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Je me bat contre des épouventails







« Ne fait pas ca ! »

La voix avait surgit du néant, comme un éclair traversant un ciel pourtant sans nuage.

« NE FAIT PAS CA ! »

J'ai essayé de répondre, mais je ne sentais plus rien. Comme si mon corps avait disparu, que je n'étais plus qu'un fantôme de brume errant dans le noir. Etait-ce un souvenir ?Un rêve ?Les deux à la fois ?

« Ne les écoute pas! Ne fait pas ca ! »

La voix était de plus en plus lointaine, de plus en plus vague, comme si elle s'épuisait un peu plus à chaque mot.

« Souviens-toi! Fais ce que tu as toujours fais ! »

Soudain, alors qu'elle allait disparaître, elle a semblé employer ses dernières forces dans un hurlement désespéré :

« LES ÉVÉNEMENTS VONT SE RÉPÉTER ! »

Le lendemain, je me suis réveillé un peu avant midi, alors que tous les pensionnaires étaient levés depuis longtemps. J'ai constaté avec soulagement que cette fois-ci je n'avais pas failli brûler vif, mon dernier rêve m'avait laissé un souvenir impérissable. Je me souvenais à peine de celui de cette nuit. La voix avait dit quoi ? Les évènements vont se répéter? C'était la seule phrase que j'avais vraiment retenu. Je ne savais même plus de quel endroit j'avais rêvé.

J'ai baillé à m'en décroché la mâchoire. Comme je sortais d'une journée entière d'inconscience juste un peu avant la Réunion du Conseil et avec tout ce qui s'était passé pendant cette dernière, j'étais persuadé que j'aurais un mal fou à me rendormir. Pourtant, dé qu'on m'avait laissé partir et indiqué le bungalow d'Hermès, je m'étais effondré comme une masse sur le lit le plus proche sans me présenté à personne.

Etrangement, en me redressant dans mon lit j'ai trouvé les poches de mon jean retournées. J'aurais juré qu'au moins un de mes nouveaux frères et sœurs avait tenté de me faire les poches et n'avait rien trouvé d'autre que quelques vieux morceaux de cookies.

C'est alors que la tête de Peter est apparue au-dessus de moi, depuis le lit du dessus. Soudain, avant que j'ai pu ouvrir la bouche, un son suraigu a envahit mon cerveau et une douleur inhumaine a explosé dans mon crâne, un truc abominable qui m'a déchiré le cerveau de l'intérieur. J'ai hurlé :

-AAAÏE! Bordel mais t'es dingues ?!

-Tu étais réveillé ?Je croyais que tu dormais encore, c'est l'heure de se levé là.

-Et puis quoi ?!Si je dors, t'as le droit de m'enfoncer des aiguilles mentales dans la tête ?!

-Je voulais juste crier, j'ai du mal avec ce pouvoir. Mais ce n'est pas très important, il faut qu...

-Si, c'est carrément important! Refait ca et je te jure tu vas sentir à quel point c'est important !

-Qu'est-ce que tu peux être de mauvais poil, le matin...

-De quoi ?!T'as télépathiquement broyé ma boîte crânienne, pauvre crétin !

-Oh, quel bébé... à titre d'information, c'est moi qui ait du expliquer aux autres pourquoi un type est passé devant eux sans les voir et s'est évanoui sur un lit, hier soir. Tu pourrais être plus sympa, sans moi ils t'auraient piqué jusqu'à tes baskets. Tient au fait, c'est le lit de Tyler, il a dit qu'il te le ferait payer.

-On s'en fout! Qu'est-ce que tu fais dans mon bungalow?! Pitié me dit pas que j'ai mal pigé un truc, commencer la journée en apprenant qu'on est frères ce serait vraiment atroce.

-Est-ce que j'ai l'air d'un fils d'Hermès? Quand j'étais petit, je dormais dans la Grande Maison, mais je me sentais seul. Comme je n'ai pas réellement de parent divin, je vis ici, dans le bungalow qui accueillait les indéterminés. Mais assez parlé, je t'ai laissé dormir beaucoup trop longtemps, j'aurais dû te réveillé il y a déjà des heures.

-Tu m'as pas réveillé, t'as essayé de me tuer dans mon sommeil !

-Combien de fois il va falloir que je te dise que je suis désolé ?

-Mais jamais t'as dis que t'étais dés...

-Allez, lèves-toi, on a beaucoup de choses à faire.

Peter ne m'a même pas laissé prendre un petit-déjeuner, il m'a traîné hors du bungalow 11 (très fort, pour sa taille) et m'a immédiatement fait visiter. J'étais à peu près sûr de faire le tour d'une colonie de vacances, mais ca aurait aussi bien pu être un petit village. Il y avait des dizaines de bungalows, des rues entières, organisées autour d'une sorte de grande place que composaient les bungalows 1 à 12. Il m'a expliqué sommairement qu'auparavant il n'y avait que onze bungalow, mais que suite à la promesse qu'avait fait les dieux de revendiqués leurs enfants avant leurs onze ans il avait fallu considérablement agrandir l'espace: maintenant il y en avait 73, du bungalow 1 qui était celui de Zeus jusqu'au dernier où dormaient les enfants de Janus, en passant par Hécate, la déesse de la Magie, ou encore Asclépios, celui de la Médecine. J'ai préféré m'écarté rapidement du bungalow d'Eris, la déesse de la Discorde, d'où fusaient des cris quasiment en continu. Des disputes semblaient y éclaté presque toutes les cinq minutes.

J'ai vite compris que les pensionnaires connaissaient tous la prophétie – ca aurait été chaud de la leur cacher. Certains avaient l'air sympas, mais la plupart de ceux qui nous croisaient jetaient des regards mauvais à mes cheveux, murmuraient sur mon passage en faisant un signe bizarre ou me dévisageais avec méfiance comme si j'étais déjà en train de fomenter le plan qui les mèneraient à leur perte. En fait, je les comprenais un peu. J'étais quand même censé être le traître aux cheveux d'argent, ils ne pouvaient pas faire autrement que de se méfier. J'étais arrivé la veille et le destin lui-même affirmait que j'allais leur planter un couteau dans le dos, on fait mieux comme départ. Même moi je n'étais pas sûr de ne pas les trahir.

J'ai noté au passage que les limites de la Colonie n'empêchaient pas le moins du monde les demi-dieux d'entrer ou de sortir. Si je le voulais, je n'aurais aucun mal à me glisser hors d'ici pendant la nuit.

-Et tu irais où ?, a soudain rétorqué Peter alors que nous passions devant le lac gelé (oui, gelé en plein été, j'ai pas cherché à comprendre).

Je me suis arrêté net.

-Quoi ?

