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Arsène Lupin m'offre une vision





Hélèna a reculé comme frappée par la foudre, les mains plaquées sur la bouche. Tant de Brume tournoyait maintenant autour de l'imposteur qu'il semblait avoir disparu au milieu d'un nuage de fumée. Lentement, la silhouette de Peter a été remplacée par une autre, celle d'un homme adulte dont la longue cape claquait élégamment au vent soulevé par la magie, une canne tournoyant dans la main. Soudain, sans même que j'ai vu l'imposteur s'en défaire, mon propre poignard a transpercé la Brume pour fuser droit sur moi et s'est planté à mes pieds. Je l'ai arraché du sol avant de reculer, furieux. Personne ne trompait Derek Anderson. Enfin, la Brume a achevé de se dissiper. Et pour la première fois, je l'ai vu. Arsène Lupin.

-Il existe..., ai-je murmuré. Il existe vraiment.

Il était presque exactement comme je l'avais toujours imaginé. Un homme aux cheveux blonds des enfants d'Hermès, soigneusement coiffé, son regard vif et enjoué rendu unique par un monocle à l'œil gauche. Il portait un costume impeccable, plus noir que la plus noire des nuits sans lune. Pas comme ceux de l'OMEGA, non, un costume d'époque, comme s'il se rendait à une soirée huppée du siècle dernier. Il était coiffé d'un chapeau haut de forme qui dissimulait presque toute la partie supérieure de son visage, rendant le bleu de ses yeux dans l'ombre encore un peu plus intense, et son sourire calme et enjoué encore un peu plus inquiétant. Son visage était à la fois très beau et terriblement commun, banal, si ordinaire que j'avais presque l'impression que si jamais j'avais détourné le regard, j'aurais aussitôt oublié à quoi il ressemblait. Entre ses doigts tournoyait une canne dont il n'avait certainement pas besoin, surmontée d'un pommeau sphérique et doré. Mais contrairement à la façon dont il était toujours décrit, il ne portait pas de moustaches au-dessus de son long sourire malicieux. Ceci étant dit, je ne m'y trompais pas. Ce n'était peut-être même pas sa véritable apparence.

Soudain, d'un geste magistrale qui a fait tournoyer sa cape noire, il a planté sa canne dans le sol. J'ai raffermis ma prise sur mes poignards, aux aguets, attendant l'assaut. Il a levé les mains, son sourire s'est élargit... et puis il a commencé à applaudir.

-Bravo !, s'est-il exclamé en français. Impressionnant !Tout à fait remarquable !

Derrière-moi, Hélèna était à deux doigt de perdre la tête, brisée. Il fallait la comprendre : elle avait perdu Peter, puis l'avait retrouvé, avait faillit le perdre à nouveau, et voilà qu'il prenait vingt ans et changeait de visage.

-Derek... Derek qu'est-ce... qu'est-ce qui est en train de se passer ?Comment... comment c'est possible que ce soit en train de se produire ?Je suis la seule qui... depuis quand tu sais... depuis quand tu sais qu'il est... qu'il n'est pas...

-Il nous a laissé des indices volontairement, pour s'amuser, ai-je commencé sans quitter le voleur immobile des yeux. Pour voir si on serait capable de saisir ces chances de le démasquer.

-Que serait le crime, sans un défi ?, a fait Lupin avec une révérence en direction d'Hélèna. Hé oui, Peter Jackson ne se trouve pas en ces lieux ! Ou peut-être y est-il depuis le début ?A moins...

Son sourire s'est élargi.

-... que vous ne l'ayez tout simplement jamais connu ?

Hélèna a encore reculé, comme si elle ne pouvait supporter d'en écouter davantage, comme si chaque mot était une nouvelle abomination. La présence de cet homme dans cette grange, ce type qui parlait comme si sa présence n'avait absolument rien d'incongrue alors qu'il venait de brutalement prendre la place de Peter... ca avait quelque-chose de terrifiant.

-Et à présent, les questions affluent !, a continué Lupin avec théâtralité en écartant largement les bras. Que veux-je, qu'ai-je pris ?Où se trouve le jeune Peter, et comme je l'ai dis, est-il seulement ailleurs ?Suis-je opposant, simple farceur, un autre ennemi, ou un joueur ? Mais avant toutes choses, je suis curieux ! Lesquels des nombreuses évidences que j'ai semé a finalement éveillé vos soupçons ?

J'ai reculé encore d'un pas sans pouvoir m'en empêcher, tout en raffermissant ma prise sur mes armes.

-Je n'ai remarqué que deux indices, ai-je rétorqué finalement. Le premier, ca a été quand on a faillit piquer une tête dans le fleuve. Quand je vous ai hurlé de faire quelque-chose, vous avez dit « je n'ai jamais eu de pouvoirs sur l'eau ». C'est faux, ou en tout cas c'est inexact. Peter m'a dit qu'il avait des pouvoirs sur l'eau, il en avait jusqu'au jour où ils ont disparu durant la nuit où son père a saccagé la Colonie avec le Trident. Vous auriez dû dire, « je n'ai plus de pouvoirs sur l'eau ». Mais bien-sûr, dans la précipitation, on peut se tromper. Je n'ai réellement compris qu'à la toute fin de la poursuite. A la fin, j'étais juché sur le chien d'Actéon avec Orphée, et vous m'avez foncé dessus avec le taxi.

-Mais..., a balbutié Hélèna. C'était moi, au volant, je savais que tu allais sauter, je...

-... mais c'était l'idée de Peter. C'est pour ca que je viens de le féliciter, à notre entrée dans la grange, pour vérifier que l'idée venait bien de lui. Je sais que tu n'aurais pas essayé de me tuer, mais tu fais confiance à Peter. Quand il t'a suggéré ce plan, tu l'as suivi. Mais c'est là tout le problème. Peter Jackson n'aurait jamais suggéré un plan qui aurait pu impliqué de prendre le risque de tuer un de ses compagnons. Il ne t'aurait jamais demandé de foncer sur le chien alors même que j'étais encore dessus, il m'aurait envoyé un message télépathique pour me hurler de sauter. Et encore, je doute que Peter aurait osé prendre le risque de tuer Orphée, c'est quand même un être humain. La gentillesse rend les gens terriblement prévisibles. Et surtout, il y avait son épée.

-Bravoure...

-Ouais. Son épée courte. Depuis qu'on l'a retrouvé, il ne l'a plus. On aurait pu penser que Robin ou Nicolas l'avait gardée, mais à aucuns moments « Peter » n'a semblé s'y intéresser. Il n'a pas tenté de la récupérer, même quand on a brièvement cru que Robin était de notre coté il ne la lui a pas demandé. Cette épée, c'est le courage de Peter. Pour lui, quand elle brille, c'est la preuve qu'il est plus fort que la peur, que plus jamais il ne la laissera le dominer, il y tient autant qu'il tient à sa vengeance contre son père.

