Chapitre 8
— J'ai faim...
— Mais ça fait seulement une heure que tu viens de manger, Mugiwara-ya !
Luffy croisa les bras, agacé par les remontrances de Law. Oui, il avait faim, et non, ce n'était pas un crime ! Depuis son réveil, après son petit-déjeuner et une toilette sommaire, il n'avait cessé de s'agiter le pont, aidant par-ci par-là, courant à travers le navire avant de rejoindre son allié.
Installé dans la petite salle réservée à la vigie, Law surveillait l'horizon d'un œil distrait, tandis qu'il regardait les journaux de l'autre. Son air toujours sérieux fascinait Luffy autant qu'il le frustrait. Il préférait de loin quand son allié se montrait espiègle ou réagissait à ses farces. Mais bien souvent, Law se contentait de lui reprocher son comportement.
Luffy avait conscience que sa façon d'être se rapprochait plus de celle d'un enfant que celle d'un véritable adulte. Et il s'en moquait pas mal. Après tout, s'il avait choisi de partir à l'aventure et de devenir un pirate, c'était bien pour la liberté que ça lui offrait. Partir à la poursuite de ses rêves sans être contraint par personne... Il préférait écouter son instinct plus que son cerveau. De toute façon, Nami disait souvent que son cerveau ne lui disait que des bêtises...
Son instinct, en revanche, se révélait plutôt bon. En levant les yeux vers Law, il en eut l'intime conviction. Law constituait un allié de choix. Dès qu'il avait croisé son regard, Luffy avait senti que ce pirate dégageait une aura particulière. Cette impression n'avait fait que se renforcer au fil des rencontres. Lors de la grande guerre au sommet, c'était lui qui l'avait sauvé. Luffy posa la main sur son ventre, caressa l'immense cicatrice qui barrait son abdomen. La sensation qui se diffusait dans tout son corps lorsqu'il la touchait était étrange.
Il se fichait de ce genre de choses, mais savoir que c'était Law qui l'avait soigné, touché, qui avait réparé son corps meurtri lui provoqua un frisson. Le ressentait-il parce que c'était Law ? Il haussa les épaules et contempla le ciel. Aujourd'hui, aucun nuage ne troublait l'horizon. Ils entraient dans une partie estivale du nouveau monde ; les températures grimpaient et les nombreux oiseaux exotiques se multipliaient au-dessus de leur tête.
— Torao... Tu fais quoi ?
— Je lis, Mugiwara-ya.
— Tu lis quoi ?
— Le journal.
— Et alors ? Il se passe des trucs ?
— Alors je peux pas savoir si tu m'interromps toutes les deux minutes.
— C'est nul. Tu as pas faim, toi ? Moi j'ai grave faim...
Law leva les yeux au ciel mais ne répondit pas, se contentant d'un petit signe de tête agacé. Il replongea dans sa lecture. Luffy grimaça. Visiblement, Law semblait peu enclin à remédier à son ennui, ce qui l'exaspérait profondément. Pour une fois qu'ils avaient l'occasion de vraiment se retrouver tous les deux !
Luffy, assis sur un des fauteuils, attendit quelques minutes en fixant Law. Les sourcils froncés dans un effort de concentration, ce dernier restait immobile, dégageant un air savant qui laissait admiratif le petit capitaine au chapeau de paille. Mais bien vite, l'ennui l'étouffa de nouveau, et après avoir épuisé son stock de crottes de nez — heureusement que Law ne le voyait pas faire, lui qui avait une hygiène irréprochable —, il commença de nouveau à s'agiter.
— Toraoooooo....
— Quoi, Mugiwara-ya ?
— Je m'ennuie...
— Bah occupe-toi.
— Mais Toraooo... Y a rien à faire ici !
Law souffla. Luffy se plaignait beaucoup trop à son goût. Et il bougeait beaucoup trop aussi, passant constamment d'une position à l'autre, incapable de rester en place quelques minutes.