-Si tu te glissais hors d'ici pendant la nuit, tu irais où ?

-Comment tu...

Peter m'a adressé un sourire suffisant et amusé.

-J'entends tes pensées. Ca arrive de temps en temps, je peux pas déclencher le truc volontairement mais parfois les voix commencent à résonner autour de moi. Ca fait dix bonnes minutes que tu élabores des plans d'évasions, je le sais. Tu irais où, si tu t'enfuyais durant la nuit ?Tu retournerais chez les Anderson, pour y vivre quinze jours en attendant la fin du monde ?

J'ai soupiré. Il avait raison, pour le moment. Ce serait stupide, c'était au destin que je devais échapper, pas à cet endroit. Ca demandait d'élaborer un plan totalement différent. Si on m'avait balancé une prophétie dans d'autres circonstances j'aurais été coincé, mais puisque le destin lui-même se cassait la gueule, je pouvais y parvenir, même si j'avais pas vraiment pigé ce que ca voulait dire au juste. Il fallait juste que je trouve le moyen de partir d'ici en m'assurant que mes pas ne me mèneraient surtout pas là où la prophétie voulait que j'aille. Le plus chiant, c'était cette histoire de délais : pourquoi très exactement quinze jours ?Si le Conseil avait pu comprendre aussi précisément le temps qu'il leur restait, alors peut-être que le temps impartit dépendait d'un élément précis, quelque-chose qu'il était éventuellement en mon pouvoir de changer. Il y avait forcément un autre moyen, tout sauf prendre part à une quête qui annonce ma propre mort. Je devais en apprendre plus

-Pourquoi quinze jours, de toutes façons? Qu'est-ce qui vous prouve qu'il vous reste aussi peu de temps, il se passera quoi, dans quinze jours? L'Avènement des Ténèbres de Minuit ?Le jour de la Méchanceté Absolue ?Le solstice d'un truc ?

-Parce-que dans quinze jour à partir d'aujourd'hui a lieu un instant décisif.

-Un instant décisif ?

-C'est ca. L'anniversaire de Persée.

-... quoi ?

-C'est tout ce qu'on a pu apprendre du Rituel. Persée peut s'emparer du pouvoir des Trois Parques lors de la journée qui aura été la plus décisive de son existence. Même si elles sont toutes absorbées par le Rituel avant la fin de ces quinze jours, il ne pourra pas leur prendre leur magie aux Parques avant cette date.

-Et c'est son anniversaire? Sérieux ?

-Le jour de l'anniversaire de Persée a été sans nuls doutes le plus important de tous, pas seulement pour lui mais pour l'humanité toute entière. Sa naissance est déjà en soit ce qui pourrait faire de cette journée la plus décisive qui soit pour lui, mais c'est aussi le jour où s'est accompli la Grande Prophétie, quelque-chose que nous avons tous attendu dans la peur des années entières. Ce jour là, l'Histoire du Monde tout entier a été mise en jeu. Ce jour va donc devenir celui où il est né, celui où le monde aurait pu basculer et celui où il va s'emparer du plus grand des Pouvoirs. C'est le moment parfait pour compléter le sort, le jour le plus décisif qui soit.

-Oh... ok.

Que répondre à ca, sérieux ? Ca faisait vraiment bizarre, de discuté de ca avec lui. Peter ne parlait pas comme un enfant, jamais, il était incroyablement sérieux. On aurait dit un adulte. Il faisait plus d'une tête de moins que moi, et pourtant je me sentais comme un gamin quand il m'adressait la parole. C'était hyper désagréable. J'avais complètement oublié son âge, mais c'était un gosse. Soudain, il s'est renfrogné, comme si je venais de lui poser une question à laquelle il détestait répondre.

-J'ai dix ans, a-il grogné de mauvaise grâce.

-... d'accord, t'as entendu le reste aussi, c'est ca ?Ca va vite devenir gonflant, ce truc de télépathie.

-J'ai dix ans, mais ca n'a rien à voir avec mon âge mental tragiquement supérieur au tient, et j'ai le niveau scolaire d'un élève de Troisième – par ailleurs j'ai sauté quatre classes – et maintenant qu'on en reparle plus jamais.

Dix ans. Ca avait quelque-chose de terrifiant. Pour la première fois, je me suis rendu compte que la voix que j'entendais dans ma tête était celle d'un garçon de mon âge, treize ans, comme s'il la vieillissait délibérément pour ne pas avoir l'air d'un gosse.

Un peu plus tard, Peter a tenté de m'initier à toutes les disciplines les plus dangereuses que j'avais jamais essayées. La plupart des demi-dieux avaient des années pour apprendre à survivre, moi, j'avais deux jours. Et j'ai vite compris qu'il me faudrait bien plus de deux jours pour atteindre un niveau acceptable dans n'importe-laquelle d'entre elle. J'étais totalement incapable de manier un arc (dans quel sens il fallait tenir ce truc là ?!), le mur de lave avait faillit avoir ma peau, pour une raison qui m'échappait totalement chaque fois que je lançais un javelot mon pouvoir d'attraction tentait de me le renvoyé en plein visage, et j'étais sans doute le premier pensionnaire à manqué mourir noyé en faisant du canoë. Aucune endurance, aucune force, que dalle. Même pour un fils Hermès, j'étais déplorable. Finalement, on est passé à l'entraînement au combat. Peter m'a emmené à l'arène, où quelques pensionnaires flemmardaient sur les marches du petit colisée, comme des chats se dorant au soleil.

-Les enfants d'Hécate, m'a rapidement appris Peter. Ils n'ont absolument aucun intérêt pour le combat, ils aiment juste les vibrations que les gens laissent ici après leur départ.

-Est-ce qu'il faut revenir plus tard ?

-Non, au contraire. On va avoir besoin d'eux.

Il a balayé le petit groupe du regard quelques instants avant de trouver la personne qu'il cherchait.

-Ariana !

Une fille blonde en train de discuter avec deux de ses sœurs a levé la tête à cet appel. Elle portait un blouson de cuir noir par-dessus son t-shirt orange de la colonie. En fait, ils en portaient tous un, comme un signe de reconnaissance. J'ai tout juste eu le temps de remarqué cet unique détail. Soudain, la fille s'est évaporée. Elle a semblé se changer en brume un court instant et elle s'est tout simplement dissipée dans l'air, comme si elle n'avait jamais été là.

-Besoin d'un sortilège ?, a fait une voix onctueuse à mon oreille.

J'ai bondi en avant, stupéfait. Elle était là, juste derrière-moi, un sourire énigmatique collé sur le visage. Comment avait-elle fait ?!J'étais sûr et certain qu'elle n'avait pas pu parcourir la distance en si peu de temps, même si elle avait vraiment pu devenir invisible. Ariana m'a sourit calmement.