J'ai pointé la lame d'un de mes poignards sur Lupin :

-Je sais voir dans les yeux des gens la valeur qu'ont leurs possessions pour eux, c'est pas un pouvoir mais je sais le faire. Pour vous, la perte de cette épée n'était rien, vous auriez pu vous en procurer une autre, tout simplement. En d'autres termes, vous pensez comme moi. Comme un voleur. Si Jason Grace n'avait pas hurlé votre nom, juste avant qu'on quitte la Colonie, je n'aurais jamais compris, je n'aurais même jamais envisagé qu'on puisse avoir affaire à vous. Mais avec cette dernière pièce, tous s'assemblait parfaitement : un voleur au déguisement absolument parfait qui a prit la place d'une personne absolument insoupçonnable. Depuis notre départ, je guette votre arrivée. Alors j'ai tenté le coup. Et effectivement, c'était vous. Tirésias le savait, mais il s'en foutait, tout ce qu'il voulait c'était que je me retrouve au Madison Square Garden. La véritable identité de « Peter » n'avait aucunes importances, il pensait simplement vous tuer avec nous.

Arsène Lupin écoutait sans répondre, une main tapotant négligemment le bord du haut de forme qui dissimulait à présent son regard. Seul son sourire s'élargissait.

-Je vais pas perdre mon calme, ai-je poursuivit. Je vais pas essayer de vous tuer, pas encore. Je sais que vous utilisez la ruse pour semer la confusion dans les esprits, et je sais qu'une partie de vos ennemis ont fini en asile psychiatrique. Alors on va faire ca méthodiquement, en allant à l'essentiel, et seulement après je vais vous descendre : où est Peter Jackson ?Pourquoi vous vous faites passer pour lui ?Et...

Mon regard s'est assombri.

-... et depuis combien de temps ?

Je connaissais les aventures d'Arsène Lupin, je le connaissais. Aussi incroyable que ca puisse paraître, j'étais en face de mon héros, mon modèle. Et je savais qu'avec lui une illusion en cachait toujours une autre. La vérité, glaçante, effroyable, c'est que comme il l'avait dit je n'avais peut-être jamais rencontré le véritable Peter.

-Vous ne sauriez le dire, n'est-il pas ?, a enfin répondu le français d'une voix tranquille. Je ne suis pas peu fier de cette capacité à changer mon apparence, mais la vraie force de ce pouvoir, c'est que même sous la forme d'un vieillard je saurais encore convaincre tout un chacun que je suis un petit garçon.

-Vous saviez qu'on finirait par le remarquer. Vous avez fait en sorte qu'on vous démasque. Alors pourquoi ?

-Je vous l'ai dis, que serait le crime sans un défi ? Ce fut un jeu bien plus plaisant d'observer le temps que vous alliez employer à démasquer mon déguisement. Ceci était un jeu. Et vous venez de le gagner, Majesté.

-Majesté ?..., ai-je répété incrédule.

Soudain, Hélèna a filé près de moi. Avant que j'ai pu l'arrêté, son poing auréolé de lumière s'écrasait déjà où se trouvait Arsène Lupin. Mais quand la poussière qu'elle avait soulevée s'est dissipée, elle était seule au milieu d'un petit cratère, le regard fou, furieuse et terrifiée.

-Où est Peter ?!, a-elle crié en regardant dans tous les sens. Qu'est-ce que vous avez fait à Peter Jackson ?!

-On m'a souvent posé ce genre de questions, il y a longtemps, a fait une voix derrière-nous.

Je me suis retourné précipitamment. Il était là, nonchalamment appuyé contre la porte de la grange, comme s'il n'avait jamais bougé.

-Veuillez m'excuser, mademoiselle, mais il se trouve que la plupart du temps, les gens dont je prends l'apparence ont la fâcheuse habitude d'être des morts.

La lumière d'Hélèna s'est éteinte aussi sec. Elle a baissé les poings, livide, tremblante.

-Qu'est-ce que vous voulez dire ?

-J'entends par là qu'il est bien plus commode de prendre l'apparence de quelqu'un qui ne resurgira pas tôt ou tard pour demander à récupérer ses vêtements. Et si je vous disais que Peter Jackson a cessé d'exister il y a déjà des années ?

-Il n'est pas mort, Hélèna, ai-je coupé sans quitter Lupin des yeux.

Le regard de la fille d'Héra allait de Lupin à moi, sans plus savoir que croire. Mais j'étais absolument sûr de ce que je disais.

-Si ce gars est Arsène Lupin, Peter n'est pas mort.

Une fois de plus, Lupin a éclaté de rire.

-Vous m'amusez, votre altesse, vous m'amusez !Dire que ce nouveau jeu venait à peine de commencer !Vous avez fort bien étudier mes faits et geste, étant petit, n'est-ce pas ?

J'ai aussitôt chassé les interrogations superflues de mon esprit. Il le faisait exprès, il essayait de nous déstabiliser, de nous faire perdre de vue l'essentiel. Je ne devais surtout pas me demander comment il savait ce que je lisais quand j'étais petit, c'était ce qu'il voulait, il tentait de manipuler nos pensées, de nous empêcher de nous poser les bonnes questions. Le reste était sans importance. Se concentrer sur l'essentiel, garder son calme et ne rechercher que les informations qui feraient avancer la situation. Il ne volerait pas ma concentration.

-En cela, vous avez raison, a soupiré Lupin d'une voix théâtrale et amusée. Je ne tues jamais. Je trouve cela salissant, et d'un vulgaire... d'autant plus s'il s'agit d'un enfant, qui de plus semble cher à votre cœur, joli dame. Mes sincères excuses de vous avoir joué ce second tour, ma nature tend parfois à prendre le pas sur mes valeurs.

-Le gentleman cambrioleur..., ai-je grogné. Vous ne tuez jamais, vous êtes d'une élégance ridicule et vous respectez immensément les femmes. Mais vous êtes avant tout un voleur. Vous ne faîtes rien sans raisons. Alors je vous pose la question, Lupin, et n'espérez pas changer de sujet : vous nous avez volé quoi ?

-Vraiment ?Majesté, vous avez devant vous une légende vivante !Ne voulez-vous rien savoir d'autre ?De plus attrayant ?Comment suis-je ici bien en vie, comment j'ai survécu toutes ces années, la raison qui me pousse à ne jamais oublier votre titre ou celle pour laquelle je sais que vous avez lu les histoires me concernant lors de votre enfance ?

-Je suis un voleur, moi aussi, je sais dans quel ordre il faut poser les questions. Vous nous avez volé quoi ?

-Mais où serait le jeu si vous saviez obtenir les réponses aussi facilement? De plus, vos questions déferlent, aussi nombreuses qu'infructueuses, mais à mes yeux la demoiselle a posé la sienne la première, ou du moins s'est on ne peut mieux faite entendre de part son intervention brûlante. Avec tout le respect que je vous dois sire, tout jeune garçon se doit d'apprendre les subtilités de la galanterie et de l'étiquette. Ainsi que celles du blackjack, mais ce jeu me semble de moins en moins répandu. Ceci étant établi, je répondrais tout d'abord à la question de cette jeune fille : vous trouverez Peter Jackson...

