Je fais plus amples connaissances avec Batman Et Robin
Notre erreur avait été totalement débile. Le plan consistait à mettre un bordel monstre pour que je puisse m'approcher de la scène et utiliser mes pouvoirs pour libérer Peter. Mais quand on avait mit ca au point, ca avait parut si évident à chacun de nous que personne n'avait pensé utile de préciser libérer de quoi. Peter pensait que je parlais du cadenas sur ses chaînes. Moi, je parlais du cadenas sur la cage qui n'était en fait qu'une illusion. Et maintenant, on allait tous les deux mourir.
-Laissez-moi gérer celui-là et rattrapez les dirigeants, a dit John sans me quitter du regard. Il y a trop de données imprévues, on n'a plus le temps de se poser de questions.
-Au contraire, a rétorqué Nicolas en me détaillant d'un air sombre. Il est plus temps que jamais de s'en poser. La situation est encore bien plus invraisemblable que tu ne peux le concevoir.
J'ai tenté de baisser les mains, doucement, mais aussitôt l'archer a un peu plus tendu la corde de son arc.
-.... Ok, ai-je fini par articulé. Vous êtes... vous êtes vachement bien assorti, hein? Vous êtes dans ce délire de Batman et Robin bien sympa là, flingue et flèches, flèches et flingue...
A la vitesse de l'éclair, John a encoché une deuxième flèche à coté de la première. Il a réussi à le faire avant que la première flèche n'ai eut le temps de partir, il a lâché la corde et l'a retendue à la vitesse du son. Faut croire que son maître lui avait aussi appris à n'avoir aucun humour.
-C'est pas ce que je voulais dire !, me suis-je aussitôt exclamé. C'est vraiment pas ce que je voulais dire, ok ?Alors alors... ben on est dans une impasse quoi. Ouais. Ouais ouais, je suis venu libérer Peter Jackson et vous comme moi on sait que je partirais pas sans lui. Et vous, vous avez besoin de Peter pour garder l'attention des monstres. Mais, on a entendu votre speech. Et pour que votre plan fonctionne, vous avez besoin que la prophétie roule bien. Mais vous voulez donner Peter en pâture à vos nouveaux amis. Hélèna, ben, vous l'avez donnée en pâture à vos nouveaux amis. Et moi... hé, il faut qu'il en reste au moins un, pas vrai ?Vous devez me laisser partir. Le truc, c'est que je partirais pas sans Peter, encore une fois inutile de vous mentir vous le savez bien. Mais vous ne pouvez pas me laisser partir avec lui. Mais vous ne pouvez pas non plus me tuer, sans comptez que vous ne tirerez sûrement pas sur un enf... ouais non ca c'est un mauvais argument. Mais, chouette impasse, vraiment. Alors ?... Nicolas ?...
-Vous connaissez ce petit bouffon ?, a demandé John.
-C'est le Troisième, a calmement répondu Nicolas. L'un des membres de la prophétie. Si on s'en fie aux données réunies jusqu'à présent, les amis de Peter Jackson ont décidés de venir le sauver. Mais celui-là ne devrait pas me connaître, l'unique fois où je l'ai vu, il était inconscient.
-Et vous avez voulu me tuer, ai-je osé. C'est un détail qui a son importance, vous avez, genre, réellement voulu tuer un gosse de treize ans dans son sommeil. Vous l'avez pas fait à ce moment-là, vous n'allez tout de même pas le faire maintenant, pas vrai ?...
Dans certaines situations, et quand on est un enfant ou un vieillard, rappeler son âge à son adversaire peut être une ruse toute simple et pourtant incroyablement efficace pour s'en sortir. Mais j'avais un peu de mal à croire que j'obtiendrais quoi que ce soit en faisant appel à l'humanité de Nicolas Di Angelo. Soudain, une explosion retentissante a fait trembler le bâtiment tout entier sur ses fondations, détournant l'attention de Nicolas une seconde. Pas de lumière irisée. Ce n'était pas Hélèna. C'est alors que – de façon totalement involontaire – j'ai bougé le petit doigt. Le petit doigt, c'est tout. Aussitôt, son pistolet a jaillit de sa manche et il m'a tiré dessus. J'ai hurlé de terreur, mais la balle m'a frôlé la joue, si près que je l'ai senti filer près de mon oreille. Je ne doutais pas une seconde qu'il pouvait viser un peu plus à gauche.