Soudain, les pensionnaires étendus nonchalamment sur les marches du petit colisée ont disparus à leur tour, un à un, se dissipant dans des nuages de brume tout autour de nous. Puis, l'un après l'autre ils ont réapparus, debout, éparpillés dans l'arène et parfaitement alerte. La plupart avait les bras croisés ou les mains dans les poches de leur blouson et nous dévisageaient avec des sourires amusés. Une illusion. Tout ce que j'avais vu jusqu'à maintenant n'avait été qu'une illusion. A moins que ce ne soit la situation actuelle, l'illusion. Dans tout les cas, ca m'a mis en colère. Je détestais être trompé.

Ariana s'est penchée exagérément sur Peter, d'une façon si provocante que j'ai cru un bref instant qu'elle allait l'embrassé. Le Legs n'a même pas cillé, peut-être parce qu'il avait 10 ans.

-Les enfants d'Hécate ne flemmardent pas, Peter, a fait Ariana avec un sourire. On aime les vibrations dans le coin, c'est vrai. Mais on vient ici avant tout pour notre entraînement à l'illusion.

-Je le savais, bien-sûr, a prétendu le garçon en haussant les épaules.

-Bien-sûr. Alors, besoin d'un sortilège ?

-Ouais. La même chose que d'habitude, mais aujourd'hui baissez le niveau. Il n'a jamais tenu une épée.

Le sourire d'Ariana s'est élargit et elle a posé sur moi un regard un peu fou dans lequel la Brume semblait flotter, avec un petit air supérieur qui un instant plus tard devint indifférent avant de commencer à luire d'intérêt après avoir été une brève seconde sympathique. Tout ca en un instant.

-Alors c'est lui, le troisième? Moi qui espérais que quelqu'un vienne relever le niveau de cette quête, il faudra vraiment se contenter de ca ?

Elle s'est approché de moi d'une démarche féline qui soudain est devenue martial tandis que ses cheveux roux virevoltaient autour de son visage – ils étaient pas blonds, il y a une seconde ? Je n'arrivais pas à cerné la personnalité de cette fille, ni même à déterminé son apparence. Même son visage semblait en évolution permanente. Un instant, on voyait en elle une allumeuse, l'instant d'après un éclat malicieux dans son regard laissait pensé qu'elle devait être une farceuse, puis elle a semblé devenir plus sombre un instant et j'ai eu la certitude qu'elle devait être une fille hyper réservé. Elle semblait changer d'identité de seconde en seconde, devenant chaque fois plus ou moins séduisante. Où était la vérité, là-dedans ?Qui était-elle vraiment ?Rien de tous ca, tous ca à la fois ?J'ai soudain été pris d'un léger vertige. C'était super perturbant.

-Amusant, n'est-ce pas ?, m'a-elle soufflé à l'oreille. Où est la vérité, où est le mensonge ?La réalité n'est qu'illusion car l'illusion n'en est qu'une autre...

-Ariana, a coupé Peter. On n'a pas le temps pour tes petits jeux. Laisse-le tranquille.

La fille d'Hécate a levé les yeux au ciel, exaspérée, puis s'est écartée de moi. Je me suis tout de suite senti mieux, plus lucide, comme si je m'éveillais d'un rêve ou qu'elle portait un parfum particulièrement enivrant.

-On ne sait pas baissé le niveau, dit-elle finalement. Mais pour lui, on va essayer.

-Essayé quoi ?, ai-je enfin demandé. Le niveau de quoi ?

Elle m'a lancé un sourire énigmatique, puis elle a regagné les bancs de pierre qui entouraient l'arène circulaire – pour de vrai, cette fois, à pied... enfin en tout cas c'était ce que je voyais. Ses frères et sœurs, une vingtaine en tout, l'ont suivie lentement. Quand ils eurent tous regagnés les bancs, ils ont commencés à me fixer sans bouger, comme une volée de corbeaux.

-Entre dans l'arène, m'a ordonné Peter avant de les rejoindre sur les bancs de pierre.

-Mais... j'ai pas d'adversaire !, ai-je protesté.

-Entre, c'est tout. Et pour les armes, y en a autant dont tu pourrais en avoir besoin par terre.

Je lui ai lancé mon plus beau sourire.

-J'ai pas dit que j'avais pas d'arme.

En effet, il y avait une épée courte à ma ceinture. La sienne. Enfin, la mienne, maintenant. Je voles des trucs sans m'en rendre compte, vous vous souvenez ?J'ignorais totalement à quel moment je l'avais piqué, mais si je pouvais comprendre comment faire le truc avec la glace, ca allait être très classe. Etrangement, Peter n'a pas poussé un cri outré dans ma tête. Simplement, il a plissé les yeux et a fait un signe de tête pour m'ordonné d'entrer.

Sans comprendre, je me suis avancé dans l'arène circulaire, en me sentant parfaitement idiot. Effectivement, il y avait des armes partout par terre, gisants au sol, sûrement abandonnées là par des pensionnaires peu soigneux. Mais il n'y avait personne d'autre que moi et quatre mannequins de pailles destinés à l'entraînement. C'était juste des sortes d'épouvantails plantés dans le sol de sable, avec un piquet qui leur servait de pied pour tenir debout, et en guise de bras des bâtons à l'horizontale. Leur corps et leurs têtes étaient faits de paille et quelqu'un s'était amusé à leur mettre des casques. Pourquoi faire tout ce cinéma pour me faire combattre des épouvantails ?

-Es-tu prêt, Derek Anderson ?

J'aurais été incapable de dire si la question venait d'Ariana ou d'un de ses frère et sœurs. Ils semblaient avoir parlé tous en même temps, d'une même voix qui leur appartenait à tous.

-Heu... ouais. Ouais, sûrement.

Alors, d'un seul mouvement, les enfants d'Hécate ont posé un genou au sol et frappé dans leurs mains. Une brise glacée a parcouru le colisée, cette même brise qui avait soufflé dans la salle de cours quand Peter avait utilisé la Brume le jour où je l'avais rencontré.

L'espace d'un instant, je les ai regardés, sans comprendre. Ils se sont rallongés, tranquillement. Si c'était une blague, elle était nulle.

Soudain, je me suis pris un coup de bâton qui m'a projeté en arrière tandis que la douleur éclatait dans mon crâne, terrible. Je me suis relevé précipitamment avant de me retourner vers mon assaillant sans oser y croire. C'était un des mannequins de paille. Le piquet qui était sensé le maintenir planté dans la terre lévitait quelques centimètres au-dessus du sol. Et vu la douleur, c'était clairement pas une illusion.