— Si, tu peux surveiller s'il se passe quelque chose au large.
— Mais il ne se passe rien ! Et je m'ennuie, et du coup, j'ai faim ! On ferait mieux de trouver un truc à faire !
— Mais je fais un truc, justement ! Je suis en train de lire ! C'est pour le bien de notre plan, je te rappelle !
— On s'en fout, du plan ! brailla Luffy.
— Non ! Sans ça, on est morts !
— Si ! Arrête de tirer une tronche pareille et de tout le temps bosser ! On est des pirates, j'te rappelle ! On est libres !
Law le fixa durant d'interminables secondes. Luffy avait prononcé cette dernière phrase comme un cri du cœur. Un cri qui résonnait étrangement chez lui.
Laisse-le ! Que tu le veuilles ou non, à présent... Il est libre !
L'image souriante de Rossinante s'imposait à lui : ses cheveux blonds encadrant son visage si bienveillant envers lui ; son maquillage lui donnant un air de gentil clown ; son sourire béat, idiot, si radieux ; ses yeux plein d'amour et de compassion ; ses yeux qui avaient versé des larmes pour lui, lui qui n'était qu'un enfant miséreux, qui après avoir connu tout l'amour de sa famille avait chuté dans les affres de la solitude et de la haine.
Sur ce bateau, il n'en doutait pas, la liberté lui tendait les bras. Luffy n'avait imposé qu'une seule condition pour que leur alliance ne fonctionne : s'il voulait faire alliance avec eux, il devait s'investir à leurs côtés et donc aider ses alliés quand ils en avaient besoin. En clair, sa définition de l'alliance se rapprochait bien plus, comme Usopp le lui avait expliqué, d'une amitié que d'une simple collaboration. Il avait longuement réfléchi ; était-ce, au final, une si mauvaise chose ? Si Cora le regardait, que penserait-il de ça ?
Quelques fragments de la nuit passée lui revinrent en mémoire. Il sentit sur ses doigts le picotement fantôme qui l'avait déjà perturbé lorsqu'il avait touché la peau de Luffy. Elle était un peu élastique, du à son fruit du démon, ce qui lui donnait envie de jouer avec... Et pourtant, elle semblait aussi si douce... Le ronronnement de sa respiration vibrait dans ses oreilles. Le souvenir, brûlant, pétrifia Law. Il s'empêcha de passer une main sur ses lèvres si envieuses de goûter à celles qui se trouvaient à quelques pas.
Sa mâchoire se contracta lorsqu'il repensa à cette phrase si douloureuse. Bien qu'involontaire, Luffy venait de lui jeter à la figure le chapitre le plus traumatisant de son existence. Tout se bousculait maintenant dans sa tête : le sourire de Corazon, la vision de son cadavre qui le hantait, le chaleureux et séduisant visage de Luffy et ses lèvres qui semblaient si douces... Il crut même voir des taches blanches consteller ses mains, hantise d'un passé révolu.
Je deviens dingue...
Law gronda, plus pour lui que parce que Luffy le dérangeait. Il devait se reprendre, ne souhaitant pas que son allié s'interroge, ou pire, s'inquiète — même si voir Luffy s'inquiéter pour lui le surprenait et lui faisait chaud au cœur. Ses yeux se reportèrent un court instant sur son journal. Quitter son allié du regard une seconde lui permettrait peut-être de souffler...
Il avait raison. En tant que pirate, la liberté devenait une notion sacrée, et soudain, tout ce travail lui sembla bien vain. Pourquoi s'imposait-il tout ça ? Par la faute de ses différentes éducations ? Dans sa famille, tout était si cadré et ordonné qu'il avait pris des habitudes dont il ne se défaisait pas ; avec Doflamingo, le cadre était devenu seulement plus sombre et triste à souhait, mais le pirate blond, ayant visiblement bénéficié d'une excellente éducation — Law n'apprit que des années plus tard ses origines qui confirmaient ses doutes —, avait tenu à ce qu'il termine sa formation, et Corazon ne s'y était pas opposé.
