Chapitre 31 - La fin d'un chapitre
Malgré les instructions du coach, Bokuto descend dans le froid de la nuit hivernale tokoyïte. De toute manière, il ne réussira pas à dormir avant un bon moment tant son corps est encore chargé de l'adrénaline des matchs du jour et de l'excitation d'avoir revu Sawako. D'un air absent il fixe le ciel nocturne que les lumières de la ville teinte d'orange. Son souffle se transforme en buée devant lui à chaque expiration en même temps que son esprit tourbillonne de mille pensées. Il songe à Sawako, aux matchs de demain, à ses coéquipiers et à l'avenir. Ce soir, à la sortie du gymnase, il a été approché par le sélectionneur d'une équipe professionnelle. Ce premier contact avec un club pro lui a confirmé ce qu'il souhaite pour le futur: jouer au volley. Il rêve de cette hypothétique carrière qui semble se concrétiser lorsque la voix d'Akaashi le sort de ses songes.
- Qu'est-ce que tu fabriques à nouveau tout seul dehors ? Tu veux réellement attraper froid !
- Tu te souviens de ce que je t'ai dit hier soir ? rétorque Bokuto sans quitter les étoiles des yeux.
- Oui... Tu as affirmé que tu vivrais jusqu'à 130 ans. Tu veux revenir la dessus ? raille gentiment le passeur.
- Naaan ! ricane le champion. Je t'assure que je vivrais jusqu'à 130 ans! Je parlais du fait de continuer à jouer au volley après le lycée... J'ai reçu une proposition de club ce soir, termine t-il en tournant enfin le regard vers le brun.
- C'est une bonne chose mais ce n'est pas franchement étonnant, après tout, tu as bien joué aujourd'hui. Il y en aura probablement d'autres qui t'approcheront demain...
- J'espère bien! Je veux avoir le choix et je sais où je veux vraiment aller jouer!
- C'est-à-dire ? questionne le passeur, supris que son capitaine ait des vues sur un club en particulier. Tu voudrais jouer pour quel club?
- Kota ? intervient une voix douce derrière eux, faisant se retourner les deux volleyeurs comme un seul homme.
Sawako, les joues rosies par le froid malgré son épaisse écharpe, les fixe de ses grands yeux noirs brillants. En réalité, son regard est plutôt rivé sur Bokuto et Akaashi se sent immédiatement de trop lorsque son coéquipier plonge dans les prunelles sombres de celle qu'il aime.
- Je vous laisse, souffle t-il, sceptique que ses mots atteignent leurs oreilles. Bokuto, ne reste pas trop longtemps dehors, on joue demain matin.
Bokuto ne semble plus l'entendre alors c'est avec un soupir mi amusé mi résigné qu'il s'éloigne vers le hall de l'hôtel. Avant de passer les portes, le jeune passeur jette un dernier coup d'œil et sourit en les découvrant chastement et tendrement enlacés au milieu des lumières nocturnes de la ville.
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Les gradins résonnent des acclamations d'un public déchaîné. Bokuto sent son cœur battre en écho au bruit des supporters. La demi-finale a été une rencontre difficile mais les noirs et blanc ont relevé le défi de gagner ce match face à une équipe équilibrée et puissante. A présent, c'est la grande finale qui est sur le point de débuter et le gymnase entier semble subir l'excitation du match fatidique à venir. Bokuto se sent étrangement calme et serain, il serre les points puis ferme les yeux pour s'imprégner de toute cette énergie qui l'aide, de manière inexplicable, à se concentrer. Aujourd'hui, il doit être le meilleur, pour lui, pour elle, pour l'avenir. Non. Aujourd'hui, il sera le meilleur. Le numéro un du top un.
Fukurodani est en finale. Un dernier petit match et le pays connaîtra enfin son nom. Et un jour, ça sera le monde.
L'écho du sifflet de l'arbitre résonne en lui comme un bateau au milieu de l'océan et il rouvre les yeux pour sonder les visages autour de lui. Bokuto sourit. Ses coéquipiers semblent tous aussi concentrés et prêts à remporter la victoire qui les mènera à la première marche. Le coach leur donne les dernières directives et le match de finale du tournoi de printemps démarre. Les rouges et blanc du lycée Ichibayashi ne sont pas arrivés ici par chance ou hasard et comptent eux aussi remporter la grande finale du tournoi. Le premier set s'engage mal pour Fukurodani. Les noirs et blanc font face à des adversaires déterminés et particulièrement bien préparés aux attaques de Bokuto. Sans précipitation ni arrogance, ils repoussent le champion et ses coéquipiers jusqu'à remporter le set.
