Chapitre 8 - Ballade nocturne
- Encore un, Akaashi ! s'écrie Bokuto en s'elançant vers le filet.
Il frappe alors la passe avec force et précision et le ballon fend l'air pour aller s'écraser avec un bruit sourd de l'autre côté du terrain. Onaga et Wahio soupirent devant l'inefficacité de leur bloc.
- Encore un ! répète le pointu de l'équipe, infatigable.
Mais un à un, les joueurs de Fukurodani épuisés jettent l'éponge et quittent le gymnase jusqu'à ce qu'il ne reste plus que Bokuto et Akaashi. Cependant au bout d'un moment, même le passeur ressent de la fatigue.
- Tu pars déjà, Akaashi ? Mais je voulais encore frapper des balles, moi ! ronchonne le champion.
- Tu peux faire de la muscu ou rentrer chez toi en courant si tu as encore autant d'énergie, réplique le brun. Moi, j'arrête et je rentre. À demain.
Bokuto fronce les sourcils en voyant son acolyte de toujours quitter le terrain et s'en aller vers les vestiaires. C'est de plus en plus souvent ces derniers temps qu'Akaashi le laisse tomber aussi tôt dans la soirée et tout à coup les mots de Sawako lui reviennent en mémoire.
" Peut-être qu'il a une petite amie"
- Est-ce que ça serait ça ? se demande le volleyeur en ramassant sa gourde sur le parquet du gymnase à présent désert. Il reste moins à l'entraînement parce qu'il a une copine ? Pourquoi ?
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- Je croyais que tu n'aimais pas les films d'horreur ? s'étonne Ken tandis que Sawako lui raconte sa journée de la veille avec l'équipe de volley.
- C'est le cas ! rit Sawako, plongée en pleine préparation de deux cappuccinos pour des clients tardifs. Je déteste ça ! Mais Bokuto n'a pas arrêté de me faire rire pendant les moments effrayants alors c'est passé tout seul!
- Bokuto... Je vois... marmonne le blond dans sa barbe. Encore et toujours Bokuto. Tu es du style gros muscles et pas trop de tête alors... ajoute t-il pour lui même avec jalousie tandis que la jeune femme s'éloigne avec sa commande sur un plateau.
La soirée est plutôt calme dans le petit café de quartier mais malgré tout Sawako est heureuse de terminer enfin son service. Entre les cours, ses responsabilités à la maison et ce petit boulot de serveuse, la jeune femme accumule de la fatigue et doit se rappeler régulièrement les raisons pour lesquelles elle fait ça, même si elle n'a plus autant de temps qu'avant pour vraiment cuisiner comme elle le veut ou bien se balader en ville. Elle repense à sa discussion avec Akaashi et aux aquariums de Tokyo. Elle aimerait réellement trouver du temps pour y aller et flâner au milieu des poissons, comme elle aimait tant le faire à Osaka.
La nuit est tombée depuis un moment et les rues sont désertes lorsque Sawako salue son collègue devant la grille fermée du café.
- Tu es certaine que tu ne veux pas que je te raccompagne, Nakamura ? insiste Ken alors que la brune commence à s'éloigner. On sait jamais...
- Mais oui, sourit-elle gentiment en lui adressant un signe de main. Ne t'inquiète pas pour moi, je n'habite pas loin et... Je sais me défendre ! En plus ton appartement est complètement à l'opposé... À demain !
Le blond la regarde remonter la rue avec une moue boudeuse puis laisse échapper un soupir de frustration avant de prendre la direction de chez lui. Décidément, il joue de malchance avec elle et rien ne semble faire pencher la balance de son côté. Il a l'impression que la place est déjà bien occupée par ce satané volleyeur même si la brune répète qu'ils ne sont qu'amis. Ken croise son reflet dans une vitrine de la rue et serre les poings, bien décidé à ne pas baisser les bras si facilement.