L'idée qu'il faisait ça pour échapper aux fantômes de son passé lui effleura l'esprit, plus acérée qu'une lame. Se réfugier dans le travail, la stratégie, les plans ; observer le monde tel qu'il était plutôt que de se laisser aller aux rêveries insensées qui le ramèneraient instantanément à toutes ces choses dont le destin l'avait privé. Avec ironie, il songea qu'il avait trouvé la froide réalité comme seul refuge à la réalité elle-même. C'était pathétique. Et aujourd'hui, Luffy lui permettait enfin de rêver et de porter un regard différent sur ce qui l'entourait.
D'un geste brusque, Law envoya le journal voler dans la pièce. Il s'écrasa quelques mètres plus loin. Son visage se para d'un sourire bestial.
— Tu as raison, Mugiwara-ya.
— Bien sûr que j'ai raison, Torao, shishishi ! J'ai toujours raison !
— N'abuse pas, souffla Law.
Law se planta face à Luffy, qui se leva d'un bond.
— Tu veux faire quoi, Mugiwara-ya ?
— J'sais pas.
— Quoi ! s'agaça Law. Tu me gonfles depuis tout à l'heure alors que tu sais pas ce que tu veux faire !
— Bah non, j'sais pas ! Je pensais que toi, tu saurais quoi faire !
— Mais moi, je savais quoi faire ! C'est toi qui voulais que je vienne faire quelque chose avec toi, à toi de trouver !
— Non ! C'est toi qui dois trouver un truc à faire !
— Non, toi !
Tête contre tête, les deux capitaines grondaient, bien décidés à ne pas abandonner. Law finit par soupirer et profita d'une fraction de seconde d'inattention de Luffy pour s'installer sur la banquette. Il s'y allongea de tout son long, posa les mains derrière la tête. Luffy poussa un petit couinement indigné :
— Tu m'as volé ma place ! Rends-la moi, Torao !
— Non, tu n'étais plus dessus, elle n'était pas à toi.
Law se para d'un air moqueur qui enragea Luffy.
— Rends-la moi !
— Si tu y tiens tant que ça, viens donc.
Alors que Luffy s'approchait pour dégager Law de la banquette, ce dernier dégaina sa main si vite que Luffy se laissa surprendre. Le plus petit se sentit attiré et bascula. Luffy gigota comme un asticot, collé contre le torse de Law.
— Qu'est-ce que tu fais, Torao ?
— Tu m'as dit que tu voulais venir, bah j'ai exaucé ton souhait.
— Mais...
Les protestations de Luffy s'estompèrent en un clin d'œil quand Law passa sa main dans les cheveux du brun. Le petit pirate au chapeau de paille s'était calmé. Il aimait bien sentir le contact du chirurgien sur sa tête. Doux, avenant, gentil, protecteur. Bien loin de tout ce qu'il avait connu de Law, qui s'était toujours montré distant et froid auparavant.
— T'es pas bien avec moi, Mugiwara-ya ?
La voix de Law glissait dans ses oreilles, suave, profonde. Différente de celle qu'il avait d'ordinaire. Luffy ne savait pas trop pourquoi. Il n'était pas sensible aux raisons qui poussaient à ce genre de changements, mais il les sentait tout de même.
— Si, balbutia Luffy. Mais on fait quoi, du coup, Torao ?
— Tu peux rester un peu dans mes bras si tu veux. Ensuite, on fait ce que tu voudras.
— On fera tout ce que je veux ?
Law tiqua sur la phrase, sentant qu'il allait très certainement le regretter. Il ne ressemblait en rien à l'enfant que Luffy était resté. Il savait que, s'il acceptait, cela signifierait qu'il devrait se plier aux règles du plus jeune. Et ça risquait d'être une rude épreuve autant pour ses nerfs que pour son ego. Mais là, allongé sur cette banquette, dans cette charmante petite pièce en hauteur, tenant Luffy entre ses bras, oui, il était prêt à accepter.