A peine m'était-je remis de mon premier choc que le mannequin m'a foncé dessus comme pris de folie meurtrière. J'ai bondis en arrière tandis qu'il allait m'asséné un autre coup en tournoyant sur lui-même, à l'aide du bâton qui lui servait de bras. C'était ca, l'entraînement. J'étais censé battre ce truc. Sans surprise, les trois autres épouvantails se sont animés à leur tour, un à un, et se sont alignés devant moi.

Le premier instant de surprise passé, j'ai éclaté de rire.

-Ok ok, des épouvantails. Vous voulez que je démonte des épouvantails? Même à mains nues, je peux faire ca. Ils peuvent mêmes pas bouger les bras.

Avec un sourire, j'ai dégainé mon épée et en ait attracté une deuxième, qui a fusé dans ma main libre.

-C'est quand vous voulez !

Je me suis écrasé dans la poussière avec un énième cri de douleur. Avant même que je puisse me relevé, un des mannequins de bois s'est jeté sur moi et a écrasé le bâton qui lui servait à tenir debout sur mon ventre dans un coup tellement puissant qu'il m'a coupé le souffle. Je suis parvenu à me remettre sur mes jambes, mais c'était sûrement juste pour la blague, parce qu'un autre épouvantail m'a aussitôt frappé entre les omoplates pour me poussé vers le troisième qui a fait un salto arrière, m'assénant un coup sous le menton qui m'a renvoyé m'écroulé sur le dos. C'était exactement comme se faire tabasser à coup de bâton. Et bien-sûr, j'avais perdu mes deux épées depuis longtemps déjà. Aussitôt, les quatre mannequins ont bondit en l'air, prêt à s'écraser sur moi tous en même temps.

J'ai attracté un truc au hasard, un bouclier heureusement, que j'ai réussi à placer au-dessus de moi avant que les quatre pantins commencent à faire pleuvoir des coups les uns après les autres en tournoyant sur eux-mêmes comme des marteaux piqueurs démoniaques. Même à travers le bouclier, j'avais l'impression de les ressentir jusque dans mes os. J'ai hurlé :

-ARRETEZ CES SALOPERIES, PAR LES DIEUX !

Ok, j'avais un peu sous-estimé les épouvantails. Sérieux, ils avaient même pas de jambes, comment j'étais censé deviné qu'ils seraient aussi rapides? Je ne savais pas si les enfants d'Hécate s'amusaient comme des fous ou s'ils n'avaient juste plus aucun contrôle, mais les coups ont continués à faire trembler le bouclier tandis que je restais cloué au sol, allongé sur le dos.

Enfin, les épouvantails ont fait un salto arrière d'un même mouvement pour s'éloigner de quelques pas. Je me suis relevé, couvert de poussière, de bleus, et, heu, de honte.

-C'est... c'est du bon bois..., ai-je balbutié. Super résistant. Du chêne, peut-être ?

-Qu'est-que tu en sais ?, a rétorqué Peter. T'as même pas réussi à en effleuré un !

Le pire, c'était qu'à cause de sa foutu télépathie, j'entendais parfaitement sa voix moqueuse au milieu des éclats de rire des enfants d'Hécate qui avaient depuis longtemps envahi l'arène.

-J'aimerais vous voir faire mieux, bande de lâches !, ai-je crié au public. On sait tous que si je pouvais savoir lequel est le manipulateur, j'aurais qu'à lui balancer un truc pour qu...

Soudain, j'ai reçu un terrible coup de bâton dans le dos qui m'a envoyé m'écrasé en avant. Aussitôt, je me suis précipité plus loin, sachant très bien qu'un nouveau coup allait s'abattre juste sur mon crâne si je restais allongé. Les épouvantails ont immédiatement commencés à me courir après. La voix de Peter a continué de résonné dans mon esprit :

-Tu ne pourras pas toujours te reposer sur la ruse, Derek, ni fuir, et pour la plupart on ne combat pas les monstres avec des mots. Affronte-les !

J'ai couru jusqu'au bord de l'arène, poursuivit par les épouvantails qui par la plus grande des injustices volaient au-dessus du sol au lieu de sautiller, jusqu'à ce que je me heurte au dôme invisible. Parce-que oui, il y avait un dôme invisible autour de l'arène, bien-sûr. Je ne pouvais pas fuir. Je me suis retourné pour faire face à mes adversaires, juste à temps pour recevoir une gifle-coup-de-bâton en plein visage.

Ca n'avait plus rien d'un entraînement. J'ai attracté une lance pour tenté de les tenir à distance et j'ai essayé un coup latéral. Avant même que j'ai terminé mon mouvement, l'un d'eux à tournoyé sur lui-même et asséné un coup sur la lame, qui a volé en éclat. Ils m'ont encerclés et ont commencés à tourner sur eux-mêmes, lentement.

-Dans deux jours, on va partir pour Olympie. Et on va devoir affronter des trucs autrement plus terrifiants que des pantins de bois. Tu crois que t'as une chance parce-que tu as pu survivre à Persée ?Il n'a peut-être jamais voulu nous tuer !

-Peter, dit à tes potes d'arrêter leurs conneries !TOUT DE SUITE !

-Hélèna les affrontes presque tous les jours depuis l'annonce de la prophétie, Derek. Quand elle se réveille du mauvais pied, elle les réduits en miettes. Même moi, j'y arrive.

Les pantins s'approchaient puis reculaient, un à un, chaque fois avec un coup différent. Par miracle, j'ai réussi à en éviter un.

-Hélèna peut soulever un camion sans abîmer sa manucure! Et t'a été élevé par le plus dingue des sérials-killers, petit crétin !

Soudain, mes quatre adversaires ont reculés. Et ils ont commencés à tourner plus vite. Beaucoup plus vite. Bientôt, ils se sont élevés au-dessus du sol en tournoyant les uns autour des autres. Puis ils ont pointés le piquet qui leur servait d'unique pied sur moi.

L'espace d'un instant, je me suis demandé s'ils essayaient de me faire la peau. J'étais peut-être un danger pour leur foutue Colonie, ca n'avait rien d'impossible qu'ils aient saisis l'occasion parfaite de se débarrasser de moi, à leur place c'est ce que j'aurais fais.

-Peter...

C'est alors que les épouvantails ont fondus sur moi d'un même mouvement en sifflant, à la vitesse de l'éclair, piquet en avant. Et alors, j'ai eu la certitude qu'ils allaient me tuer. J'ai tenté frénétiquement de reculer. Et réalisé que j'étais dos au mur invisible qui délimitait l'arène, fait comme un rat.

-J'ABANDONNES !

Les pantins se sont figés en plein vol, l'un à moins d'un mètre de ma tête, un autre de mon ventre, le troisième de mon cœur... et le dernier d'un endroit que je soupçonnais Peter d'avoir choisi m'aurait tué, leur truc !