Hélèna s'est penché en avant, les poings serrés. J'ai retenu mon souffle, craignant de ne pas entendre la réponse.

-... devant vous.

-Non mais vous vous foutez de ma gueule ?!, ai-je rugit en avançant d'un pas.

Lupin a levé un doigt.

-Un peu de retenu, sire !Un homme se doit d'être calme et posé en toutes circonstances. De plus, dans la situation qui nous occupent, toutes hostilités serait mal venue. Voyez-vous, il serait injuste de dire que j'ai usurpé l'identité de votre jeune ami, ou même ses pouvoirs et ses souvenirs. La perfection de mon déguisement réside dans le fait que je suis Peter Jackson.

Cette fois-ci, Hélèna a failli perdre connaissance pour de bon. Il était en train de lui arriver exactement la même chose que Nicolas quand il avait compris que John n'était qu'un mensonge, sauf que Nicolas avait la force mentale d'un mur en béton armé – et encore, si ca se trouvait à l'heure qu'il était il pleurait comme une petite fille. Mais je ne voulais pas croire que Peter n'était pas réel.

-Vous mentez, ai-je grogné. Vous êtes le pire menteur de l'Histoire.

-Certes, ceci est à moitié baliverne !Et pourtant, le corps que vous avez devant vous à ce instant est le véritable mensonge.

Là-dessus, il a relevé le bord de son chapeau, exposant son visage, et une vive lumière a jaillit dans son œil, celui couvert du monocle. Une lumière de couleur grise cendre, la même que celle dont avait brillé le caducée qui était apparu sur mon torse au collège. Elle faisait resplendir son regard et jetait des ombres sur les murs de la grange tandis qu'elle continuait de grandir, puis il a claqué des doigts, et la lumière l'a enveloppé tout entier en un seul instant. Tous s'est passé en un éclair : tandis qu'il brillait toujours d'un éclat aveuglant, quelque-chose a semblé se détacher de la lumière grise, se détacher de lui, et est tombé sur le sol couvert de paille. Peter. Et ca avait intérêt à être le bon, parce-que putain entre les illusions et les déguisements ca devenait vraiment ridicule.

Lupin a rajusté son haut-de-forme avec un sourire. Il était toujours le même. Mais si j'avais bien compris, jusqu'à maintenant, il n'avait fait qu'utiliser la Brume pour nous montrer son vrai visage alors qu'il possédait encore Peter.

-Et ainsi vous est rendu Peter Jackson. Je sais bien entendu voler les pouvoirs d'un demi-dieu, j'en suis on ne peut plus capable, mais cela est si peu distrayant ! Et ainsi, voilà le secret d'un tour que j'affectionne, altesse : je vole un corps, et je fais miens tout ce qu'il contient. Aptitudes, souvenirs, tous. Riche de cette connaissance, je crée l'imposture parfaite, je reproduis la personnalité dans ses moindres subtilités. Cependant, sachez que je suis un fils d'Hermès. Comme tous les enfants, j'en suis convaincu, vous appréciez les énigmes n'est-il pas ?

-Les pouvoirs des Anciens Hermès, ai-je murmuré. Vous avez les pouvoirs des anciens enfants d'Hermès. Comme moi.

-Une énigme de taille, vous en conviendrez. Tout comme Tirésias, j'en détiens la clé. Et à son instar, je ne dirais rien. Cependant, sachez bel et bien une chose : quelles qu'en soient les véritables causes, la malédiction qui afflige notre famille n'a rien d'une affabulation. Ainsi, à l'évidence j'y échappe tout comme vous. Maintenant, saurez-vous trouver ce qui nous lient ?Qu'avons-nous en commun, sire, faut-il même chercher une similitude ou cette ressemblance n'est-elle point plutôt dû à nos différences ?

J'ai violemment sursauté. Il était en train de réussir à me distraire, une fois de plus. Ce dialogue était un combat, et j'étais en train de le perdre. Il essayait de m'embrouiller. Il fallait se concentrer sur l'essentiel. Peter, à ses pieds. J'ai tendu une main pour essayer de l'attracter par ses vêtements, mais aussitôt que le gamin a bougé de quelques centimètres, Arsène Lupin a claqué des doigts, et j'ai eu l'impression de reprendre mon pouvoir en pleine tronche, comme si on m'avait renvoyé l'énergie que j'utilisais pour Attracté dans une sorte de répulsion.

-Eloignez-vous de lui, ai-je craché en désespoir de cause.

-Par pitié..., a soufflé Hélèna. Je vous en supplie, rendez-le nous.

Lupin a eut un rire désolé.

-Il fut un temps où l'on offrait un sucre d'orge à un galopin et aussitôt il oubliait tout le reste. A présent, tout est devenu si difficile... il faut redoubler de magie, redoubler d'artifices. Je n'utilises que très peu mes pouvoirs, savez-vous ?La magie rends tout si aisé, si ennuyant.. Pourtant, j'ai été dans l'obligation de m'en servir plus souvent ces dernières années que durant tout le reste de ma vie. Mais cessons donc toutes futilités !Tout comme vous, j'en conviens, j'ai une certaine envie de cesser cette joute verbale afin d'en venir à ce qui m'intéresse. Si je suis ici, Majesté, c'est également pour vous offrir un présent.

-Attendez, laissez-moi vous offrir le mien d'abord, ai-je craché en m'apprêtant à lancer un poignard.

Et soudain, une fois encore, Lupin a disparu. Comme ca, sans artifices, aucuns nuages de fumée, pas d'explosion électrique. Il était là, et l'instant d'après il n'y était plus.

-DEREK !, a hurlé Hélèna dans mon dos.

Je me suis retourné. Trop tard. Lupin était juste derrière-moi.

-Ce que je veux vous offrir...

Et avant même que j'ai eu le temps d'amorcer un mouvement pour lui planter un poignard en plein ventre, il a posé son chapeau haut-de-forme sur ma tête.

-... c'est une métaphore.

Je serais incapable de décrire ce que j'ai ressenti à ce moment-là. Je ne suis pas endormi, pas vraiment. C'était juste comme... s'évanouir tout en restant conscient, tomber tout en restant debout. Le monde a disparu autour de moi. Et soudain, je me suis retrouvé dans un endroit complètement différent, dépossédé de mon corps. Je n'étais plus qu'un regard, des yeux posés sur un endroit que je ne connaissais pas.

C'était une salle immense, entièrement faites de glace, et couverte de trésors somptueux. Tout y respirait le luxe et l'opulence, depuis les gravures de batailles parsemant les murs jusqu'à l'immense trône sur l'estrade au fond de la pièce. Pourtant, il s'y passait quelque-chose d'étrange. Les contours semblaient onduler. J'ai compris quand mon regard fantôme s'est posé sur les tapisseries qui flottaient mollement sur l'un des murs : la salle se trouvait sous l'eau.

