfants d'Hécate, c'est presque certain. Même après avoir été employé, certaines magies restent liées à la force vitale de leur utilisateur, où qu'il soit, et s'il meurt ses maléfices meurent avec lui. Si ce que Persée a fait à Frank est un sortilège, ca marchera. Mais si c'est une malédiction...

Le fils d'Héphaïstos a soupiré. Frank resterait un dragon à jamais.

-C'est pour ca que j'espérais tellement qu'Annabeth nous ai laissé une piste. Quoi qu'il soit arrivé à Percy, Annabeth en est la cause, si on arrive à comprendre ce qu'il s'est passé on pourra peut-être apprendre comment résonner Persée. Et si on peut résonner Persée, on peut lui faire défaire ce qu'il a fait. Mais ce n'est qu'un portable.

-Ouais..., ai-je simplement répondu, vaguement mal à l'aise. On pouvait pas vraiment le savoir.

-C'est rien. Vous... hé, mais qu'est-ce que tu fais, toi ?

J'ai cru qu'il s'adressait à Hélèna avant de sentir un truc gras et baveux. J'ai baissé les yeux, dégouté d'avance. Comme je le craignais, le bébé s'était mis sur ses petites jambes potelées et accrochée à ma jambe en babillant des paroles inintelligibles, l'air émerveillé, en levant vers moi d'immenses yeux bleus. J'avais horreur des bébés. Ils étaient encore plus égoïstes que moi, ils comprenaient rien et ils pleuraient quand on leur volait quelque-chose.

-Oooooooh, a piaillé Hélèna avec ce gémissement typique des filles. Elle est trop chouuuu !Quichéquiétropchoubidou ?Quiché ?Hein ?Méqetébelle !Oooooh méouiqetétoutheubeeelle !

-Heu... le prenez pas mal, mais c'est à qui, cette... créature ?Ca fait un bout de temps qu'elle traîne au milieu des clous, des tenailles et des bouts de ferrailles, c'est une sorte de robot, ou ?

Léo se penchait pour prendre le robot dans ses bras quand à ces mots il a levé les yeux, interloqué.

-Ben, non. C'est ma gamine.

-Votre ga...

Soudain, la petite saleté a prit feu. Je vous jure. Elle a sourit à Hélèna penchée au-dessus d'elle avec des mimiques stupides, elle a babillé un truc, et soudain, des flammes d'un blanc immaculé ont jaillis sur tout corps dans une explosion de feu, la changeant en une mini torche humaine.

-Qichéqifédufheuqibrul ?Quiché ?

Je me suis écarté d'un bond avec un hurlement de terreur, mais ma jambe n'avait rien, je n'avait senti aucune chaleur. La petite a penché la tête de coté, sans comprendre, et les flammes blanches se sont éteintes aussi vite qu'elles s'étaient allumées. Léo a éclaté de rire et pris sa fille dans ses bras. J'ai serré les poings, furieux. Personne ne m'humiliait de la sorte, surtout pas deux fois dans la même journée, et pas même un bébé. Quelqu'un devrait payer pour tout ce qui m'étais arrivé depuis le début de cette putain de journée.

-Laisse-le tranquille, coquine!, s'est esclaffé le fils d'Héphaïstos. Je crois qu'elle aime bien faire des blagues, elle doit tenir ca de moi.

La fillette a commencé à gazouillé dans ses bras, ravie, puis elle a posé sur la joue de son père une main qui s'est enflammée à son contact.

-Ce... ce sont des vraies flammes ?, ai-je demandé en tentant de retrouver une contenance. Des flammes blanches ?!

-Ouais, on sait pas encore vraiment ce que c'est. C'est comme si elle avait hérité de mes pouvoirs de faiseur de feu, mais que la nature de nymphe de sa mère avait fait un truc de son coté. En tout cas, ca brûle pas, elle fait ca quand elle est contente. Vous auriez vu la tête de sa mère la première fois que sa fille a prit feu dans ses bras, c'était mythique.

-Bon sang, à un petit détail génétique prêt elle me cramait la jambe !Elle a vraiment voulu me faire brûler !Elle est où, sa mère ?!Elle pourrait garder ce, ce truc super dangereux pendant que vous bossez ?!