-J'abandonnes..., ai-je répété dans un souffle.

-Ca te rappelés rien, cette situation ?C'est exactement ce qui s'est passé quand tu as combattus Persée, je l'ai vu dans ta mémoire. Tu as vu le danger te foncer dessus. Et tu as abandonné. Tu as tenté de protéger Hélèna dans un pathétique effort pour te sentir moins coupable de tout lâcher, mais la vérité c'est que tu as baissé les bras en espérant un miracle. Les tentacules de glaces se sont figés juste à temps, grâce à ton cher papa qui a attendu le bon moment pour te revendiquer. Mais s'il ne l'avait pas fait ?

Pas besoin d'être télépathe pour deviner ce qui allait suivre.

-Non. Non non non Peter je t'interdis de leur demander de...

-Tu serais mort.

Et soudain, les pantins se sont animés à nouveau, ils ont reculés en voltigeant pour prendre leur élan, se sont propulsés en avant, et j'ai reçu les quatre coups de plein fouet. J'ai bien dis les quatre. Je vous passerais les détails du hurlement de douleur qui a suivi, quelque-chose entre le hurlement d'agonie d'une harpie et le gémissement d'une souris plongé dans l'eau bouillante. Sachez simplement qu'il y avait des oiseaux qui vivaient dans les bois autour de la Colonie. Après mon cri, ils avaient tous foutus le camp.

Je me suis effondré par terre, cassé en deux, alors que les épouvantails reculaient.

A cet instant, j'avais sûrement la même tête que ces types assommés dans les dessins animés qui ont des spirales à la place des yeux. Ca faisait mal. Ca faisait...méga...super...mal. Les dieux soient loués, les épouvantails n'avaient pas la vitesse qu'ils auraient eu s'ils m'avaient carrément foncés dessus comme ils avaient faillit le faire. Mais par les dieux, par les dieux ca faisait mal !C'était comme si mon corps n'était plus que ces quatre endroits horriblement douloureux.

J'ai aperçu les pieds de Peter à coté de moi, surgi de nulle-part. Il a récupéré son épée qui gisait non loin.

-Je... vais... te buter..., ai-je articulé difficilement en me tenant les côtes à deux mains tandis que je me relevais en chancelant. Je te jure... si je te chope... je vais... te faire la peau.

Peter a haussé les épaules et levé son épée devant ses yeux. La lame a commencé à luire faiblement d'une lumière bleue.

-Tu vois cette épée ?

-C'est une question piège ?

-En fait oui.

Sur ces mots, il me l'a balancé en plein visage. Oui oui, il m'a jeté son épée dessus. J'ai poussé un cri de terreur, mais la lame m'a frôlé comme une étoile filante indigo avant de se planté dans l'épouvantail derrière-moi, juste avant qu'il ne me frappe dans le dos. Quand la glace a commencé à recouvrir le mannequin, j'ai vivement bondis en arrière. Un instant plus tard, il a explosé en mille morceaux de glace dans une déflagration qui a dégommé un de ses potes, la tête arrachée.

Aussitôt, les deux autres épouvantails ont surgit derrière les premiers. Pour comprendre l'étendue de l'humiliation que j'ai subis alors, il est important de se rappelé un truc : Peter Jackson a dix ans. A dix ans, on est en CM2.

Rapide comme l'éclair, le petit blond a bondit en avant et roulé au sol pour récupérer son arme, évitant dans le même mouvement un premier coup. Les deux mannequins ont pivotés sur eux même pour lui faire face à nouveau et ont fondu sur lui. Peter s'est baissé pour éviter un coup qui venait des deux cotés à la fois qui lui aurait sans doute cassé les dents, puis il est parvenu à trancher le pied d'un épouvantail tout en faisant un mouvement compliqué avec sa lame que j'ai d'abord pris pour de la frime un instant avant que l'autre pantin commence à geler avant d'exploser comme le premier. Peter a rengainé, alors même qu'il restait un adversaire derrière-lui. L'épouvantail restant – il s'en foutait bien d'avoir perdu son pied, il volait au-dessus du sol – a commencé à tournoyer sur lui-même comme une toupie, puis il s'est jeté en avant en rasant le sol pour faucher les jambes du petit blond. Sans même se retourner, Peter a fait un salto arrière, a atterri sur l'épouvantail, un pied sur chacun de ses bras de bois. Aussitôt, il lui a saisi les bras, les lui a arrachés sans effort en se servant de la force de ses jambes tandis qui sautait à terre et a planté les deux bâtons dans le ventre de paille de sa victime avant de tournoyer sur lui-même pour le déchiqueté. L'épouvantail s'est immobilisé, et est tombé en avant avec un bruit sourd, le pied coupé, les bras arraché, éventré.

Tout ca en approximativement six seconde. J'en suis resté pantois. Moi, à dix ans, je mangeais de la terre. Il m'a jeté un regard calme et un peu snob en jetant les bouts de bois par terre.

-Bien-sûr, aucun monstre n'est aussi facile à combattre, je ne suis pas une machine à tuer. C'est juste toi qui est nul.

Puis il a à nouveau dégainé pour me montré son épée.

-Cette lame transforme le courage en magie, m'a-il expliqué. Elle s'appelle Kamogeláste.

-Bravoure..., ai-je traduit machinalement.

-C'est ca. Elle gèle tout ce qu'elle ne tue pas instantanément, mais son pouvoir ne fonctionne que si tu affronte la peur, si tu refuse d'y céder. Dans les mois qui ont suivis la Nuit du Traître – c'est comme qu'on a appelé la nuit où Persée a détruit la Colonie avec ses créatures de glace – j'ai perdu mes pouvoirs sur l'eau. J'en avais un peu, avant, personne ne sait exactement pourquoi ils ont disparus. J'étais aussi furieux, furieux contre moi-même d'avoir céder à la terreur et d'avoir été incapable de me battre avec les autres, je n'ai pu que gêner le Conseil et ils ont dû affronter Persée tout en me protégeant. Mon oncle Tyson m'a forgé Bravoure un peu après pour que plus jamais je ne cède à la terreur. Tu comprends? Mon courage devient ma force. Si tu sais que le courage est le seul moyen de survivre, tu n'as plus aucunes raisons d'avoir peur. C'est normal que t'ai eu peur de ces mannequins d'entraînement, personne n'aime avoir mal. L'entraînement consistait à combattre ta peur, pas les épouvantails, eux t'avais juste pas assez d'expérience pour les vaincre. Si t'avais réellement essayé de te battre et de vaincre ta peur, si j'avais vu ne serait-ce qu'un peu de véritable bravoure dans ton esprit, j'aurais demandé aux Hécate d'arrêter tout de suite. On n'a que deux jours, trop peu pour t'apprendre à te battre réellement bien, il faudra se contenter de t'enseigner l'essentiel. Peut-importe combien de mouvements je pourrais t'apprendre, tu ne vaincras aucuns monstres sans pouvoir combattre ta peur. Au cas où t'aurais pas compris, tu viens d'échouer, t'as complètement paniqué.