Soudain, les immenses portes de glace se sont ouvertes d'un seul mouvement, comme poussées par un géant. Aussitôt, des hurlements et des cris ont retentis de l'autre coté, ainsi que le bruit caractéristique des épées qui s'entrechoquent. Une bataille. Deux personnes sont entrées en se traînant plus qu'en courant, un homme mal en point qui soutenait un vieillard qui semblait prêt à mourir. L'homme a fait un mouvement de la main précipitamment, et aussitôt les portes ont claquées derrière-eux un instant avant de commencer à trembler sous les coups de quelque-chose. Ils étaient pourchassés.

-Les portes ne tiendront pas, Père, a haleté celui qui avait fermé les portes. Et tes troupes non plus.

Le vieil homme a tenté de répondre, mais il a été agité d'un soubresaut et a craché du sang qui s'est élevé hors de ses lèvres dans des volutes écarlates. Les robes qu'il portait étaient déchirées, brûlées en plusieurs endroits alors même qu'ils étaient sous l'eau, et lui-même saignait abondamment. Le plus jeune a aidé son père à s'adosser contre le mur du fond, puis s'est retourné vers les portes. Et enfin, je l'ai reconnu. C'était Persée Jackson. Il ne portait pas encore son long manteau noir, et il semblait presque aussi mal en point que le vieux. Le vieux qui ne pouvait donc être que Poséidon. Les choses commençaient à devenir un peu plus claires. Ce que je voyais c'était déroulé avant que Percy ne sombre dans les ténèbres, ou plutôt, d'après ce que je voyais dans ses yeux, pendant. Il devait encore être à la recherche d'Annabeth, à cette époque. Il était allé voir son père dans son palais sous-marin, et pour une raison ou une autre, ils avaient été attaqués. Une bataille que le peuple de la Mer était en train de perdre.

Poséidon a ouvert une main tremblante, lentement, révélant une petite bille verte reposait dans sa paume ensanglantée.

-Prends-la, a-il dit d'une voix à peine audible. Elle est pareille à celle que tu utilisa pour échapper aux Enfers, lorsque tu étais allé y chercher l'Eclair de Zeus. Prends-là, et fuit, mon fils.

-Cette magie ne fonctionne pas sur les dieux, pas vrai ?, a simplement rétorqué Percy en laissant son père contre le mur pour retourner au centre de la pièce. Et tu ne pourras pas te téléporter non plus.

-En effet. Je ne peux t'accompagner. Je suis lié à cet endroit, et il n'est presque plus que ruines. Je n'en ai plus la force.

-Alors je resterais.

Soudain, les portes ont tremblées sous l'impact d'un coup surpuissant, BAM. Aussitôt, Percy Jackson a levé les deux mains, et elles se sont totalement refermées. Mais un instant plus tard, un nouveau coup l'a fait vaciller. Il ne faisait que gagner du temps. Il ne pourrait pas tenir les portes, pas très longtemps.

-Donne-moi le Trident, a soudain haleté Jackson.

Poséidon n'a pas manifesté de surprise. Tout simplement parce-que c'était l'unique solution. Il a remué les doigts de sa main libre, y faisant surgir une arme que j'avais déjà vu : un long trident de bronze vibrant de l'énergie de l'océan. Dans la main de Poséidon, la lumière qui en émanait était plus chaude, verte émeraude. Mais il a serré son arme dans sa main osseuse.

-Je ne le peux. C'est impossible, Percy.

BAM. Les portes ont tremblées sous un coup si colossal que Percy a été entraîné en arrière par l'onde de choc. Il a relevé une main tremblante, juste à temps, alors que les portes commençaient à s'entrouvrir. BAM BAM.

-Père, nous allons mourir. Tu aurais pu les vaincre s'ils t'avaient affronté de front dés le départ, quand le Palais était encore en état, mais tu n'en es plus capable. Dans ton état, un Artefact ne te servira à rien !

BAM, les portes ont une nouvelle fois tremblées, plus fort que jamais. Persée a hurlé de douleur, puis relevé sa deuxième main malgré tout. Son aura de puissance s'est déployée à travers la pièce, de plus en plus faible, alors qu'il employait toute son énergie à maintenir les portes closes. Le problème, c'est qu'elles ont commencées à se fissurer.

-Je saurais en maîtriser la puissance, ou je mourrais en essayant !

BAM BAM BAM.

-Il te détruira, a grondé Poséidon, qui semblait presque avoir accepté son Destin. Le monde a encore besoin de toi, Persée, Peter a encore besoin de toi. Ton existence corporelle ne s'achève pas ici, tu as encore bien trop à faire. Ne voulait-tu pas retrouver ta femme, également ?Prend la perle, et part. Part pour eux.

-Toi aussi, tu es ma famille !Je ne te demandes pas de prendre ce risque pour sauver ta vie...

BAM

-... ni de ne pas le faire pour épargner la mienne !

BAM

-...Fait-le pour sauver ton peuple !

Les fissures ont continuées à se propager, alors que Percy enchaînait des mouvements compliqués pour les ressouder encore et encore. Même sans le Trident, il était réellement devenu incroyablement fort en grandissant. Il est tombé sur un genou, épuisé. Un autre coup a failli arracher les portes.

Soudain, alors qu'elles étaient littéralement en train d'exploser, Percy s'est relevé, et il a à nouveau tendu devant lui deux bras tremblants d'une abominable douleur. Aussitôt, les portes qui allaient s'effondrer d'un centième de secondes à l'autre se sont réassemblées en frémissant sous les coups. La puissance de Percy a redoublé tandis qu'un grondement bas et déterminé montait de sa gorge. C'est là, en le voyant debout face à ces immenses portes de glaces, les deux mains levées malgré la terrible douleur, que j'ai eu l'impression de comprendre pour la première fois qui était Percy Jackson. Qui il avait été. Un homme capable de tous pour ceux qu'il aimait, prêt à mourir milles fois pour ne perdre personne.

-Je ne te l'ai jamais dis...

Un coup surpuissant a fait trembler la salle toute entière. Le corps de Percy a frémit comme s'il avait lui-même reçu l'impact, si fort que j'ai cru un instant qu'il allait se disloquer sous mes yeux. Malgré tout, il a tenu le coup. Ce n'était même plus humain.

-Je ne te l'ai jamais dis, a répété Percy d'une voix prête à flancher. Tu m'as abandonné avant même ma naissance. Pendant des années, je t'ai considéré comme un minable, un moins que rien qui n'avait tout simplement pas voulu de moi. Maman a dû m'élever toute seule, garder ton secret toute seule, ne jamais répondre à la moindre de mes questions en sachant très bien que ce serait à elle que j'en voudrais parce-que j'étais encore incapable de comprendre ton monde !Elle a même dû épouser un porc, pour moi, pour me dissimuler !