Sawako lève la tête vers le ciel d'encre où de gros nuages dissimulent les étoiles et la lune, rendant la nuit légèrement sinistre. Elle se met à souhaiter arriver à la maison avant que la pluie ne se décide à tomber. Tout en marchant, ses pensées dérivent vers Ken. Elle a parfaitement conscience que le jeune serveur blond espère plus qu'une relation de travail ou même amicale avec elle. Sauf que, malgré son caractère aimable et ses beaux yeux bleus, il ne provoque absolument rien en elle, pas même une vague tendresse et encore moins de l'attirance. Elle ne s'imagine absolument pas avec lui dans une situation romantique, son cœur reste de marbre face à ses sourires et sa peau ne frémit pas lorsqu'il effleure ses doigts. Il est très gentil avec elle et Sawako sait que ce n'est pas le genre de garçon à pousser les choses mais ce n'est pas correct de le laisser dans le flou. La jeune femme réalise également qu'un jour où l'autre, elle devra être franche avec lui et étouffer ses espoirs dans l'œuf, même si cela signifie perdre un collègue de boulot sympa.
Un craquement résonne subitement la faisant sursauter alors que ses pas l'entraînent dans le parc désertique. Elle s'arrête de marcher pour scruter les environs autour d'elle et prend conscience de l'obscurité qui y règne. Les ombres semblent tendre leurs mains pour s'emparer d'elle et le silence nocturne se remplit de bruits inquiétants, éclipsant ceux, rassurants, de la ville. Sawako sent son cœur s'accélérer sous l'effet de la peur et son cerveau commence à imaginer des scénarios terribles où un psychopathe se rue sur elle pour la violer ou la tuer.
- Saleté de film d'horreur ! soupire t-elle en secouant la tête pour freiner son imagination débordante.
Elle resserre ses bras autour d'elle et faisant fi de la chair de poule qui se répand sur tout son corps, elle reprend son chemin d'une démarche un peu plus rapide.
Mais Sawako n'a pas fait dix mètres qu'elle entend des bruits de pas derrière elle et elle a beau se répéter que c'est seulement le fruit de son imagination, les pas semblent se rapprocher inexorablement d'elle. Une sueur froide l'enveloppe à présent et sa respiration devient plus courte à mesure que son cœur bat plus vite dans sa poitrine.
Elle sent la présence approcher et décide de ne pas se laisser faire. Si ce psychopathe en veut à sa vie ou à sa culotte, il va payer le prix fort pour l'avoir. Tout en accélérant encore le pas, Sawako resserre sa prise sur son sac et lorsqu'elle sent la main de son suiveur sur son épaule, elle pivote d'un coup sec pour lui balancer son arme improvisée dans le visage.
- Aïe ! s'écrie une voix familière.
Sawako découvre alors Bokuto, accroupi à ses pieds, le visage dans les mains.
- Bokuto ? Mais... Par tous les dieux ! C'est toi ! souffle t-elle avec un soulagement perceptible jusque dans la voix avant de s'accroupir à son tour pour lui faire face. Je t'ai fait mal ? Je suis désolée... Je...
Avec douceur, elle retire les mains du volleyeur de son visage et y remarque une marque rouge bien distincte sur sa pommette puis soudain, elle le frappe à l'épaule, le faisant tomber complètement par terre.
- Hey !
- Idiot ! s'énerve t-elle. Tu m'as fait une de ses peurs ! On n'a pas idée de suivre les gens comme ça la nuit ! Surtout après m'avoir fait regarder des horreurs au cinéma ! Tu mériterais que je te frappe encore !
- Je pensais pas te faire peur... Excuse moi ! dit-il en se massant la joue, toujours assis par terre. En passant, j'ai vu que ton café était fermé alors j'ai couru pour te rattraper...
- Pourquoi ?
- Ben... Pour te raccompagner chez toi... avoue Bokuto en se relevant, la joue toujours rouge. Pour pas que tu rentres toute seule...
- Mouais... C'est gentil... marmonne la brune en levant les yeux au ciel avant d'ajouter avec plus de douceur. Et t'es pas à l'entraînement ?
- Ils sont tous rentrés... Même Akaashi... Tu finis toujours à cette heure ci le soir ?
- Oui, pratiquement, répond Sawako en reprenant le chemin de chez elle, Bokuto à ses côtés.
Le volleyeur enregistre cette information dans un coin de sa tête et songe qu'il pourrait rentrer avec elle lorsqu'elle est du soir.
Ils marchent quelques instants en silence. Le cœur de Sawako récupère peu à peu un rythme apaisé et elle esquisse un sourire en voyant, du coin de l'œil, Bokuto se frotter la joue.