— Si tu veux, souffla Law.
— Ouais ! T'es le meilleur, shishishi !
— Si tu le dis, mais par contre, ne crie pas, grimaça Law.
Il avait encore terriblement besoin de son audition, or, à ce rythme, il devrait probablement y renoncer. Law inspira longuement, sentant le dos de Luffy contre lui. Près. Trop près. Il grimaça, sentant tout son corps réagir au contact de celui de son allié.
Il ne revenait pas lui-même de son audace. Ils se trouvaient là, dans cette pièce lumineuse en hauteur, sur cette banquette, à moitié assis, Luffy dans ses bras. Quelle était la probabilité que ça se passe ainsi ? Quelle était la probabilité, en plus, qu'il soit à l'origine de cette situation pour le moins gênante ? Car si Luffy l'avait titillé, c'était Law qui l'avait poussé dans ses bras. Quelle mouche l'avait piqué pour qu'il réagisse ainsi ?
Il se félicita silencieusement d'avoir eu ce courage quand ils étaient seuls et que personne ne pouvait les déranger. Si quelqu'un le voyait... Il jeta un coup d'oeil vers la porte : heureusement, elle était bien fermée. Mais même si cette dernière était ouverte, comme ils se trouvaient en hauteur, Law savait qu'il entendrait l'arrivée inopinée d'un intrus.
Luffy restait étrangement muet. Law profita de cet instant de répit autant que possible ; il savait à quel point c'était rare et à quel point ça ne durait jamais bien longtemps. Sa respiration, calme, soulevait et abaissait sa poitrine. Law pouvait même sentir les battements de son coeur. Des battements réguliers qui secouaient son corps. Des battements légèrement plus rapides par moment. Law se demanda bien à quoi Luffy pouvait penser.
Il porta son regard vers la fenêtre. Comme ils se trouvaient assis près d'elle, il n'eut qu'à lever la tête pour voir l'étendue du ciel à travers la vitre. Ils étaient là pour surveiller ce qui se passait dehors après tout : si on les surprenait ainsi alors qu'ils devraient s'occuper de l'extérieur... Il ne craignait pas particulièrement Nami, mais il valait peut-être mieux de ne pas s'attirer ses foudres.
La discussion qu'il avait eue avec Robin lui revint en mémoire. Il sourit. S'autoriser à suivre son coeur... C'était peut-être ce qu'il venait de faire. Et en sentant Luffy se reculer pour enfouir sa tête dans le creux de son cou, Law se dit qu'il y arrivait plutôt bien.
— Torao ?
— Hmm ? Qu'est-ce qu'il y a, Mugiwara-ya ?
Luffy avait relevé sa tête vers lui. Comme il lui tournait le dos, Luffy le regardait donc à l'envers.
— Tu penses à quoi ? Tu parles pas depuis tout à l'heure.
— Rien. Et toi ? T'es bien silencieux, aussi.
— J'ai faim.
Law grimaça.
— Ah bah, tiens, ça m'aurait étonné...
— Bah quoi ? J'ai pas mangé depuis plus d'une heure...
— On va bientôt descendre, si tu veux.
— Mais j'ai pas envie de bouger.
— Ah ?
— J'suis bien avec toi, Torao.
Un sourire léger flotta sur les lèvres du médecin. Lui aussi, il se sentait bien aux côtés de Luffy. Jamais il n'avait rencontré quelqu'un de semblable auparavant. Avec lui, Law avait l'étrange impression de se sentir enfin à sa place, après des années à parcourir le monde. Même son équipage ne provoquait pas en lui un tel sentiment.
— Il va bien falloir qu'on bouge, répondit Law après un moment.
Même sans voir son visage complet, Law devina la moue que tirait Luffy.