Léo a encore perdu son sourire. Là, j'ai décidé que je ne poserais plus de questions. Rien n'était simple ici, un bébé pyromane ne pouvait pas juste être un bébé pyromane, à chaque fois ca menait à une nouvelle histoire digne d'un mauvais film, et là après avoir failli bruler deux fois en deux minutes j'avais vraiment plus envie d'écouter. Heureusement, celle-là était aussi courte que stupide. Léo a soupiré :

-Elle l'a vu que deux fois. Sa mère, c'est Calypso.

-... ok.

-...

-...C'était censé être une grande révélation, c'est ca ?On va faire comme si je savais qui c'était, continuez.

-Y a longtemps, les dieux l'ont enfermée sur une île appelé Ogygie. Depuis, ils ont jurés sur le Styx de l'en libéré, mais on a oubliés de leur donner un délai, et ils n'ont pas apprécié l'idée de se faire dicter leur conduite par des mortels. Ils ont décidés de garder Calypso enfermée par pure fierté. Tout ce qu'ils ont à faire pour ne pas tenir la promesse de la libéré, c'est d'assurer qu'ils s'en occuperont. Mais dans quelques millénaires, tu vois le genre ?En attendant, ils ont finit par lui accorder un petit truc pour être certains de ne pas s'attirer les foudres du Styx : Calypso ne peut passer qu'une seule journée tous les douze mois en dehors de l'île d'Ogygie. C'était si injuste que Percy a réussi à intercéder auprès des dieux pour obtenir une compensation. Il essayait de la faire libérer, bien-sûr, au moins pour la moitié de l'année comme Perséphone, mais il n'a réussi qu'à lui obtenir de surpuissants pouvoirs magiques, Calypso est devenue une grande sorcière – ironiquement, c'est grâce à ses pouvoirs qu'elle a pu nous faire rentrer dans le dôme de Percy pendant que Thalia entrait grâce à Tristan. Elle s'amuse bien, au moins.

-Alors c'était bien elle ?Le jour où Thalia a combattu Persée, au collège, quand elle lui a dit qu'une certaine Calypso était en train de détruire le dôme d'eau qu'il avait érigé autour de la zone ?Mais... vous avez dit qu'elle ne pouvait sortir qu'un jour par an, c'est pas ca ?

-Ouais, a simplement répondu Léo d'un ton neutre en regardant sa fille mâchouiller une clé à molette qu'elle avait trouvée les dieux savent où. Elle était là.

Whaou. Calypso avait utilisé son unique jour de liberté de l'année pour répondre aux demandes de renforts envoyés par la Colonie. Elle avait dû utiliser des pouvoirs hyper balèzes pour arriver à temps. Les seuls instants qu'elle pouvait passer avec son mari et sa fille de deux ans, elle les avait employés pour s'assurer que la Prophétie aurait bien lieu, que le monde aurait un espoir d'être sauvé aussi infime soit-il. Non mais quelle conne.

-Du coup, a soupiré Léo, je retourne souvent à Ogygie quelques semaines, en laissant ma petite princesse à Chiron. Je suis l'unique personne capable d'y aller sans y rester coincé parce-que le seul gars qui peut quitter l'île est celui dont elle est amoureuse. J'ai pu trouver le moyen de retrouver Ogygie à volonté – c'est ultra-compliqué, mais je peux le faire – mais je peux pas emmener Esperanza. Autrement, elle resterait piégée à tout jamais. Il a fallu que Caly utilise son jour de liberté annuel pour accoucher hors de l'île et éviter ca. Bref. Ca m'a déconcentré. Mais je veux que vous me promettiez une chose, tous les deux. Durant votre quête, vous allez peut-être avoir l'occasion d'en apprendre plus sur la disparition d'Annabeth. Vous allez peut-être rencontrer des dieux, ou des gens qui ont pu la croisé. Essayez de comprendre ce qui lui est arrivé, c'est sûrement l'unique moyen de ramené Percy si c'est encore possible.

-C'est promis, a dit aussitôt Hélèna.

-Ouais, on fera ca..., ai-je prétendu.

-Thanks, a dit Léo avec un grand sourire.

Puis il a posé sa fille et à nouveau sifflé, et Boulon est allé chercher un mètre ruban avant de se reposer sur son épaule.

-Souvenez-vous, n'appuyez sur le septième bouton de ce portable sous aucuns prétexte, quoi qu'il arrive. Maintenant, il faut que je prenne les mesures pour les ailes du nouveau modèle de dragon. Il va être plus grand, plus rapide, plus classe...