- Désolée de t'avoir frappé... Tes admiratrices vont m'en vouloir si j'abîme leur héro ! ricane t-elle avec une certaine ironie.
- Mes quoi ?
- Comme si tu n'en avais pas conscience... Tu es le grand champion de Fukurodani, les filles sont en extase devant toi...
- Ah bon ? rétorque Bokuto avec une naïveté touchante. Si tu le dis... Mais ce n'est pas ça qui me fait aimer plus le volley.
- Vraiment ? Je vois...dit la brune dans un souffle, agréablement surprise de voir que Bokuto ne fait pas partie des sportifs coureurs de jupon qui existent partout dans le monde. Que ce soit dû à une naïveté excessive ou à une passion trop dévorante pour son sport, elle apprécie le fait qu'il ne court pas après les groupies. D'ailleurs, pourquoi aimes-tu autant le volley ? demande alors Sawako curieuse d'avoir la réponse à cette question.
Le jeune homme semble y réfléchir pendant un long moment, si long que Sawako commence à penser qu'il ne lui répondra pas. Alors qu'elle s'apprête à ouvrir à nouveau la bouche, il se décide enfin à parler.
- La sensation quand j'entre sur le terrain, les acclamations du public et le regard des adversaires quand je place une ligne parfaite ou une diagonale serrée, c'est grisant. Je retire une certaine fierté à faire hurler la foule, avoue le champion avec un sérieux inhabituel chez lui malgré le sourire légèrement arrogant qui étire ses lèvres. Mais surtout, le plus exaltant, c'est de les sentir derrière moi quoiqu'il arrive, mes coéquipiers et la foi qu'ils ont en moi... de sentir que je suis le plus fort et que je peux les mener à la victoire. Ça me rend accro au volley.
De manière incompréhensible, ce discours attise la curiosité de Sawako plus qu'il ne l'étanche. Le regard qu'elle pose sur Bokuto est à la fois intrigué et tendre tandis qu'elle réalise que le champion est peut être un peu plus complexe que ce qu'il laisse paraître. Elle perçoit l'aura du champion derrière celle du simple lycéen.
Sawako écoute ensuite tranquillement Bokuto parler avec passion de volley, de ses matchs, de ses techniques, de ses ambitions pendant le reste du trajet. Sa voix est enjouée, parfois un peu trop et la jeune femme est alors obligée de lui rappeler qu'il est tard et qu'il faudrait éviter de réveiller tout le voisinnage.
- Tout le monde dit que je suis un génie car je suis doué sur le terrain mais en fait je travaille dur pour garder le niveau car sinon qu'est ce que je ferais ? Finalement, je suis juste un type ordinaire qui aime jouer au volley plus que tout et qui ne sait rien faire d'autre... conclut Bokuto sur le ton de la confession.
- Tu ne seras jamais ordinaire pour moi, lâche Sawako sans y penser, les yeux rivés sur le ciel qui se dégage, laissant apparaître des milliers d'étoiles.
Obnubilée par le spectacle magnifique qu'offre la voie lactée, la brune ne voit pas le regard surpris et flatté de Bokuto se poser sur elle à la suite de ses mots.
- Qu'est-ce qu'elle a voulu dire par là ? pense t-il en la dévisageant. Elle non plus n'est pas ordinaire... Je devrais peut être lui dire...
Il détaille les lignes délicates de son visage, son regard glisse du contour de ses lèvres légèrement entrouvertes à ses grands yeux d'encre dans lesquels les étoiles du ciel semblent se refléter. Il la trouve vraiment belle à cet instant et il n'arrive pas à détacher ses yeux jusqu'à ce qu'elle sente enfin le poids de son regard peser sur elle.
- Tout va bien ? demande Sawako en arquant un sourcil interrogateur.
- Je... Oui ! répond t-il avec empressement en détournant les yeux, le cœur battant un peu plus fort. Je... Je tourne ici. Bonne nuit Sawa-chan !
La brune le regarde partir au pas de course, quelque peu étonnée et alors qu'il disparaît au coin de la rue suivante, un doux sourire étire le coin de ses lèvres.
- Bonne nuit Kotaro, souffle t-elle, avant de reprendre le chemin de sa maison.