Tandis qu'ils boivent goulûment, les membres de l'équipe jettent tous des regards discrets à leur capitaine. Silencieux, le dos raide et les yeux scellés au terrain, Bokuto est-il en train de sombrer dans la déprime ? C'est ce que chacun se demande intérieurement en échangeant des oeillades inquiètes avec les autres.
- Ils ont carrément pas voler leur place ici, dit soudain Bokuto d'une voix neutre. C'est vraiment une équipe de niveau national.
Seul un silence répond à ses mots, aucun ne sachant quoi répondre, hésitant encore sur l'humeur du champion. Puis brusquement, Bokuto éclate d'un grand rire joyeux, les mains sur les hanches, faisant par la même sursauter tous ses camarades.
- Le deuxième set est pour nous et ensuite on plie ce match ! s'écrie t-il avec enthousiasme en se tournant vers son équipe. Allez, les gars! Faîtes pas ces tronches! Et assurez moi des belles passes! Ok, Akaashi ?
Sa bonne humeur devient communicative et galvanise les autres joueurs. L'équipe de Fukurodani retourne sur le terrain la tête haute et un air déterminé sur le visage sous le regard confiant et amusé de Yukie.
- Il peut se comporter comme un capitaine digne de ce nom quand il veut, cet imbécile ! songe la manager en serrant son carnet de note contre elle. À toi champion! Mène nous à la première place!
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L'entrain et la volonté de gagner permettent à l'équipe des noirs et blancs de remporter les deux sets suivants mais Fukurodani s'incline finalement face à Ichibayashi après un long et épuisant combat en cinq sets. Le tournoi de printemps s'achève ici pour Bokuto et ses coéquipiers. Un sentiment de frustration et de déception s'abat d'abord sur le champion puis, lorsque ses yeux mordorés balayent le visage de ses amis, son cœur se serre de culpabilité. Il a échoué. Il a échoué en tant que capitaine et en tant que champion.
- Mes passes étaient beaucoup trop courtes, se blâme tout à coup Konoha accroupi à ses côtés. J'ai merdé...
- Désolé... Tes passes étaient très bien. J'aurais dû marquer ce point, lâche Bokuto avec une certaine rancœur contre lui même. C'est ma faute !
- Tu sais quoi Bokuto... déclare le numéro 7 en se redressant, le souffle encore court. Au final, tu étais vraiment vraiment un chieur de première ! Mais si je n'avais pas été dans ton équipe, je n'aurais jamais été jusque là. Je m'estime chanceux d'y être. Alors toi, continues! Ne t'arrêtes pas ici, monsieur le grand champion !
Le jeune homme accompagne ses mots d'une grande tape réconfortante entre les omoplates et rapidement Bokuto sent les mains de tous ses coéquipiers lui frapper dans le dos. Le capitaine de Fukurodani perçoit alors toute la confiance et l'estime qu'ils ont toujours eu pour lui et un sourire vient étirer ses lèvres.
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- Cette fois, ça y'est... le volley au lycée, c'est bel et bien fini, pense Bokuto tandis qu'il étire ses bras au dessus de sa tête en attendant les autres dans le hall du gymnase. C'est la fin d'une époque...
Il repense avec une pointe de nostalgie aux trois années qui viennent de s'écouler. C'est avec cette équipe qu'il a vécu son moment décisif, cet instant miraculeux lors duquel il a compris que le volley serait son avenir. C'est également cette équipe qui l'a porté comme champion match après match. Et aujourd'hui, il doit rester ce champion mais sans eux.
- Excusez- moi ? Bokuto Kotaro ? l'interpelle une voix dans son dos.
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- Ça veut dire que tu ne vas plus jouer de match maintenant que le tournoi est passé ? interroge Sawako en serrant son chauffe-main entre ses paumes glacées.
Bokuto et elle marchent tranquillement en direction du lycée dans le froid matinal du lundi suivant. La jeune femme frissonne rien qu'en apercevant le manteau grand ouvert de son petit ami. Comment fait-il pour ne pas avoir froid ni même tomber malade ?
- On fera des petits matchs entre nous pendant les entraînements mais les terminales vont laisser la place maintenant...