-... plus bruyant et il manquera totalement de grâce, a complété Hélèna dans un rire. Viens Derek, on s'en va.

Sur ces mots, elle est repartie en sautillant sur ses talons-hauts. Je la soupçonnais d'avoir hâte de re-décorer son bungalow. J'allais la suivre quand Mr Valdez m'a rappelé.

-Je veux que tu le jures, Derek. Laisse une chance à Persée. Si jamais tu as la moindre opportunité de le ramener du coté du bien, saisis-là. S'il-te-plait. Tu as le poignard d'Annabeth, ca peut peut-être éveiller en lui quelque-chose qui a disparu depuis bien longtemps. Des sentiments. Je suis mécano, tu sais. Je m'étais juré de tout réparer. Libérer Caly, guérir Frank, retrouver Rachel, même rabiboché Piper et Jason, et ramener Percy. Le vrai Percy. Mais j'ai fini par piger que je pourrais pas tout faire. Pas tout seul.

-Vous êtes conscient qu'une promesse n'a aucune valeur à mes yeux ?, ai-je simplement répondu.

-Elle en aura si tu le jure sur le Styx, gamin.

Après tout, pourquoi pas ?Ce n'est pas comme si Persée allait me laissé l'opportunité de discuter, ca ne m'engageais pas vraiment.

-... Non. Je veux bien laisser Hélèna essayer de le ramener du coté du Bien, ok – je ne le jure pas sur le Styx notez bien. Mais si elle échoue, je le tuerais.

Depuis qu'on m'avait expliqué le truc, je détestais les promesses sur le Styx. Le principal intérêt d'une promesse, c'était de pouvoir la briser au moment opportun. Et puis surtout, aujourd'hui j'étais pas d'humeur.

Léo m'a dévisagé une seconde, l'air pensif. L'espace d'un instant, j'ai cru qu'il allait me forcer à le faire. Est-ce que ca comptait, si on jurait sur le Styx sous la contrainte ?Si oui, c'était hyper intéressant, mais là tout de suite ca m'arrangerait pas du tout. Vraiment pas du tout. Mais il s'est contenté de soupirer.

-J'imagines qu'il vaut mieux qu'au moins l'un de vous trois pense de cette façon. Hélèna est trop gentil, et la haine de Peter est pas aussi profonde qu'il veut le croire, il est trop jeune. Si personne ne parviens pas à sortir Percy des ténèbres, n'hésites pas une seule seconde. Tue-le.

Je n'ai rien répondu. Je n'ai pas hoché la tête. Simplement, j'ai fais volte-face. Tue-le. Facile à dire. J'étais un gosse. La dernière fois que j'avais croisé la route de Persée Jackson, il avait bien faillit m'écraser comme un moucheron, je ne l'avais même pas fait transpirer. Je voyais mal comment un couteau aurait pu faire la différence si jamais j'en venais à l'affronter à nouveau. A l'instant où cette pensée m'a traversé l'esprit, j'ai compris que je devrais l'affronter à nouveau. Fatalement, tôt ou tard, je devrais à nouveau me confronté à lui, mille fois plus puissant que l'homme que j'avais affronté aujourd'hui. Il ne nous avait même pas montré un soupçon de ce qu'il pouvait faire en réalité, je le savais. Et cette simple perspective me donnait des sueurs froides.

Ce soir-là, au feu de camp, j'ai enfin fais connaissance avec les autres enfants d'Hermès. C'était bizarre, d'être entouré de gens qui me ressemblaient, parce-que je savais exactement de quoi ils étaient capables. Ils étaient tous comme moi pour la plupart, sans scrupules, voleurs et plutôt égoïstes, je les ai tout de suite adorés, même s'il me manquait beaucoup du coté farceur. J'ai eu l'impression de comprendre pourquoi les gens qui me connaissaient surveillaient constamment leur portefeuille quand j'étais dans le coin. Pourtant, je n'avais pas vraiment l'impression d'avoir trouvé une famille. Parce-que j'étais une tache argentée au milieu d'une ribambelle de cheveux blonds vifs.