-Je sais, pour ton Attraction, a-il dit froidement. Pour toi avoir les mains en l'air n'est absolument pas un signe de vulnérabilité, place-les sur ta tête. Les mains sur la tête, sur le champ.
J'ai aussitôt obtempéré en pestant intérieurement. Nicolas m'a dévisagé d'un regard de glace, incapable de prendre une décision. Apparemment, il aurait voulu aller empêcher ses nouveaux potes de déchiqueter l'Erreur du Paon, mais il ne voulait pas laisser John m'affronter seul – il ne faisait aucuns doutes que si un demi-dieu du niveau des membres du Conseil n'avait pas un flingue pointé sur ma gueule, j'aurais déjà tenté quelque-chose. Et si j'avais pu libérer Peter, on se serait retrouvés à deux contre un. Mais Nico' ne pouvait pas non plus rester là pendant que la prophétie mise en danger par la disparition du Destin était sur le point de casser la figure. J'étais presque content que ce ne soit pas à moi que revienne la décision de ce qui allait se passer maintenant, c'était super compliqué, et chaque secondes comptait.
-Maître..., a marmonné John après quelques instants. La fille. Si elle meurt...
-Derek, a soudain crié Peter, la suite !Le plan B !
Et enfin, peut-être juste à temps, je me suis souvenu du plan B. J'ai souri.
-Vous savez quoi ? Je vais juste tenter un truc...
-Silence, a aussitôt dit Nicolas. Tu ne diras rien. Je connais les talents d'orateur des fils d'Hermès, j'en ai élevé un.
L'ombre d'un sourire a flotté sur les lèvres de John. Ok, j'allais être tué par mon demi-frère. Sympa, vraiment. Mais il fallait que j'essaye :
-Juste cinq petit mots...
-Tait-toi.
-Allez, vous voulez pas savoir ?J'ai été...
Une balle a sifflé près de ma tête, si près qu'elle a pu laisser une traînée d'étincelle sur mes cheveux métalliques sans me tuer. J'ai continué d'une voix prête à flancher, conscient que chaque mot pourrait être le dernier :
-...envoyé par...
En une seule seconde, Nicolas fut juste devant moi, immense ombre en blouse prête à m'engloutir. Le temps a ralenti. Il a tendu vers mon visage une main dont commençait à exhaler une étrange brume noire comme la nuit. J'ai tout juste eu assez de temps pour prononcer le tout dernier mot, dans un hurlement de terreur :
-TIRESIAS !
Soudain, alors qu'il était si près de me toucher que je pouvais sentir le froid glacial de la mort au bout de mon nez, Nicolas a fait volte-face et fendu l'air de son pistolet. Un bruit métallique a résonné à travers la salle de concert, et quelque-chose s'est planté dans le sol un peu plus loin. Une flèche. John venait de tirer sur son maître.
Profitant de sa stupéfaction, je me suis éloigné du fils d'Hadès à la hâte pour me rapprocher de John et de Peter toujours à genoux.
-Ca a réellement fonctionné, a murmuré le petit blond sidéré.
Je n'ai rien répondu, aux aguets. Pendant qu'on préparait notre plan, on avait sommairement raconté à Peter ce qui nous était arrivés en son absence, comment on l'avait retrouvé. Ce plan B dans l'éventualité où je serais incapable de le récupérer, c'était son idée. Tirésias nous avait dit qu'une fois arrivés, on devrait dire à la bonne personne que c'était lui qui nous envoyait. Manifestement, ce n'était pas Nicolas, alors j'avais arrêté d'y penser. Mais quand tout avait semblé perdu, j'avais tenté le tout pour le tout. Celui qu'on devait rencontrer, c'était John.