L'espace d'un instant, j'ai faillis le défier en duel pour effacer cette suffisance de son regard. Et puis je me suis souvenu de ce qu'il venait de faire aux épouvantails. Oh, il allait me le payer, hein, c'était clair. Mais plus tard.

-Ok, ai-je soufflé. Et maintenant ?Un peu de canoë ?Ou alors c'est le moment où on apprend à tresser des paniers ?

-Je pensais plus au mur de lave. La journée commence à peine.

Un peu plus tard, après avoir faillit brûler vif, j'ai faussé compagnie à Peter et à sa formation accélérée alors que ce petit dictateur cherchait à m'entraîné vers le centre de lutte (je tenais trop à la vie). J'avais pensé à retourner au bungalow d'Hermès planqué dans le village et à tenter de ne pas penser trop fort histoire qu'il ne m'entende pas. Sur mon chemin, j'ai une fois encore remarqué les regards des pensionnaires. Ca ne me dérangeait pas. Je m'en foutais, qu'ils se méfient de moi, ils avaient raison. Et puis c'est à eux qu'ils faisaient du mal : je détestais de plus en plus cet endroit, ce qui voulait dire que je l'aurais laissé brûlé avec grand plaisir. J'étais en train de me demandé si par hasard je ne pourrais pas trouver un moyen de teindre en gris les cheveux d'un gamin dans son sommeil – ils avaient juste besoin d'un gosse avec des cheveux d'argent, non ? – lorsque je suis passé devant le bungalow d'Héra. On aurait plus dit un temple qu'autre chose. Mais ce qui a attiré mon attention, c'est la lumière qui en émanait. La même lueur irisée que celle dont Hélèna avait brillé au collège illuminait le bâtiment entier. Curieux, je suis entré, avant de me figé sur le pas de la porte.

Hélèna était là, perché sur le seul meuble de la pièce, une immense statue colorée d'une femme que je supposais être Héra. Je ne comprendrais jamais comment elle était arrivée là-haut, la statue était presque plus grande que le bungalow lui-même. La rouquine était assise sur une de ses épaules de marbre, les pieds dans le vide, et marmonnait en gardant les yeux fermés. C'était elle qui émettait la lumière arc-en-ciel, mais elle brillait beaucoup moins que la dernière fois. Cette fois, elle scintillait doucement, alors qu'au collège elle était devenue plus aveuglante que le soleil.

Je me suis approché jusqu'au pied de la statue, et j'ai tendu l'oreille. Je m'attendais à l'entendre murmurer des incantations, un truc du genre, mais ca n'avait rien à voir. Elle parlait de mode.

-Des escarpins de l'année dernière..., marmonnait-elle, toujours les yeux fermés. Un jean de marque taché de ketchup. Un sac à main italien rempli de vomi, complètement foutu. Christina Cordunna... grrrr Christina...

-Heu..., ai-je lancé depuis le sol. Salut ?

Soudain, Hélèna a ouvert les yeux. Puis elle a sauté au sol, et avant que j'ai pu dire quoi que ce soit, elle a asséné sur le socle de la statue un coup qui l'a fait vibrée toute entière. La lumière a un bref instant envahie la pièce en faisant trembler le sol avant de disparaître. La statue n'avait même pas une égratignure. Rien à voir avec le coup de poing qu'elle avait envoyé à Persée en croyant qu'il venait de tuer Peter. Les explosions devaient être fréquentes, dans les parages, parce-que aucune foule catastrophée ne s'est ruée dans le bungalow. Hélèna a soufflé, puis tapé du pied, mécontente.

-T'es nul, Derek !, a-elle gémit. J'y étais presque, tu m'as déconcentrée !... Par les dieux, mais qu'est-ce qui t'es arrivé? On croirait que tu as été piétiné par des clients un jour de solde, tu ressembles plus à rien !

-Je me suis fais casser la gueule par des mannequins d'entraînement et pleins d'autres trucs brûlants et pointus... Mais qu'est-ce que tu fais ?, ai-je rétorqué, incrédule.

-Je m'entraîne, ce n'est pas assez évident? Non, plus sérieusement, tu devrais te changer, moi là porter ce que tu as sur le dos je pourrais pas, je sais pas je... par les dieux quand je vois ce pantalon j'arrive même plus à t'en vouloir, quoi.

-Tu t'entraînes en cognant sur une statue ?

-C'est le meilleur des moyens. Elle est en marbre magique, c'est un mélange de fer stygien, de bronze céleste, d'or impérial et de la matière dont sont constituées les drachmes. Si je peux casser ca, je peux tout casser. Je voudrais pouvoir obtenir la force nécessaire sans être dans le feu de l'action, pouvoir activer mon pouvoir par moi-même avec assez de puissance pour briser quelque-chose d'aussi solide.

Elle a levé les yeux sur l'immense femme de pierre qui semblait nous regarder avec un étrange mélange d'amour et de mépris, un fin sourire glacial sur ses lèvres de marbres. Quand j'ai vu Hélèna serrer les poings, je me suis souvenu d'une chose qu'elle avait dite, au collège : « Ma mère, c'est Héra. Et je n'utilise jamais d'arme ! ». Là-dessus, elle avait asséné à Persée un coup de poing qui aurait dû le faire décoller à destination du Nouveau Mexique.

-C'est la colère, pas vrai ?, ai-je dis au bout d'un moment. Ce truc, quand tu brilles, ca ne fonctionne que quand tu es en rogne ?

-C'est ca. J'appelle ca la Colère d'Héra. C'est tout ce que ma mère m'a jamais donné. Sa fureur est légendaire, tu sais ?Quand la reine des dieux est en colère, le ciel tout entier en tremble, la fureur lui fait faire des choses absolument abominables. Moi, elle me rend plus forte.

-Ok...

Ca avait quelque-chose de terrifiant. Sous ses airs de poupée barbie, Hélèna pouvait déployer la force de l'incroyable Hulk si on la mettait en colère. Je me suis promis de ne plus la sous-estimer, à l'avenir. Elle ressemblait à une fille d'Aphrodite avec ses chaussures à deux-milles dollars et ses vêtements de marque, mais elle était bien plus dangereuse. Entre ca et ce que Peter avait fait aux épouvantails, je me sentais plus inutile que jamais.