Sawako décèle une trace de tristesse dans la voix du champion. Elle n'a pas de mal à comprendre qu'il a du mal à faire le deuil de son équipe et de cette période de sa vie. Mais elle l'a vu être abordé à plusieurs reprises par des types qui avaient tout de recruteurs lors des dernières heures du tournoi. Alors même si Bokuto ne lui en a pas encore ouvertement parlé, la brune sait qu'il a reçu des propositions d'équipe professionnelle et que son avenir dans le volley est assuré.
- Ce n'est que temporaire, lui dit-elle en souriant avec confiance. Dans quelques mois, tu joueras sans t'arrêter pour un grand club!
- Probablement... J'ai eu quelques propositions intéressantes mais j'aimerais en parler avec le coach avant de prendre une décision...
Sawako meurt d'envie de l'interroger sur ces fameuses propositions. Quelles sont ces clubs qui veulent intégrer le champion à leur équipe ? Dans quelle ville devra t-elle le suivre ? Pourra t-elle, elle aussi, poursuivre son rêve de devenir chef ?
Alors qu'elle s'apprête à lui demander des détails, ils tombent nez à nez avec Akaashi et Yukie dans la cour du lycée. Leur conversation au sujet de l'avenir tourne court tandis que les deux garçons commencent à discuter de leur club et de l'équipe de Nekoma.
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Le mois de janvier s'étire et se termine sans que Bokuto ne fasse part à Sawako d'une quelconque décision. La jeune femme se refuse à lui mettre la pression mais elle ne peut s'empêcher de ressentir une certaine angoisse au sujet de leur avenir.
- Non, il n'en a pas parlé au club non plus, déclare Yukie quand la brune l'interroge à ce sujet. Mais vous en avez pas discuté depuis le tournoi ? Je veux dire... vous passez beaucoup de temps ensemble en ce moment, le sujet n'est pas venu sur le tapis ?
- Et bien... rougit Sawako. Disons qu'on a pas trop la tête à parler quand on est ensemble ces derniers temps...
- Vous alors ! éclate de rire la manager. Vos retrouvailles vont durer plus longtemps que votre séparation ! Mais franchement, reprend t-elle plus sérieusement, si ça te tracasse, tu devrais lui en parler, Sawa-chan.
La brune pousse un soupir résigné. Elle sait que son amie a raison bien sûr.
Le soir venu, Sawako tortille ses doigts sous l'effet de la nervosité. Bokuto est juste à côté d'elle, assis à l'îlot de la cuisine de chez lui, en train d'engouffrer sa deuxième crêpe alors que la jeune femme a à peine entamé la sienne.
- Tu vas vexché ma cheur chi tu manches pas la crêpe qu'elle t'a fait, dit le volleyeur, la bouche à moitié pleine. Cha va pas bien ?
- Je... j'aimerai qu'on parle, Kota.
Bokuto se fige et avale avec difficulté en la dévisageant avec des yeux ronds.
- Tu vas encore partir, c'est ça ? panique t-il. Tu veux me laisser tomber ?
- Quoi ?! Mais non voyons, je vais pas te laisser tomber ! Quant à partir... ça dépend de surtout toi, je pense...
Le jeune homme fixe sa petite amie d'un air ahuri, ne comprenant vraisemblablement pas où elle veut en venir.
- Kota, soupire cette dernière. On doit parler de ce qu'on va faire après notre remise de diplôme... Est-ce que tu as choisi un club où tu...
- Oh! Euh...oui. Oui, j'ai choisi et j'ai même répondu au club.
- Mais ! Que... Pourquoi tu me l'as pas dit ? s'agace Sawako. C'est quand même super important !
- En fait, je voulais te faire la surprise... une sorte de cadeau pour la remise des diplômes, avoue Bokuto avec un air penaud qui a le don d'adoucir immédiatement la brune.
- Je vois. C'est gentil mais... c'est important que je sache. Tu comprends, c'est aussi mon avenir...
Sawako se penche pour embrasser tendrement la joue de son amoureux et colle son front contre sa tempe.
- Mais c'était gentil comme attention, murmure t-elle avant de se redresser et de reprendre normalement. Alors ? C'est quelle équipe et quelle ville ?