Il a encoché une autre flèche, un fin sourire aux lèvres, alors que Nicolas s'éloignait de nous d'un bond, incapable de dissimuler la stupéfaction qui avait prit possession de son visage. Ca devait être la toute première fois qu'on lui voyait cette expression.
-Qu'est-ce que ca signifie ?
John a encoché une autre flèche dans un mouvement si rapide qu'il a semblé avoir trois bras une fraction de seconde.
-Ca ? Tu n'as qu'à appeler ca une crise d'adolescence tardive. Derek, libère Peter Jackson, plus vite que ca.
Je n'avais révélé mon nom à aucuns moments, mais je ne me suis pas attardé sur ce genre de détails. Je me suis aussitôt penché sur Peter pour plaquer les mains sur le cadenas qui reliait ses chaînes. J'ignore comment, mais ils avaient réussi à les souder au sol lui-même.
-Ce n'est pas toi, a soufflé Nicolas sans semblé s'adresser à personne en particulier. Qu'est-ce que tu as fais de lui ?
Il a enfin braqué son arme sur John.
-Où est John Di Angelo ?Le vrai ?
-A vrai dire, c'est moi, a rétorqué le jeune homme. Ou plutôt, ca n'a jamais été moi. Mais j'ai toujours été lui. Bien-sûr, lui n'a jamais existé. Ce que je veux dire, c'est que mon nom n'est pas John. C'est Ethalidès.
J'étais sûr que Nicolas Di Angelo n'avait jamais arboré une expression aussi sidérée que celle qu'il montrait depuis quelques minutes. Mais ce qui s'est peint sur son visage à cet instant précis, c'était quelque-chose qu'on n'avait sûrement jamais vu sur le visage de personne, un truc horrible. Quelque-chose qui allait au-delà de l'épouvante et de la stupéfaction, comme s'il venait de voir le monde imploser sous ses yeux impuissants. Comme s'il venait d'assister à la mort de son fils. Puis soudain, après une courte adaptation résultant sans doute d'une incroyable force mental, son visage est redevenu de marbre. Une incommensurable fureur brûlait dans ses yeux noirs.
-Depuis combien de temps ?, a-il articulé d'une voix glacial.
-Ce n'est pas assez clair? Depuis le tout début.
J'avais de plus en plus de mal à comprendre. C'était n'importe-quoi. Si j'avais tout compris, Peter n'avait pas été embarqué par Chiron, c'était Nico qui l'avait enlevé au beau milieu de la bataille avec les Kères, certainement par vol d'ombre. Il s'était servi de lui comme appât pour faire venir tous les monstres qui avaient un compte à régler avec Percy Jackson, et apparemment il y en avait un paquet. Il voulait monter une attaque synchronisée sur toutes les bases de l'OMEGA. Mais ca, c'était le plan de Nicolas. Son apprenti, John, en avait un autre, et il l'avait monté dans le dos de Nicolas avec Tirésias. Seulement, je n'arrivais tout simplement pas à comprendre ce qu'il essayait de faire en se retournant contre son maître. C'était quoi, à la fin, le plan de Tirésias ? Si j'avais tout compris, John était un orphelin que Nico avait prit sous son aile quand il était petit, puis adopté, puis à qui il avait apprit à se battre, alors pourquoi ?Il a continué, en arborant un air cruel et amusé qui étonnamment aurait aussi bien pu être le mien :
-Depuis le jour où un orphelin de onze ans si semblable à celui que tu étais autrefois t'a harcelé nuits et jours pour que tu deviennes son professeur. J'ai toujours été John, et John n'a jamais existé. Au passage, merci, je pensais avoir atteint la perfection dans ma maîtrise de l'arc, mais ton entraînement m'a rendu plus fort encore que je ne l'étais déjà. Et c'était très amusant, de jouer le môme débile et surexcité incapable de manier correctement une épée mais étonnamment si doué pour le tir à l'arc. Certes, depuis mes dix-sept ans c'était devenu moins distrayant, j'ai dû devenir plus sérieux pour véritablement gagner ta confiance, mais cette vie a été parmi mes préférés. J'ai aimé être John plus encore qu'être Guillaume Tell, Pythagore ou Nasu Yoichi. Presque autant que j'ai aimé être Robin des Bois, en fait.