Appuyé contre le mur, Poséidon a baissé les yeux, serrant son arme encore un peu plus fort dans sa main fatiguée. Est-ce qu'un dieu pouvait avoir honte ?Un nouveau coup a ébranlé le palais jusque dans ses fondations. Cependant, Percy n'avait pas terminé :

-Mais maintenant, je sais que tu n'avais pas le choix. Je sais que tu l'as fait pour me protéger, pour protéger maman, je sais à quel point tu aurais voulu pouvoir enfreindre les lois de l'univers lui-même juste pour une journée de plus à nos cotés. Et je t'aime. Je suis fier d'être ton fils plus que j'aurais pu l'être d'être celui de n'importe-quel autre olympien, fier malgré tous les problèmes que ca a causé à tout le monde par la suite, fier même si ma naissance a faillit détruire la civilisation. Mais ce que j'ai jamais pu te dire franchement, papa, ce que je veux tu saches si tous doit se terminer ici pour toi ou pour moi, c'est que...

BAM BAM BAM.

Du sang a commencé à couler du nez de Percy jusque sur ses dents serrées par le terrible effort qu'il produisait. C'était probablement aussi dur que si j'avais essayé d'attracter un avion. Mais tant qu'il serait en vie, ces portes resteraient closes.

-JE TE PARDONNE !

Et soudain, les portes ont explosées avec un fracas de fin du monde dans une tempête de glace qui a déferlé dans la pièce. Mais aussitôt, une demi-seconde plus tard, tout autre chose s'est produit. Une explosion de lumière émeraude a resplendit à travers la salle en inondant le palais tout entier d'un éclat incomparable, un éclat qui a semblé entrer dans les murs de glace pour y tournoyer comme une nouvelle vie, une lumière dont j'ai senti le pouvoir dans chaque fibre de mon être alors même que je n'étais pas réellement présent. Une onde de pouvoir surpuissante a traversé l'océan, LES océans tout entiers en un unique instant. Et la lumière a disparue.

Les milliers de morceaux de glaces de la porte ne s'étaient pas éparpillés dans la salle, ils étaient restés en suspension dans l'air – heu, dans l'eau – comme si le temps s'était arrêté. Percy était là, le Trident vibrant de l'énergie de l'Océan à la main, l'eau qui l'entourait tournoyant autour de lui.ils Et alors, sans trop savoir comment, j'ai compris ce qui allait se passer. Ce qui s'était déjà passé. Percy a fait un geste sec du poignet. Aussitôt, les éclats de glace se sont évanouis dans l'air sous forme de particules scintillantes, comme une myriade d'étoiles argentées. Poséidon était toujours derrière-lui, contre le mur, l'air plus faible que jamais.

-Quoi qu'il arrive, Percy..., a soufflé le vieillard d'une voix à peine audible alors que la silhouette des premiers adversaires se dessinait à l'entrée, merci. Merci pour tous.

Percy n'a rien répondu. Il tournait le dos à son père, immobile, face à leurs ennemis, assez puissant pour les combattre ou mourir en essayant. Enfin, on aurait dit.

Soudain, il s'est retourné à demi, lentement, alors même que l'armée adverse faisait enfin irruption face à lui.

-Ils ne combattront plus.

-Crois-tu que de simples mortels ressentent la puissance de l'arme que tu tiens maintenant entre tes mains ?!La menace ne te sera d'aucune aide, mon fils, envoie-les dans l'autre monde !Je connais la bonté de ton cœur, mais nous n'avons pas d'autre...

-...Ils ne combattront plus parce-que nous avons obtenu ce que nous sommes venus chercher.

Là-dessus, Percy a tendu trois doigts de sa main libre vers son père. Poséidon a écarquillé les yeux sans y croire. Et soudain, il y a eu une nouvelle explosion, pas verte émeraude mais de cette même couleur froide dont était faite le regard de Persée Jackson, et Poséidon a été écrasé contre un mur de sa propre demeure avec une telle force que le cri de douleur et de stupéfaction sur lequel sa bouche était grande ouverte ne put s'échapper de sa gorge. Parce-que ce n'était pas Percy Jackson que j'avais sous les yeux. C'était déjà Persée. Persée jouant son propre rôle à la perfection, se faisant passer pour quelqu'un qu'il n'était déjà plus. Il n'avait pas encore ravagé la Colonie, à l'époque. C'était sûrement ce qu'il avait fait juste avant qu'on ne découvre qu'il avait sombré dans les ténèbres. Il était allé voir son père dans le monde sous-marin, sous un prétexte ou un autre, en faisant semblant d'être toujours le même qu'avant. Là, par hasard semblait-il, une armée d'inconnus avait attaquée le Palais. Les hommes de Poséidon s'étaient battus, peut-être même Persée lui-même, sans parvenir à prendre l'avantage sur la technologie étrangère de l'adversaire. Comment ca avait pu fonctionner ?C'était bien simple.

Les ennemis qui entraient à présent à pas lents dans la salle, l'armée que Persée avait soit disant tenté d'empêcher d'entrer, étaient des hommes et des femmes en combinaison de plongée portant des bouteilles d'oxygène dans le dos, armés de harpons, de filets et d'étranges fusils, calmes et silencieux. Et sur l'épaule de chacune de leurs combinaisons était dessinée la lettre grecque oméga. Ceux qui avaient attaqués le Palais de Poséidon, c'était l'Organisation d'Eradication du Greco-Anormal. Et quand il n'était pas demeuré d'autres choix, quand tous avait semblé perdu, Persée avait fait une demande qui semblait tout à fait légitime en dernier recours : « hé P'pa, tu me prête ton Trident ?Je te le rends tout de suite, c'est promis ! ». Et voilà comment Persée avait obtenu l'arme de son père.

Soudain, un flash a envahit ma vision, engloutissant la scène sous une vive lumière, et un instant plus tard j'étais à nouveau dans mon corps, entier. Mes autres sens sont revenus, l'un après l'autre, tandis que je m'effondrais haletant dans la paille de la grange. Arsène Lupin était toujours devant moi, son chapeau à la main. Il l'a remit sur sa tête, et il a à nouveau disparu pour ressurgir plus loin. Hélèna s'est précipitée à mes cotés, tremblante.

-Combien..., ai-je balbutié. Combien de temps j'ai été inconscient ?...

-Inconscient ?, a répété Hélèna qui semblait incapable de détacher le regard de Lupin. Tu n'as pas été inconscient. Il a dit qu'il voulait t'offrir un pythagore, il a posé son chapeau sur ta tête une fraction de seconde et puis... et puis c'est tout.

-Une métaphore, a rectifié le français d'une voix enjouée. Oui, une métaphore, jeune dame !Et ainsi, Percy Jackson était bel et bien le fils que Poséidon connaissait, mais pour autant était-il encore le même ? Poséidon avait sous les yeux Percy Jackson. Pourtant, dans le même temps, ce n'était pas lui. C'était un autre homme, connu sous un autre nom, Persée. Poséidon a été incapable de comprendre cette ambivalence à temps, et pour cela, il a perdu. Aujourd'hui, il tente encore de cacher aux autres olympiens que sa puissance n'est plus ce qu'elle était et qu'il a pitoyablement perdu son objet du pouvoir, son Artefact.