Je les ai aussi interrogés sur l'Attraction. Depuis qu'on m'avait appris que j'étais un des enfants du dieu des Voleurs, j'étais plus ou moins parti du principe que ca expliquait mes étranges pouvoirs. La plupart d'entre eux étaient capables d'ouvrir les portes par la pensée et bien-sûr n'importe-lequel pouvait voler n'importe-quoi sans se faire prendre, mais aucuns d'entre eux n'avait jamais entendu parler du pouvoir d'attirer à soit l'objet de son désir, même sous un autre nom que celui que je lui avais donné. C'était le pouvoir de voler, aucuns doutes, mais pourtant pas un seul de mes frères et sœurs n'avait vu ca auparavant.

-Il y a bien un truc là-dessus, a finit par dire un garçon au bout de la table. En fait, c'est plus une légende. Celle du Roi des Voleurs.

-C'est juste une légende, Tyler, a soupiré Maya en levant les yeux au ciel.

Maya était la conseillère en chef des Hermès, une fille blonde de presque 18 ans qui jouait continuellement avec un couteau.

-Les « Attracteurs » sont très rares, comme les Enjôleurs des enfants d'Aphrodite, c'est tout. J'avais toujours eu un doute, mais c'est justement le fait qu'il puisse faire ce truc qui casse le mythe.

Tyler ne s'est pas arrêté pour autant :

-Il paraît qu'avant, il y a plus de 2000 ans, les anciens fils d'Hermès étaient puissants. C'étaient les voleurs parfaits : certains pouvaient se téléporter, d'autres traverser les murs, d'autres prendre possession de n'importe-quel être vivant... et d'autres encore, obtenir ce qu'ils désiraient par la simple force de leur esprit. Dis comme ca j'imaginais autre chose, mais ca doit être ca, l'Attraction. L'un des pouvoirs des Anciens.

-C'est pas possible. Tu l'as dis toi-même, c'est ce que dit la légende, et selon la légende, on a perdu ce pouvoir avec tous les autres...

-Hé !Tu me laisses raconter, oui ?T'as gâché la fin de l'histoire. Donc, les pouvoirs des Anciens étaient carrément plus nombreux que les nôtres. Un jour, le plus puissant d'entre eux a tenté l'ultime cambriolage. Son nom, c'était Kreed, mais tout le monde le connaissait sous le nom de Roi des Voleurs. On raconte qu'il était le plus terrible des fils d'Hermès, le pire des félons et le meilleur des farceurs, et qu'il avait plus de pouvoirs qu'on pourrait jamais en rêver. Forcément, il a vu plus loin que tous les autres. Beaucoup plus loin. Et c'est comme ca qu'un jour, il a voulu faire ce qu'aucuns voleurs n'avait pu faire avant lui. Il a voulu voler la loyauté.

-Voler la loyauté ?, ai-je répété. Sérieux ?

-C'est une légende, on sait pas exactement ce que ca veut dire. Toujours selon la légende, la loyauté appartenait à une très vieille sorcière, abominablement laide, toute petite et d'une cruauté sans bornes. Le truc tu vois, c'est qu'un enfant d'Hermès peut avoir tout ce qu'il veut. Quand on a envie de quelque-chose, on le prend. Mais selon cette histoire, il existe une chose qu'un enfant d'Hermès ne pourra jamais posséder, qu'un voleur ne pourra jamais obtenir, et c'est la loyauté. Parce-que personne ne leur fait totalement et entièrement confiance et qu'il n'existe personne qu'ils ne pourraient réellement jamais arnaquer.

-Ca je sais, mais comment on vole la loyauté ?

-J'en sais rien, c'est une légende. Comment tu ferais toi ?Peut-être que la sorcière l'avait mise en bouteille. Donc, on dit que le Roi des Voleurs a voulu voler la loyauté. Mais il s'est fait prendre la main dans le sac avant d'avoir pu fuir avec son butin. La vieille était folle de rage. Alors, comme il avait voulu lui prendre ce à quoi elle tenait le plus, elle a utilisé une puissante malédiction pour prendre à Kreed ce qu'il avait de plus chère. Ses pouvoirs. Comme ca, il ne pourrait jamais plus voler qui que ce soit, tu vois ? Mais la sorcière était encore plus cruelle que ca. Elle voulait qu'il perde tout, tout voler au Roi des Voleurs. Et afin que jamais plus quelqu'un n'ai les capacités nécessaires pour lui dérober ce qui lui appartenait et que le Roi soit haïs par les seuls personnes qui pourraient jamais l'accepté et le comprendre, sa famille, la sorcière a lié la malédiction par le sang.