-J'essaye de la contrôler, m'a-elle expliqué. La Colère d'Héra, je veux dire. Si je pouvais parvenir à activer mon pouvoir n'importe-quand, ce serait un super avantage pour la quête. Je serais incroyablement puissante, comme Hercule. Je m'y connais un petit peu en arts martiaux, auto-défense, tout ca, je saurais sûrement me débrouiller si un cyclope tentait de me voler mon sac à main, mais je ne suis réellement utile que quand je suis en colère. Globalement le reste du temps je suis aussi démunie que les enfants d'...

Elle s'est interrompue juste à temps et a baissé les yeux, mal à l'aise. J'ai émis un ricanement.

-Va-y, dis-le.

-...d'Aphrodite.

-Aussi démunie que les enfants d'Hermès. Ouais. Je sais.

-Je ne disais pas ca pour toi, le prends pas personnellement. En plus, tu as au moins l'Attrac...

-Pourquoi ?C'est la vérité. Je suis un enfant d'Hermès, j'ai failli mourir une vingtaine de fois aujourd'hui, t'aurais du me voir essayer de manier un javelot. C'était pathétique.

J'ai serré les poings. Et alors, pour la première fois, j'ai réalisé que je détestais mon père. Que je le haïssais.

-Ma mère m'a abandonné, ai-je dis simplement. Elle m'a laissé dans une ruelle sombre et s'est enfuie dans la nuit, tu réalises ?Et mon père n'a rien fait. Les dieux sont pas sensés tout savoir ?Pourquoi il m'a laissé passé de famille d'accueil en famille d'accueil, pendant des années ?Pourquoi il m'a laissé être traité de voleur, de menteur, partout où j'allais, alors que c'était presque toujours ses fichus pouvoirs qui agissaient d'eux même ?Je l'ai détesté toute ma vie, Hélèna, et le fait d'apprendre qu'il était un dieu n'a rien changé, au contraire. Il savait. C'était pas juste un pauvre mec qui ignorait jusqu'à mon existence, il savait comment je vivais et il avait le pouvoir d'y faire quelque-chose, mais il n'a rien fait. Je me fiche de ne tenir de mon père aucuns pouvoirs utiles, je ne veux rien qui vienne de lui t'entends? Rien. Ce mec m'a abandonné alors que je n'avais que lui.

-On croirait entendre Peter, a fait Hélèna d'une voix douce en levant les yeux sur la statue. Vous ne réalisez pas la chance que vous avez d'avoir au moins eu un père, surtout toi. Peter a eu de longues années de bonheur avec ses parents, c'est vrai, mais toi... OK, tu ne l'as jamais connu, mais ton père est un type bien et l'est resté, tous les dieux ne peuvent pas en dire autant.

-Qu'est-ce que t'en sais ?

-Je le sais parce-que je le connais, a-elle rétorqué le plus simplement du monde.

Ma colère s'est évaporée aussi sec.

-Qu'est-ce que tu racontes ?

Hélèna a soupiré en passant la main sur le socle de marbre de la statue, les yeux dans le vague. Pour la première fois, je me suis demandé d'où elle venait. Pourquoi elle s'entraînait en cognant sur une immense statue de sa propre mère. Pourquoi Héra n'avait qu'un seul et unique enfant alors qu'elle n'était pas une des Trois Grand. Est-ce que ce n'était pas un peu étrange, pour la déesse du Mariage, d'avoir trompé son mari ?

Comme si elle avait lue la question dans mes yeux, Hélèna a levé la tête vers la statue de la reine des dieux avec un air de défi et a serré les poings.

-Héraest la déesse du Mariage, mais ca ne veut pas dire qu'elle n'est jamais tombée amoureuse de mortels. Simplement que contrairement aux autres dieux, malgré les sentiments qu'elle pouvait éprouvé elle est restée fidèle à Zeus, siècle après siècle. Voilà pourquoi elle n'a jamais eu d'enfant. Et puis un jour, il y a 14 ans, elle est une fois de plus tombée amoureuse d'un mortel. Mais il était différent. Apparemment, Héra l'a aimé plus qu'elle n'avait jamais aimé personne. Elle l'a aimé plus que son devoir, plus que son mari, à tel point qu'elle en a dépassé sa nature de déesse du mariage. L'amour a été plus fort. Il semblerait que ce soit la seule force assez puissante pour permettre à un dieu de dépasser ce qu'il incarne. Et malgré tout ce que ca pourrait provoquer, elle a trompée Zeus.

Soudain, je me suis souvenu de son rôle dans la prophétie. L'Erreur du Paon.

C'était donc ca. Le Paon était l'animal sacré d'Héra – la vache aussi, mais c'aurait sûrement été trop bizarre, l'Erreur de la Vache... Hélèna était l'unique erreur de la reine des cieux, son seul et unique enfant demi-dieu. Mais la suite de l'histoire était beaucoup moins romantique.

-Elle est resté avec mon père pendant neufs mois, a poursuivit Hélèna. Neuf mois, ce n'est rien pour les dieux, Zeus n'a même pas du réellement remarqué son absence. A moins qu'elle ait juste employé la métamorphose pour cacher sa grossesse lors de brefs retours. Et puis je suis née, et ma mère a enfin comprit ce qu'elle avait fait. Comme si pendant tout ce temps l'amour l'avait empêchée de réaliser les conséquences de ses actes. Ma simple existence était pour elle une insulte à tout ce qu'elle était, à tout ce qu'elle représentait. Qu'elle puisse avoir un enfant demi-dieu, ca l'a couverte de honte, chaque secondes où j'étais en vie était un nouveau déshonneur pour elle. Bref, il faut croire que rien ne vaut un accouchement pour retrouver ses esprits. Alors, à peine quelques minutes après ma naissance, elle a pris une décision. Tu sais ce qu'elle a fait, quand Héphaïstos est né ?

J'ai secoué la tête.

-Il était si laid qu'elle l'a précipité depuis le haut du Mont Olympe.

Mon cœur a manqué un battement.

-Tu veux dire qu'elle t'a...

-Ouais. J'étais une telle honte pour ma mère qu'elle m'a emmenée au sommet de l'Empire State Building, et qu'elle a balancé mon berceau dans le vide.

La douleur qui voilait le beau regard d'Hélèna en cet instant m'a presque serré le cœur. Presque. Je n'arrivais pas à imaginer la reine des dieux, au sommet d'un immeuble, balançant son bébé de quelques heures et encore dans ses langes dans le vide. A ce moment de son récit, elle a enfin détaché le regard de la statue, et alors, j'y ai vu comme une sorte de reconnaissance. Une reconnaissance qui ne m'était pas réellement destiné.