-Où est le Livre ?

L'espace d'une infime fraction de seconde, la question a semblé éveiller quelque-chose de différent chez Lupin. Pas de l'étonnement, personne ne pouvait le déstabiliser, mais quelque-chose. C'était la dernière question que j'avais à lui poser, peut-importe tout le reste, peut-importe les dizaines d'interrogations qu'il avait éveillé dans mon esprit, peut-importe la vision sur le Trident. Je devais rester concentré sur le principal, encore un petit peu. Finalement, Lupin a éclaté de rire.

-Je vois !Ainsi, Jason Grace a retrouvé ses souvenirs !Hé bien, vous trouverez l'objet de vos désirs dans les bois, altesse.

-Arrêtez de vous moquer de nous, ai-je grogné en me relevant. Où est le Livre ?OU ?

-Un oiseau l'a laissé dans une forêt où beaucoup vont chercher pitance gardée par le second père de la peur elle-même, celui qui ne dort jamais. Mais peut-être cette énigme met-elle votre jeune esprit à trop rude épreuve ?

Là, c'était trop. J'ai hurlé le numéro qui devait changer mes poignards en épée, et j'ai jeté mon arme sur notre ennemi. Alors même que la lame filait vers lui toujours plus vite, dans un mouvement plus rapide que le vent il a eu le temps d'ôter son haut-de-forme, de faire une révérence, et alors que l'épée allait le transpercer en pleine tête, il a disparu une nouvelle fois. J'ai aussitôt Attracté l'épée avant de commencer à attendre, aux aguets. C'est là, pendant cette interminable minute où je suis resté dos à dos avec Hélèna à attendre la prochaine apparition du gentleman cambrioleur, que j'ai réellement compris d'où lui venait sa force. Il ne nous avait pas porté un seul coup, à aucuns moments, et pourtant on était là en train de guetter son approche comme on aurait attendus une armée de chien des enfers. Son esprit était plus aiguisé que n'importe-quel lame, et c'était de ce coté là qu'on avait prit des coups.

Finalement, quand j'ai été sûr qu'il ne reviendrait plus, je me suis affalé sur le sol, épuisé.

-Ok. Je crois que c'est bon, on devrait plus le revoir. Est-ce que Peter est ?...

-Il est vivant, a répondu d'une voix tremblante de soulagement Hélèna qui s'était aussitôt précipité sur le petit blond. Il est vivant. En fait, je crois bien qu'il dort, tout simplement.

Il y a eu un moment de silence, comme si on attendait la prochaine catastrophe. Finalement, Hélèna a finit par demander :

-Et maintenant... maintenant, on fait quoi ?On a plus de taxi. Il va falloir porter Peter. Et puis... comment ca se fait que ce type t'appelait Majesté, tu as une idée ? Et depuis combien de temps Peter n'est plus Peter, et puis...

-...on se repose.

-... De quoi ?Tu... tu rigole ?!Ici ?!Maintenant ?!

-Et pourquoi pas, Hélèna ?On n'a pas dormi depuis l'attaque de la Colonie, je suis crevé, pas toi ?Peter dort et il est pas blessé, on ne peut rien pour lui, non ?

-Mais... t'es cinglé !On a été attaqués par Arsène Lupin !Ca vaut tout de même la peine qu'on... je sais pas, qu'on en parle !

-On a aussi été attaqués par Orphée, Lycaon et Robin des Bois. Je sais pas ce que voulait Lupin, mais ce dont je suis certain, c'est que tourner en rond là-dessus pendant encore des heures ne nous avancera à rien. On n'a aucunes réponses, que des questions, des questions qui finiront par nous rendre fou si on commence à se pencher là-dessus.

Elle a encore ouvert la bouche pour protester, mais je l'ai devancée :

-Et il ne reviendra pas. Pourquoi il le ferait ?Tu l'as vu disparaître, franchement ?S'il voulait nous tuer – et ce gars ne tue jamais – alors il l'aurait déjà fait, rien ne l'en empêchait. Et quoi qu'il ait cherché à faire en venant ici, il n'avait aucunes raisons de partir avant d'avoir fini. Et puis surtout, quoi qu'il veule, on ne pourra pas l'empêcher de l'obtenir. Il a les pouvoirs des Anciens, clairement, peut-être même qu'il les a tous. Si y a vraiment une malédiction sur les Hermès et qu'on y échappe tous les deux, alors il devrait être comme moi, un demi-dieu aux capacités ordinaires, plus ou moins à égalité avec les autres sang mêlés. Mais ce qu'il a montré, c'est carrément les pouvoirs d'un dieu. Il a dû voler leurs pouvoirs à des enfants d'Hermès, l'un après l'autre. Même s'il voulait posséder l'un d'entre nous pendant la nuit, alors on aurait beau tous rester éveillés il y parviendrait. Des gens sont devenus fous en se battant contre Arsène Lupin, c'est comme tenté de saisir du feu à mains nues, on n'arrivera à rien d'autre que se brûler. On a trouvé un abri pour le reste de la nuit, alors moi je dors. Réveille-moi au bout de... en fait si t'étais assez flippée pour pas dormir j'aimerais bien.

Elle m'a regardée d'un air hébétée grimper l'échelle vers l'étage supérieur de la grange. J'étais probablement moins secoué qu'elle parce-que Peter comptait moins à mes yeux. N'empêche, si jamais Arsène l'avait tué... j'aurais perdu un atout de poids, et Hélèna avec, sûrement. Ils devraient mourir, bien-sûr, mais pas si tôt, j'avais encore besoin d'eux. Ouais, j'avais encore besoin d'eux et ils devaient donc vivre encore un peu, ce raisonnement était sans failles. Alors pourquoi j'avais cette impression bizarre que quelque-chose était en train de changer, quelque-chose de dangereux ?

J'ai trouvé un tas de paille, dans un coin, sur lequel je me suis effondré plus que je ne me suis endormi, vidé de mes forces. Orphée aurait aussi bien pu surgir et nous jouer une danse des canards maléfique sur un yukulélé, je ne me serais même pas levé.

Pour une fois, j'ai passé une super nuit sans la moindre vision, comme si quelqu'un dérobait tous mes rêves au fur et à mesure qu'ils naissaient dans mon esprit. Mais le truc, avec une quête, c'est que chaque jour est un peu pire que le précédent.