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Le reste de la semaine se passe calmement et les soirs, après son entraînement, Bokuto prends l'habitude de passer devant le café de Sawako pour faire le chemin de retour avec elle. Mais ce soir, tandis qu'il termine de ranger les ballons avec Akaashi, il jette un coup d'œil rapide à la pendule et laisse échapper un juron.
- Merde !
- Qu'est ce qu'il t'arrive ? interroge le passeur, surpris de voir son coéquipier s'agiter plus que d'ordinaire.
- Je suis à la bourre ! Je dois retrouver Nakamura !
En le voyant enfiler son jogging et sa veste par dessus sa tenue de volley, Akaashi hausse les sourcils.
- Tu prends pas ta douche ? s'étonne t-il alors que Bokuto est déjà dehors en train de mettre ses baskets.
- Pas le temps ! Je suis en retard, elle va m'attendre ! crie le champion sans se retourner tandis qu'il commence à courir.
Le jeune homme court jusqu'à apercevoir au loin le café de son amie. Il ralentit enfin la cadence pour reprendre son souffle et la voit sortir, accompagnée de son collègue aux cheveux blonds. Ce dernier ferme la grille pour ensuite se tourner vers Sawako qui paraît chercher quelque chose des yeux. Bokuto ne peut s'empêcher de sourire en la voyant, sous l'éclairage de la rue, dans sa tenue noire de serveuse, ses longs cheveux relevés en chignon, espérant au fond de lui que c'est lui que son regard cherche. Le blond continue de parler à sa collègue visiblement pas très attentive alors que Bokuto reprend sa course à petites foulées.
- Je t'assure que ça me gêne pas de te raccompagner, Nakamura ! entend le champion en arrivant vers eux. Je m'en voudrais terriblement si tu te faisais agresser ou quelque chose dans ce goût là...
- T'en fais pas, elle sait très bien se défendre ! intervient Bokuto en riant. On dirait pas vu sa taille, hein! ajoute t-il en posant son coude sur le haut du crâne de la brune.
- Arrête ça ! le gronde Sawako en tentant de retenir l'éclat de rire qui menace de franchir ses lèvres. J'ai l'impression d'être minuscule quand tu fais ça !
- Faut quand même avouer que t'es vraiment pas très grande, Sawa-chan... Je suis sûr que tu pourrais rentrer dans mon sac !
Sawako finit par pouffer de rire avec son ami en repoussant son bras et alors qu'ils se chamaillent, Ken leur jette un regard agacé. Leur complicité est flagrante et il ne peut s'empêcher d'en ressentir une certaine jalousie. La brune n'est jamais aussi enjouée en sa compagnie et elle ne pose jamais un regard aussi doux sur lui.
- Ken, ne t'en fais pas pour moi, dit Sawako avec un sourire aimable. Je rentre avec Bokuto. On se voit la semaine prochaine !
Les deux lycéens quittent la petite place du café et prennent la direction de chez eux. Une brise légère souffle et balaye leurs visages mais une odeur de transpiration fait froncer le nez de Sawako et elle lance un regard au volleyeur à ses côtés.
- Bokuto ? Pourquoi tu t'es pas douché après l'entraînement ce soir ?
- J'étais à la bourre ! réponds ce dernier avec désinvolture.
- Tu n'avais qu'à m'envoyer un message et je serais rentrée seule... Ça n'aurait pas été grave.
Bokuto ne répond rien mais il se met à réfléchir sur la raison qui l'avait poussé à vouloir à tout prix rejoindre Sawako ce soir. Il voulait la voir et ne s'était pas poser plus de questions. Il voulait tout simplement être avec elle.
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Hello les loulous !
Et voilà le petit chapitre de début de semaine !
On avance pas à pas mais on dirait bien qu'un truc se passe entre Bokuto et Sawako !
Mais je sens que la frustration va commencer à monter de votre côté 😅
J'en suis désolée 😈
Avez vous des hypothèses sur la suite des événements entre eux deux ? À votre avis, ils vont encore se tourner autour longtemps ?
Et le petit Ken ? Va t-il être un obstacle selon vous ?
En tout cas, merci de lire cette histoire (et j'espère de l'apprécier !)
À très vite pour la suite 😘😘
Sawako ❤️
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