-Mais ca ne s'est pas passé comme ca. Hermès regardait la lune, ce soir là. Quand Héra est arrivée avec moi dans les bras, il s'est caché, curieux. Et alors, il l'a vu jeter mon berceau. A peine m'avait-elle lâché qu'elle a aussitôt disparue, alors Hermès a bondit dans le vide à son tour, et il a pu me rattraper avant que je ne m'écrase au sol. Ton père m'a sauvé la vie, Derek.

Tout à coup, j'ai vu Hélèna d'une manière totalement différente. C'était dingue. On aurait dit une de ces vieilles histoires de la mythologie grecque. D'une certaine manière, elle partageait avec mon père un lien plus important que je ne le pourrais sûrement jamais. J'en aurais presque éprouvé une pointe de jalousie.

-C'est pour ca que tu tenais tellement à me protéger au collège, hein? Tu avais une dette envers mon père.

Elle a cligné des yeux, surprise, comme si elle n'y avait jamais réfléchi.

-C'est vrai, ca a joué aussi. Je lui devais au moins ca. Dé qu'il m'a récupérée, il a comprit ce qui s'était passé en reconnaissant l'énergie de ma mère en moi, et il m'a aussitôt amené à la colonie des sang-mêlé. Il a raconté à Chiron ce qui s'était passé, et lui a fait jurer sur le Styx de veiller sur moi et de me dissimuler à ma mère. Il a aussi promis de trouver mon père et de lui faire savoir que j'étais en vie et en sécurité, mais il a ajouté que je ne devrais jamais chercher à le contacter, ni même à le retrouver.

-Parce qu'Héra ne doit jamais apprendre que tu es en vie, ai-je deviné. Elle est encore persuadée d'avoir fait exploser un bébé au bas de l'Empire State Building, cette nuit-là, il y a 13 ans.

Un éclair de colère est passé dans son regard. Une fois encore, elle a serré les poings.

-Exactement. Ma simple existence est la pire des offenses qu'elle ait eue à subir depuis le début des temps, jamais elle ne tolérerait que je reste en vie. A cause d'elle, je ne pourrais jamais connaître mon père. Je dois la vie à Hermès, Derek. Je suis là parce qu'il a risqué la terrible vengeance d'Héra pour me sauvé la vie, la brève vie d'une mortelle qu'il ne connaissait pas et qui ne lui était d'aucune utilité. Avant cette histoire de prophétie, je pensais que c'était simplement le hasard, que j'avais eu une chance folle que ton père ai été dans le coin. Mais maintenant je me demande si ca ne faisait pas partie du plan des Parques, depuis le début. Elles devaient savoir qu'elles auraient besoin de moi plus tard, qu'elles ne pouvaient pas laissé Héra me tuer. Et voilà. Je vie à la Colonie depuis ma naissance...

-Hélèna ?

-... ma mère m'a privé de tout ce qui fait que la vie d'un sang-mêlé peut avoir une part de normalité, privé de mon père, même de...

-Hélèna !

-Quoi, mon mascara est en train de couler ?

-Tu devrais réessayer de frapper, là tout de suite.

Elle a baissé les yeux sur son corps, stupéfaite. Depuis un moment déjà, elle émettait une lumière qui ne cessait plus de croître, elle brillait presque autant qu'au lycée. Parler de ce que lui avait fait sa mère l'avait rendue furieuse sans même qu'elle s'en rende compte. Non, pas furieuse. C'était quelque-chose de plus glacial, de plus puissant, une énergie qui pouvait prendre une apparence sauvage mais aussi effroyablement sereine, qu'elle n'avait peut-être même pas conscience de posséder. La colère la plus puissante qui soit. De la haine.

Aussitôt, avant que ses émotions ne retombent, elle a fait volte-face et a frappé le socle de la statue de toutes ses forces. L'impact a été tel que le bungalow tout entier en a tremblé, j'ai été projeté en arrière sous la force du souffle pour aller m'écrasé contre un des murs de la pièce avec un grognement de douleur tandis qu'une lumière éblouissante me brûlait les yeux et que le sol tremblait sous mes pieds. C'était comme une explosion de lumière. J'ai essayé de me relevé à tâtons, aveuglé, mais le souffle me plaquait quasiment contre le mur.

Enfin, la tempête multicolore a cessé et la lumière a reflué. J'ai rouvert les yeux. Avant de les écarquiller. Hélèna avait réussi. Partant de son poing toujours enfoncé dans le socle de la statue, de longues fissures se propageaient sur la statue multicolore. Bientôt, elle a ressemblé à une figurine de céramique. Les fissures ont atteints le sommet de son crâne. Et soudain, elle s'est effondrée. Non, c'était autre chose. La statue n'était pas en train de se briser comme elle aurait dû le faire. Elle se... décomposait. Hélèna a reculé, stupéfaite.

Sous nos yeux, chacun des fragments de la statue a quitté le socle en glissant. Ils tombaient sur le sol comme autant de minuscules insectes rectangulaires avant d'aussitôt ramper pour rejoindre un emplacement bien précis de la pièce. Un à un, les milliers de morceaux d'Héra se sont étalés sur le sol puis aplatit, jusqu'à l'en recouvrir. On a bondit sur la céramique que les fragments formaient peu à peu alors qu'ils avançaient vers nos pieds, et bientôt, se fut terminé. Le sol du bungalow tout entier était couvert de minuscules morceaux de la statue, il y en avait eu juste assez pour recouvrir la totalité de l'espace et ils s'y adaptaient parfaitement. Les couleurs avaient formés une magnifique mosaïque sous nos pieds, le dessin d'un paon plus vrai que nature à l'immense queue déployée. On est restés comme ca quelques secondes, les bras ballants, la bouche grande ouverte, sidérés.

-Par les dieux..., a soufflé Hélèna sans oser y croire. J'ai du carrelage...

Je me suis tourné vers le centre de l'espace, où se trouvait la statue quelques instants plus tôt. Les morceaux du socle n'étaient pas allés tapisser le sol avec les autres. Ils s'étaient réarrangés pour former une coupelle de marbre qui trônait au milieu de la pièce, comme une fontaine pour les oiseaux. Je me suis avancé lentement pour regarder à l'intérieur. Au fond de la coupelle reposait le dernier des objets qu'on aurait pu s'attendre à trouver là. Un téléphone portable.

Si on est un peu réaliste, entre le gars abandonné par sa mère qui haïe sont père, l'autre qui haïe son père qui a tué sa mère et la dernière qui a manqué être tué par sa mère et n'a jamais connu son père, les trois perso principaux de cette fic' ont sacrément besoin d'une psychanalyse. Mais on va passer là-dessus, hein, l'histoire aurait pu devenir vachement sombre mais moi je dis qu'il vaut mieux retenir le coté hu-mou-ris-tique de la situation. XD
Sauf pour Peter, Peter il a la haine.

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