Le lendemain, quand j'ai ouvert les yeux, le soleil perçait franchement entre les planches du toit de la grange. J'ai grogné en constatant que le gout de cendre chaude que je croyais oublié était revenu dans ma bouche. Plus jamais j'avalerais cette saloperie... je me suis redressé, avant de sursauté. Hélèna et Peter était à quelques mètres de moi, l'air hébété, comme si il m'avait soudain poussé des cornes. Ca m'a étonné de voir Peter déjà debout et en pleine forme, mais il avait l'air bien plus surpris que moi, comme si il voyait se lever un mort. Je me suis assis avant de passer une main dans mes cheveux en soupirant. Comme ils continuaient de me regarder comme deux poissons hors de l'eau, j'ai fini par dire quelque-chose :

-Enfin debout, toi ?Tu sais que ca a été super hard, de te retrouver ?

-... Ouais, a finalement lâché Peter qui semblait être incapable de me quitter des yeux. Je combattais les Kères avec tout le monde, et soudain, ce type en costume d'époque est, juste, apparu devant moi. Avant que j'ai eu le temps de réagir, il a posé un doigt sur mon front, et... et après, c'est comme si j'avais dormi en restant éveillé. Je veux dire, pendant que ca se déroulait j'étais totalement inconscient dans mon propre corps, mais maintenant je me souviens de tous ce qui s'est passé comme si ca avait été vraiment moi qui avait fait tous ca dans mon sommeil. Bref. Je me rends bien compte que ca doit être perturbant de comprendre qu'on s'est pas réellement vus depuis qu'on a quittés la Colonie mais... mais c'est... là tout de suite... c'est pas le plus important.

-Tu rigoles ?T'as été possédé par un voleur du 19e siècle, qu'est-ce qui pourrait être plus important que ca ?

Il n'a pas répondu. Il semblait, heu, muet de stupeur.

-Quoi ?Qu'est-ce que vous avez ?

Hélèna a essayé de parler, mais les mots sont comme restés coincés dans sa gorge. Elle me pointait d'un doigt tremblant, comme si elle peinait à croire ce qu'elle voyait. C'est là que j'ai réalisé que Peter avait mon épée à la main – il allait falloir qu'il arrête de me piquer ce truc.

-Derek... Derek tu devrais... Y a un truc qui...

-Je devrais quoi ?Vous avez quoi, par les dieux ?!

-Bon, ok, déshabille-toi.

-...Attends t'as télépathisé quoi, là ?

C'est alors que je l'ai senti. Quelque-chose qui bougeait sous mes vêtements. Derrière-moi.

Sans réfléchir, je me suis débarrassé de mon t-shirt à la hâte, terrifié.

Je n'ai pas eu besoin de me tordre le cou pour regarder. Ca s'est déployé derrière-moi et ca a fait un large mouvement circulaire pour venir s'agiter juste sous mes yeux, à hauteur de mes hanches. C'était une queue. Une queue de loup.

Hélèna a reculé en plaquant les deux mains sur sa bouche, comme frappée par la foudre. Peter s'est contenté de la regarder, les yeux écarquillés. D'une main tremblante, j'ai empoigné ce truc qui semblait douée d'une vie propre.

-Oh putain... Oh putain par tous les dieux... C'est pas... pas....

Une queue de loup. J'avais une queue de loup tout en bas du dos, juste au-dessus des fesses. Elle était faîte d'argent fin, comme mes cheveux. Il m'avait poussé une queue pendant la nuit. De toutes les choses invraisemblables, insensées et terrifiantes qui s'étaient déroulées jusqu'à maintenant, celle-ci était sans aucuns doutes la plus effroyable. Il m'avait poussé une queue pendant la nuit. Une queue. Dans cette situation, un héros reste calme, stupéfait, mais calme, il garde toute sa classe et sa dignité avant d'essayer de comprendre ce qui lui arrive. Je vous ai déjà dis que j'étais pas un héros ?

-J'AI UNE QUEUE !BORDEL DE MERDE J'AI UNE QUEUE DE CHIEN !MERDE !

-On dirait plutôt celle d'un loup, en fait...

J'ai attrapé Peter par le col avant de commencer à lui hurler au visage :

-MAIS ON S'EN TAPE !COMMENT CA A PU ARRIVER ?!J'AI UNE QUEUE DE CHIEN !CHERCHE DANS TA MEMOIRE PUTAIN, C'EST DANS QUEL MYTHE, DANS QUEL LEGENDE, COMMENT...

-Est-ce que tu as été mordu par... par un loup de Lycaon ?, a balbutié Hélèna.

-NON !A aucuns mom...

Et alors, ca m'est revenu. Le gout de cendre dans ma bouche.

-Le nectar. C'est le putain de nectar !C'est ce qu'avait dit Tirésias !Il avait dit que le nectar... annulerait les effets d'un truc, ou je sais pas quoi !Le nectar !

-C'est impossible ! Le nectar peut avoir un effet nocif si on en prend en surdose, mais dans ce cas-là c'est la combustion spontanée, et... et t peine touché !

-Alors quoi ?QUOI ?Il était empoisonné, j'ai été empoisonné, y a un antidote ?!

-Non ! L'unique explication rationnelle au fait que tu sois incapable d'ingérer du nectar, c'est que tu... tu n'es pas un demi-dieu.

-C'est n'importe-quoi !, lui ai-je hurlé au visage avec fureur. J'ai été revendiqué, tu te souviens ?Juste à temps !C'était le caducée d'Hermès, ca pouvait être que lui, ca rimerait plus à rien sinon !Qui d'autre a une caducée comme emblème ?!

-Il était déformé, un peu flou et il brillait très fort, c'était pas vraiment un caducée, on aurait plutôt dit... je sais pas, moi !

-Si je ne suis ni un demi-dieu ni un mortel, alors je suis quoi, une chasseresse ?!Un pharmacien ?!

-Hé, du calme !Ce n'est pas moi qui t'ai donné ce nectar...

Aussitôt, Hélèna a blêmit. Je me suis tourné vers elle, lentement, très lentement. Peter a réalisé ce qu'il venait de dire, trop tard :

-Non non c'est pas ce que je voulais...

-HELENA !, ai-je mugit.

-Kyaaaaaaa !

Elle a détalé à toutes jambes à travers la grange tandis que je la pourchassais comme un hystérique en lui balançant du foin, fou de rage et de terreur :

-TU M'AS EMPOISONNÉ!TU M'AS TRANSFORMÉ EN CHIEN, POUFIASSE !

-En loup, Derek, en loup !, a rectifié Peter comme si ca pouvait me réconforter, tout en tentant de me retenir par le bord de mon t-shirt.

-LAISSE-MOI LA TUER !D'ABORD JE LA TUE ET APRÈS ON PARLE !

-J'y suis pour rien !, a gémit Hélèna en tenant une botte de foin devant elle comme un bouclier. J'ai bu du nectar plein de fois – figures-toi que c'est bon pour la peau – et il ne m'est jamais rien arrivé !C'était juste du nectar normal !

-Et tu crois qu'on m'a filé quoi, quand je suis arrivé à la colo ?! J'ai déjà pris du nectar, Hélèna, et je me suis pas réveillé avec... avec une...