-Ca veut dire que toutes personnes qui partageaient le sang de Kreed partageraient son sort, a précisé Maya. Qu'elles soient né ou pas. Ce n'est pas vraiment Kreed, que la vieille sorcière a maudit, c'est son sang. Le sang d'Hermès. Même s'il avait pu trouver un moyen de se délivrer personnellement de la malédiction, elle aurait continué de peser sur notre famille et tous ses descendants à tout jamais.

-En fait, on prétend qu'il a pu y arriver. Qu'il aurait été le seul fils d'Hermès à trouver un moyen d'échapper à sa malédiction. Mais même si tu étais un de ses descendants directs, genre le fils du fils de son fils, tu serais maudit quand même. Et puis, on dit aussi que le moyen qu'il a finalement trouvé pour retrouver ses pouvoirs était pire que la mort.

-Et voilà. Si on en croit la légende, à daté de ce jour, on est devenu tel qu'on est aujourd'hui. La risée de la Colo. Inoffensifs.

-Ouais, bon, est intervenu un autre dans un éclat de rire. Pas inoffensifs, quand même.

Les Hermès ont éclaté de rire dans un bel ensemble. Là-dessus, la conversation s'est axée sur le meilleur moyen de trafiquer les champoings des « Aphrodite » pour leur faire perdre tous leurs cheveux, un projet fascinant. J'ai continué d'écouter d'une oreille, songeur.

La légende était débile bien-sûr. Au pire, je me fichais bien de l'origine de l'Attraction. Je veux dire, elle était forcément fausse : si on s'en fiait à cette histoire alors pour pouvoir encore utiliser l'Attraction il fallait ne pas être un enfant d'Hermès, puisque son sang avait été maudit. Mais seuls les enfants d'Hermès pouvaient utiliser l'Attraction. C'était n'importe-quoi, j'en étais la preuve vivante, un enfant d'Hermès qui utilisait l'Attraction. Et même si j'avais été un descendant direct de Kreed, je n'aurais pas échappé à la malédiction, seul Kreed lui-même avait trouvé la solution et retrouvé ses pouvoirs.

J'ai distraitement tracé le nom de ce fils d'Hermès Roi des Loosers qui n'avait jamais existé dans un peu de poussière sur la table tout en écoutant les autres échafauder des plans à voix basses. Au bout d'un moment, j'ai fini par baisser les yeux sur ce que j'avais écris. C'est un truc étrange, la dyslexie des demi-dieux. Les lettres qui s'intervertissent sous vos yeux, sans aucuns sens. Elle est un peu différente de celle des mortels, mais tout aussi chiante. Pourtant, cette fois-ci, il s'est passé quelque-chose. Les lettres ont semblées comme changer de place dans ma tête, s'emmêler, comme d'habitude. Et alors seulement, j'ai pu comprendre. Comprendre ce qui avait échappé à Tyler et aux autres. On l'avait sûrement prononcé rarement ces derniers siècles, mais depuis combien de temps personne n'avait écrit ce nom ?

Kreed. Derek. C'était une anagramme. Mon prénom était l'anagramme de celui d'une légende qui ne pouvait pas avoir existé justement parce-que j'existais. Ca n'avait aucuns sens.

Et voilà comment s'est déroulée la première de mes deux journées à la Colonie des Sang-Mêlés. Ca avait été la journée la plus dangereuse, la plus douloureuse et la plus humiliante de ma vie. Depuis le début de mon entraînement je n'avais même plus eu le temps de penser à mon évasion. Ouais, j'avais juste été trop occupé. Il était bien-sûr évident que j'allais me barrer de ce repaire de cinglés – hey, sans que ca paraisse ils avaient presque tous essayé de me faire la peau. Et pourtant, à la toute fin, juste avant de m'endormir, j'ai réalisé que même si j'aurais été bien incapable de dire à quel moment, je m'étais amusé. Peut-être quelque-part entre celui où je m'étais fais mettre un grand coup entre les jambes par un épouvantail sadique et celui où une jolie petite fille avait essayé de me faire brûler. Mais bon, on s'en fout. Je l'ignorais encore, mais dé le lendemain, ca n'aurait plus aucune importance.

Car le jour suivant, juste après le déjeuner, j'allais faire connaissance avec mes propres morts.

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