-Robin des Bois..., a répété Nicolas dans un souffle. De la réincarnation...
-Hé oui, de la réincarnation. Rends-toi compte, faire d'une vie entière une tromperie, c'est mon chef d'œuvre ! Oh, et le gâteau que je t'ai fais, une fois ?C'était un gâteau de régime. Un gâteau de régime, Nicolas ! Tu vois, tous est faux. La seule vérité qui soit jamais sortie de ma bouche est que je suis bel et bien un fils d'Hermès. Mais tu connais le mythe, j'imagine ?J'étais le plus grand archer de la Grèce Antique, j'ai même pris part à l'expédition des Argonautes. Mais mon histoire est très loin de s'arrêter à une unique légende. Je renais fils d'Hermès encore et encore, siècle après siècle, sans jamais rien oublier de mes vies antérieures. C'est un cadeau que m'a accordé mon père.
Pendant qu'il parlait, je continuais d'essayer d'ouvrir le cadenas des chaînes de Peter. C'était la première fois que ca me prenait autant de temps, c'était comme si elle était chargée d'un autre pouvoir, une énergie qui tentait de résister à la mienne. Et cette discussion de dingue se poursuivait :
-Tu as perdu sept ans, a fini par demander Nicolas. Sept ans de ta vie. Pourquoi ?
-Parce-que c'était le temps dont j'avais besoin, a rétorqué je-sais-plus-très-bien-qui. Parce-que des vies, j'en ai autant que je veux. Parce-que d'après Tirésias, si j'avais été ton élève ne serait-ce qu'un mois de moins, tu serais venu seul à cette réunion. Tu ne fais pas facilement confiance, en fait tu ne faisais confiance qu'à moi. Et j'avais besoin d'être ici.
-Pourquoi à un tel point ?
-Parce-que si tout ne se passe pas comme Tirésias me l'a décris, plus rien d'autre n'aura d'importance, pas même sept ans de cette vie. C'est capital. Mais assez parlé. Maintenant, d'après lui, tu vas faire l'un de ces deux choix : ou te battre contre moi, ou te retourner dans très exactement quatre secondes après la fin de ma phrase et partir d'ici par vol d'ombre.
-Et qui gagnerait notre combat, d'après le devin ?
Ca lui a prit trois secondes, pour prononcer ces mots. A la quatrième, la main d'Ethla... Ethi... on va l'appelé Robin des Bois, ok ?La main de Robin a volé jusqu'à son carquois tandis que celles de Nicolas plongeaient vers sa taille pour saisir un second pistolet à sa ceinture. Le temps a ralenti. Il a enlevé sa blouse de médecin d'un seul geste, faisant pendant une fraction de seconde du vêtement en train de tomber un écran entre lui et son adversaire. Au moment où Robin encochait une flèche à la vitesse de l'éclair, les deux pistolets de Nicolas se pointaient sur lui. Et alors, ils ont commencés à tirer.
Là, selon toute logique, les flingues sont plus rapides que les flèches, hein ?Je n'ai peut-être pas été assez précis concernant la vitesse de Robin : elle n'était réellement pas humaine. On ne voyait plus ses mains, ses mouvements étaient impossibles à suivre. Quand à ses carquois, pour une incompréhensible raison, on aurait dit qu'ils n'étaient jamais à court de flèches. Et il faut croire qu'il arrivait réellement à tirer de telle façon que les balle étaient déviées en même temps que ses flèches quand les deux s'entrechoquaient. Il avait une façon de tirer incompréhensible, il se déplaçait dans une étrange danse en tournoyant presque sur lui-même, en faisant des mouvements précis et compliqués qui paraissaient totalement inutiles. En quelques secondes la blouse de médecin est retombée au sol en tout petits morceaux.
A seulement quelques mètres d'eux – si Robin laissait passer une balle j'étais plus ou moins sûr de me la prendre – j'ai pressé la paume un peu plus fort sur le cadenas des chaînes de Peter, les dents serrés.
-Allez... ouvre-toi, putain !
-Hélèna aurait déjà dû revenir, c'est très très mauvais signe, il faut à tout prix aller la chercher.
-La ferme, je me concentre !
Soudain, Nico a changé de tactique. Il a commencé à tirer... dans les ombres. Rien n'était laissé au hasard. Chaque fois qu'il paraissait manquait de peu la tête de son adversaire où qu'il tirait près de ses pieds, la balle s'enfonçait dans l'ombre qu'il avait visé et rejaillissait depuis une autre quelque-part non loin. C'était comme si on tirait sur Robin depuis partout à la fois, qu'il était encerclé. Et pourtant il était encore en vie, comme par miracle.
C'est là que j'ai compris pourquoi il tournoyait comme ca en enchaînant des mouvements insensés et compliqués : à chaque fois qu'une de ses flèches heurtait une balle, le choc renvoyait la flèche vers Robin. C'était pour pouvoir s'en saisir qu'il tournoyait comme ca, mais aussi pour dévier les tirs de Nico qui jaillissaient des ombres. En gros, il tirait une flèche, la flèche revenait vers lui après un choc contre une balle, il la rattrapait au vol et se servait de la pointe comme de la lame d'un poignard pour dévier une autre balle jaillie de l'ombre, et pour finir il tirait à nouveau sa flèche, qui s'entrechoquait à nouveau avec une balle. Et il le faisait avec plusieurs dizaines de flèches. Si j'avais eu le temps j'aurais pu trouver cette danse mortelle magnifique. Et puis, soudainement, une flèche a touché Nicolas à l'épaule. Sans un cri, il est tombé en arrière, les dents serrées. Mais alors qu'il allait tomber au sol... il s'est enfoncé dans son ombre. Vraiment. Il s'est enfoncé dans le sol. Robin a remit son arc dans son dos avec un soupir, un fin sourire aux lèvres, et s'est tourné vers nous. Nicolas Di Angelo venait de fuir.
Ou pas. Soudain, derrière Robin sa propre ombre a commencé à onduler. Avant que j'ai eu le temps de crier, Nicolas en a jaillit et a passé un bras autour du cou de notre allié avant de lui pointer son canon sur la tempe tandis que dans son autre main il tenait à présent un scalpel en bronze céleste prêt à lui trancher la gorge. Il aurait pu le tuer. Pourtant, il est resté immobile, haletant. Hésitation ?Non. Robin avait une flèche dans chaque main, et elles étaient pointées sur le ventre du fils d'Hadès. Il pourrait bouger juste assez pour le transpercer. Voilà pourquoi il avait rangé son arc, il avait besoin d'avoir les mains libres.
-C'est amusant, a dit Robin des Bois dans un éclat de rire. C'est toi qui m'a appris ce coup-là. En plantant ces flèches dans ton ventre sous le bon angle, je suis sûr de pouvoir te transpercer le cœur. Avec les deux.
-Je pourrais te tuer avant. Une balle en pleine tête, arrêt total des fonctions cérébrales. Tu n'en aurais pas le temps. Et même si tu avais pu voler le chargeur de ce pistolet quand je me suis glissé derrière-toi, je te trancherais la gorge au moment exact où j'appuierais sur la détente.
Le sourire de Robin est devenu carnassier, et il a laissé tomber quelque-chose au sol sans lâcher la flèche qu'il tenait à la main : des billes qui sont tombées par terre une à une en cliquetant. Non, pas des billes. Des balles. Il n'avait pas volé le chargeur, il avait réussi à voler toutes les balles du pistolet que Nico pointait sur sa tête. Même pour moi, c'était tout simplement physiquement impossible. Mais effectivement, un seul coup de scalpel et Nicolas lui tranchait la gorge.
-Je ne sais pas vraiment comment ca fonctionne, mais cette arme ne pourras pas tirer sans ses balles, a poursuivit Robin d'un ton tranquille. Elle se recharge à l'aide de ton énergie divine bien-sûr, seulement si jamais je sens la moindre aura émané de toi, je t'aurais tué avant que tu ais pu appuyer sur la détente. Je n'ai pas la puissance d'un enfant des Trois Grands, mais j'en sais bien assez sur le futur pour gagner ce combat. Quand au scalpel, si tu t'en pensais vraiment capable, si tu te croyais assez rapide, tu m'aurais déjà découpé. Ou peut-être que tu es encore attaché à ce personnage que j'ai créé de toutes pièces ? Tu te souviens de la fois où tu m'as sauvé la vie, quand je suis parti en pleine nuit après qu'on se soit disputés parce-que je pensais pouvoir vaincre seul ces deux bucentaures et qu'ils ont manqués me tuer ?J'aurais pu les éliminer à mains nues sans ton aide. Je m'ennuyais, alors j'avais monté ce petit scénario. En fait, plus ou moins chacune de nos aventures était l'un de mes scénarios. C'est long, sept ans.
Nicolas a pressé un peu plus fort le canon de son arme pourtant vide contre la tempe du traître, son autre main tremblante de rage, mais aussitôt Robin a un peu plus pressé les pointes de ses flèche contre l'abdomen du fils d'Hadès.
-C'était vraiment très amusant, a continué Robin. D'après Tirésias, j'aurais pu me passer de ce combat, mais je tenais vraiment à le faire, je voulais savoir qui de nous deux étaient réellement le plus fort après toutes ces années où j'ai dû faire semblant de trébucher sur mon épée. Nous sommes ex-equo, j'imagine. Mais écoute plutôt...
Et là, c'est devenu plus insensé que jamais. Il a commencé à chuchoter. On était juste assez loin pour ne pas entendre ce qu'il était en train de dire, mais le sourire qu'il avait aux lèvres... c'était terrifiant. Il a continué de chuchoter pendant une minute entière, sans que rien ne bouge. Nicolas écoutait, les yeux écarquillés par la stupeur. Et puis, son regard s'est posé sur moi. Ensuite, il a ôté son arme de la tempe de Robin des Bois, et son scalpel a disparu dans sa manche. L'archer a remis ses flèches au carquois sans se retourner, d'un mouvement vif. Nicolas a fait volte-face, lui tournant le dos, et... il a commencé à s'éloigner.
-Si jamais je devais revoir ton visage..., a sifflé le fils d'Hadès en s'arrêtant un instant. Si jamais je devais te revoir une seule fois, dans cette vie ou dans une autre, dans ce corps ou dans un autre, quelles que soient les circonstances et les conséquences, même si ta mort signifie la mienne, je te tuerais. Je te tuerais, puis j'irais jusqu'au fond du Tartare pour réduire à moins que poussières les résidus de ton âme putréfiée par le Mal.
Sur cette joyeuse promesse, lentement, Nicolas s'est enfoncé dans sa propre ombre, et a disparu encore une fois. Il n'est reparu nul-part.
-Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel..., ai-je murmuré sans comprendre. Il a fuit ?
Soudain, peut-être parce-que le fils d'Hadès n'était plus là, le verrou a enfin cédé. Les chaînes se sont évaporées dans l'air, libérant enfin Peter. Le petit blond a soupiré de soulagement en se massant les poignets.
-J'ai cru qu'on en finirait jamais...
Le danger était enfin passé, on avait enfin récupéré Peter, et Nicolas n'aurait jamais une armée de monstres à ses ordres. Bizarrement, Tirésias nous avait si bien arrangé le coup que ca avait presque été trop facile. Mais Peter n'avait pas l'air détendu une seule seconde. Il a commencé par poser une main sur mon front. Je lui avais déjà raconté ce qui s'était passé en son absence, mais tel que je le connaissais, il voulait littéralement savoir tout ce qui s'était passé en son absence. Il a fouillé mon esprit en seulement quelques secondes, puis il a rouvert les yeux et jeté à Robin un regard méfiant.
-Pourquoi vous avez fait ca ?Quel est votre objectif, au final ?Et qu'est-ce que vous venez de dire à Nicolas, pour qu'il renonce soudainement à vous tuer ?
Robin n'a pas répondu. Son regard était tourné vers l'entrée de la salle par laquelle Hélèna avait disparu.
-Le combat, c'était pas réellement pour le fun, a-il simplement répondu. Tirésias m'a dit qu'il finirait par se retrouver derrière-moi, et que ce serait le seul moyen de l'approcher suffisamment pour pouvoir lui dire la vérité. Le seul moyen pour qu'il parte très loin d'ici.
-Sans qu'on entende, ca veut dire ?, ai-je grogné. Rien de tous ca n'a de sens. Si tu es notre allié, pourquoi t'as laissé Nicolas enlever Peter à la Colonie ?
Peter a tourné la tête vers moi, interloqué. L'espace d'un instant, il a semblé réfléchir à mes derniers mots si intensément que j'aurais presque pu voir les rouages de son cerveau en pleine action. Et puis soudain, l'épouvante s'est peinte sur son visage. Comme s'il venait de faire une horrible découverte. Il m'a tiré en arrière pour me forcer à m'écarter de Robin, tremblant.
-Derek...
-Quoi encore ?
-Ce n'est pas Nicolas qui m'a évacué de la Colonie. C'était Chiron.
Tout le sang s'est retiré de mon visage.
-Quoi ?Mais...
-Chiron m'a emmené jusqu'à New York et tout de suite après il a dû repartir se battre. Je vous ai cherché dans la ville pendant une heure, puis j'ai été assommé, et à mon réveil j'étais ici, dans cette cage ! Ce n'est pas avec Nicolas que j'ai quitté la Colonie !
Même pour moi, c'était facile à comprendre. Nicolas Di Angelo avait attiré tout ce beau monde en leur promettant le fils de Percy Jackson. Il leur avait dit qu'il aurait Peter avant même qu'on ais quittés la Colonie, avant qu'on soit séparés, il avait envoyé ses messages il y a trois jours. Le seul moyen pour qu'il ait pu projeter une chose pareille aurait été qu'il ait tout simplement décidé d'enlever Peter à la Colonie, on était sensés encore y être pour un jour, il aurait su où le trouver. Je m'imaginais très bien Nicolas surgissant de l'ombre de Peter au beau milieu des Kères, l'assommant puis se téléportant avec lui loin de la bataille. Mais si ce n'était pas avec Nicolas que Peter avait quitté la Colonie, s'il ne l'avait pas enlevé pendant la bataille mais après, alors comment Nicolas avait-il su où il pourrait trouver Peter après son départ de la Colonie ?Ca avait été une fuite chaotique. Personne ne pouvait savoir où se retrouverait Peter, avec qui il avait fuit et où il faudrait aller pour l'enlever. Ca nous laissait deux possibilités. Soit Chiron était de mèche avec Nicolas Di Angelo et lui avait dit où il emmènerait Peter avant de l'assommer, soit...
J'ai attracté mon poignard d'un geste sec. Robin ne s'est pas retourné. J'ai fais un pas en avant.
-On vient d'empêcher la destruction de l'OMEGA, hein ?
-Exact.
-Et toi, tu ne viens pas réellement de nous sauver la vie ?
-Bien au contraire.
-Et j'imagine que bien-sûr, la finalité de ce plan consiste à nous tuer tous les trois, nous et Hélèna ?
Robin s'est retourné à demi. Un sourire diabolique s'étirait sur ses lèvres. Mon sourire.
-Non. Pas tous les trois. D'ailleurs, il te reste trois secondes.
Là-dessus, les catastrophes se sont succédées comme autant de coups de tonnerres dans un ciel pourtant sans nuages. Sur le moment, j'ai cru qu'il allait me tirer dessus. Et puis soudain, le gout de cendre chaude est revenu dans ma bouche, terrible, immonde, écoeurant comme jamais. J'ai porté une main tremblante à ma gorge, les yeux écarquillés. Et soudain, une terrible douleur m'a déchiré les entrailles, une souffrance abominable, comme si l'intégralité de mes organes s'étaient retournés dans mon corps. Je me suis retrouvé à genoux sans même savoir à quel moment j'étais tombé, plié en deux.
Les projecteurs en hauts des murs se sont allumés et braqués sur nous un à un, nous aveuglant presque complètement. Ca n'avait aucuns sens. Rien de tous ca n'avait le moindre sens. Peter a essayé de m'aider à me relevé, paniqué, mais mes jambes se sont dérobées sous moi tandis qu'un voile rouge recouvrait peu à peu ma vision. Le moindre mot, le moindre mouvement engendrait une souffrance qui allait au-delà de la plus infâme des tortures.
-Un piège... Tout ca... Di Angelo...c'est juste... piège...
C'est alors que des chiens plus grands que moi se sont avancés par deux des entrées de la salle en grognant si fort qu'on les entendait comme si ils étaient justes en face de nous. J'avais si mal que j'ai cru à une hallucination dû à la douleur. Jusqu'à ce que dans les deux entrées encore libres apparaissent à pas lents d'énorme lions au pelage doré, et un homme blond aux long cheveux bouclés, l'air calme, un petit air supérieur flottant sur ses lèvres fines et une lyre dans les mains. Dans notre dos, provenant des coulisses, quelque-chose qui était peut-être là depuis le tout début a commencé à émettre un râle. Des loups sont entrés sur scène, un à un, certains de taille ordinaire, d'autres trois fois plus grands que la normale. A leur tête, il y avait un homme. Un homme avec une tête de loup.
Depuis le début de cette histoire, j'avais le sentiment que quelque-chose clochait. Dés l'instant où on avait semés le chaos dans le projet de Nicolas, je m'étais senti comme un gamin turbulent et immature incapable de comprendre qu'il empêchait un adulte de travailler tranquillement sur quelque-chose de très important. On venait de tomber dans le piège le plus évident du monde. On venait de sauver l'OMEGA de sa propre destruction et de participer à la fuite d'un gars qui aurait quand même pu se téléporter en nous emportant tous les trois avec lui. Et tout ca arrivait exactement au moment où j'étais pris d'un abominable et inexplicable malaise qui m'empêchait presque d'ouvrir la bouche, au moment où Peter était mal en point et désarmé. Quand à Hélèna, de l'entrée où elle avait disparue avec une armée de monstres à ses trousses n'étaient revenus que des lions. Jamais le hasard n'aurait été suffisant pour nous mettre dans une telle merde. L'horrible vérité a émergée dans mon esprit perdu dans les brumes écarlates de la souffrance, une évidence peut-être encore plus douloureuse que le supplice que m'infligeai tous mon corps. On avait été attirés au Madison Square Garden.
Et enfin, de la meute a émergé celui qui était à l'origine de tous ca. Oui, personne ne pouvait savoir où se retrouverait Peter, avec qui il avait fuit et où il faudrait aller pour l'enlever. A moins de pouvoir tous voir. Plus aucune folie ne voltigeait dans le regard aveugle du vieillard face à nous. On n'y voyait briller qu'une profonde intelligence, une lueur que trois milles ans d'existences n'étaient pas parvenus à éteindre. Son sourire béat avait disparu, remplacé par une expression grave et emplie de tristesse. Même sa robe de chambre paraissait un peu plus longue. Parmi les loups se tenait Tirésias.
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