-Peut-être que ca avait pas eu d'effet parce-que t'en avais jamais consommé avant, peut-être qu'il faut une certaine quantité pour que les mutations bizarre se manifeste, Derek, je sais pas, je... ca n'a aucuns effets de ce genre !Pas sur les demi-dieux !

-Aucuns effets ?Bordel, j'ai une queue, Hélèna, UNE QUEUE !Je suis un demi-dieu, y a pas à discuter là-dessus, bon sang !Je vous en supplies dites-moi que vous avez un machin pour ce genre de situations, un lac dont l'eau guérit tous les maux, un gâteau magique, dites-moi que c'est une mutation poilante qui survient à l'occase', parce-que là, plus que pendant l'attaque du collège, plus que pendant l'attaque de la colo', plus que pendant l'attaque du Madison, je commence sérieusement à FLIPPER !

A la vérité, la queue, c'était pas ca qui me tordait les tripes. Ce qui m'inquiétait vraiment, c'était la perspective qu'elle puisse n'être que le début d'une métamorphose bien plus flippante. J'avais vu l'abomination qu'était devenu Lycaon rien qu'avec une tête de loup, je tenais absolument pas à finir avec ce genre de trucs.

J'ai fini par tomber à genoux, haletant, le bout de ma queue entre les mains pour bien réaliser que ce n'était pas un cauchemar.

-Ca devient de plus en plus bizarre..., a murmuré Peter. Mais ce qui est certain, c'est que ca ne vient pas du nectar, pas vraiment. Ca vient de toi. Et puis, c'est comme une sorte de... suite logique. Je veux dire, un loup, ca te correspond vachement bien. Un loup solitaire. Comme si... comme si t'avais toujours été un loup quelque-part en toi, et que maintenant, ca remontait à la surface sous l'effet d'un produit spécifique contenu dans le nectar.

-... Peter, hier j'ai prétendu être un bisounours, mais ca, c'est la chose la plus débile que j'ai entendu depuis le tout début de cette histoire. Je suis humain !Pas trop, mais vachement humain quand même !Y a absolument aucunes raisons qu'un truc pareil m'arrive !Est-ce qu'Hélèna se transforme en paon ?!

-Une chose est certaine, on ne trouvera pas la réponse ici. Tu es un demi-dieu, Derek – enfin, il semblerait. On est en quête pour sauver le monde. Franchement, tu peux supporter qu'il t'aie poussé une queue de loup argenté, non ?

-Je peux supporter qu... bordel Peter j'ai pas de l'acné sur le visage je suis en train de me changer en loup !Nan, désolé, j'ai un peu de mal à assimiler le truc !

-En fait, je te trouve assez mignon comme ca, a osé Hélèna. J'ai envie de te gratouiller la tête.

-Impec'. Désormais, les filles auront envie de me gratouiller la tête. Franchement Hélèna FERME-LA !

-Désolé, désolé !Oh la la...

Malgré tout, Peter avait raison. Aussi dingue que ca puisse être, on n'avait pas le temps de s'attarder sur le fait qu'il m'avait poussé une queue. On ne pouvait rien y faire, pour le moment, et je ne doutais pas une seconde qu'elle serait aussi incassable que mes cheveux, donc je ne pouvais pas non plus la couper. Il faudrait faire avec. C'était vraiment une pensée dingue, mais j'allais juste devoir m'y habituer.

J'ai remis mon t-shirt. Cette fois-ci, comme si elle avait juste voulu se planquer le temps de me faire une blague, elle se glissa dessous pour s'agiter derrière-moi, à la vue de tout le monde. Je n'ai pas essayé de la planquer. Je n'avais plus envie d'en parler, plus envie de la voir, je voulais juste faire comme si elle n'était pas là. Les mortels verraient ce qu'ils verraient, franchement. Et même s'ils voyaient un enfant-loup, je m'en foutais.

-Ok..., a balbutié Hélèna. Donc... donc on fait comme si de rien n'était et c'est tout ?

-Ben ouais. On peut rien y faire, on n'a pas de temps à perdre en vaines conjectures. Alors je propose qu'on reprenne la route sur le champ, et peut-être qu'on trouve à manger. On a perdu assez de temps dans cette grange...

Je n'ai rien répondu. Ouais. Il faudrait juste m'y habituer. C'était un truc de dingue. J'avais une queue, et je ne pouvais... rien y faire. Comme si je pouvais juste passer à autre chose, aussi facilement !J'avais une QUEUE !

-Bon. J'avais prévu d'emporter une carte, des vivres, ce genre de choses, mais à cause de notre départ précipité, on est plus démunis que jamais. Par contre, on n'est pas totalement perdu : avant de partir, j'avais déjà commencé à étudier à fond la géographie du pays. Je me souviens du chemin qu'on a parcourus quand Lupin était dans mon corps, du tracé qu'a suivi Derek après avoir longé l'East River, et si je ne me trompe pas ont approchent de Washington. Mais ce serait un détour, on ne s'est pas dirigé dans la bonne direction, on peut aller plus vite en comptant sur les petites villes qu'on trouvera en se privant un peu de nourriture pour aller vers...

-Washington ?, ai-je coupé. On approche de Washington, t'as dis ?

Aussitôt, des souvenirs me sont revenus. J'avais habité à Washington un certain temps, dans une autre famille d'accueil. Je me souvenais un peu de la ville. Et alors, soudain, tout est devenu clair. L'évidence. C'était presque trop facile. Un grand sourire carnassier a éclairé mon visage.

-Ouais, a répété Peter sans comprendre. On est à proximité de Washington, mais ce serait un détour.

-Au contraire, on va être forcés d'y passer. On va à Washington.

-Quoi ?Mais pourquoi tu veux perdre tout ce temps ?

-Je croyais que tu te souvenais de tous ce qui s'était passé? Je doutes pas une seconde qu'il l'ai fait exprès et dans un but précis, mais Arsène Lupin nous a révélés quelque-chose, avant de se barrer, sous la forme d'une énigme débile.

Les yeux de Peter se sont mit à briller d'un éclat nouveau, illuminés par un espoir qu'on n'y avait sans doute pas vu depuis des années.

-Tu veux dire que ?...

-Ouais. On va comprendre ce qui est arrivé à ta mère et peut-être découvrir le fond de toute cette histoire de dingue. Je sais où se trouve le Livre, et c'est à Washington.

Donc, nous avons : une malédiction à laquelle seulement trois fils d'Hermès ont su échapper alors qu'ils semblent ne rien avoir en commun et sont nés à plusieurs siècles d'écart, Arsène Lupin donnant du Majesté à un gosse de treize ans, un caducée déformé et une queue de loup. Le plus diabolique, c'est que si vous pensez pouvoir dégager une piste avec ces éléments, ca veut dire que vous êtes encore plus paumés que ceux qui ont rien compris, MWIHIHIHIHIHI.

PS: D'ailleurs ce chapitre a mis mon esprit pervers en pls.

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