— Mais j'suis bien dans tes bras, Torao.
— Je croyais que tu t'ennuyais ?
— Moins quand je suis avec toi.
Sans vraiment comprendre pourquoi, Law resserra sa prise pour mieux se coller contre Luffy. Il ne prit conscience de son élan d'amour que quelques secondes plus tard et s'écarta, les joues aussi roses qu'un pétale de cerisier. Il toussa pour se donner une consistance et dissiper ce malaise.
Malgré ses paroles, Luffy finit par s'écarter pour que Law puisse s'asseoir à côté de lui. Le chirurgien goûta au vide que toutes les âmes passionnées subissent lorsque leur moitié s'en va.
— Ace ne m'a pris que deux fois dans ses bras, lâcha Luffy.
La remarque figea Law. Luffy ne parlait pas beaucoup de son frère. Et Law savait très bien à quoi Luffy faisait allusion. Plus tard, il avait appris qu'Ace aux poings ardents était mort dans les bras de son petit frère. Un moment qui avait traumatisé ce pauvre Luffy. A cette époque, Law n'avait pas su quoi dire pour aider Luffy ; il ne le connaissait pas vraiment, même si au fond de lui, il s'était senti concerné par le chagrin de son futur allié. Lui aussi avait connu cette insupportable douleur.
Il jeta un regard en coin vers Luffy. Son sourire n'avait pas disparu, bien au contraire.
— Il n'aimait pas ça. Mais moi, j'adore ça. Alors j'espère que tu continueras à m'en faire, Torao !
Law écarquilla les yeux, surpris par la demande de son compagnon. Il lui demandait de lui faire des câlins plus souvent. Il sauta sur l'occasion pour taquiner Luffy :
— Seulement si tu es sage, proposa Law.
Luffy rigola bêtement en remettant son chapeau de paille en place.
— Mais je suis tout le temps sage !
— Ouais, et moi je suis Amiral, grogna Law.
— C'est vrai ?! s'exclama Luffy.
— Mais absolument pas, abruti !
Un soupir plus tard, les deux pirates s'étaient levés. Luffy lança son bras élastique vers un placard posé non loin de la banquette, l'ouvrit et ramena à lui un paquet de cartes. Law haussa un sourcil :
— T'as bien dit qu'on ferait c'que j'veux, hein, Torao ? Viens, on fait une partie de cartes !
— Ok, céda Law. Je te l'avais promis.
— Et après on ira manger, j'ai trop trop faim !
Attendri, Law se dirigea vers la table. Luffy le suivit en sautillant. Ils s'attablèrent, distribuèrent les cartes. Le visage rayonnant, Luffy toisa son adversaire.
— J't'adore, Torao, mais j'vais t'éclater ! Shishishi !
— On verra bien, Mugiwara-ya, on verra bien... Je ne compte pas me laisser faire si facilement.
— C'est l'heure du duel ! cria joyeusement le jeune pirate.
La partie débuta ainsi dans la bonne humeur, une ambiance privilégiée que Law apprécia. Au diable leur mission et le planning de Nami qui trônait dans la grande salle. Profiter de cet instant reclus avec Luffy était plus important...
A l'abri de leurs regards, les murs rangèrent leurs oreilles, satisfaits du spectacle.
¤¤ To be continued ¤¤
Bonjour, bonjour !
Ah, dimanche... ! Dimanche, le jour devenu sacré dans notre vie de lecteur ! Dimanche, c'est le jour de One Piece...
J'espère sincèrement que ce chapitre vous aura fait passer un bon moment ! Law et Luffy ensemble, c'est toute une histoire ! On assiste à un gros rapprochement ici... On arrive tout doucement vers la deuxième partie de l'histoire, celle de l'île... J'ai si hâte !
On se retrouve pour le prochain chapitre dimanche prochain. En attendant, prenez soin de vous.
Merci d'avoir lu !
Bisous !
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro