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Jack l'Eventreur entre en gare (partie 2)





Amos a bondit en avant et à nouveau son aura bleutée l'a enveloppé, mais cette fois-ci il s'est élevé au-dessus du sol dans un avatar beaucoup plus gros, un véritable géant dans lequel il flottait comme dans de l'eau. Julius a hurlé :

-ARRÊTE CA TOUT DE SUITE !AMOS !

Le colosse de lumière a saisi la plante entre ses mains en tentant de la déchirer en deux tandis qu'elle essayait de planter ses crocs dans cette étrange énergie. A l'intérieur, le gamin suait à grosses gouttes, les dents serrées. Je savais pas comment il faisait ce qu'il faisait, mais manifestement ca le tuerait très vite. Dans le même temps, Le cristal a explosé en milles morceaux dans une implosion verte émeraude, libérant Jack qui a émergé des débris en époussetant son chapeau de paille.

-Hey, faite gaffe !Vous avez failli me sceller, les mecs, ca fait mal !Si vous aviez été des magiciens expérimentés ca aurait vraiment pu mal finir, faites plus ca je suis sérieux. Mais...

Son sourire s'est élargi :

-Si vous voulez m'emprisonner, ca veut dire que vous êtes pas assez fort pour me tuer, pas vrai ?

-Je vous promets que j'ai tout bien fait, a bredouillé Julius. Ca aurait dû... ca aurait dû...

Sarah a ouvert une main où a surgit une énorme boule de feu. Soudain, aussi vite qu'elle était apparue elle s'est réduite de plus de moitié, comme si elle était incapable de maintenir une telle intensité.

-Ce n'est pas nous. C'est la Magie. Knoxville devient une zone Déserté.

-Hééé ouais !, a rigolé Jack. Pas assez de magie pour sceller un magicien de ma trempe, les gens, pas dans cette ville !Ca vous voyez c'est le problème quand le coin commence à manquer de magie, les plus puissants ils peuvent gérer mais vous les débutants vous savez plus rien faire !Vous pouvez encore jouer des petits tours, flammèches et métamorphoses, mais le grand jeu c'est terminé c'est pas ca ?

J'étais aussi largué qu'à mon tout premier affrontement, mais là, j'ai saisi quelque-chose. C'était ce qu'avait dit Tristan quand on l'avait revu à Washington, l'harmonie du monde maintenue par les Parques était brisée, et avec elle la Magie avait commencée à se morceler : à présent à certains endroits elle disparaissait presque totalement pour se concentrer à d'autres. Et apparemment, à Knoxville, on commençait à manquer de poudre de fée.

Jack a fait craquer ses jointures.

-Ben moi, j'ai changé d'avis. Vous êtes vraiment pas rigolo, vous êtes pas fair-play et tout... je crois que je vais vous tuer, en fait. En plus vous voulez faire du mal à mes plantes, la fille là elle les a carrément brûlées !C'est super important de respecter la Nature, vous vous rendez pas compte !

Il a écarté les bras, pouce levés, alors qu'un large, très large sourire éclairait son visage de dément.

-Je suis mort, une fois. C'était divin. Vous voulez essayer ?

Un hiéroglyphe est apparu à ses pieds. Puis un autre, et encore un autre. Bientôt des centaines de hiéroglyphe ont commencés à luire comme autant de lucioles, sur les murs, sur le sol.

Et soudain, ca a été la jungle. Ce qu'il restait de la gare a disparu sous une épaisse végétation et de nouvelles plantes carnivores ont poussées en quelque secondes, bleues et mauves, la bave aux lèvres. Amos, toujours aux prises avec la première plante carnivore, commença à perdre l'avantage quand les nouvelles arrivantes entreprirent d'enrouler leurs lianes autour de son avatar pour le broyer. Le gamin déchirait les plantes les une après les autres entre ses immenses mains, mais ses mouvements ralentissaient, lentement, alors que son avatar lui rapetissait. Il était déjà à bout de souffle.

Ensuite, Jack a tourné le regard vers Sarah et il a éclaté d'un rire joyeux.

-Et puis d'abord, puisque vous trichez, moi aussi j'peux le faire !

Il y avait des fresques au plafond, bouffées par la Nature mais encore visibles, qui représentaient je sais pas quel trucs peut-être grecs, des mecs à poils qui poursuivaient des biches, ce genre de trucs, une sorte de partie de chasse naturiste quoi. Jack les a regardés, et il a claqué des doigts en murmurant un autre mot dans une langue que je ne parvenais pas à comprendre. Un immense hiéroglyphe vert émeraude est apparu sur tout ce qui restait du plafond. Sarah a écarquillé les yeux, Julius a reculé. Même moi j'avais une vague idée de la suite. Soudain, les fresques ont commencées à bouger, a courir... et elles se sont détachées du plafond. Une dizaine de statues faîtes du même marbre que le plafond se sont écrasées au sol en y creusant autant de cratère, entre nous et Jack. L'une d'elle a simplement éclatée en milles morceaux, comme si Jack n'avait pas eu la force de les animer toutes, mais toutes les autres, lentement, ont levés leurs yeux de pierre sans expression sur nous. Et là, j'ai compris que dorénavant les biches c'étaient nous. Et comme je sais que vous vous posez la question, je précise que non, elles n'avaient toujours pas de vêtements. Jack a encore claqué des doigts et là-dessus il s'est élancé en avant avec ses golems pour nous finir à la hache.

Sarah m'a aussitôt saisi dans sa poche et m'a tout bonnement jeté à Julius, qui – dieux merci ! – m'a rattrapé au vol comme un vulgaire hamster. Je croyais qu'il allait se contenter de rester en retrait, et probable que lui aussi, mais alors que Jack abattait sa hache sur le bâton de Sarah, les échappés de la fresque se sont jetés... sur nous. Julius a poussé un glapissement de terreur et il m'a jeté en l'air, ce qui à mon échelle était proprement terrifiant. Projeté avec une force qui me semblait prodigieuse dans un hurlement d'effroi, je me suis soudain vu redescendre vers le sol si loin en-dessous de moi tout aussi vite. Et soudain, je me suis écrasé sur quelque-chose de mou, le visage enfoui dans un truc duveteux. Des plumes. J'avais été rattrapé par un aigle. Julius.

-FOUS LE CAMP !, ai-je aussitôt hurlé en me cramponnant à son cou alors qu'il battait frénétiquement des ailes. RESTE PAS LA SINISTRE ABRUTI !QUITTE CETTE PUTAIN DE GARE !

Il a poussé un piaillement de colère pour toute réponse. Ca c'était forcément le karma, j'avais abandonné mes alliés et maintenant mon sort était lié à celui d'un de ces crétins qui refusent jusqu'à la mort de laisser ses gentils copains derrière-lui !Très drôle, vraiment !

Soudain, une ombre s'est étiré derrière-nous. Alors ca c'était pas juste. Les statues volaient. L'oiseau était poursuivi par sept apollons de pierre totalement à poil qui volaient dans les airs au moins aussi vite que lui. Il a brutalement viré à gauche pour éviter d'être saisi par celle qui était en tête avant de faire un tour complet sur lui-même et de descendre en piqué, aussitôt imités par nos poursuivants. Jamais il ne pourrait vaincre dix statues de marbre surentraînées, j'en étais à peu près sûr. Et s'il crevait, je crevais avec lui. Soudain, j'ai eu une idée. La gare.

-Ecoute-moi !Je sais où aller !

L'aigle a à nouveau piaillé avec colère. J'ai tapé du poing sur sa nuque.

-On va pas quitter la gare, pauvre crétin !Ecoute-moi si tu veux vivre !

Je lui ai exposé mon plan alors qu'il quittait le hall où Sarah et Amos combattaient toujours puis il a remonté des escaliers, ce qui revenait dorénavant à s'enfoncer encore plus profondément dans la forêt. J'ai regardé en arrière. Les statues refusaient de se laisser distancer, elles planaient à l'horizontale juste derrière-nous, les poings en avant comme autant de superman qui auraient oubliés leur costume à la maison – l'un d'eux s'est arraché un pied et nous l'a balancé dessus, manquant Julius d'un cheveu, un autre s'est carrément arraché une partie du visage, et un autre a bien failli faire mouche quand il a carrément osé s'arracher... oui enfin on étaient pourchassés quoi. De temps en temps, on croisait un mortel complètement paumé qui n'avait pas fuit et qui errait parmi les arbres d'un air hagard, incapable même sous l'influence de ce qui restait de la Brume à Knoxville de donner un sens à ce qu'il voyait. Julius a remonté encore plus haut en visant une branche d'un arbre qui avait poussé sur un mur, mais alors qu'il allait se poser, j'ai soudainement pris en plein visage une explosion de poils bruns et puants et failli basculer dans le vide, brutalement secoué dans tous les sens par des mouvements qui n'avaient plus rien à voir avec ceux d'un oiseau. Il a atterri sur la branche avant de bondir sur une autre dans un saut prodigieux et de commencer à grimper toujours plus haut dans les branchages, toujours plus vite. J'étais accroché sur le dos d'un singe. Vous croyez que ca aurait découragé les statues ?Même pas. Ces mecs avaient la motivation et l'endurance des athlètes des jeux olympiques. Ils ont entreprit de grimper aux arbres à leurs tours, sautant de branches en branches avec une agilité surhumaine – les enchevêtrements de branches et de feuilles étaient tels qu'ils ne parvenaient même pas à voler dans la végétation. Soudain, deux d'entre eux ont lâchés prise et se sont jetés dans le vide l'un contre l'autre.

J'ai cru qu'elles allaient se fracasser, mais alors qu'elles chutaient vers le sol maintenant beaucoup trop loin, l'une d'elles a attrapé l'autre par la cheville, a tournoyé dans les airs... et il nous a balancé son copain dessus. Julius ne l'a vu que quand ca a été trop tard, la statue s'est jeté sur lui et l'a saisi par la gorge malgré ses cris. Je ne pouvais rien faire, si jamais j'essayais même de lui planter mon mini poignard dans la main, je basculais dans le vide. Les autres statues continuaient de monter vers nous tandis que la première étranglait Julius qui se débattait vainement en poussant des hurlements de macaque, les yeux écarquillés. Et puis soudain, il a commencé à grossir, moins vite que lors de ses précédentes transformations, difficilement. Bientôt, la main de la statue a été trop petite pour enserrer la gorge de la créature que Julius essayait de devenir. Un gorille. Avec un rugissement, il a donné un coup de poing en plein visage à la statue qui lui a pulvérisé la tête, puis il lui a arraché ce qu'il avait entre les jambes et l'a balancé à la gueule d'une autre qui grimpait vers nous, lui faisant exploser la tête à son tour, puis dans leur chute ses deux victimes en ont heurtés une troisième et toutes ensemble elles se sont écrasées au sol, tout en bas, réduites en miettes. Julius est redevenu un ouistiti une seconde plus tard, essoufflé, le regard fou. J'étais incapable de dire ce qu'il était, un demi-dieu, un monstre, mais peut-importe comment il faisait ce qu'il faisait, ca commençait vraiment à l'épuiser. Là-dessus, juste avant d'être à nouveau saisi par une autre statue arrivée à notre hauteur, il s'est à nouveau changé en aigle et il s'est envolé. J'ai continué de hurler :

-Grouille !On n'a plus le temps !

Il a manqué s'écraser au sol plus qu'il ne s'est posé avant de se changer en jeune chien, me forçant à changer de position pour rester accroché à son cou. Quatre golems sprintaient encore derrière nous, imperturbable. Je galopais sur le dos d'un chien polymorphe à travers une gare changée en jungle pourchassé par des statues dans le plus simple appareil. Un jour, tout ca allait me coûter une fortune en séances chez le psy. Finalement, Julius a atteint une zone plus dégagée, comme une sorte de long bosquet où les arbres ne poussaient plus que le long des murs, toujours pourchassé et totalement essoufflé.

-Creuse-là !, ai-je crié à son oreille. Magne-toi !

Il fallait que je sois sûr. Julius m'a obéit sans même savoir pourquoi, paniqué. A dix-onze ans, quand on a peur, on a tendance à faire tout ce qu'on vous dit sans se poser de questions. Et par miracle, j'ai trouvé ce qu'on cherchait. Julius a glapit de terreur et fait un bond en avant un instant que le poing de pierre d'un de nos poursuivants ne s'abatte là où on se trouvait. C'était trop tôt.

-Garde-les ici !Occupe-les, fait un truc !

Mais il était bien trop épuisé. J'en étais sûr maintenant, ce n'était pas seulement la course, ce truc de transformiste lui prenait de l'énergie. Il s'est retransformé en garçon alors que l'une des statues le saisissait par le col pour cette fois-ci ne plus le lâcher, un poing levé pour lui faire voler la tête. Heureusement, on n'avait pas besoin de les occuper. En fait c'était parfait. Le sol a commencé à trembler. Les statue ont lentement baissés la tête sur leurs pieds, même celle qui tenait Julius les dieux soient loués.

Au milieu de toute cette végétation, il était presque impossible de dire dans quelle partie de la gare on se trouvait, mais pas impossible. On était sur un quai d'embarquement. Les rails se trouvaient juste sous nos pieds, comme le montrait celles que Julius avait pu déterrer en creusant un peu. Ouais, pile au bon endroit. Et ont étaient juste à temps pour le train de 15h10 – j'avais eu le temps d'apercevoir un de ces panneaux qui donne l'heure d'arrivée du prochain train, quand on était remontés dans le hall de la gare. Une voix de femme s'est élevée dans les hauteurs de la forêt :

-Le TGV en provenance de Cincinatti va entrer en gare, voie 3.

Un long mugissement mécanique a retenti, comme celui d'un monstre, puis un immense fracas. Quelque-chose arrivait sur nous, quelque-chose de gros et d'incroyablement rapide. Le train fendait la végétation devant lui comme une débrousailleuse en ravageant tout sur son passage. En quelques secondes, il serait sur nous.

-MAINTENANT !, ai-je hurlé.

Aussitôt, sûrement avec tout ce qui lui restait de ses forces, Julius s'est métamorphosé une dernière fois. En furet. Je me suis cramponné à son cou, aussi grand que lui, alors qu'il glissait entre les doigts du golem et bondissait hors du passage des rails, un instant avant qu'enfin le train ne surgisse d'entre les arbres en rugissant. Les marionnettes de Jack ont été moins réactives, avant que l'une d'elles ne comprenne ce qui se passait, elles ont explosées en mille morceaux percutées de plein fouet. Le gamin est à nouveau redevenu humain, blafard, étendu sur le sol au bord de l'évanouissement, alors que le train en train achevait de rouler sur les gravats de nos poursuivants tout en s'arrêtant lentement. Je lui ai filé des coups de pieds dans le nez :

-Rends-moi taille !Enfoiré !J'ai sauvé ta misérable vie, rends moi mon apparence normal MAINTENANT !

Dans seulement quelques secondes les mortels descendraient du train, découvrirait la forêt et un gosse évanoui sur le sol. S'ils l'embarquaient à l'hôpital ou dieu sait où jamais je ne retrouverais mon apparence normale, et alors là la situation perdrait tout comique. Ma vie serait foutue. Heureusement, rien ne s'est passé comme ca : soudain, il a été soulevé de terre par le dos de ses vêtements par une force trop puissante pour être humaine, alors que j'étais accroché à ses cheveux. Une des statues de marbre de la fresque, presque intacte, s'était écartée des rails à temps : il ne lui manquait qu'une jambe et une partie du visage. Il a fermé le poing et levé son bras libre d'un geste mécanique, prêt à faire sauter la tête du garçon en pyjama qui se débattait faiblement en murmurant des mots dans une langue inconnue – si c'était des formules magiques, alors elles ne marchaient pas.

Soudain, des cris stridents ont envahi le bosquet, des dizaines. Les mortels commençaient à sortir du train, stupéfaits, sûrement persuadés qu'il s'était arrêté avec leur destination, et ils pointaient du doigt la statue nue comme un ver qui s'apprêtait à achever Julius. Certains prenaient même des photos avec leur portable tandis que d'autres appelaient la police, mais pas un n'osait encore approcher. Je n'osais même pas imaginer ce que la Brume pouvait bien montrer aux mortels, même l'OMEGA aurait du mal à faire passer ca. A peine avais-je formulé cette pensée que j'ai réalisé que si la Magie s'affaiblissait dans le coin, la Brume était sûrement bien moins efficace. Peut-être qu'ils voyaient précisément la vérité.

La statue a regardé les mortels en penchant la tête sur le coté, comme si leur présence la dérangeait. Puis soudain, elle a plié les genoux, et elle a fait un immense bond dans les airs, si puissant qu'elle a tout simplement percé le plafond comme une balle filerait à travers une motte de beurre. Il y a eu une secousse d'une violence inouïe, puis elle a simplement atterri sur le sol de l'étage supérieur. Avant même que le nuage de poussière se dissipe, elle a à nouveau levé le poing pour tuer Julius, mais soudain, elle a été prise d'un soubresaut, un hiéroglyphe bleu vif a surgi sur son front et elle s'est immobilisée pour de bon, dépouillée de vie. Sarah derrière-elle lui a mit un bond coup de bâton qui l'a fait explosé en miettes, juste au cas où. Le plus incroyable des coups de bol. Ont étaient revenus à notre point de départ.

Amos était maintenant à terre, de taille humaine mais encore enveloppé d'une aura évanescente qui tenait plus de la protection toute simple que de l'armure de combat, mais continuait de se battre alors que les plantes carnivores tentaient de le momifier dans leurs lianes. Soudain, Jack, qu'on avait sûrement interrompu dans son duel avec Sarah, a surgi de la poussière à son tour. Le vrai Jack, Jack l'Eventreur.

Il ne ressemblait plus du tout à un gentil garçon. Il avait perdu son chapeau. Ses cheveux crasseux s'étaient dispersés sur son crâne comme s'il s'était coiffé en se les arrachant à pleines mains. Du sang coulait si abondamment de sa hache qu'on aurait juré que la lame pleurait sur ses vêtements en loques eux aussi vermeilles, même jusque sur ses dents où un sourire écarlate et tremblant de psychopathe s'étirait dans toute sa largeur, si loin que c'était peut-être ce qui faisait saigner les commissures de ses lèvres. Son sang, celui de Sarah, peut-être aussi celui d'Amos, et à le voir, il adorait ca. La folie resplendissait dans ses yeux écarquillés et injectés d'hémoglobine, deux puits de ténèbres sans fond où tout un monde de démence n'aspirait plus qu'au meurtre et à la souffrance. Aussitôt, Sarah a hurlé un mot et une bulle bleu nous a entouré, elle, Julius et moi qu'il tenait maintenant dans son poing serré, alors que l'Eventreur essayait de la percer à grands coups de haches, mort de rire.

-GOUTEZ-LA !GOUTEZ A LA MORT, DONNEZ-MOI VOTRE SANG !HURLEZ, PLEUREZ, VOMISSEZ VOTRE PEUR !, a-il mugit avec extase de la voix éraillée et suppliciée de celui qui a hurlé à s'en déchirer la gorge.

Comme quoi y a des mecs qui faut vraiment pas pousser à bout. En seulement quelques secondes la bulle a commencée à se fissurer.

-Tu... tu as vaincu les statues ?!, a balbutié Sarah en dévisageant Julius, stupéfaite. Les dix ?! Tu les as affrontés ?!

Julius, qui tenait à peine debout, a rougi.

-Ben... ouais.

-Tu en as fais plus qu'assez, trace le cercle et recule, maintenant. On peut pas se permettre de perdre cette piste. On peut vaincre ce gars, ce n'est pas un dieu, mais ca va mettre un peu de temps. Prépare le tapis.

Et moi ?Moi je commençais à perdre patience :

-LA PISTE T'EMMERDE LA GUEULE, SORCIERE !, ai-je mugit. LAISSEZ-MOI PARTIR !JE SUIS LA PISTE DE PERSONNE !

Sans m'écouter, Sarah a levée sa bulle de protection et s'est jetée sur Jack pour le plus grand plaisir de ce dernier, alors que Julius reculait hors de leur portée et sortait une craie pour tracer avec l'adresse d'un habitué un cercle parfait autour de lui avant de presque s'effondrer dedans. Bhou, ben y a pas à dire là on risquait plus rien, dans notre cercle à la craie !Bouffons !A présent qu'on en avait fini avec les statues j'en étais renvoyé à ma condition de frustrante impuissance, et ca me mettait dans une colère qui aurait dû les faire trembler. Je refusais d'être le méchant trop facile à vaincre qu'on miniaturisait avant de le glisser dans la poche pour l'interroger plus tard en menaçant de le lâcher dans le vide, je refusais !Je découvrais à l'instant le fait d'être miniaturisé comme mon pire cauchemar : j'étais pas un détail, bordel !

-JE SUIS LE HEROS DE CETTE HISTOIRE BANDE D'ENFOIRES !

Plus personne n'en avait rien à faire. Julius, qui commençait à reprendre des couleurs, a levé une main. Je ne sais pas exactement ce qu'il a fait, mais il a semblé devoir s'y reprendre à plus de dix fois avant qu'il y surgisse un rectangle de tissu qu'il a jeté par terre. Le rectangle s'est déployé et est resté en suspension un mètre au-dessus du sol en vrombissant. Un tapis volant. Amos faisait du catch avec des plante carnivore et Sarah déployait tout ce que Knoxville lui laissait de sa magie de feu – j'avais renoncé à comprendre, hein... - pour repousser les immenses racines de Jack qui lançait des sortilèges et des conseils écologiques.

-C'est important de ne pas trop souvent tirer la chasse d'eau, aussi !Je sais ca pue, mais on se rends pas compte de toute l'eau qu'on utilise simplement pour...

Je devais me calmer et analyser la situation. Les gentils allaient perdre, malheur. Je devais me barrer. Le truc, c'est que si je pouvais échapper à la surveillance d'un enfant de dix ans, retrouver ma taille était une toute autre histoire, jamais j'atteindrais Olympie avec ces jambes-là. Ouais, les gentils allaient perdre et je devais me barrer. Ces deux aspects du problème n'étaient pas inconciliables. Je devais juste faire ce que je faisais le mieux. Mentir aux enfants.

-Salut !Hé, tu m'entend ?!, ai-je lancé au gosse depuis sa poche. Tu t'appelles Julius, c'est bien ca ?

-Tait-toi, toi !

-Libère-moi !Je peux vous aider, je sais me battre !

-Sarah a dit... elle a dit de rester ici, a bredouillé le gamin incapable de détacher ses yeux du combat.

-Tu sais ce qui va se passer, si t'obéis à Sarah ?!Ils vont mourir, et après ce sera ton tour mon grand !Alors rends-moi ma taille !

-Je sais très bien que tu va t'enfuir !Tu crois que je suis bête ?

J'ai laissé échapper un ricanement.

-Ce serait ironique, non ?Je l'ai compris dés le départ, que c'était toi le plus intelligent dans ce groupe !Quoi qu'on pourrait se demander ouais, parce qu'elle est nulle, votre stratégie. Quand je pense que c'est toi qui est assigné à la surveillance quoi !

-De... de quoi ?

-Mais ca devrait être ton frère, putain !T'as vu comment Jack l'expédie ?Il lui a juste envoyé des fleurs !C'est ca le truc, ils te sous-estiment, tous les deux, Sarah et Amos !Moi pas !Après certes, c'est peut-être pas si bête, comme t'es le plus puissant de vous trois je sais très bien que je pourrais pas m'enfuir tant que tu seras dans les parages, quand j'ai essayé dans le train j'ai eu le temps de faire trois pas avant que tu me chope avec ta magie !Et la façon dont t'as... heu, tracé ce cercle à la craie. Il est très rond, vraiment. Mais tes potes ont besoin de tes pouvoirs, ils s'en rendent pas compte parce que tout le monde peut pas être aussi intelligent que toi, bon sang !

-C'est... c'est Sarah la plus puissante, a bredouillé Julius un peu confus.

-C'est ce qu'elle te fait croire, pas vrai ?Je suis un puissant magicien, beaucoup plus puissant que vous trois, et je t'assures que le simple fait que tu ais réussi à me miniaturiser aussi facilement prouve que ton potentiel est largement supérieur au sien, c'est juste qu'elle tire le maximum de ses maigres capacités. Sans parler de tes métamorphoses !Si tu me rends ma taille je pourrais utiliser ma magie des flammes pour tous nous sortir de là, et en plus tu pourras te joindre au combat et là on sera sûr de gagner !Ensemble !

En d'autres circonstances, il n'aurait peut-être pas cédé. Sûrement pas, faut pas exagérer personne n'est si bête, la ruse était grossière. Mais soudain, Jack en a eu marre de parler dans le vide et il s'est jeté sur Sarah en faisant des moulinets avec sa hache, la forçant à combattre au corps à corps tout en brûlant les racines qui fusaient sur elle de toutes parts, tandis que Amos commençait à se faire étrangler par les racines de la plante carnivore. Julius paniquait :

-... tu... tu me promets de ne pas t'échapper ?Tu vas nous aider, pas vrai ?

-Julius – tu t'appelles Julius, hein ? – est-ce que tu te rends compte de ce que tu dis ?Qui serait assez monstrueux pour abandonner des êtres humains dans cette situation ?Je t'ai sauvé la vie, tout à l'heure !J'abandonnerais pas des enfants à la mort alors que je suis un des deux seuls magiciens présents ici encore assez puissant pour employer de la grosse Magie malgré la pénurie ! Et toi, tu le ferais ?Tu vas laisser tes amis se faire tuer ?Honnêtement, tu restes planté dans ton rond de craie pour me surveiller, ou parce-que tu as peur de te battre ?Ou est-ce que tu as peur de ton véritable potentiel ?

-J'ai pas peur de...

-C'est pas grave, t'es encore jeune, je comprends ca. Avoir d'immenses pouvoirs, avoir les couilles de l'assumer... c'est pas pareil. Libère-moi juste, je peux peut-être y arriver tout seul mais ma magie du feu n'aura aucuns effets si je dois garder cette taille, gamin !

-Je suis pas un gamin !Et puis zut !

Il m'a attrapé dans sa poche et m'a jeté en l'air, mais avant même que j'ai le temps de hurler il a levé la main au-dessus de sa tête et prononcé un autre de leurs mots magiques à la con. Aussitôt, le monde a semblé changé de proportion autour de moi en un éclair et je suis retombé au sol, à taille réelle. Je me suis relevé en époussetant mes vêtements, très calme et profondément soulagé. Julius ne tenait plus en place, des poignées d'amulettes dans les mains.

-Voilà, maintenant utilise ta magie du f...

SBAM, un bon coup de poing dans le pif! L'abruti s'est écroulé comme une marionnette dont on aurait coupé les fils, sa tête a fait un délicieux bruit sourd en heurtant le sol. Et on prétend que la violence ne résous rien ?!Putain ca soulage !

-Ca c'est pour m'avoir miniaturisé, petit con !

Je lui ai mis un grand coup de pied dans le ventre pour faire bonne mesure (rhoo c'est bon faites pas cette tête, juste un seul !) et j'ai sauté sur le tapis volant. Il n'a pas bougé, un mètre au-dessus du sol. Et merde !Comment on conduisait un tapis volant ?!

C'est là que Sarah, aux prises avec deux immenses racines qu'elle tentait de faire brûler, a un bref instant tourné la tête dans notre direction. Elle m'a vu moi, sur le tapis volant, un instant avant que son regard ne tombe sur le naïf inconscient face contre terre, et elle a tout compris.

-N'y compte pas !, a-elle tonné en se précipitant sur moi.

Mais Jack était d'un autre avis. Tout en se battant au corps à corps avec Amos maintenant il a agité la main et des dizaines de vignes ont surgi sur le passage de l'adolescente, s'accrochant à ses pieds.