Bokuto se lève et quitte la pièce quelques minutes pour déposer le fascicule d'un club. Les couleurs noires et or ne sont pas inconnues à Sawako qui fronce légèrement les sourcils alors qu'elle tente de se souvenir pourquoi cela lui est familier. Ses yeux parcourent prestement la première page et s'agrandissent de stupéfaction.
- Black Jackal... lit-elle à haute voix. O... Osaka !
Son regard se reporte sur Bokuto assis face à elle, la nervosité visiblement inscrite sur son beau visage. Elle le dévisage durant de longues secondes, en silence et la bouche entrouverte sous l'effet du choc.
- C'est vrai ? souffle t-elle tout à coup en lui attrapant fermement les mains. C'est vraiment vrai ? Osaka ?
- Oui, c'est vrai, les Black Jackal d'Osaka ! J'attaque comme ailier dans leur équipe de réserve en mai. Est-ce que tu... tu viens avec moi ?
Sawako pousse un cri de joie strident en lui sautant au cou, les faisant tout les deux lourdement tomber au sol.
- Qu'est-ce que vous fichez là bas ?Tout va bien ? demande d'une voix forte et remplie d'autorité la sœur aînée de Kotaro depuis le salon.
- Oui, oui ! s'écrie le champion avant d'éclater de rire en concert avec Sawako. Je prends ça pour un "oui" alors ? demande t-il ensuite à celle-ci.
- Oui! Oh que oui! Mille fois oui!
- C'est quoi tout ces "oui" ? les interrompt la cadette de la famille Bokuto alors qu'ils s'apprêtent à échanger un baiser. Tu l'as demandé en mariage ou quoi, Kota ?
- Mais... mais non! balbutie Bokuto, les joues plus rouges qu'une tomate, tout en se relevant avec Sawako. Mêle toi de tes affaires, tu veux bien !
- OK, OK, je vous laisse tranquille les amoureux ! dit-elle en retournant au salon. Mais je te préviens Kota, t'as pas intérêt à te marier avant moi !
Sawako et son petit ami échangent un regard gêné par la tournure de la conversation puis le futur Black Jackal entraîne à sa suite la brune en direction de l'intimité de sa chambre.
- Quelle plaie celle ci, je te jure ! souffle t-il en s'appuyant contre le battant de la porte fermée, exaspéré par sa sœur. Désolé...
- C'est rien... Elle n'est pas méchante ! sourit Sawako puis elle ajoute après un silence. Alors on part tous les deux ? À Osaka ?
- Oui, on dirait bien !
- Je peux juste te demander pourquoi tu as choisi cette équipe ?
- Oh et bien... euh... hésite Bokuto. Les Black Jackal sont vraiment une bonne équipe et tu m'as dit qu'on mangeait bien à Osaka ! Et puis... c'est chez toi là bas... finit-il par avouer d'une traite, je voulais te ramener dans ta ville !
Le sourire que Sawako lui adresse, les yeux pleins de larmes qu'elle pose sur lui, lui serre le cœur mais quand elle s'approche de lui pour poser ses mains sur ses joues, ce dernier se met à battre la chamade.
- Le monde est merveilleux, tu sais... murmure t-elle en plongeant ses iris d'ébène dans celle d'or de Bokuto.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Parce qu'il a créé quelqu'un comme toi, Kota...
Alors que Sawako se hisse sur la pointe des pieds pour embrasser avec amour son volleyeur, un petit rectangle recouvert d'un tissu râpé par le temps glisse de sa poche et tombe par terre. Un omamori tout simple. Un omamori tout simple qui a tout changé.
Fin
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Coucou mes petites chouettes!
J'ai évidemment un retard inadmissible pour la publication de ce dernier chapitre !
J'ai évidemment d'excellentes raisons d'avoir mis aussi longtemps pour vous le partager mais je ne les partagerais pas ici car ce n'est ni le lieu ni le moment...
Une chose est sûre j'essaye de me faire pardonner en publiant cette fin d'histoire mais également quelques courts bonus, petites tranches vies sur nos deux tourtereaux! Affaire à suivre!
En parlant de suivre, je tiens à remercier tout ceux et celles qui ont suivi cette histoire malgré mes publications aléatoires! Bravo pour votre patience envers moi 🥰
J'espère que cette fanfiction vous a plu. Je me suis efforcée d'écrire avec passion et je souhaite vraiment que cela se soit ressenti.
Je vous laisse savourer les bonus à présent et vous embrasse très fort ! Merci encore 🥰
Sawa-chan ❤️
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