-RESTEZ JOUER! JOUEZ A MOURIR, A SAIGNER !

Sans se décourager, Sarah a hurlé un mot et ses pieds ont tout simplement pris feu, carbonisant ses chaussures mais aussi les plantes grimpantes sur son passage. Une magicienne folle de rage se précipitait sur moi en laissant une trainée de feu derrière-elle et mon moyen de transport ne fonctionnait toujours pas, imaginez un peu la scène.

-Allez !, ai-je presque gémit alors qu'elle n'était plus qu'à quelques mètres. Vole !

En fait, il suffisait de demander. Aussitôt, le tapis s'est élevé plus haut en vrombissant, puis encore plus haut, jusqu'à passer par le grand trou dans le plafond de la gare rendue à la Nature pour s'élancer dans les airs. En un instant, les crétins n'ont plus été que des points en bas. Jack, Amos, le gosse par terre et... où était la dernière ?

-TU N'IRAS NULLE-PART !

J'ai penché la tête au-dessus du vide de l'autre coté du tapis, avant d'aussitôt la remonter pour éviter de justesse de me faire carboniser les sourcils par une boule de feu envoyée par Sarah, accrochée d'une seule main à mon tapis volant (oui, mon tapis volant). On avait beau être à des dizaines de mètres du sol les plantes grimpantes de Jack s'accrochaient encore à elle, une looongue liane entortillée à sa cheville qui tentait de la ramener à terre, tout en bas. Malgré tout, je lui ai jeté un sourire amusé. Elle a écarquillé les yeux et murmuré :

-Tu n'oserais pas.

-Ce serait vraiment horrible de ma part, hein ?

Et là-dessus, je lui écrasé la main. Elle a aussitôt lâché prise et a basculé dans le vide en hurlant, d'une voix de plus en plus lointaine. Elle avait sûrement un petit tour de magie pour ne pas s'écraser au sol, à moins que la liane ne la ramène à Jack. Ou pas m'enfin bon, j'avais gagné un tapis volant. J'ai serré les dents, prêt à entendre les remords et les piaillements d'Hélèna. C'est là, en tournant la tête pour ne trouver personne, que je me suis souvenu que je ne les entendrais plus jamais. Elle n'était plus là. J'étais seul, désormais. Tranquille. Pourquoi je pensais à ca, encore ?Tout était cool. Il fallait juste que je m'habitue. C'était à n'y rien comprendre, je n'avais pas une once de remords d'avoir faussé compagnie à ces trois gus, ma capacité à la trahison était donc intact, mais depuis que j'avais abandonné Hélèna quelque-chose évoluait en moi comme une maladie. Peut-être que c'était un de ses pouvoirs de fille de la déesse de la famille, une sorte de malédiction. Un ricanement m'a échappé quand j'ai réalisé la situation. J'avais trahis et abandonné à la mort une équipe de demi-dieux pour la seconde fois en une seule journée, presque exactement le même schéma.

Si l'affaire avec les ensorceleurs n'avait pas été inutile, j'étais en revanche absolument pas sûr de mon nouveau moyen de transport. Pour l'instant j'allais dans la bonne direction, je fonçais au-dessus des routes à toutes allures mais j'en étais à peu près sûr, on se dirigeait vers Olympie si vite que j'avais peur de tomber (le truc horrible avec les tapis volants, c'est qu'y a absolument rien pour s'accrocher), mais absolument pas parce que j'avais compris comment conduire, le tapis faisait ce qu'il voulait. Et ca allait très vite devenir un problème.

Depuis plus d'une heure, j'essayais de déduire quelque-chose de ce que j'avais vu et entendu. Rien de ce que ces mecs avaient faits n'était possible, et pour un demi-dieu ca veut quand même dire quelque-chose. Ils ne s'étaient pas comportés comme s'il ne savait rien du monde de la mythologie, loin de là. Ils s'étaient comportés comme s'ils savaient des choses... différentes. D'autres pouvoirs, d'autres pratiques. Ils avaient parlé de ce dieu, Geb. Le dieu de la Terre, avait dit la fille. La déesse de la Terre, c'était Gaïa. Mais après tout la mythologie grecque était pleine de bordel au niveau des symboliques, l'un n'empêchait peut-être pas l'autre. Peter aurait sans doute su, lui. Non, ce qui me perturbait profondément, c'est que qu'avait dit le garçon, Amos, quand il avait trouvé le Livre sur moi.

« -Combien de temps a-tu été un hôte ?De quel dieu ? »

Qui que soit ce gars, s'il pouvait sentir mon énergie alors il y avait sans aucuns doutes trouver des traces divines – j'étais à moitié dieu. Mais pourquoi il ne l'avait pas compris ?C'était comme s'il ignorait ce qu'était un demi-dieu !Comme si lui-même n'était p...

Soudain, un violent sursaut m'a ébranlé si fort que j'ai failli basculer dans le vide. Le Livre !Sur moi !Mais comment j'avais pu oublier ca !La page dans ma poche !Il s'était passé tellement de choses que j'en étais venu à l'oublier, par les dieux !Une connerie digne d'Hélèna !Une heure entière que j'avais la raison pour laquelle j'avais risqué ma vie au fond de la poche !J'ai fouillé mon jean en priant tous les dieux qu'elle y soit encore. Par miracle, elle avait survécu aux flammes de Sarah quand même très prêt de mon visage, aux explosions, et à la miniaturisation. Cette fois-ci c'était le moment. Peter avait compris quelque-chose en regardant cette page, celle-là et celle d'à coté. Ce papier, c'était tout ce que j'avais pu sauver de ce détour aux terribles conséquences. Je l'ai dépliée, les mains tremblantes d'excitation. Et alors, je l'ai vu. J'ai vu l'impossible. Une vision si insensée qu'elle a brisé l'envoûtement aussi sec.

Ce n'était pas des notes qui étaient inscrite sur la page que Peter avait arraché. C'était un dessin. L'illustration de la page de droite, sans aucuns doutes. Le dessin de la seule chose qui ne pouvait pas être dans le Livre. Le dessin de ce qui était peut-être l'unique chose au monde qui ne pouvait en aucuns cas se trouver dans un livre qui avait été écris il y avait des millénaires. Ce qu'on avait représenté sur cette vieille page racornie, c'était un visage. Le mien.

C'était moi, et en même temps, ce n'était pas moi. Mes traits étaient plus durs, comme taillés dans le marbre, mon regard plus froid, on aurait dit le pire de moi-même. Il ressemblait presque davantage à l'ombre monstrueuse que j'avais libérée en combattant Iris. On ne voyait que mon torse nu et mon visage, un buste grec en somme, mais le garçon dessiné là était bien mieux bâti que moi, très musclé pour son âge, alors que j'étais un maigrichon. Peut-être plus âgé d'une année ou deux aussi, totalement entré dans l'adolescence. Mais c'était moi. Moi dessiné des millénaires avant ma naissance. Mais qu'est-ce que ca foutait là ?!Si seulement Peter avait eu le temps d'arracher la page de gauche et pas seulement l'illustration à l'heure qu'il est je saurais tout. Je saurais qui j'étais, ce que j'étais.

Alors que je détaillais une parcelle d'une terrible vérité que je ne parvenais toujours pas à saisir, j'ai aperçu les mots. Quelqu'un avait griffonné là quelque-chose dans ce même alphabet qu'Iris avait prétendu être la langue oubliée des dieux, comme une précision, sûrement ajouté par quelqu'un qui avait eu le Livre en sa possession à un moment ou un autre, ou par l'auteur lui-même. Comme quand j'avais invoqué mon ombre, quelque-chose dans mon esprit les a traduits comme une langue maternelle. Et ce que j'ai lu alors m'aurait presque fait pleurer des larmes de terreur.

«L'enfant maudit, fruit du parjure. Le Dévoreur »

C'était pas moi. Ca pouvait pas être moi. Parce-que j'avais seulement treize ans et que ce papier en avait au moins treize mille. Parce-que ce garçon était plus vieux que moi, et qu'il avait l'air au moins aussi terrifiant que Jack l'Eventreur. Parce qu'on l'appelait le Dévoreur et que j'avais rien à voir avec ca. Il y avait forcément une autre explication.

-Le dévoreur de quoi ?..., me suis-je entendu murmurer dans un souffle.

Soudain le tapis a entamé une descente si brutale qu'il a manqué partir sans moi et que la feuille de papier s'est envolée. Je l'ai rattrapée in extremis avant de la fourrer à nouveau dans ma poche, abasourdi, et de me cramponner tant bien que mal aux rebords du tapis volant. J'en avais vraiment ral bol d'être trahis par mes moyeux de transports les uns après les autres. Celui-là descendait sur la ville en-dessous de nous, de plus en plus vite.

-Vole !Envole-toi !Va à Olympie, hop hop hop !Stop !Heu, alakazam !Alibaba baba au... oh et puis merde quoi, remonte !

J'ai failli lui chanter « Ce Rêve Bleu » mais j'aurais encore préféré m'écraser. C'était bien ce que je craignais, le tapis des magiciens n'obéissait pas à ma volonté ou quoi, il avait son propre objectif, il était juste sur mon chemin. Et j'étais prêt à parier que je le connaissais. Ce n'était qu'un tapis, après tout. Que je le veuille ou non il rentrait au bercail, et il m'emmenait avec lui. Droit chez les potes des gens que j'avais abandonnés à la mort.

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